peter van den begin

L’ENNEMI sort en salles : critique du film et retour sur NOCES, le film précédent de Stephan Streker

L’ENNEMI sort en salles : critique du film et retour sur NOCES, le film précédent de Stephan Streker 800 300 Jean-Philippe Thiriart

Aujourd’hui, sort en salles le nouveau film de Stephan Streker : L’Ennemi. Nous vous proposons, avant une présentation de celui-ci, un retour sur son film précédent : Noces.

Avant L’Ennemi, Streker faisait déjà strike avec un film qui marque… au fer rouge !

Noces

Réalisé par Stephan Streker
Avec Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Olivier Gourmet, Zacharie Chasseriaud

Drame
1h38

★★★

Ce n’est pas tous les jours qu’un film dramatique est réalisé par un des visages bien connus du football belge : un certain Stephan Streker. Noces est un film poignant et prenant qui traite d’un sujet aussi délicat que controversé. L’intrigue ne s’arrête jamais, il n’y a aucun temps mort et la mi-temps habituelle n’aura pas lieu.

Le thème est particulièrement grave puisque des dizaines de jeunes filles sont forcées au mariage chaque année sous nos latitudes. Les plaintes pour mariage forcé sont rares car elles mènent au déshonneur d’une famille entière, qui n’osera plus rentrer au pays de peur d’être jugée par toute une communauté. La nécessité d’un tel film est une évidence mais ne faudrait-il pas en faire la promotion dans les milieux concernés par les mariages forcés ?

Streker nous propose également l’avis de musulmans pakistanais sur certaines de nos propres habitudes. Si pas mal de non-musulmans cultivent des stéréotypes sur les musulmans, ces derniers ont parfois, eux-aussi, une vision tronquée de la manière dont les premiers voient les choses. Ces stéréotypes, bien que caricaturaux, peuvent nous servir également à nous remettre en question lorsque cela est nécessaire. Ce film belgo-franco-pakistano-luxembourgeois met aussi en lumière les difficultés de compréhension de l’autre lorsqu’il n’a pas les mêmes coutumes ou la même religion.

Que dire des acteurs ? La jeune actrice Lina El Arabi crève l’écran ! Il est rare de voir un regard aussi profond au cinéma. De plus, jouer la détresse n’est jamais évident et elle le fait avec une justesse remarquable. Sébastien Houbani, son frère à l’écran, doit, lui, jouer un personnage à deux visages. Il le fait d’une manière assez convaincante même si la rupture aurait sans doute pu être encore plus marquée. On notera aussi la qualité des interprétations d’un Olivier Gourmet brillant comme de coutume et de Zacharie Chasseriaud dans le rôle de l’amoureux transi ne comprenant pas une situation qui ne lui est pas expliquée et qui, même si elle l’était, n’aurait sans doute pas de sens pour lui.

Mettons enfin en avant que la mise en scène de Streker est d’une justesse remarquable avec un rouge présent tout au long du film, des sièges du bus aux pétales du mariage.

L’Ennemi : une affaire judiciaire subtilement mise en lumière

L’Ennemi

Réalisé par Stephan Streker
Avec Jérémie Renier, Alma Jodorowsky, Emmanuelle Bercot, Peter Van den Begin

Drame
1h45

★★

L’Ennemi reprend librement les événements tragiques de l’affaire Wesphael et plus précisément les événements qui se sont déroulés à Ostende à la fin du mois d’octobre 2013.

Soupçonné d’avoir assassiné son épouse, Véronique Pirotton, dans un hôtel d’Ostende, Bernard Wesphael est arrêté le 1er novembre 2013 et est placé sous mandat d’arrêt par un juge d’instruction de Bruges. Trois jours après son arrestation, il passe devant la Chambre du conseil, qui décide de le maintenir en détention préventive. Selon Bernard Wesphael, qui a trouvé sa femme inanimée dans la salle de bain, elle se serait suicidée en se plaçant un sac en plastique sur la tête. Véronique Pirotton avait des antécédents en matière de tentatives de suicide.

Le film laisse amplement la place aux interprétations des spectateurs, qui se retrouvent confrontés à leurs propres sentiments et à leurs propres choix. Ils et elles se poseront certainement les mêmes questions que celles que se sont posé les enquêteurs chargés de faire la lumière sur les événements tragiques qui ont mené à la mort de Véronique Pirotton.

Les acteurs ont, comme c’était déjà le cas dans Noces, à nouveau fort à faire dans ce film, qui nous emmène dans un véritable tourbillon. Jérémie Renier joue le rôle de Louis Durieux, personnage multiple inspiré de Bernard Wesphael. De son côté, en parfaite adéquation avec le rôle de l’acteur belge, la jeune Alma Jodorowsky joue son épouse, Maeva Durieux, basée quant à elle, vous l’aurez compris, sur la personne de Véronique Pirotton.

La réussite de ce film tient certainement dans la capacité qu’a eu Streker de faire de cette affaire complexe un film dont la conclusion finale apparait comme moins importante que le déroulement raffiné des événements.

Raphaël Pieters

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

ADORATION, ce soir en TV et sur Auvio : interviews de l’équipe du film et retour sur la trilogie ardennaise de Fabrice Du Welz

ADORATION, ce soir en TV et sur Auvio : interviews de l’équipe du film et retour sur la trilogie ardennaise de Fabrice Du Welz 1020 681 Jean-Philippe Thiriart

Le dernier film sorti en salles de l’enfant terrible du cinéma belge Fabrice Du Welz est diffusé ce soir à 21h50 sur La Trois et est également disponible sur RTBF Auvio pendant un mois. Le réalisateur de cinéma de genre ô combien cinéphile, clôture avec Adoration sa trilogie ardennaise. Un triptyque initié par Calvaire voici plus de quinze ans, suivi de Alléluia en 2014.
C’est l’occasion pour nous de revenir sur cette œuvre.

Avec, d’abord, trois interviews filmées du cinéaste et de son duo d’acteurs principaux composé de Thomas Gioria et Fantine Harduin (Ennemi Public) au 34e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), avant et après l’annonce du palmarès qui allait consacrer le talent des comédiens du Bayard de la Meilleure interprétation.

Deux interviews du réalisateur et de son actrice Helena Noguerra dans le cadre de la projection en avant-première de Alléluia et une rencontre avec différents acteurs du cinéma belge dans ce cadre, et les interviews express de Vincent Tavier et Manu Dacosse aux Magritte du cinéma (respectivement coscénariste et producteur, et chef-opérateur du film), un an avant les quatre statuettes obtenues au Square, ensuite.

Et, enfin, une présentation de Calvaire, sous forme de critique cette fois.

Aux côtés des jeunes acteurs Fantine Harduin et Thomas Gioria, on retrouve notamment Benoît Poelvoorde (bientôt à l’affiche de Inexorable, le prochain film de Fabrice Du Welz), Peter Van den Begin, Laurent Lucas, Jean-Luc Couchard, Renaud Rutten, et Pierre Nisse.
Quant à la très belle bande originale du film, elle est signée Vincent Cahay.

Notez que l’affiche de Adoration est l’œuvre du talentueux artiste belge Laurent Durieux, qui expose au MIMA jusqu’au 9 janvier prochain dans le cadre d’un double bill. Ce dernier comprend, outre « Drama, the art of Laurent Durieux », l’expo « The ABC of Porn Cinema », consacrée quant à elle au cinéma ABC, dernier cinéma porno de Bruxelles.

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Kris Dewitte

La trilogie ardennaise

Calvaire   ★★★★
Alléluia   ★★★
Adoration   ★★★

☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif