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Le BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 41e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 41e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 1800 1200 Jean-Philippe Thiriart

C’est hier qu’a pris fin à Brussels Expo la 41e édition du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Une cuvée 2023 qui s’est clôturée avec la projection du film britannique Unwelcome, réalisé par Jon Wright, précédée de l’annonce du palmarès.
Après trois éditions particulièrement difficiles, le BIFFF a repris sa vitesse de croisière. Malgré six mois de préparation en moins et une programmation réduite d’un tiers, plus de 40 000 spectateurs se sont pressés dans les deux salles du Festival, sans compter celles et ceux qui sont passé(e)s par le village du BIFFF au cours des 13 jours qui viennent de s’écouler !

Le palmarès

Au sein de la Compétition internationale, le Corbeau d’Or, Grand Prix du Festival, a récompensé Talk to Me, des jumeaux australiens Danny et Michael Philippou. (voir critique ci-dessous)

Crédit photo : Vincent Melebeck

Les Corbeaux d’Argent sont allés au film d’ouverture, Suzume, du Japonais Makoto Shinkai et à Infinity Pool, du Canadien Brandon Cronenberg (voir critique ci-dessous).
Une Mention spéciale a été accordée à Sisu, du Finlandais Jalmari Helander.

C’est Halfway Home, du Hongrois Isti Madarasz, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent.
The Grandson, du Hongrois Kristóf Deák, a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award.
Le White Raven Award est allé à The Coffee Table, de l’Espagnol Caye Casas, avec une Mention spéciale à Lily Sullivan, l’actrice principale de Monolith, réalisé par l’Australien Matt Vesely (voir critique ci-dessous).

La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages, a vu l’emporter l’américain Soft & Quiet, de Beth de Araújo, avec une Mention Spéciale décernée au canado-belge Farador, de Edouard Albernhe Tremblay.
Le Prix de la Critique a, lui aussi, été décerné à Soft & Quiet.
Le toujours très touchant Prix du Public est venu récompenser le film Sisu, dès lors doublement primé cette année.

Envie de connaître le palmarès de la compétition courts métrages belges ? Direction le site du Festival !

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 41e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !
Et félicitations aux gagnants de celui-ci : Lau Lari, Patrick Laseur, Vincent Mercenier, Thomas Opsomer et Marc Vanholsbeeck ! Ils ont chacun remporté deux tickets pour la projection, en avant-première mondiale, du film coréen Drive.

Rendez-vous du 9 au 21 avril 2024 pour le 42e BIFFF et avant, bien sûr, sur notre site encinemascope.be !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et YouTube !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Vincent Melebeck

Les critiques de différents films primés

Talk to Me, Corbeau d’Or   ★★★
Danny et Michael Philippou (Australie)

Monolith, Blaze, Talk to Me : l’Australie était décidément bien représentée cette année au BIFFF. Ici, on est dans l’horreur pure et dure, avec des fantômes ensanglantés, de brèves visions infernales et des scènes de meurtres et d’automutilations assez impressionnantes.
Un groupe d’amis décide, pour pimenter ses soirées, de s’adonner à un petit rituel aux règles simples : il s’agit de tenir une main embaumée recouverte de céramique et de prononcer la phrase « Talk to me » pour voir apparaître un esprit devant soi, puis d’inviter celui-ci à prendre possession de son propre corps, en ne dépassant pas les 90 secondes avant d’éteindre une bougie préalablement allumée afin de renvoyer le mort d’où il vient. Évidemment, quand on joue avec le feu, on finit par se brûler…
Premier long métrage des frères jumeaux Philippou, ce Talk to Me est fort prometteur. La boîte A24 a d’ailleurs signé pour la distribution ciné aux États-Unis, c’est pour dire. Simple et efficace, se basant sur un concept aux belles potentialités, il a de quoi faire frissonner. On aurait juste bien voulu en voir plus de cet au-delà dans lequel les démons torturent l’âme d’un des personnages…

Infinity Pool, Corbeau d’Argent   ★★★
Brandon Cronenberg (Canada/Hongrie/Croatie)

Brandon n’est pas seulement le fils de David Cronenberg, c’est aussi un cinéaste talentueux. Il le prouve une nouvelle fois avec cet Infinity Pool qui a quelque chose d’obsédant.
Ce thriller horrifique, dans lequel un riche couple, James et Em, en vacances dans une station balnéaire de rêve, rencontre un autre couple, Gabi et Alban, qui va les emmener hors du périmètre sécurisé pour les touristes, et sera confronté aux lois dictatoriales du lieu suite à un accident, repose sur un concept de science-fiction : les autorités locales acceptent, contre paiement, de créer un double d’une personne condamnée à mort, afin que ce soit ce clone qui soit exécuté à la place de la personne d’origine. Ce double recevant toute la mémoire de l’autre, et le processus passant par une phase où ce dernier est inconscient, un doute surgit dès le réveil : est-on bien sûr que ce soit vraiment le double qui est exécuté ? Situation qui donne déjà le vertige, et le reste du film creusera toujours plus loin cette confusion mentale, avec la consommation de drogues hallucinatoires, des images psychédéliques, des délires sensuels et une plongée malsaine dans le crime. Avec, à l’arrivée, le risque de se perdre soi-même.
Doté d’une distribution trois étoiles (Alexander Skarsgård en James, la sublime Mia Goth en Gabi, Cleopatra Coleman en Em…), avançant de bonnes idées originales, offrant des plans passant du beau au malsain, non sans provocation (l’éjaculation, par exemple), satire d’une certaine classe sociale dite supérieure, Infinity Pool est lui-même un film assez riche, qu’on a déjà hâte de revoir.

Monolith, Mention spéciale de la White Raven Competition pour l’actrice Lily Sullivan   ★★
Matt Vesely (Australie)

Cette production australienne joue la carte du minimalisme : un seul personnage à l’écran, une jeune journaliste qui s’occupe de son émission en podcast sur des affaires mystérieuses, dans un seul lieu, la grande villa parentale où elle télétravaille, et un parti pris anti-spectaculaire, car tout repose sur l’oralité – les interviews qu’elle réalise à distance, qui font avancer l’histoire. Un film anti-cinématographique, pour ainsi dire. Fans d’action, passez votre chemin ! Cependant, il faut reconnaître qu’à partir de quelques éléments qui n’ont l’air de rien au départ (d’étranges briques noires en possession de plusieurs personnes à travers le monde), la scénariste Lucy Campbell et le réalisateur Matt Vesely parviennent à créer quelque chose d’intriguant et à maintenir le mystère sur la durée. Ce qui est une petite gageure en soi. Et, pour renforcer l’aspect dramatique, cette affaire va prendre une tournure très personnelle pour l’héroïne. Dans le rôle principal, on retrouve la jolie actrice montante Lilly Sullivan, qui joue également dans Evil Dead Rise, aussi présent dans la sélection du BIFFF 2023 (voire critique ci-dessous). Convaincante, elle porte tout le film sur ces épaules. Monolith n’est pas mémorable, mais a le mérite de tenter une certaine originalité, dans une forme certes quelque peu austère, en résonnance avec les préoccupations contemporaines et dont le fonds peut titiller les amateurs d’histoires mystérieuses.

Sandy Foulon

Les autres critiques

Vous retrouverez, ci-dessous, par ordre alphabétique, nos critiques d’autres films découverts au BIFFF cette année.

Anthropophagus II   ★
Dario Germani (Italie)

Des étudiantes se laissent convaincre par leur professeure de se faire enfermer dans un bunker antiatomique afin de vivre une expérience utile à leur thèse universitaire. Dans ces sombres couloirs totalisant une longueur de 17 km, elles vont être traquées par un tueur cannibale.
Cette pseudo-suite d’Anthropophagus de Joe D’Amato ne prend même pas la peine de tisser des liens avec son aîné, le titre ayant sûrement été choisi uniquement dans le but de capitaliser sur l’aura « culte » du film où le personnage de George Eastman mange ses propres viscères. À noter qu’à l’époque, Horrible (Rosso sangue) de la même équipe avait déjà parfois été présenté comme un Anthropophagus 2. Désespérément basique, le film de Dario Germani n’a rien à apporter. Il fait penser à de nombreux autres films du genre, comme Sawney: Flesh of Man (présenté au BIFFF il y a 10 ans). L’intrigue est simpliste au possible et le jeu des actrices est faiblard, on ne croit pas en leur personnage. Mais comme les victimes se font zigouiller à un rythme métronomique et que la durée du film est courte, on n’a pas le temps de s’ennuyer. En outre, les éclairages, dans des teintes glauques, donnent un petit cachet visuel à l’ensemble. Enfin, le vrai gros atout, c’est le gore franc et généreux qui le parsème. On réservera donc cette petite production purement « bis » aux inconditionnels du cinéma gore.

The Elderly (Viejos)   ★★★
Raúl Cerezo et Fernando González Gómez (Espagne)

Le duo de réalisateurs venu présenter au BIFFF l’année passée le bien fun The Passenger (La Pasajera) est de retour avec, cette fois-ci, un film d’horreur plus sérieux et inquiétant.
L’intro montre une vieille femme qui se suicide en se jetant du balcon, pendant que son mari dort dans le lit conjugal. Ensuite, on fait la connaissance de sa famille, son fils, sa petite-fille adolescente et la belle-mère. Il est décidé que le désormais veuf viendra habiter avec eux, au moins le temps qu’il se remette de ce drame. Mais le comportement du grand-père devient de plus en plus étrange (il dit entendre des voix) pour finir par se faire carrément menaçant (« Je vous tuerai tous demain soir »). Ambiance ! Pendant ce temps-là, une insupportable canicule sévit et les autres personnes âgées semblent aussi bizarres…
The Elderly bénéficie d’un jeu d’acteur d’excellent niveau, notamment celui de Zorion Eguilor (La Plateforme), qui a d’ailleurs été récompensé pour cette prestation au festival Fantasia. Les réalisateurs prennent le temps de bien faire monter la sauce avant le déferlement de violence attendu. Les personnages ont ainsi le temps de vraiment exister. Le tabou de la nudité et de la vie sexuelle de seniors y est abordé frontalement, ce qui peut déstabiliser. Ce bon film d’horreur pèche juste par son explication finale, qui laisse dubitatif.

Evil Dead Rise   ★★★
Lee Cronin (Nouvelle-Zélande/États-Unis/Irlande)

Lee Cronin, le réalisateur de The Hole in the Ground, qui avait été projeté au BIFFF en 2019, s’attaque à la franchise Evil Dead. Il s’agit d’une histoire indépendante de la trilogie initiale et même du remake de 2013 ; autrement dit, on peut le regarder sans forcément avoir vu les autres. Comme pour le film de Fede Alvarez, exit Ash et les autres têtes connues de la saga. Sam Raimi et Bruce Campbell n’interviennent qu’au niveau de la production (ils sont producteurs exécutifs). Passée l’intro, le cadre de l’action est cette fois-ci urbain (un appartement dans une grande ville américaine), ce qui fait l’originalité et contribue à créer l’identité propre de cet opus. Au centre de l’intrigue, c’est une famille (une mère et ses trois enfants, rejoints par leur tante rock’n’roll) qui se retrouve cette fois-ci confrontée aux forces démoniaques involontairement libérées par l’un d’entre eux. Sans surprise, cet Evil Dead Rise ne possède pas du tout le charme des anciens films et reprend plutôt l’esthétique des films de possessions contemporains. Mais il tient largement ses promesses en termes de gore (mention spéciale à la créature composite à la The Thing et la façon dont elle est neutralisée). Cronin s’en tire bien en montrant qu’il sait réaliser un bon film d’horreur moderne. Reste donc le problème pour les fans de la première heure de ne pas retrouver ce qui faisait la « saveur » toute particulière des premiers Evil Dead.

Evil Eye (Mal de Ojo)   ★★★
Isaac Ezban (Mexique)

Grand habitué du BIFFF (tous ses longs métrages y ont été projetés), le réalisateur Isaac Ezban est de retour avec Evil Eye, film d’horreur ayant pour thème la sorcellerie dans le Mexique rural.
Ne sachant plus à quel saint se vouer pour essayer de sauver leur jeune fille Luna, dont l’état de santé laisse les médecins perplexes, Rebecca et Guillermo emmènent la petite, ainsi que sa grande sœur Nala, chez la grand-mère maternelle, avec qui le contact avait été rompu, dans l’espoir de trouver une solution beaucoup moins conventionnelle. Les parents annoncent alors qu’ils doivent s’absenter quelques jours et laissent leurs deux filles chez la vieille dame. Ça, ce n’était peut-être pas l’idée du siècle…
Actualisation des contes traditionnels de sorcières, ce film décline bien la palette de la peur, allant de la sourde angoisse à la pure terreur. Les maquillages et effets spéciaux font plaisir à voir et les décors de la vieille demeure ajoutent leur grain de sel à l’ambiance creepy. Après le doublé The Elderly et Evil Eye, vous ne verrez plus jamais vos grands-parents de la même manière !

L’Exorciste du Vatican (The Pope’s Exorcist)   ★★
Julius Avery (États-Unis)

Basant son argument commercial sur le fait qu’il s’inspire de fait réels (comme Conjuring : Les Dossiers Warren et bien d’autres avant lui), L’Exorciste du Vatican raconte la lutte entre le père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican, et un puissant démon ayant pris possession du corps d’un petit garçon dont la famille vient d’emménager dans un ancien édifice sacré espagnol dans le but de le restaurer.
L’attraction principale du film est l’acteur-star Russell Crowe dans le rôle du père Gabriele. Avec son physique qui évoque plus un vieux métalleux qu’un prêtre et ses quelques petites faiblesses (il trimballe toujours sur lui une flasque de whisky et est tourmenté par un épisode traumatique de sa jeunesse), il s’attire davantage la sympathie du public que la petite clique de prélats qui tentent de l’évincer de sa fonction. D’autres noms au générique attirent l’attention : Franco Nero (Django) dans le rôle du souverain pontife, Alex Essaoe (Doctor Sleep) ou encore Daniel Zovatto (Don’t Breathe). On peut compter sur Hollywood pour rendre plus divertissante une réalité qui doit être autrement plus austère, à grand renfort d’effets spéciaux et de petites touches d’humour. Le film est joliment éclairé, relativement bien rythmé et propose quelques pistes intéressantes (cf. ce qui est dit de l’Inquisition espagnole), mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas dans la subtilité, ce qui l’empêche de faire peur. Et ça, c’est fort dommage pour un film de possession démoniaque !

In My Mother’s Skin   
Kenneth Dagatan (Philippines/Singapour/Taïwan)

Ce film asiatique, se déroulant aux Philippines sous l’occupation japonaise vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, met en scène une famille vivant dans une grande demeure sise au milieu de la jungle. Le père aurait volé de l’or des envahisseurs et ces derniers mettent la pression pour récupérer le trésor. Laissant sa femme, sa fille, son garçon et sa domestique, l’homme va tenter de trouver de l’aide du côté des Américains. Voyant la santé de sa maman péricliter, la fille, Tala, veut prendre les choses en main. Quand elle croise le chemin d’une fée prétendant pouvoir exaucer ses vœux, elle va tenter le tout pour le tout.
In My Mother’s Skin possède les ingrédients pour faire un bon film dans la veine de ce que fait Guillermo Del Toro (notamment dans Le Labyrinthe de Pan), mais Dagatan n’a malheureusement pas le savoir-faire du réalisateur mexicain. Le rythme est trop lent et ça tourne en rond au bout d’un moment. Un conte horrifique au potentiel pas suffisamment bien exploité.

Irati   ★★★★
Paul Urkijo Alijo (Espagne/France)

Adapté de la BD Le Cycle d’Irati de Juan Luis Landa (dont seul le premier tome est sorti, malheureusement, le projet ayant été abandonné en cours de route par l’éditeur), agrémenté de divers ajouts personnels, ce film de fantasy prend place dans le Pays basque du 8e siècle, où les deux grandes religions monothéistes, le christianisme et le mahométisme, mettent en péril les anciennes croyances païennes. Après la bataille de Roncevaux, pour laquelle le père du héros avait signé un pacte avec Mari, la déesse de la Nature, qui stipulait qu’il donnait sa vie contre la victoire des siens, Eneko Jr. est envoyé loin de chez lui pour être élevé dans la foi de Rome. Adulte, il revient dans son pays pour découvrir que certains revendiquent sa place de seigneur local. Il va également découvrir le monde de la déesse-mère et se liera avec Irati, jeune sauvageonne qui représente les croyances ancestrales menacées de disparition.
On sent l’amour du réalisateur basque pour sa région et son folklore et son désir de le partager avec ses spectateurs. Il allie avec bonheur l’intime et le grand spectacle, son film étant à la fois très touchant et impressionnant. Visuellement travaillé, il offre de superbes plans de la Nature : forêt, rivière, montagnes… Et puis, fantasy oblige, certaines créatures de la mythologie locale prennent vie devant la caméra. Une réussite d’autant plus méritoire quand on sait que le budget dont il disposait était modeste par rapport à ce qui se fait dans le genre, notamment à Hollywood. Un vrai coup de cœur de votre serviteur.

Kids vs. Aliens   ★★
Jason Eisener (États-Unis)

Tout comme Hobo with a Shotgun (2011) du même réalisateur était l’adaptation en long métrage du court du même nom, Kids vs. Aliens est la version longue de Slumber Party Alien Abduction, présent dans l’anthologie horrifique V/H/S/2. Hommage aux productions fantastiques pour la jeunesse des années 80, et donc forcément comparé à la série Stranger Things, devenue la référence sur ce terrain, cette nouvelle réalisation du Canadien Jason Eisener titille allègrement notre fibre nostalgique tout en proposant quelques fulgurances gores. Dans ce mélange de science-fiction et d’horreur, une petite bande d’enfants, accompagnée de Samantha, la grande sœur de l’un d’eux, est confrontée à deux groupes d’antagonistes : d’une part, l’ado Billy et sa clique, un salaud de première qui essaie de sortir avec Sam pour profiter d’elle et, d’autre part, de vilains extraterrestres ne pensant qu’à zigouiller de l’humain. Eisener fait très bien passer son amour pour le cinéma en mode DIY et son affection pour les geeks en herbe qui vivent dans leur monde et sont pleins de créativité. Esthétiquement, le film se distingue par ses couleurs très saturées, un certain kitsch pleinement assumé, avec des costumes, des maquillages et des effets spéciaux bricolés grâce à des moyens très limités mais avec passion. La durée est fort courte (1h15) et la fin est un peu frustrante : on aimerait en savoir plus (à voir si le réalisateur a déjà l’idée d’une suite possible…). Un petit divertissement sympathique.

The Loneliest Boy in the World   ★★
Martin Owen (Royaume-Uni)

Un ado asocial, involontairement responsable de la mort accidentelle de sa mère, se retrouvant sans famille et sans ami, est libéré pour quelque temps de l’institut spécialisé dans lequel il était placé. Il doit s’accommoder des visites impromptues que lui rendent les deux psys qui le suivent, un homme bien décidé à prouver que ce jeune est barje et qu’il se passe des choses étranges chez lui et une femme plus compréhensive. Ils lui font clairement comprendre que s’il ne se fait pas rapidement un ami, histoire de prouver qu’il sait se sociabiliser un minimum, il sera réinterné vite fait. Ni d’une, ni deux, le jeune homme va déterrer un gars populaire de son âge qui vient d’être inhumé afin de s’en faire un ami. Puis, tant qu’à faire, il décide aussi de s’entourer d’une nouvelle famille par les mêmes moyens, un récent crash d’avion lui fournissant tout ce qu’il lui faut en cadavres frais. Le pire, c’est que ça va fonctionner au-delà de tous ses espoirs !
Bénéficiant d’une belle photo, de beaux éclairages et d’une interprétation adéquate, ce film fait mouche avec son ton oscillant entre humour et tendresse. Hommage aux années 80, comme il s’en fait régulièrement depuis quelques années, pourvu de nombreux clins d’œil (utilisation de la musique de Ghostbusters, oreille coupée retrouvée à la façon de Blue Velvet, feuilleton Alf regardé à la télé par le personnage principal…) et d’une esthétique camp, The Loneliest Boy in the Wood ne surprend pas, mais fait passer un agréable moment.

The Nature Man   ★
Young-seok Noh (Corée du Sud)

The Nature Man se pose dans la catégorie « on s’est fait avoir » ! Un youtubeur spécialisé dans les histoires paranormales, accompagné de son acolyte, se rend en pleine forêt pour rencontrer un homme qui vit là-bas et qui prétend être harcelé, voire parfois possédé, par des fantômes hantant les lieux. Ce qu’ils découvriront sur place ne correspondra pas forcément à leurs attentes… Vu le pitch et la bande-annonce, on pouvait s’attendre à un survival fantastique, mais il n’en est rien. Il s’agit plutôt d’une espèce de comédie pleine de faux-semblants, par laquelle seuls les jeunes créateurs de contenus sur les réseaux sociaux pourraient éventuellement se sentir vaguement concernés. Un film-arnaque dont le message semble être, au final, que derrière les arnaques, il y a tout de même des leçons à tirer. En tout cas, on peut s’interroger sur la pertinence de le faire figurer dans la sélection du BIFFF. Bref, vous pouvez circuler sans regret, il n’y a (pratiquement) rien à voir.

Nightmare (Marerittet)   ★★
Kjersti Helen Rasmussen (Norvège)

Un jeune couple emménage dans le spacieux mais vétuste appartement qu’il vient d’acquérir. Le jeune homme étant constamment accaparé par son travail, c’est la fille, Mona, qui reste à domicile pour entreprendre les travaux de rafraîchissement de leur intérieur. Entre le comportement bizarre de leurs voisins et les cris incessants du bébé de ceux-ci, un gros problème va surgir : les nuits de Mona vont être fortement perturbées par des cauchemars lucides récurrents au cours desquels un démon du sommeil (un Mare) revêtant l’apparence de son compagnon va devenir de plus en plus menaçant à son encontre et va tenter de prendre possession du fœtus qu’elle porte en elle.
Baignant presque constamment dans la pénombre, Nightmare cultive la confusion entre rêve et réalité. À la croisée des concepts des Griffes de la nuit et de Rosemary’s Baby, il ne possède pas l’impact de ces deux références. Le thème des cauchemars et des divers troubles du sommeil (paralysie du sommeil, somnambulisme…), est passionnant et, de ce fait, le pitch de ce film ne manquera pas d’interpeler les fantasticophiles, mais cette production norvégienne n’est donc pas LE film définitif sur le sujet. Il met un peu trop de temps avant d’en arriver à la partie la plus intéressante, est trop cafardeux visuellement (même si c’est volontaire) et les scènes oniriques ne vont pas assez loin et manquent de variété. Un bon point cependant pour la prestation de l’actrice principale, Eili Harboe, qui s’était notamment déjà illustrée dans Thelma.

Project Wolf Hunting   ★★★
Hongsun Kim (Corée du Sud)

Sur un cargo en pleine mer, une troupe de policiers est confrontée à une mutinerie des dangereux criminels qu’ils escortaient. Mais bientôt, un danger encore plus terrible surgit des entrailles du bateau…
Project Wolf Hunting est l’une des sensations gores de ces derniers mois avec The Sadness et Terrifier 2. Petite salve de films qui donne une lueur d’espoir aux fans de splatters quant à l’avenir de leur genre de prédilection dans les salles de cinéma (les trois films ayant bénéficié d’une sortie salles dans plusieurs pays, dont la France, ce qui est devenu en soi exceptionnel) dans un contexte de cinéma horrifique un peu trop souvent aseptisé.
Si le scénario est basique, c’est pour mieux jouer la carte de l’efficacité et de la surenchère dans la violence qui fait mal et dans la quantité de sang versée. On ne va pas se mentir, on est là pour ça, et le film remplit parfaitement son contrat. Malgré sa durée de deux bonnes heures, on ne s’embête pas et l’effet cathartique est assuré.

Satanic Hispanics   ★★
Alejandro Brugués, Mike Mendez, Demián Rugna, Gigi Saul Guerrero et Eduardo Sánchez (États-Unis/Mexique/Argentine)

Satanic Hispanics est une anthologie horrifique réunissant une belle brochette de réalisateurs latino-américains : respectivement, les réalisateurs de Juan of the Dead, du Couvent, de Terrified (un film de trouille diablement efficace), de Bingo Hell et du Projet Blair Witch. Cela génère forcément pas mal d’attentes.
Le premier segment, qui sert de fil rouge pour introduire les autres histoires, montre un raid de la police déboucher sur la découverte de vingt-sept cadavres dans un appartement, massacre dont le seul survivant tente de s’échapper. Amené au poste de police pour être interrogé, celui-ci va raconter diverses histoires, à première vue abracadabrantes, à propos de revenants, de vampires, etc., qui constitueront les autres sketches.
Cet ensemble contient de bons éléments (quelques créatures joliment horribles, des gags avec le vampire qui fonctionnent bien…) mais, globalement, il déçoit un peu, la faute, autre autres, à un ton trop souvent humoristique. Dans le genre, on lui préférera México Bárbaro, plus viscéral.

Wintertide   ★★
John Barnard (Canada)

Alors qu’il règne désormais une nuit hivernale sans fin, le soleil n’atteignant plus la Terre, Beth patrouille bénévolement dans sa petite ville isolée, signalant la présence de chaque « zombie » qu’elle croise sur sa route. Quand elle ne sillonne pas dans son secteur, elle occupe ses nuits en faisant l’amour avec le ou la partenaire du jour. Le problème, c’est que lorsqu’elle dort, elle fait un cauchemar récurrent où elle voit son double aspirer l’énergie vitale de la personne couchée à côté d’elle. Et au réveil, à chaque fois, cette personne n’est pas du tout dans son assiette…
Le thème des zombies/infectés est ici traité de sorte qu’on n’ait pas l’impression d’avoir déjà vu mille fois ce spectacle, ce qui est très louable. John Barnard soigne son atmosphère nocturne, glaciale et cotonneuse. Par ailleurs, il nous offre quelques scènes sensuelles joliment filmées. De plus, son actrice principale, Niamh Carolan, assure. Vu ses atouts, il est d’autant plus dommage que Wintertide ne convainque pas à cent pour cent, son rythme lent finissant par devenir handicapant, le manque de scènes « énervées » se faisant ressentir. Verdict : intéressant, mais peut mieux faire.

Sandy Foulon

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : Vincent Melebeck