la trois

Les 13e MAGRITTE DU CINÉMA dans la Minute Cinéma, et le cinéma belge à la fête en télé et sur Auvio !

Les 13e MAGRITTE DU CINÉMA dans la Minute Cinéma, et le cinéma belge à la fête en télé et sur Auvio ! 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

La 13e Cérémonie des Magritte du Cinéma se tiendra ce samedi 9 mars 2024 au Théâtre National Wallonie-Bruxelles. Elle sera diffusée à partir de 20h35, en direct sur La Trois et sur Auvio. Ainsi que lors d’un direct commenté spécial du Mug, sur la Première.

Envie d’en savoir davantage ? On vous dit tout ci-dessous, dans la 3e Minute Cinéma de En Cinémascope !

En amont de cette édition 2024 des Magritte du Cinéma, une série de films belges et de programmes aux couleurs de ce cinéma seront diffusés sur les différents médias linéaires et digitaux de la RTBF.

Parmi ceux-ci, soulignons les passages en télé, mais aussi sur Auvio, de :

Des hommes de Lucas Belvaux, ce mardi 5 mars à 20h30 sur La Trois (30 jours sur Auvio)

Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, ce mercredi 6 mars à 20h05 sur Tipik (disponible ensuite 30 jours sur Auvio)

Un monde de Laura Wandel, ce jeudi 7 mars à 20h30 Sur La Trois (puis disponible pendant six mois sur Auvio)

Les Intranquilles de Joachim Lafosse, ce vendredi 8 mars à 20h45 sur La Une (et ensuite 30 jours sur Auvio)

Jusque mi-février 2025, Auvio étoffe son catalogue existant en proposant en exclusivité pas moins de 30 films belges, mettant en scène des comédiennes et comédiens belges ou coproduits par des maisons de production belges.

Parmi ceux-ci, épinglons :

Adieu les cons de Albert Dupontel

Alléluia de Fabrice du Welz

La Dernière Tentation des Belges de Jan Bucquoy, avec Alice Dutoit et Wim Willaert (disponible sur Auvio jusque fin mars uniquement), film dont la très belle affiche est signée Laurent Durieux

Duelles de Olivier Masset-Depasse

La Fille inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Grave de Julia Ducourneau

Henri de Yolande Moreau

Incendies de Denis Villeneuve

Losers Revolution de Thomas Ancora et Grégory Beghin

Mon Ket de François Damiens

Les premiers, les derniers de Bouli Lanners

Signalons, enfin, que les plus petits ne sont pas oubliés puisque du côté jeunesse, sur AUVIO Kids, sont à découvrir, notamment, La Foire agricole de Stéphane Aubier et Vincent Patar, et la Collection Ernest et Célestine.

Crédits vidéo
Captation et montage : Geoffrey Baras
Graphisme : Emmanuel De Haes
Production : Sofía Marroquín Simar et Elisa Tuzkan

Jean-Philippe Thiriart

Le palmarès du 38e FIFF a été dévoilé !

Le palmarès du 38e FIFF a été dévoilé ! 1800 1248 Jean-Philippe Thiriart

C’est ce vendredi 6 octobre qu’a été dévoilé, au Delta, le palmarès du 38e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), à l’issue de la cérémonie de remise des différents prix du Festival, dont les Bayard, et notamment le Bayard d’Or.
Un festival qui a fait de Namur, huit jours durant, le centre du monde du cinéma francophone avec, notamment, une belle augmentation du nombre de spectateurs en salles, venus assister à la vitalité du cinéma en Francophonie.

Paloma Sermon-Daï, réalisatrice du Bayard d’Or Il pleut dans la maison

Plusieurs grands gagnants, à l’issue de cette cuvée 2023 du Festival.
À commencer par Il pleut dans la maison, deuxième long métrage de la réalisatrice namuroise Paloma Sermon-Daï, qui remporte le Bayard d’Or du Meilleur film mais aussi le Bayard de la Meilleure interprétation pour son duo de comédiens principaux : Purdey et Mackenzy Lombet, sœur et frère à l’écran comme à la ville. Ce Bayard de la Meilleure interprétation, le Jury de la Compétition Officielle Longs Métrages présidé par l’actrice française Mélanie Doutey a choisi de le décerner aux deux jeunes comédienne et comédien namurois, eux-aussi, « pour ce don de soi et cette générosité qui font les grands acteurs ».
Paloma Sermon-Daï s’est dite « très heureuse que » ses acteurs « aient eux-aussi une reconnaissance à eux ». Si la réalisatrice andennaise remporte la récompense la plus prestigieuse du FIFF pour la deuxième fois, après le couronnement de Petit Samedi voici trois ans, c’est, comme l’a fait remarquer avec justesse à notre micro le réalisateur belge Philippe Van Leeuw, membre du Jury de la Compétition Officielle Longs Métrages, la première fois que la régionale de l’étape obtient cette statuette pour un film de fiction. Ce qui vient souligner les talents d’une metteuse en scène parvenue à passer d’un genre à un autre avec brio.

Paloma Sermon-Daï entourée de ses comédienne et comédien Purdey et Mackenzy Lombet, qui remportent le Bayard de la Meilleure interprétation

Deuxième grand gagnant : Le Procès Goldman, du Français Cédric Kahn, qui remporte pas moins de trois prix : le Prix Spécial du Jury, le Prix de la Meilleure photographie, pour le chef-opérateur français Patrick Ghiringhelli, mais aussi le Prix BeTV. Sorti en salles mercredi dernier, le film est notamment « porté par une performance magistrale de l’acteur belge Arieh Worthalter ».

Deux autres films sont également récompensés plusieurs fois.
Avec deux prix pour Banel & Adama, de Ramata-Toulaye Sy, au sein de la Compétition 1ère Œuvre Longs Métrages. Son film, qui sort dans les salles belges ce mercredi, remporte le Pari d’Agnès, prix de l’imaginaire égalitaire (en hommage direct à la réalisatrice Agnès Varda) qui récompense un premier long métrage témoignant d’un regard original et novateur. Mais aussi le Prix Découverte. La réalisatrice franco-sénégalaise a tenu à rappeler aux hommes qu’ils ont « besoin de nous, les femmes ».

Nicole Bourdon, membre du Jury de la Critique, lequel a remis son Prix à Bernard Bellefroid pour Une des mille collines

Et deux prix également, donc, pour un autre film : Une des mille collines (Rwanda 1994-2004 – Du génocide à la réconciliation), du Namurois Bernard Bellefroid. L’autre régional de l’étape se voit en effet décerner le Prix du Public Documentaire belge et le Prix de la Critique, ravi que son film sorte en salles. La journaliste Nicole Bourdon a ainsi déclaré que son jury avait choisi de récompenser un « réalisateur qui a réussi la prouesse de créer un film tout à fait unique et singulier, tout en s’attaquant à l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine, d’une façon résolument moderne ». Un réalisateur parvenu à « rendre visible l’invisible (…) avec une puissance et une force d’une rare intensité ». Son film « redonne une existence dont toute trace avait été effacée, à trois enfants d’une famille de victimes massacrés dans le cadre de ce génocide ».

Bernard Bellefroid, doublement récompensé vendredi dernier à Namur

Revenons au reste du palmarès de la Compétition Officielle Longs Métrages. Chose peu fréquente, et louable, le Bayard du Meilleur scénario a, cette année, souligné les qualités d’un film d’animation : Linda veut du poulet !, des réalisatrice italienne et réalisateur français Chiara Malta et Sébastien Laudenbach. Un scénario que les auteurs du film estimaient pourtant « extrêmement bancal » et qui doivent, ont-ils expliqué, « tout à nos comédiens car ce sont eux qui sont les vrais auteurs du film ». Un casting voix composé, entre autres, de Mélinée Leclerc, Clotilde Hesme, Laetitia Dosch, Estéban et Patrick Pineau. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, ce film sera, lui aussi, distribué en salles.
Quant à l’Agnès, prix de l’imaginaire égalitaire qui récompense une autrice dont l’œuvre témoigne d’un regard original et novateur, il a été décerné à Mambar Pierrette, de Rosine Mbakam. La réalisatrice camerounaise a choisi de dédier son prix à Pierrette, sa protagoniste principale, « qui a chaleureusement ouvert son cœur au cinéma et à ma famille ».

Deux autres prix de la Compétition 1ère Œuvre Longs Métrages, ont été décernés par le Jury Emile Cantillon, composé de cinq jeunes étudiant(e)s en cinéma âgés de 18 à 25 ans issus des quatre coins de la Francophonie, dont un Belge. Ils sont venus souligner, pour le Prix de la Meilleure interprétation, la qualité du jeu de Jeanne Balibar dans Laissez-moi du réalisateur suisse Maxime Rappaz. L’actrice française a remercié ce dernier pour le « rôle formidable » qu’il lui a offert, un rôle qui « donne l’occasion de jouer tant d’aspects différents de la vie d’une femme ».
Le Bayard de la Meilleure 1ère Œuvre est, lui, venu saluer les atouts de Richelieu, de Pier-Philippe Chevigny. Le réalisateur québécois a remercié le jury de permettre ainsi, en lui remettant ce Bayard, « au film de voyager », via une sortie en salles belges francophones.

Medina Diarra, une des jeunes comédiennes de HLM Pussy, Prix du Jury Junior, entourée des jeunes jurés

Le Prix du Jury Junior, attribué par sept jeunes Belges de 12 et 13 ans, a récompensé HLM Pussy, de la réalisatrice française Nora El Hourch. Le film sera ainsi bientôt projeté à des jeunes Québécois lors du Festival de films francophones Cinémania, début novembre, à Montréal.

Deux autres longs métrages ont été mis en avant cette année : le Prix RTBF a été décerné à Captives du cinéaste français Arnaud des Pallières, le Prix du Public Long métrage fiction à La Fiancée du poète de notre compatriote Yolande Moreau, remis à sa fille, qui est aussi sa scripte. Un prix que cette dernière a souhaité « partager avec toute l’équipe du film ».

Dans la catégorie Compétition Officielle Courts métrages, le Bayard du Meilleur Court Métrage a été remis à la réalisatrice Joséphine Darcy Hopkins pour Les dents du bonheur, qui a également reçu le Prix Marion Hänsel, un des Prix OFF – courts métrages.

Pour découvrir le reste du palmarès de cette compétition et les Prix OFF du Court, rendez-vous sur le site du Festival !

À l’année prochaine à Namur, du 27 septembre au 4 octobre 2024, pour la 39e édition du FIFF !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photos : Vincent Melebeck pour En Cinémascope

CHIEN, ce soir en TV et sur Auvio : interview de Vanessa Paradis et Samuel Benchetrit au FIFF

CHIEN, ce soir en TV et sur Auvio : interview de Vanessa Paradis et Samuel Benchetrit au FIFF 2560 1709 Jean-Philippe Thiriart

Au casting de Chien, l’avant-dernier film réalisé par le Français Samuel Benchetrit : le génial Vincent Macaigne, notre Bouli Lanners national et une certaine… Vanessa Paradis !

Cette comédie dramatique pour le moins décalée est diffusée ce jeudi 19 janvier à 20h35 sur La Trois, et sera disponible sur Auvio dès demain et jusqu’au 27 janvier.

Cette année-là – c’était en 2017 -, le Bayard du Meilleur comédien avait été attribué à Vincent Macaigne. En l’absence de l’acteur, son réalisateur avait déclaré : « Vincent a à la fois neuf ans et cent ans. Il est insaisissable. »
Un autre Bayard, celui du Meilleur scénario allait, lui-aussi, récompenser Chien puisqu’il alla à Samuel Benchetrit.
Enfin, le Bayard d’Or du Meilleur film était décerné – jamais deux sans trois – à Chien, vous l’aurez compris !

Au terme de la proclamation du palmarès du 32e Festival de Namur, nous avions eu le plaisir de nous entretenir avec l’actrice et chanteuse française Vanessa Paradis et avec Samuel Benchetrit, qui est aussi son compagnon à la ville. N’hésitez pas à découvrir cette interview ci-dessous !

Samuel Benchetrit devant l’œil rieur de Vanessa Paradis

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Sylvie Cujas pour En Cinémascope

ADORATION, ce soir en TV et sur Auvio : interviews de l’équipe du film et retour sur la trilogie ardennaise de Fabrice Du Welz

ADORATION, ce soir en TV et sur Auvio : interviews de l’équipe du film et retour sur la trilogie ardennaise de Fabrice Du Welz 1020 681 Jean-Philippe Thiriart

Le dernier film sorti en salles de l’enfant terrible du cinéma belge Fabrice Du Welz est diffusé ce soir à 21h50 sur La Trois et est également disponible sur RTBF Auvio pendant un mois. Le réalisateur de cinéma de genre ô combien cinéphile, clôture avec Adoration sa trilogie ardennaise. Un triptyque initié par Calvaire voici plus de quinze ans, suivi de Alléluia en 2014.
C’est l’occasion pour nous de revenir sur cette œuvre.

Avec, d’abord, trois interviews filmées du cinéaste et de son duo d’acteurs principaux composé de Thomas Gioria et Fantine Harduin (Ennemi Public) au 34e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), avant et après l’annonce du palmarès qui allait consacrer le talent des comédiens du Bayard de la Meilleure interprétation.

Deux interviews du réalisateur et de son actrice Helena Noguerra dans le cadre de la projection en avant-première de Alléluia et une rencontre avec différents acteurs du cinéma belge dans ce cadre, et les interviews express de Vincent Tavier et Manu Dacosse aux Magritte du cinéma (respectivement coscénariste et producteur, et chef-opérateur du film), un an avant les quatre statuettes obtenues au Square, ensuite.

Et, enfin, une présentation de Calvaire, sous forme de critique cette fois.

Aux côtés des jeunes acteurs Fantine Harduin et Thomas Gioria, on retrouve notamment Benoît Poelvoorde (bientôt à l’affiche de Inexorable, le prochain film de Fabrice Du Welz), Peter Van den Begin, Laurent Lucas, Jean-Luc Couchard, Renaud Rutten, et Pierre Nisse.
Quant à la très belle bande originale du film, elle est signée Vincent Cahay.

Notez que l’affiche de Adoration est l’œuvre du talentueux artiste belge Laurent Durieux, qui expose au MIMA jusqu’au 9 janvier prochain dans le cadre d’un double bill. Ce dernier comprend, outre « Drama, the art of Laurent Durieux », l’expo « The ABC of Porn Cinema », consacrée quant à elle au cinéma ABC, dernier cinéma porno de Bruxelles.

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Kris Dewitte

La trilogie ardennaise

Calvaire   ★★★★
Alléluia   ★★★
Adoration   ★★★

☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Interviews de Terry Gilliam, réalisateur de L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE, ce mercredi soir en TV

Interviews de Terry Gilliam, réalisateur de L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE, ce mercredi soir en TV 512 371 Jean-Philippe Thiriart

Terry Gilliam arrive dans votre salon, ce mercredi soir à 20h40 sur La Trois (et jusqu’au 21 août sur Auvio), avec son dernier long-métrage : L’Homme qui tua Don Quichotte. Nous avons eu le bonheur de le rencontrer à deux reprises. Pour Proximus TV dans le cadre de la présentation en avant-première de son dernier bébé au Festival International du Film de Bruxelles (BRIFF). Et voici bientôt dix ans, en 2012, au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Terry Gilliam est avant tout un réalisateur de talent, qui a pris place derrière la caméra voici plus d’un demi-siècle déjà ! On lui doit notamment Brazil, L’Armée des 12 singes, Las Vegas Parano ou encore Tideland. Voilà, en quelques films parmi d’autres, pour sa carrière de réalisateur en solo. Mais Terry Gilliam, c’est aussi un des six Monty Python. C’est en effet aux côtés de Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Terry Jones et Michael Palin que tout a véritablement commencé pour lui. En télévision d’abord, au cinéma ensuite. Seul membre américain de ce sextuor presqu’entièrement britannique, Terry Gilliam fait partie des grands de l’absurde, avec des films comme Monty Python : Sacré Graal et La Vie de Brian, entre autres.
Gilliam est aussi l’auteur de chacun de ses films. Il produit, monte et joue dans certains de ses films, dans ceux d’autres et dans les différents Monty Python. Et il a encore bien d’autres casquettes.

Interview de Terry Gilliam pour L’Homme qui tua Don Quichotte


Interview au BIFFF de Terry Gilliam, le Python surréaliste

Lors du trentième BIFFF, en 2012, Terry Gilliam était adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau. Il y présentait The Wholly Family, son dernier court-métrage en date, un film où les pasta permettaient au réalisateur de laisser libre court à son imagination. Monty Python à vie, l’Américain à la malchance légendaire est avant tout un des plus fameux réalisateurs surréalistes en activité. Retour sur cette rencontre.

Crédit photo : Cedric Arnold

Vous avez été fait Chevalier de l’Ordre du Corbeau. Qu’est-ce que cela fait d’être membre de cette communauté très particulière ?

C’est plus important que d’être un des Templiers. Je suppose qu’il y a beaucoup d’argent sous le beau bâtiment qui se trouve près de nous ! (NdA : Le BIFFF prenait cette année-là ses quartiers à Tour & Taxis pour la dernière fois, avant un déménagement vers BOZAR l’année suivante.) C’est un drôle d’honneur. C’est tout ce que je peux vous dire. Néanmoins, il me faudra probablement des années pour véritablement réaliser les complexités de la fonction. De nombreuses responsabilités sont sans doute inhérentes à cet honneur. Je devrai peut-être sauver des demoiselles des griffes de dragons ! (Il rit.)

Vous venez cette année au BIFFF pour présenter votre nouveau film, le court-métrage The Wholly Family, désigné l’an dernier Meilleur Court-Métrage aux Prix du Cinéma européen. J’ai cru comprendre que Garofalo, une société italienne de pâtes, a financé votre film. Quelles sont les origines de ce projet ?

C’est très simple en fait. Un homme est venu sonner à la porte de ma maison en Italie avec une énorme boîte de pâtes. Il m’a dit qu’elle m’était destinée. Et il a ajouté que Garofalo était prête à financer un de mes courts-métrages à partir du moment où il se déroulait à Naples. J’avais carte blanche. C’était aussi simple que ça.
La seule réponse que je pouvais donner était « oui ». (Il rit.) Comment aurais-je pu dire « non » ? Et à présent, je peux manger des pâtes jusqu’à la fin de ma vie !

Terry Gilliam lors du tournage de The Wholly Family

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les Monty Python à présent ? Comment le succès est-il arrivé ? Au début, cela a dû s’avérer difficile de vous imposer. Les Monty Python, c’est un style forcément tout britannique alors que vous êtes… américain !

C’était très spécial. Je me suis toujours défini comme un anglophile convaincu. C’est en 1967 que je me suis rendu pour la première fois en Angleterre. J’ai eu un peu le sentiment de découvrir un public qui saisissait ce que j’essayais de faire tandis qu’aux États-Unis, personne ne me comprenait. J’ai toujours vu ça comme quelque chose de magique. J’ai rejoint cinq autres gars qui ont fait Oxbridge : Oxford et Cambridge. Des types avec lesquels je partageais la même vision du monde ! Nous faisons certes les choses de manière différente. Parmi eux, certains sont d’excellents acteurs, ce que je ne suis pas. Je peux faire dans le grotesque, contrairement à eux. Ils jonglent plus aisément que moi avec les mots. J’ai une meilleure approche des images qu’eux. Et il s’est avéré que ça marchait. Il faut dire aussi qu’à cette époque-là, la BBC nous a dit que nous pouvions commencer par faire sept émissions. Et si celles-ci fonctionnaient, la chaîne nous permettait d’en faire d’autres. C’était très simple. Nous avions donc entière carte blanche pour faire ce qui nous plaisait. Nous n’étions pas entourés de commerciaux, de managers ou d’agents nous disant de faire ceci ou cela. Nous étions juste six mecs occupés à faire ce qui les faisait marrer.

Gilliam (en bas à gauche), le seul Python américain, avec ses camarades de jeu

Je crois savoir que George Harrison a consenti une hypothèque afin que La Vie de Brian voit le jour, pour la bonne et simple raison qu’il voulait voir le film. Est-ce exact ?

Oui. George était un grand fan des Python. Il connaissait chaque sketch par cœur. Et lorsque EMI – le studio qui était sur le point de financer le film – s’est retiré en dernière minute, George a sauvé la situation. Ils ont hypothéqué leur grand immeuble de bureaux de Knightsbridge, à Londres. Il a donc rassemblé la somme d’argent nécessaire à la réalisation du film. Et… ça a marché !

Est-ce que vous êtes d’accord avec moi si je vous dis que vous avez pour habitude de casser les codes ? Le christianisme avec La Vie de Brian, bien sûr. La bureaucratie et l’économie avec Brazil

Ce n’est pas faux. En particulier la cause sainte : les choses que nous sommes supposés croire. J’estime que nous devons les déconstruire. Constamment.

Les contes, les rêves et l’imagination ont une grande place dans votre univers. Vous êtes un des rares réalisateurs surréalistes mondialement connus ?

Si ce n’était pas le cas, j’aurais probablement eu plus de succès auprès du grand public. Il y a cependant de nombreux réalisateurs qui font des films surréalistes, mais dont on n’entend jamais parler. J’ai juste la chance de pouvoir toucher Hollywood et des lieux semblables qui permettent à mes films d’être vus par davantage de gens.

Que pensez-vous du surréalisme belge ? Je pense à René Magritte, Christian Dotremont, Joseph Noiret…

La Belgique est au cœur du surréalisme, pas vrai ?

Tout à fait !

Je pense que tout a commencé avec Jérôme Bosch. Et Pieter Brueghel. Puis viennent Magritte et tous les autres. La Belgique est un drôle d’endroit. Je trouve que c’est un pays schizophrène parce qu’il est à la fois flamand et francophone. Et une certaine friction donne sans doute naissance à une série de choses. C’est ainsi qu’un feu démarre : en mélangeant deux choses.

C’est la quatrième fois que vous venez au BIFFF. Vous étiez notamment présent en 1996 pour présenter L’Armée des 12 singes. Que représentent la Belgique et, en particulier, Bruxelles, à vos yeux ? Est-ce que vous connaissez le cinéma belge et, si oui, y a-t-il un film issu de notre production nationale que vous affectionnez particulièrement ?

Le cinéma belge que j’aime depuis toujours est celui que l’on retrouve dans Toto le héros, de Jaco Van Dormael. J’ai adoré ce film ! « Qui est ce mec ? », me suis-je demandé. Il parvient, à mes yeux, à exprimer exactement ce qui constitue le surréalisme belge. Il y a une certaine magie. Il y a quelque chose de présent… Je ne sais pas de quoi il s’agit cependant. Je ne connais pas la Belgique. Un peu Bruxelles mais c’est tout. Je sais en tout cas que le meilleur musée au monde sur la bande dessinée se trouve sur votre territoire.

Toto le héros, un grand film surréaliste de l’avis de Terry Gilliam

Vous vous y êtes rendu hier, n’est-ce pas ?

Tout à fait ! Je ne saisis pas encore toutes les particularités de la ville mais je l’apprécie pour la bonne et simple raison qu’elle ne ressemble à aucune autre. Il y a un petit quelque chose qui se produit ici, que je ne suis pas à même de traduire avec des mots. Ça reste donc pour moi un mystère. Quelque chose d’intriguant.

Avez-vous vu Mr. Nobody, le dernier film de Jaco Van Dormael ?

Non. Est-ce qu’il est bon ?

Absolument !

Je dois me le procurer par ce qu’il n’est pas arrivé jusqu’en Angleterre. J’ai rencontré Jaco Van Dormael. Je ne me souviens plus de quand c’était. Il y a quelques années. Et c’est une crème. Il est terrible. François Schuiten a-t-il également œuvré sur ce film ?

Oui !

Je vous pose cette question parce que je trouve que Schuiten est extraordinaire. Je l’ai rencontré lors de ma dernière venue ici.
Mais c’est là un des points négatifs que de vivre à Londres : nous n’avons pas la possibilité d’y voir assez de films étrangers. Ceux d’Almodóvar arrivent jusque chez nous. C’est ridicule de faire partie de l’Europe et, en même temps, de faire comme si nous n’étions pas dedans.

François Schuiten et Jaco Van Dormael lors de leur venue au BIFFF, avant la finalisation de Mr. Nobody
Crédit photo : Maria Deiana pour le BIFFF

Parmi les différentes étapes qui jalonnent le processus d’élaboration d’un film, quelle est celle que vous affectionnez le plus ?

L’écriture est un chouette moment parce que c’est celui de tous les possibles : le rêve est là. Le tournage, c’est un cauchemar parce que chaque jour apporte son lot de déceptions, mais de surprises aussi. Puis vient le montage, lorsque vous ordonnez le tout. J’adore le montage parce qu’il impose certaines limites : voilà ce avec quoi nous devons travailler, voilà ce que nous avons tourné, ni plus ni moins. Comment allons-nous faire en sorte que ça marche ? Et, à nouveau, il s’agit quelque part d’une réécriture du scénario du film dans son ensemble à ce moment-là. Et ça, c’est super !

Que pensez-vous des changements que connaît aujourd’hui le cinéma ? Tout d’abord, considérez-vous le moindre usage de la pellicule en faveur du numérique comme un véritable progrès ?

Cela m’importe peu que le film soit tourné en numérique. Il faut juste savoir si vous êtes à même de créer une image suffisamment belle. Et à l’heure actuelle, la pellicule est encore et toujours plus subtile que le numérique. Elle permet de capturer un peu plus de détails. Mais il ne faudra qu’un an ou deux avant que le numérique ne dépasse la pellicule. Je travaille toujours avec le matériau le plus pratique et de la façon qui s’avère sans doute la moins onéreuse. Parce qu’il s’agit toujours d’économiser de l’argent afin que le message que vous souhaitez exprimer passe au mieux.

Qu’en est-il de la 3D ? Voyez-vous cela comme une révolution qui pourrait être comparée, dans un sens, à l’arrivée du cinéma parlant, ou comme un simple gadget ?

C’est un gadget ! La 3D n’a été pensée selon moi que pour vendre de nouveaux postes de télévision. Je pense vraiment que c’est l’idée de base. Je ne sais pas si ça va durer ou pas. Ça coûte plus d’argent. Et si ça coûte plus d’argent, ça vient sans doute limiter les idées que vous pouvez concrétiser à l’écran. Ça ne m’intéresse pas. Les paires de lunettes ne sont pas agréables à porter. J’estime que ce procédé sacrifie le contraste. Il n’y a donc aucun intérêt. Le contraste vous apporte de la profondeur. Il se trouve grandement diminué et puis vous mettez ces lunettes sur le nez et faites ce truc artificiel. Est-ce que ça en vaut la peine ? Je n’en suis pas convaincu.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les acteurs avec lesquels vous avez travaillé, de manière générale ? Et peut-être sur un d’entre eux en particulier : Johnny Depp. C’est, je crois, un de ceux avec lesquels vous avez préféré tourner…

En fait, j’ai eu la chance de travailler avec d’excellents acteurs. Tourner avec Johnny était pour moi une grande joie parce qu’il est à la fois très drôle et très vif. Il est très rapide. À de nombreux égards, c’était un peu comme si je travaillais à nouveau avec les Monty Pythons car il est extrêmement inventif. Il avait une idée, moi une autre… Il avait une idée, j’en avais une… Boum ! Ça se passait comme ça ! Mais il y a aussi des gens comme Jeff Bridges. J’adore Jeff ! Quelque part, il prenait un peu de ma folie pour lui donner une sorte de solidité et en faire quelque chose de vraiment concret. C’est magnifique de travailler avec ces acteurs. Je ne suis pas chanceux en fait : je fais très attention au moment de choisir les personnes avec lesquelles je travaille.

Quelques mots pour les visiteurs de « En Cinémascope » peut-être, à présent ?

Salut ! Vous êtes sur « En Cinémascope » ! Et vous êtes en train de regarder, quelque part, Terry Gilliam qui regarde des gens travaillant « En Cinémascope » ! Ce n’est pas en cinémascope ! C’est sur un petit écran. Vous lisez peut-être ça sur votre iPhone. Et vous devez regarder au-delà de votre iPhone parce qu’un monde entier vous attend. Mais quoi que vous fassiez, restez connecté à « En Cinémascope » ! Je serai là le restant de vos jours !

Jean-Philippe Thiriart

Niet Schieten

NIET SCHIETEN (NE TIREZ PAS), ce soir en TV : interview de Stijn Coninx et Jan Decleir, et critique

NIET SCHIETEN (NE TIREZ PAS), ce soir en TV : interview de Stijn Coninx et Jan Decleir, et critique 1152 576 Jean-Philippe Thiriart

Diffusé ce mardi 30 mars à 21h05 sur La Trois, le film flamand Niet Schieten (Ne tirez pas) est un film nécessaire. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir l’interview du réalisateur Stijn Coninx et de son acteur principal, l’immense Jan Decleir, réalisée au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF). Ainsi que notre critique du film.

Critique du film

Niet Schieten (Ne tirez pas)

Réalisé par Stijn Coninx (2018)
Avec Jan Decleir, Vivian de Muynck, Jonas Van Geel, Inge Paulussen

Drame
2h19

★★★

Niet Schieten est indéniablement un des films flamands de l’année 2018. Le film retrace le parcours de la famille Van de Steen après la dernière attaque des tueurs du Brabant au grand magasin Delhaize d’Alost le 9 novembre 1985. David Van de Steen avait alors 9 ans et sera le seul rescapé de sa famille à l’issue de cette attaque, ses parents et sa sœur décédant sur place. Lui devra apprendre à vivre avec des opérations à répétition pour sauver sa jambe touchée dans l’attaque et à faire son deuil. Dans cette recherche de deuil et de reconnaissance, l’aide de son grand-père (Jan Decleir, excellent) s’avèrera très précieuse.

Le dernier Stijn Coninx est un film nécessaire pour comprendre les enjeux des attaques des tueurs du Brabant. Aujourd’hui encore, beaucoup de questions autour de l’enquête sur les tueries restent sans réponse. Ce film a le mérite de remettre les victimes au centre de cette affaire qui ébranla toute la Belgique et son système politique, judiciaire et sécuritaire au début des années 80. Et celui de montrer une histoire commune à tous les Belges, qui allait impacter nombre de nos compatriotes.

Niet Schieten met également en avant avec beaucoup de douceur le courage et la volonté d’un grand-père à vouloir trouver les responsables de la mort des membres de sa famille pour aider son petit-fils à continuer à vivre. Jan Decleir parvient à montrer les sentiments importants d’un grand-père malgré son caractère fort taiseux, empli de retenue et de pudeur.

Stijn Coninx nous démontre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent. Le duo qu’il forme ici avec Jan Decleir, né 25 ans plus tôt avec leur film Daens, n’a rien perdu de son efficacité et permet la naissance d’un film de qualité. Nécessaire.

Pour rappel, plus de trente ans après les faits, les auteurs de ces tueries qui ont ébranlé la Belgique au début des années quatre-vingt, sont certainement pour la plupart toujours en liberté. Cet ensemble d’attaques à main armée reste, sans aucun doute, l’affaire irrésolue la plus importante de notre pays.

Raphaël Pieters, avec la participation de Jean-Philippe Thiriart

Interview de Stijn Coninx et Jan Decleir

Jan Decleir, nous vous avons découvert dans Daens lors d’une projection scolaire à l’âge de 15 ans. Vous jouiez le rôle d’Adolf Daens, un prêtre catholique flamand qui se battait pour plus de justice sociale et contre la pauvreté. Stijn Coninx, pourquoi avoir choisi d’aborder à nouveau ces deux thèmes, avec beaucoup d’intensité, dans Niet Schieten ?

Stijn Coninx : On était tous les deux touchés et bouleversés par cette histoire, qui n’est pas évidente et qui, pour nous, est plutôt une histoire de famille et non une histoire sociale à la base. Mais il s’agit certainement d’une histoire d’injustice. Mais c’est vrai que c’est une histoire sociale dans le sens où toutes les familles ont vécu la même chose, ont eu les mêmes sentiments et les mêmes blessures. Les membres de ces différentes familles meurtries sont restés tout seuls dans leur coin avec leurs questions, sans réponses.

Jan Decleir : Je suis tout à fait d’accord avec ce que Stijn a dit. Peut-être qu’il aimerait ajouter quelque chose…

Stijn Coninx : Il y a des moments dans la vie où on est touché par quelque chose. Quand David Van de Steen a écrit son livre, il a tout de suite pensé que si ce dernier était adapté au cinéma, ce serait à Jan de jouer à l’écran le rôle de son grand-père.

Jan Decleir : Il avait vécu des choses injustes et ça, c’est quelque chose que l’on partage. Il faut des gens qui se posent des questions. Ce n’est jamais évident de jouer, de partager certaines choses et, de temps en temps, il n’y a pas de mot.

Pensez-vous que les victimes sont plus aidées en Belgique depuis les tueries du Brabant et qu’un travail a véritablement été accompli ?

Jan Decleir : Je ne crois pas. C’est dommage. C’est gênant mais non, je ne crois pas. David a rencontré des victimes de Zaventem et ils ont raconté leurs histoires. Cela fait quelque chose. Il faut tenir compte du fait que cela rouvre des blessures. Il faut aussi voir comment fonctionnent nos démocraties et les leaders démocratiques qu’on a choisis. Il faut tenir compte des erreurs du passé.

Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important pour les victimes d’une telle affaire : pouvoir découvrir la vérité ou savoir que tout a été fait pour la découvrir ?

Jan Decleir : Bonne question ! Cela aide un peu de savoir qu’on a tout fait pour découvrir la vérité mais on sait aussi que, dans le cas présent, ça n’a pas du tout été le cas. La douleur reste, c’est incroyable. David doit raconter son histoire en permanence mais le mal reste là, à jamais.

Stijn Coninx : David a commencé à mettre des choses sur papier quand il était à l’hôpital en 2009 parce qu’il était là, de nouveau dans le même couloir, de nouveau pour une opération, avec sa femme et son fils à ses côtés. Il n’avait pas de réponses à ses questions presque deux générations plus tard. Ses grands-parents avaient alors près de nonante ans.
Il avait par conséquent besoin d’une thérapie. C’est avant tout pour cela qu’il était nécessaire de partager cette histoire. Mais aussi, comme Jan le dit, si, un jour, il peut avoir l’impression que tout a vraiment été fait pour retrouver les tueurs du Brabant, alors ça ira. Mais il est évident que ce n’est pas le cas. Il y avait tant de possibilités de pouvoir aller plus loin dans l’enquête.
C’est pourquoi il est important de partager cette histoire, non pas nécessairement parce que le film va permettre de résoudre cette affaire mais parce qu’avec l’opinion publique, on va pouvoir accorder une place plus importante aux victimes et éventuellement découvrir de nouveaux éléments qui n’ont jamais été dévoilés.

Propos recueillis par Raphaël Pieters

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