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Prix French Touch du Jury de la Semaine de la Critique à Cannes pour IL PLEUT DANS LA MAISON : retour en interviews sur le premier film de Paloma Sermon-Daï, PETIT SAMEDI

Prix French Touch du Jury de la Semaine de la Critique à Cannes pour IL PLEUT DANS LA MAISON : retour en interviews sur le premier film de Paloma Sermon-Daï, PETIT SAMEDI 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

La 76e édition du Festival de Cannes s’est clôturée avant-hier. Section indépendante importante de la grand-messe du cinéma consacrée à la découverte de jeunes talents de la création cinématographique, la Semaine de la Critique a notamment sacré cette année Il pleut dans la maison, premier long métrage de fiction de la Belge Paloma Sermon-Daï. Le jury de la Semaine lui a en effet décerné son Prix French Touch.

Nous n’avons pas encore pu découvrir Il pleut dans la maison mais c’est l’occasion pour nous de revenir sur le premier long métrage de la réalisatrice namuroise. Il s’agit cette fois d’un documentaire : Petit Samedi.
Nous avions interviewé Paloma à l’issue du 35e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), où elle avait reçu le Bayard d’Or, récompense suprême du Festival de la capitale wallonne, mais aussi le Prix Agnès de l’imaginaire égalitaire, venu récompenser le regard original et novateur dont son œuvre témoigne. Le FIFF, où aura d’ailleurs sans doute lieu la première belge de Il pleut dans la maison.
Nous avions à nouveau tendu notre micro à la jeune réalisatrice l’année dernière, lors des 11e Magritte du Cinéma, où son Petit Samedi avait remporté le Magritte du Meilleur documentaire.

Paloma Sermon-Daï et Petit Samedi aux 11e Magritte du Cinéma…

Crédit vidéo : Gerardo Marra

… et au 35e FIFF !

Le FIFF consacre Petit Samedi !

À Namur, Petit Samedi avait donc d’abord remporté le Prix Agnès de l’imaginaire égalitaire. Membre du Jury Longs métrages, l’actrice française Daphné Patakia déclarait que ce dernier avait « trouvé un des deux personnages principaux du film très inspirants ». Avant d’ajouter que « nous manquons de ce genre de personnages au cinéma ».

Très contente, Paloma Sermon-Daï déclara : « Je remercie mes producteurs, qui m’ont fait confiance pour ce premier long métrage. Je pense évidemment à ma famille et à mes proches. Je pense très fort à ma maman et à mon frère, sans qui ce film n’existerait pas. Je les remercie énormément d’avoir partagé leur histoire. Je voudrais aussi remercier, symboliquement, l’équipe technique. Je pense notamment à Frédéric Noirhomme, Thomas Grimm-Landsberg, Fabrice Osinski, Lenka Fillnerova et Aline Gavroy. Je remercie le FIFF et je vous remercie tous ; merci beaucoup ! »

Le moment venu de décerner le Bayard d’Or, ce fut au tour du réalisateur français Samuel Benchetrit, président du Jury Longs métrages, de prendre la parole. Son jury a vu dans Petit Samedi « un film d’une pudeur incroyable, bouleversant, qui est à la fois très drôle et merveilleusement filmé ». Il précisa ensuite ceci : « C’est un prix que l’on remet à l’unanimité du jury. Et je pense que c’est une réalisatrice dont on va entendre parler très longtemps. »

Ravie, la réalisatrice andennaise répondit ceci : « Je ne m’y attendais vraiment pas. Je ne pensais pas devoir me relever. Merci beaucoup ! Je remercie encore une fois mes producteurs – Alice (Lemaire) et Sébastien (Andres) –, les coproducteurs, le WIP, Take Five, Dérives et tous nos partenaires. Je remercie encore une fois l’équipe technique. Je remercie tous les membres de ma famille, et, évidemment, Adriana, qui m’accompagne au quotidien, qui me soutient. Je pense énormément à ma mère et à mon frère. Et je pense évidemment à toutes les familles et à toutes les personnes qui vivent la même chose et qui n’ont pas de voix. J’espère très sincèrement que ce film leur permettra de se sentir écoutés. Et que notre parcours associatif permettra à ma famille, mais aussi à d’autres, de trouver une parole. Je vous remercie tous ! Je suis très touchée ! »

La réalisatrice de Petit Samedi, Bayard d’Or du 35e FIFF, entourée du jury qui l’a récompensée
Crédit photo : Nicolas Simoens


Notre interview de Paloma Sermon-Daï au Festival de Namur


En Cinémascope : Paloma, félicitations pour ces deux prix ! Le Bayard d’Or mais, aussi, le Prix Agnès. Le Bayard d’Or, c’est évidemment la récompense suprême, mais ce Prix Agnès, c’est quoi pour vous ?

Paloma Sermon-Daï : Je suis très contente, qu’on ait mis à l’honneur le rôle de ma mère. Je suis très contente d’avoir montré un cinéma un peu différent et d’avoir donné une parole, je l’espère, nouvelle, à une mère en difficulté, à une mère et à une famille en difficulté. Et, enfin, je suis très contente d’avoir ce prix dans notre région car je suis andennaise.

Comment présenteriez-vous votre film ?

C’est un film qui suit le quotidien de mon frère, qui se bat contre ses addictions, avec le parti pris de traiter de l’addiction avec le regard de la famille. Avec, au cœur, la relation mère-fils. J’ai essayé de parler d’amour.

Le jury a été unanime. Un long silence s’est installé après leur découverte de votre film. Leur discussion n’a pas été très longue quand ils ont dû choisir quel film sortait vraiment du lot : ce fût le vôtre !

Ça me fait évidemment très plaisir. Je suis très touchée. C’est un film qui fait qu’on est d’accord ou pas avec ce qui s’y dit. Mais quand on est d’accord, on est vraiment d’accord. C’est le retour qu’on a jusqu’à présent. Les gens nous disent être vraiment très touchés. Et ça nous fait plaisir !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit vidéo : Gerardo Marra
Crédit photo : Nicolas Simoens

Guillaume Senez

NOS BATAILLES, ce soir en TV et en DVD : interviews du réalisateur et regards croisés

NOS BATAILLES, ce soir en TV et en DVD : interviews du réalisateur et regards croisés 667 1000 Jean-Philippe Thiriart

Diffusé ce dimanche 7 février à 20h35 sur La Trois en clôture de la belle semaine que la RTBF consacre au cinéma belge, le film Nos batailles fait aujourd’hui, sur « En Cinémascope », l’objet d’un dossier consacré au film et au DVD du métrage, sorti chez Cinéart.

Nous vous proposons ainsi de découvrir les interviews du réalisateur du film, Guillaume Senez, après le succès remporté par le film à Cannes et, plus récemment, lors de la présence du cinéaste belge au dernier Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) en tant que membre du Jury Longs Métrages. Il présente le film et décrit sa belle aventure cannoise à la Semaine de la critique.

Et n’hésitez pas à visionner la conférence de presse du film au FIFF !

Regards croisés

Nos batailles

Réalisé par Guillaume Senez
Avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Lucie Debay, Laure Calamy, Dominique Valadié, Lena Girard Voss, Basile Grunberger

Drame
1h38

Le regard de Raphaël Pieters sur le film

★★

Nos batailles est le deuxième long métrage du réalisateur belge Guillaume Senez, après Keeper en 2015. Keeper avait notamment reçu le Prix de la critique au FIFF et le Prix du Meilleur premier film lors de la septième cérémonie des Magritte du Cinéma.

Romain Duris interprète dans Nos batailles un père qui va devoir apprendre à jouer le rôle d’une mère qui a disparu. Cette mère, c’est l’actrice belge Lucie Debay (Magritte du Meilleur espoir féminin en 2016 pour son rôle dans Melody). L’histoire débute dans une petite ville du nord de la France. Olivier (Romain Duris) est contremaître dans un entrepôt de vente en ligne. Alors qu’il enchaine les heures de travail sans compter, sa femme s’occupe des enfants le soir et est vendeuse dans une boutique de vêtements la journée. Mais après une journée éprouvante au boulot, Laura disparait sans mot dire. La suite sera un combat emprunt de débrouillardise pour organiser une vie familiale fort chamboulée.

Le statut de père débrouillard convient assez bien à Romais Duris, arrivé aujourd’hui à un âge qui lui permet de jouer ce genre de personnages. Il est évident qu’il possédait bel et bien la maturité nécessaire pour cet exercice. La comédienne Laetitia Dosch joue le rôle d’une tante attentionnée et sensible pour les enfants, Laure Calamy celui d’une collègue de travail en manque de repères familiaux et Dominique Valadié celui d’une grand-mère qui doit tout à coup revenir aux affaires.

Le thème du film est connu, plusieurs films ayant déjà traité de la disparition brutale d’un parent et des difficultés à surmonter pour l’autre partent, qui se retrouve seul à gérer vie professionnelle et vie familiale. Ce qui ressort dans ce film, c’est le poids des non-dits, des difficultés de communication entre les membres d’une même famille lors d’un tel événement. Nos batailles est surtout intéressant en ce sens. Le film montre également la précarisation des familles monoparentales. Ce problème de société se devait d’apparaitre enfin plus précisément à l’écran même si ce sont d’abord et avant tout les femmes sui sont touchées par ce phénomène.

Si la question du manque dans une famille monoparentale est ainsi abordée de manière assez fine et émouvante, celle de l’injustice sociale l’est également. Ce traitement permet à Nos batailles de garder une certaine cohérence de bout en bout.

Le regard de Guillaume Triplet sur le film et le DVD

Le film

★★★

Olivier (Romain Duris) travaille dans une usine. Il est chef d’équipe et, en bon syndicaliste qu’il est, met un point d’honneur à défendre ses collègues vis-à-vis d’une direction parfois oppressante. Mais Olivier est aussi père de deux enfants qu’il voit difficilement grandir et qui est forcé de prendre ses responsabilités lorsque sa femme Laura (Lucie Debay) décide de quitter la maison.

Prenant, puissant et mené par des acteurs aussi justes que leurs personnages sont attachants, il n’est pas difficile de comprendre la raison pour laquelle le deuxième film de Guillaume Senez a été autant récompensé (NDLR : le film a remporté cinq Magritte du Cinéma en 2019, dont ceux du Meilleur film et de la Meilleure réalisation). Le metteur en scène laisse une grande spontanéité à ses interprètes. Ce qui, au final, sert admirablement le propos.

Nos batailles est un film social parfois rugueux, mais souvent tendre, qui accroche le spectateur de bout en bout sans tomber dans la pleurnicherie, et est agrémenté d’une profonde réflexion sur le sens des priorités. Une bien belle réussite.

Le DVD

★★

Le DVD distribué par Cinéart fait le boulot, en proposant, en bonus, scènes-clés et scènes coupées commentées par le réalisateur, ainsi que son court métrage U.H.T., qui s’inscrit dans la droite lignée de son film mais en version fermière.

Un dossier préparé par Jean-Philippe Thiriart, Raphaël Pieters et Guillaume Triplet

Captations : Mazin Mhamad et Mourad Khlifi.
Montages : Mourad Khlifi et Jean-Philippe Thiriart
Crédit photo : Nicolas Simoens