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LE FABULEUX DESTIN D’AMÉLIE POULAIN a 20 ans et ressort en salles : critique du film et interview de Jean-Pierre Jeunet

LE FABULEUX DESTIN D’AMÉLIE POULAIN a 20 ans et ressort en salles : critique du film et interview de Jean-Pierre Jeunet 1600 900 Jean-Philippe Thiriart

La critique   ★★★

Réalisé par Jean-Pierre Jeunet
Avec Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, Jamel Debbouze, Yolande Moreau, André Dussollier

Romance teintée de comédie
2h

Avons-nous encore besoin de voir ou de lire des contes aujourd’hui ? Il semble que poser la question, c’est aussi y répondre. Alors que Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain sortait sur les écrans au mois d’avril 2001 – il y a 20 ans déjà – le film est resté à la page. Si les DVD, les smartphones et les PC portables ont remplacé les cassettes VHS, les gros téléphones portables sans 4G et les ordinateurs avec tours ; l’être humain, de son côté, a toujours besoin de tendresse et de mystère.

De l’eau a coulé sous le Pont des Arts ou sous le Pont des Invalides depuis le début des années deux mille, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain n’en reste pas moins un film d’actualité. Depuis lors, le cinéma français a réservé d’autres superbes films aux émotifs. On pense à Intouchables ou à Au revoir là-haut pour n’en citer que deux. Mais le film de Jean-Pierre Jeunet reste un incontournable, un chef-d’œuvre cinématographique.
Combien sont aujourd’hui les jeunes qui n’osent pas déclarer leur flamme à un être aimé qui leur ressemble pourtant ? Combien sont-ils ces jeunes dépassés par les événements d’une époque qui nous dépasse toutes et tous ?
Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain est un film rempli d’espoir et de rêve pour toutes celles et ceux qui en ont besoin et même pour celles et ceux qui n’en manquent pas mais ne savent pas toujours où continuer à trouver des raisons d’espérer.

Amélie Poulin est une jeune Parisienne de 23 ans qui a grandi isolée des autres enfants car son père lui a diagnostiqué, à tort, une maladie cardiaque qui l’empêche de fréquenter l’école. Sa mère est décédée accidentellement alors qu’Amélie était encore enfant. Mais, alors qu’elle ne croit plus à l’amour, elle découvre en apprenant le décès de la princesse Diana, le 31 août 1997, une boite métallique cachée derrière une plinthe descellée de sa salle de bain. Cette boite est remplie des souvenirs de l’enfant qui occupait jadis cet appartement. Elle se met alors à sa recherche en passant un pacte avec elle-même : si elle le retrouve et qu’il est heureux de retrouver sa boite, elle consacrera sa vie à aider les autres. Sinon, tant pis.

Si ce film vaut bien plus que le détour par son aspect féérique et son histoire attendrissante et parfois amusante, il vaut également pour son casting impressionnant.
Dans le rôle d’Amélie Poulain, Audrey Tautou, révélée en 1999 par Vénus Beauté (Institut) mais qui accéda à une notoriété internationale grâce au film de Jeunet. À ses côtés, Mathieu Kassovitz, qui reçut le César du Meilleur espoir masculin en 1995 pour sa performance dans Regarde les hommes tomber. À leurs côtés, le jeune Jamel Debbouze, Yolande Moreau, Isabelle Nanty et le regretté Serge Merlin complètent un casting de haut vol.

Mais que faire en attendant de découvrir cette version numérisée, me direz-vous ? Amélie Poulain a sans doute la réponse : « En attendant, mieux vaut se consacrer aux autres qu’à un nain de jardin. »

Raphaël Pieters

L’interview du réalisateur

En 2014, Jean-Pierre Jeunet était présent au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) pour y donner une masterclass – « L’élixir de Jeunet » – et être adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau. Nous l’avions interviewé, conjointement avec Loïc Smars, fondateur et rédacteur-en-chef du Suricate Magazine.

Vous venez d’être prévenu que vous allez être fait Chevalier de l’Ordre du Corbeau ce soir. Qu’est-ce que cela représente à vos yeux ?

Je panique parce que je n’ai encore rien préparé. Il faut trouver quelque chose à dire et je n’ai pas beaucoup de temps pour trouver une connerie à faire.

Avez-vous déjà un peu entendu parler de l’ambiance particulière du BIFFF ? Pourquoi avoir accepté une masterclass alors que vous n’êtes pas en tournée promotionnelle ?

Déjà, le BIFFF, je ne connais pas. Pour les masterclass, je viens d’en faire par exemple six au Brésil. Je fais ça volontiers car j’aime le contact avec le public. Autant ça m’emmerde de parler avec des journalistes comme vous, autant avec le public, c’est sympa.
Au Brésil, c’était incroyable, d’une densité, d’une chaleur… Cela durait deux heures ; j’en sortais rincé. Ils étaient passionnés et posaient des questions originales. On refusait des centaines de personnes à l’entrée.

Vous avez un énorme public au Brésil ?

C’était surtout des jeunes, des étudiants. Il y a aussi le côté un peu midinettes de celles qui adorent Amélie. Il y en a une qui est tombée dans les pommes, une qui a un tatouage Amélie, etc. Je ne pouvais pas le croire. Il y en a une, j’ai signé de mon nom et le soir même elle se le faisait tatouer et m’envoyait la photo. Ça fout un peu les jetons. Il y a même aussi une boutique « Je m’appelle Amélie ».

Vous êtes fidèle à vos comédiens et avez ainsi tourné à plusieurs reprises avec Rufus, Ticky Holgado, André Dussollier ou encore Jean-Claude Dreyfus. Mais votre acteur fétiche, c’est Dominique Pinon. Qu’est-ce que cet acteur a de magique à vos yeux ?

Tout d’abord, il me surprend à chaque fois donc je ne vois pas pourquoi je m’en passerais ! Ensuite, il a vraiment une tronche ! C’est un peu pour moi le comédien parfait. Au tout début de ma carrière, j’aurais dû tourner un téléfilm avec lui et ça ne s’est pas fait pour des questions idiotes. Ensuite, il a été dans mon premier court métrage et après, c’est devenu une tradition de l’avoir à chaque fois avec moi.

Vous vous entourez aussi souvent des mêmes personnes, tant au niveau de l’équipe technique que des comédiens. Vous avez aussi d’autres fidèles qui sont des « tronches », comme Rufus ou Ron Perlman.

En fait, j’aurais adoré travailler avec les acteurs d’après-guerre. Je suis un grand fan de Prévert, Julien Carette, Louis Jouvet… Et mes acteurs fétiches sont les équivalents de ceux-là. De temps en temps, j’en trouve des nouveaux mais je reprends avec plaisir les mêmes.

Et c’est un besoin de s’entourer de sa famille de cinéma ?

C’est plus pour l’équipe artistique. Mais malgré que j’aie travaillé avec plusieurs directeurs photos, il y a une continuité dans la lumière, ce qui prouve bien que c’est moi qui donne la direction.

Vous avez dit dans une interview que T.S. Spivet, c’est vous. Est-ce que vous amenez toujours un peu de vous dans un des personnages de chacun de vos films ?

T.S. Spivet, c’est effectivement un peu moi. Il fait ses dessins dans sa ferme comme moi dans ma maison à la campagne. Il gagne un prix comme j’en gagne parfois. Bon, il prend le train et moi plutôt l’avion. (il rit)

Votre rêve serait de retourner à la campagne, hors du circuit médiatique ?

Je suis très bien en Provence dans ma maison au milieu de la campagne.

L’animation et les dessins, ce sont vos premières amours. Vous avez envie d’y retourner ?

Le réalisateur français qui a gagné l’Oscar cette année pour Monsieur Hublot, un court métrage, m’a contacté pour travailler ensemble. Alors on va voir ce que l’on peut faire tous les deux.

D’ailleurs, Monsieur Hublot est inspiré d’un personnage belge fait par un sculpteur belge.

Je ne savais pas !

L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est votre deuxième expérience américaine…

Attention ! C’est un faux film américain, c’est un film franco-canadien, supposé être américain mais tourné au Canada. D’ailleurs, le seul Américain, c’est l’acteur qui joue le gamin. Je n’ai jamais mis les pieds aux USA pendant le tournage. Pendant les repérages à la frontière, j’ai juste mis le pied de l’autre côté. Tout cela m’a permis de garder une certaine liberté, d’avoir le final cut.

Justement, le final cut, vous l’avez eu sur Alien, la résurrection ?

Évidemment que non ! Mais je me suis débrouillé et me suis bien entendu avec eux.
Aux visions-tests, on a appris, par indiscrétion, que dans la salle il y avait le monteur de Star Wars. Donc ils engagent des monteurs à la retraite qui voient tout de suite ce qui ne va pas. Nous, on était flatté et on a essayé de le joindre et il a été assez embêté qu’on ait tenté de le contacter. Mais parfois, les remarques étaient intelligentes. On a aussi appris à écouter.

Et avec Sigourney Weaver, avez-vous appris quelque chose ?

Elle m’a dit une phrase que j’ai retenue : « Les problèmes d’argent, tu en entends parler pour le moment. Mais tout ce que tu fais est gravé pour l’éternité. » Et donc cela voulait dire : « Ne te laisse pas faire par les questions d’argent car si tu bâcles ou que tu ne fais pas bien les choses, tu le regretteras toute ta vie car ce sera dans le film. »
J’avais donc une grande liberté artistique mais une grande pression financière. Alors qu’à la base, je pensais le contraire.

Il y a une grande nouveauté dans votre dernier film, c’est l’utilisation de la 3D. Quel est votre sentiment par rapport à cette technique ?

C’est la dernière fois car c’est en train de décliner. Ils ne font plus que de mauvaises conversions, d’ailleurs la société de Cameron ne travaille quasi plus qu’en Chine. Plus personne ne tourne en 3D alors que cela coûte moins cher que la conversion.

Mais pour ce film, vous êtes content du résultat ?

Oui ! Artistiquement, j’adore. Le problème c’est que c’est compliqué et mal montré dans les salles. L’idéal, ce sont les lunettes actives et maintenant ils préfèrent les passives, car les autres coûtent chères à l’entretien et qu’ils les vendent. Mais c’est de la merde.
Pourtant, pour Spivet, on a fait un truc nickel : on a tout corrigé en postproduction. Le moindre défaut. Parce que quand ça tape dans un seul œil, c’est là où le cerveau explose, que c’est pénible.

Depuis 2001 et Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, vous êtes aussi le producteur de vos films. En quoi ce rôle consiste-t-il exactement pour vous et quel plus cela apporte-t-il dans la concrétisation de vos projets ?

Quelque part, j’ai toujours été producteur. Je me suis toujours investi dans tous les domaines, y compris la fabrication. Seulement avant, ça ne me rapportait rien et maintenant je vois revenir de l’argent quand le film en gagne.

Dans plusieurs de vos films, les héros ont des petites lubies, des petits moments de bonheur, aiment des petits riens qui embellissent l’existence. Pourquoi ? Est-ce que cela vient de vous ?

Parce que si tu regardes les infos à la télé, tu te jettes par la fenêtre ! La vie et le monde ne sont pas toujours très drôles. On va donc se réfugier, trouver du bonheur dans ces petites choses, un rayon de soleil, etc.
Sinon, tout cela c’est aussi un jeu que j’avais pratiqué dans Foutaises, un de mes courts métrages, que je suppose vous n’avez pas vu. Regardez-le. Sur YouTube, il y en a au moins 15 copies. Le jeu, c’était « J’aime » / « J’aime pas ». C’est d’ailleurs Dominique Pinon qui récite. Ensuite, c’est un ami, Jean-Jacques Zilbermann (NdA : le réalisateur du film Les Fautes d’orthographe en 2004) qui m’a demandé pourquoi je ne présentais pas mes personnages d’Amélie Poulain comme je l’avais fait avec Foutaises. C’est un très bon conseil vu que peu de monde avait vu mon court.

Pour terminer, avez-vous déjà des projets dont vous pouvez nous parler ?

On en est aux prémices, donc je ne peux pas en dire grand-chose. On a quelque chose qui tourne autour de l’intelligence artificielle mais je ne peux pas en dire plus.

Jean-Philippe Thiriart

Crédits photos de l’interview : Simon Van Cauteren pour En Cinémascope

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

LES OLYMPIADES nous en fait voir de toutes les couleurs… en noir et blanc !

LES OLYMPIADES nous en fait voir de toutes les couleurs… en noir et blanc ! 1382 922 Jean-Philippe Thiriart

Réalisé par Jacques Audiard
Avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth

Comédie dramatique
1h46

★★★

Si on ne présente plus Jacques Audiard, rappelons simplement que c’est en 1993 qu’il a réalisé son premier long métrage : Regarde les hommes tomber. Et qu’il a reçu différentes statuettes aux César et récolté plusieurs Prix au Festival de Cannes : César du Meilleur scénario avec Un héros très discret en 1996, Grand Prix du Jury à Cannes avec Un prophète en 2009 et enfin, le Graal : la Palme d’Or pour Dheepan en 2015. Présenté lui aussi à Cannes en compétition, lors de la dernière édition du Festival, son dernier film, Les Olympiades, sort en salles ce 3 novembre.

Quatre trentenaires vivent dans le quartier parisien très cosmopolite des Olympiades, dans le treizième arrondissement. Emilie rencontre Camille, jeune professeur de lettres. Ce dernier est attiré par Nora qui, elle-même, a récemment rencontré Amber Sweet sur internet. Ce quatuor amoureux pourra-t-il trouver un équilibre ?
Les quatre protagonistes majeurs du film sont très différents. Emilie est franco-chinoise. Camille, lui, est noir, issu d’une famille d’intellectuels et rechigne à s’engager dans une vraie vie de couple. Nora est quant à elle une provinciale qui a tout pour elle mais est persuadée du contraire. Enfin, de son côté, Amber Sweet est franche, libre et sait ce qu’elle veut. Mais tous quatre ont au moins un point commun : ils sont toutes et tous trentenaires dans le monde d’aujourd’hui, un monde ultra-connecté, un monde dans lequel personne ne sait plus dire « je t’aime ».

Des quatre comédiens et comédiennes interprétant les rôles principaux dans Les Olympiades, la plus connue est, à n’en pas douter, Noémie Merlant, qui interprète Nora. Cette jeune comédienne de 32 ans prend une place de plus en plus importante dans le cinéma français. Elle joue à merveille dans Les Olympiades. Lucie Zhang, l’interprète d’Emilie, est une belle découverte à l’écran. Jehnny Beth, qui campe Amber Sweet, n’est pas une inconnue des amateurs de de musique rock de la scène anglo-saxonne. Quant à Makita Samba, l’interprète de Camille, il avait déjà joué un premier rôle dans Angelo, un film sorti directement en e-cinéma début 2019.
Si les acteurs de Jacques Audiard sont si justes dans son dernier film, c’est grandement dû à une décision capitale prise en amont du tournage : l’organisation, trois jours avant le début de celui-ci, d’un filage sans interruption de l’intégralité de la continuité dialoguée sur la scène d’un théâtre parisien. Nul doute que cela a permis aux acteurs de jouer avec une grande confiance en eux une fois le début du tournage venu.

Ajoutons enfin que la photographie du film est de très grande qualité, avec le choix de filmer en noir et blanc un quartier des Olympiades qui possède une esthétique particulière et inégalée dans la capitale française. C’est la première fois que Jacques Audiard travaillait avec le directeur de la photographie Paul Guilhaume. Une des deux coscénaristes d’Audiard avec Céline Sciamma, Léa Mysius est sans doute pour quelque chose dans ce choix : Paul Guilhaume était son directeur photo dans Ava, son premier long métrage en tant que réalisatrice. Une fonction qu’il exerce aussi dans Les Cinq Diables, qui sortira bientôt.

Dans Les Olympiades, Jacques Audiard montre, à sa manière, la modification des rapports interpersonnels depuis l’émergence des nouveaux moyens de communication. Avec succès.

Raphaël Pieters

Nos cotes :
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POURRIS GÂTÉS : interview de Gérard Jugnot

POURRIS GÂTÉS : interview de Gérard Jugnot 800 533 Jean-Philippe Thiriart

Présent à Bruxelles pour le tournage du quatrième volet des aventures de l’élève Ducobu – Ducobu Président ! -, réalisé par Elie Semoun, et produit par son ami Romain Rojtman, Gérard Jugnot nous a accordé une interview dans le cadre de la sortie de son nouveau film : Pourris Gâtés. Dans cette comédie signée par le Français Nicolas Cuche, sortie il y a une dizaine de jours sur nos écrans, il est le père de trois enfants pourris gâtés, vous l’aurez compris, interprétés par Camille Lou, Artus et Louka Meliava. On retrouve également au casting l’excellent François Morel et le surprenant Tom Leeb. Ce film, qui saura trouver son public, Gérard Jugnot le présente comme un feel good movie qui « fait plaisir » et « donne du bonheur » au spectateur.

L’acteur français nous parle notamment de son rôle dans Pourris Gâtés, de son réalisateur Nicolas Cuche et de son camarade de jeu François Morel. Avant de nous révéler les titres de ses trois films préférés dans lesquels il a joués mais qu’il n’a pas réalisés et trois autres, de films qu’il a réalisés et à l’affiche desquels on le retrouve, cette fois. Il revient ensuite sur le César d’anniversaire décerné cette année à la troupe du Splendid. Pour finalement évoquer son actualité et ses projets.

Jean-Philippe Thiriart

ADIEU LES CONS : Albert Dupontel, roi de l’absurde enivré d’empathie

ADIEU LES CONS : Albert Dupontel, roi de l’absurde enivré d’empathie 2560 1707 Jean-Philippe Thiriart

Réalisé par Albert Dupontel
Avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Jackie Berroyer, Bouli Lanners

Tragi-comédie
1h27

★★★

Albert Dupontel est de retour, trois ans après avoir réalisé Au Revoir Là-haut, film qui avait empilé pas moins de cinq César en 2018 !
Le réalisateur français a entièrement écrit l’histoire d’Adieu les cons alors qu’il avait adapté l’histoire du Prix Goncourt de Pierre Lemaître pour réaliser son précédent opus. Et le moins qu’on puisse écrire est qu’Albert Dupontel a trouvé son style. Il a en effet choisi, une nouvelle fois, de mettre au centre de son récit des personnages en quête d’humanité dans un monde qui en manque cruellement.

Tout commence par une rencontre : celle de Suze et JB. Elle est coiffeuse et apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable ne lui laissant que quelques jours à vivre. Lui est fonctionnaire et mal dans sa peau. Il décide de mettre fin à ses jours quand son patron lui annonce qu’il va être remplacé par un employé non pas plus qualifié que lui, mais simplement plus jeune. Suze, de son côté, décide de retrouver son fils, qu’elle ne connait pas. Tombée enceinte alors qu’elle était encore adolescente, elle avait été forcée par ses parents d’accoucher sous X. Leur histoire respective bascule lorsque Suze décide d’accélérer ses recherches pour retrouver son fils et que JB s’apprête, au même moment, à commettre l’irréparable.

Albert Dupontel nous emmène dans un voyage mêlant absurde et poésie. Il plonge ses personnages, tous plus attachants les uns que les autres, dans un monde qui ne leur convient pas. Un monde où tout semble aller à l’encontre de la nécessité d’humanité de Suze et JB.
Les acteurs sont excellents, à commencer par Albert Dupontel lui-même, qui incarne JB. Son personnage aux multiples facettes, doté d’une compréhension du monde aussi pessimiste que réaliste et altruiste, est bluffant. On retrouve aussi à l’écran Virginie Efira, qui possède la justesse et l’empathie nécessaire au rôle d’une mère à la recherche de son fils inconnu. Ainsi que Nicolas Marié (99 francs, 9 mois ferme) dans le rôle d’un archiviste aveugle surprenant, aussi serviable que drôle par son côté Mr. Bean. Les références au burlesque des Monty Python sont de la partie, Terry Gilliam effectuant d’ailleurs une apparition clin d’œil, comme dans les précédentes réalisations de Dupontel.

Adieu les cons tombe à pic dans ce monde en plein bouleversement. Alors pourquoi ne pas vous offrir une escapade vitale dans la noirceur tragicomique d’une salle obscure ?

Raphaël Pieters

Nos cotes :
☆                    Stérile
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Rencontrez LA FILLE INCONNUE, ce soir à 22h50 sur France 2, avec nos interviews de l’équipe du film !

Rencontrez LA FILLE INCONNUE, ce soir à 22h50 sur France 2, avec nos interviews de l’équipe du film ! 2560 1706 Jean-Philippe Thiriart

Ce soir à 22h50, France 2 propose au spectateur de découvrir l’avant-dernier film de Jean-Pierre et Luc Dardenne : La Fille inconnue, sélectionné en compétition officielle lors de la 69e édition du Festival de Cannes.

Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir nos interviews de l’équipe du film – Adèle Haenel, Christelle Cornil et Luc Dardenne – et notre captation de la conférence de presse donnée par les frères Dardenne avant la projection du film en Ouverture du 31e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).

La Fille inconnue narre l’histoire de Jenny (Adèle Haenel), jeune généraliste qui fera tout pour découvrir l’identité d’une jeune fille décédée après avoir trouvé close la porte de son cabinet. L’actrice française Adèle Haenel – une des plus douées de sa génération – est pour le moins bien entourée à l’écran par plusieurs acteurs des frères : les comédiens belges Olivier Gourmet – magistral une fois de plus -, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione et Christelle Cornil, notamment.

Dans une première vidéo, Adèle Haenel nous explique pourquoi elle a accepté ce rôle, Christelle Cornil nous détaille comment s’est déroulé le tournage avec les frères Dardenne, et le coréalisateur du film Luc Dardenne, « très ému », partage avec nous son état d’esprit à quelques minutes de la première présentation du film au public belge au FIFF.

« C’est une chance de travailler avec les frères Dardenne. » Adèle Haenel

La captation de la conférence de presse accordée par les réalisateurs nous apporte ensuite un éclairage sur le nouveau montage du film après une trentaine de coupes depuis sa présentation au Festival de Cannes, le travail des frères avec des actrices que l’on peut qualifier de stars et qu’ils n’ont pas eux-mêmes révélées – Cécile de France, Marion Cotillard et Adèle Haenel depuis -, l’approche quelque peu différente adoptée avec les acteurs expérimentés et les acteurs amateurs, leur préférence pour les héroïnes plutôt que pour les héros, la possibilité de voir un jour sur les écrans un film des Dardenne en mode comédie, leur choix de coproduire les films de Ken Loach et, enfin, le tournage de leur film suivant : Le Jeune Ahmed.

« C’est sans doute parce qu’elle est une femme qu’il y a autant de violence qui s’abat sur notre protagoniste. » Luc Dardenne

Jean-Philippe Thiriart

Crédit vidéo : Lionel Flasse
Crédit photo : Mazin Mhamad