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Interview de Denis Villeneuve, réalisateur de INCENDIES, disponible sur MUBI !

Interview de Denis Villeneuve, réalisateur de INCENDIES, disponible sur MUBI ! 1656 1060 Jean-Philippe Thiriart

Un Incendies qui a enflammé nos cœurs !

Incendies

Réalisé par Denis Villeneuve (2010)
Avec Lubna Azabal, Rémy Girard, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette, Abdelghafour Elaaziz

Drame
2h06

★★★★

Il y a presque dix ans jour pour jour que nous nous sommes entretenus avec Denis Villeneuve, le metteur en scène d’Incendies (distribué dans les salles belges par Cinéart). Une très belle rencontre pour évoquer avec le réalisateur de Prisoners, Sicario, Blade Runner 2049 et Dune (sur nos écrans en septembre prochain) notamment, un film qui nous a énormément touchés. Pour la force de son scénario ainsi que pour l’incroyable interprétation de l’actrice principale du film, la Belge Lubna Azabal, d’abord. Mais aussi pour la construction du film. Cette dernière s’avère en effet elle aussi très intéressante dans la mesure où Denis Villeneuve parvient à nous faire sans cesse voyager dans les différents temps de l’histoire de cette famille dont le spectateur découvrira les passé, présent et futur en même temps que les deux enfants du personnage central du film, Nawal Marwan (Lubna Azabal).

Multi-primé, Incendies avait remporté le Prix du Public lors de l’édition 2010 du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) et allait représenter, quelques mois plus tard, le Canada aux Oscars. Le film est diffusé depuis une semaine sur le service de streaming MUBI, qui y voit « La percée de Denis Villeneuve ».

MUBI se définit à la fois comme un programmateur, une compagnie de production, un distributeur et un passionné de cinéma. Des nouveaux réalisateurs aux cinéastes maintes fois récompensés. Ce service donne à voir des films « beaux, passionnants et incroyables, en provenance des quatre coins du monde ».

Rencontre

Comment définiriez-vous votre film ?

C’est un passage à l’âge adulte. C’est l’histoire de jumeaux qui, à la mort de leur mère, décident de remonter son histoire pour découvrir un père et un frère dont ils ignoraient l’existence.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter Incendies au cinéma, au départ l’œuvre du dramaturge libanais Wajdi Mouawad ?

J’ai eu un énorme coup de foudre pour la pièce. J’ai été époustouflé, ébahi par la beauté et la force, la puissance du texte. C’est un texte qui parle de l’intimité. Ce qui m’a bouleversé dans ce texte, c’est le discours que Wajdi portait sur la colère, comment la colère voyage de génération en génération dans une même famille, dans un même peuple. J’ai trouvé ça extrêmement pertinent et puissant comme thème. Ça a été instantané : on appelle donc ça un… coup de foudre !

Quel a été l’apport de Wajdi Mouawad, lors des différentes phases de la création du film ?

Wajdi m’a donné carte blanche. Quand je l’ai approché, il a été touché mais il n’était pas sûr que c’était une bonne idée d’adapter Incendies pour l’écran parce qu’il venait d’adapter Littoral, sa pièce précédente. Je crois qu’il avait trouvé le cinéma assez lourd. Il était lui-même en train d’écrire une nouvelle pièce – Forêts – qui le happait complètement. Il m’a donné les droits d’Incendies mais en me disant que j’allais le faire seul, que j’allais être obligé de remonter l’histoire, d’effectuer le même chemin que lui. Il est parti à Paris et puis il m’a laissé travailler sur Incendies. C’est un immense cadeau parce que je n’avais pas le poids de son regard derrière moi. Il m’a permis de faire des erreurs. Je dirais donc que sa participation à l’écriture du scénario s’est faite principalement au début du processus parce qu’il me donnait des pistes : certains photographes, certains textes, certains passages de la bible… C’était très excitant pour moi parce qu’il m’ouvrait l’atelier initial, l’atelier de genèse d’Incendies. C’est vrai qu’il m’a donné les clés de base : tout ce qu’il avait espéré au départ. C’est un cadeau énorme ! Il m’a vraiment donné son access, son intimité créatrice. Puis il m’a laissé avec cela et je me suis débrouillé. Je ne savais pas faire autrement de toute façon !

Sur quels points rejoignez-vous Wajdi Mouawad en matière de mise en scène et en quoi vous êtes-vous éloigné de la sienne ?

C’est une très bonne question ! Je dirais que Wajdi avait créé, dans sa mise en scène, des images d’une très grande force, une force très théâtrale, qui n’étaient pas adaptables au cinéma dans un cadre naturaliste. Cela n’aurait pas du tout fonctionné. C’était très important pour moi de respecter les thèmes et la structure dramatique, que je trouvais très belle, et que j’ai modifiée par rapport au temps et à l’espace pour modeler le scénario, le film. Je suis resté le plus proche possible de la quête du personnage de Nawal. La quête de Nawal était la référence de départ parce que c’était le personnage de base. Et la bible, je la traînais quotidiennement avec moi sur le plateau. Ça a été ma référence tout au long du processus de fabrication du film. La pièce et le film sont complètement différents. Je me suis complètement approprié la pièce. J’ai carrément bousillé la poésie de Wajdi, un texte absolument magnifique que j’ai volontairement massacré pour arriver à en extirper des images et puis à faire du cinéma ! Ce qui est lié, ce sont vraiment les personnages principaux et puis les thèmes de base. La pièce était beaucoup plus touffue. Elle contenait beaucoup plus de violence. Il y avait nombre d’événements supplémentaires. Le film est plus concis et peut-être plus simple que la pièce. J’ai parfois résumé quatre pages de texte en une image.

Êtes-vous d’accord avec moi si je vous dis que les mots « traumatisme » et « thérapie » sont, parmi d’autres bien sûr, deux mots-clés du film ?

Ça me fait extrêmement plaisir de vous entendre dire cela ! Je pense que c’est la première fois qu’un journaliste me parle de « thérapie ». C’est tout à fait le cas ! C’est un texte qui parle de guerre, du Moyen-Orient et de conflits qui me sont très éloignés. Mais il parle aussi de la famille. Et c’est par l’angle de la famille, par l’angle de l’intimité dans une famille, que j’ai pu aborder ce texte. Dès lors, j’ai accentué ce thème dans le film. Il y a un rapport à la thérapie. Pour moi, un des premiers pas, en thérapie, consiste à retourner aux origines de la colère. L’idée, c’est de se dégager de ces colères névrotiques qui viennent en soi entraver la véritable liberté, qui nous empêchent d’être de véritables adultes. Et je trouve que ces thèmes sont très présents dans le cinéma d’une manière ou d’une autre. Dans Incendies, ces thèmes étaient vraiment bien articulés. Et moi, ça m’a profondément touché. Je rajouterais que Wajdi m’avait dit que pour être capable d’adapter la pièce, il fallait que je fasse un travail d’introspection important pour être capable de transposer le théâtre au cinéma. Et ne fût-ce qu’entrer en relation avec le texte sous le bon angle, ça m’a pris des mois.

Quelles options principales avez-vous délibérément choisies à l’heure de scénariser et puis de réaliser Incendies ?

Il y a un point très important. La pièce se déroulait dans un Liban imaginaire. Tout le monde devinait que c’était le Liban parce que Wajdi est d’origine libanaise. Mais le Liban n’était jamais nommé. Tous les lieux sont des lieux inventés. Les événements sont une très grande transposition de la réalité. À un moment, j’ai été très tenté de « marier » l’histoire, l’histoire du Liban. J’ai eu très envie d’incarner le film dans Beyrouth. J’allais me casser la gueule pour plusieurs raisons et j’ai eu de l’aide, des conseils de mes amis libanais et de Wajdi. J’ai réopté pour l’imaginaire, pour des régions imaginaires. C’est la grande question qui s’est posée dans la scénarisation.

Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous avez structuré votre récit, en y imbriquant une série de sous-récits ?

La structure de la pièce travaille sur deux présents : le présent des jeunes et le présent de la mère. Personnellement, je n’aime pas les flashbacks au cinéma. Mais ici, je trouvais que les choses étaient vraiment bien articulées. J’ai trouvé cette structure dramatique vraiment en accord. Elle est originale parce que si l’on observe bien les choses, on constate quelque chose de particulier à ce niveau-là dans la pièce, que j’ai essayé de restituer dans le film. On suit le parcours de la fille et puis on la quitte. On entre alors en relation avec la mère dans le même état émotif que dans celui dans lequel on a quitté la fille. On suit un parcours avec la mère, qui nous amène au prochain état de la fille. Il y a une espèce de dialogue, de réciprocité, d’échange dramatique et émotif entre les deux temps. J’ai essayé de conserver ça le plus possible. J’ai été obligé de modifier cette structure mais cette idée, cette manière de raconter l’histoire, était à l’origine dans la pièce.

Vous avez conquis un public assez large là où le film a été présenté. Estimez-vous que le sujet que vous traitez dans Incendies est universel et si oui, en quoi ?

C’est une bonne question. Je pense que les idées de Wajdi sont déjà très fortes à la base. Son théâtre voyage beaucoup. Je ne peux pas m’approprier cela. Il faut rendre à César ce qui appartient à César ! Le film fonctionne grâce à la beauté des idées de Wajdi Mouawad. Si le film est vendu partout dans le monde, c’est grâce à ses idées à lui. Ce sont elles qui font que le film a ce succès. Je pense que cela touche toutes les personnes, qu’elles soient de n’importe quel peuple. À l’intérieur-même d’une famille, le rapport entre le parent et l’enfant est toujours à la base de la construction d’un être humain. C’est tellement universel comme propos, le rapport entre l’enfant et son parent, la colère qui est engendrée chez l’enfant par le comportement de l’adulte, le silence, l’absence de l’adulte… C’est quelque chose qui voyage partout. Ce que je trouve assez admirable, c’est que Wajdi était capable d’en parler, que ce soit dans l’intimité, comme je le disais plus tout, mais aussi de l’illustrer, de travailler dans un espace beaucoup plus large qu’une région ou un pays en conflit, de parler de cette idée de colère, qui hante une société mais aussi un individu.

Quelques mots sur deux de vos acteurs à présent, si vous le voulez bien.
Pourriez-vous d’abord nous parler de la façon dont vous avez travaillé avec votre actrice principale, la Belge Lubna Azabal, et nous expliquer pourquoi vous l’avez choisie, elle, pour interpréter le rôle de Nawal Marwan ?

En réalité, j’ai fait du casting à Paris et c’est Constance Demontoy, la directrice de casting à Paris, qui m’a donné la clé. Je donne son nom parce que ces gens-là ne sont jamais nommés. C’est elle qui m’a dit qu’elle allait, certes, me faire rencontrer une série de comédiens. Mais elle m’a surtout très clairement fait comprendre que Nawal Marwan, c’était Lubna Azabal. Il était impératif, pour elle, que je rencontre Lubna. J’ai eu un entretien avec elle et j’ai été très impressionné par sa présence et par ce qu’elle dégageait. On a parlé de la pièce de théâtre de Wajdi et on a fait un bout d’essai. On dit souvent que « Casting is everything! » mais je pense que c’est vrai ! Quatre-vingt-quinze pourcent de la direction de comédiens, c’est le casting au départ. Et Lubna Azabal avait cette force intérieure, ce feu. Elle a quelque chose de gitan. En anglais, on dit une « drive ». Au-delà du fait que c’est une excellente comédienne, c’est quelqu’un qui est capable de faire passer beaucoup avec juste un regard. Pour moi, c’est très important. À l’écran, elle dégageait quelque chose de très fort. Il est important qu’on puisse croire que ce personnage-là traverse la guerre et est issu d’un village modeste à la campagne sur une frontière au Moyen-Orient. Quelqu’un qui subit une grande violence et est capable d’avoir un écho de résilience par rapport à cette violence-là. On sent qu’il y a derrière la comédienne une force, une capacité d’adaptation. Je sentais ça chez Lubna. Et j’estime que les gens qui ont vu la pièce et qui vont voir le film vont nécessairement avoir des déceptions parce que ce sont deux objets complètement différents. Ils vont avoir des deuils. Mais il y a un deuil qu’ils n’auront pas, et c’est ma grande fierté dans le film, c’est que Nawal Marwan, c’est Lubna Azabal. J’en suis intimement convaincu. C’est très touchant parce qu’à la première du film, à Montréal, la femme qui a créé Nawal Marwan au théâtre était là et elle a trouvé Lubna extraordinaire. Elle a trouvé que c’était vraiment l’incarnation de Nawal, qu’on ne s’était pas trompé du tout.

L’intuition joue un grand rôle à l’heure de choisir un comédien. Par la suite, pour le travail avec le comédien, j’aime beaucoup répéter. Mais ce qui est essentiel à mes yeux, c’est d’entrer en relation avec la personne, comprendre la tête qui est devant moi, comprendre quel genre de vocabulaire je dois utiliser pour aller rejoindre cette personne et pour créer une certaine complicité. Il faut que j’acquière la confiance de l’autre. Je dois être en lien avec cette personne pour être capable de la diriger. Tous les acteurs sont différents. On n’avait pas tout l’argent du monde pour faire le film et on a souvent manqué de temps. Plusieurs scènes ont été tournées à une vitesse incroyable puisqu’on faisait parfois une ou deux prises seulement. Et Lubna s’est montrée très engagée et très combative. Comme une parachutiste, elle ne pose pas de questions, elle saute dans le vide et puis elle atterrit. C’est une actrice très intuitive. Il faut que tout l’aspect cérébral soit fait pendant la préparation. Il ne faut ensuite plus poser de questions. Il faut agir. Il faut vivre.

Dans Incendies, vous dirigez également Rémy Girard…

Rémy, j’avais pensé à lui dès l’écriture du scénario, pour le rôle du notaire Lebel. C’était le seul que j’avais choisi en écrivant le scénario. J’avais deux noms en tête pour faire ce personnage : Rémy et Roman Polanski. Je trouvais que Roman Polanski avait, comme Rémy, les qualités pour jouer le notaire Lebel. Mais pour des raisons évidentes (Il rit.), il ne pouvait pas venir en Amérique. De toute façon, Rémy était parfait. J’étais très heureux qu’il accepte le rôle. C’est un comédien très connu chez nous.

Un véritable monstre sacré du cinéma québécois !

Oui, c’est ça ! C’est un habitué des grands rôles. Et puis il s’est complètement donné, dans une grande générosité, avec une énorme présence ! J’ai adoré travailler avec lui. On m’avait mis en garde en me disant qu’il pouvait être redoutable et puis il s’est avéré être un ange sur le plateau. C’était très touchant pour moi parce qu’il faut savoir que le notaire Lebel est un personnage qui m’est très cher pour toute une série de raisons. Une d’entre elles est que mon grand-père était notaire. Son frère était notaire. Mon père était notaire. Mes oncles sont notaires. Ma tante a marié un notaire. Bref, je suis entouré de notaires ! Mon frère est avocat… Je suis entouré d’un monde que je connais fort bien. Je me souviens que quelqu’un m’avait dit dans une salle l’autre jour que le personnage incarné par Rémy Girard était très… notaire ! Presqu’un peu trop, presque caricatural. Mais j’ai tout de suite répondu à cette personne que c’était tout le portrait de mon père. Que si mon père descendait dans un camp de réfugiés au Moyen-Orient, il aurait sa cravate ! (Il rit.) C’est vraiment un personnage qui m’est très cher.

N’hésitez pas à découvrir notre critique du dernier film de Denis Villeneuve sorti sur nos écrans – Blade Runner 2049 – et du Blu-ray 4K Ultra HD du film, sorti chez Sony Pictures, ainsi que notre retour sur le Blade Runner de Ridley Scott.

Pour découvrir Incendies sur MUBI, c’est par ici !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Retour sur le FIFF 2020 avec En Cinémascope sur RCF Radio

Retour sur le FIFF 2020 avec En Cinémascope sur RCF Radio 1000 667 Jean-Philippe Thiriart

C’est à l’invitation de Charles Declercq que Guillaume Triplet, Raphaël Pieters et moi-même – tous trois chroniqueurs pour En Cinémascope – sommes revenus sur l’édition 2020 du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF). Cela dans l’émission cinéma que Charles présente sur RCF Radio : Les 4 sans coups. L’émission a été diffusée sept fois sur les antennes de RCF Bruxelles et Liège.

Soit une heure pour évoquer ensemble le 35e Festival de Namur et mettre le focus sur une série de films.
Plus longuement sur trois films, d’abord, que tant Guillaume, Raphaël et moi-même avons eu le plaisir de découvrir dans le cadre du FIFF :
– le film d’ouverture Une vie démente des Belges Ann Sirot et Raphaël Balboni, bientôt sur nos écrans,
– le film de clôture Un Triomphe du Français Emmanuel Courdol, lauréat du Prix Be tv, et
Yummy du Belge Lars Damoiseaux, que le FIFF a projeté dans le cadre de la carte blanche accordée à un festival ami : le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Et plus brièvement sur d’autres métrages, ensuite : le documentaire Petit samedi, Bayard d’Or du Meilleur film notamment, réalisé par la Belge Paloma Sermon-Daï, La Déesse des mouches à feu de la Québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette, et les quatre courts métrages de La Belge Collection : Mieux que les rois et la gloire de Guillaume Senez, Rien Lâcher de Laura Petrone et Guillaume Kerbusch, Des Choses en commun de Ann Sirot et Raphaël Balboni et Sprötch de Xavier Seron.

Bonne écoute !

Jean-Philippe Thiriart

Clap de fin pour le 35e FIFF !

Clap de fin pour le 35e FIFF ! 1000 667 Jean-Philippe Thiriart

Ce vendredi 9 octobre, peu avant 17 heures, les rues de Namur étaient bien remplies. Comme lors d’une fin de semaine habituelle somme toute. Les enfants riaient à la sortie des écoles tandis que certains adolescents semblaient avoir oublié de porter leur masque, laissant apercevoir leur joie de profiter de cette fin de journée annonciatrice du week-end. Et depuis quelques heures, la pluie de la nuit avait laissé place aux éclaircies. Le samedi s’annonçait ensoleillé. Fallait-il y voir un indice quant au palmarès de cette 35e édition du Festival de Namur ? Nous allions bientôt avoir réponse à cette question.

Les cinéphiles commençaient à pousser les portes du cinéma Caméo. À l’intérieur, la file pour assister au palmarès était assez courte. La salle 4 n’étant pas extensible à souhait, seul un nombre limité de festivaliers allait assister à la remise des Prix. Mais d’autres amoureux du cinéma entraient par dizaines pour assister au film projeté salle 1. Nous n’y avons pas réellement prêté attention. Sans doute aurions-nous dû…
Les portes de la salle s’ouvrirent. L’annonce du palmarès pouvait débuter.

Le Prix BeTV soutenant la diffusion et la promotion du cinéma francophone fut décerné à Un Triomphe d’Emmanuel Courcol, qui remercia BeTV, Namur et la Belgique avec une grande humilité, sans oublier de déclarer « merde au Covid ! ».
Le Prix du Public Documentaire est allé à China Dream de Hugo Brilmaker et Thomas Licata. Non sans humour, les deux réalisateurs ont profité du temps de parole qui leur était octroyé pour se remercier l’un l’autre.
Le Prix du Public Long métrage fiction récompensa Adieu les cons d’Albert Dupontel.
Une Mention spéciale fut décernée à La Nuit des rois de Philippe Lacôte, une autre à Si le vent tombe de Nora Martirosyan.
Le Prix Agnès, récompensant un film mettant en avant l’égalité homme-femme fut attribué à Petit Samedi de Paloma Sermon-Daï. La jeune réalisatrice remercia sa maman et son frère, sans qui ce film n’aurait pas été possible.

Attablés dans un coin de la salle, les Bayard attendaient patiemment leur tour. Celui-ci venu, le Bayard de la Meilleure interprétation récompensa le jeu de Virginie Efira pour son rôle dans Adieu les cons. Depuis la Bretagne où elle tourne actuellement, elle remercia, outre son réalisateur Albert Dupontel, les metteurs en scène qui l’ont menée jusqu’à cette rencontre.
Le Bayard de la Meilleure photographie fut attribué à Yann Maritaud pour Slalom de Charlène Favier. C’est à lui aussi que l’on doit la photo de Un Triomphe.
Le Bayard du Meilleur scénario fut ensuite remis à Antoaneta Opris et Alexander Nanau pour Collective tandis que le Bayard spécial du Jury était décerné au film d’animation Josep d’Aurel. Dans un message enregistré depuis sa chambre d’hôtel à la tapisserie fleurie, comme il l’a si bien fait remarquer, le réalisateur, connu entre autres pour ses dessins de presse dans Le Canard Enchainé déclara notamment que c’était : « très encourageant à quelques jours de la sortie belge du film ». (NDLR : le film sort ce 18 novembre dans nos salles).

Le Bayard d’Or pouvait enfin être décerné. Le réalisateur français Samuel Benchetrit, président du Jury Officiel Longs Métrages de ce 35e FIFF remit le Bayard le plus convoité à Paloma Sermon-Daï pour son film Petit Samedi. La réalisatrice profita de sa seconde prise de parole de ce début de soirée pour étoffer ses remerciements à l’adresse de ses proches.

Le vendredi touchait à sa fin. Si le samedi était petit, l’avenir s’écrira sans doute en lettres capitales pour cette jeune cinéaste belge.
Le film projeté dans la salle 1 lors de notre arrivée au Caméo ? Un certain Petit Samedi !

Le palmarès de la Compétition Courts Métrages est à découvrir ici.

Raphaël Pieters et Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Nicolas Simoens

Interview des six réalisateurs de LA BELGE COLLECTION, projetée ce soir au 35e FIFF

Interview des six réalisateurs de LA BELGE COLLECTION, projetée ce soir au 35e FIFF 1380 920 Jean-Philippe Thiriart

Voici un peu moins d’un mois, nous avons eu le plaisir d’interviewer au Festival International du Film de Bruxelles (BRIFF) les six réalisateurs des courts métrages du premier volume de La Belge Collection : Guillaume Senez (Mieux que les rois et la gloire), Laura Petrone et Guillaume Kerbusch (Rien Lâcher), Ann Sirot et Raphaël Balboni (Des Choses en commun), et Xavier Seron (Sprötch).

Ces quatre courts métrages 100% belges seront projetés aujourd’hui, dimanche 4 octobre à 20h30 au Delta en clôture du week-end du court du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).

Quatre films parrainés – ou plutôt marrainés – par la comédienne belge Émilie Dequenne, réalisés à Bruxelles, et qui font la part belle au jeu dans des univers singuliers, donnant à des acteurs émergents l’opportunité de se révéler.

Bonne écoute et excellente suite de Festival !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Claire Zombas pour le BRIFF

Avec la fine équipe de réalisateurs de La Belge Collection – Crédit photo : Claire Zombas pour le BRIFF

Le 35e FIFF démarre ce soir à Namur !

Le 35e FIFF démarre ce soir à Namur ! 480 480 Jean-Philippe Thiriart

À partir d’aujourd’hui, vendredi 2 octobre, et jusqu’à vendredi prochain, le 9, le Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) est de retour pour continuer de nous bousculer dans ce monde que certains croient sans lendemain et que d’autres imaginent à partir de presque rien.
Le monde change aujourd’hui plus vite que jamais. Dans cette nécessité d’évolution, le FIFF s’écrit encore en lettres capitales dans la capitale wallonne ! Alors qu’au Rwanda, les collines parlent et n’ont pas encore fini de parler, que certains avouent encore en plein regain égalitaire entre les hommes et les femmes : J’ai tué ma mère, que la première Tempête automnale a déjà touché la Belgique cette année et que les écologistes se mobilisent aux quatre coins de l’Europe et du monde, que certains s’interrogent : Et maintenant on va où ?, que le temps de Chien est de retour après un été très chaud et ensoleillé, il apparait de plus en plus nécessaire de connaître, de comprendre et d’analyser posément nos erreurs passées pour influer positivement sur notre avenir. Qui succédera à Arnaud Desplechin et à son film Roubaix, une lumière, Bayard d’Or 2019 ? Il est évidemment trop tôt pour le dire mais il est temps de vous présenter cette nouvelle édition du FIFF, la 35e du nom.

Cette année, les spectateurs auront droit à plusieurs innovations forcées par la crise sanitaire du Covid-19. A l’heure où il est bon de se retrouver mais aussi de se protéger, les organisateurs et les autorités compétentes ont décidé qu’il n’y aurait pas de chapiteau. Qu’importe, les endroits où il sera possible de boire un verre restent nombreux et les tenanciers des différents acteurs du secteur de l’Horeca namurois seront heureux de vous accueillir après des mois assez compliqués.
Le film d’ouverture, Une vie démente, est le premier long-métrage de fiction du tandem Ann Sirot-Raphaël Balboni, déjà auteur de plusieurs courts-métrages dont Avec Thelma, Magritte du Meilleur court métrage de fiction en 2018. Le projet a obtenu l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour les films à conditions de production légères. Le tournage a eu lieu en juillet 2019 à Bruxelles, dans le quartier des Marolles, et dans le Brabant Wallon.
Le film de clôture sera Un triomphe du Français Emmanuel Courcol, déjà présent l’année passée en compétition avec Au nom de la Terre, dont il cosignait le scénario.

Lors de cette 35e édition, le FIFF octroiera une carte blanche au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), dont l’édition 2020 n’a pu se tenir en avril. Le film de zombies Yummy de Lars Damoiseaux, précédé du court métrage horrifique Julia de Vincent Smitz seront ainsi présentés à Namur.
Le FIFF Campus sera toujours bien un élément clé du festival. Tant les élèves du primaire que ceux du secondaire ont en effet reçu le feu vert pour pouvoir assister aux séances conçues pour eux.
En lieu et place de l’habituel chapiteau érigé Place d’Armes, un jardin solidaire sera alimenté au fil des jours par les festivaliers désireux de faire une fleur à la nature. À la fin du Festival, ceux qui auront planté une fleur pourront en récupérer une et l’offrir à la personne de leur choix.
En compétition, vingt et un courts métrages, des pépites, ainsi bien sûr qu’une compétition officielle très hétéroclite mais a priori fort intéressante.
Niveau invités, le FIFF aura le plaisir d’accueillir Albert Dupontel avec son nouveau film, Adieu les cons, qui a déjà marqué l’équipe d’En Cinémascope. Vous aurez l’opportunité de visualiser ce film parmi ceux en compétition officielle. Laurent Lafitte et Hélène Vincent seront également présents.

Enfin, nous vous invitons à nous rejoindre sur les réseaux sociaux pour suivre le Festival au plus près, sur Instagram, Facebook, YouTube et Twitter !

Plus d’infos : fiff.be

Excellent Festival !

Raphaël Pieters et Jean-Philippe Thiriart

Retour sur le FIFF 2019 avec les lauréats du Bayard de la Meilleure interprétation : Thomas Gioria et Fantine Harduin

Rencontrez LA FILLE INCONNUE, ce soir à 22h50 sur France 2, avec nos interviews de l’équipe du film !

Rencontrez LA FILLE INCONNUE, ce soir à 22h50 sur France 2, avec nos interviews de l’équipe du film ! 2560 1706 Jean-Philippe Thiriart

Ce soir à 22h50, France 2 propose au spectateur de découvrir l’avant-dernier film de Jean-Pierre et Luc Dardenne : La Fille inconnue, sélectionné en compétition officielle lors de la 69e édition du Festival de Cannes.

Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir nos interviews de l’équipe du film – Adèle Haenel, Christelle Cornil et Luc Dardenne – et notre captation de la conférence de presse donnée par les frères Dardenne avant la projection du film en Ouverture du 31e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).

La Fille inconnue narre l’histoire de Jenny (Adèle Haenel), jeune généraliste qui fera tout pour découvrir l’identité d’une jeune fille décédée après avoir trouvé close la porte de son cabinet. L’actrice française Adèle Haenel – une des plus douées de sa génération – est pour le moins bien entourée à l’écran par plusieurs acteurs des frères : les comédiens belges Olivier Gourmet – magistral une fois de plus -, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione et Christelle Cornil, notamment.

Dans une première vidéo, Adèle Haenel nous explique pourquoi elle a accepté ce rôle, Christelle Cornil nous détaille comment s’est déroulé le tournage avec les frères Dardenne, et le coréalisateur du film Luc Dardenne, « très ému », partage avec nous son état d’esprit à quelques minutes de la première présentation du film au public belge au FIFF.

« C’est une chance de travailler avec les frères Dardenne. » Adèle Haenel

La captation de la conférence de presse accordée par les réalisateurs nous apporte ensuite un éclairage sur le nouveau montage du film après une trentaine de coupes depuis sa présentation au Festival de Cannes, le travail des frères avec des actrices que l’on peut qualifier de stars et qu’ils n’ont pas eux-mêmes révélées – Cécile de France, Marion Cotillard et Adèle Haenel depuis -, l’approche quelque peu différente adoptée avec les acteurs expérimentés et les acteurs amateurs, leur préférence pour les héroïnes plutôt que pour les héros, la possibilité de voir un jour sur les écrans un film des Dardenne en mode comédie, leur choix de coproduire les films de Ken Loach et, enfin, le tournage de leur film suivant : Le Jeune Ahmed.

« C’est sans doute parce qu’elle est une femme qu’il y a autant de violence qui s’abat sur notre protagoniste. » Luc Dardenne

Jean-Philippe Thiriart

Crédit vidéo : Lionel Flasse
Crédit photo : Mazin Mhamad

Au revoir Marion… – Marion Hänsel (1949-2020)

Au revoir Marion… – Marion Hänsel (1949-2020) 960 635 Jean-Philippe Thiriart

Voici une semaine, la réalisatrice belge Marion Hänsel nous quittait.

Nous avons choisi de rendre hommage à Marion à notre manière, à travers le montage vidéo de quelques moments complices échangés avec elle au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) et un retour sur nos rencontres avec cette grande dame, son cinéma et ses acteurs.

La dernière fois que nous avons interviewé Marion Hänsel, elle était accompagnée de Caroline D’Hondt, réalisatrice du documentaire Par-delà les nuages : le cinéma de Marion Hänsel. Nous nous sommes penchés avec elles sur le point de départ du documentaire, le cinéma de Marion en quelques mots, et le travail de Marion avec Catherine Deneuve ainsi que sa boîte de production.

Quelques années plus tôt, en 2016, nous rencontrions Marion et ses acteurs Olivier Gourmet et Sergi López pour nous rendre En amont du fleuve. À l’issue de cette série d’interviews, la cinéaste nous avait demandé si elle pouvait faire de celles-ci les bonus de l’édition française du DVD du film, ce que nous bien sûr accepté avec joie.

Enfin, c’est à travers ses acteurs Marilyne Canto et Olivier Gourmet que nous rencontrions pour la première fois Marion Hänsel et son cinéma lors d’interviews réalisées autour de son très touchant La Tendresse.

Au revoir Marion…

Jean-Philippe Thiriart

Des interviews captées par Mazin Mhamad, Lionel Flasse et Simon Van Cauteren, montées par Mourad Khlifi, Lionel Flasse et Simon Van Cauteren, avec Rick Mc Pie et Sandrine David à la photo, et un hommage monté par Nicolas Simoens
Crédit photo : Sandrine David