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C’est reparti pour 8 jours de cinéma francophone au FIFF, à Namur !

C’est reparti pour 8 jours de cinéma francophone au FIFF, à Namur ! 2048 1365 Jean-Philippe Thiriart

C’est ce soir que démarre le 38e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) avec la projection, en avant-première nationale, de Quitter la nuit, le premier long métrage de Delphine Girard. La réalisatrice viendra présenter celui-ci au public namurois en compagnie de son équipe. Son film précédent, le court métrage Une Sœur, avait remporté pas moins de quatre Prix lors du 33e FIFF, et avait même fini par être nommé aux Oscar. Une Sœur ayant inspiré Quitter la nuit, grande est l’attente après la première mondiale du film qui s’est tenue à la Mostra de Venise début du mois, où un Prix du Public lui avait été décerné !
Cette édition 2023 du Festival de Namur se clôturera en fin de semaine prochaine, le vendredi 6 octobre, avec la Cérémonie de remise des Bayard et des autres Prix du FIFF, suivie de la projection du film Les rois de la piste, du réalisateur français Thierry Klifa.

Veerle Baetens dans Quitter la nuit, de Delphine Girard

L’objectif du FIFF est, depuis 2018, réaffirmé dans le slogan « Partager le cinéma. En vrai. En grand. » Et ce sont pas moins d’une centaine de films qui seront donnés à voir aux festivaliers et aux festivalières durant huit jours sur les grands écrans de la cité mosane.
Huit jours pour proposer ce qui se fait de mieux en matière de cinéma en Francophonie, au sein de 88 états et gouvernements à travers le monde.
Huit jours pour, comme le détaille Nicole Gillet, déléguée générale et directrice de la programmation du FIFF, « partager des films en salles, et de vrais moments d’émotion, en se coupant du monde extérieur l’espace de quelques instants ». Pour, in fine, mieux se connecter à lui, souhaitons-nous ajouter.

Partager le cinéma, c’est aussi y voir un « outil d’éducation, de formation », comme le précise le président du FIFF, Jean-Louis Close. Notamment avec le volet jeunesse du Festival, le FIFF Campus. Parrainé cette année par Jaco Van Dormael, le FIFF Campus permet, chaque année, à environ 8 000 jeunes, des classes de maternelle à l’enseignement supérieur, de découvrir des films qui font écho aux objectifs pédagogiques de leurs enseignant(e)s et aux thèmes qu’elles et ils abordent au sein de leurs cours. Des ateliers techniques et des ateliers citoyens sont également au programme.

Jaco Van Dormael sera cette année le Parrain du FIFF Campus
© Jimmy Kets

Notons aussi la présence renouvelée d’un jury de jeunes âgés de 13 et 14 ans issu(e)s des quatre coins de la Fédération Wallonie-Bruxelles : le Jury Junior. L’an dernier, c’est le film Dalva, d’Emmanuelle Nicot, qui avait reçu le prix décerné par ce jury.
Ainsi que celle d’un autre jury jeune : le Jury Emile Cantillon. Composé de cinq étudiant(e)s en cinéma âgés de 18 à 25 ans qui représentent la diversité de la Francophonie, ce dernier sera chargé de décerner quatre prix, dont le Bayard de la Meilleure 1ère Œuvre.

Au FIFF, le court métrage n’est pas en reste. Ces samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre, place ainsi à un nouveau week-end du court, avec une compétition dédiée à ce format, qui se déclinera en cinq séances. Un week-end du court qui prendra fin avec une sixième séance, lors de laquelle seront reprojetés les films lauréats.

Albert Dupontel, Cécile de France et Nicolas Marié dans Second Tour, de Albert Dupontel

Une des volontés des organisateurs du FIFF étant de remettre le public au centre du Festival, naissent cette année les séances « FIFF Première », avec la projection, notamment, de Bonnard, Pierre et Marthe, de Martin Provost (avec Cécile de France et Vincent Macaigne) et Second Tour, de Albert Dupontel (avec, outre Albert Dupontel, Cécile de France, à nouveau, Nicolas Marié et un Bouli Lanners haut en couleur). Ainsi que les séances « FIFF en famille », avec trois films jeune public, dont Nina et le secret du hérisson, projeté le dimanche 1er octobre à 14h. Soit juste après un chouette rendez-vous donné le matin-même aux petits et aux grands : une chasse au trésor qui démarrera à 10h30 dans les rues de Namur !

Nina et le secret du hérisson, un des films du « FIFF en famille »

Cette année, douze films seront en lice en compétition officielle. Parmi eux, Captives, de Arnaud des Pallières – déjà primé au FIFF pour Orpheline – et son casting impressionnant (Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Marina Foïs, Carole Bouquet, Yolande Moreau…). Ainsi que le premier long métrage d’une régionale de l’étape : Il pleut dans la maison, de Paloma Sermon-Daï, Prix French Touch du Jury de la Semaine de la Critique cette année à Cannes. Mais aussi L’étoile filante, le nouveau bébé des roi et reine du burlesque que sont Dominique Abel et Fiona Gordon. Ou encore La fille de son père, du Français Erwan Le Duc, qui devrait, lui aussi, toucher Namur et son public.

Purdey et Makenzy Lombet dans Il pleut dans la maison, de Paloma Sermon-Daï

Des séances spéciales auront également lieu. Avec un « Focus Cinéma belge » : une Carte blanche à l’Agence belge du Court (la projection de six courts métrages), une « Place au Doc Belge ! » qui permettra aux spectateurs et aux spectatrices de découvrir trois œuvres documentaires issues de notre cinématographie, et la projection de deux longs métrages belges sortis sur nos écrans cette année : Le Paradis, de Zeno Graton, et Temps Mort, de Eve Duchemin. Ainsi qu’avec une séance en audiodescription : celle de Je verrai toujours vos visages, un film réalisé par la Française Jeanne Herry.
Un focus sera également mis sur le cinéma du nord du pays avec un « Cap sur la Flandre », en partenariat avec le Festival du Film d’Ostende, soit la projection de cinq courts métrages et celle de deux longs : Wil, de Tim Mielants, et Zeevonk, de Domien Huyghe.

Le volet FIFF Off permettra notamment aux Namurois(es) d’un jour ou de toujours d’aller à la rencontre de différent(e)s actrices et acteurs du cinéma francophone présent(e)s cette année à Namur : la comédienne Cécile de France, le comédien Karim Leklou, les réalisateurs Thierry Klifa (et l’équipe de son film, Les rois de la piste) et Jaco Van Dormael, le réalisateur et scénariste Thomas Bidegain, et les membres des Jurys Courts métrages et Longs métrages.
Au-delà de ces rencontres, le FIFF Off, ce sera aussi la création d’une œuvre collective – la Guirlande des droits humains -, des activités familles et entre ami(e)s, un atelier maquillage effets spéciaux, les coups de cœur de la Haute École Albert Jacquard, et bien plus encore !

Le FIFF et… son Bayard d’Or !
© FIFF Namur – Fabrice Mertens

Nombreuses et nombreux seront une nouvelle fois les invité(e)s du FIFF qui viendront présenter leurs films à Namur. Outre celles et ceux mentionné(e)s ci-dessus, seront également présent(e)s Bernard Bellefroid, Lucie Debay, Nicolas Duvauchelle, Yolande Moreau, Mélanie Thierry, ou encore Arieh Worthalter, pour n’en citer que quelques-un(e)s.

Enfin, le FIFF se décentralisera les dimanche 1er et jeudi 5 octobre, respectivement à Bozar, à Bruxelles (Le Spectre de Boko Haram), et au Sauvenière, à Liège (Banel & Adama).

Plus d’infos : fiff.be

Jean-Philippe Thiriart

L’ENNEMI sort en salles : critique du film et retour sur NOCES, le film précédent de Stephan Streker

L’ENNEMI sort en salles : critique du film et retour sur NOCES, le film précédent de Stephan Streker 800 300 Jean-Philippe Thiriart

Aujourd’hui, sort en salles le nouveau film de Stephan Streker : L’Ennemi. Nous vous proposons, avant une présentation de celui-ci, un retour sur son film précédent : Noces.

Avant L’Ennemi, Streker faisait déjà strike avec un film qui marque… au fer rouge !

Noces

Réalisé par Stephan Streker
Avec Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Olivier Gourmet, Zacharie Chasseriaud

Drame
1h38

★★★

Ce n’est pas tous les jours qu’un film dramatique est réalisé par un des visages bien connus du football belge : un certain Stephan Streker. Noces est un film poignant et prenant qui traite d’un sujet aussi délicat que controversé. L’intrigue ne s’arrête jamais, il n’y a aucun temps mort et la mi-temps habituelle n’aura pas lieu.

Le thème est particulièrement grave puisque des dizaines de jeunes filles sont forcées au mariage chaque année sous nos latitudes. Les plaintes pour mariage forcé sont rares car elles mènent au déshonneur d’une famille entière, qui n’osera plus rentrer au pays de peur d’être jugée par toute une communauté. La nécessité d’un tel film est une évidence mais ne faudrait-il pas en faire la promotion dans les milieux concernés par les mariages forcés ?

Streker nous propose également l’avis de musulmans pakistanais sur certaines de nos propres habitudes. Si pas mal de non-musulmans cultivent des stéréotypes sur les musulmans, ces derniers ont parfois, eux-aussi, une vision tronquée de la manière dont les premiers voient les choses. Ces stéréotypes, bien que caricaturaux, peuvent nous servir également à nous remettre en question lorsque cela est nécessaire. Ce film belgo-franco-pakistano-luxembourgeois met aussi en lumière les difficultés de compréhension de l’autre lorsqu’il n’a pas les mêmes coutumes ou la même religion.

Que dire des acteurs ? La jeune actrice Lina El Arabi crève l’écran ! Il est rare de voir un regard aussi profond au cinéma. De plus, jouer la détresse n’est jamais évident et elle le fait avec une justesse remarquable. Sébastien Houbani, son frère à l’écran, doit, lui, jouer un personnage à deux visages. Il le fait d’une manière assez convaincante même si la rupture aurait sans doute pu être encore plus marquée. On notera aussi la qualité des interprétations d’un Olivier Gourmet brillant comme de coutume et de Zacharie Chasseriaud dans le rôle de l’amoureux transi ne comprenant pas une situation qui ne lui est pas expliquée et qui, même si elle l’était, n’aurait sans doute pas de sens pour lui.

Mettons enfin en avant que la mise en scène de Streker est d’une justesse remarquable avec un rouge présent tout au long du film, des sièges du bus aux pétales du mariage.

L’Ennemi : une affaire judiciaire subtilement mise en lumière

L’Ennemi

Réalisé par Stephan Streker
Avec Jérémie Renier, Alma Jodorowsky, Emmanuelle Bercot, Peter Van den Begin

Drame
1h45

★★

L’Ennemi reprend librement les événements tragiques de l’affaire Wesphael et plus précisément les événements qui se sont déroulés à Ostende à la fin du mois d’octobre 2013.

Soupçonné d’avoir assassiné son épouse, Véronique Pirotton, dans un hôtel d’Ostende, Bernard Wesphael est arrêté le 1er novembre 2013 et est placé sous mandat d’arrêt par un juge d’instruction de Bruges. Trois jours après son arrestation, il passe devant la Chambre du conseil, qui décide de le maintenir en détention préventive. Selon Bernard Wesphael, qui a trouvé sa femme inanimée dans la salle de bain, elle se serait suicidée en se plaçant un sac en plastique sur la tête. Véronique Pirotton avait des antécédents en matière de tentatives de suicide.

Le film laisse amplement la place aux interprétations des spectateurs, qui se retrouvent confrontés à leurs propres sentiments et à leurs propres choix. Ils et elles se poseront certainement les mêmes questions que celles que se sont posé les enquêteurs chargés de faire la lumière sur les événements tragiques qui ont mené à la mort de Véronique Pirotton.

Les acteurs ont, comme c’était déjà le cas dans Noces, à nouveau fort à faire dans ce film, qui nous emmène dans un véritable tourbillon. Jérémie Renier joue le rôle de Louis Durieux, personnage multiple inspiré de Bernard Wesphael. De son côté, en parfaite adéquation avec le rôle de l’acteur belge, la jeune Alma Jodorowsky joue son épouse, Maeva Durieux, basée quant à elle, vous l’aurez compris, sur la personne de Véronique Pirotton.

La réussite de ce film tient certainement dans la capacité qu’a eu Streker de faire de cette affaire complexe un film dont la conclusion finale apparait comme moins importante que le déroulement raffiné des événements.

Raphaël Pieters

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif