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Le 42e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et le concert des VHS… et nos critiques de films !

Le 42e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et le concert des VHS… et nos critiques de films ! 1300 911 Jean-Philippe Thiriart

Dimanche soir, prenait fin au Palais 10 de Brussels Expo le 42e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Une édition 2024 clôturée avec la projection du film américano-danois The American Society of Magical Negroes. Ce premier long métrage de Kobi Libii a été présenté aux festivaliers après l’annonce des deux derniers prix qui devaient encore être révélés, l’essentiel du palmarès ayant été annoncé vendredi soir.

Avec une hausse de fréquentation de ses salles de dix pourcents par rapport à l’année dernière, le BIFFF donne d’ores et déjà rendez-vous en 2025 à ses habitués, ainsi qu’à ses futurs adeptes bien sûr ! Du 8 au 20 avril, pour être précis.

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Le palmarès

Au sein de la Compétition internationale, le Corbeau d’Or, Grand Prix du Festival, a récompensé Steppenwolf, du Kazakh Adilkhan Yerzhanov.
Les Corbeaux d’Argent sont allés à Your Monster, de l’Américaine Caroline Lindy et à Cuckoo, de l’Allemand Tilman Singer (voir critique ci-dessous).

C’est Franky Five Star, de l’Allemande Birgit Möller, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent, tandis qu’une Mention Spéciale a été accordée à Flies de l’Espagnol Aritz Moreno.
Ellipsis, de l’Espagnol David Marqués, a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award, une Mention Spéciale étant décernée à Unspoken du Chinois Daming Chen.

Le White Raven Award est allé à River, du Japonais Junta Yamaguchi, avec une Mention Spéciale pour In a Violent Nature, du Canadien Chris Nash (voir critique ci-dessous).
La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages, a vu l’emporter Sleep, du Sud-Coréen Jason Yu. (voir critique ci-dessous)

Le Prix de la Critique a été décerné à River, qui remportait là son deuxième Prix au BIFFF cette année.
Enfin, rayon longs métrages toujours, et de trois pour River puisque le film a également remporté le toujours très touchant Prix du Public !

Envie de connaître le palmarès de la compétition courts métrages belges ? Direction le site du Festival !

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 42e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !

Et félicitations aux gagnant(e)s de celui-ci : Terry Mittig, Marc Vanholsbeeck, Malko Douglas Tolley, Corey Fleshman et Christelle Demaerschalck, qui ont chacun(e) remporté deux places pour The Sin, ainsi que Elisa Tuzkan, Kat Hayes, Sandra Van Craenenbroeck, Angélica Da Silva Carvalho et Stéphane André, qui ont remporté chacun(e) deux places pour 4PM !

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

VHS From Space en live au BIFFF

Dans le cadre d’une soirée « double bill » à l’ancienne, le BIFFF proposait le jeudi 11 avril un programme pour le moins alléchant pour les cinéphiles amateurs de bis mais également pour les mélomanes.

En première partie de soirée, les spectateurs ont pu découvrir The Belgian Wave, réalisé par un des enfants terribles du Festival : Jérôme Vandewattyne. Nous vous invitons à découvrir, sur notre site, notre avis et davantage d’infos sur le film, mais aussi, plus généralement, sur les autres métrages de Jérôme !

À la suite de cette projection, rendez-vous était donné dans le hall du Palais 10 pour le concert de VHS From Space, groupe dont le réalisateur assure le chant et la guitare. Le public s’est donc amassé devant la petite scène pour cette déferlante electro space grunge du plus bel effet. Durant près d’une heure, c’est devant un public qui avait sorti son plus beau déhanché que les cinq membres du groupe, bardés de couleurs fluorescentes, ont délivré leurs riffs SF punk et leurs tempi industriels issus de leur dernier EP Cigarette Burns ou de leur précédent opus : Xenon Equinox.

Une bien belle pause avant de réattaquer pour la séance de minuit, qui mettait à l’honneur, à l’occasion de son 40e anniversaire, l’un des fleurons de l’industrie Trauma : The Toxic Avenger.
Avouez qu’il y avait pire comme afterwork…

Guillaume Triplet

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Nos critiques de films

Abigail   ★★★
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Irlande/États-Unis)

Dernier né du collectif Radio Silence (V/H/S, 666 Road, Wedding Nightmare alias Ready or Not, les cinquième et sixième Scream), Abigail était l’un des gros morceaux de cette édition. Le public a répondu présent (la grande salle était bondée) et il a pu assister, juste avant la projection, à un petit spectacle « live » de danse façon ballet sur la musique utilisée dans le film (Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski). Le film en lui-même a largement répondu aux attentes. Racontant comment une bande de ravisseurs se retrouve coincée dans un manoir isolé avec la fille d’un riche magnat dont ils espèrent tirer une grosse rançon, fille qui est très loin d’être aussi innocente que prévu, cet Abigail constitue une bonne variation sur le thème du vampire. Bien rythmée, tendue tout en présentant des touches d’humour, joliment shootée (la photo est signée Aaron Morton, qui a travaillé au même poste sur le Evil Dead de Fede Alvarez et sur le tout récent La Malédiction : L’origine), offrant de beaux décors et généreuse quant au gore, cette production horrifique fait passer un très bon moment.

Baghead   ★★★
Alberto Corredor (Allemagne/Royaume-Uni)

Une jeune femme hérite d’un grand bâtiment désaffecté abritant un ancien pub qui appartenait à son père tout juste décédé de manière horrible, père avec lequel elle n’avait plus aucun contact depuis longtemps. Alors qu’elle y réside quelques jours le temps de réfléchir à ce qu’elle en fera, un parfait inconnu toque à la porte et lui demande, contre une somme rondelette, de pouvoir avoir un tête-à-tête avec la créature qui hanterait le sous-sol et qui permettrait de pouvoir parler aux personnes défuntes pendant un bref moment. Dans un premier temps, elle prend cet homme pour un fou, mais, rapidement, elle devra bien admettre que ce monstre est bel et bien réel.
Baghead est un pur film d’horreur, avec sa créature fantastique flippante à la mythologie intéressante, ses décors particulièrement glauques mis en valeur par une photographie adéquate, son atmosphère de terreur, mais aussi, il faut bien le dire, ses personnages qui ne font jamais ce qu’il faudrait. Du fait qu’il y ait des séances avec des règles bien précises à respecter (comme ne pas dépasser une certaine durée) pour pouvoir communiquer avec le monde des esprits, on pense un peu à La Main (Talk to Me), même si chacun des deux films possède sa propre « touche ». Il est à noter qu’il s’agit de la version longue d’un court métrage du même nom datant de 2017.

Canceled   ★★
Oskar Mellander (Suède)

Ce film d’épouvante suédois est malheureusement trop classique, dans son déroulement et dans ce qu’il montre, pour pouvoir prétendre marquer les amateurs éclairés du genre. Ce seront davantage les plus jeunes pas encore très familiers des codes qui pourront y être sensibles. On retrouve, comme souvent ces dernières années, un jeune youtubeur entouré de son équipe, qui espère faire péter les scores de son audience grâce à un nouvel épisode de son émission dédiée aux fantômes. Cette fois, Alex va tourner dans un vieux manoir inconnu du grand public dans lequel ce serait déroulé un massacre et où auraient eu lieu divers phénomènes paranormaux. L’introduction est tournée en mode found footage, mais heureusement, le reste du film bénéficie globalement d’une réalisation traditionnelle. Les réactions souvent trop molles des personnages face aux manifestations inquiétantes n’aident pas à créer un climat de tension paroxystique et l’apparence de la créature qui apparaîtra à partir d’un moment est certes pas mal, mais un poil trop convenue (silhouette très maigre, tout en longueur). Tout ça n’est pas honteux, mais est oubliable.

Concrete Utopia   ★★★
Tae-hwa Eom (Corée du Sud)

Ce nouveau film du Sud-Coréen Tae-hwa Eom (aussi orthographié Tae-hwa Um), dont le Vanishing Time: A Boy Who Returned avait déjà été présenté au BIFFF il y a une poignée d’années, a été remarqué internationalement, au point qu’il a représenté la Corée du Sud cette année aux Oscars. Plus qu’un film catastrophe dans lequel Séoul est entièrement détruite par un gigantesque tremblement de terre, à l’exception du bloc d’immeubles à appartements dans lequel vit le couple principal, Concrete Utopia est une intelligente métaphore politique où le réalisateur étudie les comportements humains individuels et collectifs dans un contexte de crise majeure impliquant la notion de survie. C’est fait de manière non-manichéenne, avec un large spectre de réactions possibles envisagé : lâcheté, égoïsme, sens du sacrifice, solidarité, négation de ses propres valeurs au nom de l’intérêt du groupe, culte de la personnalité qui émerge, etc. Les échos avec les grandes questions d’actualité sont frappants (on pense par exemple à la crise des migrants). C’est tout cet aspect qui, s’ajoutant aux qualités cinématographiques intrinsèques (qualité des effets spéciaux, de la mise en scène…), en fait un film tout à fait digne d’intérêt. C’est ambitieux et ça vise juste.

Cuckoo   ★★★
Tilman Singer (Allemagne/États-Unis)

Une jeune fille de 17 ans est obligée de quitter les États-Unis et d’emménager avec son père, sa belle-mère et sa demi-sœur muette dans une station balnéaire sise dans les montagnes allemandes. Sur place, elle découvre que certaines personnes ont un comportement étrange, elle entend des bruits bizarres et se fait poursuivre le soir par une mystérieuse femme très agressive.
Servi par une belle distribution internationale, dont Marton Csokas (Celeborn dans Le Seigneur des Anneaux), Dan Stevens (Abigail, voir plus haut), Hunter Schafer (Tigris dans le tout dernier Hunger Games) et Jessica Henwick (Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés), Cuckoo présente un scénario dont l’originalité est à souligner et qui apporte une fraîcheur bienvenue. Tilman Singer (Luz), dont c’est seulement le second film, y distille savamment quelques petits moments touchants, quelques scènes d’action, et, surtout, des moments de malaise et de peur. Il faudra continuer à surveiller la carrière de ce réalisateur allemand !

Destroy All Neighbors  
Josh Forbes (États-Unis)

Le réalisateur Josh Forbes, qui vient de l’univers des clips musicaux, accouche d’une petite comédie gore calibrée pour les séances de minuit survoltées. William est un artiste frustré, bossant en journée dans un studio d’enregistrement et habitant avec sa copine dans un appartement miteux où il s’est installé son petit studio perso, rêvant depuis trois ans de sortir son propre album de rock progressif. Mais il y a toujours quelque chose qui l’empêche de finaliser ce projet. Cette fois, c’est son nouveau voisin qui écoute jour et nuit de la dance music le volume sonore coincé au maximum, ce qui lui pourrit la vie. Il se décide à s’expliquer avec cet infernal voisin quand soudain…
On voit directement qu’on est face à un budget très limité. Les effets spéciaux sont volontiers kitsch, mais généreux. À noter que le spécialiste Gabe Bartalos (notamment fidèle collaborateur de Frank Henenlotter) a travaillé dessus. Pas bien finaud, Destroy All Neighbors se révèle attachant par l’amour pour le rock progressif qu’il parvient à faire partager.

Deus Irae  
Pedro Cristiani (Argentine)

Après son court métrage Deus Irae en 2010, Pedro Cristiani est de retour 13 ans plus tard avec cette fois la version longue. On y suit les tourments du Père Javier, qui consacre sa vie à rendre visite aux familles en prise avec des démons et à nettoyer les maisons de celles-ci de la présence du Malin. Il souffre de plus en plus de crises d’absence lors de ces séances et ce qu’il découvre au sortir de celles-ci n’est guère joyeux. Un jour, il reçoit la visite de mystérieux prêtres aux méthodes radicales. Le réalisateur argentin développe un univers sombre et cauchemardesque ayant ses potentialités. Largement porté sur le gore, il privilégie les effets spéciaux pratiques, ce qui est tout à son honneur et donne son charme à son film. Jets d’hémoglobine et créatures monstrueuses constituent les attractions principales de celui-ci. Las, le manque de consistance du scénario empêche de davantage s’enthousiasmer pour ce petit shocker. Pour tout dire, on aurait tellement voulu pouvoir le porter aux nues ! On surveillera cependant la suite des événements, car une seconde partie pourrait débouler un jour, si tout se passe bien…

Devils   ★★★
Jae-hoon Kim (Corée du Sud)

Pour son premier film, le Coréen Jae-hoon Kim fait fort ! Il investit le genre du polar hardcore, l’une des spécialités nationales, pour un résultat absolument grisant. Il y est question d’un inspecteur enquêtant sans relâche sur une bande de tueurs en série diffusant sur le dark web des vidéos snuff de leurs méfaits. L’affaire a pris une tournure personnelle pour lui depuis que son beau-frère compte parmi les victimes de ces ignobles individus. Lors d’une course-poursuite, il attrape un membre-clé de cette organisation, mais dans le feu de l’action, les deux hommes tombent dans une ravine. Black-out. Lorsque, un mois plus tard, l’inspecteur se réveille menotté dans un lit et se voit dans un miroir, il n’en croit pas ses yeux : il est dans le corps du tueur qu’il a failli arrêter, alors que ce dernier, l’honorant de visites pour le narguer, a l’apparence du policier. Que s’est-il passé ? On pense forcément à Volte/Face (Face/Off) de John Woo, mais Jae-hoon, qui est également scénariste, en a bien conscience et en joue. S’appuyant sur une solide interprétation des acteurs, Devils déroule un scénario absolument diabolique et fait montre d’une violence tant psychologique que graphique digne d’un film d’horreur. On recommande très fortement !

Exhuma   ★★★
Jae-hyun Jang (Corée du Sud)

Jae-hyun Jang poursuit son exploration des rituels liés aux différentes croyances religieuses après The Priests (2015) où deux prêtres catholiques arrivaient à la rescousse pour tenter d’exorciser une fille possédée et Svaha: The Sixth Finger (2019) avec son intrigue complexe dont l’un des arcs narratifs présentait un pasteur protestant qui enquêtait sur une secte bouddhiste. Exhuma, quant à lui, développe les rites chamaniques au travers de ses personnages et de son intrigue. Deux jeunes chamans s’allient à un vieux géomancien et à un croque-mort pour essayer de briser une malédiction qui touche une richissime famille américano-coréenne. Pour cela, ils vont devoir déterrer et déplacer le cercueil d’un ancêtre de leur client. Allant de mauvaise surprise en mauvaise surprise, ils vont s’apercevoir que leur mission est beaucoup plus dangereuse que prévu. Le réalisateur (qui a aussi écrit le scénario) prend son sujet au sérieux. C’est manifeste, tant dans la manière dont le film a été préparé (les acteurs ont dû apprendre de vrais rituels chamaniques et des spécialistes étaient présents en tant que consultants) qu’à l’image. La présence du charismatique Min-sik Choi (Old Boy) dans le rôle du géomancien expérimenté est un atout indéniable, tandis que les décors, entre tradition et modernité, nature et ville, sont bien utilisés, tout comme l’Histoire de la région. On pourrait presque prendre Exhuma comme un mix entre un documentaire sur l’aspect folklorique coréen évoqué et un bon divertissement fantastico-horrifique (effets spéciaux et scènes de trouille sont de la partie). À découvrir.

The Funeral   ★★★
Orçun Behram (Turquie)

Nous autres francophones aurons beau rigoler en entendant le titre original de The Funeral (Cenaze) et le nom de son personnage principal (Cemal), il faut bien reconnaître après visionnage que tout ça est tout sauf naze. Loin de son cinéma bis des années 70 et 80 (Turkish I Spit On Your Grave, Turkish Star Wars, etc.), la Turquie a produit quelques bons films d’horreur ces dernières années (on pense par exemple à Baskin de Can Evrenol, présenté au BIFFF en 2016). C’est encore le cas ici, Behram adoptant une approche intimiste intéressante du thème du mort-vivant.
Un chauffeur de corbillard déprimé accepte un boulot officieux : cacher pendant un mois le corps d’une jeune femme, à la demande de la famille. Mais il va se rendre compte que ce cadavre fait du bruit, bouge et a un appétit aiguisé pour la viande humaine.
La relation qui s’instaure entre les deux personnages donne tout son sel à ce film plus sensible qu’il n’en a l’air (un rythme peu trépident couplé à une certaine froideur apparente pourraient induire en erreur sur ce point). Quelques scènes de cauchemars et le final présentent une belle force de frappe visuelle, proprement horrifique. On dénombre aussi une certaine quantité de plans gores, mais là ne réside pas le réel intérêt de cette production sombre, presque désespérée. Pourvu que son réalisateur continue dans le genre !

Gueules noires   ★★
Mathieu Turi (France)

Tout comme Le Mangeur d’âmes également évoqué dans ce dossier, Gueules noires (ou Deep Dark pour le marché international) faisait partie du focus French Connection(s) de ce 42e BIFFF, qui visait à mettre en avant le cinéma de genre francophone lors de cette édition du Festival. Initiative louable qui permet de constater une assez bonne santé du secteur (même si ses acteurs déplorent toujours qu’il est plus difficile de monter des projets relevant de l’horreur comparativement à d’autres cinématographies). Le réalisateur Mathieu Turi n’est pas un inconnu du festival, puisque son Méandre avait été sélectionné pour l’édition en ligne de 2021. L’idée avec son nouveau film, c’est de croiser l’univers de Germinal (les mineurs du Nord de la France) et l’univers de Lovecraft (le mythe des Grands Anciens). Facile à pitcher, Gueules noires tient ses promesses jusqu’à un certain point. Le petit bémol réside dans l’aspect de la divinité païenne, moins impressionnant qu’espéré. À part ça, on suit avec plaisir ces travailleurs du charbon menés par un Samuel Le Bihan charismatique, d’abord dans les mines à mille mètres sous terre, puis dans une crypte d’une civilisation très ancienne. Les claustrophobes et nyctophobes risquent d’avoir quelques sueurs froides.

In a Violent Nature   ☆
Chris Nash (Canada)

Le scénariste et réalisateur Chris Nash a dû se demander ce que donnerait un Vendredi 13 filmé à la manière d’Elephant de Gus Van Sant. Certes, apporter une petite trouvaille donnant une légère touche de fraîcheur au genre du slasher est en théorie bienvenu, mais quand le parti pris de mise en scène transforme un film qui aurait pu être fun en machin embêtant à suivre, n’est-ce pas dommage ? D’autant que le script est basique au possible : en pleine forêt, un homme massif et attardé mental se relève d’entre les morts pour aller massacrer un à un les quelques jeunes gens qui ont pris le médaillon de sa chère maman qui traînait à l’endroit où il était enterré. Aucun rebondissement, aucun développement psychologique, juste un squelette de scénario sans chair ni gras. La caméra se contente de coller aux basques du tueur, au lieu de suivre le groupe de futures victimes comme cela se fait généralement dans le genre. Statique, linéaire et répétitif, In a Violent Nature reprend à son compte les codes et grandes « figures imposées » du slasher forestier : l’inévitable bande de jeunes, le masque (qui, pour le coup, a l’air d’avoir été inspiré par Les Mignons !), la légende racontée autour d’un feu de camp, etc. À notre sens, le seul élément qui sauve le film du néant, ce sont les scènes gores, bien faites, généreuses et inventives. C’est peu.

Krazy House   ★★
Steffen Haars et Flip Van der Kuil (Pays-Bas)

Krazy House se présente comme une sitcom américaine typique des années 90, suivant les Christian, une petite famille bien sous tous rapports : Bernie, le papa très religieux, mais maladroit, arborant fièrement son pull « Jesus » qu’il a tricoté lui-même, Eva, la maman, femme stressée qui doit régenter sa petite smala, et leurs deux ados, Adam, qui se passionne pour la chimie, et Sarah, vierge qui attend le prince charmant. L’arrivée d’un vieux père de famille russe et de ses deux garçons, qui s’incrustent chez cette famille en se proposant de régler leur problème d’évier, va sérieusement perturber tout ce petit monde.
Le duo de réalisateurs Haars et Van der Kuil (cf. les New Kids) aime à mettre en avant la culture populaire néerlandaise. Ici, les compères passent un cap dans leur carrière : tournage en anglais et cast international réunissant notamment Nick Frost (la « trilogie Cornetto ») et Alicia Silverstone (Clueless) pour un violent dynamitage du politiquement correct à l’américaine véhiculé par les sitcoms U.S. que Krazy House parodie. Bon, il faut se farcir le trop long début, mais une fois que tout part en vrille, le vilain garnement qui sommeille en vous devrait jubiler face à ce déferlement de langage ordurier, de violence gore et de blasphème appuyé. Amis de la poésie, bye bye !

Kryptic   ★★
Kourtney Roy (Canada/Royaume-Uni)

Suite à une terrifiante expérience au cours d’une randonnée dans la forêt la laissant amnésique, Kay Hall se met en quête de Barb Valentine, cryptozoologue connue pour avoir disparu dans la région alors qu’elle était sur les traces du Sooka, créature du folklore local que Kay aurait croisée de très près…
Premier long métrage de la réalisatrice et photographe canadienne Kourtney Roy, Kryptic part d’un synopsis de films de monstres pour très rapidement emmener son spectateur vers autre chose, à la fois plus psychologique et plus organique que prévu. Brouillant l’identité de son personnage central, le film prend une dimension lynchienne, ne laissant pas son sens global se dévoiler de manière limpide, quitte à larguer certains spectateurs en cours de route, d’autant que le jeu de l’actrice principale, Chloe Pirrie, est déstabilisant. En voilà un qui porte donc bien son titre ! On épinglera, parmi ses qualités, la beauté des paysages naturels que traverse l’héroïne, l’immersion dans le Canada profond, avec sa galerie de locaux pas piquée des hannetons et, surtout, le caractère très organique (question fluides corporels, on est servis) des flashes qui ponctuent le métrage, ce qui devrait ravir les fans de Brian Yuzna (Society, Progeny) et de body horror en général.

Last Straw   ★★
Alan Scott Neal (États-Unis)

Last Straw décrit la pire journée et surtout la pire nuit de Nancy, jeune fille récemment promue responsable de la petite équipe travaillant pour le diner appartenant à son père. Elle apprend qu’elle est enceinte sans être certaine de l’identité du père, sa voiture tombe en panne, elle arrive en retard au travail, se fait semoncer par son paternel, est bonne pour assurer le service de nuit, voit son autorité remise en question par ses collègues et, surtout, doit chasser de l’établissement une bande d’ados masqués vraiment pas nets, qui promettent de revenir plus tard pour se venger de l’affront. Une fois la nuit tombée, alors qu’elle est seule dans le resto routier isolé, ça ne loupe pas : des individus masqués débarquent et elle va devoir lutter pour sa survie…
Le scénario de ce thriller horrifique ne casse pas la baraque – il possède ses faiblesses d’écriture – mais l’ensemble est suffisamment rythmé et tendu pour qu’il puisse remplir son office de divertissement sans grandes prétentions. Petite originalité, tout de même : les faits, jusqu’à un certain point, seront montrés selon deux points de vue différents, afin que le spectateur se rende mieux compte de quoi il retourne… Quelques scènes sanglantes et une bonne musique synthétique contribuent à faire passer la pilule pour le spectateur pas trop regardant.

Love Lies Bleeding   ★★
Rose Glass (États-Unis/Royaume-Uni)

Romance entre deux jeunes femmes, dont l’une, Lou (Kristen Stewart), n’a jamais quitté sa région, travaille dans un club de musculation et a un père shérif très louche (Ed Harris), et l’autre, Jackie (Katy O’Brian), est sur les routes dans le but de tenter de gagner un concours de culturisme à Las Vegas, Love Lies Bleeding se distingue par des scènes violentes et trash, un léger érotisme et des personnages à fleur de peau. Sa distribution fait également plaisir, entre ce bon vieux Ed Harris (Abyss, Apollo 13, The Truman Show) dans un rôle bien malsain, Kristen Stewart qui, depuis un bon bout de temps déjà, a largement réussi à casser son image trop commerciale liée au succès de la saga Twilight et Dave Franco (frère de James Franco, vu dans Warm Bodies : Renaissance, les deux Insaisissables et Nerve) qui compose un personnage de salaud fini. On regrettera juste la fin qui part dans un délire surréaliste, ce qui a tendance à nuire au sérieux de l’entreprise. Après son Saint Maud bien accueilli par la presse, la réalisatrice Rose Glass est en train de se construire une filmographie intéressante.

Le Mangeur d’âmes   ★★
Julien Maury et Alexandre Bustillo (France)

Nouveau film du duo de choc Julien Maury et Alexandre Bustillo (À l’intérieur, Aux yeux des vivants, tous deux également projetés au BIFFF, respectivement en 2008 et 2014), Le Mangeur d’âmes (The Soul Eater pour l’international) est un polar adapté d’un roman d’Alexis Laipsker. Un gendarme, Franck, qui enquête sur la disparition d’enfants, et une policière, Elisabeth, envoyée dans un village des Vosges à cause d’une double mort violente, vont devoir apprendre à collaborer car leurs deux affaires semblent étroitement liées. Ils se rendent progressivement compte que chaque élément renvoie à une légende locale, celle d’une créature vivant dans la forêt et qui dévore l’âme de ses victimes. C’est la première fois que les deux réalisateurs quittent le genre de l’horreur pure et dure (on restera dans le polar, malgré le parfum de fantastique qui règne sur le film), mais ils ont néanmoins tenu à apporter leur touche personnelle à cette histoire préexistante. Ainsi, les scènes de meurtres sont particulièrement gores, ce qui constitue l’une de leurs signatures visuelles évidentes. Ils ont réuni pour l’occasion un joli cast, comprenant Virginie Ledoyen, Sandrine Bonnaire et Paul Hamy. Entièrement tourné en décors naturels, Le Mangeur d’âmes s’élève au-dessus du policier pépère, sans constituer l’une des entrées marquantes de la filmographie du sympathique duo.

Sleep   ★★★
Jason Yu (Corée du Sud)

Hyun-su et Soo-jin forment un couple qui a tout pour être heureux : un bel appartement, un brave chien-chien, un bébé sur le point de naître et un mantra comme quoi ensemble, on peut tout affronter. Lui est un brillant acteur récompensé (petit parallèle biographique avec son interprète, feu Sun-kyun Lee, notamment acclamé internationalement pour son rôle dans Parasite), elle est une cadre dans une grosse boîte. Cependant, la nuit, Hyun-su se met à avoir des crises de somnambulisme au cours desquelles il va avoir un comportement de plus en plus dangereux pour lui-même et pour les siens.
Avec ce premier film, Jason Yu se fait remarquer un peu partout (notamment à Cannes) pour la subtilité avec laquelle il traite son sujet et pour sa direction d’acteur impeccable. On est face à un cas exemplaire du Fantastique selon l’acception du théoricien Tzvetan Todorov, dans la mesure où, tout au long de l’histoire, on hésite entre une explication surnaturelle des faits (le mari serait-il possédé par un fantôme qui profiterait de son sommeil pour s’exprimer ?) et une explication rationnelle (ce serait juste un cas extrême de somnambulisme, point barre). Différents indices sont fournis en cours de route… Belle simplicité très travaillée, belle efficacité. Jason Yu : un nouveau grand espoir du cinéma coréen.

Stockholm Bloodbath   ★★★
Mikael Håfström (Suède/Danemark)

Le réalisateur suédois Mikael Håfström, habitué aux productions américaines (Chambre 1408 et Le Rite, c’est lui), a tourné en Hongrie cette production suédo-danoise. Une dimension internationale qu’on retrouve dans le scénario même de Stockholm Bloodbath, basé sur des faits historiques impliquant les différents pays formant le noyau dur de la Scandinavie. Les faits se déroulent au 16e siècle. Le roi du Danemark et de la Norvège, Christian II, ambitionne se soumettre la Suède à son autorité. La guerre fait rage. Dans ce contexte, Freja et Anne, appartenant à un village de résistants, voient tous leurs proches se faire massacrer par un petit groupe de puissants mercenaires à la solde de Christian II. Les deux femmes partent dans une quête vengeresse. À la croisée entre le cinéma de Tarantino (on pense à la Mariée des Kill Bill), celui de Guy Ritchie et des intrigues de cour à la façon de Game of Thrones (mais sans la dimension fantasy), Stockholm Bloodbath impressionne par son ampleur narrative. Cela s’en ressent à sa durée : il est long. Le jeu d’acteur est bon et Håfström parvient à nous captiver suffisamment au cours de cette grande fresque. Le principal reproche qu’on lui adressera, ce sont certains tics de réalisation (comme les split-screens) trop connotés modernes, qui ne s’accordent pas bien avec la dimension historique de l’histoire. Dans cet ordre d’idées, plusieurs autres anachronismes risquent de faire sourciller les historiens. Il faut passer outre pour profiter pleinement du spectacle.

Things Will Be Different   ★★
Michael Felker (États-Unis)

Un frère et une sœur, fuyant avec le magot de leur casse, se réfugient dans une maison de campagne vide. La particularité de cette habitation, c’est qu’elle contient en son sein un système qui permet de voyager dans le temps. Pratique quand on veut disparaître quelque temps pour échapper aux recherches de la police. Sauf que ça ne va pas du tout se passer comme prévu…
Il s’agit du premier long métrage écrit et réalisé par Michael Felker, qui a reçu l’appui d’Aaron Moorhead et Justin Benson (Spring, The Endless), cinéastes avec lesquels il avait déjà travaillé en tant que monteur et producteur. Assez minimaliste dans son approche du thème du voyage dans le temps, tout en condensant un certain nombre d’idées, il ne s’avère pas aussi jouissif que prévu, la faute à une trop grande rétention d’informations vis-à-vis des spectateurs qui pourront ressentir une impression d’opacité et de frustration. Le genre de films pour lesquels on se dit : « à revoir afin de vérifier si certains éléments nous ont échappé lors du premier visionnage ».

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant   ★★
Ariane Louis-Seize (Canada)

Comme l’indique ce long titre, c’est l’histoire d’une vampire ado qui, depuis qu’elle est toute petite, se montre trop sensible pour tuer des gens afin de se nourrir. Jusqu’à présent, sa famille l’aidait en lui fournissant des poches de sang qu’elle sirotait à la paille. Mais désormais, ses proches décident qu’elle doit passer à l’âge adulte et donc apprendre à chasser pour survivre par elle-même. La voilà mise au pied du mur. Le problème, c’est que, vraiment, elle coince. Heureusement, elle tombe un soir sur un garçon aux tendances suicidaires, qui va comprendre de quoi il retourne et proposer de lui donner sa vie pour l’aider. Touchée, la vampire lui propose de d’abord réaliser sa dernière volonté. Ils vont ainsi passer la nuit à tenter d’accomplir cet objectif. On a là un film fort sympa, bien foutu. Son approche du mythe du vampire apporte un brin de fraîcheur, il possède une belle texture visuelle, l’humour fait mouche et son actrice principale (Sara Montpetit) est étonnante. C’est mignon et touchant.

When Evil Lurks (Cuando acecha la maldad)   ★★★
Demián Rugna (Argentine)

Très attendu des amateurs d’horreur, When Evil Lurks ne démérite pas. Son réalisateur avait déjà régalé les spectateurs du BIFFF en 2018 avec Terrified (Aterrados), pur condensé de terreur. Il persiste et signe cette année dans cette veine avec une histoire gagnant en ampleur. Le film était présenté hors compétition, mais il faut dire qu’il s’est déjà taillé une belle réputation dans de nombreux autres festivals (il a par exemple été élu meilleur film à Sitges).
En pleine campagne argentine, deux frères découvrent un homme horriblement infecté par un démon sur le point de donner naissance au mal absolu. Ils décident de se débarrasser de ce corps purulent en le larguant des centaines de kilomètres plus loin. Ce faisant, ils enfreignent une des règles fondamentales liées à la possession démoniaque. Le chaos va alors se répandre autour d’eux.
Rêche, implacable, impitoyable, ce nouveau bébé de Demián Rugna est assez éloigné des standards hollywoodiens modernes et c’est tant mieux. Ainsi, certaines catégories de personnages souvent épargnées dans les productions plus consensuelles prennent cher ici. En clair, personne n’est à l’abri. Le film génère dès lors un redoutable sentiment d’insécurité. L’interprétation des acteurs est à l’avenant. Les scènes gores, particulièrement dégoûtantes, sont marquantes. L’insertion de l’histoire dans le terroir est par ailleurs bien rendue. En bref, c’est du solide. Tout juste peut-on reprocher au personnage principal d’avoir des comportements trop souvent contraires à ce qu’il devrait faire. Voilà donc un nouvel incontournable du genre.

Sandy Foulon

Merci à toute l’équipe de En Cinémascope présente à nos côtés pour couvrir cette cuvée 2024 du BIFFF : Guillaume Triplet, Sandy Foulon, Sofía Marroquin Simar et Vincent Melebeck !

Et rendez-vous, donc, du 8 au 20 avril 2025 pour le 43e BIFFF et avant, bien sûr, sur notre site !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, YouTube et Twitter !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner !

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner ! 1458 540 Jean-Philippe Thiriart

Ah, le mois d’avril ! Ses poissons, ses œufs en chocolat et… le BIFFF et notre concours ! BIFFF pour Brussels International Fantastic Film Festival, bien sûr. L’événement est aussi incontournable pour les fantasticophiles que le sont les friandises en forme d’œufs pour les bambins (et pas que pour eux, d’ailleurs, mais chut !) en cette période printanière. Depuis 1983, cette grand-messe du cinéma de genre, reconnue mondialement, abreuve les passionnés et les curieux de tonnes de pellicules carburant à la frousse, au sang, au mystère et à l’anticipation. Des invités aussi révérés que Wes Craven, Tobe Hooper, Donald Pleasance, Anthony Perkins, Terry Gilliam, Dario Argento, Barbara Steele, Park Chan-wook, Guillermo Del Toro ou J.A. Bayona sont venus fouler son sol. Vous aussi, vous avez envie de côtoyer du beau monde et, surtout, vous avez soif de découvertes cinématographiques ? Alors nous avons une bonne nouvelle pour vous : En Cinémascope vous offre la possibilité de gagner 20 places pour le Festival ! Cela via le concours organisé sur notre page Facebook (voir ci-dessous).

Civil War, d’Alex Garland, ouvrira ce 42e BIFFF !

Pour sa 42e année d’existence, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles se tiendra du 9 au 21 avril au Palais 10 sur le site du Heysel, son nouveau fief depuis 2022. Il s’ouvrira avec Civil War d’Alex Garland et se clôturera avec le film au titre joyeusement provocateur The American Society of Magical Negroes de Kobi Libii. Entre les deux, plein de longs métrages et de courts métrages, des événements et animations à ne plus savoir qu’en faire, des stands où il fait bon fureter, des expositions à admirer et des guests à rencontrer. Diverses sélections de films concourront pour la Compétition internationale, la Compétition européenne, l’Emerging Raven (récompensant les nouveaux talents), le White Raven (l’ancien 7e Parallèle), le Black Raven (pour les thrillers), le Critics Award, l’Audience Award, sans oublier les compétitions ciblant les courts. Parmi les événements off, épinglons les nouveautés comme le concours d’écriture Being Stephen King et l’intrigant No Name Bar, lieu « caché » au sein du festival, qui promet de receler quantité de trésors, mais aussi les grands classiques comme le Bal des vampires, qui aura lieu la nuit du 20 au 21 avril, le concours de maquillage et le body painting. Signalons également la tenue de plusieurs masterclass, dont une avec le célèbre compositeur italien Fabio Frizzi, notamment connu pour ses collaborations avec Lucio Fulci (L’Enfer des zombies, Frayeurs, L’Au-delà…).

Le Bal des vampires, de retour la nuit du 20 au 21 avril !
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Côté films, on repère dans le lot The Toxic Avenger (Lloyd Kaufman & Michael Herz, 1983), le film emblématique de la Troma, projeté dans une version restaurée en 4K à l’occasion des 50 ans de la célèbre firme indépendante, le coréen Sleep (Jason Yu), qui s’est taillé une belle réputation dans les festivals par lesquels il est déjà passé, When Evil Lurks (Demián Rugna), souvent cité parmi les meilleures productions horrifiques de 2023, l’américain Things Will Be Different (Michael Felker) qui titille notre curiosité avec ses promesses de voyages temporels déroutants, l’italo-polonais Black Bits d’Alessio Liguori, décrit comme une sorte de Thelma et Louise coincées dans un épisode de Black Mirror, la mise en avant du cinéma francophone via le focus French Connection(s), avec notamment Le Mangeur d’âmes du duo français Julien Maury et Alexandre Bustillo (À l’intérieur) et Gueules noires de Mathieu Turi (Méandre), enfin, The Belgian Wave du Belge Jérôme Vandewattyne qui avait précédemment signé Spit’n’Split.

Pour l’ambiance déjantée, la Nuit (du 13 au 14 avril) est à ne pas manquer. Et les organisateurs n’oublient pas le jeune public en leur réservant un Family Day le samedi 20 après-midi au cours duquel sera projeté entre autres le film d’animation Robot Dreams de Pablo Berger, qui était carrément nominé aux Oscars cette année. En tout, 80 longs métrages à se mettre dans les pupilles. Une chose est sûre : on n’aura pas le temps de s’embêter ce mois d’avril !

Notre concours Facebook : 20 places à gagner !

Avec la complicité du Centre Culturel Coréen de Bruxelles, nous vous proposons, cette année, de remporter 10 x 2 places pour le BIFFF !

Soit dix places pour un film de la compétition internationale puis dix autres pour un film de la compétition White Raven.
->
5 x 2 places pour The Sin de Dong-seok Han, ce mercredi 10 avril à 21h, et
5 x 2 places pour 4PM de Jay Song, le vendredi 19 avril à 16h.

Pour remporter vos places, rien de plus simple : rendez-vous sur notre page Facebook !
Fin du concours : mardi 9 avril à 12h.

Pas moins de dix autres films coréens seront projetés lors de cette 42e édition du Festival ! Parmi ceux-ci : Exhuma de Jae-hyun Jang en compétition internationale, Don’t Buy the Seller de Hee-kon Park en compétition Black Raven ou encore Sleep de Jason Yu en compétition Emerging Raven.

En Cinémascope couvrira le BIFFF et vous proposera, à l’issue du Festival, un dossier qui lui sera consacré.
D’ici là, bon concours… et excellent BIFFF !

Plus d’infos, direction le site du BIFFF !

Sandy Foulon et Jean-Philippe Thiriart (merci à Pierre Pirson !)

OLDBOY a 20 ans : Expo et Rétro Park Chan-wook au Cinéma Galeries au menu de la première Minute Cinéma de En Cinémascope !

OLDBOY a 20 ans : Expo et Rétro Park Chan-wook au Cinéma Galeries au menu de la première Minute Cinéma de En Cinémascope ! 1240 1754 Jean-Philippe Thiriart

Aujourd’hui, nous vous présentons le tout premier numéro de « La Minute Cinéma de En Cinémascope », issu de la toute première – elle aussi – édition de l’ISFSC MAG !

L’ISFSC MAG est une nouvelle initiative du Conseil des Étudiants (CDE) de l’Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication (ISFSC) impliquant professeur(e)s et étudiant(e)s.
Il s’agit d’« un moyen pour des étudiant(e)s motivé(e)s de découvrir le monde de l’information audiovisuelle et de l’école d’une nouvelle manière ! »
Au menu, chaque mois :
– des astuces pour les étudiants,
– la découverte d’un portrait d’une personne avec un parcours unique,
– une minute cinéma,
– la couverture des événements à l’ISFSC, et
– le « backstage » d’un cours intéressant dans une des trois sections de l’Institut.

Au programme de cette première Minute Cinéma de En Cinémascope, donc – une Minute qui dure en réalité cette fois 2’22 » – :
la présentation de l’expo célébrant les 20 ans de OLDBOY, le film culte de Park Chan-wook, du métrage en lui-même, et du réalisateur coréen et de son œuvre, plus largement.

Merci au Cinéma Galeries et au Centre Culturel Coréen de Bruxelles !

Crédits vidéos
Captation et montage : Sammy Dhont
Production : Sofía Marroquin et Elisa Tuzkan

Crédits photos
Photos de Park Chan-wook : 35e BIFFF – Francesco Serafini
Photos de l’exposition : Nilesh Kumar et le Cinéma Galeries

La première édition de l’ISFSC MAG

Jean-Philippe Thiriart

Le 40e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 40e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 1535 826 Jean-Philippe Thiriart

Samedi dernier prenait fin à Brussels Expo l’édition anniversaire du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Le Festival a en effet fêté ses 40 ans, et cela de belle manière. Une fête qui a pris fin avec la projection du film de clôture – Fall (signé Scott Mann) –, précédée de l’annonce du palmarès. Un palmarès qui est venu couronner une coproduction belge, l’année-même où le festival lançait, non sans fierté, un focus belge sur le cinéma de genre. C’est la première fois depuis la naissance du BIFFF, en 1983, qu’une coprod belge remporte la récompense suprême, le Corbeau d’Or. Ce film, c’est Vesper, réalisé par Kristina Buozyte et Bruno Samper. (critique ci-dessous)

Kristina Buozyte et Bruno Samper, réalisatrice et réalisateur de Vesper
Crédit photo : Vincent Melebeck

Au sein de la Compétition internationale toujours, les Corbeaux d’Argent sont allés à Summer Scars, de Simon Rieth, et à Virus 32, de Gustavo Hernández, une Mention spéciale étant accordée à Studio 666, de BJ McDonnell (critique ci-dessous).

C’est Moloch, de Nico van den Brink, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent.
Nightride, de Stephen Fingleton a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award, une Mention spéciale étant accordée à Limbo, de Soi Cheang (critique ci-dessous)
Le White Raven Award est allé à Life of Mariko in Kabukicho, de Eiji Uchida et Shinzo Katayama, avec une Mention spéciale pour Redemption of a Rogue, de Philip Doherty (critique ci-dessous).
La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages a vu l’emporter Kappei, de Takashi Hirano. Mention spéciale à Zalava, de Arsalan Amiri.
Le Prix de la Critique a été décerné à Piggy, de Carlota Pereda (critique ci-dessous), avec une Mention spéciale pour Huesera, de Michelle Garza.
Le toujours très touchant Prix du Public a été décerné au détonnant Mad Heidi, de Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (critique ci-dessous).

Envie de connaître le palmarès des courts métrages ? Direction le site du Festival !

Résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand MERCI à celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope @ 40e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !
Et félicitations aux gagnant(e)s de celui-ci : Muriel Adamski, Christine Demaerschalck, Cédric Gabriel, Patrick Laseur et Vincent Meulemans !
Elles et ils ont chacun(e) remporté un pass de 6 séances, trois persos et trois pour la personne de leur choix pour autant de films coréens au BIFFF.

Jean-Philippe Thiriart

Critiques de différents films primés

Vesper Chronicles (Vesper), Corbeau d’Or   ★★★
Kristina Buozyte et Bruno Samper (France, Lituanie, Belgique)

De la bio science-fiction, voilà un sous-genre qui est très peu représenté au cinéma. Le film offre dès lors un vent de fraîcheur malgré le ton sombre du récit.
L’humain a saccagé la planète, la nature a repris ses droits et l’homme, pour survivre, n’a pu que s’acclimater et vivre avec elle en créant une biotechnologie organique à base de bactéries, de champignons et d’autres organismes végétaux pour alimenter machines et éclairages, mais aussi à des fins médicales, technologie dont la jeune Vesper se révèle être une génie.
Si le film dépeint un futur original et peut compter sur des acteurs et actrices convaincants, il bénéficie aussi d’une excellente direction artistique, tantôt belle et envoûtante, tantôt sale et aussi organique qu’un film de David Cronenberg, en lien direct avec les enjeux du récit, centrés autour de la recherche biologique et des expérimentations génétiques.
On pourra s’étonner de la violence de certains passages, parfois crus, et d’un ton ambiant nihiliste, le film étant vendu comme une fiction grand public. Il reste cependant facile d’accès.
Malgré quelques petites baisses de rythme et certaines longueurs, cette coproduction européenne offre un film de science-fiction original, avec un univers crédible et des effets qui tiennent la route.
Une belle surprise !
Ruben Valcke

Studio 666, Mention spéciale de la Compétition internationale    ★★
BJ McDonnell (États-Unis)

Généreux, c’est l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit pour qualifier le film !
Musique rock, métal et occultisme peuvent se marier parfaitement dans un film d’horreur et plus encore dans une comédie horrifique.
Les six musiciens du groupe Foo Fighters, ici dans leurs propres rôles, s’amusent et s’en donnent à cœur joie !
N’étant pas des acteurs professionnels, leurs prestations ne sont pas souvent à la hauteur. Mais qu’importe : le film est fun, avec beaucoup de second degré, de scènes très graphiques et une abondance de gore.
Porté par le chanteur Dave Grohl, le film transpire d’un amour sincère pour le genre. Grâce à sa réalisation maîtrisée, le film évite un aspect nanar et nous offre une grosse série B délirante de qualité.
Pas certain qu’il fonctionne aussi bien s’il est regardé seul, mais en festival ou en soirée pizza-bière entre amis, c’est le film horrifiquement fun parfait !
R.V.

Limbo, Mention spéciale de la Black Raven Competition   ★★★★
Soi Cheang (Hong Kong, Chine)

Une photographie à tomber, des images sublimes et des décors incroyables pour représenter un Hong Kong insalubre et malsain comme nous ne l’avions jamais vu auparavant !
Le titre du film reflète bien l’ambiance sombre et âpre du métrage tant nous avons l’impression, dans toute cette crasse et ces monticules de déchets, d’évoluer dans les limbes aux abords de l’enfer. Le noir et blanc très contrasté du film renforce le sentiment de mal-être et d’oppression de la ville, une noirceur devenue plutôt rare dans le cinéma contemporain. Le réalisateur choisit de renouer avec l’époque du cinéma HK dans ce qu’il offrait de plus sombre et violent mais avec, ici, une plastique absolument magnifique.
L’histoire d’un duo de policiers à la recherche d’un tueur en série peut paraître classique mais avec sa réalisation impeccable, un visuel d’exception et ses sous-intrigues fortes, le film se démarque radicalement des autres productions.
Plus qu’un film noir, c’est une perle noire, un chef-d’œuvre de ce genre de cinéma.
R.V.

Redemption of a Rogue, Mention spéciale de la White Raven Competition   ★★
Philip Doherty (Irlande)

Après sept ans, Jimmy Cullen revient dans son village natal pour faire la paix avec son entourage avant de se suicider. Mais la tâche sera ardue puisque tout le monde lui en veut. Son frère ne lui pardonne pas de l’avoir laissé seul s’occuper de leur père mourant. Ce dernier, qui a toujours eu la main lourde avec ses enfants, a toujours une dent contre Jimmy pour une histoire d’harmonica volé. Et son ex ne le supporte plus depuis un accident qui l’a laissée en chaise roulante. Ajoutez à cela la rancune de tout le patelin, qui a toujours en travers de la gorge un match de foot perdu à cause de lui et vous avez le tableau peu réjouissant de la situation. Et pour couronner le tout, le fameux paternel passe l’arme à gauche et devra être enterré selon ses dernières volontés.
Sur fond de pluie irlandaise, de dépression profonde et de symbolique christique, Redemption of a Rogue vaut le détour par son traitement cynique et un humour noir dont fait preuve son anti-héros, sorte de figure messianique contemporaine totalement perdue. Le tout sur fond de BO folk blues délicieuse évoquant parfois certaines fins d’épisodes de la dernière saison de Twin Peaks. On lui pardonnera donc son côté un peu trop inoffensif pour profiter du bon moment qu’il offre.
Guillaume Triplet

Piggy, Prix de la Critique    ★★★
Carlota Pereda (Espagne)

Sara est une jeune fille tout en rondeur qui est la cible de harcèlement et de moqueries de la part des jeunes de son village. Après l’insulte de trop, elle ne va pas se venger mais bien être vengée à son insu.
Sorte de rape-and-revenge détourné, Piggy aura été un coup de cœur de cette 40e édition du BIFFF, qui réunit aussi bien des éléments de films cultes comme I Spit on Your Grave que de Massacre à la Tronçonneuse mais sans jamais en être une simple resucée. Ces influences sont digérées pour servir une œuvre qui ne connait pas l’ennui. Basé sur un court métrage de 2017, présenté d’ailleurs au BIFFF en son temps, Piggy regroupe les ingrédients essentiels et nécessaires et parvient même, par moments, à prendre le spectateur à contre-pied en créant la surprise. Une ode à la tolérance et à l’acceptation sur fond de boucherie totalement maîtrisée et hautement recommandable. Une belle leçon à plusieurs niveaux.
G.T.

Piggy, de Carlota Pereda

Mad Heidi, Prix du Public
Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (Suisse)

★★★
Dans une époque inconnue, les Helvètes sont sous le joug d’une dictature extrémiste du fromage menée par un président dont la tenue favorite est le bon vieux training et les claquettes-chaussettes, qui a décidé de purger la nation de tous les intolérants au lactose. Si Heidi semble assez protégée dans ses alpages, sa capture et l’exécution de son amour de chevrier (arrêté pour trafic illégal de tome) auront vite fait de transformer la jeune fille en vengeresse sanguinaire prête à tout pour redonner à la « matrie » sa grandeur perdue.
Avant-première mondiale et résultat d’un incroyable crowdfunding, Mad Heidi se présente comme le premier film de la « swissploitation ». Pur hommage Grindhouse au cinéma des années 70, Mad Heidi est une belle folie portée à l’écran par une mise en scène et un montage jamais à court d’idées. Un film contemporain qui ne renie pas le passé. Humour parfois lourd mais bien amené, gore outrancier, personnages ultra caricaturaux, scènes de torture à la fondue et au Toblerone, split screens, références subtiles… le film salue le cinéma d’exploitation d’antan tout en surfant sur des thématiques modernes. De l’action et du fun au doux parfum d’emmental. Assez brillant dans le genre.
G.T.

★★
Un nouveau genre de film d’exploitation est né : la swissploitation !
Né d’un crowdfunding réunissant plus de 40 000 investisseurs fans de cinéma de genre, cette proposition déjantée fait irrémédiablement penser au film Iron Sky, le côté grosse série B encore plus assumé.
L’action se déroule dans une Suisse totalitaire inspirée du nazisme. Mais ici, le dictateur, campé par un Casper Van Dien qui s’amuse apparemment beaucoup dans ce rôle, est obnubilé par les produits laitiers qui font la fierté de son pays.
Les intolérants au lactose n’ont qu’à bien se tenir, tout comme ceux qui s’opposent à la conquête mondiale du fromage suisse.
Le métrage est un vrai film d’exploitation dans ce qu’il a de plus outrancier, dans la pure veine des productions post-Grindhouse de Tarantino et Rodriguez. Il réussit là où beaucoup d’autres ont échoué : c’est un bon film fun, certes, mais qui tient diablement la route.
La première mondiale de Mad Heidi au BIFFF, film drôle, gore et délirant, a fait grandement réagir une salle bien remplie, avec dégustation de fromages et animations tout en costumes à la clé.
R.V.

Nos autres critiques

Vous retrouverez, ci-dessous, par ordre alphabétique, nos critiques d’autres films découverts au BIFFF cette année.

Don’t Come Back Alive   ★
Néstor Sánchez Sotelo (Argentine)

Lors d’une opération spéciale de police dans des quartiers mal famés, la jeune Camilla se voit prise au piège de ce qui s’apparente à une secte dont les membres ont décidé de s’immoler autour d’elle. Sauvée de justesse des flammes, la policière est sévèrement brûlée et séjourne plusieurs mois à l’hôpital avant d’être prise en charge par Fatima, son amie procureure qui, elle, doit faire face à une série de meurtres particulièrement sordides. Pourrait-il y avoir un lien entre ceux-ci et ce qui est arrivé à Camilla ?
À la croisée des chemins entre le film de possession et le thriller fantastique, Don’t Come Back Alive est le genre de film dont le pitch est intéressant sur papier mais qui se voit sabordé par une mise en forme manquant de méthode au point d’en faire parfois un objet risible. Dommage d’ailleurs puisque l’entrée en matière laissait augurer du bon et ce, malgré des moyens modestes. Mais un mauvais jeu d’acteurs, des répliques parfois à la limite du ridicule, des zones d’ombre dans le scénario et un amoncellement de clichés ont vite fait de plomber un métrage qui aurait peut-être pu tirer son épingle du jeu.
G.T.

Hinterland   ★★★
Stefan Ruzowirzky (Autriche, Luxembourg)

Impossible de manquer ce film attendu qui avait déjà fait parler de lui au Festival de Locarno ! Sur le site du Heysel, la salle Ciné 1 du BIFFF est grande. Ça tombe bien car, en cette fin d’après-midi du premier vendredi du Festival, les amateurs de frissons sont venus en nombre, prêts à vibrer durant près de deux heures.
L’intrigue du thriller policier Hinterland se déroule à Vienne en 1920 après la chute de l’Empire austro-hongrois. La Première Guerre mondiale a pris fin. Prisonnier de guerre pendant plusieurs années, l’ancien détective Peter Perg (Murathan Muslu) est rentré chez lui. Il est amené à travailler avec la médecin légiste Theresa Körner (Liv Lisa Fries) afin de résoudre une série de meurtres.
L’ambiance de ce film se situe à mi-chemin entre le noir et blanc des premiers films d’épouvante du siècle passé et les grands films historiques de notre époque. Le film étant bien entendu projeté en VO, il aura parfois fallu s’accrocher à son fauteuil pour ne pas perdre le fil de l’intrigue mais le rythme de l’enquête nous aide à ne pas décrocher. Préparez-vous à faire un bond dans le temps et pas mal d’autres dans votre siège ! Un bon policier, ça ne se refuse pas.
Raphaël Pieters

The Killer: A Girl Who Deserves To Die   ★
Jae-hoon Choi (Corée du Sud)

Que ça soit en termes d’écriture ou de découpage, le film fait beaucoup penser à la formule du téléfilm, ce qui surprend au vu du sujet traité. En revanche, dans sa deuxième moitié, il devient bien plus cinématographique et la mise en scène, bien plus ambitieuse.
Le scénario est très classique et repose sur la badass attitude de son personnage central. La figure du protagoniste quasi invincible est fort exploitée dans le cinéma sud-coréen et ce film s’inscrit dans cette tendance. L’influence de John Wick est très présente, surtout dans les scènes de combats et dans la représentation des gunfights : le héros est trop intouchable que pour être réellement crédible.
Toutefois, si le spectateur recherche juste de l’action avec un protagoniste impressionnant par ses talents au combat, il trouvera dans The Killer une chouette récréation.
R.V.

Logger   ★
Steffen Geypens (Belgique)

On ne se perd pas trop dans ce film puisque l’intrigue commence directement au beau milieu d’une forêt de feuillus comparable à toutes celles de notre plat pays. Cependant, très rapidement, l’ambiance change lorsque notre ami bûcheron (Pieter Piron) y découvre un corps mutilé. Très vite, cette macabre découverte le plonge dans un état second dans lequel rêves et réalités se confondent.
Le film cherche-t-il à nous perdre dans les bois ? Difficile à dire mais on a tendance à se perdre dans cette intrigue où cauchemars et réalité s’entrechoquent jusqu’à nous en donner la nausée. Mais n’est-ce finalement pas cela, la meilleure arme des films d’horreur à petits budgets : nous perdre dans un bois et nous y abandonner pour nous donner ensuite envie de foncer aux toilettes du BIFFF dans le but d’y laisser un peu prématurément le sandwich à l’américain ingurgité à midi ? Si oui, alors ce film aura réussi à nous faire voyager !
R.P.

Next Door   ☆
Ji-ho Yeom (Corée du Sud)

Après une soirée un peu trop arrosée, un pseudo étudiant trentenaire qui en est à sa cinquième tentative pour intégrer la police se réveille chez sa voisine avec un cadavre au pied du lit. Bon courage pour recoller les morceaux !
Tourné en huis clos, Next Door est laborieux dès le départ et n’ira pas en s’améliorant au cours de l’heure et demie de film, qui paraît une éternité. La faute à un personnage peu attachant, à des situations pseudo-drôles qui ne le sont en fait pas et à une histoire qui accumule les incohérences voire les aberrations. Des passages beaucoup trop tirés en longueur, un manque de rythme certain et des situations dont l’explication se cherche encore auront aussi eu raison de nous.
G.T.

Night at the Eagle Inn   ★
Erik Bloomquist (États-Unis)

Deux jumeaux, Sarah, dépressive et prise de visions, et Spencer, branché sur le paranormal, décident de repartir sur les lieux où, en 1994, leur mère mourut en les mettant au monde et leur père disparu mystérieusement, afin de percer le secret de ce qui a bien pu se passer. L’endroit en question : un hôtel reculé, coupé de tout, tenu par un gérant pour le moins intrigant et entretenu par un jeune éphèbe mystérieux. Point n’est besoin de vous dire que tout ne va pas se passer comme prévu et que ces jeunes gens seront vite pris dans un engrenage infernal.
Dès le départ, l’une des influences principales du film saute aux yeux. En effet, il ne serait pas étonnant qu’Erik Bloomquist compte Shining parmi ses films de chevet tant les clins d’œil fusent autant dans la recherche d’ambiance que dans certains éléments du décor. Mais ne dépasse pas le maître Kubrick qui veut et Night at the Eagle Inn pèche par un traitement un peu trop plat et par un manque d’idées. Ainsi, les effets de peur tombent à l’eau et l’absence de consistance des personnages manque de servir le propos. Flop néanmoins divertissant… mais flop tout de même dont les 70 minutes sont amplement suffisantes.
G.T.

La Pietà   ☆
Eduardo Casanova (Espagne, Argentine)

On nous avait vendu du rêve, on n’a même pas fait de cauchemar après ce film hispano-argentin aussitôt vu, aussitôt oublié.
Mateo aime le rose et sa mère Libertad. Mais un jour, dans ce monde à deux voix, on annonce à Mateo qu’il souffre d’un cancer. Voilà pour le point de départ du film.
L’actrice Ángela Molina et ses 46 ans de carrière sont sans doute la seule attraction de ce film qui se perd entre l’épouvante et la tragi-comédie. La salle ne s’y trompe pas et les réactions ne se font pas trop attendre : « hou ! », lance un groupe d’amis habitués à reconnaitre les navets interminables parfois diffusés aux BIFFF. Mais tout au long du film, on essaie d’oublier de regarder sa montre en rigolant de l’absurdité des situations rencontrées par le personnage interprété par Manel Llunell. On ne sait d’ailleurs pas trop de quels maux il souffre. Plutôt qu’un film d’épouvante, La Pietà est une tragi-comédie. Vous l’aurez compris, on ne vous recommande pas ce film.
R.P.

Scare Package   ★
Emily Hagins, Chris McInroy, Noah Segan, Courtney & Hillary Andujar, Anthony Cousins, Baron Vaughn et Aaron B. Koontz (États-Unis)

Film à sketches présentant différentes comédies horrifiques regroupant un maximum de codes et de clichés des films d’horreur des années 80, Scare Package joue avec lesdits codes pour donner lieu à une série de situations humoristiques. Mais il ne s’agit pas pour autant d’une parodie, les réalisatrices et réalisateurs faisant preuve d’un réel respect du genre horrifique sous toutes ses formes, n’hésitant pas à faire couler le sang et à présenter des blessures plus terribles les unes que les autres. En témoigne, notamment, un sketch proposant un gore qui, s’il est outrancier, n’en n’est pas moins totalement ridicule, cela afin de faire rire les spectateurs.
Le très gros second degré du film rend les nombreuses touches d’humour plutôt efficaces. Si toutes les blagues ne feront pas mouche, étant sans doute un peu trop forcées, le gore potache reste un artifice comique qui a fait ses preuves et Scare Package en use sans vergogne.
Comme dans la plupart des films à sketches, surtout ceux qui proposent beaucoup d’épisodes, il y a dans Scare Package un souci d’équilibrage et de rythme, le film paraissant un peu trop long et certains sketches étant de moindre qualité. Les transitions entre les sketches et la trame principale sont elles aussi problématiques. Si le film justifie, au début, l’intégration des différentes histoires, bien vite, les transitions deviennent abruptes et sans réel sens. Dommage !
R.V.

Scare Package 2: Rad Chad’s Revenge   ★★
Aaron B. Koontz, Alexandra Baretto, Anthony Cousins, Jed Shepherd et Rachele Wiggins (États-Unis)

Suite directe du premier du nom, Scare Package 2 voit cette fois-ci ses sketchs emprunter les codes et les clichés des films d’horreur des années 90 et début 2000. L’histoire principale qui y est narrée fait revenir plusieurs personnages du film précédent et constitue un fabuleux pastiche de la saga Saw, ne manquant pas de jouer avec le ridicule et les incohérences de la saga.
Mieux rythmé, constitué d’un peu moins de sketches et proposant une histoire centrale qui n’est plus juste un morceau de comédie mais un segment de comédie horrifique bien plus passionnant à suivre, le film est meilleur que son prédécesseur, plus malin aussi, donnant à voir bon nombre de situations méta très sympas.
Avec, une fois encore, une myriade de références à la culture cinématographique horrifique et à bon nombre de codes non encore exploités par le film précédent, ce diptyque en devient un très gros best of de tout ce qui a pu se faire et se répéter pendant près de trois décennies.
R.V.

Sinkhole
Ji-hoon Kim (Corée du Sud)

★★★
Après plusieurs années à économiser, une famille modeste devient enfin propriétaire d’un appartement dans un quartier de Séoul. Le bonheur ne sera que de courte durée puisque des failles apparaissent dans le bâtiment, et amèneront celui-ci à être aspiré dans un trou gigantesque laissant les habitants croupir à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Mêlant à la fois comédie, satire sociale, drame et film catastrophe, Sinkhole est une réussite du genre et met à nouveau en lumière le talent de la Corée du Sud. Doté d’une excellente maîtrise de la réalisation mais aussi et surtout d’une collection d’idées scénaristiques parfois bluffantes amenant un véritable rythme, le cinquième long-métrage de Ji-hoon Kim coche pas mal de bonnes cases. Neuf ans après The Tower (dont le principe était, à peu de choses près, celui de La Tour infernale), le réalisateur revient avec un film dans lequel le traitement des personnages mais aussi des décors est bougrement intelligent. On rit, on pleure, on en prend plein la vue : un régal !
G.T.

★★
Peut-être bien le tout premier film qui mélange les genres catastrophe et comédie (hors films parodiques), deux genres qui semblent aux antipodes tant le film catastrophe repose sur le dramatique. Sinkhole fonctionne pourtant plutôt bien, le réalisateur laissant par moments l’humour de côté pour se concentrer sur les émotions et pour insuffler de la tension au film.
Le cinéma sud-coréen n’hésite souvent pas à en faire un peu trop dans la mise en scène. C’est le cas ici et quand il s’agit de représenter un immeuble entier s’enfonçant dans un gouffre de plusieurs centaines de mètres, c’est visuellement aussi impressionnant qu’irréel. Mais c’est, ici, traité si sérieusement que nous ne pouvons qu’être convaincus.
L’histoire suit les canons d’écriture du film catastrophe et de survie mais, par son mélange radical de styles, le film en devient fort original, le ton « comédie » du début de Sinkhole permettant un bel attachement du spectateur aux personnages du film.
À découvrir assurément !
R.V.

Wyrmwood: Apocalypse   ★
Kiah Roache-Turner (Australie)

Beaucoup plus de budget, sans doute de bien meilleures caméras et des plans plus léchés : tout dans cette suite sent la qualité supérieure, mais, malheureusement, au détriment de l’inventivité et de l’énergie qui constituaient la patte du premier film : Wyrmwood: Road of the Dead.
Un scénario qui montre comment, plusieurs mois après l’infection, les habitants des campagnes australiennes se sont organisés, en particulier les équipes militaires et scientifiques qu’on avait déjà pu voir à l’œuvre dans le film précédent.
Malgré l’upgrade visuel, le film paraît moins fou, moins original, même s’il se permet quelques bons délires comme un cyber-zombie au look très réussi.
Wyrmwood: Apocalypse reste un film à budget très modeste et le réalisateur a l’intelligence de ne se concentrer que sur l’essentiel.
Un bon film de zombies, qui n’hésite pas sur le sanguinolent, mais déçoit un peu quand on a donc, en mémoire, Wyrmwood: Road of the Dead.
R.V.

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : Vincent Melebeck

Fantastique, le 39e BIFFF démarre ce mardi avec 10 séances à gagner !

Fantastique, le 39e BIFFF démarre ce mardi avec 10 séances à gagner ! 1307 735 Jean-Philippe Thiriart

Le BIFFF ? Présent !

Le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) aura bel et bien lieu cette année. Dès ce mardi 6 avril et jusqu’au dimanche 18. Avec une animation de la Twice Agency le 6 avril à 19h et une autre, du Magic Land Théâtre, le 18 à 19h. Fantastique, pas vrai ? En effet puisque les organisateurs du BIFFF ont tout mis en en œuvre pour que les festivaliers vivent cet événement dans des conditions optimales, depuis chez eux. Cette année, damoiselles et damoiseaux, si le mot « cauchemar » n’est pas encore derrière nous quand il est associé au coronavirus, il sera bel et bien présent sur les écrans des BIFFFeurs, pour leur plus grand plaisir cette fois. De nombreux films au menu des amateurs de cinéma de genre devraient en effet s’avérer délicieux et ce n’est pas le réalisateur de Yummy, le Belge Lars… Damoiseaux, membre du jury de la compétition 7e Parallèle qui devrait dire le contraire.

Flute alors, on va encore devoir rester à la maison… Certes, mais cette 39e édition sera l’occasion d’offrir non pas une flute, mais bien une parenthèse enchantée longue de 13 jours à tous les amateurs de films de fantasy, de films fantastiques, de thrillers, de films de science-fiction (le BIFFF, c’est tout ça !) et on en passe tant le film de genre est multiple. Vous l’aurez compris : le BIFFF 2021 se tiendra donc intégralement en ligne.

Les films

Le Festival s’ouvrira avec The Shift, claque belgo-italienne sur un attentat terroriste dans une école bruxelloise. Un film qui est, d’après les organisateurs du Festival, « dédié à tous les soldats sans arme qui se battent pour nous au quotidien. » Ils estiment ainsi que « c’était la moindre des choses de leur rendre cet hommage ».
Quant au film de clôture, il s’agira de Riders of Justice, thriller drolatique danois très remarqué. Le synopsis : Markus, militaire danois déployé dans une zone de combat, rentre chez lui après le décès de sa femme dans un accident de train. Il doit s’occuper de leur fille, Mathilde. Mais il a tôt fait de découvrir que le déraillement de train qui a coûté la vie à sa femme n’est peut-être pas accidentel. Et à partir de là, forcément, ça va faire mal !
Parmi les longs-métrages à découvrir : trois avant-premières mondiales, neuf avant-premières internationales et quatre avant-premières européennes. Ce BIFFF 2021 proposera aussi 63 courts-métrages belges, européens et internationaux.

Cette année, les programmateurs ont choisi de nous présenter une « section infectée », soit un florilège des films qui auraient dû faire partie de l’édition 2020 du Festival. Y figurent notamment les deux films coréens pour lesquels nous vous faisons remporter des séances cette année. Il s’agit de Bring Me Home et de Hitman: Agent Jun et c’est à la fin de cet article que ça se passe !
Les films présents dans la compétition 7e Parallèle seront au nombre de sept, justement : Beyond the Infinite Two Minutes, Barcelona Vampires, Honeydew, Hotel Poseidon, King Car et Violation.
En compétition européenne, six films : Post Mortem, Host, Caveat, Meander, The Guest Room et Riders of Justice.
Enfin, les longs-métrages présents en compétition internationale seront Vicious Fun, Son, The Closet, Sound of Violence et Superdeep.

Édition en ligne oblige, les organisateurs ont dû faire des choix. Il n’y aura ainsi malheureusement pas de compétition thriller cette année. Bien que moins copieuse, la cuvée 2021 s’annonce déjà bien sanguine. Voici, pèle-mêle, quelques films à ne pas manquer : le très attendu Psycho Goreman, Cyst, Possessor – deuxième long-métrage du fiston Cronenberg -, le fort surprenant Keeping Company, Aporia – film qui nous vient tout droit du désert et des steppes d’Azerbaïdjan -, Vicious Fun ou encore Bloody Hell.

L’atmosphère du BIFFF… à la maison

Mais le BIFFF, ce n’est pas qu’une détonante sélection de films, c’est aussi une ambiance complétement dingue. Et un des gros défis pour les organisateurs cette année est d’amener l’ambiance du Festival chez vous, autant que faire se peut, grâce à la BIFFF Zone (direction bifff.net) et son contenu exclusif. Y figureront classiques revisités, Q&A avec les invités, événements (Nuit Fantastique, Bal des Vampires…) concours et défis, chatrooms, chansons, bien sûr, et d’autres surprises.
En outre, le Festival proposera des BIFFF Packs permettant de vivre ce BIFFF à la maison : anti-BIFFF blues, rations de survie, affiches et sérigraphies, de quoi occuper les gamins et bien plus encore !

En pratique

L’addition ne s’annoncera donc pas trop salée puisque chaque long-métrage est proposé au prix de trois euros, tarif qui s’applique à chaque séance de courts-métrages dans son entièreté. Tous les films de l’édition 2021 seront disponibles du mardi 6 avril, à 19h, au dimanche 18 avril. À l’exception de deux films : Riders of Justice, uniquement accessible le soir de la clôture, à partir de 19h, et Seobok, à découvrir sur la plateforme du Festival du 15 au 18 avril.
Comment rejoindre cet univers ? En vous rendant sur bifff.net, pour accéder ensuite à la plateforme BIFFF online, tout simplement. Une fois commandé, chaque film est alors visionnable pendant 48 heures.

Concours Corée : 10 séances à gagner !

En partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, nous vous proposons cette année de remporter, via notre concours Facebook, 5 x 2 séances pour des films coréens annoncés comme de belles réussites.

Pour chaque gagnant(e) : un accès à l’uppercut Bring Me Home ou au feel good movie Hitman: Agent Jun. Et un deuxième accès à l’autre film de ce chouette duo de longs-métrages, pour la personne de son choix !

Comment faire ? Direction la page Facebook de « En Cinémascope ».
1) Aimez la page Facebook de « En Cinémascope ».
2) Aimez et partagez notre publication sur Facebook en mode public.
3) Identifiez votre ami(e) en commentaire de la publication.

Début du concours : lundi 5 avril à midi
Clôture du concours et tirage au sort : vendredi 9 avril à midi.
Annonce du nom des gagnants, sur notre page Facebook toujours : vendredi 9 avril à 15h.

Les gagnant(e)s et la personne qu’ils/elles auront choisie recevront alors par mail le code d’accès à leur film.

Ajoutons que trois autres films coréens font partie de la programmation. Il s’agit de Seobok, présenté comme un mix entre The Transporter et The Island, donné à voir quelques heures seulement après sa première mondiale. De Slate, annoncé comme le trait d’union entre le troisième volet de Evil Dead et Kill Bill.Enfin, un film « Rétro Corée du Sud » sera aussi de la partie : Il Mare de Hyun Seung Lee. Empreint de romance fantastique, ce film avait déjà marqué bon nombre de spectateurs présents lors de l’édition 2001 du Festival.

Excellent BIFFF à toutes et tous !

Jean-Philippe Thiriart et Raphaël Pieters