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Interviews de Terry Gilliam, réalisateur de L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE, ce mercredi soir en TV

Interviews de Terry Gilliam, réalisateur de L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE, ce mercredi soir en TV 512 371 Jean-Philippe Thiriart

Terry Gilliam arrive dans votre salon, ce mercredi soir à 20h40 sur La Trois (et jusqu’au 21 août sur Auvio), avec son dernier long-métrage : L’Homme qui tua Don Quichotte. Nous avons eu le bonheur de le rencontrer à deux reprises. Pour Proximus TV dans le cadre de la présentation en avant-première de son dernier bébé au Festival International du Film de Bruxelles (BRIFF). Et voici bientôt dix ans, en 2012, au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Terry Gilliam est avant tout un réalisateur de talent, qui a pris place derrière la caméra voici plus d’un demi-siècle déjà ! On lui doit notamment Brazil, L’Armée des 12 singes, Las Vegas Parano ou encore Tideland. Voilà, en quelques films parmi d’autres, pour sa carrière de réalisateur en solo. Mais Terry Gilliam, c’est aussi un des six Monty Python. C’est en effet aux côtés de Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Terry Jones et Michael Palin que tout a véritablement commencé pour lui. En télévision d’abord, au cinéma ensuite. Seul membre américain de ce sextuor presqu’entièrement britannique, Terry Gilliam fait partie des grands de l’absurde, avec des films comme Monty Python : Sacré Graal et La Vie de Brian, entre autres.
Gilliam est aussi l’auteur de chacun de ses films. Il produit, monte et joue dans certains de ses films, dans ceux d’autres et dans les différents Monty Python. Et il a encore bien d’autres casquettes.

Interview de Terry Gilliam pour L’Homme qui tua Don Quichotte


Interview au BIFFF de Terry Gilliam, le Python surréaliste

Lors du trentième BIFFF, en 2012, Terry Gilliam était adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau. Il y présentait The Wholly Family, son dernier court-métrage en date, un film où les pasta permettaient au réalisateur de laisser libre court à son imagination. Monty Python à vie, l’Américain à la malchance légendaire est avant tout un des plus fameux réalisateurs surréalistes en activité. Retour sur cette rencontre.

Crédit photo : Cedric Arnold

Vous avez été fait Chevalier de l’Ordre du Corbeau. Qu’est-ce que cela fait d’être membre de cette communauté très particulière ?

C’est plus important que d’être un des Templiers. Je suppose qu’il y a beaucoup d’argent sous le beau bâtiment qui se trouve près de nous ! (NdA : Le BIFFF prenait cette année-là ses quartiers à Tour & Taxis pour la dernière fois, avant un déménagement vers BOZAR l’année suivante.) C’est un drôle d’honneur. C’est tout ce que je peux vous dire. Néanmoins, il me faudra probablement des années pour véritablement réaliser les complexités de la fonction. De nombreuses responsabilités sont sans doute inhérentes à cet honneur. Je devrai peut-être sauver des demoiselles des griffes de dragons ! (Il rit.)

Vous venez cette année au BIFFF pour présenter votre nouveau film, le court-métrage The Wholly Family, désigné l’an dernier Meilleur Court-Métrage aux Prix du Cinéma européen. J’ai cru comprendre que Garofalo, une société italienne de pâtes, a financé votre film. Quelles sont les origines de ce projet ?

C’est très simple en fait. Un homme est venu sonner à la porte de ma maison en Italie avec une énorme boîte de pâtes. Il m’a dit qu’elle m’était destinée. Et il a ajouté que Garofalo était prête à financer un de mes courts-métrages à partir du moment où il se déroulait à Naples. J’avais carte blanche. C’était aussi simple que ça.
La seule réponse que je pouvais donner était « oui ». (Il rit.) Comment aurais-je pu dire « non » ? Et à présent, je peux manger des pâtes jusqu’à la fin de ma vie !

Terry Gilliam lors du tournage de The Wholly Family

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les Monty Python à présent ? Comment le succès est-il arrivé ? Au début, cela a dû s’avérer difficile de vous imposer. Les Monty Python, c’est un style forcément tout britannique alors que vous êtes… américain !

C’était très spécial. Je me suis toujours défini comme un anglophile convaincu. C’est en 1967 que je me suis rendu pour la première fois en Angleterre. J’ai eu un peu le sentiment de découvrir un public qui saisissait ce que j’essayais de faire tandis qu’aux États-Unis, personne ne me comprenait. J’ai toujours vu ça comme quelque chose de magique. J’ai rejoint cinq autres gars qui ont fait Oxbridge : Oxford et Cambridge. Des types avec lesquels je partageais la même vision du monde ! Nous faisons certes les choses de manière différente. Parmi eux, certains sont d’excellents acteurs, ce que je ne suis pas. Je peux faire dans le grotesque, contrairement à eux. Ils jonglent plus aisément que moi avec les mots. J’ai une meilleure approche des images qu’eux. Et il s’est avéré que ça marchait. Il faut dire aussi qu’à cette époque-là, la BBC nous a dit que nous pouvions commencer par faire sept émissions. Et si celles-ci fonctionnaient, la chaîne nous permettait d’en faire d’autres. C’était très simple. Nous avions donc entière carte blanche pour faire ce qui nous plaisait. Nous n’étions pas entourés de commerciaux, de managers ou d’agents nous disant de faire ceci ou cela. Nous étions juste six mecs occupés à faire ce qui les faisait marrer.

Gilliam (en bas à gauche), le seul Python américain, avec ses camarades de jeu

Je crois savoir que George Harrison a consenti une hypothèque afin que La Vie de Brian voit le jour, pour la bonne et simple raison qu’il voulait voir le film. Est-ce exact ?

Oui. George était un grand fan des Python. Il connaissait chaque sketch par cœur. Et lorsque EMI – le studio qui était sur le point de financer le film – s’est retiré en dernière minute, George a sauvé la situation. Ils ont hypothéqué leur grand immeuble de bureaux de Knightsbridge, à Londres. Il a donc rassemblé la somme d’argent nécessaire à la réalisation du film. Et… ça a marché !

Est-ce que vous êtes d’accord avec moi si je vous dis que vous avez pour habitude de casser les codes ? Le christianisme avec La Vie de Brian, bien sûr. La bureaucratie et l’économie avec Brazil

Ce n’est pas faux. En particulier la cause sainte : les choses que nous sommes supposés croire. J’estime que nous devons les déconstruire. Constamment.

Les contes, les rêves et l’imagination ont une grande place dans votre univers. Vous êtes un des rares réalisateurs surréalistes mondialement connus ?

Si ce n’était pas le cas, j’aurais probablement eu plus de succès auprès du grand public. Il y a cependant de nombreux réalisateurs qui font des films surréalistes, mais dont on n’entend jamais parler. J’ai juste la chance de pouvoir toucher Hollywood et des lieux semblables qui permettent à mes films d’être vus par davantage de gens.

Que pensez-vous du surréalisme belge ? Je pense à René Magritte, Christian Dotremont, Joseph Noiret…

La Belgique est au cœur du surréalisme, pas vrai ?

Tout à fait !

Je pense que tout a commencé avec Jérôme Bosch. Et Pieter Brueghel. Puis viennent Magritte et tous les autres. La Belgique est un drôle d’endroit. Je trouve que c’est un pays schizophrène parce qu’il est à la fois flamand et francophone. Et une certaine friction donne sans doute naissance à une série de choses. C’est ainsi qu’un feu démarre : en mélangeant deux choses.

C’est la quatrième fois que vous venez au BIFFF. Vous étiez notamment présent en 1996 pour présenter L’Armée des 12 singes. Que représentent la Belgique et, en particulier, Bruxelles, à vos yeux ? Est-ce que vous connaissez le cinéma belge et, si oui, y a-t-il un film issu de notre production nationale que vous affectionnez particulièrement ?

Le cinéma belge que j’aime depuis toujours est celui que l’on retrouve dans Toto le héros, de Jaco Van Dormael. J’ai adoré ce film ! « Qui est ce mec ? », me suis-je demandé. Il parvient, à mes yeux, à exprimer exactement ce qui constitue le surréalisme belge. Il y a une certaine magie. Il y a quelque chose de présent… Je ne sais pas de quoi il s’agit cependant. Je ne connais pas la Belgique. Un peu Bruxelles mais c’est tout. Je sais en tout cas que le meilleur musée au monde sur la bande dessinée se trouve sur votre territoire.

Toto le héros, un grand film surréaliste de l’avis de Terry Gilliam

Vous vous y êtes rendu hier, n’est-ce pas ?

Tout à fait ! Je ne saisis pas encore toutes les particularités de la ville mais je l’apprécie pour la bonne et simple raison qu’elle ne ressemble à aucune autre. Il y a un petit quelque chose qui se produit ici, que je ne suis pas à même de traduire avec des mots. Ça reste donc pour moi un mystère. Quelque chose d’intriguant.

Avez-vous vu Mr. Nobody, le dernier film de Jaco Van Dormael ?

Non. Est-ce qu’il est bon ?

Absolument !

Je dois me le procurer par ce qu’il n’est pas arrivé jusqu’en Angleterre. J’ai rencontré Jaco Van Dormael. Je ne me souviens plus de quand c’était. Il y a quelques années. Et c’est une crème. Il est terrible. François Schuiten a-t-il également œuvré sur ce film ?

Oui !

Je vous pose cette question parce que je trouve que Schuiten est extraordinaire. Je l’ai rencontré lors de ma dernière venue ici.
Mais c’est là un des points négatifs que de vivre à Londres : nous n’avons pas la possibilité d’y voir assez de films étrangers. Ceux d’Almodóvar arrivent jusque chez nous. C’est ridicule de faire partie de l’Europe et, en même temps, de faire comme si nous n’étions pas dedans.

François Schuiten et Jaco Van Dormael lors de leur venue au BIFFF, avant la finalisation de Mr. Nobody
Crédit photo : Maria Deiana pour le BIFFF

Parmi les différentes étapes qui jalonnent le processus d’élaboration d’un film, quelle est celle que vous affectionnez le plus ?

L’écriture est un chouette moment parce que c’est celui de tous les possibles : le rêve est là. Le tournage, c’est un cauchemar parce que chaque jour apporte son lot de déceptions, mais de surprises aussi. Puis vient le montage, lorsque vous ordonnez le tout. J’adore le montage parce qu’il impose certaines limites : voilà ce avec quoi nous devons travailler, voilà ce que nous avons tourné, ni plus ni moins. Comment allons-nous faire en sorte que ça marche ? Et, à nouveau, il s’agit quelque part d’une réécriture du scénario du film dans son ensemble à ce moment-là. Et ça, c’est super !

Que pensez-vous des changements que connaît aujourd’hui le cinéma ? Tout d’abord, considérez-vous le moindre usage de la pellicule en faveur du numérique comme un véritable progrès ?

Cela m’importe peu que le film soit tourné en numérique. Il faut juste savoir si vous êtes à même de créer une image suffisamment belle. Et à l’heure actuelle, la pellicule est encore et toujours plus subtile que le numérique. Elle permet de capturer un peu plus de détails. Mais il ne faudra qu’un an ou deux avant que le numérique ne dépasse la pellicule. Je travaille toujours avec le matériau le plus pratique et de la façon qui s’avère sans doute la moins onéreuse. Parce qu’il s’agit toujours d’économiser de l’argent afin que le message que vous souhaitez exprimer passe au mieux.

Qu’en est-il de la 3D ? Voyez-vous cela comme une révolution qui pourrait être comparée, dans un sens, à l’arrivée du cinéma parlant, ou comme un simple gadget ?

C’est un gadget ! La 3D n’a été pensée selon moi que pour vendre de nouveaux postes de télévision. Je pense vraiment que c’est l’idée de base. Je ne sais pas si ça va durer ou pas. Ça coûte plus d’argent. Et si ça coûte plus d’argent, ça vient sans doute limiter les idées que vous pouvez concrétiser à l’écran. Ça ne m’intéresse pas. Les paires de lunettes ne sont pas agréables à porter. J’estime que ce procédé sacrifie le contraste. Il n’y a donc aucun intérêt. Le contraste vous apporte de la profondeur. Il se trouve grandement diminué et puis vous mettez ces lunettes sur le nez et faites ce truc artificiel. Est-ce que ça en vaut la peine ? Je n’en suis pas convaincu.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les acteurs avec lesquels vous avez travaillé, de manière générale ? Et peut-être sur un d’entre eux en particulier : Johnny Depp. C’est, je crois, un de ceux avec lesquels vous avez préféré tourner…

En fait, j’ai eu la chance de travailler avec d’excellents acteurs. Tourner avec Johnny était pour moi une grande joie parce qu’il est à la fois très drôle et très vif. Il est très rapide. À de nombreux égards, c’était un peu comme si je travaillais à nouveau avec les Monty Pythons car il est extrêmement inventif. Il avait une idée, moi une autre… Il avait une idée, j’en avais une… Boum ! Ça se passait comme ça ! Mais il y a aussi des gens comme Jeff Bridges. J’adore Jeff ! Quelque part, il prenait un peu de ma folie pour lui donner une sorte de solidité et en faire quelque chose de vraiment concret. C’est magnifique de travailler avec ces acteurs. Je ne suis pas chanceux en fait : je fais très attention au moment de choisir les personnes avec lesquelles je travaille.

Quelques mots pour les visiteurs de « En Cinémascope » peut-être, à présent ?

Salut ! Vous êtes sur « En Cinémascope » ! Et vous êtes en train de regarder, quelque part, Terry Gilliam qui regarde des gens travaillant « En Cinémascope » ! Ce n’est pas en cinémascope ! C’est sur un petit écran. Vous lisez peut-être ça sur votre iPhone. Et vous devez regarder au-delà de votre iPhone parce qu’un monde entier vous attend. Mais quoi que vous fassiez, restez connecté à « En Cinémascope » ! Je serai là le restant de vos jours !

Jean-Philippe Thiriart

Le Combo 4K Ultra HD, Blu-ray 3D et Blu-ray et Wonder Woman 1984

Sortie Blu-ray : WONDER WOMAN 1984 en envoie… un peu trop

Sortie Blu-ray : WONDER WOMAN 1984 en envoie… un peu trop 1800 2205 Jean-Philippe Thiriart

Réalisé par Patty Jenkins
Avec Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig, Pedro Pascal, Connie Nielsen, Lilly Aspell

Action, fantastique
2h31

Une sortie Warner Home Video

Le film   ★★

Wonder Woman 1984 – ou WW84, c’est selon – nous emmène d’abord sur l’île de Themyscira, où la jeune Diana Prince, alias Wonder Woman, vit avec ses sœurs Amazones. Cette entrée en matière de qualité aurait gagné à être davantage développée car c’est trop rapidement que nous plongeons en 1984 – rien à voir avec le roman de George Orwell -, où la super-héroïne DC Comics devra faire face à deux nouveaux ennemis.

Les scénaristes de cette suite du film de 2017 parviennent à développer de façon relativement convaincante trois des quatre personnages principaux : le duo Diana Prince – Steve Trevor (déjà présent dans le premier opus du reboot) et la maladroite Barbara Minerva (Kristen Wiig, très convaincante). C’est moins vrai pour l’homme d’affaires raté Max Lord (Pedro Pascal, qui en fait beaucoup trop).
Également une des coproductrices du film, l’actrice israélienne Gal Gadot (Wonder Woman) propose un jeu de grande qualité. Si son personnage, précédemment interprété par Lynda Carter dans les années 1970, s’avère intéressant, c’est notamment parce qu’il propose plusieurs niveaux de lecture.

Tandis que le premier film de cette nouvelle saga permettait de connaitre les origines de Wonder Woman et de présenter son personnage, ici, nous découvrons ce qu’elle est devenue, le temps d’un nouveau voyage dans le temps. La reproduction de l’ambiance des eighties est une des grandes réussites du métrage et c’est avec bonheur que nous avons opéré, grâce au film, un retour vers le passé de plus de 35 ans.
Si le film a quelques longueurs, hormis lors de la dernière partie du film, WW84 propose ce qu’il faut d’effets spéciaux.

Ah oui, nous allions oublier : Si nous vivons dans un monde de besoins inconsidérés qui ne sont en rien nécessaires, « Greatness is not what [so many – too many – people] think it is. » (« L’excellence, ce n’est pas ce que [tant – trop – de gens] pensent. »)

Le Combo 4K Ultra HD + Blu-ray 3D + Blu-ray   ★★★

Les bonus du film sont divisés en trois parties.

« Scene Studies: The Mall et The Open Road », d’abord. Soit deux retours sur autant de scènes-clés du film.

« The Making of Wonder Woman 1984 », ensuite.
« Expanding the Wonder » permet d’aller plus loin que le film avec les principaux acteurs qui ont participé à la réussite de WW84, parmi lesquels, naturellement, Patty Jenkins, réalisatrice, coscénariste et coproductrice du film.
Figure entre autres, dans « Small But Mighty », l’audition de Lilly Aspell, qui joue avec talent Diana enfant. Nous y apprenons notamment qu’elle n’a pas été doublée une seule fois et découvrons sa complicité avec l’actrice danoise Connie Nielsen (Gladiator, L’Associé du diable).
Dans « Meet the Amazons », nous rencontrons les actrices qui interprètent les Amazones participant aux Jeux du même nom que l’on découvre au début du film, huit jeunes femmes venues d’horizons très différents.
« Gag Reel » propose le tout aussi classique qu’immanquable bêtisier du film.
« Black Gold Infomercial » reprend la fausse pub pour la Black Gold Cooperative de l’homme d’affaires à la dérive Max Lord.
On retrouve aussi dans cette partie du Blu-ray le sympathique « WONDER WOMAN 1984 Retro Remix ».

Enfin, parmi les bonus du Blu-ray dédié, on peut découvrir la partie « GAL & KRISTEN ». Deux éléments, ici : « Friends Forever » et « Gal & Krissy Having Fun », clip mettant en avant la complicité entre les actrices Gal Gadot et Kristen Wiig.

Rendez-vous en 2022 pour le troisième volet des aventures de la super-héroïne au lasso de vérité !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Le 39e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 39e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 512 288 Jean-Philippe Thiriart

Tandis que le soleil n’avait pas encore laissé sa place aux ténèbres, le dimanche 18 avril dernier sur le coup de 18 heures, Guy Delmote, directeur du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), est sur le point d’annoncer les noms des vainqueurs de cette pour le moins étrange 39e édition du Festival. Face à ce soleil qui brille encore bien haut dans le ciel, nous allons découvrir le palmarès de cette édition cent pour cent en ligne, chose qui eut été aussi inconcevable qu’inexplicable il y a encore quinze mois tant le BIFFF est un Festival qui se vit en présentiel, en « vrai ». Néanmoins, les organisateurs ont réussi un tour de force : celui de garder, treize jours durant, une très grande proximité avec les BIFFFeurs. Chapeau à eux !

Le palmarès Courts-métrages

C’est après la diffusion du fort décalé Hiroshima Mons-Namur, réalisé par le Magic Land Théâtre, que l’annonce du palmarès débute. Celui des films commence avec les Prix récompensant les courts-métrages programmés cette année. Le Prix du Public de la Compétition internationale va à Horrorscope, réalisé par l’Espagnol Pol Diggler. The Last Marriage, des Suédois Gustav Egerstedt et Johan Tappert, reçoit le Méliès d’Argent du Court-métrage. Et est, dès lors, nominé pour la Compétition du Méliès d’Or du Court où il représentera le BIFFF en octobre prochain à Sitges, en Catalogne.

Au sein de la Compétition nationale, un film rafle tout : Prix Jeunesse, Prix La Trois, Prix Be tv et Grand Prix du Festival. Son nom retentit dans notre casque tel l’indication de l’arrêt d’un cheval de Troie par notre antivirus informatico-covidien : T’es morte Hélène. Notons que le film de Michiel Blanchart avait déjà reçu le Grand Prix du Court-métrage à Gérardmer en début d’année.

Le palmarès Longs-métrages

Venons-en aux longs-métrages avant que le temps ne soit écourté de deux minutes pourtant bien indispensables à la lecture de ce qui suit.
Le Pégase, Prix du Public du BIFFF 2021, va à Vicious Fun, de l’Américain Cody Calahan. Le Prix du Public de l’édition fantôme du BIFFF 2020 est attribué à Bloody Hell, de l’Australien Alister Grierson.
Le Jury Presse décerne une Mention Spéciale à Caveat de Damian McCarthy et octroie son Prix de la Critique à Beyond the Infinite Two Minutes du Japonais Junta Yamaguchi.
Vous l’aurez compris : vous venez de rattraper les deux minutes de retard accumulées précédemment.

Le Jury de la Compétition 7e Parallèle attribue une Mention Spéciale au film canadien Violation de Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli, et le White Raven à… Beyond the Infinite Two Minutes ! Quand nous vous disions que nous allions rattraper le temps perdu…
Le Jury de la Compétition européenne attribue ensuite une Mention Spéciale à Host de Rob Savage tandis que le Méliès d’Argent est attribué à Riders of Justice du Danois Anders Thomas Jensen, film de clôture du Festival.
Le Jury international remet ensuite les Corbeaux d’Argent à Son, de l’Irlandais Ivan Kavanagh et à The Closet, du Sud-Coréen Kwang-bin Kim. Enfin, ce même jury attribue le Corbeau d’Or, LE Grand Prix du BIFFF, à… Vicious Fun !

Encore félicitations aux gagnants de notre concours, organisé en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles et vite l’an prochain pour fêter dignement le 40e anniversaire du BIFFF !

Raphaël Pieters, avec la participation de Jean-Philippe Thiriart

Critiques de films

Beyond the Infinite Two Minutes   ★★★★
Junta Yamaguchi (Japon)

À vrai dire, nous avions hésité à pointer ce film parmi ceux à regarder absolument. Amateur de films japonais, nous nous sommes laissé tenter. Finalement, septante minutes tout bonnement inimaginables !
Propriétaire de café, Kato réside juste au-dessus de son établissement. Un soir pareil à tous les autres, alors qu’il traine ses savates dans sa chambre, son ordinateur resté allumé l’interpelle soudainement. Pour son plus grand étonnement, il s’aperçoit à travers l’écran et discute tout à coup avec lui-même. L’homme face à lui dit alors : « je suis le futur toi, je suis toi dans deux minutes ». Débute alors une mise en abyme spatiotemporelle bougrement ingénieuse et, stylistiquement, proche de la perfection. Quand on tient une idée pareille, le résultat est aussi original que superbe. Ici, c’est indubitablement le cas !
Raphaël Pieters

Bring Me Home   ★★★★
Seung-woo Kim (Corée du Sud)

Plusieurs années après sa disparition, un enfant fait toujours l’objet d’intenses recherches par ses parents, qui n’ont jamais perdu espoir. Mais à la suite d’un canular de mauvais goût, un tragique accident de la route aura raison du père. Malgré cela, Jung-yeon, la mère, jettera ses dernières forces dans la bataille, se lançant seule sur une piste donnée par un coup de fil anonyme. Son fils aurait été vu servant de gamin à tout faire dans un village de pêcheurs vicelards sous la coupe d’un commandant de police loin d’être net.
Premier film écrit et réalisé… et premier petit chef-d’œuvre, tout simplement, pour le Coréen Seung-woo Kim. Le cinéaste semble même ne jamais avoir fait quoi que ce soit d’autre auparavant (ne pas confondre avec son homonyme, acteur durant les années 90 et 2000) et offre ici un long-métrage magnifiquement ficelé, d’une violence psychologique ahurissante, qui laisse place à l’émotion et à une certaine poésie sans toutefois tomber dans un pathos indigeste. Drame social et psychologique, Bring Me Home doit notamment sa qualité à l’interprétation du rôle principal par Lee-Yeong ae (Lady Vengeance), qui n’a aucunement perdu de sa force de jeu, ainsi qu’à un rythme narratif précisément dosé. Une pépite.
Guillaume Triplet

Hitman: Agent Jun   ★★
Won-sub Choi (Corée du Sud)

Le film raconte l’histoire de Jun, ancien tueur à gage passionné de bande dessinée. Lors d’une mission périlleuse, il simule sa propre mortpour pouvoir échapper aux services secrets et réaliser son rêve de faire de la BD.
Hitman: Agent Jun, c’est James Bond qui rencontre Jong-hui Lee, le scénariste de l’anime Tower of God. Dans ce mélange presque nanardesque d’action et de comédie, le réalisateur s’amuse des codes propres à chaque genre pour offrir un délire visuel burlesque qui fait mouche par moments.
L’esthétique est classique, à l’exception de certains passages assez surdynamiques, ce qui peut gêner le visionnage du film. Mention spéciale aux parties en animation qui sont de toute beauté.
S’ils surjouent parfois, les acteurs restent néanmoins parfaitement dans le ton de cette comédie barrée.
Maxence Debroux

Lips   ★★★
Nicole Tegelaar (Belgique) – court-métrage

L’histoire est celle de Lily, qui tente de remonter le fil de ce qui lui est arrivé après qu’elle s’est réveillée dans une clinique spécialisée dans les greffes de lèvres.
Après l’excellent Yummy de Lars Damoiseaux l’an dernier (programmé notamment au FIFF 2020), la Flandre nous sert une nouvelle histoire, en version courte cette fois-ci, dans le milieu de la chirurgie. Plus sérieux que le huis clos d’infectés précités, Lips (Lippen) bénéficie d’une esthétique léchée des plus agréables pour ce récit qui se veut à la fois angoissant et charnel. Une nouvelle preuve, au cas où certains en douteraient encore, que le nord de notre pays ne manque ni d’idées originales ni de talent pour les mettre en forme.
Guillaume Triplet

Migrations   ★
Jerome Peters (Belgique) – court-métrage

Une ferme reculée dans laquelle vit une famille de dégénérés alcooliques, bas du front et racistes de surcroit, est-elle le bon endroit pour un extraterrestre porteur a priori d’un message de paix ? Il y a de fortes chances que la réponse soit non.
Le second court de Jerome Peters aura laissé votre serviteur dans l’indifférence tant il n’y aura pas trouvé grand-chose à sauver. Humour potache, jeu d’acteurs proche du néant mais une photographie encore sympa sont ce qu’on en a retenu.
Guillaume Triplet

The Shift   ★★
Alessandro Tonda (Belgique, Italie)

Ce matin, dans l’école bruxelloise que nous découvrons dans ce film qui fut le film d’ouverture du Festival, la sonnette retentit comme de coutume. Les adolescents se dirigent vers leur classe respective. Soudain, dans l’entrée, des coups de feu résonnent et des corps s’effondrent les uns après les autres tandis que les cris des vivants se mêlent au sang des morts. Deux jeunes transformés en kamikazes décident alors de se faire exploser. La détonation retentit. Les secours se précipitent sur les lieux et s’organisent tant bien que mal. Un jeune adolescent blessé est pris en charge par Isabelle et Adamo, deux ambulanciers.
Le réalisateur nous présente ici plusieurs sujets très actuels. Son film, à suspense et plein d’audace, aborde l’immigration et la genèse de jeunes terroristes en manque de repères.
Raphaël Pieters

Slate   ★★
Ba-reun Jo (Corée du Sud)

Une jeune femme rêve de devenir une actrice reconnue. Mais elle ne parvient pas à boucler ses fins de mois sans l’aide de sa colocataire. Un beau matin, elle se réveille dans un monde fort différent de celui qu’elle connaît, dans lequel elle a l’habitude de devoir se justifier en permanence. Aura-t-elle l’occasion de prouver sa vraie valeur et de montrer à tous le courage qui l’anime ?
Ce film s’inspire librement de Kill Bill et de Army of Darkness mais fait aussi preuve de modernité avec ses références aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux. Quant à la musique du film, elle nous fait par moments penser à celle de westerns spaghettis bien connus. Chacun trouvera son compte avec ce film qui tente également avec plus ou moins de succès de faire preuve d’humour.
Raphaël Pieters

Vicious Fun   ★★★
Cody Calahan (États-Unis)

Nous avions coché ce film parmi ceux à voir absolument et le moins que l’on puisse écrire est que nous ne nous étions pas trompés puisqu’il s’agit ni plus ni moins que du lauréat du Grand Prix de cette 39e édition du BIFFF.
Joel est critique de film pour un magazine de films d’horreur. Bien malgré lui, il se retrouve au beau milieu d’une bande de tueurs en série. Il tente alors de les convaincre que, lui aussi, est un tueur-né. Parviendra-t-il à utiliser ses connaissances sur les films de genre pour se faire passer pour ce qu’il n’est pas ?
Ce film au scénario drôlement bien ficelé et aux scènes assez longues mais très prenantes est une superbe réussite. Les clins d’œil aux films de genre sont nombreux et son humour décalé et décapant est on ne peut plus appréciable.
Raphaël Pieters

The Weasels’Tale (El cuento de la comadrejas)   ★★★
Juan José Campanella (Argentine)

Un groupe de quatre vieux amis formé d’un réalisateur, d’un scénariste, d’une actrice et de son mari partage une ancienne et grande demeure à la campagne. C’est alors qu’un jeune couple menace leur bonne cohabitation en leur proposant de racheter la maison afin de pouvoir y développer leur propre projet. Très vite, une résistance farouche à ces deux jeunes plein d’ambition s’organise.
The Weasels’Tale est un film qui vaut le détour pour ses dialogues très construits et truculents. L’humour est une des pierres angulaires de ce métrage. Les conflits intergénérationnels sont aussi évoqués avec tout le cynisme nécessaire. Ce film nous a par moments fait penser à ceux de Quentin Tarantino. Un conseil ? Méfiez-vous des apparences…
Raphaël Pieters

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Valérian et la Cité des Mille planètes

VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES, ce soir en TV : un Besson en pleines formes !

VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES, ce soir en TV : un Besson en pleines formes ! 1348 759 Jean-Philippe Thiriart

Valérian et la Cité des mille planètes est diffusé ce dimanche soir à 21h05 sur TF1.

Valérian et la Cité des mille planètes

Réalisé par Luc Besson (2017)
Avec Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Ethan Hawke, Rihanna

Science-fiction
2h18

★★

Le premier album de la série de bandes dessinées de science-fiction Valérian et Laureline date de 1967. C’est dans le magazine hebdomadaire français Pilote, consacré presque exclusivement au neuvième art dès le milieu des années soixante, que ses héros apparaissent. Cette série de BDs comporte 23 albums écrits par Pierre Christin entre 1971 et 2007. Luc Besson a bien évidemment dû faire un choix pour réaliser son avant-dernier bébé (le dernier, Anna, est sorti en 2019). Il a dès lors décidé de se baser sur le sixième album : L’ambassadeur des ombres, paru en 1975. Tout en prenant certaines libertés bien sûr. En effet, si les références sont nombreuses, la trame s’avère pour sa part bien différente de l’album dont le réalisateur s’inspire ici.

Rayon acteurs, on retrouve Dane DeHaan, connu principalement pour son rôle du Bouffon Vert dans The Amazing Spiderman : le destin d’un héros. Il joue ici le rôle central de Valérian. Un peu méconnu du grand public, il joue tantôt la malice tantôt la sincérité. On retrouve également la très belle Cara Delevingne, qui tenait déjà le rôle principal de La face cachée de Margo, une belle réussite sortie en 2015. Les acteurs plus expérimentés sont à chercher parmi les seconds rôles. Clive Owen (La mémoire dans la peau, Le Roi Arthur ou encore Inside Man) joue ici le rôle du commandeur Arün Filitt avec nuances. Au casting également, Ethan Hawke (Before Sunrise il y a plus de vingt-cinq ans déjà mais aussi Lord of War, Before Midnight ou, plus récemment, Les sept mercenaires). Plus surprenante est l’apparition de Rihanna dans un rôle que nous qualifierons de… très élégant !

L’intérêt majeur de ce film ne réside sans doute pas dans le jeu de ses acteurs mais bien dans ses effets spéciaux et dans les messages qu’il transmet. En effet, le film de Besson s’inscrit dans la lignée de deux de ses rejetons : Lucy dans une certaine mesure et, bien sûr et surtout Le Cinquième élément. Tandis que ces deux films étaient destinés à un public déjà sorti de l’enfance, Valérian et la Cité des mille planètes s’adresse aux dix ans et plus. Pas de véritable scène violente en effet. Les effets spéciaux permettent au réalisateur de nous emmener d’une planète à une autre et de faire cohabiter des créatures plus invraisemblables les unes que les autres.

Comme de nombreux films de science-fiction, Valérian et la Cité des mille planètes imagine une vie humaine spatiale après un cataclysme sur Terre et ailleurs.
D’aucuns verront peut-être un certain sexisme dans ce film. Mais le septième art made in Besson n’en demeure pas moins un cinéma dans lequel la femme occupe, bien souvent, une place centrale.
Si les films de science-fiction nous aident à reconnaître nos erreurs passées, individuelles ou collectives, et à les accepter, afin d’envisager l’avenir sous un jour meilleur, alors ils peuvent sans aucun doute être qualifiés de réussites. Valérian et la Cité des mille planètes est de ceux-là.

Raphaël Pieters et Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Fantastique, le 39e BIFFF démarre ce mardi avec 10 séances à gagner !

Fantastique, le 39e BIFFF démarre ce mardi avec 10 séances à gagner ! 1307 735 Jean-Philippe Thiriart

Le BIFFF ? Présent !

Le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) aura bel et bien lieu cette année. Dès ce mardi 6 avril et jusqu’au dimanche 18. Avec une animation de la Twice Agency le 6 avril à 19h et une autre, du Magic Land Théâtre, le 18 à 19h. Fantastique, pas vrai ? En effet puisque les organisateurs du BIFFF ont tout mis en en œuvre pour que les festivaliers vivent cet événement dans des conditions optimales, depuis chez eux. Cette année, damoiselles et damoiseaux, si le mot « cauchemar » n’est pas encore derrière nous quand il est associé au coronavirus, il sera bel et bien présent sur les écrans des BIFFFeurs, pour leur plus grand plaisir cette fois. De nombreux films au menu des amateurs de cinéma de genre devraient en effet s’avérer délicieux et ce n’est pas le réalisateur de Yummy, le Belge Lars… Damoiseaux, membre du jury de la compétition 7e Parallèle qui devrait dire le contraire.

Flute alors, on va encore devoir rester à la maison… Certes, mais cette 39e édition sera l’occasion d’offrir non pas une flute, mais bien une parenthèse enchantée longue de 13 jours à tous les amateurs de films de fantasy, de films fantastiques, de thrillers, de films de science-fiction (le BIFFF, c’est tout ça !) et on en passe tant le film de genre est multiple. Vous l’aurez compris : le BIFFF 2021 se tiendra donc intégralement en ligne.

Les films

Le Festival s’ouvrira avec The Shift, claque belgo-italienne sur un attentat terroriste dans une école bruxelloise. Un film qui est, d’après les organisateurs du Festival, « dédié à tous les soldats sans arme qui se battent pour nous au quotidien. » Ils estiment ainsi que « c’était la moindre des choses de leur rendre cet hommage ».
Quant au film de clôture, il s’agira de Riders of Justice, thriller drolatique danois très remarqué. Le synopsis : Markus, militaire danois déployé dans une zone de combat, rentre chez lui après le décès de sa femme dans un accident de train. Il doit s’occuper de leur fille, Mathilde. Mais il a tôt fait de découvrir que le déraillement de train qui a coûté la vie à sa femme n’est peut-être pas accidentel. Et à partir de là, forcément, ça va faire mal !
Parmi les longs-métrages à découvrir : trois avant-premières mondiales, neuf avant-premières internationales et quatre avant-premières européennes. Ce BIFFF 2021 proposera aussi 63 courts-métrages belges, européens et internationaux.

Cette année, les programmateurs ont choisi de nous présenter une « section infectée », soit un florilège des films qui auraient dû faire partie de l’édition 2020 du Festival. Y figurent notamment les deux films coréens pour lesquels nous vous faisons remporter des séances cette année. Il s’agit de Bring Me Home et de Hitman: Agent Jun et c’est à la fin de cet article que ça se passe !
Les films présents dans la compétition 7e Parallèle seront au nombre de sept, justement : Beyond the Infinite Two Minutes, Barcelona Vampires, Honeydew, Hotel Poseidon, King Car et Violation.
En compétition européenne, six films : Post Mortem, Host, Caveat, Meander, The Guest Room et Riders of Justice.
Enfin, les longs-métrages présents en compétition internationale seront Vicious Fun, Son, The Closet, Sound of Violence et Superdeep.

Édition en ligne oblige, les organisateurs ont dû faire des choix. Il n’y aura ainsi malheureusement pas de compétition thriller cette année. Bien que moins copieuse, la cuvée 2021 s’annonce déjà bien sanguine. Voici, pèle-mêle, quelques films à ne pas manquer : le très attendu Psycho Goreman, Cyst, Possessor – deuxième long-métrage du fiston Cronenberg -, le fort surprenant Keeping Company, Aporia – film qui nous vient tout droit du désert et des steppes d’Azerbaïdjan -, Vicious Fun ou encore Bloody Hell.

L’atmosphère du BIFFF… à la maison

Mais le BIFFF, ce n’est pas qu’une détonante sélection de films, c’est aussi une ambiance complétement dingue. Et un des gros défis pour les organisateurs cette année est d’amener l’ambiance du Festival chez vous, autant que faire se peut, grâce à la BIFFF Zone (direction bifff.net) et son contenu exclusif. Y figureront classiques revisités, Q&A avec les invités, événements (Nuit Fantastique, Bal des Vampires…) concours et défis, chatrooms, chansons, bien sûr, et d’autres surprises.
En outre, le Festival proposera des BIFFF Packs permettant de vivre ce BIFFF à la maison : anti-BIFFF blues, rations de survie, affiches et sérigraphies, de quoi occuper les gamins et bien plus encore !

En pratique

L’addition ne s’annoncera donc pas trop salée puisque chaque long-métrage est proposé au prix de trois euros, tarif qui s’applique à chaque séance de courts-métrages dans son entièreté. Tous les films de l’édition 2021 seront disponibles du mardi 6 avril, à 19h, au dimanche 18 avril. À l’exception de deux films : Riders of Justice, uniquement accessible le soir de la clôture, à partir de 19h, et Seobok, à découvrir sur la plateforme du Festival du 15 au 18 avril.
Comment rejoindre cet univers ? En vous rendant sur bifff.net, pour accéder ensuite à la plateforme BIFFF online, tout simplement. Une fois commandé, chaque film est alors visionnable pendant 48 heures.

Concours Corée : 10 séances à gagner !

En partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, nous vous proposons cette année de remporter, via notre concours Facebook, 5 x 2 séances pour des films coréens annoncés comme de belles réussites.

Pour chaque gagnant(e) : un accès à l’uppercut Bring Me Home ou au feel good movie Hitman: Agent Jun. Et un deuxième accès à l’autre film de ce chouette duo de longs-métrages, pour la personne de son choix !

Comment faire ? Direction la page Facebook de « En Cinémascope ».
1) Aimez la page Facebook de « En Cinémascope ».
2) Aimez et partagez notre publication sur Facebook en mode public.
3) Identifiez votre ami(e) en commentaire de la publication.

Début du concours : lundi 5 avril à midi
Clôture du concours et tirage au sort : vendredi 9 avril à midi.
Annonce du nom des gagnants, sur notre page Facebook toujours : vendredi 9 avril à 15h.

Les gagnant(e)s et la personne qu’ils/elles auront choisie recevront alors par mail le code d’accès à leur film.

Ajoutons que trois autres films coréens font partie de la programmation. Il s’agit de Seobok, présenté comme un mix entre The Transporter et The Island, donné à voir quelques heures seulement après sa première mondiale. De Slate, annoncé comme le trait d’union entre le troisième volet de Evil Dead et Kill Bill.Enfin, un film « Rétro Corée du Sud » sera aussi de la partie : Il Mare de Hyun Seung Lee. Empreint de romance fantastique, ce film avait déjà marqué bon nombre de spectateurs présents lors de l’édition 2001 du Festival.

Excellent BIFFF à toutes et tous !

Jean-Philippe Thiriart et Raphaël Pieters

Niet Schieten

NIET SCHIETEN (NE TIREZ PAS), ce soir en TV : interview de Stijn Coninx et Jan Decleir, et critique

NIET SCHIETEN (NE TIREZ PAS), ce soir en TV : interview de Stijn Coninx et Jan Decleir, et critique 1152 576 Jean-Philippe Thiriart

Diffusé ce mardi 30 mars à 21h05 sur La Trois, le film flamand Niet Schieten (Ne tirez pas) est un film nécessaire. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir l’interview du réalisateur Stijn Coninx et de son acteur principal, l’immense Jan Decleir, réalisée au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF). Ainsi que notre critique du film.

Critique du film

Niet Schieten (Ne tirez pas)

Réalisé par Stijn Coninx (2018)
Avec Jan Decleir, Vivian de Muynck, Jonas Van Geel, Inge Paulussen

Drame
2h19

★★★

Niet Schieten est indéniablement un des films flamands de l’année 2018. Le film retrace le parcours de la famille Van de Steen après la dernière attaque des tueurs du Brabant au grand magasin Delhaize d’Alost le 9 novembre 1985. David Van de Steen avait alors 9 ans et sera le seul rescapé de sa famille à l’issue de cette attaque, ses parents et sa sœur décédant sur place. Lui devra apprendre à vivre avec des opérations à répétition pour sauver sa jambe touchée dans l’attaque et à faire son deuil. Dans cette recherche de deuil et de reconnaissance, l’aide de son grand-père (Jan Decleir, excellent) s’avèrera très précieuse.

Le dernier Stijn Coninx est un film nécessaire pour comprendre les enjeux des attaques des tueurs du Brabant. Aujourd’hui encore, beaucoup de questions autour de l’enquête sur les tueries restent sans réponse. Ce film a le mérite de remettre les victimes au centre de cette affaire qui ébranla toute la Belgique et son système politique, judiciaire et sécuritaire au début des années 80. Et celui de montrer une histoire commune à tous les Belges, qui allait impacter nombre de nos compatriotes.

Niet Schieten met également en avant avec beaucoup de douceur le courage et la volonté d’un grand-père à vouloir trouver les responsables de la mort des membres de sa famille pour aider son petit-fils à continuer à vivre. Jan Decleir parvient à montrer les sentiments importants d’un grand-père malgré son caractère fort taiseux, empli de retenue et de pudeur.

Stijn Coninx nous démontre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent. Le duo qu’il forme ici avec Jan Decleir, né 25 ans plus tôt avec leur film Daens, n’a rien perdu de son efficacité et permet la naissance d’un film de qualité. Nécessaire.

Pour rappel, plus de trente ans après les faits, les auteurs de ces tueries qui ont ébranlé la Belgique au début des années quatre-vingt, sont certainement pour la plupart toujours en liberté. Cet ensemble d’attaques à main armée reste, sans aucun doute, l’affaire irrésolue la plus importante de notre pays.

Raphaël Pieters, avec la participation de Jean-Philippe Thiriart

Interview de Stijn Coninx et Jan Decleir

Jan Decleir, nous vous avons découvert dans Daens lors d’une projection scolaire à l’âge de 15 ans. Vous jouiez le rôle d’Adolf Daens, un prêtre catholique flamand qui se battait pour plus de justice sociale et contre la pauvreté. Stijn Coninx, pourquoi avoir choisi d’aborder à nouveau ces deux thèmes, avec beaucoup d’intensité, dans Niet Schieten ?

Stijn Coninx : On était tous les deux touchés et bouleversés par cette histoire, qui n’est pas évidente et qui, pour nous, est plutôt une histoire de famille et non une histoire sociale à la base. Mais il s’agit certainement d’une histoire d’injustice. Mais c’est vrai que c’est une histoire sociale dans le sens où toutes les familles ont vécu la même chose, ont eu les mêmes sentiments et les mêmes blessures. Les membres de ces différentes familles meurtries sont restés tout seuls dans leur coin avec leurs questions, sans réponses.

Jan Decleir : Je suis tout à fait d’accord avec ce que Stijn a dit. Peut-être qu’il aimerait ajouter quelque chose…

Stijn Coninx : Il y a des moments dans la vie où on est touché par quelque chose. Quand David Van de Steen a écrit son livre, il a tout de suite pensé que si ce dernier était adapté au cinéma, ce serait à Jan de jouer à l’écran le rôle de son grand-père.

Jan Decleir : Il avait vécu des choses injustes et ça, c’est quelque chose que l’on partage. Il faut des gens qui se posent des questions. Ce n’est jamais évident de jouer, de partager certaines choses et, de temps en temps, il n’y a pas de mot.

Pensez-vous que les victimes sont plus aidées en Belgique depuis les tueries du Brabant et qu’un travail a véritablement été accompli ?

Jan Decleir : Je ne crois pas. C’est dommage. C’est gênant mais non, je ne crois pas. David a rencontré des victimes de Zaventem et ils ont raconté leurs histoires. Cela fait quelque chose. Il faut tenir compte du fait que cela rouvre des blessures. Il faut aussi voir comment fonctionnent nos démocraties et les leaders démocratiques qu’on a choisis. Il faut tenir compte des erreurs du passé.

Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important pour les victimes d’une telle affaire : pouvoir découvrir la vérité ou savoir que tout a été fait pour la découvrir ?

Jan Decleir : Bonne question ! Cela aide un peu de savoir qu’on a tout fait pour découvrir la vérité mais on sait aussi que, dans le cas présent, ça n’a pas du tout été le cas. La douleur reste, c’est incroyable. David doit raconter son histoire en permanence mais le mal reste là, à jamais.

Stijn Coninx : David a commencé à mettre des choses sur papier quand il était à l’hôpital en 2009 parce qu’il était là, de nouveau dans le même couloir, de nouveau pour une opération, avec sa femme et son fils à ses côtés. Il n’avait pas de réponses à ses questions presque deux générations plus tard. Ses grands-parents avaient alors près de nonante ans.
Il avait par conséquent besoin d’une thérapie. C’est avant tout pour cela qu’il était nécessaire de partager cette histoire. Mais aussi, comme Jan le dit, si, un jour, il peut avoir l’impression que tout a vraiment été fait pour retrouver les tueurs du Brabant, alors ça ira. Mais il est évident que ce n’est pas le cas. Il y avait tant de possibilités de pouvoir aller plus loin dans l’enquête.
C’est pourquoi il est important de partager cette histoire, non pas nécessairement parce que le film va permettre de résoudre cette affaire mais parce qu’avec l’opinion publique, on va pouvoir accorder une place plus importante aux victimes et éventuellement découvrir de nouveaux éléments qui n’ont jamais été dévoilés.

Propos recueillis par Raphaël Pieters

Nos cotes :
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Retour sur LOST HIGHWAY, le chef-d’œuvre de David Lynch

Retour sur LOST HIGHWAY, le chef-d’œuvre de David Lynch 653 925 Guillaume Triplet

Réalisé par David Lynch (1997)
Avec Bill Pullman, Patricia Arquette, Balthazar Getty, Robert Loggia
Version restaurée (Cinéart)

Néo-noir
2h15

★★★★

Envoûtant. Probablement l’un des qualificatifs qui correspond le mieux à Lost Highway, chef-d’œuvre (ultime ?) de David Lynch. Un film qui, près de 25 ans après sa sortie, fait encore référence. Quand le spectateur s’y plonge, il part irrémédiablement pour un voyage aux confins de l’imaginaire, du rêve et d’une réalité distordue, si chers au réalisateur. D’aucuns diront que ce dernier a peut-être même synthétisé ses envies, son art et son sens de la narration dans ce « néo-noir » qui respecte les codes tout en les bousculant.

L’histoire est celle de Fred Madison (Bill Pullman), saxophoniste de free jazz marié à l’attirante et intrigante Renée (Patricia Arquette) qu’il sera accusé d’avoir assassinée sans que le motif ni le déroulement du crime ne soient clairement définis. Lors de son incarcération, et par l’entremise d’un jeu de « portes » (une des récurrences de l’auteur), Fred se retrouvera dans la peau de Pete (Balthazar Getty), un jeune garagiste de 24 ans, et sera amené à vivre une vie étrangement parallèle à la sienne.
Comme toute tentative de description d’un film de David Lynch, celle-ci paraît vaine tant son cinéma prend surtout les intrigues comme vecteurs d’ambiance. L’histoire et les personnages sont pour lui des notions importantes mais peut-être pas autant que l’atmosphère qu’il peut créer autour d’elles. La forme serait-elle plus importante que le fond ? Les histoires seraient-elles uniquement des prétextes pour Lynch ? Le débat est intéressant puisque, malgré cela, chez lui, l’un ne va pas sans l’autre. Il suffit d’ailleurs de prendre pour preuve l’investissement dont font preuve les acteurs et la manière qu’ils ont de s’investir dans leurs personnages.

Les films de Lynch, et à plus forte raison Lost Highway, se présentent presque comme des expériences sensorielles. Chaque plan pourrait presque être encadré. Le metteur en scène joue sur les images et les textures au point que celles-ci semblent palpables lors de certaines séquences comme celles des gros plans sur les lèvres de Patricia Arquette lorsqu’elle parle dans le cornet du téléphone.

Lost Highway est un film complet qui permet au spectateur d’exercer, s’il le veut, son sens de l’interprétation tant le champ des possibles est ouvert. Adulé ou détesté, peu importe. Le film enferme le savoir-faire d’un artiste capable de pondre des films de prime abord incompréhensibles mais qui captent l’attention, interrogent, éveillent les sens. Servi par une bande originale dantesque (Angelo Badalamenti, David Bowie, Nine Inch Nails, Rammstein, Lou Reed…) qui reflète également l’importance de la musique dans le cinéma lynchéen, Lost Highway, dont le titre est d’ailleurs celui d’un classique country de Hank Williams, est une œuvre fondamentale.

Si Cinéart a eu la bonne idée de le ressortir en 2019 en DVD et en Blu-ray par le biais de cette version restaurée, on peut déplorer l’absence de bonus. Cette réédition permettra donc de (re)découvrir le film dans de bonnes conditions mais sans réel plus malheureusement.

Guillaume Triplet

Nos cotes :
☆              Stérile
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Au revoir Bernard… – Interviews de Bernard De Dessus les Moustier

Au revoir Bernard… – Interviews de Bernard De Dessus les Moustier 2560 1696 Jean-Philippe Thiriart

Nous l’avions rencontré pour la première fois au cinéma Galeries à Bruxelles, très ému à l’issue de la projection équipe du film Je me tue à le dire de son ancien étudiant Xavier Seron. Puis l’avions retrouvé juste avant la première projection publique de ce long métrage de fiction – le premier pour son réalisateur – au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).

Lui, c’est Bernard De Dessus les Moustier, professeur de réalisation à l’IAD et producteur chez Novak Prod. C’est cette dernière casquette qu’il portait ces soirs-là puisque c’est la maison de production bruxelloise qui a principalement accompagné Je me tue à le dire.

Nous lui avions demandé de réagir à l’accueil réservé au film par les spectateurs lors de la projection équipe. Et de nous parler du processus de production du film. À Namur, il nous parlait notamment de sa rencontre à l’IAD avec Xavier et du travail sur le scénario.

Ces deux interviews traduisent l’enthousiasme, la ténacité mais aussi la sincérité que Bernard mettait dans les projets dans lesquels il croyait.
Bernard De Dessus les Moustier est décédé le 17 février dernier. Il avait 56 ans.

Vous pouvez découvrir l’article que nous lui avons consacré en guise d’hommage sur le site de Cinergie.

Au revoir Bernard…

Jean-Philippe Thiriart

Guillaume Senez

NOS BATAILLES, ce soir en TV et en DVD : interviews du réalisateur et regards croisés

NOS BATAILLES, ce soir en TV et en DVD : interviews du réalisateur et regards croisés 667 1000 Jean-Philippe Thiriart

Diffusé ce dimanche 7 février à 20h35 sur La Trois en clôture de la belle semaine que la RTBF consacre au cinéma belge, le film Nos batailles fait aujourd’hui, sur « En Cinémascope », l’objet d’un dossier consacré au film et au DVD du métrage, sorti chez Cinéart.

Nous vous proposons ainsi de découvrir les interviews du réalisateur du film, Guillaume Senez, après le succès remporté par le film à Cannes et, plus récemment, lors de la présence du cinéaste belge au dernier Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) en tant que membre du Jury Longs Métrages. Il présente le film et décrit sa belle aventure cannoise à la Semaine de la critique.

Et n’hésitez pas à visionner la conférence de presse du film au FIFF !

Regards croisés

Nos batailles

Réalisé par Guillaume Senez
Avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Lucie Debay, Laure Calamy, Dominique Valadié, Lena Girard Voss, Basile Grunberger

Drame
1h38

Le regard de Raphaël Pieters sur le film

★★

Nos batailles est le deuxième long métrage du réalisateur belge Guillaume Senez, après Keeper en 2015. Keeper avait notamment reçu le Prix de la critique au FIFF et le Prix du Meilleur premier film lors de la septième cérémonie des Magritte du Cinéma.

Romain Duris interprète dans Nos batailles un père qui va devoir apprendre à jouer le rôle d’une mère qui a disparu. Cette mère, c’est l’actrice belge Lucie Debay (Magritte du Meilleur espoir féminin en 2016 pour son rôle dans Melody). L’histoire débute dans une petite ville du nord de la France. Olivier (Romain Duris) est contremaître dans un entrepôt de vente en ligne. Alors qu’il enchaine les heures de travail sans compter, sa femme s’occupe des enfants le soir et est vendeuse dans une boutique de vêtements la journée. Mais après une journée éprouvante au boulot, Laura disparait sans mot dire. La suite sera un combat emprunt de débrouillardise pour organiser une vie familiale fort chamboulée.

Le statut de père débrouillard convient assez bien à Romais Duris, arrivé aujourd’hui à un âge qui lui permet de jouer ce genre de personnages. Il est évident qu’il possédait bel et bien la maturité nécessaire pour cet exercice. La comédienne Laetitia Dosch joue le rôle d’une tante attentionnée et sensible pour les enfants, Laure Calamy celui d’une collègue de travail en manque de repères familiaux et Dominique Valadié celui d’une grand-mère qui doit tout à coup revenir aux affaires.

Le thème du film est connu, plusieurs films ayant déjà traité de la disparition brutale d’un parent et des difficultés à surmonter pour l’autre partent, qui se retrouve seul à gérer vie professionnelle et vie familiale. Ce qui ressort dans ce film, c’est le poids des non-dits, des difficultés de communication entre les membres d’une même famille lors d’un tel événement. Nos batailles est surtout intéressant en ce sens. Le film montre également la précarisation des familles monoparentales. Ce problème de société se devait d’apparaitre enfin plus précisément à l’écran même si ce sont d’abord et avant tout les femmes sui sont touchées par ce phénomène.

Si la question du manque dans une famille monoparentale est ainsi abordée de manière assez fine et émouvante, celle de l’injustice sociale l’est également. Ce traitement permet à Nos batailles de garder une certaine cohérence de bout en bout.

Le regard de Guillaume Triplet sur le film et le DVD

Le film

★★★

Olivier (Romain Duris) travaille dans une usine. Il est chef d’équipe et, en bon syndicaliste qu’il est, met un point d’honneur à défendre ses collègues vis-à-vis d’une direction parfois oppressante. Mais Olivier est aussi père de deux enfants qu’il voit difficilement grandir et qui est forcé de prendre ses responsabilités lorsque sa femme Laura (Lucie Debay) décide de quitter la maison.

Prenant, puissant et mené par des acteurs aussi justes que leurs personnages sont attachants, il n’est pas difficile de comprendre la raison pour laquelle le deuxième film de Guillaume Senez a été autant récompensé (NDLR : le film a remporté cinq Magritte du Cinéma en 2019, dont ceux du Meilleur film et de la Meilleure réalisation). Le metteur en scène laisse une grande spontanéité à ses interprètes. Ce qui, au final, sert admirablement le propos.

Nos batailles est un film social parfois rugueux, mais souvent tendre, qui accroche le spectateur de bout en bout sans tomber dans la pleurnicherie, et est agrémenté d’une profonde réflexion sur le sens des priorités. Une bien belle réussite.

Le DVD

★★

Le DVD distribué par Cinéart fait le boulot, en proposant, en bonus, scènes-clés et scènes coupées commentées par le réalisateur, ainsi que son court métrage U.H.T., qui s’inscrit dans la droite lignée de son film mais en version fermière.

Un dossier préparé par Jean-Philippe Thiriart, Raphaël Pieters et Guillaume Triplet

Captations : Mazin Mhamad et Mourad Khlifi.
Montages : Mourad Khlifi et Jean-Philippe Thiriart
Crédit photo : Nicolas Simoens

Bonne année 2021 et excellents Magritte du Cinéma !

Bonne année 2021 et excellents Magritte du Cinéma ! 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Bonne année 2021 avec « En Cinémascope » !

Toute l’équipe de « En Cinémascope » se joint à nous pour vous souhaiter une année 2021 cinémagique ! Notre vœu le plus cher ? Que le cinéma revienne, habité par la vie, en cette année nouvelle ! Pour pouvoir continuer à le fêter ensemble. Pour les passionnés que vous êtes, par les passionnés que nous sommes.
Merci à Timothy Byrne pour ce détournement de l’affiche du film The Revenant !

Et excellents Magritte du Cinéma jusqu’au 7 février sur la RTBF ! …

S’il n’y aura, cette année, pas de cérémonie de remise des Magritte du Cinéma, l’Académie André Delvaux, organisatrice de l’événement, et la RTBF ont néanmoins décidé de mettre le cinéma belge à l’honneur.
Tapis bleu pour les Magritte du Cinéma donc, avec un programme événementiel concocté avec la complicité des acteurs de notre cinéma ! Jusqu’au dimanche 7 février, tous les médias de la RTBF célébreront notre septième art. À travers la diffusion de longs métrages notamment.
Nous avons choisi de vous présenter plusieurs films projetés cette semaine via les interviews que nous avons publiées autour de ces œuvres.

Découvrez ainsi :

Nos neuf interviews de l’équipe de Duelles (ce lundi 1er février à 20h35 sur La Une) aux Magritte 2020 : Giordano Gederlini et Olivier Masset-Depasse (Meilleur scénario original ou adaptation), Veerle Baetens (Meilleure actrice), Damien Keyeux (Meilleur montage), Hichame Alaouie (Meilleure image), Frédéric Vercheval (Meilleure musique), et Marc Bastien, Héléna Réveillère et Olivier Struye (Meilleur son).

Notre interview du duo d’acteurs principaux de Noces, de Stephan Streker (ce jeudi 4 février à 21h05 sur La Trois) aux Magritte 2018 : les très complices Lina El Arabi et Sébastien Houbani. Une interview réalisée pour Proximus TV.

Nos interviews de François Damiens (coscénariste, réalisateur et acteur principal du film) et de cinq des acteurs de Mon Ket (ce vendredi 5 février à 20h45 sur La Une), ainsi que les interviews de cinq de ses invités à l’avant-première du film à l’UGC De Brouckère : Jaco Van Dormael, Alice on the Roof, Kody, Jean-Jacques Rausin et Pierre Kroll.

Notre captation de la conférence de presse de Nos Batailles (ce dimanche 7 février à 20h35 sur La Trois), en présence notamment de son réalisateur Guillaume Senez et de son acteur principal Romain Duris, film qui a été le grand gagnant des Magritte 2019 et qui a ouvert le Festival de Namur (FIFF) en 2018.

… Et jusqu’au 14 février en VOD !

Les plateformes VOD de Proximus, Sooner et VOO mettront, elles-aussi, notre cinéma en avant via une programmation spéciale commune de neuf films belges éligibles cette année mais qui seront en lice pour l’édition 2022 des Magritte : Adorables, Adoration, Bigfoot Family, Filles de joie, La forêt de mon père, Jumbo, Losers Revolution, Lucky, Noura rêve, et Pompéi).

Cerise sur le gâteau : la RTBF lance la page Auvio « Belgorama »

Vitrine de la belgitude, cette nouvelle page thématique dédiée à la création belge dans tous ses formats – longs métrages, courts métrages, documentaires, séries, podcasts et fictions digitales – célébrera, promouvra et mettra en valeur celles et ceux qui donnent au secteur audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles toute sa force.
Olivier Masset-Depasse et François Damiens seront les premiers à être mis à l’honneur. Ainsi que le documentaire multi-primé Mon nom est clitoris.

Plus d’infos sur la sélection de films et de documentaires programmés sur la RTBF dans le cadre de ces Magritte particuliers ? C’est par ici !
Et pour en savoir plus sur les émissions consacrées à la Belgique dans ce cadre, c’est par là !

Jean-Philippe Thiriart