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Retour sur la dernière édition de l’Offscreen Film Festival : de l’étrangeté grecque au folklore britannique, en passant par la Belgique

Retour sur la dernière édition de l’Offscreen Film Festival : de l’étrangeté grecque au folklore britannique, en passant par la Belgique 904 1320 Jean-Philippe Thiriart

Voici un peu plus de trois mois, se clôturait la 18e édition de l’Offscreen Film Festival, qui s’est déroulée du 12 au 30 mars à Bruxelles, avec quelques prolongements en avril via ses délocalisations (Offscreen Liège du 1er au 11 avril, double séance namuroise le 6 avril). Ce fut l’occasion de s’immerger dans le côté sombre du folklore britannique et irlandais, d’explorer les facettes étranges et provocatrices du cinéma grec, de se souvenir que la Belgique possède aussi ses sympathiques trublions (Picha, Boris Szulzinger) et, en plus de ces importants volets rétrospectifs, de découvrir de nouvelles productions de diverses contrées, souvent hors normes, en avant-première. Un bon cocktail d’ancien et de récent, d’underground et de classiques, de longs et de courts, le tout servi en des lieux, eux aussi, fort variés (le cinéma Nova, Cinematek, l’Aventure, le Ritcs : plusieurs salles, plusieurs ambiances).

Ce fut aussi l’opportunité de rencontrer toute une série d’invités. Le réalisateur Thibault Emin est par exemple venu présenter Else, l’équipe de Reflet dans un diamant mort a assisté à la belle avant-première de ce nouveau film de Hélène Cattet et Bruno Forzani, le Britannique Robert Wynne-Simmons a introduit son The Outcasts ainsi que La Nuit des maléfices de Piers Haggard, dont il a signé le scénario, Miguel Llansó est venu pour son nouveau film, Infinite Summer, mais était aussi présent pour une mini rétrospective en son honneur, sans oublier notre Picha national ! Le samedi 15 mars après-midi, des conférenciers se sont succédé pour parler de folk horror sous différents angles. Jacques Spohr, quant à lui spécialiste du cinéma d’exploitation grec, a captivé le public avec ses connaissances pointues et son art de la présentation, notamment lors de séances organisées en partenariat avec le Wet Kingdom Film Club.

Côté pratique, certains soirs, les festivaliers pouvaient se restaurer au bar du Nova, qui faisait, pour ces occasions, table d’hôtes. De la bonne nourriture saine servie à un prix démocratique. Un concept convivial pas assez mis en avant. Nous souhaitions préciser cela.

La petite bourse de cinéma d’occasion, organisée dans le sous-sol du Nova, a permis de chiner des DVD, Blu-ray, affiches et livres. Un rendez-vous qui fait toujours plaisir aux collectionneurs !

Mais revenons aux films en eux-mêmes, avec un retour sur une sélection choisie de la programmation de cette 18e édition du Festival.


All You Need Is Death   ★★
Paul Duane (Irlande)

Un jeune couple, Anna et Aleks, collecte les chansons traditionnelles irlandaises. Un jour, ils tombent sur une piste qui a l’air particulièrement intéressante : une mystérieuse dame âgée connaîtrait une très vieille chanson dont les paroles sont dans une langue antérieure au gaélique. Mais leur quête va les mettre en danger, car une malédiction est attachée à cet ancien chant.

Paul Duane, qui a essentiellement réalisé des courts métrages, des épisodes de séries télévisées, des clips et des documentaires musicaux, signe un film d’épouvante original et immersif. Il mêle folk horror et épouvante gothique, avec une touche de body horror. Bien entendu, la dimension musicale est importante et bien travaillée. On ne saurait trop conseiller de regarder All You Need Is Death en V.O. afin de maximaliser le « bain linguistique », vu l’importance accordées aux sonorités langagières. À mentionner tout de même, une légère déception quant à la fin, qu’on aurait espérée plus impressionnante, même si la proposition de Duane (réalisateur, mais aussi scénariste du film) se défend également.

Arcadia   ★★
Paul Wright (Royaume-Uni)

Arcadia est un documentaire expérimental que l’on doit à Paul Wright, réalisateur, producteur et scénariste britannique auteur de plusieurs courts métrages et du long métrage de fiction For Those In Peril, présenté à Cannes dans le cadre de la 52e Semaine de la Critique en 2013. Datant de 2017, Arcadia consiste en un montage d’images d’archives notamment tirées du British Film Institute (téléfilms, public information films, etc.) qui retrace l’évolution de la relation entre les Britanniques et leur terre sur un siècle. Le sens est assez cryptique, le spectateur n’est pas pris par la main, c’est à lui à deviner ce que le réalisateur veut signifier par cette accumulation tumultueuse d’images. On y voit, par exemple, des nudistes, des danseurs Morris, des paysans travailler les champs au début du vingtième siècle, des personnes s’adonnant à quelques rites païens, des rave parties… Le tout est accompagné de musiques produites par Adrian Utley (Portishead) et Will Gregory (Goldfrapp), musiques qui aident grandement le spectateur à se laisser bercer – presque hypnotiser – par ces images. Wright joue du contraste entre une certaine nostalgie du rapport primitif à la terre et une crainte liée aux conséquences de l’industrialisation du pays. Un propos identitaire et écologique coulé dans une forme originale. Arcadia, c’est une œuvre filmique qui se vit et ne se raconte pas. Une expérience bizarre dont l’Offscreen Film Festival a le secret.


Arcadia   ★★★
Yorgos Zois (Grèce/Bulgarie/États-Unis)

Il ne s’agit pas d’une erreur de notre part, il y a bien eu deux films différents intitulés « Arcadia » programmés cette année. Celui-ci est une pure fiction, une avant-première qui avait sa place dans le module « Weird Greece » qui regroupait aussi bien des films plus ou moins récents du courant appelé « Greek Weird Wave » (Canines de Yorgos Lanthimos, Pity de Babis Makridis…) que de purs films d’exploitation des années 60 et 70 (Island of Death de Nico Mastorakis, The Wild Pussycat de Dimis Dadiras…). Yorgos Zois conte l’histoire d’un couple qui se rend dans un village côtier grec afin d’identifier le corps d’un accidenté de la route. Dans ce long métrage, on apprend que les fantômes ne savent pas ôter les chaussures qu’ils portaient de leur vivant et qu’ils doivent s’adonner à des actes sexuels pour pouvoir se remémorer leur passé. Des idées loufoques pour une comédie ? Non, il s’agit bien d’un drame fantastique dans lequel le réalisateur fait montre d’une jolie sensibilité qui rend l’ensemble touchant malgré ce côté décalé. Le ton du film est donc sérieux, la démarche de Zois, sincère, et la direction d’acteurs, tout à fait adéquate. Vangelis Mourikis, qui a déjà une carrière de plusieurs décennies derrière lui, possède une bonne présence physique ; on se souviendra de son visage.

Dead Mail   ★★★
Joe DeBoer et Kyle McConaghy (États-Unis)

Dans les années 80, un employé de la poste spécialisé dans les courriers perdus reçoit un bout de papier maculé de sang sur lequel est écrit un appel à l’aide. Il va tout mettre en œuvre pour trouver d’où provient cette singulière missive. Super bien écrit, Dead Mail nous fait passer du point de vue d’un personnage à l’autre et mêle différents genres ainsi que différentes émotions. Étonnant, malin, original et touchant, ce film bénéficie d’une interprétation savoureuse de la part des multiples acteurs principaux et d’un joli rendu d’image à l’ancienne mimant le grain de la pellicule 16 mm. Les personnages sont attachants, la direction artistique, adéquate (même les affreux papiers peints lui confèrent un certain charme), et le rythme ne faiblit pas, tout comme l’intérêt du spectateur, qui est constamment relancé. Il y est question, entre autres, de passion (passion pour les synthétiseurs, passion pour son travail…), de solitude, de débrouillardise et de volonté de contrôle. Une très sympathique découverte parmi les « Offscreenings », le module qui regroupe les avant-premières.


Else   ★★
Thibault Emin (Belgique/France)

Multirécompensée, notamment au festival de Sitges, cette coproduction belgo-française a été mise à l’honneur par les organisateurs de l’Offscreen Film Festival en tant que film d’ouverture de cette 18e édition. Elle faisait partie, elle aussi, du module « Offscreenings ». L’histoire est celle d’Anx et Cass, qui vivent les débuts d’une idylle ensemble dans un monde comme le nôtre, si ce n’est qu’ils peuvent se connecter en deux clics à un vaste système de surveillance par caméras, appelé sans surprise « Big Brother ». Un étrange virus va faire son apparition, se transmettant par le regard et faisant fusionner le vivant à l’inanimé. Bravant le confinement qui s’est rapidement imposé, Cass va s’installer chez son nouvel amoureux afin de vivre à deux cette situation chaotique. Premier long métrage de Thibault Emin, qui adapte son propre court métrage, Else est une intéressante variation autour de la thématique du body horror, qui donne lieu à des visions impressionnantes (un chien ayant fusionné avec l’intérieur d’un mur, par exemple). Le réalisateur s’adonne à de nombreuses expérimentations visuelles (couleurs vs. noir et blanc, flou…), tandis que l’actrice Edith Proust (Cass) apporte une belle plus-value par son jeu d’une fraîcheur épatante. La fin, elle, nous a laissé plus dubitatif avec son esthétique qui tranche trop avec le reste.


Le Big Bang   ★★
Picha (France/Belgique)

Le Belge Picha (pseudonyme de Jean-Paul Walravens) ainsi que son comparse Boris Szulzinger, étaient célébrés par le festival via une rétrospective de leurs principaux faits d’armes et le documentaire de Luc Jabon Picha, envers et contre tout. On en a profité pour zieuter Le Big Bang (1987), sur lequel Picha est réalisateur et Szulzinger producteur. Dans ce film d’animation pour adultes, la surface de la Terre, bien amochée par la Troisième Guerre mondiale, est désormais divisée en deux continents : l’USSSR, peuplé par des hommes mutants russo-américains et Vaginia, où vivent uniquement des femmes. Fred, un super héros looser, qui gagne sa croûte en tant qu’éboueur de l’espace, est envoyé sur notre planète par les plus hautes instances afin d’éviter à tout prix une Quatrième Guerre mondiale qui apparaît comme imminente. Il croisera sur son chemin un dictateur obsédé par les postérieurs, des robots-Hitler, des robots-Valkyries, des danseuses de ballets parachutées du ciel, et on en passe. Un film d’animation irrévérencieux, grossier et ne s’excusant pas de l’être, où tout tourne autour du sexe et dont l’humour fonctionne souvent, mais pas toujours. Il se situe en dessous du niveau de Tarzoon, la honte de la jungle : il est tout à fait dans la même veine, mais en recycle plusieurs éléments (leader féminin aux innombrables seins…), ce qui le rend un peu moins novateur.


Reflet dans un diamant mort   ★★★
Hélène Cattet et Bruno Forzani (Belgique/Luxembourg/Italie/France)

C’est lors de cette édition du Festival qu’a eu lieu la première Bénélux de Reflet dans un diamant mort, en présence d’une grande partie de l’équipe du film.

N’hésitez pas à découvrir notre critique ici !

Vous retrouverez également, sur En Cinémascope, un article reprenant la critique de leur film précédent – Laissez bronzer les cadavres et du combo Blu-ray – DVD de celui-ci, ainsi qu’un long entretien avec les réalisateurs. Avec, en bonus, une interview express de Manu Dacosse, le directeur photo de tous les longs métrages qu’ils ont commis, leur premier film, Amer, inclus, dans le cadre de la présence aux Magritte du Cinéma de leur deuxième bébé : L’étrange couleur des larmes de ton corps.

Reflet dans un diamant mort

The Outcasts   ★★★
Robert Wynne-Simmons (Irlande/Royaume-Uni)

The Outcasts fait partie du module « The haunted isles : folk horror and the wyrd in the UK and Ireland », l’une des thématiques principales de cette dix-huitième édition de l’Offscreen Film Festival. Réalisée par le trop rare Robert Wynne-Simmons, scénariste de La Nuit des maléfices (Blood on Satan’s Claw), également programmé cette année, cette petite perle sombre constitue une bonne immersion dans l’Irlande rurale du début du dix-neuvième siècle et son folklore. Maura, jeune femme marginalisée, ne parlant presque pas, rencontre Scarf Michael en pleine forêt, lors de la nuit du mariage de sa sœur. Ce Scarf Michael est un violoniste itinérant faisant l’objet d’une légende rurale dont l’évocation fait frémir de terreur les villageois. Suite à des circonstances malheureuses, Maura sera accusée de sorcellerie… Avec sa beauté rugueuse, le film fait bien sentir la dureté de la vie de l’époque et parle de la peur de l’inconnu, du rejet de la différence et de la difficulté à s’affirmer. Bercé par une superbe B.O. folk, se déroulant sur un rythme posé et aidé par une interprétation pleine d’authenticité, il conjugue amour et mort en un tableau grave et touchant.


Sandy Foulon

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Photo de couverture :
Hélène Cattet et Bruno Forzani, réalisatrice et réalisateur de Reflet dans un diamant mort, au Nova
Crédit photo : Offscreen Film Festival

REFLET DANS UN DIAMANT MORT : un bijou vivifiant aux mille reflets

REFLET DANS UN DIAMANT MORT : un bijou vivifiant aux mille reflets 600 857 Jean-Philippe Thiriart

Voici deux jours, sortait dans nos salles Reflet dans un diamant mort, le nouveau film du duo Hélène Cattet-Bruno Forzani.

Pour en apprendre davantage sur leur travail, n’hésitez pas à découvrir notre article précédent, principalement consacré à leur avant-dernier long métrage : Laissez bronzer les cadavres.

Reflet dans un diamant mort ★★★

Réalisé et scénarisé par Hélène Cattet et Bruno Forzani
Directeur de la photographie : Manu Dacosse
Avec Fabio Testi, Yannick Rénier, Koen De Bouw, Maria de Medeiros, Thi Mai Nguyen

Action, mystère, drame
1h27

On peut dire que l’attente fut longue ! Sept ans après Laissez bronzer les cadavres, le duo Hélène Cattet-Bruno Forzani nous revient enfin avec un nouveau film. Son titre, Reflet dans un diamant mort, à la fois beau et mystérieux, établit un dialogue tant avec le James Bond Les Diamants sont éternels qu’avec le titre du livre de Sébastien Gayraud et Maxime Lachaud Reflets dans un œil mort : Mondo movies et films de cannibales, retitré Mondo movies : reflets dans un œil mort à l’occasion de sa réédition en 2024. Ce dernier est une référence pointue, dont l’objet vise un public de niche au sein même de la niche des fans de cinéma dit « de genre ». Cette remarque permet de mettre en exergue une des grandes caractéristiques de la filmographie du couple franco-belge (NDLR :Hélène et Bruno sont de nationalité française, mais vivent depuis longtemps à Bruxelles, lieu, en 1997, de leur première rencontre) : elle est très référentielle. Ne pas (re)connaître tout le substrat de cinéma bis, en particulier italien, à partir duquel elle s’est forgée serait passer à côté d’une dimension non négligeable de leur travail et d’une partie du plaisir cinéphilique qu’il peut procurer.

Bruno Forzani et Hélène Cattet

Ici, en l’occurrence, il s’agit d’un grand hommage au filon appelé Eurospy (imitations des James Bond typiques des années 60, parmi lesquelles on peut citer Opération Goldman d’Antonio Margheriti, Des fleurs pour un espion d’Umberto Lenzi, Opération Lotus Bleu de Sergio Grieco ou encore Cible mouvante de Sergio Corbucci), ainsi qu’aux adaptations de fumetti neri, ces BD italiennes dont le personnage central est un malfaiteur masqué, telles que Diabolik ou Satanik. Les deux réalisateurs font revivre ces univers à travers l’histoire d’un ancien espion, John D., vivotant dans un hôtel de luxe sis sur la Côte d’Azur, qui va se remémorer sa trépidante vie passée suite au trouble que lui procure sa belle voisine de chambre, qui l’intrigue. Surtout que celle-ci disparaît mystérieusement…

Le vieil homme est interprété par Fabio Testi. Le choix de cet acteur illustre bien tout l’amour que portent les deux réalisateurs au cinéma bis italien. En effet, Testi est un nom marquant du cinéma populaire de la botte, s’étant illustré, entre autres, dans le western spaghetti avec des films comme Django et Sartana de Demofilo Fidani ou Les Quatre de l’Apocalypse de Lucio Fulci, dans le Giallo avec Mais… qu’avez-vous fait à Solange ? de Massimo Dellamano et dans le Poliziottesco (le néo-polar italien, en vogue pendant les années de plomb) avec, par exemple, Big Racket d’Enzo G. Castellari et La Guerre des gangs de Lucio Fulci. De quoi faire vibrer la corde nostalgique des fans de ce cinéma-là. La distribution est notamment complétée par Yannick Renier, qui joue la version plus jeune de John D., l’acteur belge Koen De Bouw (Loft, Largo Winch : le prix de l’argent) et Maria de Medeiros (Pulp Fiction, The Saddest Music in the World).

Fabio Testi en ancien agent secret

Le diamant du titre est le symbole du film tout entier : par son esthétique fragmentée, avec les fragments de souvenirs qui remontent à la surface de la mémoire du vieil homme, essayant de reconstituer l’ensemble, comme les différentes facettes composant la pierre précieuse, mais aussi par les multiples prismes sous lesquels on peut l’aborder. On a parlé de son aspect référentiel, mais il va au-delà de ça, en ayant par exemple un discours sur la figure du héros, celui d’hier et la nécessité d’en forger un d’un autre type aujourd’hui, en jouant sur l’illusion et les illusions (perdues ?)… Reflet dans un diamant mort fait partie de ces films qui nécessitent idéalement plusieurs visions pour être pleinement appréhendés.

Une nouvelle fois, les auteurs d’Amer nous plongent dans un cinéma hyper sensoriel (travail méticuleux sur les gros plans, sur les textures, sur le son…), rempli de fulgurances visuelles. À ce propos, Reflet dans un diamant mort est influencé par le courant artistique appelé « op art », qui joue sur les effets et les illusions d’optique. De même qu’on a la vue perturbée face aux œuvres de cette tendance, on a les sens tourneboulés face à ce film. Les réalisateurs restituent avec talent l’intériorité d’un personnage, quitte à nous dérouter par sa narration non classique et le flou entretenu entre ce qui relève du vrai souvenir et ce qui est de l’ordre du fantasme.

Réalité ou fantasme…

Reflet dans un diamant mort est donc un film d’une belle richesse, où Cattet et Forzani fusionnent, comme à l’accoutumée, cinéma populaire et cinéma expérimental selon une recette qui leur est propre, accouchant d’un petit bijou aux mille facettes qui retravaille tout un passé cinématographique pour arriver à un résultat revigorant.

Sandy Foulon

Maria de Medeiros et Fabio Testi

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Le 18e Offscreen Film Festival démarre ce soir au Nova !

Le 18e Offscreen Film Festival démarre ce soir au Nova ! 350 494 Jean-Philippe Thiriart

Outre le Cinéma Nova, où cette 18e édition d’Offscreen s’ouvrira aujourd’hui sur le coup de 19h, le Festival investira, jusqu’au 30 mars, trois autres lieux bruxellois : le Cinémas RITCS, le Cinéma Aventure et CINEMATEK.

Des décentralisations auront également lieu à Namur, à Mons et en Flandre. Plus tard, Liège prendra le relais, du 1er au 11 avril, avec la 11e édition d’Offscreen Liège.

Au programme cette année, notamment :
– un focus majeur sur la Folk Horror britannique et irlandaise,
– « Weird Greece », mise à l’honneur du cinéma d’exploitation grec avec la projection de films introduits par le spécialiste Jacques Spohr, créateur de L’Insatiable,
– un hommage au dessinateur, scénariste et réalisateur de films d’animation belge Picha, avec la programmation notamment de Tarzoon, la honte de la jungle, Le chaînon manquant et Le big bang,
– la projection du légendaire huitième épisode de la troisième saison de Twin Peaks, en hommage au regretté David Lynch, épisode coréalisé avec Mark Frost, et
– une bourse aux films d’occasion d’Offscreen.

Le huitième épisode de la troisième saison de Twin Peaks sera projeté

Cette 18e édition de l’Offscreen Film Festival sera à nouveau l’occasion pour les festivaliers de découvrir bon nombre de films en rétrospectives ou en avant-premières, des avant-premières qui seront au nombre de… 18. Forcément !

Alors… join the cult !

Plus d’infos sur le site du Festival.

Jean-Philippe Thiriart, avec la participation de Sandy Foulon

Sortie littéraire : CINÉMA ABC. LA NÉCROPOLE DU PORNO

Sortie littéraire : CINÉMA ABC. LA NÉCROPOLE DU PORNO 2518 2560 Jean-Philippe Thiriart

Notre cote : ★★★

CFC-Éditions publiait, pas plus tard qu’hier, Cinéma ABC. La nécropole du porno, un ouvrage de Jimmy Pantera. ABC pour « Art Beauté Confort », un cinéma situé de 1972 à 2013 aux numéros 147 et 149 du Boulevard Adolphe Max, qui promettait d’y voir des films « plus qu’inattendus ». Le Cinéma ABC fut le dernier cinéma porno bruxellois à projeter des films en 35 millimètres accompagnés de live shows de stripteaseuses, un des derniers au monde même.

Richement illustré de photos d’exploitation – pratiquement toutes suffisamment censurées que pour que les bienpensants puissent continuer à bien penser –, de cartons, d’affiches de films et de panneaux promotionnels, ce livre a le mérite d’exister ne fût-ce que parce que, comme l’explique le philosophe Laurent de Sutter, qui préface l’ouvrage, « il n’existe sans doute aucune différence entre une salle de cinéma pornographique, et une salle qui ne le serait pas ». D’où l’intérêt, aussi, de mettre en avant ce type de cinéma via la présentation d’un livre dédié à un lieu qui l’a accueilli pendant pas moins de 41 ans. Et d’ajouter qu’il faut aimer tous les types de cinéma, pornographique inclus car « leur disparition signalera sans doute que les êtres humains, alors, auront perdu une manière de désirer ».
Jimmy Pantera précise dans l’avant-propos de son livre que les stripteaseuses – celles de l’ABC donc notamment – « symbolisaient pour leurs dévots un simulacre platonicien, celui de l’allégorie de la caverne ». Un avant-propos dans lequel il détaille que l’ABC représentait pour d’aucuns « l’ultime cercle de l’enfer d’un genre cinématographique pulsionnel honni (…) abîme du septième art, mais aussi cimetière de la morale ». C’est dans ce cercle que nous sommes invités à pénétrer.
Pantera ne manque pas de souligner l’importance du cinéma Nova et de son équipe dans la naissance de son dernier bébé. C’est en effet ce lieu très spécial du septième art qui est le conservateur des archives de l’ABC. Il met d’ailleurs régulièrement à l’honneur le patrimoine de ce dernier, notamment via la projection de films qui y ont été diffusés. On y apprend ainsi avec intérêt que l’ABC offrait au spectateur un « luxe cinéphilique rare avec cent pour cent de films projetés en pellicule », soit davantage que le Musée du Cinéma de la Cinémathèque royale !

Plus loin, parole ou plutôt plume est donnée à JJ Marsh, historien du cinéma pornographique et fondateur de l’Erotic Film Society, qui partage avec le lecteur nombre d’anecdotes vécues lors de ses passages à l’ABC. Il explique ainsi y avoir retrouvé une habitude qu’il avait adoptée lors de ses visites dans les cinémas pour adultes de Londres durant les années 1980. Il s’asseyait « sur une revue chrétienne évangélique américaine ramassée dans le métro ». Point de cela à l’ABC mais, en lieu et place de la revue chrétienne, « un dépliant du magasin de téléphonie mobile voisin ». Il nous raconte qu’il vivait le court délai précédant la montée sur scène de la danseuse sur le point d’effectuer un striptease comme une plongée dans les limbes, allant jusqu’à se demander si le monde extérieur n’avait pas disparu, si lui et les autres spectateurs allaient « passer l’éternité à attendre une stripteaseuse qui n’arriverait peut-être jamais. » Soit « une variation classée X d’En attendant Godot », ajoute-t-il. Des stripteaseuses qui étaient parfois suivies « par deux ou trois spectateurs en quête de suppléments ou dévorés par un optimisme libidineux ». Il met lui aussi en avant le labeur du cinéma Nova et de ses bénévoles dans le travail de déménagement, de conservation et de restauration des copies de l’ABC, ainsi que l’importance du Festival Offscreen, « consacré au cinéma de genre  » déviant  » et organisé depuis 2008 dans différents lieux bruxellois, dont le cinéma Nova ». Savoureux aussi est son questionnement quant au décor des toilettes, de couleur rouge. Il y voit possiblement une association avec « chaleur, passion, sang ou encore enfer ».

Vient ensuite une section de près de 80 pages intitulée « Pornorama », dans le préambule de laquelle nous apprenons par exemple que si l’ABC possédait, parmi ses milliers de bobines, des longs métrages X cultes, on y découvrit aussi des œuvres très peu connues, proposant de nouvelles perspectives sur certains pans de l’histoire du cinéma, comme Seven Delicious Wishes, un porno de Lloyd Kaufman, futur créateur de la compagnie Troma et son célèbre Toxic Avenger. Et puis cela va des stags aux Nudies et Roughies américains, des grindhouses aux États-Unis toujours, et du mondo italien au Porno chic, en passant par les Glamour films en Angleterre.
Dans « Défense d’afficher », sont présentés des documents pouvant être répertoriés en cinq catégories : pavés de presse, dossiers de presses, affiches de cinéma, photos d’exploitation, et panneaux peints et cartons typographiques.
« Parade du charme » regroupe une quinzaine de récits de témoins de l’histoire de l’ABC, comme ceux de l’avocat Alain Berenboom, du cinéaste Roland Lethem, du docteur en histoire Nicolas Lahaye ou encore de stripteaseuses de l’ABC et de projectionnistes qui ont permis au cinéma d’exister pendant plus de quarante ans.

JJ Marsh voit dans la disparition du cinéma ABC « la fin d’une époque ». Cinéma ABC. La nécropole du porno vous permettra de prolonger, le temps de sa lecture, la magie d’une partie de l’histoire du cinéma bruxellois !

Expo à la Maison CFC et soirée au Nova

L’exposition Cinéma ABC. La nécropole du porno se tient aujourd’hui et demain, samedi 19 septembre, à la Maison CFC, rebaptisée pour l’occasion Maison ABC. On peut y découvrir une sélection d’affiches et de visuels promotionnels de films présentés à l’ABC.

Enfin, ce samedi, encore, une soirée ABC sera organisée au cinéma Nova avec, au menu : films, longs et courts métrages confondus, surprises et rencontre avec l’auteur. Plus d’infos sur nova-cinema.org !

Nos cotes :
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Jean-Philippe Thiriart

Le 13e OFFSCREEN s’ouvre aujourd’hui !

Le 13e OFFSCREEN s’ouvre aujourd’hui ! 828 1172 Guillaume Triplet

La 13e édition du Festival OFFSCREEN aura lieu du 4 au 22 mars 2020.
C’est donc l’occasion pour nous de mettre en avant cet événement qui, au fil des ans, devient un rendez-vous incontournable des mordus de cinéma alternatif.

Comme chaque année, le OFFSCREEN fait la part belle au cinéma qui sort des sentiers battus, ce qui fait un bien fou à notre époque, avouez-le. Et tout cela passe bien sûr par une programmation faisant la part belle à toutes les époques. En effet, et c’est bien cela le plus intéressant, l’amateur de 7e Art que vous êtes pourra bien sûr y découvrir des œuvres récentes, presque des avant-premières, mais aussi et surtout des films cultes ou oubliés qu’il est toujours de bon aloi de revoir sur grand écran. Mais ce n’est pas tout puisque des conférences vous seront également proposées, histoire d’étoffer votre culture qui, au final, ne demande qu’à être abreuvée.
Pour cela, différentes thématiques seront abordées et réuniront chacune des métrages de tous horizons.

Offscreenings 2020

Ce chapitre met à l’honneur les bandes les plus récentes avec notamment (sélection non exhaustive, bien sûr) :
About Endlessness et sa galerie de portraits sarcastiques, petit dernier du réalisateur suédois Roy Andersson.
Samurai Marathon, de Bernard Candyman Rose, et ses… Samurais qui devront courir un… marathon (le titre est somme toute assez clair).
Swallow, de Carlo Mirabella-Davis, ou le calvaire d’une femme prisonnière de la gigantesque demeure de son mari dominateur et de sa belle-famille et qui compense son mal-être en avalant toutes sortes de petits objets trouvés dans l’habitation.
Mope, de Lucas Heyne, sur les « Chris Tucker et Jackie Chan du porno ».
Vivarium, de Lorcan Finnegan, et son jeune couple contraint d’élever un bébé déposé dans une boîte après une simple visite immobilière.
Dogs Don’t Wear Pants, du Finlandais J.-P. Valkeapää, ou l’histoire d’un homme endeuillé qui retrouve goût à la vie grâce à des pratiques BDSM extrêmes.
La comédie d’horreur japonaise It Comes, de Tetsuya Nakashima, dans laquelle on nous promet plus de sang que dans l’ascenseur de Shining.

Vamos a la Playa – Beach Party & Beach Horror Films

Pour ceux qui ont un tant soit peu d’affinité avec la langue d’Almodóvar ou avec celle de Nolan, voire les deux, et qui auraient une petite idée du point commun qui regroupe les films repris sous ce thème, nous répondrons juste qu’ils sont sur la bonne voie. Oui, ils auront bien compris que cela parlera d’étendues sablées et d’eau salée.
C’est ainsi que vous pourrez revoir Creature from the Haunted Sea (1961) du grand Roger Corman, The Horror of Party Beach (1964) de Del Tenney, ayant la réputation d’être un des pires films jamais réalisés, Blood Beach (1980) de Jeffrey Bloom, pure film culte des eighties dans lequel des touristes se font engloutir par le sable de la plage de Santa Monica ou encore la pépite Shock Waves (1977) de Ken Wiederhorn et ses zombies aquatiques nazis.
À côté de cette vague horrifique, vous pourrez également redécouvrir Sonatine (1993) qui a révélé l’acteur-réalisateur Takeshi Kitano, ou encore Les Démoniaques (1974) de Jean Rollin dans lequel on suit deux naufragées faisant un pacte avec le diable dans les ruines d’une abbaye après s’être faites violées et maltraitées par des pirates.
Enfin, que serait un thème sur les films de plages sans le Blue Hawaii et son Elvis Presley en short et chemises à fleurs ? Rien, c’est d’ailleurs pour cela qu’il sera de la partie.

Hong Kong Category III

Mais en voilà une idée. Offrir un focus sur les « Category III » avec un bon paquet de films issus de cette collection en projection sur grand écran ne se refuse certainement pas, à moins d’être un fervent défenseur d’une morale rigide. Car c’est bien de morale dont il est question ici, ou plutôt de barrières morales repoussées. À ce propos, le journaliste Julien Sévéon et d’autres convives proposeront une conférence sur le genre durant laquelle ils aborderont l’aspect briseur de tabous des films de la Category III avec des incursions dans l’Histoire de la Chine, de Hong Kong et des crises politiques pour mieux les comprendre.
Niveau films, le OFFSCREEN nous gâtera avec The Story of Ricky (1991), sommet gore de la Category III avec son orgie de mises à mort en prison, The Eternal Evil of Asia (1995) et son condensé d’ingrédients qui ont fait de la collection ce qu’elle est (fantastique, horreur et érotisme), The Untold Story (1993), basé sur un fait divers et se concluant par une des scènes les plus immorales de l’histoire du cinéma, Devil’s Woman (1996), pure pépite délurée et pas mal d’autres encore.

About Time : A Voyage Through Time Travel Cinema

Ce dernier thème sur le voyage dans le temps est de loin le plus fourni et sera l’occasion pour beaucoup de redécouvrir des films qui les auront probablement accompagnés durant leur jeune temps ou qui leur auront peut-être insufflé la passion du cinéma, rien que ça.
En fait, c’est assez simple : il est très probable que plusieurs des films auxquels on pourrait penser spontanément lorsqu’on évoque le voyage dans le temps soit programmés cette année au OFFSCREEN. Pour n’en citer que quelques-uns :
The Terminator, Back to the Future (oui : les 3 !), Interstellar, Timecrimes, Triangle, Predestination, Star Trek, Twelve Monkeys, Timecop (oui, oui, avec JCVD et sa coupe mulet), The Butterfly Effect, Donnie Darko et on en passe tant il y en a. Même Les Visiteurs se retrouve au programme.

Enfin, et pour couronner le tout, le réalisateur Jeff Lieberman sera à l’honneur cette année au travers de ses 4 longs métrages cultes : Squirm (1976) et ses vers de terre mangeurs d’hommes.
Blue Sunshine (1977), dans lequel des Californiens perdent leurs cheveux et se transforment en tueurs psychopathes.
Just Before Dawn (1981), son slasher culte.
Remote Control (1988) où un employé de vidéothèque tente d’empêcher la diffusion d’un film sur VHS qui permettrait à des extraterrestres de conquérir la Terre.

Avouez quand même qu’il y a de quoi se mettre sous la dent cette année encore !

Toutes les infos et bien plus sur offscreen.be.

Excellent OFFSCREEN 2020 à vous !

Guillaume Triplet

En Cinemascope
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