Événements

Au revoir Émilie… – Émilie Dequenne (1981-2025)

Au revoir Émilie… – Émilie Dequenne (1981-2025) 1800 1232 Jean-Philippe Thiriart

Écrire cet article nous est difficile. Son titre, notamment.
Et refermer la parenthèse de ce dernier, surtout.

C’est qu’Émilie Dequenne a été tout sauf une parenthèse dans nos vies.
Dans notre vie d’amoureux du cinéma. Tant d’auteur que populaire.
Dans celle de journaliste, aussi.

Hier, ont eu lieu ses funérailles et nous tenons, à notre manière, à la remercier pour ces quelques instants précieux vécus avec elle au fil des années.

Ce fut, à chaque fois, un vrai bonheur d’être témoin de sa passion pour le cinéma, belge notamment, qu’elle a fait rayonner aux quatre coins du monde.

C’est que si elle illuminait l’écran, Émilie Dequenne était aussi, humainement, une personne rare.

Merci à elle d’avoir tant donné au septième art, de nous avoir tant donné !

Émilie Dequenne aux 12e Magritte du Cinéma

En guise d’au revoir, nous avons choisi de partager avec vous nos interviews d’Émilie aux 12e Magritte du Cinéma.

Émilie aux 12e Magritte du Cinéma avec Close, de Lukas Dhont.

Lauréate du trophée de la Meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation à fleur de peau d’une maman courage dans le Close de Lukas Dhont, elle mettait en avant, avec éclat, toute l’affection qu’elle avait pour le film, pour son réalisateur Lukas Dhont et pour l’expérience humaine vécue avec l’équipe du film.

C’est avec tendresse que nous vous invitons aussi à la voir nous parler de son plaisir de jouer. C’est qu’elle choisissait ses rôles avec un rare soin, se livrant à chaque fois pleinement pour leur donner toute leur substance.

Émilie nous parle de son plaisir de jouer.

Une filmographie dense et variée

« Je m’appelle Rosetta »

Pour nombre d’entre nous, Émilie restera la bouleversante Rosetta des frères Dardenne. Elle avait d’ailleurs fêté le quart de siècle du film l’an dernier à Cannes, première Palme d’Or décernée à un long métrage belge. Elle était alors en rémission de ce foutu cancer diagnostiqué en été 2023, qui l’a emportée beaucoup trop tôt.

C’est en 1999, en effet, que les Frères Dardenne nous racontaient, à travers elle, l’âpre lutte d’une jeune fille exclue d’une société dans laquelle elle tente coûte que coûte de trouver sa place. Si le film remportait la récompense cannoise suprême, il allait aussi consacrer une toute jeune Émilie Dequenne, Prix d’interprétation féminine à même pas 18 ans.

Ce regard… celui d’Émilie Dequenne, la Rosetta des Dardenne

Au total, sa filmographie compte près de cinquante films, pour une carrière longue de 25 ans. Parmi lesquels figurent, outre les quatre œuvres belges essentielles que sont À perdre la raison, Pas son genre (voir ci-dessous), Chez nous et Close, des œuvres aussi diverses que, pour n’en citer que quelques-unes, Le Pacte des loups (Christophe Gans, 2001), Une femme de ménage (Claude Berri, 2002), La fille du RER (André Téchiné, 2009), Au-revoir là-haut (Albert Dupontel, 2017), Survivre (Frédéric Jardin, 2023) ou encore TKT (T’inquiète) (Solange Cicurel, 2024).

Elle restera aussi, pour nous, la touchante Brigitte de Philippe Lioret dans L’équipier, où elle était, comme à son habitude, pétillante de naturel.

Émilie, Cannes, les César…

Émilie obtenait un second Prix d’interprétation à Cannes en 2012 pour son incarnation d’une maman à la dérive dans À perdre la raison (Joachim Lafosse, 2012).

En 2021, elle se voyait décerner le César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (Emmanuel Mouret, 2020).

… et les Magritte du Cinéma !

En Belgique, elle a été présente et récompensée à plusieurs reprises aux Magritte du Cinéma, cinéma belge francophone et cinéma belge flamand confondus.

En effet, outre son Magritte de la Meilleure actrice dans un second rôle décerné en 2023 pour Close, de Lukas Dhont, et mis en avant ci-dessus en images, Émilie a remporté trois autres statuettes : celles de la Meilleure actrice, cette fois, pour À perdre la raison, ainsi que pour Pas son genre et Chez nous (Lucas Belvaux, 2014 et 2017).

Émilie, amusée et amusante, en 2013, aux Magritte du Cinéma
Crédit photo : En Cinémascope – Rick McPie

Sa présidence des Magritte du Cinéma et Pas son genre

Émilie Dequenne avait également présidé la quatrième Cérémonie des Magritte du Cinéma. C’était en 2014 et c’est dans ce cadre que nous l’avions rencontrée cette année-là, quelques minutes seulement avant sa prise de parole sur la scène de la grande salle du Square, à Bruxelles. Ci-dessous, un extrait de cet entretien.

En Cinémascope : En 2013, vous remportiez le Magritte de la Meilleure actrice pour votre interprétation dans À perdre la raison, de Joachim Lafosse. Cette année-ci, en 2014, vous êtes la présidente de la Cérémonie. Quel sentiment vous anime à quelques minutes du début de la soirée ?

Émilie Dequenne : C’est un trac immense ! C’est très particulier parce que je vois ça comme une responsabilité très importante. Je le dirai ce soir lors de l’ouverture de la cérémonie : au début, ça m’a fait sauter de joie et danser. Et après, je suis un peu redescendue sur terre. Je me suis dit que j’étais quand même très jeune et me suis demandé s’il n’y avait pas plus présidentiable que moi. Mais je vous raconterai tout ça tout à l’heure.

Présider la cérémonie aux côtés de Fabrizio Rongione, qui sera, lui le Maître de Cérémonie, ça doit vous faire quelque chose de particulier ?

Bien sûr ! Avec Fabrizio, c’est spécial parce qu’on s’est connus sur Rosetta. Et il s’agit, pour moi, du film qui a marqué un changement de position, une prise de conscience dans le cinéma belge. Et je pense à tous les autres artistes qui seront présents ce soir sur cette scène. C’est excessivement important pour moi !

Et d’ajouter : « Pas son genre est un film merveilleux qui parle d’amour et dans lequel ça chante et ça danse ! »

Elle avait vu juste en pressentant que « ça va être un très joli film ! », elle qui a été pour beaucoup dans la beauté du film de Lucas Belvaux.

Émilie, quelques minutes avant sa présidence des 4e Magritte du Cinéma
Crédit photo : En Cinémascope – Simon Van Cauteren

Aux Magritte 2015, nous félicitions Jean-Pierre Dardenne pour les trois Magritte qu’il avait obtenu avec son frère Luc pour Deux jours, une nuit, soulignant qu’un lien les unissait à deux autres Magritte décernés ce soir-là. À savoir ceux obtenus par deux des acteur et actrice qu’ils avaient fait naître au cinéma : Jérémie Renier et… Émilie Dequenne, récompensés respectivement ce soir-là des Magritte du Meilleur acteur dans un second rôle (Saint Laurent – Bertrand Bonello, 2014) et de celui de la Meilleure actrice pour Pas son genre, de Lucas Belvaux, donc.

Il nous avait répondu que « Luc et moi, nous sommes très contents pour Jérémie parce que c’est un excellent comédien. Ainsi que pour Émilie. Depuis que nous la connaissons, je pense que le rôle qu’elle joue dans le film de Lucas Belvaux était un grand rêve pour elle. Il y a tellement longtemps qu’elle rêvait de pouvoir chanter au cinéma et d’avoir un rôle aussi flamboyant ! ».

Nous ne pouvons qu’abonder dans le sens des propos de Jean-Pierre Dardenne : Émilie crève l’écran, rayonnant comme jamais dans le film de Lucas Belvaux !

Autre témoignage de sa proximité avec notre cinéma, Émilie était, en 2020, la marraine d’exception du premier volume de « La Belge Collection », quatre courts métrages 100% belges.

Nous vous proposons de laisser le mot de la fin à l’actrice Monica Bellucci, rencontrée aux 10e Magritte du Cinéma. Elle nous parle notamment d’Émilie.
Nous la rejoignions. Nous la rejoignons. Tellement !


Puissiez-vous reposer en paix, à présent, Émilie.

Enfin, beaucoup de courage à votre famille et à vos proches !

Jean-Philippe Thiriart

Excellente année 2025, avec En Cinémascope !

Excellente année 2025, avec En Cinémascope ! 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite une excellente année 2025 !

Quatre acteurs du cinéma belge et international se joignent à nous, en images, pour vous faire part de nos vœux pour cette nouvelle année.

Une année 2025 qui sera pour vous, nous l’espérons, parsemée de grands et de petits bonheurs. Notamment cinématographiques, ça va sans dire ! Mais, plus largement, que cette année vous comble de bonheur, vous, ainsi que celles et ceux qui vous sont chers !

Et c’est avec joie que nous partagerons, avec vous, tout au long de l’année 2025, le cinéma en plans larges.

Notre vidéo « Vœux 2025 » est à découvrir ici !

Enfin, merci beaucoup à nos complices !
– Michiel Blanchart,
– Claude Barras,
Xavier Seron et
Etienne Cadet !

Crédits vidéo
Captation : Valéria Lopes dos Santos, Geoffrey Baras et Lionel Callewaert
Montage : Zalou Wacquiez

Et merci à Vinnie Ky-Maka !

Jean-Philippe Thiriart

Festival Cinéma Interdit : retour sur la première édition bruxelloise

Festival Cinéma Interdit : retour sur la première édition bruxelloise 2560 1449 Jean-Philippe Thiriart

Pour fêter dignement Halloween, En Cinémascope revêt ses oripeaux automnaux et sort de sa malle aux trésors non pas ses fausses toiles d’araignées et ses citrouilles évidées, mais carrément son compte-rendu du Festival Cinéma Interdit, gardé bien au chaud pour l’occasion. Cet événement culturel apparu récemment se révèle être le nouveau rendez-vous des amateurs de frissons d’horreur, de jaillissements inopinés d’hémoglobine et de sensations fortes. Or, quoi de mieux que de se (re)plonger dans l’Horreur la veille de Toussaint ?

Tout jeune festival organisé par le youtubeur et vidéaste Azz L’épouvantail, Cinéma Interdit a connu deux éditions à Paris, du 12 au 14 mai 2023 puis du 31 mai au 2 juin 2024, avant d’atterrir en Belgique – patrie de son créateur -, plus précisément à Bruxelles, au cinéma Aventure. Cette première édition bruxelloise s’est déroulée du 6 au 8 septembre dernier, attirant un public de passionnés avides de nouvelles découvertes.

Le but avoué de ce festival est d’y faire rayonner le cinéma d’horreur indépendant à tendance plus ou moins extrême qui a du mal à avoir de la visibilité. Le Japon était mis à l’honneur, avec pas moins de sept films qui en étaient originaires, sur les dix longs métrages que comptait la sélection, et trois invités venant tout droit de ce pays : le réalisateur Katsumi Sasaki, l’actrice Aya Takami et l’éditeur, distributeur, journaliste spécialisé et organisateur du Festival Gore Fest Hiroshi Egi.

Retour, par ordre alphabétique, sur chacun des dix films qui y étaient programmés.

Bakemono   ★
Doug Roos (Japon)


Bakemono est une production japonaise réalisée par un Américain vivant depuis des années au Pays du Soleil Levant. Le sujet du film étant l’influence négative de la ville de Tokyo sur ses habitants, traitée de manière horrifique, le regard que porte Roos sur cette cité est intéressant, car il s’agit du regard d’un étranger, mais connaissant bien ce dont il parle. Le film adopte une structure complètement éclatée. Il montre une multitude de personnes séjournant à des moments différents dans un petit appartement ne payant pas de mine loué via Airbnb. Le montage nous faisant passer sans cesse de l’un à l’autre. Malgré cela, quelques scènes sont trop tirées en longueur (notamment celle dans la minuscule salle de bain). Par ailleurs, vu le montage et le grand nombre de personnages, on a du mal à s’attacher à ceux-ci. Les effets gores, très nombreux et le monstre qui apparaît à tous les personnages comptent parmi les éléments positifs de ce petit budget. Intéressant dans son idée, mais perfectible dans son exécution.

Beaten to Death   ★★★
Sam Curtain (Australie)

Un petit couple prenant une mauvaise décision dans l’espoir de changer de vie, la campagne profonde australienne et des gens du terroir peu amènes : on connaît la chanson. Mais ici, le personnage principal s’en prend plein la gueule dès le tout début, pas d’introduction amenant le sujet en douceur, et ça n’arrêtera pour ainsi dire jamais. Le pourquoi du comment sera expliqué par flash-back. On souffre pour le héros, même si on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’avait qu’à ne pas suivre un plan aussi foireux. Violent, le film nous fait aussi profiter des beaux paysages naturels de la région (il a été tourné en Tasmanie, pour être précis). L’acteur principal a dû fort s’investir dans son rôle (par exemple, sans même parler des maquillages sanguinolents qu’il porte tout du long, il a de nombreuses scènes où il ne voyait rien, ayant les yeux bandés). Un film hargneux, sans pitié, qui fait mal par où ça passe, et on aime ça ! Un des meilleurs films de la sélection.

Dick Dynamite: 1944   ★
Robbie Davidson (Royaume-Uni)


En 1944, les nazis décident d’envoyer sur New-York une grosse bombe contenant une substance transformant les gens en zombies. Dick Dynamite, grand dur à cuire tueur de nazis, est envoyé en mission afin de contrecarrer ce plan des Allemands, avec à ses côtés un petit commando composé de personnages hauts en couleur. Dick Dynamite: 1944 peut être décrit comme une sorte d’Inglorious Basterds version série Z. Robbie Davidson s’autorise tous les délires : on y croise des ninjas nazis, des cyborgs, un tireur d’élite zombie, etc. Le personnage principal renvoie aux héros musculeux des années 80, façon Arnold Schwarzenegger et le film adopte l’esprit bourrin qui en découle. N’ayons pas peur des mots : c’est con, mais relativement fun pour peu qu’on adhère au délire. Comme il est bourré d’action et bien rythmé, on n’a pas l’occasion de s’ennuyer. Par contre, la vulgarité systématique des dialogues devient vite lourde. On pourrait croire que ce micro-budget est une production américaine, mais non, étonnamment, c’est britannique. Un film dans l’esprit « grindhouse » à rapprocher des Iron Sky (mais en plus fauché) et autres Mad Heidi.

Eight Eyes   ★★
Austin Jennings (États-Unis / Serbie)

Ouvrant le Festival Cinéma Interdit le vendredi 6 septembre à 19 heures, Eight Eyes a fait fort bonne impression auprès du public. Cette coproduction américano-serbe (produite par l’éditeur Vinegar Syndrome et tournée en Serbie) est le premier film d’Austin Jennings. Il part d’un postulat proche de Hostel : un jeune couple passe sa lune de miel en ex-Yougoslavie quand il croise le chemin d’un gars du coin, qui leur propose un petit plan alternatif pour leur voyage… Dans cette partie, le suspense tient dans la question de savoir quand précisément l’homme s’en prendra au couple. On s’attend à tout moment à les voir se réveiller dans une cave glauque, enchaînés, prêts à se faire salement torturer. Ce ne sera pas très éloigné de ça, mais Jennings et son coscénariste ajoutent une dimension supplémentaire au scénario, qui lui fait aller dans une direction moins convenue. Un aspect mystique et psychédélique qui donne à Eight Eyes son originalité et qui expliquera ce titre un peu mystérieux.

Holy Mother   ★
Yoshihiro Nishimura (Japon)

Avant-dernier film en date de Yoshihiro Nishimura, grand nom du splatter délirant made in Japan, Holy Mother raconte comment une transsexuelle venue du futur et dotée de super pouvoirs vient au secours d’un gang de « gentils » yakuzas sino-japonais victimes d’un gang de vilains racistes. Quand Nishimura fait du cinéma « progressiste », cela donne un gros délire gore typique de son auteur. La formule ne change pas d’un iota. Femme aux quatre membres coupés servant de moyen de locomotion pour s’élever dans les airs grâce à la force des geysers de sang pulsant de ses moignons orientés vers le bas, créatures dont le haut est une femme et dont le bas est une grosse mâchoire à la dentition impressionnante (rappelant une mutation similaire vue dans Tokyo Gore Police), femme-nuage… L’excès de gore, de délire et d’humour pas fin est bien là. Malheureusement, ce film se situe en dessous de ce qu’a réalisé précédemment Nishimura. La formule commence à être usée, il recycle trop ce qu’il a déjà fait avant et cela apparaît plus bâclé, plus cheap. Donc moins impactant, mais totalement dans l’esprit de feu le label Sushi Typhoon.

Mukuro Trilogy   ★★★
Katsumi Sasaki (Japon)


Voici l’un des poids lourds de la programmation. Le réalisateur Katsumi Sasaki a réuni trois de ses courts-métrages (Apartment Inferno, Sweet Home Inferno et Just Like A Mother) en une anthologie gore qui a de quoi ravir les amateurs de cinéma japonais extrême. Femme séquestrée, violée, démembrée, découpée en petits morceaux, on a tout ça et même plus dans ces petites histoires. Le tout servi par des effets gores réalistes de grande qualité et des gros plans qui nous donnent le temps de savourer le travail effectué. Côté interprétation, chapeau à l’actrice Aya Takami, pourtant pas habituée à ce genre de productions, convaincante et fort investie dans son rôle. De plus, malgré le petit budget, on voit l’effort pour soigner la forme (notamment la photo). Il faut en outre souligner que ce n’est pas qu’un étalage de barbaque : non seulement il y a des histoires, mais il y a aussi une touche personnelle de l’auteur, un ton particulier. Même si tout ça est éprouvant, on en redemande ! Le genre de découvertes qu’on espérait faire à ce festival, donc mission accomplie !

Vermilion   ★★★
Daisuke Yamanouchi (Japon)

Il n’y avait pas que des films d’horreur projetés à Cinéma Interdit. Pour preuve, ce film érotique japonais (pinku eiga) fort efficace. C’est l’occasion de se rendre compte que Daisuke Yamanouchi, connu des amateurs de cinéma extrême pour ses deux Red Room (1999 et 2000) et Muzan-e (1999), est toujours actif, et même carrément très prolifique. Vermilion nous fait voir les relations extraconjugales d’un riche couple marié par pur intérêt, n’ayant pas de relations sexuelles entre eux. Elle s’amourache d’une jeune artiste peintre, lui entretient une relation avec leur domestique… De fil en aiguille, une vraie intrigue se tisse. Le film est très soigné, notamment sur le plan visuel. Entre les éclairages rouges (d’où le titre) et bleutés, on en prend plein les mirettes, sans compter que les corps nus et les ébats sont bien mis en valeur. Les scènes érotiques lesbiennes prennent une bonne place dans l’économie du récit. Yamanouchi est en mode soft, pas d’extrémités à la Muzan-e ici. Cependant, on peut lui faire confiance pour mettre en scène des paraphilies originales (voir par exemple le vieil homme qui récolte dans un verre la transpiration d’une jeune femme en nage afin de la boire voluptueusement). Une belle découverte dans le genre. C’est une bonne idée d’avoir programmé ce film : il a permis de varier agréablement les plaisirs.

Violator   ★★
Jun’Ichi Yamamoto (Japon)


Tout d’abord, il convient de préciser qu’il ne faut pas se fier au titre. En effet, le viol n’est pas l’élément central de ce film, celui-ci parle du phénomène du suicide collectif au Japon. Le réalisateur de Meatball Machine nous revenait en 2018 avec cette histoire qui lui avait été soumise à l’origine par un studio, mais qu’il a entièrement remaniée. Une jeune fille mène son enquête pour savoir ce qu’est devenue sa petite sœur portée disparue. Elle apprend que cette dernière est partie dans un minuscule village perdu au beau milieu de nulle part rejoindre d’autres jeunes dans le but de se suicider ensemble. Elle va se rendre sur place et découvrir les différentes personnes qui se trouvent là-bas. Violator donne l’impression bizarre qu’il y avait au départ un script sérieux, sur le sujet plombant évoqué, auquel Yamamoto a greffé de force des scènes délirantes très graphiques. En résulte un film qui semble avoir le cul entre deux chaises. Dans ce cas précis, on aurait préféré une approche sérieuse de bout en bout, même si, dans l’absolu, on n’est pas du tout contre les scènes déviantes aux effets gores « sushityphoonesques » proposées par Yamamoto.

Walking Woman   ★
Sôichi Umezawa (Japon)

Sôchi Umezawa est un maquilleur et spécialiste en effets spéciaux (il a travaillé sur des films tels que Alien vs. Ninja de Seiji Chiba, Tag et Prisoners of the Ghostland de Sion Sono) passé à la réalisation depuis 2014 et son segment pour l’anthologie horrifique The ABCs of Death 2. Walking Woman (également titré Walking Girl) est son tout dernier forfait en date, qui ne fait que débuter son parcours en festivals. Une femme bossant dans une agence immobilière souffre de problèmes de mémoire. Mais son sombre secret, impliquant des morts, va refaire surface suite aux visites récurrentes d’un homme sur son lieu de travail… Cette production japonaise se situe entre le drame et le thriller horrifique. Elle se caractérise par un rythme lent. Un petit potentiel scénaristique gâché par ses excès de lenteur, malheureusement. Restent quelques idées visuelles intéressantes et une interprétation tout en retenue d’Asuka Kurosawa (A Snake of June, Cold Fish, Psycho Goreman).

When You Wish Upon A Star   ★
Katsumi Sasaki (Japon)


Le film de clôture du festival était aussi la seconde séance consacrée au cinéaste Katsumi Sasaki, qui était toujours présent en compagnie de son actrice Aya Takami pour répondre aux questions du public. Une fille prénommée Eve, qui se prostitue, rencontre un jour la naïve Kimi, qui tombe elle-même dans les griffes de vils proxénètes. Cédant à ses noires pulsions, Eve se rend compte qu’après avoir découpé son « amie » en morceaux, cette dernière revient vivante et entière, comme si de rien n’était. Phantasmes morbides ou réalité ? When You Wish Upon A Star contient quelques scènes très gores dans le style de ce qu’on trouvait dans Mukuro Trilogy, mais celles-ci sont plus éparses, diluées dans un récit que Sasaki tire en longueur. Après le choc Mukuro, When You Wish Upon A Star déçoit, ne retrouvant pas l’intensité de l’anthologie gore. Qu’à cela ne tienne, le plaisir était aussi, et surtout, dans le fait même de pouvoir découvrir ce genre de films fous, rares, parfois déviants, dans un cadre particulièrement convivial.

Sandy Foulon

Nos cotes
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo de la couverture de cet article : En Cinémascope – Sandy Foulon

Clôture du 39e FIFF : retour sur le palmarès et critiques de films primés

Clôture du 39e FIFF : retour sur le palmarès et critiques de films primés 2560 1526 Jean-Philippe Thiriart

Le palmarès

Le vendredi 4 octobre, a pris fin, au Delta, la 39e édition du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) avec la remise des Bayard et autres Prix du Festival, avant la projection du film de clôture : Quand vient l’automne, de François Ozon.

Coprésentée par Stéphanie Coerten et Cédric Wautier, la soirée a été lancée par Jean-Louis Close et Nicole Gillet, le président et la déléguée générale et directrice de la programmation du Festival.

Le Jury Longs Métrages a décerné le Bayard d’Or du Meilleur film à Lofti Achour, réalisateur de Les Enfants rouges, film qui a également reçu le Bayard de la Meilleure photographie pour le travail de son chef opérateur, le Polonais Wojciech Staron. Un film qui, comme l’a précisé le président du Jury, le réalisateur suisse Frédéric Baillif, « allie sensibilité et justesse du récit et a mis d’accord un jury unanime ».

Lofti Achour, le Bayard d’Or du Meilleur film en mains pour Les Enfants rouges

Le Bayard Spécial du Jury est allé à Leurs Enfants après eux, réalisé par les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma. (critique ci-dessous)

Quant au Bayard du Meilleur scénario, il a été décerné à Jean-Claude Grumberg et Michel Hazanavicius pour le film La Plus Précieuse des marchandises. (critique ci-dessous)

Le Bayard de la Meilleure interprétation est allé à une María Cavalier-Bazan ravie, pour sa performance dans Aimer perdre, réalisé par les frères Harpo et Lenny Guit.

María Cavalier-Bazan, Bayard de la Meilleure interprétation dans Aimer perdre

Le Prix Agnès, Prix de l’imaginaire égalitaire qui vient récompenser un auteur ou une autrice dont l’œuvre témoigne d’un regard original et novateur, fruit de la rencontre entre « Elles font des films » et « ¡Ya! assemblée féministe », a été remis à Gaël Kamilindi pour le film Didy, coréalisé avec François-Xavier Destors.

Remis à la coproductrice québécoise du film Annick Blanc, le Bayard de la Meilleure 1ère Œuvre est venu récompenser les qualités de Là d’où l’on vient (Mé el Aïn) de Meryam Joobeur.

Le Prix Découverte a cette année été attribué à Little Jaffna, réalisé par le Français Lawrence Valin, et remis au coscénariste du film Arthur Beaupère.

Arthur Beaupère recevant le Prix Découverte pour Little Jaffna

Le Prix du Jury Junior est revenu à Ollie, réalisé par Antoine Besse, qui déclara que « ce prix était très important car c’est un film que j’ai fait pour tous les jeunes ». (critique ci-dessous)

Enfin, notez que le Prix du Public Long métrage de fiction a été décerné à En Fanfare, réalisé par le cinéaste français Emmanuel Courcol. C’est Arnaud De Haan, représentant le distributeur belge du film Cinéart qui est venu le recevoir des mains du bourgmestre de Namur, Maxime Prévot.

Le reste du palmarès du FIFF 2024 – longs métrages et courts métrages – est à découvrir sur le site du Festival.

Crédit photos : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 39e FIFF, organisé avec la complicité du Festival !

Et félicitations aux gagnantes et aux gagnants de celui-ci : Gabriel De Bruyne, Sylvie Dumont, Lydie Lemaire, Maurice Robert, Nathalie Vandendriessche et Bérangère Wilmart ! Elles et ils ont chacun(e) remporté deux places pour la projection de leur choix.

Jean-Philippe Thiriart, avec la participation de Raphaël Pieters

Trois films primés à épingler

La Plus Précieuse des marchandises   ★★★
Michel Hazanavicius
Sortie dans les salles belges : 27 novembre 2024

Dans sa nouvelle réalisation, un film d’animation, le cinéaste français aux cinq Oscar avec The Artist en 2012 nous raconte l’histoire d’une précieuse marchandise lâchée d’un train en direction d’un camp de concentration : une petite fille âgée de quelques mois à peine. Alors que cette enfant est recueillie par un couple de bûcherons, on redécouvre le destin tragique des Juifs déportés dans les camps de concentration lors de la Seconde Guerre mondiale.

Si l’histoire de la déportation des Juifs doit être connue de tous, nous la raconter à travers un film d’animation est une manière intelligente de présenter celle-ci à un public plus jeune, les adolescents notamment.

Le dessin est réussi et l’histoire, très abordable. La cruauté des camps d’extermination est évoquée de manière implicite. Cela permet à La Plus Précieuse des marchandises de conserver une certaine douceur malgré la cruauté des faits relatés.

Leurs enfants après eux   ★★
Ludovic et Zoran Boukherma
Sortie dans les salles belges : 4 décembre 2024

Ce film nous plonge dans la France des années nonante, au milieu des hauts fourneaux du Grand Est. Anthony a quatorze ans et s’ennuie fortement. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est immédiat et alors qu’une soirée s’annonce le jour-même, il emprunte secrètement la moto de son père pour s’y rendre, espérant y retrouver la jeune fille. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.

Ce film est l’adaptation du Prix Goncourt 2018 : le roman éponyme de Nicolas Mathieu, publié aux Éditions Actes Sud. La mise en images tient toutes ses promesses. Très réaliste, ce film offrant des émotions fortes de bout en bout mélange à merveille moments romantiques et moments dramatiques. Enfin, de nombreux sujets tels que l’amitié, l’amour ou encore le racisme y sont abordés avec justesse.

Ollie   ★★★
Antoine Besse (France)

Ollie est le premier long métrage du réalisateur. Ce film qui a marqué les esprits à Namur narre l’histoire de Pierre, 13 ans, qui vit avec son père dans la ferme familiale après la mort brutale de sa mère. Timide et victime de harcèlement scolaire, il fait du skateboard pour tenter de tout oublier. Les hasards de la vie faisant souvent bien les choses, il rencontre un jeune asocial, Bertrand, avec qui il va se lier d’amitié.

Film émouvant et porteur de valeurs indispensables à tout âge de la vie, Ollie nous transporte dans l’univers du skateboard, nous montrant, de manière ultra réaliste, que malgré les tumultes de la vie et les épreuves, le courage, l’abnégation et l’amitié peuvent aider chaque être humain à trouver sa place dans la société.

Raphaël Pieters, avec la participation de Jean-Philippe Thiriart

Rendez-vous du 3 au 10 octobre 2025 pour fêter, ensemble, l’édition anniversaire du FIFF, la quarantième déjà !
Et avant, bien sûr, sur notre site encinemascope.be !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et YouTube !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes
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Retour sur le coffret BAD BOYS COLLECTION dans la Minute Cinéma

Retour sur le coffret BAD BOYS COLLECTION dans la Minute Cinéma 1600 900 Jean-Philippe Thiriart

Il y a peu, sortait sur nos écrans le 4e film de la saga Bad Boys : Bad Boys: Ride or Die. Nous n’avons pas encore pu le voir mais vous proposons de revenir, dans notre nouvelle Minute Cinéma notamment, sur les trois premiers volets de la franchise et sur l’édition Blu-ray de la « Bad Boys Collection ». Un coffret de trois Blu-rays 4K Ultra HD pour autant de films : Bad Boys, Bad Boys II et Bad Boys for Life. Avec, à la fin de cette Minute, quelques mots de celui qui a coréalisé, aux côtés de Bilall Fallah, les deux derniers Bad Boys : Adil El Arbi.


Le décapant tandem de la police de Miami composé de Marcus Burnett (Martin Lawrence) et Mike Lowrey (Will Smith) est né de l’imagination de George Gallo. Michael Barrie, Jim Mulholland et Doug Richardson scénarisent alors un film que réalisera un autre Michael : celui qui ne signe là que son premier long métrage après près de quarante clips musicaux (Tina Turner et Meat Loaf, notamment, ont fait plusieurs fois appel à lui) et quelques documentaires, musicaux toujours : Michael Bay. Bay n’a que trente ans et est sur le point de tracer sa route à Hollywood avec des films comme Armageddon, Pearl Harbor, The Island ou encore les cinq premiers opus de l’hexalogie Transformers. Mais revenons à nos Bad Boys. Si la saga est estampillée « une production Don Simpson – Jerry Bruckheimer », un certain Will Smith vient s’ajouter aux différents producteurs des deux derniers volets.

Adil El Arbi et Bilall Fallah sur le tournage de Bad Boys for Life

Seul bémol concernant le coffret : les Blu-rays ne proposent pas de bonus. Dommage car nous aurions aimé aller plus loin que les films grâce à divers suppléments. Cette « Bad Boys Collection » reste néanmoins un incontournable pour tout qui souhaite plonger ou replonger dans ce qui est, à n’en point douter, une des sagas de films policiers d’action musclée les plus typées de ces 30 dernières années.

Les trois films du coffret Bad Boys Collection en version 4K Ultra HD, édité par Sony Pictures Home Entertainment

Bad Boys            ★★★★
Bad Boys II         ★★★
Bad Boys for Life   ★★★

Nos cotes

☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Enfin, signalons que cette Minute Cinéma est issue du dernier numéro de l’ISFSC MAG, une initiative du Conseil des Étudiants (CDE) de l’Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication (ISFSC) impliquant professeur(e)s et étudiant(e)s.

Crédits vidéo

Image : Geoffrey Baras (retour sur le coffret « Bad Boys Collection ») et Gerardo Marra (rencontre avec Adil El Arbi aux Magritte du Cinéma)
Son : Sammy Dhont et Clovis Niyodusaba
Montage : Geoffrey Baras
Graphisme : Emmanuel De Haes
Production : Sofía Marroquín Simar

Merci à Elisa Tuzkan !

Jean-Philippe Thiriart

Sortie littéraire : CINÉMA ABC. LA NÉCROPOLE DU PORNO

Sortie littéraire : CINÉMA ABC. LA NÉCROPOLE DU PORNO 2518 2560 Jean-Philippe Thiriart

Notre cote : ★★★

CFC-Éditions publiait, pas plus tard qu’hier, Cinéma ABC. La nécropole du porno, un ouvrage de Jimmy Pantera. ABC pour « Art Beauté Confort », un cinéma situé de 1972 à 2013 aux numéros 147 et 149 du Boulevard Adolphe Max, qui promettait d’y voir des films « plus qu’inattendus ». Le Cinéma ABC fut le dernier cinéma porno bruxellois à projeter des films en 35 millimètres accompagnés de live shows de stripteaseuses, un des derniers au monde même.

Richement illustré de photos d’exploitation – pratiquement toutes suffisamment censurées que pour que les bienpensants puissent continuer à bien penser –, de cartons, d’affiches de films et de panneaux promotionnels, ce livre a le mérite d’exister ne fût-ce que parce que, comme l’explique le philosophe Laurent de Sutter, qui préface l’ouvrage, « il n’existe sans doute aucune différence entre une salle de cinéma pornographique, et une salle qui ne le serait pas ». D’où l’intérêt, aussi, de mettre en avant ce type de cinéma via la présentation d’un livre dédié à un lieu qui l’a accueilli pendant pas moins de 41 ans. Et d’ajouter qu’il faut aimer tous les types de cinéma, pornographique inclus car « leur disparition signalera sans doute que les êtres humains, alors, auront perdu une manière de désirer ».
Jimmy Pantera précise dans l’avant-propos de son livre que les stripteaseuses – celles de l’ABC donc notamment – « symbolisaient pour leurs dévots un simulacre platonicien, celui de l’allégorie de la caverne ». Un avant-propos dans lequel il détaille que l’ABC représentait pour d’aucuns « l’ultime cercle de l’enfer d’un genre cinématographique pulsionnel honni (…) abîme du septième art, mais aussi cimetière de la morale ». C’est dans ce cercle que nous sommes invités à pénétrer.
Pantera ne manque pas de souligner l’importance du cinéma Nova et de son équipe dans la naissance de son dernier bébé. C’est en effet ce lieu très spécial du septième art qui est le conservateur des archives de l’ABC. Il met d’ailleurs régulièrement à l’honneur le patrimoine de ce dernier, notamment via la projection de films qui y ont été diffusés. On y apprend ainsi avec intérêt que l’ABC offrait au spectateur un « luxe cinéphilique rare avec cent pour cent de films projetés en pellicule », soit davantage que le Musée du Cinéma de la Cinémathèque royale !

Plus loin, parole ou plutôt plume est donnée à JJ Marsh, historien du cinéma pornographique et fondateur de l’Erotic Film Society, qui partage avec le lecteur nombre d’anecdotes vécues lors de ses passages à l’ABC. Il explique ainsi y avoir retrouvé une habitude qu’il avait adoptée lors de ses visites dans les cinémas pour adultes de Londres durant les années 1980. Il s’asseyait « sur une revue chrétienne évangélique américaine ramassée dans le métro ». Point de cela à l’ABC mais, en lieu et place de la revue chrétienne, « un dépliant du magasin de téléphonie mobile voisin ». Il nous raconte qu’il vivait le court délai précédant la montée sur scène de la danseuse sur le point d’effectuer un striptease comme une plongée dans les limbes, allant jusqu’à se demander si le monde extérieur n’avait pas disparu, si lui et les autres spectateurs allaient « passer l’éternité à attendre une stripteaseuse qui n’arriverait peut-être jamais. » Soit « une variation classée X d’En attendant Godot », ajoute-t-il. Des stripteaseuses qui étaient parfois suivies « par deux ou trois spectateurs en quête de suppléments ou dévorés par un optimisme libidineux ». Il met lui aussi en avant le labeur du cinéma Nova et de ses bénévoles dans le travail de déménagement, de conservation et de restauration des copies de l’ABC, ainsi que l’importance du Festival Offscreen, « consacré au cinéma de genre  » déviant  » et organisé depuis 2008 dans différents lieux bruxellois, dont le cinéma Nova ». Savoureux aussi est son questionnement quant au décor des toilettes, de couleur rouge. Il y voit possiblement une association avec « chaleur, passion, sang ou encore enfer ».

Vient ensuite une section de près de 80 pages intitulée « Pornorama », dans le préambule de laquelle nous apprenons par exemple que si l’ABC possédait, parmi ses milliers de bobines, des longs métrages X cultes, on y découvrit aussi des œuvres très peu connues, proposant de nouvelles perspectives sur certains pans de l’histoire du cinéma, comme Seven Delicious Wishes, un porno de Lloyd Kaufman, futur créateur de la compagnie Troma et son célèbre Toxic Avenger. Et puis cela va des stags aux Nudies et Roughies américains, des grindhouses aux États-Unis toujours, et du mondo italien au Porno chic, en passant par les Glamour films en Angleterre.
Dans « Défense d’afficher », sont présentés des documents pouvant être répertoriés en cinq catégories : pavés de presse, dossiers de presses, affiches de cinéma, photos d’exploitation, et panneaux peints et cartons typographiques.
« Parade du charme » regroupe une quinzaine de récits de témoins de l’histoire de l’ABC, comme ceux de l’avocat Alain Berenboom, du cinéaste Roland Lethem, du docteur en histoire Nicolas Lahaye ou encore de stripteaseuses de l’ABC et de projectionnistes qui ont permis au cinéma d’exister pendant plus de quarante ans.

JJ Marsh voit dans la disparition du cinéma ABC « la fin d’une époque ». Cinéma ABC. La nécropole du porno vous permettra de prolonger, le temps de sa lecture, la magie d’une partie de l’histoire du cinéma bruxellois !

Expo à la Maison CFC et soirée au Nova

L’exposition Cinéma ABC. La nécropole du porno se tient aujourd’hui et demain, samedi 19 septembre, à la Maison CFC, rebaptisée pour l’occasion Maison ABC. On peut y découvrir une sélection d’affiches et de visuels promotionnels de films présentés à l’ABC.

Enfin, ce samedi, encore, une soirée ABC sera organisée au cinéma Nova avec, au menu : films, longs et courts métrages confondus, surprises et rencontre avec l’auteur. Plus d’infos sur nova-cinema.org !

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
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★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Jean-Philippe Thiriart

En Cinemascope
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