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Philippe Nahon, cinq ans déjà – Retour sur notre rencontre avec le plus belge des comédiens français

Philippe Nahon, cinq ans déjà – Retour sur notre rencontre avec le plus belge des comédiens français 450 302 Jean-Philippe Thiriart

Cinq ans déjà que le comédien français Philippe Nahon nous a quittés. Près de dix ans plus tôt, nous avions eu le bonheur de nous entretenir avec lui au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), où il était venu présenter La Meute, de Franck Richard, au sein de la Compétition 1ère Œuvre de fiction. Ce thriller horrifique sera projeté une nouvelle fois à Cannes cette année, lors de la 78e édition du Festival, dans le cadre de l’hommage que la grand-messe du cinéma mondial a choisi de rendre à Émilie Dequenne. La comédienne belge partageait en effet l’affiche de La Meute avec Philippe Nahon.

Notre rencontre avec cet acteur iconique du cinéma de genre fut l’occasion de revenir ensemble sur une carrière alors longue de près de cinquante ans, qui l’avait vu croiser les chemins de réalisateurs comme Jean-Pierre Melville, Gaspar Noé, Mathieu Kassovitz, Jacques Audiard, Benoît Mariage, Alexandre Aja, Fabrice du Welz, Alain Corneau, Bouli Lanners ou encore Luc Besson. Et ceux de comédiennes et de comédiens belges tels que Yolande Moreau, Cécile de France, Benoît Poelvoorde, François Damiens, Philippe Grand’Henry et Jean-Jacques Rausin.

Philippe Nahon était un grand monsieur, un amoureux de son métier, qui avait su rester simple.

Philippe Nahon était venu présenter La Meute au FIFF
Crédit photo : Damien Marchal

J’aimerais vous demander quelques mots sur La Meute, que vous venez présenter ici au FIFF, qui fête cette année ses vingt-cinq ans.

C’est une histoire assez sombre : celle d’une jeune femme qui prend en stop un hitchhiker(NdA : un autostoppeur) et s’arrête dans un routier assez bizarre. La tenancière, c’est Yolande Moreau. La jeune femme, c’est Émilie Dequenne. Et le jeune homme qui est pris en stop, c’est Benjamin Biolay. Et tout à coup, le jeune homme disparaît en allant aux toilettes. La jeune femme est quand même très inquiète. Elle attend, puis arrive un ancien flic sur le retour, qui lui propose de faire quelque chose pour elle. Elle explique que ce n’est pas nécessaire. Mais moi, je lui prends quand même son numéro de téléphone. Et comme je suis dans ma roulotte et que je m’emmerde un peu, je lui téléphone. À ce moment-là, j’entends des cris horribles. Et là, le film démarre vraiment. Il y a quelques très bons moments, assez drôles. Pour une fois, je suis très drôle dans un film.

Dans Haute Tension, vous l’étiez aussi…

Oui, c’est vrai ! Cela dit, Haute Tension, il ne faut pas le prendre au premier degré. (Il rit.) Mais j’ai beaucoup aimé faire le film.

Et jouer avec Cécile de France.

Jouer avec Cécile, c’est formidable !

En 2005, Arnaud Cafaxe vous consacrait un documentaire, intitulé Philippe Nahon, de l’acteur fétiche à l’icône. Est-ce que Philippe Nahon, c’est plutôt l’acteur fétiche, l’icône ou un peu des deux ?

Un peu des deux. J’ai été invité pour la première fois à un festival qui a lieu en Franche-Comté, à Audincourt, qui s’appelle le « Bloody week-end ». Ça veut dire ce que ça veut dire ! Je me suis rendu compte que j’avais vraiment une multitude de fans, que j’étais l’acteur français qui incarnait, à leurs yeux, la figure emblématique du film de genre, de Calvaire à Haute Tension, en passant par La Meute.

Comment décririez-vous le lien qui vous unit à Gaspar Noé, dont vous êtes l’acteur fétiche ? Vous êtes présent dans tous ses longs métrages, hormis Enter the Void.

Il est très indépendant. Il va jusqu’au bout de ses idées, de son propos. Il y va ! C’est pour ça que je trouve que c’est un grand bonhomme. Je dois lui dire « merci », d’ailleurs, parce que c’est grâce à lui que je suis encore là aujourd’hui, que je suis là aujourd’hui.

Et vous êtes là depuis 1962, depuis Le Doulos, réalisé par Jean-Pierre Melville il y a près de cinquante ans déjà !

Oui : c’était mon premier film ! Je revenais de la guerre d’Algérie et six mois après, je tournais Le Doulos, qui me voit mourir dans les bras d’Adjani. Ils ne m’ont pas eu là-bas, en Algérie, mais je meurs dans les bras d’Adjani ! (Il rit.) Mais bon, je préfère mourir dans les bras d’Adjani.

On a évoqué Melville et Gaspar Noé, mais il y a eu aussi Kassovitz, Audiard, Besson… Et puis de jeunes réalisateurs comme Fabrice du Welz.

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de jeunes réalisateurs comme Fabrice du Welz. Après Noé et Seul contre tous.

Philippe Nahon, Seul contre tous chez Gaspar Noé

Avez-vous constaté une évolution au niveau du travail de réalisation ?

Je ne me rends pas compte de la technique. Je ne suis pas un technicien. Dans ce métier, je suis devant la caméra. On m’a d’ailleurs plusieurs fois demandé pourquoi je n’allais pas derrière. Je réponds que je ne pourrais pas. Je préfère être devant. Et je crois que je le serai tant que je pourrai respirer, marcher, courir et tomber. Le plus tard possible. (NdA : Philippe Nahon était encore devant une caméra en 2018, celle d’Aurélia Mengin, qui l’a dirigé dans le drame Fornacis.)

Vous alternez les petites et les grosses productions, vous qui êtes tantôt à l’affiche d’un film comme Les convoyeurs attendent, de Benoît Mariage, tantôt à celle du Adèle Blanc-Sec de Luc Besson, notamment.

Oui, tout à fait ! Ou avec Corneau et son film Le Deuxième Souffle. On est tranquille, pénard : on peut s’installer dessus, on peut s’installer dedans. Et puis plein de courts métrages où il n’y a pas un rond. Plein de films qu’on fait à l’arrache pour la même raison.

C’est important pour vous d’aider de jeunes réalisateurs ?

Oui, bien sûr. Si je n’ai pas de trucs à faire, je le fais. Parce que j’ai envie de les aider, parce qu’ils le méritent, parce qu’ils en crèvent de ne pas pouvoir mettre bas, de ne pas pouvoir enfanter leurs projets. Et moi, ça me fait mal au cœur de voir des scénarios dans des tiroirs, qui ne voient jamais le jour. Les jeunes réalisateurs ont souvent pas mal de rage. Mais je n’ai pas envie non plus de faire du cinéma commercial. Ça ne m’intéresse pas.

Pourtant, vous en avez eues, de telles propositions…

Oui, j’en ai eu plusieurs, que j’ai refusées. Je perdrais le potentiel d’amitié que j’ai avec les jeunes qui croient en moi. Fabrice du Welz m’a dit que j’étais un dieu vivant à Toronto !

Cela ne nous étonne pas !
Les films dans lesquels vous jouez s’adressent souvent à un public averti mais vous avez également prêté votre voix au seigneur Arnold dans Chasseurs de dragons. Comment cela s’est-il passé ?

En réalité, j’avais déjà fait des doublages pour des séries et des films qui venaient d’Allemagne, des États-Unis ou d’Italie. Et là, les réalisateurs du film Chasseurs de dragons avaient envie que je sois Arnold.

Vous avez pas mal bossé en Belgique…

Je vais prendre la nationalité belge. Je vais demander l’asile politique. C’est peut-être dangereux mais en tout cas, c’est moins dangereux que chez nous ! (Il rit.)

Y a-t-il, selon vous, des choses inhérentes au cinéma belge, qui font de lui un cinéma particulier ?

Les productions sont faites un peu à l’arrache. Ce n’était pas une grosse production avec Bouli pour Eldorado. Ce n’était pas non plus une énorme production avec Fabrice. J’adore venir en Belgique parce que ce sont des gens simples qui ne se la pètent pas du tout, qui font leur boulot très honnêtement. J’ai été accepté. J’ai acheté une maison en Bretagne, par exemple, en me demandant s’ils allaient m’accepter. Et, au bout d’un mois, ils m’ont tous accepté. Là-bas et en Belgique.

Dans MR 73, d’Olivier Marchal, Philippe Nahon livre, une fois de plus, une très grande prestation

Dans Haute Tension, vous jouez une scène armé d’un rasoir, scène que l’on imagine périlleuse. Il y a eu deux prises, pas une de plus…

J’avais très peur car je devais aller vite. Il ne fallait pas non plus la faire dix fois. On a fait une répétition et puis on a, en effet, fait deux prises. Giannetto De Rossi, le maquilleur italien du film (NdA : celui-là même qui avait œuvré sur le Dune de David Lynch), m’avait montré comment il fallait procéder pour, tout de suite, trouver le petit filet où passer le rasoir. La lame était bien sûr complètement émoussée mais j’avais peur de la toucher, malgré l’épaisseur de la protection qu’elle avait.

Vous avez tourné avec pas mal d’acteurs belges : Bouli Lanners et Cécile de France donc, Benoît Poelvoorde, Jean-Jacques Rausin

Avec François Damiens et Philippe Grand’Henry aussi, qui faisait mon fils dans Calvaire.

Un film hyper singulier, comme tous les films de Fabrice du Welz d’ailleurs.

Calvaire, tout le monde m’en parle. Il a fait Vinyan aussi…

Qu’est-ce qui fait, selon vous, qu’il faut absolument voir Calvaire ?

La scène de la danse dans le café est extraordinaire ! Et puis cette espèce de type paumé dans les bois et tous ceux qui rêvaient de cette femme partie.

Qui est revenue… sans vraiment revenir !

Qui est revenue… sans vraiment revenir ! (Il rit.) Et tout le monde lui court après, jusqu’à vouloir la tuer.

Philippe Nahon dans Calvaire, le premier long métrage de Fabrice du Welz

Si quelqu’un souhaitait réaliser un remake d’un des films dans lesquels vous avez joué, lequel serait envisageable ? Je pense à un réalisateur comme Alexandre Aja par exemple, qui en a fait quelques-uns maintenant.

Si c’était pour refaire Seul contre tous, je crois que ça ne marcherait pas. C’est moi qui ferais le remake ! (Il rit.)

Avec un passage derrière la caméra pour ce film-là alors ?

Ah non, devant toujours !

S’il y avait un personnage que vous rêveriez d’interpréter, quel serait-il ? Vous avez souvent interprété des personnages assez durs, des flics ripoux aussi…

Il y en 50°000 ! Je regarde tout ce qu’on me propose et si ça me plait vraiment et que je suis libre, je dis oui !

Merci à Damien Marchal pour son aide lors de la réalisation de cette interview !

Jean-Philippe Thiriart

Photo de couverture : Philippe Nahon lors de sa venue dans la capitale wallonne
Crédit photo : FIFF – Mara De Sario

Fantastique : le BIFFF, c’est reparti !

Fantastique : le BIFFF, c’est reparti ! 1810 2560 Jean-Philippe Thiriart

À partir de ce mardi 8 avril et jusqu’au dimanche 20 de ce mois, arrêtez tout ce que vous faites car le « Brussels International Fantastic Film Festival » (BIFFF), événement incroyable, est de retour au Palais 10 du Heysel. Cet événement iconique de la ville de Bruxelles, qui ravit les amateurs de cinéma fantastique depuis maintenant 42 ans revient avec un nouveau programme d’anthologie ! Malheureusement, ce festival est en danger : s’il manque de financements, il pourrait ne pas revenir l’année prochaine…

L’ambiance qui règne au BIFFF est chaleureuse et complètement unique ! Découvrir un film là-bas est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Le public réagit lors des séances, les gens rigolent, crient parfois. On y vit des moments merveilleusement humains. Des films de genres très différents et des quatre coins du monde y sont mis à l’honneur. De l’horreur à la comédie noire, en passant par des films d’action survitaminés, il y en a pour tous les goûts !

Le BIFFF, c’est aussi un lieu de rencontres extraordinaires. Des passionnés de cinéma fantastique s’y retrouvent chaque année et on y croise aussi de nombreux acteurs du métier. Le Festival accueille ainsi chaque année plusieurs invités de marque. Cette fois, le réalisateur Danny Boyle, à qui l’on doit des œuvres cultes comme Trainspotting, 28 jours plus tard ou encore Slumdog Millionnaire, sera présent au Festival. Il sera fait Chevalier de l’Ordre du Corbeau, au même titre que le réalisateur français Christophe Gans et un autre Français : le comédien Christophe Lambert.

Les événements

Au BIFFF, on ne voit pas seulement des films : c’est aussi la chance de pouvoir assister à de magnifiques événements ! Arrêtons-nous sur trois d’entre eux…

Le 9e Art Contest

Du 10 au 13 avril, se déroulera le 9e Art Contest. Il s’agit d’une compétition qui invite les candidats à exploiter pleinement leur potentiel créatif. L’objectif est de réaliser, en cinq heures, une toile sur le thème de l’art fantastique. Les œuvres sont ensuite exposées pendant le reste du Festival.

Le Bal des Vampires

Le 19 avril, à partir de 22h, jusqu’au lendemain matin, six heures, le mythique Bal des Vampires redébarque au BIFFF ! Cela fera 40 ans que cette grande soirée costumée du Festival endiable Bifffeurs et Bifffeuses. Si on y retrouve des costumes plus dingues et somptueux les uns que les autres, c’est aussi l’occasion de danser toute la nuit aux côtés de créatures tout droit sorties droit de films d’horreur !


La Nuit Fantastique

Rayon films, le 12 avril, se déroulera l’emblématique Nuit Fantastique. Au programme : une nuit complète de folie, en compagnie d’un public enflammé prêt à découvrir quatre courts métrages et autant de longs, choisis spécialement par les organisateurs pour rendre ce moment inoubliable. Au bout de ce marathon filmique, un petit-déjeuner salutaire compris dans le prix de cette Nuit Fantastique.

Mais ce n’est pas tout : nombreuses sont les autres activités qui auront lieu lors du Festival !

Le BIFFF en danger !

Ce merveilleux événement, tellement important pour le cinéma et notre patrimoine pourrait malheureusement ne pas revenir l’année prochaine. Sans garantie de financements, notamment au niveau des subsides régionaux, il est possible qu’il n’y ait pas de 44e édition en 2026 ou, pire, que le Festival disparaisse purement et simplement. Il est donc impératif d’apporter tout notre soutien au BIFFF et à ses organisateurs tant ce serait une perte énorme si cet événement venait à s’arrêter. En rejoignant la Guilde de l’Ordre du Corbeau, par exemple, ce qui consiste en un soutien financier au Festival en l’échange de chouettes contreparties. Et ce à partir de 20 euros. À vous de voir, alors, si vous vous situez du côté lumineux de la force ou de son côté… obscur !

La programmation 2025

Quelques lignes, à présent, sur différents films qui seront diffusés au Festival cette année et qui méritent, selon nous, une mise en avant.

Planète B

Ce film de science-fiction français, mettant en scène les comédiennes de renom Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub, raconte l’histoire d’une France dominée par un gouvernement autoritaire qui enferme les insoumis dans des prisons virtuelles.
10 avril – 21h30


The Surfer

Le nouveau film de ce bon vieux Nicolas Cage, réalisé par l’Irlandais Lorcan Finnegan. Ici, notre Nico préféré joue un surfer qui casse la figure à des gangsters sur une plage australienne. Tout un programme !
11 avril – 19h


Screamboat

Devenu libre de droit, Winnie l’ourson est apparu dans plusieurs films d’horreur. À présent, c’est au tour de la toute première version dark de Mickey Mouse de se retrouver en tête d’affiche d’un film d’épouvante fauché. On y retrouvera David Howard Thornton, qui jouera la souris tueuse, lui qui avait déjà interprété le clown Art dans la saga Terrifier. C’est évident, ce sera tout sauf du Shakespeare. Mais découvrir une farce pareille avec le public en délire du BIFFF promet d’être une expérience incroyable !
12 avril – Nuit Fantastique


Hallow Road

Un thriller nerveux et intense, mettant en vedette l’actrice Rosamund Pike. On y suivra des parents qui vont devoir gérer une situation dramatique et tragique après que leur fille a provoqué un grave accident de voiture.
16 avril – 19h

Atoman

Le premier film de super-héros marocain ! Un projet original qui voit la création d’un super-héros marocain ancré dans la mythologie locale. L’acteur Samy Naceri, révélé au grand public via la franchise culte Taxi, fait partie du casting.
19 avril – 15h


Get Away

On retrouve Nick Frost, l’acteur fétiche du réalisateur Edgard Wright et éternel comparse du comédien Simon Pegg, dans cette comédie horrifique britannique. Il y joue un père de famille devant affronter un tueur en série qui rôde sur l’île où lui et ses proches ont élu domicile pour les vacances. Cela promet d’être un spectacle fun et jouissif, idéal à découvrir en compagnie des Bifffeurs et des Bifffeuses !
19 avril – 19h

Plus d’infos sur le site du Festival.

Excellent BIFFF à toutes et à tous !

Jules de Foestraets et Jean-Philippe Thiriart

Au revoir Émilie… – Émilie Dequenne (1981-2025)

Au revoir Émilie… – Émilie Dequenne (1981-2025) 1800 1232 Jean-Philippe Thiriart

Écrire cet article nous est difficile. Son titre, notamment.
Et refermer la parenthèse de ce dernier, surtout.

C’est qu’Émilie Dequenne a été tout sauf une parenthèse dans nos vies.
Dans notre vie d’amoureux du cinéma. Tant d’auteur que populaire.
Dans celle de journaliste, aussi.

Hier, ont eu lieu ses funérailles et nous tenons, à notre manière, à la remercier pour ces quelques instants précieux vécus avec elle au fil des années.

Ce fut, à chaque fois, un vrai bonheur d’être témoin de sa passion pour le cinéma, belge notamment, qu’elle a fait rayonner aux quatre coins du monde.

C’est que si elle illuminait l’écran, Émilie Dequenne était aussi, humainement, une personne rare.

Merci à elle d’avoir tant donné au septième art, de nous avoir tant donné !

Émilie Dequenne aux 12e Magritte du Cinéma

En guise d’au revoir, nous avons choisi de partager avec vous nos interviews d’Émilie aux 12e Magritte du Cinéma.

Émilie aux 12e Magritte du Cinéma avec Close, de Lukas Dhont.

Lauréate du trophée de la Meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation à fleur de peau d’une maman courage dans le Close de Lukas Dhont, elle mettait en avant, avec éclat, toute l’affection qu’elle avait pour le film, pour son réalisateur Lukas Dhont et pour l’expérience humaine vécue avec l’équipe du film.

C’est avec tendresse que nous vous invitons aussi à la voir nous parler de son plaisir de jouer. C’est qu’elle choisissait ses rôles avec un rare soin, se livrant à chaque fois pleinement pour leur donner toute leur substance.

Émilie nous parle de son plaisir de jouer.

Une filmographie dense et variée

« Je m’appelle Rosetta »

Pour nombre d’entre nous, Émilie restera la bouleversante Rosetta des frères Dardenne. Elle avait d’ailleurs fêté le quart de siècle du film l’an dernier à Cannes, première Palme d’Or décernée à un long métrage belge. Elle était alors en rémission de ce foutu cancer diagnostiqué en été 2023, qui l’a emportée beaucoup trop tôt.

C’est en 1999, en effet, que les Frères Dardenne nous racontaient, à travers elle, l’âpre lutte d’une jeune fille exclue d’une société dans laquelle elle tente coûte que coûte de trouver sa place. Si le film remportait la récompense cannoise suprême, il allait aussi consacrer une toute jeune Émilie Dequenne, Prix d’interprétation féminine à même pas 18 ans.

Ce regard… celui d’Émilie Dequenne, la Rosetta des Dardenne

Au total, sa filmographie compte près de cinquante films, pour une carrière longue de 25 ans. Parmi lesquels figurent, outre les quatre œuvres belges essentielles que sont À perdre la raison, Pas son genre (voir ci-dessous), Chez nous et Close, des œuvres aussi diverses que, pour n’en citer que quelques-unes, Le Pacte des loups (Christophe Gans, 2001), Une femme de ménage (Claude Berri, 2002), La fille du RER (André Téchiné, 2009), Au-revoir là-haut (Albert Dupontel, 2017), Survivre (Frédéric Jardin, 2023) ou encore TKT (T’inquiète) (Solange Cicurel, 2024).

Elle restera aussi, pour nous, la touchante Brigitte de Philippe Lioret dans L’équipier, où elle était, comme à son habitude, pétillante de naturel.

Émilie, Cannes, les César…

Émilie obtenait un second Prix d’interprétation à Cannes en 2012 pour son incarnation d’une maman à la dérive dans À perdre la raison (Joachim Lafosse, 2012).

En 2021, elle se voyait décerner le César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (Emmanuel Mouret, 2020).

… et les Magritte du Cinéma !

En Belgique, elle a été présente et récompensée à plusieurs reprises aux Magritte du Cinéma, cinéma belge francophone et cinéma belge flamand confondus.

En effet, outre son Magritte de la Meilleure actrice dans un second rôle décerné en 2023 pour Close, de Lukas Dhont, et mis en avant ci-dessus en images, Émilie a remporté trois autres statuettes : celles de la Meilleure actrice, cette fois, pour À perdre la raison, ainsi que pour Pas son genre et Chez nous (Lucas Belvaux, 2014 et 2017).

Émilie, amusée et amusante, en 2013, aux Magritte du Cinéma
Crédit photo : En Cinémascope – Rick McPie

Sa présidence des Magritte du Cinéma et Pas son genre

Émilie Dequenne avait également présidé la quatrième Cérémonie des Magritte du Cinéma. C’était en 2014 et c’est dans ce cadre que nous l’avions rencontrée cette année-là, quelques minutes seulement avant sa prise de parole sur la scène de la grande salle du Square, à Bruxelles. Ci-dessous, un extrait de cet entretien.

En Cinémascope : En 2013, vous remportiez le Magritte de la Meilleure actrice pour votre interprétation dans À perdre la raison, de Joachim Lafosse. Cette année-ci, en 2014, vous êtes la présidente de la Cérémonie. Quel sentiment vous anime à quelques minutes du début de la soirée ?

Émilie Dequenne : C’est un trac immense ! C’est très particulier parce que je vois ça comme une responsabilité très importante. Je le dirai ce soir lors de l’ouverture de la cérémonie : au début, ça m’a fait sauter de joie et danser. Et après, je suis un peu redescendue sur terre. Je me suis dit que j’étais quand même très jeune et me suis demandé s’il n’y avait pas plus présidentiable que moi. Mais je vous raconterai tout ça tout à l’heure.

Présider la cérémonie aux côtés de Fabrizio Rongione, qui sera, lui le Maître de Cérémonie, ça doit vous faire quelque chose de particulier ?

Bien sûr ! Avec Fabrizio, c’est spécial parce qu’on s’est connus sur Rosetta. Et il s’agit, pour moi, du film qui a marqué un changement de position, une prise de conscience dans le cinéma belge. Et je pense à tous les autres artistes qui seront présents ce soir sur cette scène. C’est excessivement important pour moi !

Et d’ajouter : « Pas son genre est un film merveilleux qui parle d’amour et dans lequel ça chante et ça danse ! »

Elle avait vu juste en pressentant que « ça va être un très joli film ! », elle qui a été pour beaucoup dans la beauté du film de Lucas Belvaux.

Émilie, quelques minutes avant sa présidence des 4e Magritte du Cinéma
Crédit photo : En Cinémascope – Simon Van Cauteren

Aux Magritte 2015, nous félicitions Jean-Pierre Dardenne pour les trois Magritte qu’il avait obtenu avec son frère Luc pour Deux jours, une nuit, soulignant qu’un lien les unissait à deux autres Magritte décernés ce soir-là. À savoir ceux obtenus par deux des acteur et actrice qu’ils avaient fait naître au cinéma : Jérémie Renier et… Émilie Dequenne, récompensés respectivement ce soir-là des Magritte du Meilleur acteur dans un second rôle (Saint Laurent – Bertrand Bonello, 2014) et de celui de la Meilleure actrice pour Pas son genre, de Lucas Belvaux, donc.

Il nous avait répondu que « Luc et moi, nous sommes très contents pour Jérémie parce que c’est un excellent comédien. Ainsi que pour Émilie. Depuis que nous la connaissons, je pense que le rôle qu’elle joue dans le film de Lucas Belvaux était un grand rêve pour elle. Il y a tellement longtemps qu’elle rêvait de pouvoir chanter au cinéma et d’avoir un rôle aussi flamboyant ! ».

Nous ne pouvons qu’abonder dans le sens des propos de Jean-Pierre Dardenne : Émilie crève l’écran, rayonnant comme jamais dans le film de Lucas Belvaux !

Autre témoignage de sa proximité avec notre cinéma, Émilie était, en 2020, la marraine d’exception du premier volume de « La Belge Collection », quatre courts métrages 100% belges.

Nous vous proposons de laisser le mot de la fin à l’actrice Monica Bellucci, rencontrée aux 10e Magritte du Cinéma. Elle nous parle notamment d’Émilie.
Nous la rejoignions. Nous la rejoignons. Tellement !


Puissiez-vous reposer en paix, à présent, Émilie.

Enfin, beaucoup de courage à votre famille et à vos proches !

Jean-Philippe Thiriart

Le 18e Offscreen Film Festival démarre ce soir au Nova !

Le 18e Offscreen Film Festival démarre ce soir au Nova ! 350 494 Jean-Philippe Thiriart

Outre le Cinéma Nova, où cette 18e édition d’Offscreen s’ouvrira aujourd’hui sur le coup de 19h, le Festival investira, jusqu’au 30 mars, trois autres lieux bruxellois : le Cinémas RITCS, le Cinéma Aventure et CINEMATEK.

Des décentralisations auront également lieu à Namur, à Mons et en Flandre. Plus tard, Liège prendra le relais, du 1er au 11 avril, avec la 11e édition d’Offscreen Liège.

Au programme cette année, notamment :
– un focus majeur sur la Folk Horror britannique et irlandaise,
– « Weird Greece », mise à l’honneur du cinéma d’exploitation grec avec la projection de films introduits par le spécialiste Jacques Spohr, créateur de L’Insatiable,
– un hommage au dessinateur, scénariste et réalisateur de films d’animation belge Picha, avec la programmation notamment de Tarzoon, la honte de la jungle, Le chaînon manquant et Le big bang,
– la projection du légendaire huitième épisode de la troisième saison de Twin Peaks, en hommage au regretté David Lynch, épisode coréalisé avec Mark Frost, et
– une bourse aux films d’occasion d’Offscreen.

Le huitième épisode de la troisième saison de Twin Peaks sera projeté

Cette 18e édition de l’Offscreen Film Festival sera à nouveau l’occasion pour les festivaliers de découvrir bon nombre de films en rétrospectives ou en avant-premières, des avant-premières qui seront au nombre de… 18. Forcément !

Alors… join the cult !

Plus d’infos sur le site du Festival.

Jean-Philippe Thiriart, avec la participation de Sandy Foulon

Festival Cinéma Interdit : retour sur la première édition bruxelloise

Festival Cinéma Interdit : retour sur la première édition bruxelloise 2560 1449 Jean-Philippe Thiriart

Pour fêter dignement Halloween, En Cinémascope revêt ses oripeaux automnaux et sort de sa malle aux trésors non pas ses fausses toiles d’araignées et ses citrouilles évidées, mais carrément son compte-rendu du Festival Cinéma Interdit, gardé bien au chaud pour l’occasion. Cet événement culturel apparu récemment se révèle être le nouveau rendez-vous des amateurs de frissons d’horreur, de jaillissements inopinés d’hémoglobine et de sensations fortes. Or, quoi de mieux que de se (re)plonger dans l’Horreur la veille de Toussaint ?

Tout jeune festival organisé par le youtubeur et vidéaste Azz L’épouvantail, Cinéma Interdit a connu deux éditions à Paris, du 12 au 14 mai 2023 puis du 31 mai au 2 juin 2024, avant d’atterrir en Belgique – patrie de son créateur -, plus précisément à Bruxelles, au cinéma Aventure. Cette première édition bruxelloise s’est déroulée du 6 au 8 septembre dernier, attirant un public de passionnés avides de nouvelles découvertes.

Le but avoué de ce festival est d’y faire rayonner le cinéma d’horreur indépendant à tendance plus ou moins extrême qui a du mal à avoir de la visibilité. Le Japon était mis à l’honneur, avec pas moins de sept films qui en étaient originaires, sur les dix longs métrages que comptait la sélection, et trois invités venant tout droit de ce pays : le réalisateur Katsumi Sasaki, l’actrice Aya Takami et l’éditeur, distributeur, journaliste spécialisé et organisateur du Festival Gore Fest Hiroshi Egi.

Retour, par ordre alphabétique, sur chacun des dix films qui y étaient programmés.

Bakemono   ★
Doug Roos (Japon)


Bakemono est une production japonaise réalisée par un Américain vivant depuis des années au Pays du Soleil Levant. Le sujet du film étant l’influence négative de la ville de Tokyo sur ses habitants, traitée de manière horrifique, le regard que porte Roos sur cette cité est intéressant, car il s’agit du regard d’un étranger, mais connaissant bien ce dont il parle. Le film adopte une structure complètement éclatée. Il montre une multitude de personnes séjournant à des moments différents dans un petit appartement ne payant pas de mine loué via Airbnb. Le montage nous faisant passer sans cesse de l’un à l’autre. Malgré cela, quelques scènes sont trop tirées en longueur (notamment celle dans la minuscule salle de bain). Par ailleurs, vu le montage et le grand nombre de personnages, on a du mal à s’attacher à ceux-ci. Les effets gores, très nombreux et le monstre qui apparaît à tous les personnages comptent parmi les éléments positifs de ce petit budget. Intéressant dans son idée, mais perfectible dans son exécution.

Beaten to Death   ★★★
Sam Curtain (Australie)

Un petit couple prenant une mauvaise décision dans l’espoir de changer de vie, la campagne profonde australienne et des gens du terroir peu amènes : on connaît la chanson. Mais ici, le personnage principal s’en prend plein la gueule dès le tout début, pas d’introduction amenant le sujet en douceur, et ça n’arrêtera pour ainsi dire jamais. Le pourquoi du comment sera expliqué par flash-back. On souffre pour le héros, même si on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’avait qu’à ne pas suivre un plan aussi foireux. Violent, le film nous fait aussi profiter des beaux paysages naturels de la région (il a été tourné en Tasmanie, pour être précis). L’acteur principal a dû fort s’investir dans son rôle (par exemple, sans même parler des maquillages sanguinolents qu’il porte tout du long, il a de nombreuses scènes où il ne voyait rien, ayant les yeux bandés). Un film hargneux, sans pitié, qui fait mal par où ça passe, et on aime ça ! Un des meilleurs films de la sélection.

Dick Dynamite: 1944   ★
Robbie Davidson (Royaume-Uni)


En 1944, les nazis décident d’envoyer sur New-York une grosse bombe contenant une substance transformant les gens en zombies. Dick Dynamite, grand dur à cuire tueur de nazis, est envoyé en mission afin de contrecarrer ce plan des Allemands, avec à ses côtés un petit commando composé de personnages hauts en couleur. Dick Dynamite: 1944 peut être décrit comme une sorte d’Inglorious Basterds version série Z. Robbie Davidson s’autorise tous les délires : on y croise des ninjas nazis, des cyborgs, un tireur d’élite zombie, etc. Le personnage principal renvoie aux héros musculeux des années 80, façon Arnold Schwarzenegger et le film adopte l’esprit bourrin qui en découle. N’ayons pas peur des mots : c’est con, mais relativement fun pour peu qu’on adhère au délire. Comme il est bourré d’action et bien rythmé, on n’a pas l’occasion de s’ennuyer. Par contre, la vulgarité systématique des dialogues devient vite lourde. On pourrait croire que ce micro-budget est une production américaine, mais non, étonnamment, c’est britannique. Un film dans l’esprit « grindhouse » à rapprocher des Iron Sky (mais en plus fauché) et autres Mad Heidi.

Eight Eyes   ★★
Austin Jennings (États-Unis / Serbie)

Ouvrant le Festival Cinéma Interdit le vendredi 6 septembre à 19 heures, Eight Eyes a fait fort bonne impression auprès du public. Cette coproduction américano-serbe (produite par l’éditeur Vinegar Syndrome et tournée en Serbie) est le premier film d’Austin Jennings. Il part d’un postulat proche de Hostel : un jeune couple passe sa lune de miel en ex-Yougoslavie quand il croise le chemin d’un gars du coin, qui leur propose un petit plan alternatif pour leur voyage… Dans cette partie, le suspense tient dans la question de savoir quand précisément l’homme s’en prendra au couple. On s’attend à tout moment à les voir se réveiller dans une cave glauque, enchaînés, prêts à se faire salement torturer. Ce ne sera pas très éloigné de ça, mais Jennings et son coscénariste ajoutent une dimension supplémentaire au scénario, qui lui fait aller dans une direction moins convenue. Un aspect mystique et psychédélique qui donne à Eight Eyes son originalité et qui expliquera ce titre un peu mystérieux.

Holy Mother   ★
Yoshihiro Nishimura (Japon)

Avant-dernier film en date de Yoshihiro Nishimura, grand nom du splatter délirant made in Japan, Holy Mother raconte comment une transsexuelle venue du futur et dotée de super pouvoirs vient au secours d’un gang de « gentils » yakuzas sino-japonais victimes d’un gang de vilains racistes. Quand Nishimura fait du cinéma « progressiste », cela donne un gros délire gore typique de son auteur. La formule ne change pas d’un iota. Femme aux quatre membres coupés servant de moyen de locomotion pour s’élever dans les airs grâce à la force des geysers de sang pulsant de ses moignons orientés vers le bas, créatures dont le haut est une femme et dont le bas est une grosse mâchoire à la dentition impressionnante (rappelant une mutation similaire vue dans Tokyo Gore Police), femme-nuage… L’excès de gore, de délire et d’humour pas fin est bien là. Malheureusement, ce film se situe en dessous de ce qu’a réalisé précédemment Nishimura. La formule commence à être usée, il recycle trop ce qu’il a déjà fait avant et cela apparaît plus bâclé, plus cheap. Donc moins impactant, mais totalement dans l’esprit de feu le label Sushi Typhoon.

Mukuro Trilogy   ★★★
Katsumi Sasaki (Japon)


Voici l’un des poids lourds de la programmation. Le réalisateur Katsumi Sasaki a réuni trois de ses courts-métrages (Apartment Inferno, Sweet Home Inferno et Just Like A Mother) en une anthologie gore qui a de quoi ravir les amateurs de cinéma japonais extrême. Femme séquestrée, violée, démembrée, découpée en petits morceaux, on a tout ça et même plus dans ces petites histoires. Le tout servi par des effets gores réalistes de grande qualité et des gros plans qui nous donnent le temps de savourer le travail effectué. Côté interprétation, chapeau à l’actrice Aya Takami, pourtant pas habituée à ce genre de productions, convaincante et fort investie dans son rôle. De plus, malgré le petit budget, on voit l’effort pour soigner la forme (notamment la photo). Il faut en outre souligner que ce n’est pas qu’un étalage de barbaque : non seulement il y a des histoires, mais il y a aussi une touche personnelle de l’auteur, un ton particulier. Même si tout ça est éprouvant, on en redemande ! Le genre de découvertes qu’on espérait faire à ce festival, donc mission accomplie !

Vermilion   ★★★
Daisuke Yamanouchi (Japon)

Il n’y avait pas que des films d’horreur projetés à Cinéma Interdit. Pour preuve, ce film érotique japonais (pinku eiga) fort efficace. C’est l’occasion de se rendre compte que Daisuke Yamanouchi, connu des amateurs de cinéma extrême pour ses deux Red Room (1999 et 2000) et Muzan-e (1999), est toujours actif, et même carrément très prolifique. Vermilion nous fait voir les relations extraconjugales d’un riche couple marié par pur intérêt, n’ayant pas de relations sexuelles entre eux. Elle s’amourache d’une jeune artiste peintre, lui entretient une relation avec leur domestique… De fil en aiguille, une vraie intrigue se tisse. Le film est très soigné, notamment sur le plan visuel. Entre les éclairages rouges (d’où le titre) et bleutés, on en prend plein les mirettes, sans compter que les corps nus et les ébats sont bien mis en valeur. Les scènes érotiques lesbiennes prennent une bonne place dans l’économie du récit. Yamanouchi est en mode soft, pas d’extrémités à la Muzan-e ici. Cependant, on peut lui faire confiance pour mettre en scène des paraphilies originales (voir par exemple le vieil homme qui récolte dans un verre la transpiration d’une jeune femme en nage afin de la boire voluptueusement). Une belle découverte dans le genre. C’est une bonne idée d’avoir programmé ce film : il a permis de varier agréablement les plaisirs.

Violator   ★★
Jun’Ichi Yamamoto (Japon)


Tout d’abord, il convient de préciser qu’il ne faut pas se fier au titre. En effet, le viol n’est pas l’élément central de ce film, celui-ci parle du phénomène du suicide collectif au Japon. Le réalisateur de Meatball Machine nous revenait en 2018 avec cette histoire qui lui avait été soumise à l’origine par un studio, mais qu’il a entièrement remaniée. Une jeune fille mène son enquête pour savoir ce qu’est devenue sa petite sœur portée disparue. Elle apprend que cette dernière est partie dans un minuscule village perdu au beau milieu de nulle part rejoindre d’autres jeunes dans le but de se suicider ensemble. Elle va se rendre sur place et découvrir les différentes personnes qui se trouvent là-bas. Violator donne l’impression bizarre qu’il y avait au départ un script sérieux, sur le sujet plombant évoqué, auquel Yamamoto a greffé de force des scènes délirantes très graphiques. En résulte un film qui semble avoir le cul entre deux chaises. Dans ce cas précis, on aurait préféré une approche sérieuse de bout en bout, même si, dans l’absolu, on n’est pas du tout contre les scènes déviantes aux effets gores « sushityphoonesques » proposées par Yamamoto.

Walking Woman   ★
Sôichi Umezawa (Japon)

Sôchi Umezawa est un maquilleur et spécialiste en effets spéciaux (il a travaillé sur des films tels que Alien vs. Ninja de Seiji Chiba, Tag et Prisoners of the Ghostland de Sion Sono) passé à la réalisation depuis 2014 et son segment pour l’anthologie horrifique The ABCs of Death 2. Walking Woman (également titré Walking Girl) est son tout dernier forfait en date, qui ne fait que débuter son parcours en festivals. Une femme bossant dans une agence immobilière souffre de problèmes de mémoire. Mais son sombre secret, impliquant des morts, va refaire surface suite aux visites récurrentes d’un homme sur son lieu de travail… Cette production japonaise se situe entre le drame et le thriller horrifique. Elle se caractérise par un rythme lent. Un petit potentiel scénaristique gâché par ses excès de lenteur, malheureusement. Restent quelques idées visuelles intéressantes et une interprétation tout en retenue d’Asuka Kurosawa (A Snake of June, Cold Fish, Psycho Goreman).

When You Wish Upon A Star   ★
Katsumi Sasaki (Japon)


Le film de clôture du festival était aussi la seconde séance consacrée au cinéaste Katsumi Sasaki, qui était toujours présent en compagnie de son actrice Aya Takami pour répondre aux questions du public. Une fille prénommée Eve, qui se prostitue, rencontre un jour la naïve Kimi, qui tombe elle-même dans les griffes de vils proxénètes. Cédant à ses noires pulsions, Eve se rend compte qu’après avoir découpé son « amie » en morceaux, cette dernière revient vivante et entière, comme si de rien n’était. Phantasmes morbides ou réalité ? When You Wish Upon A Star contient quelques scènes très gores dans le style de ce qu’on trouvait dans Mukuro Trilogy, mais celles-ci sont plus éparses, diluées dans un récit que Sasaki tire en longueur. Après le choc Mukuro, When You Wish Upon A Star déçoit, ne retrouvant pas l’intensité de l’anthologie gore. Qu’à cela ne tienne, le plaisir était aussi, et surtout, dans le fait même de pouvoir découvrir ce genre de films fous, rares, parfois déviants, dans un cadre particulièrement convivial.

Sandy Foulon

Nos cotes
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo de la couverture de cet article : En Cinémascope – Sandy Foulon

Clôture du 39e FIFF : retour sur le palmarès et critiques de films primés

Clôture du 39e FIFF : retour sur le palmarès et critiques de films primés 2560 1526 Jean-Philippe Thiriart

Le palmarès

Le vendredi 4 octobre, a pris fin, au Delta, la 39e édition du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) avec la remise des Bayard et autres Prix du Festival, avant la projection du film de clôture : Quand vient l’automne, de François Ozon.

Coprésentée par Stéphanie Coerten et Cédric Wautier, la soirée a été lancée par Jean-Louis Close et Nicole Gillet, le président et la déléguée générale et directrice de la programmation du Festival.

Le Jury Longs Métrages a décerné le Bayard d’Or du Meilleur film à Lofti Achour, réalisateur de Les Enfants rouges, film qui a également reçu le Bayard de la Meilleure photographie pour le travail de son chef opérateur, le Polonais Wojciech Staron. Un film qui, comme l’a précisé le président du Jury, le réalisateur suisse Frédéric Baillif, « allie sensibilité et justesse du récit et a mis d’accord un jury unanime ».

Lofti Achour, le Bayard d’Or du Meilleur film en mains pour Les Enfants rouges

Le Bayard Spécial du Jury est allé à Leurs Enfants après eux, réalisé par les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma. (critique ci-dessous)

Quant au Bayard du Meilleur scénario, il a été décerné à Jean-Claude Grumberg et Michel Hazanavicius pour le film La Plus Précieuse des marchandises. (critique ci-dessous)

Le Bayard de la Meilleure interprétation est allé à une María Cavalier-Bazan ravie, pour sa performance dans Aimer perdre, réalisé par les frères Harpo et Lenny Guit.

María Cavalier-Bazan, Bayard de la Meilleure interprétation dans Aimer perdre

Le Prix Agnès, Prix de l’imaginaire égalitaire qui vient récompenser un auteur ou une autrice dont l’œuvre témoigne d’un regard original et novateur, fruit de la rencontre entre « Elles font des films » et « ¡Ya! assemblée féministe », a été remis à Gaël Kamilindi pour le film Didy, coréalisé avec François-Xavier Destors.

Remis à la coproductrice québécoise du film Annick Blanc, le Bayard de la Meilleure 1ère Œuvre est venu récompenser les qualités de Là d’où l’on vient (Mé el Aïn) de Meryam Joobeur.

Le Prix Découverte a cette année été attribué à Little Jaffna, réalisé par le Français Lawrence Valin, et remis au coscénariste du film Arthur Beaupère.

Arthur Beaupère recevant le Prix Découverte pour Little Jaffna

Le Prix du Jury Junior est revenu à Ollie, réalisé par Antoine Besse, qui déclara que « ce prix était très important car c’est un film que j’ai fait pour tous les jeunes ». (critique ci-dessous)

Enfin, notez que le Prix du Public Long métrage de fiction a été décerné à En Fanfare, réalisé par le cinéaste français Emmanuel Courcol. C’est Arnaud De Haan, représentant le distributeur belge du film Cinéart qui est venu le recevoir des mains du bourgmestre de Namur, Maxime Prévot.

Le reste du palmarès du FIFF 2024 – longs métrages et courts métrages – est à découvrir sur le site du Festival.

Crédit photos : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 39e FIFF, organisé avec la complicité du Festival !

Et félicitations aux gagnantes et aux gagnants de celui-ci : Gabriel De Bruyne, Sylvie Dumont, Lydie Lemaire, Maurice Robert, Nathalie Vandendriessche et Bérangère Wilmart ! Elles et ils ont chacun(e) remporté deux places pour la projection de leur choix.

Jean-Philippe Thiriart, avec la participation de Raphaël Pieters

Trois films primés à épingler

La Plus Précieuse des marchandises   ★★★
Michel Hazanavicius
Sortie dans les salles belges : 27 novembre 2024

Dans sa nouvelle réalisation, un film d’animation, le cinéaste français aux cinq Oscar avec The Artist en 2012 nous raconte l’histoire d’une précieuse marchandise lâchée d’un train en direction d’un camp de concentration : une petite fille âgée de quelques mois à peine. Alors que cette enfant est recueillie par un couple de bûcherons, on redécouvre le destin tragique des Juifs déportés dans les camps de concentration lors de la Seconde Guerre mondiale.

Si l’histoire de la déportation des Juifs doit être connue de tous, nous la raconter à travers un film d’animation est une manière intelligente de présenter celle-ci à un public plus jeune, les adolescents notamment.

Le dessin est réussi et l’histoire, très abordable. La cruauté des camps d’extermination est évoquée de manière implicite. Cela permet à La Plus Précieuse des marchandises de conserver une certaine douceur malgré la cruauté des faits relatés.

Leurs enfants après eux   ★★
Ludovic et Zoran Boukherma
Sortie dans les salles belges : 4 décembre 2024

Ce film nous plonge dans la France des années nonante, au milieu des hauts fourneaux du Grand Est. Anthony a quatorze ans et s’ennuie fortement. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est immédiat et alors qu’une soirée s’annonce le jour-même, il emprunte secrètement la moto de son père pour s’y rendre, espérant y retrouver la jeune fille. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.

Ce film est l’adaptation du Prix Goncourt 2018 : le roman éponyme de Nicolas Mathieu, publié aux Éditions Actes Sud. La mise en images tient toutes ses promesses. Très réaliste, ce film offrant des émotions fortes de bout en bout mélange à merveille moments romantiques et moments dramatiques. Enfin, de nombreux sujets tels que l’amitié, l’amour ou encore le racisme y sont abordés avec justesse.

Ollie   ★★★
Antoine Besse (France)

Ollie est le premier long métrage du réalisateur. Ce film qui a marqué les esprits à Namur narre l’histoire de Pierre, 13 ans, qui vit avec son père dans la ferme familiale après la mort brutale de sa mère. Timide et victime de harcèlement scolaire, il fait du skateboard pour tenter de tout oublier. Les hasards de la vie faisant souvent bien les choses, il rencontre un jeune asocial, Bertrand, avec qui il va se lier d’amitié.

Film émouvant et porteur de valeurs indispensables à tout âge de la vie, Ollie nous transporte dans l’univers du skateboard, nous montrant, de manière ultra réaliste, que malgré les tumultes de la vie et les épreuves, le courage, l’abnégation et l’amitié peuvent aider chaque être humain à trouver sa place dans la société.

Raphaël Pieters, avec la participation de Jean-Philippe Thiriart

Rendez-vous du 3 au 10 octobre 2025 pour fêter, ensemble, l’édition anniversaire du FIFF, la quarantième déjà !
Et avant, bien sûr, sur notre site encinemascope.be !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et YouTube !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
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★★★★    Impératif

Le FIFF place à nouveau Namur au cœur du cinéma francophone, avec 12 places à gagner !

Le FIFF place à nouveau Namur au cœur du cinéma francophone, avec 12 places à gagner ! 1080 1080 Jean-Philippe Thiriart

Plus que quelques fois dormir avant que ne démarre la 39e édition du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).
Quant à notre concours FIFF, il démarre aujourd’hui ! (voir infos ci-dessous)

Du vendredi 27 septembre au vendredi 4 octobre prochains, le cœur de la capitale wallonne battra une nouvelle fois la chamade pour un cinéma issu des quatre coins de la Francophonie : de France et de Belgique, bien sûr, mais aussi du Québec, de Suisse, de Madagascar, de Tunisie ou encore du Rwanda, pour ne citer que quelques-uns des pays représentés cette année à Namur.

Que ce soit en salles, naturellement, pendant et après les projections de longs métrages ainsi que de films courts, mais aussi, notamment, dans les rues de Namur ou encore sous le chapiteau du FIFF, qui signe son grand retour cette année, Place d’Armes. Centre névralgique du Festival, nombreux seront les Festivaliers qui prendront plaisir à s’y retrouver avant ou après une séance, pour boire un verre, faire un pas de danse ou encore participer aux ateliers et aux rencontres qui y seront organisés huit jours durant.

Le FIFF s’ouvrira ainsi ce vendredi 27 septembre avec la projection du long métrage français En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol, précédée de celle du court métrage belge Musclé masqué dans: ferraille pagaille, réalisé, quant à lui, par le Belge Nicolas Gemoets.
Il se clôturera le vendredi 4 octobre avec la Cérémonie de remise des Bayard et autres Prix du Festival de Namur, suivie de la présentation du dernier film du cinéaste français François Ozon : Quand vient l’automne.

Pour tout savoir ou presque sur cette cuvée 2024 du Festival, n’hésitez pas à écouter, ci-dessous, un extrait du dernier numéro de l’émission « Les Cinéfilmes » de la radio Équinoxe !
Nicole Bourdon nous y a accueilli pour préfacer cette édition du Festival de Namur. L’occasion pour nous de tendre notre micro à Nicole Gillet, déléguée générale et directrice de la programmation du FIFF.

Notre préface de la 39e édition du FIFF chez Les Cinéfilmes
Crédit photo : FIFF Namur – Fabrice Mertens

C’était un plaisir de retrouver Nicole Bourdon après un premier passage dans son émission en mars dernier, en présence de sa coanimatrice Joséphine Nefontaine, cette fois-là, pour présenter le dernier long métrage réalisé par le Belge Xavier Seron, Chiennes de vies, et son cinéma.
Merci à Nicole pour son invitation et à Christophe Marchal, l’ingénieur du son d’Équinoxe !

CONCOURS EN CINÉMASCOPE AU 39e FIFF

Cette année, en partenariat avec le Festival de Namur, nous vous offrons 6 x 2 places pour la séance de votre choix !

Pour ce faire, rien de plus simple :
il vous suffit de nous envoyer, avant ce mercredi 25 septembre à 22h, un mail dans lequel vous mentionnez votre prénom et votre nom et ceux de votre invité(e), à l’adresse jean-philippe[arobase]encinemascope.be . Les gagnant(e)s seront tirés au sort et contacté(e)s le jour-même par retour de mail, leurs places leur étant envoyées via ce même canal.

Nous vous souhaitons un excellent voyage au cœur du cinéma francophone ! L’occasion de rencontrer, sur les écrans namurois du Caméo ou du Delta ou dans les rues de Namur, des invités tels que Michel Hazanavicius, Hélène Vincent, François Ozon, Guillaume Senez, Romain Duris, Laurent Lafitte, Benjamin Lavernhe, Vincent Cassel ou encore Diane Kruger.

Plus d’infos : fiff.be

Jean-Philippe Thiriart

Le 42e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et le concert des VHS… et nos critiques de films !

Le 42e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et le concert des VHS… et nos critiques de films ! 1300 911 Jean-Philippe Thiriart

Dimanche soir, prenait fin au Palais 10 de Brussels Expo le 42e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Une édition 2024 clôturée avec la projection du film américano-danois The American Society of Magical Negroes. Ce premier long métrage de Kobi Libii a été présenté aux festivaliers après l’annonce des deux derniers prix qui devaient encore être révélés, l’essentiel du palmarès ayant été annoncé vendredi soir.

Avec une hausse de fréquentation de ses salles de dix pourcents par rapport à l’année dernière, le BIFFF donne d’ores et déjà rendez-vous en 2025 à ses habitués, ainsi qu’à ses futurs adeptes bien sûr ! Du 8 au 20 avril, pour être précis.

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Le palmarès

Au sein de la Compétition internationale, le Corbeau d’Or, Grand Prix du Festival, a récompensé Steppenwolf, du Kazakh Adilkhan Yerzhanov.
Les Corbeaux d’Argent sont allés à Your Monster, de l’Américaine Caroline Lindy et à Cuckoo, de l’Allemand Tilman Singer (voir critique ci-dessous).

C’est Franky Five Star, de l’Allemande Birgit Möller, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent, tandis qu’une Mention Spéciale a été accordée à Flies de l’Espagnol Aritz Moreno.
Ellipsis, de l’Espagnol David Marqués, a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award, une Mention Spéciale étant décernée à Unspoken du Chinois Daming Chen.

Le White Raven Award est allé à River, du Japonais Junta Yamaguchi, avec une Mention Spéciale pour In a Violent Nature, du Canadien Chris Nash (voir critique ci-dessous).
La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages, a vu l’emporter Sleep, du Sud-Coréen Jason Yu. (voir critique ci-dessous)

Le Prix de la Critique a été décerné à River, qui remportait là son deuxième Prix au BIFFF cette année.
Enfin, rayon longs métrages toujours, et de trois pour River puisque le film a également remporté le toujours très touchant Prix du Public !

Envie de connaître le palmarès de la compétition courts métrages belges ? Direction le site du Festival !

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 42e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !

Et félicitations aux gagnant(e)s de celui-ci : Terry Mittig, Marc Vanholsbeeck, Malko Douglas Tolley, Corey Fleshman et Christelle Demaerschalck, qui ont chacun(e) remporté deux places pour The Sin, ainsi que Elisa Tuzkan, Kat Hayes, Sandra Van Craenenbroeck, Angélica Da Silva Carvalho et Stéphane André, qui ont remporté chacun(e) deux places pour 4PM !

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

VHS From Space en live au BIFFF

Dans le cadre d’une soirée « double bill » à l’ancienne, le BIFFF proposait le jeudi 11 avril un programme pour le moins alléchant pour les cinéphiles amateurs de bis mais également pour les mélomanes.

En première partie de soirée, les spectateurs ont pu découvrir The Belgian Wave, réalisé par un des enfants terribles du Festival : Jérôme Vandewattyne. Nous vous invitons à découvrir, sur notre site, notre avis et davantage d’infos sur le film, mais aussi, plus généralement, sur les autres métrages de Jérôme !

À la suite de cette projection, rendez-vous était donné dans le hall du Palais 10 pour le concert de VHS From Space, groupe dont le réalisateur assure le chant et la guitare. Le public s’est donc amassé devant la petite scène pour cette déferlante electro space grunge du plus bel effet. Durant près d’une heure, c’est devant un public qui avait sorti son plus beau déhanché que les cinq membres du groupe, bardés de couleurs fluorescentes, ont délivré leurs riffs SF punk et leurs tempi industriels issus de leur dernier EP Cigarette Burns ou de leur précédent opus : Xenon Equinox.

Une bien belle pause avant de réattaquer pour la séance de minuit, qui mettait à l’honneur, à l’occasion de son 40e anniversaire, l’un des fleurons de l’industrie Trauma : The Toxic Avenger.
Avouez qu’il y avait pire comme afterwork…

Guillaume Triplet

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Nos critiques de films

Abigail   ★★★
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Irlande/États-Unis)

Dernier né du collectif Radio Silence (V/H/S, 666 Road, Wedding Nightmare alias Ready or Not, les cinquième et sixième Scream), Abigail était l’un des gros morceaux de cette édition. Le public a répondu présent (la grande salle était bondée) et il a pu assister, juste avant la projection, à un petit spectacle « live » de danse façon ballet sur la musique utilisée dans le film (Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski). Le film en lui-même a largement répondu aux attentes. Racontant comment une bande de ravisseurs se retrouve coincée dans un manoir isolé avec la fille d’un riche magnat dont ils espèrent tirer une grosse rançon, fille qui est très loin d’être aussi innocente que prévu, cet Abigail constitue une bonne variation sur le thème du vampire. Bien rythmée, tendue tout en présentant des touches d’humour, joliment shootée (la photo est signée Aaron Morton, qui a travaillé au même poste sur le Evil Dead de Fede Alvarez et sur le tout récent La Malédiction : L’origine), offrant de beaux décors et généreuse quant au gore, cette production horrifique fait passer un très bon moment.

Baghead   ★★★
Alberto Corredor (Allemagne/Royaume-Uni)

Une jeune femme hérite d’un grand bâtiment désaffecté abritant un ancien pub qui appartenait à son père tout juste décédé de manière horrible, père avec lequel elle n’avait plus aucun contact depuis longtemps. Alors qu’elle y réside quelques jours le temps de réfléchir à ce qu’elle en fera, un parfait inconnu toque à la porte et lui demande, contre une somme rondelette, de pouvoir avoir un tête-à-tête avec la créature qui hanterait le sous-sol et qui permettrait de pouvoir parler aux personnes défuntes pendant un bref moment. Dans un premier temps, elle prend cet homme pour un fou, mais, rapidement, elle devra bien admettre que ce monstre est bel et bien réel.
Baghead est un pur film d’horreur, avec sa créature fantastique flippante à la mythologie intéressante, ses décors particulièrement glauques mis en valeur par une photographie adéquate, son atmosphère de terreur, mais aussi, il faut bien le dire, ses personnages qui ne font jamais ce qu’il faudrait. Du fait qu’il y ait des séances avec des règles bien précises à respecter (comme ne pas dépasser une certaine durée) pour pouvoir communiquer avec le monde des esprits, on pense un peu à La Main (Talk to Me), même si chacun des deux films possède sa propre « touche ». Il est à noter qu’il s’agit de la version longue d’un court métrage du même nom datant de 2017.

Canceled   ★★
Oskar Mellander (Suède)

Ce film d’épouvante suédois est malheureusement trop classique, dans son déroulement et dans ce qu’il montre, pour pouvoir prétendre marquer les amateurs éclairés du genre. Ce seront davantage les plus jeunes pas encore très familiers des codes qui pourront y être sensibles. On retrouve, comme souvent ces dernières années, un jeune youtubeur entouré de son équipe, qui espère faire péter les scores de son audience grâce à un nouvel épisode de son émission dédiée aux fantômes. Cette fois, Alex va tourner dans un vieux manoir inconnu du grand public dans lequel ce serait déroulé un massacre et où auraient eu lieu divers phénomènes paranormaux. L’introduction est tournée en mode found footage, mais heureusement, le reste du film bénéficie globalement d’une réalisation traditionnelle. Les réactions souvent trop molles des personnages face aux manifestations inquiétantes n’aident pas à créer un climat de tension paroxystique et l’apparence de la créature qui apparaîtra à partir d’un moment est certes pas mal, mais un poil trop convenue (silhouette très maigre, tout en longueur). Tout ça n’est pas honteux, mais est oubliable.

Concrete Utopia   ★★★
Tae-hwa Eom (Corée du Sud)

Ce nouveau film du Sud-Coréen Tae-hwa Eom (aussi orthographié Tae-hwa Um), dont le Vanishing Time: A Boy Who Returned avait déjà été présenté au BIFFF il y a une poignée d’années, a été remarqué internationalement, au point qu’il a représenté la Corée du Sud cette année aux Oscars. Plus qu’un film catastrophe dans lequel Séoul est entièrement détruite par un gigantesque tremblement de terre, à l’exception du bloc d’immeubles à appartements dans lequel vit le couple principal, Concrete Utopia est une intelligente métaphore politique où le réalisateur étudie les comportements humains individuels et collectifs dans un contexte de crise majeure impliquant la notion de survie. C’est fait de manière non-manichéenne, avec un large spectre de réactions possibles envisagé : lâcheté, égoïsme, sens du sacrifice, solidarité, négation de ses propres valeurs au nom de l’intérêt du groupe, culte de la personnalité qui émerge, etc. Les échos avec les grandes questions d’actualité sont frappants (on pense par exemple à la crise des migrants). C’est tout cet aspect qui, s’ajoutant aux qualités cinématographiques intrinsèques (qualité des effets spéciaux, de la mise en scène…), en fait un film tout à fait digne d’intérêt. C’est ambitieux et ça vise juste.

Cuckoo   ★★★
Tilman Singer (Allemagne/États-Unis)

Une jeune fille de 17 ans est obligée de quitter les États-Unis et d’emménager avec son père, sa belle-mère et sa demi-sœur muette dans une station balnéaire sise dans les montagnes allemandes. Sur place, elle découvre que certaines personnes ont un comportement étrange, elle entend des bruits bizarres et se fait poursuivre le soir par une mystérieuse femme très agressive.
Servi par une belle distribution internationale, dont Marton Csokas (Celeborn dans Le Seigneur des Anneaux), Dan Stevens (Abigail, voir plus haut), Hunter Schafer (Tigris dans le tout dernier Hunger Games) et Jessica Henwick (Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés), Cuckoo présente un scénario dont l’originalité est à souligner et qui apporte une fraîcheur bienvenue. Tilman Singer (Luz), dont c’est seulement le second film, y distille savamment quelques petits moments touchants, quelques scènes d’action, et, surtout, des moments de malaise et de peur. Il faudra continuer à surveiller la carrière de ce réalisateur allemand !

Destroy All Neighbors  
Josh Forbes (États-Unis)

Le réalisateur Josh Forbes, qui vient de l’univers des clips musicaux, accouche d’une petite comédie gore calibrée pour les séances de minuit survoltées. William est un artiste frustré, bossant en journée dans un studio d’enregistrement et habitant avec sa copine dans un appartement miteux où il s’est installé son petit studio perso, rêvant depuis trois ans de sortir son propre album de rock progressif. Mais il y a toujours quelque chose qui l’empêche de finaliser ce projet. Cette fois, c’est son nouveau voisin qui écoute jour et nuit de la dance music le volume sonore coincé au maximum, ce qui lui pourrit la vie. Il se décide à s’expliquer avec cet infernal voisin quand soudain…
On voit directement qu’on est face à un budget très limité. Les effets spéciaux sont volontiers kitsch, mais généreux. À noter que le spécialiste Gabe Bartalos (notamment fidèle collaborateur de Frank Henenlotter) a travaillé dessus. Pas bien finaud, Destroy All Neighbors se révèle attachant par l’amour pour le rock progressif qu’il parvient à faire partager.

Deus Irae  
Pedro Cristiani (Argentine)

Après son court métrage Deus Irae en 2010, Pedro Cristiani est de retour 13 ans plus tard avec cette fois la version longue. On y suit les tourments du Père Javier, qui consacre sa vie à rendre visite aux familles en prise avec des démons et à nettoyer les maisons de celles-ci de la présence du Malin. Il souffre de plus en plus de crises d’absence lors de ces séances et ce qu’il découvre au sortir de celles-ci n’est guère joyeux. Un jour, il reçoit la visite de mystérieux prêtres aux méthodes radicales. Le réalisateur argentin développe un univers sombre et cauchemardesque ayant ses potentialités. Largement porté sur le gore, il privilégie les effets spéciaux pratiques, ce qui est tout à son honneur et donne son charme à son film. Jets d’hémoglobine et créatures monstrueuses constituent les attractions principales de celui-ci. Las, le manque de consistance du scénario empêche de davantage s’enthousiasmer pour ce petit shocker. Pour tout dire, on aurait tellement voulu pouvoir le porter aux nues ! On surveillera cependant la suite des événements, car une seconde partie pourrait débouler un jour, si tout se passe bien…

Devils   ★★★
Jae-hoon Kim (Corée du Sud)

Pour son premier film, le Coréen Jae-hoon Kim fait fort ! Il investit le genre du polar hardcore, l’une des spécialités nationales, pour un résultat absolument grisant. Il y est question d’un inspecteur enquêtant sans relâche sur une bande de tueurs en série diffusant sur le dark web des vidéos snuff de leurs méfaits. L’affaire a pris une tournure personnelle pour lui depuis que son beau-frère compte parmi les victimes de ces ignobles individus. Lors d’une course-poursuite, il attrape un membre-clé de cette organisation, mais dans le feu de l’action, les deux hommes tombent dans une ravine. Black-out. Lorsque, un mois plus tard, l’inspecteur se réveille menotté dans un lit et se voit dans un miroir, il n’en croit pas ses yeux : il est dans le corps du tueur qu’il a failli arrêter, alors que ce dernier, l’honorant de visites pour le narguer, a l’apparence du policier. Que s’est-il passé ? On pense forcément à Volte/Face (Face/Off) de John Woo, mais Jae-hoon, qui est également scénariste, en a bien conscience et en joue. S’appuyant sur une solide interprétation des acteurs, Devils déroule un scénario absolument diabolique et fait montre d’une violence tant psychologique que graphique digne d’un film d’horreur. On recommande très fortement !

Exhuma   ★★★
Jae-hyun Jang (Corée du Sud)

Jae-hyun Jang poursuit son exploration des rituels liés aux différentes croyances religieuses après The Priests (2015) où deux prêtres catholiques arrivaient à la rescousse pour tenter d’exorciser une fille possédée et Svaha: The Sixth Finger (2019) avec son intrigue complexe dont l’un des arcs narratifs présentait un pasteur protestant qui enquêtait sur une secte bouddhiste. Exhuma, quant à lui, développe les rites chamaniques au travers de ses personnages et de son intrigue. Deux jeunes chamans s’allient à un vieux géomancien et à un croque-mort pour essayer de briser une malédiction qui touche une richissime famille américano-coréenne. Pour cela, ils vont devoir déterrer et déplacer le cercueil d’un ancêtre de leur client. Allant de mauvaise surprise en mauvaise surprise, ils vont s’apercevoir que leur mission est beaucoup plus dangereuse que prévu. Le réalisateur (qui a aussi écrit le scénario) prend son sujet au sérieux. C’est manifeste, tant dans la manière dont le film a été préparé (les acteurs ont dû apprendre de vrais rituels chamaniques et des spécialistes étaient présents en tant que consultants) qu’à l’image. La présence du charismatique Min-sik Choi (Old Boy) dans le rôle du géomancien expérimenté est un atout indéniable, tandis que les décors, entre tradition et modernité, nature et ville, sont bien utilisés, tout comme l’Histoire de la région. On pourrait presque prendre Exhuma comme un mix entre un documentaire sur l’aspect folklorique coréen évoqué et un bon divertissement fantastico-horrifique (effets spéciaux et scènes de trouille sont de la partie). À découvrir.

The Funeral   ★★★
Orçun Behram (Turquie)

Nous autres francophones aurons beau rigoler en entendant le titre original de The Funeral (Cenaze) et le nom de son personnage principal (Cemal), il faut bien reconnaître après visionnage que tout ça est tout sauf naze. Loin de son cinéma bis des années 70 et 80 (Turkish I Spit On Your Grave, Turkish Star Wars, etc.), la Turquie a produit quelques bons films d’horreur ces dernières années (on pense par exemple à Baskin de Can Evrenol, présenté au BIFFF en 2016). C’est encore le cas ici, Behram adoptant une approche intimiste intéressante du thème du mort-vivant.
Un chauffeur de corbillard déprimé accepte un boulot officieux : cacher pendant un mois le corps d’une jeune femme, à la demande de la famille. Mais il va se rendre compte que ce cadavre fait du bruit, bouge et a un appétit aiguisé pour la viande humaine.
La relation qui s’instaure entre les deux personnages donne tout son sel à ce film plus sensible qu’il n’en a l’air (un rythme peu trépident couplé à une certaine froideur apparente pourraient induire en erreur sur ce point). Quelques scènes de cauchemars et le final présentent une belle force de frappe visuelle, proprement horrifique. On dénombre aussi une certaine quantité de plans gores, mais là ne réside pas le réel intérêt de cette production sombre, presque désespérée. Pourvu que son réalisateur continue dans le genre !

Gueules noires   ★★
Mathieu Turi (France)

Tout comme Le Mangeur d’âmes également évoqué dans ce dossier, Gueules noires (ou Deep Dark pour le marché international) faisait partie du focus French Connection(s) de ce 42e BIFFF, qui visait à mettre en avant le cinéma de genre francophone lors de cette édition du Festival. Initiative louable qui permet de constater une assez bonne santé du secteur (même si ses acteurs déplorent toujours qu’il est plus difficile de monter des projets relevant de l’horreur comparativement à d’autres cinématographies). Le réalisateur Mathieu Turi n’est pas un inconnu du festival, puisque son Méandre avait été sélectionné pour l’édition en ligne de 2021. L’idée avec son nouveau film, c’est de croiser l’univers de Germinal (les mineurs du Nord de la France) et l’univers de Lovecraft (le mythe des Grands Anciens). Facile à pitcher, Gueules noires tient ses promesses jusqu’à un certain point. Le petit bémol réside dans l’aspect de la divinité païenne, moins impressionnant qu’espéré. À part ça, on suit avec plaisir ces travailleurs du charbon menés par un Samuel Le Bihan charismatique, d’abord dans les mines à mille mètres sous terre, puis dans une crypte d’une civilisation très ancienne. Les claustrophobes et nyctophobes risquent d’avoir quelques sueurs froides.

In a Violent Nature   ☆
Chris Nash (Canada)

Le scénariste et réalisateur Chris Nash a dû se demander ce que donnerait un Vendredi 13 filmé à la manière d’Elephant de Gus Van Sant. Certes, apporter une petite trouvaille donnant une légère touche de fraîcheur au genre du slasher est en théorie bienvenu, mais quand le parti pris de mise en scène transforme un film qui aurait pu être fun en machin embêtant à suivre, n’est-ce pas dommage ? D’autant que le script est basique au possible : en pleine forêt, un homme massif et attardé mental se relève d’entre les morts pour aller massacrer un à un les quelques jeunes gens qui ont pris le médaillon de sa chère maman qui traînait à l’endroit où il était enterré. Aucun rebondissement, aucun développement psychologique, juste un squelette de scénario sans chair ni gras. La caméra se contente de coller aux basques du tueur, au lieu de suivre le groupe de futures victimes comme cela se fait généralement dans le genre. Statique, linéaire et répétitif, In a Violent Nature reprend à son compte les codes et grandes « figures imposées » du slasher forestier : l’inévitable bande de jeunes, le masque (qui, pour le coup, a l’air d’avoir été inspiré par Les Mignons !), la légende racontée autour d’un feu de camp, etc. À notre sens, le seul élément qui sauve le film du néant, ce sont les scènes gores, bien faites, généreuses et inventives. C’est peu.

Krazy House   ★★
Steffen Haars et Flip Van der Kuil (Pays-Bas)

Krazy House se présente comme une sitcom américaine typique des années 90, suivant les Christian, une petite famille bien sous tous rapports : Bernie, le papa très religieux, mais maladroit, arborant fièrement son pull « Jesus » qu’il a tricoté lui-même, Eva, la maman, femme stressée qui doit régenter sa petite smala, et leurs deux ados, Adam, qui se passionne pour la chimie, et Sarah, vierge qui attend le prince charmant. L’arrivée d’un vieux père de famille russe et de ses deux garçons, qui s’incrustent chez cette famille en se proposant de régler leur problème d’évier, va sérieusement perturber tout ce petit monde.
Le duo de réalisateurs Haars et Van der Kuil (cf. les New Kids) aime à mettre en avant la culture populaire néerlandaise. Ici, les compères passent un cap dans leur carrière : tournage en anglais et cast international réunissant notamment Nick Frost (la « trilogie Cornetto ») et Alicia Silverstone (Clueless) pour un violent dynamitage du politiquement correct à l’américaine véhiculé par les sitcoms U.S. que Krazy House parodie. Bon, il faut se farcir le trop long début, mais une fois que tout part en vrille, le vilain garnement qui sommeille en vous devrait jubiler face à ce déferlement de langage ordurier, de violence gore et de blasphème appuyé. Amis de la poésie, bye bye !

Kryptic   ★★
Kourtney Roy (Canada/Royaume-Uni)

Suite à une terrifiante expérience au cours d’une randonnée dans la forêt la laissant amnésique, Kay Hall se met en quête de Barb Valentine, cryptozoologue connue pour avoir disparu dans la région alors qu’elle était sur les traces du Sooka, créature du folklore local que Kay aurait croisée de très près…
Premier long métrage de la réalisatrice et photographe canadienne Kourtney Roy, Kryptic part d’un synopsis de films de monstres pour très rapidement emmener son spectateur vers autre chose, à la fois plus psychologique et plus organique que prévu. Brouillant l’identité de son personnage central, le film prend une dimension lynchienne, ne laissant pas son sens global se dévoiler de manière limpide, quitte à larguer certains spectateurs en cours de route, d’autant que le jeu de l’actrice principale, Chloe Pirrie, est déstabilisant. En voilà un qui porte donc bien son titre ! On épinglera, parmi ses qualités, la beauté des paysages naturels que traverse l’héroïne, l’immersion dans le Canada profond, avec sa galerie de locaux pas piquée des hannetons et, surtout, le caractère très organique (question fluides corporels, on est servis) des flashes qui ponctuent le métrage, ce qui devrait ravir les fans de Brian Yuzna (Society, Progeny) et de body horror en général.

Last Straw   ★★
Alan Scott Neal (États-Unis)

Last Straw décrit la pire journée et surtout la pire nuit de Nancy, jeune fille récemment promue responsable de la petite équipe travaillant pour le diner appartenant à son père. Elle apprend qu’elle est enceinte sans être certaine de l’identité du père, sa voiture tombe en panne, elle arrive en retard au travail, se fait semoncer par son paternel, est bonne pour assurer le service de nuit, voit son autorité remise en question par ses collègues et, surtout, doit chasser de l’établissement une bande d’ados masqués vraiment pas nets, qui promettent de revenir plus tard pour se venger de l’affront. Une fois la nuit tombée, alors qu’elle est seule dans le resto routier isolé, ça ne loupe pas : des individus masqués débarquent et elle va devoir lutter pour sa survie…
Le scénario de ce thriller horrifique ne casse pas la baraque – il possède ses faiblesses d’écriture – mais l’ensemble est suffisamment rythmé et tendu pour qu’il puisse remplir son office de divertissement sans grandes prétentions. Petite originalité, tout de même : les faits, jusqu’à un certain point, seront montrés selon deux points de vue différents, afin que le spectateur se rende mieux compte de quoi il retourne… Quelques scènes sanglantes et une bonne musique synthétique contribuent à faire passer la pilule pour le spectateur pas trop regardant.

Love Lies Bleeding   ★★
Rose Glass (États-Unis/Royaume-Uni)

Romance entre deux jeunes femmes, dont l’une, Lou (Kristen Stewart), n’a jamais quitté sa région, travaille dans un club de musculation et a un père shérif très louche (Ed Harris), et l’autre, Jackie (Katy O’Brian), est sur les routes dans le but de tenter de gagner un concours de culturisme à Las Vegas, Love Lies Bleeding se distingue par des scènes violentes et trash, un léger érotisme et des personnages à fleur de peau. Sa distribution fait également plaisir, entre ce bon vieux Ed Harris (Abyss, Apollo 13, The Truman Show) dans un rôle bien malsain, Kristen Stewart qui, depuis un bon bout de temps déjà, a largement réussi à casser son image trop commerciale liée au succès de la saga Twilight et Dave Franco (frère de James Franco, vu dans Warm Bodies : Renaissance, les deux Insaisissables et Nerve) qui compose un personnage de salaud fini. On regrettera juste la fin qui part dans un délire surréaliste, ce qui a tendance à nuire au sérieux de l’entreprise. Après son Saint Maud bien accueilli par la presse, la réalisatrice Rose Glass est en train de se construire une filmographie intéressante.

Le Mangeur d’âmes   ★★
Julien Maury et Alexandre Bustillo (France)

Nouveau film du duo de choc Julien Maury et Alexandre Bustillo (À l’intérieur, Aux yeux des vivants, tous deux également projetés au BIFFF, respectivement en 2008 et 2014), Le Mangeur d’âmes (The Soul Eater pour l’international) est un polar adapté d’un roman d’Alexis Laipsker. Un gendarme, Franck, qui enquête sur la disparition d’enfants, et une policière, Elisabeth, envoyée dans un village des Vosges à cause d’une double mort violente, vont devoir apprendre à collaborer car leurs deux affaires semblent étroitement liées. Ils se rendent progressivement compte que chaque élément renvoie à une légende locale, celle d’une créature vivant dans la forêt et qui dévore l’âme de ses victimes. C’est la première fois que les deux réalisateurs quittent le genre de l’horreur pure et dure (on restera dans le polar, malgré le parfum de fantastique qui règne sur le film), mais ils ont néanmoins tenu à apporter leur touche personnelle à cette histoire préexistante. Ainsi, les scènes de meurtres sont particulièrement gores, ce qui constitue l’une de leurs signatures visuelles évidentes. Ils ont réuni pour l’occasion un joli cast, comprenant Virginie Ledoyen, Sandrine Bonnaire et Paul Hamy. Entièrement tourné en décors naturels, Le Mangeur d’âmes s’élève au-dessus du policier pépère, sans constituer l’une des entrées marquantes de la filmographie du sympathique duo.

Sleep   ★★★
Jason Yu (Corée du Sud)

Hyun-su et Soo-jin forment un couple qui a tout pour être heureux : un bel appartement, un brave chien-chien, un bébé sur le point de naître et un mantra comme quoi ensemble, on peut tout affronter. Lui est un brillant acteur récompensé (petit parallèle biographique avec son interprète, feu Sun-kyun Lee, notamment acclamé internationalement pour son rôle dans Parasite), elle est une cadre dans une grosse boîte. Cependant, la nuit, Hyun-su se met à avoir des crises de somnambulisme au cours desquelles il va avoir un comportement de plus en plus dangereux pour lui-même et pour les siens.
Avec ce premier film, Jason Yu se fait remarquer un peu partout (notamment à Cannes) pour la subtilité avec laquelle il traite son sujet et pour sa direction d’acteur impeccable. On est face à un cas exemplaire du Fantastique selon l’acception du théoricien Tzvetan Todorov, dans la mesure où, tout au long de l’histoire, on hésite entre une explication surnaturelle des faits (le mari serait-il possédé par un fantôme qui profiterait de son sommeil pour s’exprimer ?) et une explication rationnelle (ce serait juste un cas extrême de somnambulisme, point barre). Différents indices sont fournis en cours de route… Belle simplicité très travaillée, belle efficacité. Jason Yu : un nouveau grand espoir du cinéma coréen.

Stockholm Bloodbath   ★★★
Mikael Håfström (Suède/Danemark)

Le réalisateur suédois Mikael Håfström, habitué aux productions américaines (Chambre 1408 et Le Rite, c’est lui), a tourné en Hongrie cette production suédo-danoise. Une dimension internationale qu’on retrouve dans le scénario même de Stockholm Bloodbath, basé sur des faits historiques impliquant les différents pays formant le noyau dur de la Scandinavie. Les faits se déroulent au 16e siècle. Le roi du Danemark et de la Norvège, Christian II, ambitionne se soumettre la Suède à son autorité. La guerre fait rage. Dans ce contexte, Freja et Anne, appartenant à un village de résistants, voient tous leurs proches se faire massacrer par un petit groupe de puissants mercenaires à la solde de Christian II. Les deux femmes partent dans une quête vengeresse. À la croisée entre le cinéma de Tarantino (on pense à la Mariée des Kill Bill), celui de Guy Ritchie et des intrigues de cour à la façon de Game of Thrones (mais sans la dimension fantasy), Stockholm Bloodbath impressionne par son ampleur narrative. Cela s’en ressent à sa durée : il est long. Le jeu d’acteur est bon et Håfström parvient à nous captiver suffisamment au cours de cette grande fresque. Le principal reproche qu’on lui adressera, ce sont certains tics de réalisation (comme les split-screens) trop connotés modernes, qui ne s’accordent pas bien avec la dimension historique de l’histoire. Dans cet ordre d’idées, plusieurs autres anachronismes risquent de faire sourciller les historiens. Il faut passer outre pour profiter pleinement du spectacle.

Things Will Be Different   ★★
Michael Felker (États-Unis)

Un frère et une sœur, fuyant avec le magot de leur casse, se réfugient dans une maison de campagne vide. La particularité de cette habitation, c’est qu’elle contient en son sein un système qui permet de voyager dans le temps. Pratique quand on veut disparaître quelque temps pour échapper aux recherches de la police. Sauf que ça ne va pas du tout se passer comme prévu…
Il s’agit du premier long métrage écrit et réalisé par Michael Felker, qui a reçu l’appui d’Aaron Moorhead et Justin Benson (Spring, The Endless), cinéastes avec lesquels il avait déjà travaillé en tant que monteur et producteur. Assez minimaliste dans son approche du thème du voyage dans le temps, tout en condensant un certain nombre d’idées, il ne s’avère pas aussi jouissif que prévu, la faute à une trop grande rétention d’informations vis-à-vis des spectateurs qui pourront ressentir une impression d’opacité et de frustration. Le genre de films pour lesquels on se dit : « à revoir afin de vérifier si certains éléments nous ont échappé lors du premier visionnage ».

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant   ★★
Ariane Louis-Seize (Canada)

Comme l’indique ce long titre, c’est l’histoire d’une vampire ado qui, depuis qu’elle est toute petite, se montre trop sensible pour tuer des gens afin de se nourrir. Jusqu’à présent, sa famille l’aidait en lui fournissant des poches de sang qu’elle sirotait à la paille. Mais désormais, ses proches décident qu’elle doit passer à l’âge adulte et donc apprendre à chasser pour survivre par elle-même. La voilà mise au pied du mur. Le problème, c’est que, vraiment, elle coince. Heureusement, elle tombe un soir sur un garçon aux tendances suicidaires, qui va comprendre de quoi il retourne et proposer de lui donner sa vie pour l’aider. Touchée, la vampire lui propose de d’abord réaliser sa dernière volonté. Ils vont ainsi passer la nuit à tenter d’accomplir cet objectif. On a là un film fort sympa, bien foutu. Son approche du mythe du vampire apporte un brin de fraîcheur, il possède une belle texture visuelle, l’humour fait mouche et son actrice principale (Sara Montpetit) est étonnante. C’est mignon et touchant.

When Evil Lurks (Cuando acecha la maldad)   ★★★
Demián Rugna (Argentine)

Très attendu des amateurs d’horreur, When Evil Lurks ne démérite pas. Son réalisateur avait déjà régalé les spectateurs du BIFFF en 2018 avec Terrified (Aterrados), pur condensé de terreur. Il persiste et signe cette année dans cette veine avec une histoire gagnant en ampleur. Le film était présenté hors compétition, mais il faut dire qu’il s’est déjà taillé une belle réputation dans de nombreux autres festivals (il a par exemple été élu meilleur film à Sitges).
En pleine campagne argentine, deux frères découvrent un homme horriblement infecté par un démon sur le point de donner naissance au mal absolu. Ils décident de se débarrasser de ce corps purulent en le larguant des centaines de kilomètres plus loin. Ce faisant, ils enfreignent une des règles fondamentales liées à la possession démoniaque. Le chaos va alors se répandre autour d’eux.
Rêche, implacable, impitoyable, ce nouveau bébé de Demián Rugna est assez éloigné des standards hollywoodiens modernes et c’est tant mieux. Ainsi, certaines catégories de personnages souvent épargnées dans les productions plus consensuelles prennent cher ici. En clair, personne n’est à l’abri. Le film génère dès lors un redoutable sentiment d’insécurité. L’interprétation des acteurs est à l’avenant. Les scènes gores, particulièrement dégoûtantes, sont marquantes. L’insertion de l’histoire dans le terroir est par ailleurs bien rendue. En bref, c’est du solide. Tout juste peut-on reprocher au personnage principal d’avoir des comportements trop souvent contraires à ce qu’il devrait faire. Voilà donc un nouvel incontournable du genre.

Sandy Foulon

Merci à toute l’équipe de En Cinémascope présente à nos côtés pour couvrir cette cuvée 2024 du BIFFF : Guillaume Triplet, Sandy Foulon, Sofía Marroquin Simar et Vincent Melebeck !

Et rendez-vous, donc, du 8 au 20 avril 2025 pour le 43e BIFFF et avant, bien sûr, sur notre site !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, YouTube et Twitter !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner !

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner ! 1458 540 Jean-Philippe Thiriart

Ah, le mois d’avril ! Ses poissons, ses œufs en chocolat et… le BIFFF et notre concours ! BIFFF pour Brussels International Fantastic Film Festival, bien sûr. L’événement est aussi incontournable pour les fantasticophiles que le sont les friandises en forme d’œufs pour les bambins (et pas que pour eux, d’ailleurs, mais chut !) en cette période printanière. Depuis 1983, cette grand-messe du cinéma de genre, reconnue mondialement, abreuve les passionnés et les curieux de tonnes de pellicules carburant à la frousse, au sang, au mystère et à l’anticipation. Des invités aussi révérés que Wes Craven, Tobe Hooper, Donald Pleasance, Anthony Perkins, Terry Gilliam, Dario Argento, Barbara Steele, Park Chan-wook, Guillermo Del Toro ou J.A. Bayona sont venus fouler son sol. Vous aussi, vous avez envie de côtoyer du beau monde et, surtout, vous avez soif de découvertes cinématographiques ? Alors nous avons une bonne nouvelle pour vous : En Cinémascope vous offre la possibilité de gagner 20 places pour le Festival ! Cela via le concours organisé sur notre page Facebook (voir ci-dessous).

Civil War, d’Alex Garland, ouvrira ce 42e BIFFF !

Pour sa 42e année d’existence, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles se tiendra du 9 au 21 avril au Palais 10 sur le site du Heysel, son nouveau fief depuis 2022. Il s’ouvrira avec Civil War d’Alex Garland et se clôturera avec le film au titre joyeusement provocateur The American Society of Magical Negroes de Kobi Libii. Entre les deux, plein de longs métrages et de courts métrages, des événements et animations à ne plus savoir qu’en faire, des stands où il fait bon fureter, des expositions à admirer et des guests à rencontrer. Diverses sélections de films concourront pour la Compétition internationale, la Compétition européenne, l’Emerging Raven (récompensant les nouveaux talents), le White Raven (l’ancien 7e Parallèle), le Black Raven (pour les thrillers), le Critics Award, l’Audience Award, sans oublier les compétitions ciblant les courts. Parmi les événements off, épinglons les nouveautés comme le concours d’écriture Being Stephen King et l’intrigant No Name Bar, lieu « caché » au sein du festival, qui promet de receler quantité de trésors, mais aussi les grands classiques comme le Bal des vampires, qui aura lieu la nuit du 20 au 21 avril, le concours de maquillage et le body painting. Signalons également la tenue de plusieurs masterclass, dont une avec le célèbre compositeur italien Fabio Frizzi, notamment connu pour ses collaborations avec Lucio Fulci (L’Enfer des zombies, Frayeurs, L’Au-delà…).

Le Bal des vampires, de retour la nuit du 20 au 21 avril !
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Côté films, on repère dans le lot The Toxic Avenger (Lloyd Kaufman & Michael Herz, 1983), le film emblématique de la Troma, projeté dans une version restaurée en 4K à l’occasion des 50 ans de la célèbre firme indépendante, le coréen Sleep (Jason Yu), qui s’est taillé une belle réputation dans les festivals par lesquels il est déjà passé, When Evil Lurks (Demián Rugna), souvent cité parmi les meilleures productions horrifiques de 2023, l’américain Things Will Be Different (Michael Felker) qui titille notre curiosité avec ses promesses de voyages temporels déroutants, l’italo-polonais Black Bits d’Alessio Liguori, décrit comme une sorte de Thelma et Louise coincées dans un épisode de Black Mirror, la mise en avant du cinéma francophone via le focus French Connection(s), avec notamment Le Mangeur d’âmes du duo français Julien Maury et Alexandre Bustillo (À l’intérieur) et Gueules noires de Mathieu Turi (Méandre), enfin, The Belgian Wave du Belge Jérôme Vandewattyne qui avait précédemment signé Spit’n’Split.

Pour l’ambiance déjantée, la Nuit (du 13 au 14 avril) est à ne pas manquer. Et les organisateurs n’oublient pas le jeune public en leur réservant un Family Day le samedi 20 après-midi au cours duquel sera projeté entre autres le film d’animation Robot Dreams de Pablo Berger, qui était carrément nominé aux Oscars cette année. En tout, 80 longs métrages à se mettre dans les pupilles. Une chose est sûre : on n’aura pas le temps de s’embêter ce mois d’avril !

Notre concours Facebook : 20 places à gagner !

Avec la complicité du Centre Culturel Coréen de Bruxelles, nous vous proposons, cette année, de remporter 10 x 2 places pour le BIFFF !

Soit dix places pour un film de la compétition internationale puis dix autres pour un film de la compétition White Raven.
->
5 x 2 places pour The Sin de Dong-seok Han, ce mercredi 10 avril à 21h, et
5 x 2 places pour 4PM de Jay Song, le vendredi 19 avril à 16h.

Pour remporter vos places, rien de plus simple : rendez-vous sur notre page Facebook !
Fin du concours : mardi 9 avril à 12h.

Pas moins de dix autres films coréens seront projetés lors de cette 42e édition du Festival ! Parmi ceux-ci : Exhuma de Jae-hyun Jang en compétition internationale, Don’t Buy the Seller de Hee-kon Park en compétition Black Raven ou encore Sleep de Jason Yu en compétition Emerging Raven.

En Cinémascope couvrira le BIFFF et vous proposera, à l’issue du Festival, un dossier qui lui sera consacré.
D’ici là, bon concours… et excellent BIFFF !

Plus d’infos, direction le site du BIFFF !

Sandy Foulon et Jean-Philippe Thiriart (merci à Pierre Pirson !)

Présentation de CHIENNES DE VIES et du cinéma de Xavier Seron dans la Minute Cinéma

Présentation de CHIENNES DE VIES et du cinéma de Xavier Seron dans la Minute Cinéma 800 430 Jean-Philippe Thiriart

Aujourd’hui, nous avons choisi de revenir sur l’œuvre d’un de nos réalisateurs de cœur : le Belge Xavier Seron. Et de vous présenter son nouveau film, Chiennes de vies, qui vient d’entamer sa deuxième semaine en salles.

De son cursus en réalisation à l’IAD à son dernier bébé, nous vous présentons l’essentiel de ce qu’il y a à savoir sur ce cinéaste attachant et sur son cinéma, singulier pour le moins.


Envie d’en connaître davantage sur le travail de Xavier Seron ? N’hésitez pas à écouter l’extrait de notre passage en radio autour de son cinéma, disponible sur notre chaîne YouTube !

Et pour aller plus loin, nous vous invitons à découvrir :
– notre interview de l’équipe de Mauvaise Lune aux Magritte du Cinéma, le premier film que Xavier a coréalisé avec son complice Méryl Fortunat-Rossi, et
– l’interview du réalisateur bruxellois effectuée en amont de la projection au Brussels International Film Festival (le BRIFF) de son dernier court métrage, Sprötch, dans le cadre du premier volume de « La Belge Collection ».

Crédits vidéo
Captation : Geoffrey Baras
Montage : Amira Samaali
Graphisme : Emmanuel De Haes, à qui nous devons également les nouveaux génériques de En Cinémascope
Production : Sofía Marroquín Simar

Jean-Philippe Thiriart

En Cinemascope
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