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Le 40e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 40e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 1535 826 Jean-Philippe Thiriart

Samedi dernier prenait fin à Brussels Expo l’édition anniversaire du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Le Festival a en effet fêté ses 40 ans, et cela de belle manière. Une fête qui a pris fin avec la projection du film de clôture – Fall (signé Scott Mann) –, précédée de l’annonce du palmarès. Un palmarès qui est venu couronner une coproduction belge, l’année-même où le festival lançait, non sans fierté, un focus belge sur le cinéma de genre. C’est la première fois depuis la naissance du BIFFF, en 1983, qu’une coprod belge remporte la récompense suprême, le Corbeau d’Or. Ce film, c’est Vesper, réalisé par Kristina Buozyte et Bruno Samper. (critique ci-dessous)

Kristina Buozyte et Bruno Samper, réalisatrice et réalisateur de Vesper
Crédit photo : Vincent Melebeck

Au sein de la Compétition internationale toujours, les Corbeaux d’Argent sont allés à Summer Scars, de Simon Rieth, et à Virus 32, de Gustavo Hernández, une Mention spéciale étant accordée à Studio 666, de BJ McDonnell (critique ci-dessous).

C’est Moloch, de Nico van den Brink, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent.
Nightride, de Stephen Fingleton a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award, une Mention spéciale étant accordée à Limbo, de Soi Cheang (critique ci-dessous)
Le White Raven Award est allé à Life of Mariko in Kabukicho, de Eiji Uchida et Shinzo Katayama, avec une Mention spéciale pour Redemption of a Rogue, de Philip Doherty (critique ci-dessous).
La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages a vu l’emporter Kappei, de Takashi Hirano. Mention spéciale à Zalava, de Arsalan Amiri.
Le Prix de la Critique a été décerné à Piggy, de Carlota Pereda (critique ci-dessous), avec une Mention spéciale pour Huesera, de Michelle Garza.
Le toujours très touchant Prix du Public a été décerné au détonnant Mad Heidi, de Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (critique ci-dessous).

Envie de connaître le palmarès des courts métrages ? Direction le site du Festival !

Résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand MERCI à celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope @ 40e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !
Et félicitations aux gagnant(e)s de celui-ci : Muriel Adamski, Christine Demaerschalck, Cédric Gabriel, Patrick Laseur et Vincent Meulemans !
Elles et ils ont chacun(e) remporté un pass de 6 séances, trois persos et trois pour la personne de leur choix pour autant de films coréens au BIFFF.

Jean-Philippe Thiriart

Critiques de différents films primés

Vesper Chronicles (Vesper), Corbeau d’Or   ★★★
Kristina Buozyte et Bruno Samper (France, Lituanie, Belgique)

De la bio science-fiction, voilà un sous-genre qui est très peu représenté au cinéma. Le film offre dès lors un vent de fraîcheur malgré le ton sombre du récit.
L’humain a saccagé la planète, la nature a repris ses droits et l’homme, pour survivre, n’a pu que s’acclimater et vivre avec elle en créant une biotechnologie organique à base de bactéries, de champignons et d’autres organismes végétaux pour alimenter machines et éclairages, mais aussi à des fins médicales, technologie dont la jeune Vesper se révèle être une génie.
Si le film dépeint un futur original et peut compter sur des acteurs et actrices convaincants, il bénéficie aussi d’une excellente direction artistique, tantôt belle et envoûtante, tantôt sale et aussi organique qu’un film de David Cronenberg, en lien direct avec les enjeux du récit, centrés autour de la recherche biologique et des expérimentations génétiques.
On pourra s’étonner de la violence de certains passages, parfois crus, et d’un ton ambiant nihiliste, le film étant vendu comme une fiction grand public. Il reste cependant facile d’accès.
Malgré quelques petites baisses de rythme et certaines longueurs, cette coproduction européenne offre un film de science-fiction original, avec un univers crédible et des effets qui tiennent la route.
Une belle surprise !
Ruben Valcke

Studio 666, Mention spéciale de la Compétition internationale    ★★
BJ McDonnell (États-Unis)

Généreux, c’est l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit pour qualifier le film !
Musique rock, métal et occultisme peuvent se marier parfaitement dans un film d’horreur et plus encore dans une comédie horrifique.
Les six musiciens du groupe Foo Fighters, ici dans leurs propres rôles, s’amusent et s’en donnent à cœur joie !
N’étant pas des acteurs professionnels, leurs prestations ne sont pas souvent à la hauteur. Mais qu’importe : le film est fun, avec beaucoup de second degré, de scènes très graphiques et une abondance de gore.
Porté par le chanteur Dave Grohl, le film transpire d’un amour sincère pour le genre. Grâce à sa réalisation maîtrisée, le film évite un aspect nanar et nous offre une grosse série B délirante de qualité.
Pas certain qu’il fonctionne aussi bien s’il est regardé seul, mais en festival ou en soirée pizza-bière entre amis, c’est le film horrifiquement fun parfait !
R.V.

Limbo, Mention spéciale de la Black Raven Competition   ★★★★
Soi Cheang (Hong Kong, Chine)

Une photographie à tomber, des images sublimes et des décors incroyables pour représenter un Hong Kong insalubre et malsain comme nous ne l’avions jamais vu auparavant !
Le titre du film reflète bien l’ambiance sombre et âpre du métrage tant nous avons l’impression, dans toute cette crasse et ces monticules de déchets, d’évoluer dans les limbes aux abords de l’enfer. Le noir et blanc très contrasté du film renforce le sentiment de mal-être et d’oppression de la ville, une noirceur devenue plutôt rare dans le cinéma contemporain. Le réalisateur choisit de renouer avec l’époque du cinéma HK dans ce qu’il offrait de plus sombre et violent mais avec, ici, une plastique absolument magnifique.
L’histoire d’un duo de policiers à la recherche d’un tueur en série peut paraître classique mais avec sa réalisation impeccable, un visuel d’exception et ses sous-intrigues fortes, le film se démarque radicalement des autres productions.
Plus qu’un film noir, c’est une perle noire, un chef-d’œuvre de ce genre de cinéma.
R.V.

Redemption of a Rogue, Mention spéciale de la White Raven Competition   ★★
Philip Doherty (Irlande)

Après sept ans, Jimmy Cullen revient dans son village natal pour faire la paix avec son entourage avant de se suicider. Mais la tâche sera ardue puisque tout le monde lui en veut. Son frère ne lui pardonne pas de l’avoir laissé seul s’occuper de leur père mourant. Ce dernier, qui a toujours eu la main lourde avec ses enfants, a toujours une dent contre Jimmy pour une histoire d’harmonica volé. Et son ex ne le supporte plus depuis un accident qui l’a laissée en chaise roulante. Ajoutez à cela la rancune de tout le patelin, qui a toujours en travers de la gorge un match de foot perdu à cause de lui et vous avez le tableau peu réjouissant de la situation. Et pour couronner le tout, le fameux paternel passe l’arme à gauche et devra être enterré selon ses dernières volontés.
Sur fond de pluie irlandaise, de dépression profonde et de symbolique christique, Redemption of a Rogue vaut le détour par son traitement cynique et un humour noir dont fait preuve son anti-héros, sorte de figure messianique contemporaine totalement perdue. Le tout sur fond de BO folk blues délicieuse évoquant parfois certaines fins d’épisodes de la dernière saison de Twin Peaks. On lui pardonnera donc son côté un peu trop inoffensif pour profiter du bon moment qu’il offre.
Guillaume Triplet

Piggy, Prix de la Critique    ★★★
Carlota Pereda (Espagne)

Sara est une jeune fille tout en rondeur qui est la cible de harcèlement et de moqueries de la part des jeunes de son village. Après l’insulte de trop, elle ne va pas se venger mais bien être vengée à son insu.
Sorte de rape-and-revenge détourné, Piggy aura été un coup de cœur de cette 40e édition du BIFFF, qui réunit aussi bien des éléments de films cultes comme I Spit on Your Grave que de Massacre à la Tronçonneuse mais sans jamais en être une simple resucée. Ces influences sont digérées pour servir une œuvre qui ne connait pas l’ennui. Basé sur un court métrage de 2017, présenté d’ailleurs au BIFFF en son temps, Piggy regroupe les ingrédients essentiels et nécessaires et parvient même, par moments, à prendre le spectateur à contre-pied en créant la surprise. Une ode à la tolérance et à l’acceptation sur fond de boucherie totalement maîtrisée et hautement recommandable. Une belle leçon à plusieurs niveaux.
G.T.

Piggy, de Carlota Pereda

Mad Heidi, Prix du Public
Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (Suisse)

★★★
Dans une époque inconnue, les Helvètes sont sous le joug d’une dictature extrémiste du fromage menée par un président dont la tenue favorite est le bon vieux training et les claquettes-chaussettes, qui a décidé de purger la nation de tous les intolérants au lactose. Si Heidi semble assez protégée dans ses alpages, sa capture et l’exécution de son amour de chevrier (arrêté pour trafic illégal de tome) auront vite fait de transformer la jeune fille en vengeresse sanguinaire prête à tout pour redonner à la « matrie » sa grandeur perdue.
Avant-première mondiale et résultat d’un incroyable crowdfunding, Mad Heidi se présente comme le premier film de la « swissploitation ». Pur hommage Grindhouse au cinéma des années 70, Mad Heidi est une belle folie portée à l’écran par une mise en scène et un montage jamais à court d’idées. Un film contemporain qui ne renie pas le passé. Humour parfois lourd mais bien amené, gore outrancier, personnages ultra caricaturaux, scènes de torture à la fondue et au Toblerone, split screens, références subtiles… le film salue le cinéma d’exploitation d’antan tout en surfant sur des thématiques modernes. De l’action et du fun au doux parfum d’emmental. Assez brillant dans le genre.
G.T.

★★
Un nouveau genre de film d’exploitation est né : la swissploitation !
Né d’un crowdfunding réunissant plus de 40 000 investisseurs fans de cinéma de genre, cette proposition déjantée fait irrémédiablement penser au film Iron Sky, le côté grosse série B encore plus assumé.
L’action se déroule dans une Suisse totalitaire inspirée du nazisme. Mais ici, le dictateur, campé par un Casper Van Dien qui s’amuse apparemment beaucoup dans ce rôle, est obnubilé par les produits laitiers qui font la fierté de son pays.
Les intolérants au lactose n’ont qu’à bien se tenir, tout comme ceux qui s’opposent à la conquête mondiale du fromage suisse.
Le métrage est un vrai film d’exploitation dans ce qu’il a de plus outrancier, dans la pure veine des productions post-Grindhouse de Tarantino et Rodriguez. Il réussit là où beaucoup d’autres ont échoué : c’est un bon film fun, certes, mais qui tient diablement la route.
La première mondiale de Mad Heidi au BIFFF, film drôle, gore et délirant, a fait grandement réagir une salle bien remplie, avec dégustation de fromages et animations tout en costumes à la clé.
R.V.

Nos autres critiques

Vous retrouverez, ci-dessous, par ordre alphabétique, nos critiques d’autres films découverts au BIFFF cette année.

Don’t Come Back Alive   ★
Néstor Sánchez Sotelo (Argentine)

Lors d’une opération spéciale de police dans des quartiers mal famés, la jeune Camilla se voit prise au piège de ce qui s’apparente à une secte dont les membres ont décidé de s’immoler autour d’elle. Sauvée de justesse des flammes, la policière est sévèrement brûlée et séjourne plusieurs mois à l’hôpital avant d’être prise en charge par Fatima, son amie procureure qui, elle, doit faire face à une série de meurtres particulièrement sordides. Pourrait-il y avoir un lien entre ceux-ci et ce qui est arrivé à Camilla ?
À la croisée des chemins entre le film de possession et le thriller fantastique, Don’t Come Back Alive est le genre de film dont le pitch est intéressant sur papier mais qui se voit sabordé par une mise en forme manquant de méthode au point d’en faire parfois un objet risible. Dommage d’ailleurs puisque l’entrée en matière laissait augurer du bon et ce, malgré des moyens modestes. Mais un mauvais jeu d’acteurs, des répliques parfois à la limite du ridicule, des zones d’ombre dans le scénario et un amoncellement de clichés ont vite fait de plomber un métrage qui aurait peut-être pu tirer son épingle du jeu.
G.T.

Hinterland   ★★★
Stefan Ruzowirzky (Autriche, Luxembourg)

Impossible de manquer ce film attendu qui avait déjà fait parler de lui au Festival de Locarno ! Sur le site du Heysel, la salle Ciné 1 du BIFFF est grande. Ça tombe bien car, en cette fin d’après-midi du premier vendredi du Festival, les amateurs de frissons sont venus en nombre, prêts à vibrer durant près de deux heures.
L’intrigue du thriller policier Hinterland se déroule à Vienne en 1920 après la chute de l’Empire austro-hongrois. La Première Guerre mondiale a pris fin. Prisonnier de guerre pendant plusieurs années, l’ancien détective Peter Perg (Murathan Muslu) est rentré chez lui. Il est amené à travailler avec la médecin légiste Theresa Körner (Liv Lisa Fries) afin de résoudre une série de meurtres.
L’ambiance de ce film se situe à mi-chemin entre le noir et blanc des premiers films d’épouvante du siècle passé et les grands films historiques de notre époque. Le film étant bien entendu projeté en VO, il aura parfois fallu s’accrocher à son fauteuil pour ne pas perdre le fil de l’intrigue mais le rythme de l’enquête nous aide à ne pas décrocher. Préparez-vous à faire un bond dans le temps et pas mal d’autres dans votre siège ! Un bon policier, ça ne se refuse pas.
Raphaël Pieters

The Killer: A Girl Who Deserves To Die   ★
Jae-hoon Choi (Corée du Sud)

Que ça soit en termes d’écriture ou de découpage, le film fait beaucoup penser à la formule du téléfilm, ce qui surprend au vu du sujet traité. En revanche, dans sa deuxième moitié, il devient bien plus cinématographique et la mise en scène, bien plus ambitieuse.
Le scénario est très classique et repose sur la badass attitude de son personnage central. La figure du protagoniste quasi invincible est fort exploitée dans le cinéma sud-coréen et ce film s’inscrit dans cette tendance. L’influence de John Wick est très présente, surtout dans les scènes de combats et dans la représentation des gunfights : le héros est trop intouchable que pour être réellement crédible.
Toutefois, si le spectateur recherche juste de l’action avec un protagoniste impressionnant par ses talents au combat, il trouvera dans The Killer une chouette récréation.
R.V.

Logger   ★
Steffen Geypens (Belgique)

On ne se perd pas trop dans ce film puisque l’intrigue commence directement au beau milieu d’une forêt de feuillus comparable à toutes celles de notre plat pays. Cependant, très rapidement, l’ambiance change lorsque notre ami bûcheron (Pieter Piron) y découvre un corps mutilé. Très vite, cette macabre découverte le plonge dans un état second dans lequel rêves et réalités se confondent.
Le film cherche-t-il à nous perdre dans les bois ? Difficile à dire mais on a tendance à se perdre dans cette intrigue où cauchemars et réalité s’entrechoquent jusqu’à nous en donner la nausée. Mais n’est-ce finalement pas cela, la meilleure arme des films d’horreur à petits budgets : nous perdre dans un bois et nous y abandonner pour nous donner ensuite envie de foncer aux toilettes du BIFFF dans le but d’y laisser un peu prématurément le sandwich à l’américain ingurgité à midi ? Si oui, alors ce film aura réussi à nous faire voyager !
R.P.

Next Door   ☆
Ji-ho Yeom (Corée du Sud)

Après une soirée un peu trop arrosée, un pseudo étudiant trentenaire qui en est à sa cinquième tentative pour intégrer la police se réveille chez sa voisine avec un cadavre au pied du lit. Bon courage pour recoller les morceaux !
Tourné en huis clos, Next Door est laborieux dès le départ et n’ira pas en s’améliorant au cours de l’heure et demie de film, qui paraît une éternité. La faute à un personnage peu attachant, à des situations pseudo-drôles qui ne le sont en fait pas et à une histoire qui accumule les incohérences voire les aberrations. Des passages beaucoup trop tirés en longueur, un manque de rythme certain et des situations dont l’explication se cherche encore auront aussi eu raison de nous.
G.T.

Night at the Eagle Inn   ★
Erik Bloomquist (États-Unis)

Deux jumeaux, Sarah, dépressive et prise de visions, et Spencer, branché sur le paranormal, décident de repartir sur les lieux où, en 1994, leur mère mourut en les mettant au monde et leur père disparu mystérieusement, afin de percer le secret de ce qui a bien pu se passer. L’endroit en question : un hôtel reculé, coupé de tout, tenu par un gérant pour le moins intrigant et entretenu par un jeune éphèbe mystérieux. Point n’est besoin de vous dire que tout ne va pas se passer comme prévu et que ces jeunes gens seront vite pris dans un engrenage infernal.
Dès le départ, l’une des influences principales du film saute aux yeux. En effet, il ne serait pas étonnant qu’Erik Bloomquist compte Shining parmi ses films de chevet tant les clins d’œil fusent autant dans la recherche d’ambiance que dans certains éléments du décor. Mais ne dépasse pas le maître Kubrick qui veut et Night at the Eagle Inn pèche par un traitement un peu trop plat et par un manque d’idées. Ainsi, les effets de peur tombent à l’eau et l’absence de consistance des personnages manque de servir le propos. Flop néanmoins divertissant… mais flop tout de même dont les 70 minutes sont amplement suffisantes.
G.T.

La Pietà   ☆
Eduardo Casanova (Espagne, Argentine)

On nous avait vendu du rêve, on n’a même pas fait de cauchemar après ce film hispano-argentin aussitôt vu, aussitôt oublié.
Mateo aime le rose et sa mère Libertad. Mais un jour, dans ce monde à deux voix, on annonce à Mateo qu’il souffre d’un cancer. Voilà pour le point de départ du film.
L’actrice Ángela Molina et ses 46 ans de carrière sont sans doute la seule attraction de ce film qui se perd entre l’épouvante et la tragi-comédie. La salle ne s’y trompe pas et les réactions ne se font pas trop attendre : « hou ! », lance un groupe d’amis habitués à reconnaitre les navets interminables parfois diffusés aux BIFFF. Mais tout au long du film, on essaie d’oublier de regarder sa montre en rigolant de l’absurdité des situations rencontrées par le personnage interprété par Manel Llunell. On ne sait d’ailleurs pas trop de quels maux il souffre. Plutôt qu’un film d’épouvante, La Pietà est une tragi-comédie. Vous l’aurez compris, on ne vous recommande pas ce film.
R.P.

Scare Package   ★
Emily Hagins, Chris McInroy, Noah Segan, Courtney & Hillary Andujar, Anthony Cousins, Baron Vaughn et Aaron B. Koontz (États-Unis)

Film à sketches présentant différentes comédies horrifiques regroupant un maximum de codes et de clichés des films d’horreur des années 80, Scare Package joue avec lesdits codes pour donner lieu à une série de situations humoristiques. Mais il ne s’agit pas pour autant d’une parodie, les réalisatrices et réalisateurs faisant preuve d’un réel respect du genre horrifique sous toutes ses formes, n’hésitant pas à faire couler le sang et à présenter des blessures plus terribles les unes que les autres. En témoigne, notamment, un sketch proposant un gore qui, s’il est outrancier, n’en n’est pas moins totalement ridicule, cela afin de faire rire les spectateurs.
Le très gros second degré du film rend les nombreuses touches d’humour plutôt efficaces. Si toutes les blagues ne feront pas mouche, étant sans doute un peu trop forcées, le gore potache reste un artifice comique qui a fait ses preuves et Scare Package en use sans vergogne.
Comme dans la plupart des films à sketches, surtout ceux qui proposent beaucoup d’épisodes, il y a dans Scare Package un souci d’équilibrage et de rythme, le film paraissant un peu trop long et certains sketches étant de moindre qualité. Les transitions entre les sketches et la trame principale sont elles aussi problématiques. Si le film justifie, au début, l’intégration des différentes histoires, bien vite, les transitions deviennent abruptes et sans réel sens. Dommage !
R.V.

Scare Package 2: Rad Chad’s Revenge   ★★
Aaron B. Koontz, Alexandra Baretto, Anthony Cousins, Jed Shepherd et Rachele Wiggins (États-Unis)

Suite directe du premier du nom, Scare Package 2 voit cette fois-ci ses sketchs emprunter les codes et les clichés des films d’horreur des années 90 et début 2000. L’histoire principale qui y est narrée fait revenir plusieurs personnages du film précédent et constitue un fabuleux pastiche de la saga Saw, ne manquant pas de jouer avec le ridicule et les incohérences de la saga.
Mieux rythmé, constitué d’un peu moins de sketches et proposant une histoire centrale qui n’est plus juste un morceau de comédie mais un segment de comédie horrifique bien plus passionnant à suivre, le film est meilleur que son prédécesseur, plus malin aussi, donnant à voir bon nombre de situations méta très sympas.
Avec, une fois encore, une myriade de références à la culture cinématographique horrifique et à bon nombre de codes non encore exploités par le film précédent, ce diptyque en devient un très gros best of de tout ce qui a pu se faire et se répéter pendant près de trois décennies.
R.V.

Sinkhole
Ji-hoon Kim (Corée du Sud)

★★★
Après plusieurs années à économiser, une famille modeste devient enfin propriétaire d’un appartement dans un quartier de Séoul. Le bonheur ne sera que de courte durée puisque des failles apparaissent dans le bâtiment, et amèneront celui-ci à être aspiré dans un trou gigantesque laissant les habitants croupir à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Mêlant à la fois comédie, satire sociale, drame et film catastrophe, Sinkhole est une réussite du genre et met à nouveau en lumière le talent de la Corée du Sud. Doté d’une excellente maîtrise de la réalisation mais aussi et surtout d’une collection d’idées scénaristiques parfois bluffantes amenant un véritable rythme, le cinquième long-métrage de Ji-hoon Kim coche pas mal de bonnes cases. Neuf ans après The Tower (dont le principe était, à peu de choses près, celui de La Tour infernale), le réalisateur revient avec un film dans lequel le traitement des personnages mais aussi des décors est bougrement intelligent. On rit, on pleure, on en prend plein la vue : un régal !
G.T.

★★
Peut-être bien le tout premier film qui mélange les genres catastrophe et comédie (hors films parodiques), deux genres qui semblent aux antipodes tant le film catastrophe repose sur le dramatique. Sinkhole fonctionne pourtant plutôt bien, le réalisateur laissant par moments l’humour de côté pour se concentrer sur les émotions et pour insuffler de la tension au film.
Le cinéma sud-coréen n’hésite souvent pas à en faire un peu trop dans la mise en scène. C’est le cas ici et quand il s’agit de représenter un immeuble entier s’enfonçant dans un gouffre de plusieurs centaines de mètres, c’est visuellement aussi impressionnant qu’irréel. Mais c’est, ici, traité si sérieusement que nous ne pouvons qu’être convaincus.
L’histoire suit les canons d’écriture du film catastrophe et de survie mais, par son mélange radical de styles, le film en devient fort original, le ton « comédie » du début de Sinkhole permettant un bel attachement du spectateur aux personnages du film.
À découvrir assurément !
R.V.

Wyrmwood: Apocalypse   ★
Kiah Roache-Turner (Australie)

Beaucoup plus de budget, sans doute de bien meilleures caméras et des plans plus léchés : tout dans cette suite sent la qualité supérieure, mais, malheureusement, au détriment de l’inventivité et de l’énergie qui constituaient la patte du premier film : Wyrmwood: Road of the Dead.
Un scénario qui montre comment, plusieurs mois après l’infection, les habitants des campagnes australiennes se sont organisés, en particulier les équipes militaires et scientifiques qu’on avait déjà pu voir à l’œuvre dans le film précédent.
Malgré l’upgrade visuel, le film paraît moins fou, moins original, même s’il se permet quelques bons délires comme un cyber-zombie au look très réussi.
Wyrmwood: Apocalypse reste un film à budget très modeste et le réalisateur a l’intelligence de ne se concentrer que sur l’essentiel.
Un bon film de zombies, qui n’hésite pas sur le sanguinolent, mais déçoit un peu quand on a donc, en mémoire, Wyrmwood: Road of the Dead.
R.V.

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : Vincent Melebeck

Bon annif le BIFFF : 40 ans… et 30 séances à gagner !

Bon annif le BIFFF : 40 ans… et 30 séances à gagner ! 1497 1058 Jean-Philippe Thiriart

It’s back ! En vrai. En chairs. Et puis en os, aussi. Forcément !
Après une édition 2020 annulée suite à un foutu virus et une édition 2021 online only, COVID oblige, toujours, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) est de retour avec une édition comme avant. Une édition anniversaire, même : la 40e !

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, En Cinémascope vous propose cette année un concours Facebook exclusif permettant de remporter pas moins de 30 séances de cinéma au BIFFF !
Soit cinq pass de six séances – trois séances pour chaque gagnant(e) et une séance pour les trois personnes de son choix.
Rendez-vous en fin d’article pour tout savoir sur ce concours !

Une édition du BIFFF comme avant… ou presque puisque, pour la première fois, le Festival quitte le centre de Bruxelles, après de nombreuses années au Passage 44, puis à Tour & Taxis et, enfin, à Bozar, où le Festival avait pris ses quartiers voici bientôt dix ans. Cette année, direction le Palais 10 de Brussels Expo avec, le lundi 29 août, la projection, en ouverture du Festival, de Vesper Chronicles, de la Lituanienne Kristina Buožytė et du Français Bruno Samper. Le Festival durera une nouvelle fois 13 jours, se clôturant ainsi le samedi 10 septembre, avec la proclamation du palmarès de cette 40e cuvée et la diffusion de ce qu’on nous promet être un huis-clos en plein air : Fall, du Britannique Scott Mann.

Le BIFFF 2022, ce sera, outre une centaine de longs métrages, pas moins de 82 courts, répartis en cinq sections : les compétitions belge, européenne, « Eat My shorts », « They’re the future » (sept films d’étudiants) et « Re-animated », diversité – de genres et de sensibilités – étant le maître-mot de cette programmation.

Les organisateurs du BIFFF voulant faire de cette édition anniversaire une vraie fête où chacune et chacun trouveront leur bonheur, leur sélection sera fun à coup sûr.

Place cette année, à « The Belgian Wave », un focus belge qui donnera à voir 15 films issus de la cinématographie du plat pays qui est le nôtre, parmi lesquels Megalomaniac de Karim Ouelhaj (Grand Prix à Fantasia), Ritual de Hans Herbots ou encore Freaks Out de Gabriele Mainetti.
Rayon séances spéciales : le Bloody date – double bill parfait pour les amoureux composé de You Lie You Die de Hector Claramunt et Have.Hold.Take de DJ Hamilton.

Nos chères têtes blondes ne seront pas en reste puisque lors du Family Day du dimanche 4 septembre, elles pourront découvrir pas mal d’activités, ainsi que les films Petit Vampire, Dragon Princess, The Ghastly Brothers, et Nelly Rapp: Monster Agent.

Les 18-25 ans étant fortement impactés par la crise sanitaire actuelle, le BIFFF a pensé à elles et à eux. Sous réserve de places disponibles, l’ensemble des séances programmées le lundi 5 septembre leur seront en effet offertes !
Ce soir-là, les festivalières et les festivaliers pourront notamment découvrir, dans des conditions idéales, les deux premiers épisodes de House of the Dragon, LA prequel de Game of Thrones !

Retour, cette année, après son succès l’an dernier, de la section documentaire « Fantastic but true », qui donnera à voir cinq films parmi lesquels The Found Footage Phenomenon et American Badass (portrait de l’acteur de légende Michael Madsen).

Les deux premiers épisodes de House of the Dragon, LA prequel de Game of Thrones, seront projetés au BIFFF dans des conditions idéales

Six compétitions

Toute nouvelle, toute belle, est la « Emerging Raven competition », via laquelle le BIFFF a souhaité soutenir, un peu plus encore, les premiers et deuxièmes longs métrages. Huit films au total, dont le coréen Midnight, le français Le Visiteur du futur ou encore le suisse Mad Heidi.

La « White Raven competition », anciennement « Compétition 7e Parallèle » verra elle aussi concourir huit longs métrages, qui s’annoncent d’ores et déjà très singuliers, parmi lesquels l’américain Swallowed, le belge River ou encore l’allemand The Black Square.

Au sein de la « Black Raven competition », nouveau nom de la compétition Thriller, ce sont neuf films que le jury devra départager, notamment l’hispano-belge The Replacement, le danois The Last Client, et les coréens Tomb of the River et Special Delivery.

À l’issue de la compétition européenne, un Méliès d’Argent sera décerné au meilleur film présent dans cette sélection de films réalisés au sein de l’UE. Huit films au menu, dont Megalomaniac, du Belge Karim Ouelhaj, Piggy, de l’Espagnole Carlota Perda, ou encore Cop Secret de l’Islandais Hannes Þór Halldórsson.

La compétition internationale comprendra huit films elle aussi, parmi lesquels figureront le français Summer Scars, le forcément américain American Carnage ou encore le coréen The Witch Part 2: The Other One.

Enfin, notons qu’un Prix de la Critique sera une nouvelle fois décerné cette année.

The Witch Part 2: The Other One sera projeté en avant-première européenne au sein de la compétition internationale

Cinq master class

La première master class sera consacrée aux sorcières. Sera notamment posée la question de savoir quel est le lien entre les différentes représentations de ce personnage et la véritable figure historique.

La deuxième – « Apocalypse mon chou 2 : don’t look up » – verra posée une autre question, celle de savoir si l’écologie est ou non soluble dans notre système économique.

La troisième master class aura pour sujet la censure. Parole sera donnée à Jake West – réalisateur de Doghouse et spécialiste des Video Nasties –, Srdjan Spasojevic – réalisateur du film-choc A Serbian Film –, Xavier Gens – réalisateur de Frontière(s) – et Kamal Messaoudi, spécialiste des médias et du cinéma populaire.

Les quatrième et cinquième master class permettront quant à elles aux festivalières et aux festivaliers de rencontrer les réalisateurs cultes John McTiernan (Predator, Die Hard, etc.), le jeudi 1er septembre à 20h30 (master class suivie le lendemain de la projection de Predator), et Barry Sonnenfeld (La Famille Addams, Men in Black, etc.), le jeudi 8 septembre à 20h30. Cette cinquième et dernière master class sera suivie, le 10 septembre, de la projection de La Famille Addams.

John McTiernan, réalisateur de Predator ou encore Die Hard, donnera une des cinq master class du Festival

Et bien plus encore !

Si le BIFFF est un festival de cinéma, c’est aussi une fête du fantastique au sens large, et sous ses nombreuses formes.

Figureront, ainsi, au programme :
– une multitude d’animations – une chaque soir – et de « happenings »,
– l’expo « La Recyclerie Fantastique », consacrée au superbe travail de Jacques Lélut,
– le traditionnel Make-up Contest,
– l’expo « Once Upon a Time at The BIFFF », best of des différentes expositions que le BIFFF a présentées en 40 ans de vie, qui verra exposés près d’une vingtaine d’artistes, mais donnera aussi à découvrir photos et vidéos d’archives du Festival,
– le VR Exhibition Day, qui, le jeudi 1er septembre, permettra aux festivalières et aux festivaliers de plonger dans trois films en réalité virtuelle,
– la Night 2022, ou l’enchaînement, la nuit du samedi 3 au dimanche 4 septembre, d’un court métrage et de quatre longs avec, à l’arrivée, un petit déjeuner bien mérité, et, bien sûr,
– le Bal des Vampires !

La 37e édition du Bal des Vampires démarrera le vendredi 9 septembre

Le cinéma coréen en force et notre concours exclusif

Cette année encore, la Corée sera présente au BIFFF en force avec pas moins de dix films, soit autant de témoins de sa diversité cinématographique.

En Cinémascope, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, que nous remercions chaleureusement, vous propose de remporter trois soirées coréennes au BIFFF avec un accès, pour vous et, à chaque fois, la personne de votre choix, à la projection, en avant-première belge, des films Midnight, Tomb of the River et Sinkhole !

Pour participer et tenter de remporter un de ces cinq packs de six séances, rien de plus simple :
1) Aimez la page Facebook de « En Cinémascope »,
2) Identifiez vos trois ami(e)s en commentaire, et
3) Aimez et partagez cette publication Facebook en mode public.

Début du concours : aujourd’hui, vendredi 26 août, à 10h.
Fin du concours : le mercredi 31 août à 10h.
Tirage au sort, puis annonce des résultats : le mercredi 31 août à 14h.

Midnight, de Oh-seung Kwon, présent dans la « Emerging Raven competition », sera projeté le vendredi 2 septembre à 19h.
Tomb of the River, de Young-bin Yoon, sera, quant à lui, diffusé le lendemain, samedi 3 septembre, à 19h, et fait partie de la « Black Raven competition ».
Enfin, Sinkhole, de Ji-hoon Kim, sera projeté le dimanche 4 septembre, à 18h30. Cerise sur le gâteau, cette troisième séance sera suivie d’un Q&A en présence du réalisateur du film. De quoi clôturer de belle manière ce voyage en Corée !

Bonne chance, déjà, à toutes et à tous !

Le thriller Tomb of the River, en lice cette année dans la « Black Raven competition »

Par ailleurs, le cinéma coréen sera, nous vous le disions, une nouvelle fois présent en force au BIFFF avec, outre les trois films pour lesquels vous pouvez remporter des places, sept films venus le représenter, programmés du mardi 30 août au mercredi 7 septembre avec, successivement, en avant-premières belges et, parfois même, européennes :
The Cursed: Dead Man’s Prey,
The Killer,
Confession,
Hansan: Rising Dragon,
The Witch Part 2: The Other One,
Special Delivery (dont la projection sera suivie d’un Q&A avec le réalisateur), et
Next Door.

Plus d’infos : bifff.net

Excellent Festival à toutes et à tous !

Jean-Philippe Thiriart

Jérôme Vandewattyne, réalisateur de " Slutterball "

SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne

SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne 2560 1442 Jean-Philippe Thiriart

Slutterball, le deuxième court métrage pro de Jérôme Vandewattyne (également leader de VHS From Space, groupe de rock grunge psychédélique dont le nouvel album sortira bientôt), fête cette année ses dix ans. Réalisé un an après She’s a Slut (trailer-off, en 2011, du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, le BIFFF), il sera suivi, cinq ans plus tard, du premier long de Jérôme, le documenteur Spit’n’Split. Cinq autres années se sont écoulées depuis lors et Jérôme et son équipe viennent de boucler, voici trois jours, le tournage de leur nouveau bébé : le long métrage The Belgian Wave.

The Belgian Wave a bénéficié de l’aide à la production légère de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La phase de montage démarre ce 15 juillet, pour une finalisation du film en mars 2023. L’image a été mise en lumière par Jean-François Awad, avec lequel Jérôme a réalisé chacune de ses dernières publicités. Quant au scénario, il a été écrit par Jérôme Vandewattyne, Kamal Messaoudi et un autre Jérôme : Jérôme Di Egidio.

Une partie de la fine équipe de The Belgian Wave

Comme on n’a pas tous les jours dix ans, nous vous proposons aujourd’hui un retour sur Slutterball, avec une interview du réalisateur réalisée alors. Le film avait été tourné dans le cadre du premier CollectIFFF, collection de douze courts métrages réalisés par 19 jeunes cinéastes en hommage au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Notez que ce dernier fêtera lui aussi son anniversaire cette année. Et quel anniversaire : 40 ans ! Il se déroulera du 29 août au 10 septembre prochains au Palais 10 de Brussels Expo.

Nous reviendrons bientôt sur Spit’n’Split avec, au menu, l’interview du réalisateur effectuée peu avant la sortie du film, et les critiques du film et du DVD.

Jérôme, quelles sont tes influences, en général, et pour Slutterball en particulier ?

Slutterball et She’s a Slut sont un petit peu deux courts à prendre en un dans le sens où l’un est un peu la suite de l’autre. Au BIFFF, le public hurlait la phrase « she’s a slut » en voyant le premier court métrage, qui était une fausse bande annonce et qui n’avait pas vraiment de titre, et j’ai eu envie d’aller plus loin avec le deuxième en partant du principe qu’on était tous des « sluts » : les acteurs d’un jeu stupide mais aussi le public qui le regarde. Mes influences, ce sont les films Grindhouse des années 70 et les Midnight Movies (Pink Flamingos de John Waters, Eraserhead de David Lynch, etc.). L’influence première, évidemment, était surtout le film Rollerball. Le but était de reprendre l’idée des jeux remis dans un esprit futuriste avec des guerrières sur des patins, cette fois. Avec des personnages totalement loufoques et en gardant la totale liberté des films Grindhouse, avec une partie de freaks aussi. Je pense aussi à Faster, Pussycat! Kill! Kill! de Russ Meyer et aux films Troma de Lloyd Kaufman.

Est-ce que tu peux nous parler des conditions de tournage, assez rock’n’roll je crois…

C’était compliqué parce que ça a été réparti sur plusieurs mois. On a commencé à tourner en septembre et on a eu fini fin mars. La deadline approchait à grands pas et ça a généré un peu de stress. Dès le départ, j’ai su que je devais monter le film pendant que je le tournais.

Une bonne partie de l’équipe du haut en couleur Slutterball

Comme Gus Van Sant avec Last Days

Oui, tout à fait ! Ou même Lynch dans Inland Empire, bien que lui réécrivait l’histoire, ce qui est un peu différent. Si ça s’est réparti autant, c’est parce que je voulais que le niveau soit supérieur à She’s a Slut. Donc du coup, je voulais y mettre plus de moyens et de préparation mais le problème, c’est que, comme toute mon équipe est entièrement bénévole, je ne pouvais pas avoir les gens à ma disposition comme je le voulais, tout le temps : il fallait à chaque fois trouver un jour qui arrangeait tout le monde et comme on était minimum 15 personnes, ce n’était pas évident. Parfois, on était un peu plus – une trentaine -, surtout pour les scènes de roller.

Peux-tu nous parler des couleurs à présent ? L’étalonnage a été particulier dans le sens où tu as vraiment des couleurs flashy…

Dès l’écriture, je savais que je voulais que la scène où Rémy Legrand meurt, je voulais des peintures dans tous les sens. C’est pour ça que les couleurs jurent autant dans les maquillages et les costumes, par exemple. Au final, ça crée un univers un peu surréaliste en fait. Le but est qu’on ne sache pas trop bien où on est. Le ciel a été beaucoup retouché : il est souvent très bleu, très lumineux, un peu dans l’ambiance des Simpson. On a beaucoup joué avec les perruques : rouges, vertes, bleues. On a aussi joué avec des lentilles de couleur au niveau du maquillage. Finalement, ce qui est marrant, c’est qu’on se rend compte que le personnage qu’est Carlos, un pédophile, est peut-être bien le personnage le moins loufoque de cet univers-là. J’aimais donc bien cette contradiction pour qu’on se demande, au final, ce qu’on est en train de voir. J’aime aussi me dire que tout n’est qu’une mascarade et que ce pauvre gars n’est peut-être même pas pédophile mais qu’il se retrouve flagellé sur la place publique et que personne ne se pose de question.

Au moment de l’étalonnage, j’ai vraiment souhaité qu’on pousse les couleurs au maximum et j’ai eu à un moment une hésitation quant à savoir si j’allais remettre les griffures de pellicule, comme c’était le cas dans She’s a Slut, pour donner un effet Grindhouse, parce que je trouvais très beau de voir cette succession de couleurs flashy qui piquaient les yeux.

C’est notamment ton groupe, VHS From Space, qui est présent à la musique…

Tout à fait. L’idée était de créer des morceaux différents de ce qu’on joue sur scène, pour servir l’univers du film.

Les génériques du film sont très léchés. Quelle importance revêtissent-ils à tes yeux ?

J’accorde vraiment énormément d’importance aux génériques parce que c’est, à mes yeux, un art à part entière. Je trouve ça dommage de regarder un film où le générique n’est pas du tout travaillé. Un générique est comme une hypnose qui te donne directement le ton.

Le BIFFF, ça représente quoi à tes yeux, toi qui as grandi avec le Festival ?

C’est le lieu de tous les possibles. Un lieu de rencontre avec tous les professionnels aussi. Avec des fans du genre. C’est un peu la cour de récré des sales gosses. C’est un défouloir total et c’est pour ça que j’ai voulu rendre hommage à ce public complètement dingue avec Slutterball. Surtout les séances de minuit, qui sont des séances qui m’ont marqué. Je voulais faire du cinéma popcorn pour un peu titiller ce public averti.

Faire partie du CollectIFFF, c’était une évidence ?

J’avais déjà l’idée de Slutterball un peu après She’s a Slut. Je me suis dit que ce serait chouette de faire jouer des patineuses comme dans Rollerball. J’avais émis l’idée aux gars du CollectIFFF qui m’ont dit que Slutterball rentrerait complètement dans ce cadre-là. Ce qui est surtout intéressant dans le CollectIFFF, c’est que chaque réalisateur a une personnalité bien à lui. Tu m’as fait la réflexion que mon film était assez hard et c’était voulu. Je l’ai réalisé pour un public qui attendait des choses qui prennent aux tripes et qui veulent se prendre des images ou des idées fortes. Et au final, ça reste un film bon enfant avec un côté punk et libre.

She’s a Slut comptabilise plus de 4 000 vues…

C’est vrai ? C’est super, d’autant que ça démarrait d’un travail de fin d’études dans une école de communication, l’ISFSC. Et c’était un premier essai pour le grand écran. Les gens semblent avoir apprécié la petite blague. J’espère qu’ils aimeront Slutterball, qui est vraiment un cran au-dessus dans l’humour poisseux et la violence. On a fait ça avec tout notre cœur en tout cas.

Jean-Philippe Thiriart

SAINT AMOUR, ce soir en TV : interview du duo de réalisateurs Gustave Kervern – Benoît Delépine

SAINT AMOUR, ce soir en TV : interview du duo de réalisateurs Gustave Kervern – Benoît Delépine 940 470 Jean-Philippe Thiriart

Saint Amour

Réalisé par Gustave Kervern et Benoît Delépine (2016)
Avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Céline Sallette, Gustave Kervern, Chiara Mastroianni

Comédie dramatique
1h42

★★★

Saint Amour est diffusé ce vendredi 18 février à 20h30 sur La Trois. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir notre interview des réalisateurs, réalisée lors de la Berlinale 2016.

La 66e Berlinale arrivait tout doucement à son terme. Rendez-vous avait été pris dans la suite d’un hôtel berlinois avec le duo Gustave Kervern – Benoît Delépine. Les réalisateurs d’Aaltra, Louise-Michel et autre Mammuth présentaient cette année-là leur film Saint Amour dans la capitale allemande. C’était parti pour une interview qui allait vite sentir bon, très bon la déconne. Quand nous avons quitté le salon où avait lieu l’interview et réalisé que Gustave Kervern nous avait dédicacé le livret presse du film d’un « À Jean-Philippe, mon frère ! », nous avons eu le sentiment d’éprouver définitivement un réel Saint Amour pour lui et son comparse ! Ainsi que pour leur film, ce que nous savions déjà.

Votre film est empreint de moments de grâce et, plus généralement, d’une vraie poésie, une poésie que l’on retrouve dans des scènes qui sont, à la base, à des années-lumière de cela. C’est aussi là que se trouve tout votre décalage avec ce film : la tendresse dans l’absurde. C’était important pour vous, ces contrastes ?

Benoît Delépine : Effectivement : on a du mal à aller complètement dans la sensiblerie. On préfère le sensible à la sensiblerie. Donc dès qu’on sent qu’une situation devient un peu trop lourde, on ne peut pas s’empêcher de l’alléger par un sourire. Ou par un rire, j’espère.

Gustave Kervern : C’est pareil pour les situations comiques : on ne va pas dans le gag, on n’appuie pas les effets, ni dans le comique ni dans l’émotion. On essaie toujours de faire une pirouette au dernier moment qui fait que l’on s’échappe des situations lourdes. Mais c’est difficile de faire des films comme ça, un peu sur le fil du rasoir entre l’émotion et l’humour. C’est l’objectif à chaque fois qu’on en fait un et avec celui-là, je crois qu’on y est arrivé à peu près.

C’est assez rare dans le cinéma français.
Alors petit questionnaire à choix multiple : Saint Amour, c’est avant tout :
– petit A : une description de la France authentique à mi-chemin entre la France et la Présipauté du Groland ?
– petit B : une réflexion sur la société française et, plus généralement européenne voire occidentale, avec tout ce qu’elle compte d’humains en marge du système et qui n’ont d’autre choix que de le subir ?
– petit C : un regard sur les relations père et fils et sur les différences de manière plus générale ? ou
– petit D : un gros délire de deux potes partis du sujet de l’alcool pour offrir au spectateur, avec un plaisir communicatif, une vraie grosse bonne poilade ?

B. D. : A, B, C, D ! Bravo ! (il rit) C’est vraiment un peu tout ça. C’est ce qu’on a essayé de faire. On a à la fois envie de rire et de faire rire comme toujours bien sûr, mais en en profitant pour faire un petit état des lieux de la société française. Et pas forcément du tout de la société parisienne mais plutôt de notre belle province. On en donc effectivement profité pour se balader dans ces marges aussi, pour montrer à quel point la vie, même si elle n’est pas toujours simple, voit l’amour nous sauver de tout.

G. K. : Une bonne poilade, c’est vrai : on avait rarement vu des acteurs se marrer autant. Du coup, nous, ça nous faisait un peu moins marrer parce que le temps qu’ils se marrent, nous perdions, nous, beaucoup de temps. Mais, en même temps, c’est ce qui fait un peu notre force. C’est de mettre les acteurs dans des conditions idéales pour être en confiance. Et puis de s’éclater, d’avoir une certaine liberté. On attend le bon moment pour faire les prises mais à la fois, c’est ce que les actrices et les acteurs recherchent un peu sur nos tournages : une façon de faire qui est la nôtre qui fait qu’on perd pas mal de temps mais que, finalement, on obtient ce qu’on veut.

Gustave Kervern et Benoît Delépine sur le roter Teppich berlinois

Dans Saint-Amour, vous retrouvez à la fois Gérard Depardieu ET Benoît Poelvoorde. Il est indéniable que Gérard Depardieu est et sera sans doute à jamais un des monstres sacrés du cinéma français. Il propose un jeu tout en retenue dans votre film. Comment définiriez-vous ce Gérard Depardieu-là ?

B. D. : il faudrait lui poser la question à lui mais c’est vrai que dans le texte qu’on avait écrit, le personnage du père paysan était un petit peu plus bourru que ce que lui en a fait. Je ne sais pas dans quelle partie de sa vie à lui il va chercher tout ça.

Dans la relation qu’il a eue avec son père à lui peut-être ?

B. D. : Plutôt, oui. Puis surtout dans ses relations père-fils. Il a vraiment un regard de bonté hallucinante vis-à-vis de son fils. Et peut-être, aussi, de l’acteur Benoît Poelvoorde, qu’il respecte beaucoup et qu’il aime beaucoup. Donc ce regard-là, il est inimitable, il est extraordinaire. Il est d’une douceur infinie dans ce film, ce qui le change de beaucoup d’autres films. C’est ça qui nous a vraiment étonné et même renversé. Parce que si, pendant le tournage, on sentait que c’était le cas, découvrir ce type de regard pendant le montage et puis, ensuite, pendant les projections, ça nous remue beaucoup.

Venons-en à Benoît Poelvoorde si vous le voulez bien… Il est pour moi l’un des comédiens francophones les plus doués de sa génération. Et j’ai le sentiment qu’il ose presque tout jouer. Ça doit être une vraie Rolls-Royce pour des réalisateurs. Surtout qu’il est en toute grande forme dans votre film…

G. K. : Oui, je crois que c’est un rôle à la fois extraordinaire et à la fois difficile parce que jouer quelqu’un qui est un peu porté sur l’alcool, c’est ce qu’il y a de plus dur à mon sens pour un acteur. Et lui, il le fait avec un naturel extraordinaire. Et nous, ce qu’on cherche avant tout, c’est un maximum de naturalisme. En ne forçant pas les traits, en n’appuyant pas les effets. Ce sont les situations qui sont parfois absurdes mais les acteurs jouent de manière très naturelle, sans appuyer. C’est vrai que dans ce film-ci, Benoît Poelvoorde a bu un petit peu de temps en temps. Mais je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’acteurs qui seraient capables de faire ce qu’il a fait. Avec de l’émotion, parce qu’on sent un personnage perdu et très solitaire. Donc c’est vrai ; merci de le dire ! Ce n’est pas du chauvinisme. On a les deux meilleurs acteurs de leur génération, avec lui et Depardieu. On est donc heureux de travailler avec des gens comme ça.

B. D. : Il faut aussi saluer leur générosité parce qu’ils ont tous les deux tout donné. C’est incroyable ! Il y a des scènes pour lesquelles on ne pensait même pas qu’ils iraient jusque-là. Ils sont tellement généreux ! Ils n’ont pas, contrairement à beaucoup d’acteurs, des petites caméras de vidéosurveillance dans un coin de la tête, en train de se dire qu’ils ne peuvent pas faire telle ou telle chose, par rapport à leur image. On peut dire qu’ils ont vraiment tout donné. Aussi bien physiquement que psychologiquement. À tous les niveaux. Il n’y a rien qui les arrête. Ils sont un peu fous et c’est pour ça qu’on les aime. C’est inouï. Quand on voit le film, on ne se rend pas compte qu’ils aient pu se donner à ce point-là.

Depardieu et Poelvoorde jouent un père et son fils très touchants

C’est clair ! Saint Amour est un film franco-… belge ! Vous avez tourné avec plusieurs grands de notre petit pays : Yolande Moreau, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde… Sur une échelle d’un à dix, à combien estimez-vous, chacun, votre niveau de Belgitude ?

G. K. : Tu as oublié d’autres Belges qu’on a fait tourner : Serge Larivière et Noël Godin. Comme nous, on recherche le naturel chez les acteurs, les acteurs belges nous conviennent bien parce qu’ils ont cette faculté à la fois de facétie et de naturel qu’il est parfois difficile de trouver en France et qui nous correspond bien : ne pas se prendre au sérieux, aller dans des délires absurdes ou surréalistes. Donc c’est pour cela qu’on se sent très proche de la Belgique. Quant à notre degré de Belgitude, j’espère qu’il est à dix. Parce que cela voudrait dire que, soudainement, on n’est plus français.

Monsieur Delépine, sur dix aussi, ça fait un dix ?

B. D. : (il rit) Il y a les dix stades de l’ivresse dans notre film. Alors, est-ce qu’il y a les dix stades de la Belgitude ? Je n’en sais rien ! Mais quelque part, l’ivresse de la liberté. Parce que ce que l’on peut reprocher souvent aux Français, c’est de se bloquer eux-mêmes, de perdre en simplicité justement. Et j’espère qu’on est très haut dans cette échelle de valeurs. Et d’ailleurs, vous avez oublié Joël Robert, qui est quintuple champion du monde de motocross. Je ne comprends pas, c’est honteux ! (il rit)

Je suis désolé : je ferais sans doute un mauvais citoyen du Groland, comme je suis peut-être un mauvais citoyen belge. Je devrais sans doute quitter la Belgique et aller vivre en France. C’est peut-être une solution pour moi ; je m’excuse platement. (ils se marrent) Assister à la lecture par Depardieu d’une description sur le vin, qualifiée par Poelvoorde de scientifique, on est bien d’accord qu’il n’y a que dans l’un de vos films qu’on peut voir ça quand même !

B. D. : On y apprend des choses !

G. K. : Vous avez notez tous les chiffres, c’est bien ! Bon, il y en a peu mais ce sont des chiffres forts, qui marquent la vie d’un homme. Et puis on apprend que les caudalies, c’est, quand on boit un vin, le temps qu’il reste en bouche. Nous-mêmes, nous l’avons appris !

B. D. : Nous l’avons appris dans ce formidable ouvrage qui est montré dans le film. C’est un ouvrage scientifique, véritablement une source d’informations énorme pour tout scientifique. C’est ce fameux trois pages qu’on peut trouver dans toutes les stations-services et qui concerne le vin !

Gérard Depardieu entouré de son duo de réalisateurs lors du traditionnel photocall

Avec un demi-cru dans une espèce de pizzeria…

B. D. : Ne vous moquez pas de ce petit fascicule parce que nous, nous avons appris le cinéma avec celui qui concerne cette discipline.

Je ne me moque pas, je n’oserais pas ! Comment vont les Grolandais Michael Kael et Gustave de Kervern ? Et comment se porte la Présipauté ? Mieux que son voisin la France ?

B. D. : Heureusement, oui ! (il rit) Non non : ça va. Mais chez nous, la Présipauté est directement liée à la forme de notre président. Et notre président est généralement en très grande forme ! On peut le joindre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit dans le même bar. On peut donc dire que la Présipauté ne s’est jamais portée aussi bien.

G. K. : C’est vrai qu’on a perdu notre triple A depuis longtemps. On en est au triple Z. Mais nous vivons très bien. Comme quoi les économistes peuvent dire beaucoup d’âneries.

Ils devraient peut-être lire le trois pages sur l’économie et Groland deviendrait un exemple pour son voisin la France ! Le moins que l’on puisse dire est que vous avez le sens de la formule. Aaltra était ainsi je crois le « premier road-movie en chaises roulantes ». Saint Amour est lui-aussi un road-movie. Qu’est-ce que ce genre cinématographique a de si singulier à vos yeux ?

B. D. : Comme on est assez limité en termes de psychologie, les personnages n’évoluent que très peu à ce niveau-là. Il faut donc bien les faire avancer d’une façon ou d’une autre. Les véhicules sont tout ce qu’on a trouvé pour les faire progresser. Et en les faisant progresser sur la route, nos personnages rencontrent de nouvelles personnes qui font progresser la psychologie de nos personnages.

G. K. : C’est vrai que ça commence à se voir qu’on fait toujours le même film. Je suis bien d’accord avec vous ! (Benoît Delépine se marre) Les chaises roulantes, les taxis, les motos… Heureusement, il reste encore la charrette et la chaise à porteur et donc encore plein de possibilités.

Vous proposiez pour rappel avec Aaltra, en 2004, la plus belle réplique du cinéma avec votre fameux « Rendez-nous nos jambes ! »…

B. D. : « J’ai bon mes jambes. » Mais ça, c’est une trouvaille de Benoît Poelvoorde. Et dans ce film-ci, il a eu une phrase qui est magnifique également, quand il dit : « Mais quelle heure il est aujourd’hui ? » quand il est ivre-mort. Ça m’a faut beaucoup rire ! Il en a eu quelques-unes comme ça, à peu près sur chaque film. Il me sidère.

Vous cadrez très fort les visages, en étant proche du docu parfois en matière de mise en scène… Est-ce important pour vous de vous focaliser sur l’acteur, sur l’homme, sur le personnage ? Et, partant, de laisser moins de place à l’artifice ?

B. D. : On a changé complètement notre fusil d’épaule par rapport au film précédent, où on était vraiment sur des cadres magnifiques, à la limite du pictural. On essayait de trouver des idées visuelles. Mais là, comme on savait qu’au salon de l’agriculture, ce serait à la limite de la panique – parce qu’on a tourné quasiment en caméra cachée -, on était obligé de tourner avec deux caméras et d’aller voler des plans avant que le public ne sorte son portable pour faire des selfies avec Depardieu ou Poelvoorde. C’était par conséquent assez extrême comme ambiance. Donc ensuite, on ne pouvait pas repasser à notre ancien style quand on était dans le taxi. On s’est donc dit qu’on allait continuer à être sur ces visages et donc sur les émotions. Et en plus, on avait envie de filmer nos acteurs de près. Contrairement à notre premier film, Aaltra, dans lequel on n’avait filmé que le cul de Benoît Poelvoorde et jamais son visage, on s’est dit que ça pouvait être une bonne façon de découvrir enfin la tête de cet homme. (il rit)

Messieurs, puis-je vous demander un petit mot pour les visiteurs de « En Cinémascope » ?

B. D. : Oui ! Franchement, notre film est plus qu’en cinémascope, même si je parle ici pour « En Cinémascope ». Je vous propose de regarder ce film avec des lunettes. Pas des lunettes 3D, mais des lunettes 12 degrés. Grâce à ces lunettes, on peut encore mieux en profiter !

G. K. : Écoutez, je n’ai pas l’habitude de contredire mon collègue. J’appuie donc ce qu’il vient de dire ! Et je ne trouverai pas mieux, comme d’habitude. Et c’est pareil sur les tournages. (Benoît Delépine se marre)

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

« The Extraordinary Film Festival » souffle ses 10 bougies à Namur !

« The Extraordinary Film Festival » souffle ses 10 bougies à Namur ! 960 392 Jean-Philippe Thiriart

« La vie peut être incroyable et belle, mais aussi vache et dure. Nous avons tous nos handicaps et sommes tous extraordinaires de par le simple fait de nous tenir debout face aux questions existentielles de la Vie. Les réalités des personnes que l’on appelle  » handicapées  » et de leurs proches, avec leurs combats quotidiens, leurs réussites et leurs échecs, leur humour et leurs réflexions sont autant de miroirs qui nous renvoient l’image de notre humanité. »
Ce regard positif sur le handicap, c’est celui de Luc Boland, le fondateur du « The Extraordinary Film Festival » (TEFF). Lancé en 2011, ce festival de cinéma bisannuel en est à sa sixième édition. Du mercredi 10 au dimanche 14 novembre, il investira le Delta, l’Espace Culturel de la Province de Namur. Mais le TEFF, plus grand festival au monde de films sur le thème du handicap, fera d’abord escale à Liège ce lundi 8 novembre, à la Cité Miroir et au Créahm, avec des avant-premières publiques et des séances scolaires. La cité ardente sera ainsi la dernière à accueillir une délocalisation du Festival, après des arrêts à Arlon, Bruxelles, Charleroi, Mons et Wavre fin octobre.

Festival le plus important du genre au monde donc, que ce soit en termes de notoriété à l’étranger, de qualité mais aussi de fréquentation, le TEFF cible avant tout le grand public et les professionnels du secteur mais également, bien entendu, les personnes concernées par le handicap. Il est « 100% accessible », proposant une vraie accessibilité des lieux pour les personnes à mobilité réduite, le sous-titrage des films, l’interprétation en langue des signes des rencontres (pour les sourds et malentendants), des casques audio (pour les personnes malentendantes), l’audiodescription (pour les personnes malvoyantes et aveugles), des pictogrammes (informations pour les personnes porteuses d’une déficience mentale), et la traduction en langue française des échanges en d’autres langues.

De nombreux films

Outre la Belgique, vingt pays seront représentés au Festival, avec des films venus de l’Argentine à l’Australie en passant par Israël, la Russie ou encore l’Inde.
C’est le long métrage de fiction Presque, réalisé par Bernard Campan et Alexandre Jolien, qui ouvrira le gala d’ouverture du TEFF. Ce film sera présenté en avant-première belge le 10 novembre à 20h.

Au menu du TEFF, cette année :
– sept longs métrages documentaires,
– quarante-huit courts-métrages, bien souvent multi-primés (Feeling Through (Sensations fortes) a même été nominé aux Oscars),
– des séances thématiques (surdité, autisme, cécité, trisomie, vie affective et sexuelle, vécu des familles, inclusion, amour et séance famille),
– des séances pédagogiques scolaires, qui accueilleront plus de 3 300 élèves, et
– la première édition du concours grand public « Fais ton court ! » : 15 courts métrages d’une durée maximale de deux minutes réalisés avec un smartphone, une tablette, ou une Go pro ou mini caméra de poche.

Le jury du Festival, un jury presse et… le Public !

Douze prix seront décernés à l’issue du Festival.
Le jury du festival sera présidé par l’acteur, réalisateur et metteur en scène belge Bernard Yerlès, qui sera aidé dans sa tâche par le scénariste et acteur algérien Adda Abdelli, l’acteur et humoriste français Valentin Reinehr, l’artiste peintre belge Sarah Talbi et l’auteur et chroniqueur français Josef Schovanec.
Le jury de la presse remettra le Prix UCC (Union de la Critique de Cinéma) et sera composé de Tineke Van de Sompel, Thierry Dupièreux et Yves Calbert.
Enfin, le public aura également son mot à dire puisque pas moins de quatre Prix du Public seront remis cette année.

Un programme varié

Le 6e TEFF ? Des films, oui… mais pas que ! Ce sera aussi :

– la conférence « Handicap et Covid : manuel de survie en période de confinement »de Josef Schovanec,
– une conférence de Adda Abdelli, qui partira à la rencontre du public namurois,
– le spectacle « La vie est bègue » de Valentin Reinehr,
– le concert « Je vous kiffe » de Lou B. et son band,
– une table ronde professionnelle sur l’audiodescription au cinéma,
– deux ateliers publics ludiques et pratiques sur l’audiodescription (« Prête-moi tes yeux, je t’ouvre les oreilles »),
– la conférence-débat « projet Psicocap », lors de laquelle un documentaire sera présenté, suivi d’un débat sur le thème « Belgique, France : regards croisés sur le handicap psychique »,
– deux expos qui présenteront les aquarelles de Sarah Talbi et les photos de Julian Hills, et
– un concours destiné aux commerçants de la ville de Namur, invités à décorer leurs vitrines sur le thème du handicap et aux couleurs du festival.

Un festival capital

Le Baromètre Diversité et Égalité 2017 du CSA pointant que le sujet du handicap occupe moins de 1,48% du contenu des médias, il est manifeste que c’est un monde méconnu. Et qu’un festival culturel comme le TEFF est, par conséquent, absolument nécessaire.

Comme le disait avec justesse le réalisateur français Henri-Georges Clouzot, « Pour faire un film, premièrement, une bonne histoire, deuxièmement, une bonne histoire, troisièmement, une bonne histoire. » Et pour faire d’une histoire une bonne histoire, le personnage principal doit être confronté à un obstacle. Quel obstacle « riche et varié » que le ou les handicaps, quand on connaît « la multitude de ceux-ci », insistent les organisateurs du TEFF ! Et d’ajouter qu’un film de qualité sur le sujet du handicap « exige justesse de ton, rigueur, et grande créativité et originalité dans leur conception ». C’est donc très logiquement que ces critères sont ceux qui régissent la sélection des films programmés lors du Festival.

Infos pratiques

Le Covid Safe Ticket sera d’application pour permettre la convivialité et la sécurité de toutes et tous au Festival.

Quand ? Du 10 au 14 novembre
Où ? Au Delta, Avenue Golenvaux 18 – 5000 Namur

Pour plus d’infos, n’hésitez pas à consulter la grille de programmation, à accéder à la billetterie et à visiter le site du TEFF !

Excellent Festival à toutes et tous !

Jean-Philippe Thiriart

Le 36e FIFF a livré ses verdicts !

Le 36e FIFF a livré ses verdicts ! 2560 1706 Jean-Philippe Thiriart

Ce vendredi 8 octobre avait lieu la remise des Prix du 36e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) dans une salle du Caméo remplie comme un œuf. Après des mois durant lesquels les amateurs de cinéma ont manqué de salles, ce retour du public n’a, de son côté, pas manqué de sel.

Les premiers prix à être remis ont été ceux de la catégorie « Prix Off Longs Métrages ». Le Prix du Public Documentaire belge a été décerné à Les mots de la fin de Agnès Lejeune et Gaëlle Hardy. Le Prix du Public Long métrage fiction est revenu à Freda de Gessica Généus. Il a ensuite été temps d’annoncer le Prix BeTV et c’est la réalisatrice Catherine Corsini qui a été primée pour La fracture. Toujours dans la catégorie « Prix Off Longs Métrages », Aya de Simon Coulibaly Gillard s’est vu attribuer le Prix Cinévox. Composé de trois journalistes, le Jury de la critique a souligné combien les quatre films qu’ils ont visionnés étaient de qualité, ce qui n’a pas facilité le choix qu’ils ont eu à poser. C’est Mon légionnaire qui a emporté la mise, un film qui sortira ce dix novembre dans les salles belges.
Le Prix du Jury Junior a ensuite été décerné à Animal de Cyril Dion.

Au tour ensuite des films concourant au sein de la catégorie « Compétition Première Œuvre » d’être récompensés.
Le Prix Petit Agnès a été remis à Anisia Uzeman et Saul Williams pour Neptune Frost. Le Prix de la meilleure interprétation a été décerné à Marie-Josuée Kokora pour son rôle dans Aya de Simon Coulibaly Gillard. Une Mention Spéciale a ensuite été remise à Les Héroïques de Maxime Roy pour la qualité de son scénario. Freda a alors reçu son deuxième prix avec l’obtention du Prix Découverte. Le film roumain Câmp de Maci de Eugen Jebeleanu s’est vu octroyer le Bayard de la Meilleure Première Œuvre.

La soirée s’est poursuivie avec la remise des Prix de la Compétition officielle. Le Prix Agnès est revenu à La MIF de Frédéric Baillif. Mélanie Thierry a reçu le Bayard de la Meilleure interprétation pour son rôle dans La Vraie Famille de Fabien Gorgeart, l’acteur Théodore Pellerin obtenant, pour sa part, une Mention Spéciale pour son interprétation dans le film québécois Souterrain de Sophie Dupuis. Ce dernier film a également reçu le Bayard de la Meilleure photographie, décerné au directeur de la photographie Mathieu Laverdière. Le Bayard du Meilleur scénario est revenu à Rachel Lang pour Mon légionnaire. Une nouvelle Mention Spéciale a été décernée à Patric Jean pour La Mesure des choses. Quant au Bayard Spécial du Jury, il a été remis à Radu Muntean pour Întregalde.

Enfin, le Bayard le plus attendu, celui du Meilleur film, est revenu à Frédéric Baillif pour La MIF, pour qui son travail consistait à montrer les choses qui se cachent parfois derrière les idées reçues. Si, dans un foyer d’accueil, la souffrance est là et bien palpable, les sourires sont tout aussi présents. Dans la salle, les acteurs du cinéma, journalistes et autres politiques avaient également le sourire. Ah… qu’il est agréable d’enfin pouvoir partager, à nouveau, des salles de cinéma !

Enfin, retrouvez trois membres de notre équipe de critiques sur les ondes de RCF Radio, dans l’émission « Les 4 sans coups » de Charles De Clercq.
Nous reviendrons sur cette 36e édition du FIFF sur l’antenne de RCF Bruxelles (107.6 FM) ce vendredi 15 octobre à 16h. Mais aussi ces samedi 16 à 17h, dimanche 17 à 21h et lundi 18 octobre à minuit. Notez que cette émission sera également diffusée sur RCF Namur et sur RCF Liège.

Raphaël Pieters avec la participation de Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Nicolas Simoens pour En Cinémascope

LES INTRANQUILLES : interview du réalisateur Joachim Lafosse

LES INTRANQUILLES : interview du réalisateur Joachim Lafosse 1867 1024 Jean-Philippe Thiriart

Présenté en Compétition officielle lors de la dernière édition du Festival de Cannes, Les Intranquilles aborde un sujet peu traité au cinéma : la bipolarité. Mais comme le dit très justement son réalisateur, le Belge Joachim Lafosse, qui signe ici son – déjà – neuvième long métrage, le film raconte avant tout une histoire d’amour et montre jusqu’où on peut aller par amour.

Un film fort, servi par un trio d’acteurs principaux au sommet de leur art : le couple formé à l’écran par Damien Bonnard et Leïla Bekhti et celui qui joue ici leur fils : Gabriel Merz Chammah. Sans oublier le magnifique Patrick Descamps.

Les Intranquilles a ouvert vendredi dernier le 36e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) avec trois salles combles. Après un excellent démarrage en France la semaine dernière, le film sort aujourd’hui dans les salles belges. À découvrir au plus vite !

Jean-Philippe Thiriart

Le FIFF, cœur du cinéma francophone dès ce soir à Namur !

Le FIFF, cœur du cinéma francophone dès ce soir à Namur ! 2560 974 Jean-Philippe Thiriart

« Partager le cinéma. En vrai. En grand. » Voilà l’ambition première du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), qui en est cette année à sa 36e édition. De ce vendredi 1er au vendredi 8 octobre, le FIFF est de retour dans la capitale wallonne avec une riche programmation de films issus des quatre coins de la Francophonie. De la Belgique à la France, en passant bien sûr par le Québec, mais aussi la Tunisie, la Roumanie ou encore Haïti, pour ne citer que quelques-uns des pays présents sur les grands écrans namurois à travers les films qui en sont issus.

Partager le cinéma sur les grands écrans n’est pas la seule ambition des organisateurs du Festival, ces derniers ayant aussi à cœur d’inviter les festivalières et festivaliers à participer au FIFF Off : des rencontres avec des invité(e)s de renom (les membres du Jury Longs métrages, Guillaume Canet), des projections événements, des concerts sous le Chapiteau, des animations et des visites. Nombreuses seront ainsi les découvertes à faire à Namur le temps d’une semaine !


Mais revenons au côté cinématographique de la force…
La Compétition Officielle (dix films), le Week-End du Court (vingt courts métrages nationaux et internationaux réunis en une compétition), les Pépites (huit films présentés en exclusivité, avant leur sortie en salles), Place au Doc belge (cinq documentaires), des Séances spéciales (dont la projection de Adieu les cons, en partenariat avec Les Amis des Aveugles et des Malvoyants) et le retour de la Compétition 1re Œuvre (huit films), notamment, auront de quoi réjouir les passionné(e)s et les amoureuses et amoureux du cinéma qu’ils ou elles aiment le format court ou long, la fiction, le documentaire ou l’animation, qu’ils ou elles aient envie de s’évader, de se divertir, de se faire surprendre ou d’être ému(e)s ! Enfin, les plus jeunes ne seront pas en reste, avec un FIFF Campus qui accueillera près de 7000 jeunes âgés de 3 à 25 ans pour des séances et des activités pédagogiques fort variées.


Le Festival s’ouvrira ce soir avec la projection du dernier film de Joachim Lafosse : Les Intranquilles. Accompagné de ses acteurs Leïla Bekhti et Damien Bonnard, il viendra présenter le film au public namurois après une sélection en compétition officielle à Cannes. Il se clôturera le vendredi 8 octobre avec la présentation du film La Fracture, de la Française Catherine Corsini, également présenté à Cannes cette année.

Qui dit compétitions dit jurys. Le Jury Longs métrages sera présidé par le réalisateur et scénariste français Thomas Lilti tandis que le Jury Courts métrages aura la comédienne et réalisatrice belge Yolande Moreau pour présidente, qui pourra compter notamment au sein de son jury sur l’avis éclairé d’une autre comédienne et réalisatrice belge : Salomé Richard.

Notez enfin que le FIFF Namur met tout en œuvre pour garantir la sécurité sanitaire de chacun(e) et adaptera son organisation en fonction des mesures gouvernementales en vigueur pendant le Festival.

Et n’hésitez pas à nous suivre sur notre site encinemascope.be mais aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram, Facebook et YouTube !

Plus d’infos : fiff.be

Excellent Festival à toutes et tous !

Jean-Philippe Thiriart

La première édition du Festival du Film Japonais de Bruxelles démarre aujourd’hui !

La première édition du Festival du Film Japonais de Bruxelles démarre aujourd’hui ! 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Un festival de cinéma japonais en Belgique ? C’est une première et c’est à Bruxelles que ça se passe ! Dès 16h aujourd’hui, vendredi 17 septembre, jusqu’au vendredi 24. Non loin de Flagey avec une salle à l’Espace Lumen. Puis dans la très confortable Salle de cinéma de la Gare Maritime / Maison de la Poste de Tour & Taxis. Le festival est né à l’initiative de Freddy Bozzo, bien connu des fans belges de cinéma de genre puisqu’il est l’un des cofondateurs du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), et d’un autre passionné de cinéma japonais : Francesco Serafini.

Les organisateurs du Festival souhaitent que celui-ci s’adresse à un large public avec une mise en avant du cinéma japonais mais aussi de l’ensemble de la culture du Pays du Soleil-Levant. Il est crucial à leurs yeux d’attirer l’attention des festivaliers sur la richesse de la culture japonaise, de la partager avec eux et, ensemble, de la faire rayonner.

Deux expos photos seront présentées, l’une proposant un regard sur le Japon et en particulier sur sa capitale, Tokyo, et l’autre mettant en avant la beauté du Mont Fuji, à l’Espace Lumen et à Tour & Taxis respectivement.
Ce dimanche 19 septembre, de 14h à 18h, le Festival fêtera le Japon comme il se doit. L’accès aux activités proposées durant cet après-midi est gratuit. Avec, au programme notamment : stands, démonstrations d’aïkido et de kendo, spectacle « kimono », présentation de la cérémonie du thé, animation Taiko (« tambour » en japonais), concert de musique classique et atelier dédié à l’art du Furoshiki (ou comment emballer ses cadeaux à la japonaise).

Les films

Le Festival proposera des films en avant-premières, tant de jeunes réalisateurs que de metteurs en scènes confirmés, qui mettront en lumière la diversité de la filmographie japonaise. Tous genres confondus, 19 longs-métrages seront projetés : dix films récents en avant-premières (belges, internationales et même mondiales), et neuf films rares plus anciens. De quoi convaincre les festivaliers de la qualité du cinéma japonais.

Aujourd’hui, vendredi 17 septembre, après la présentation de Just The Two of Us à 16h, le Festival s’ouvrira officiellement à 18h puis à 20h avec les projections, en avant-première mondiale, de The Pass: Last Day of The Samurai. Un film réalisé par Takashi Koizumi, qui a longtemps officié au poste d’assistant réalisateur d’un certain Akira Kurosawa.
À 22h30, projection de Dancing Mary, annoncé comme cultissime et réalisé par SABU, que les organisateurs du Festival n’hésitent pas à qualifier de véritable légende.

Demain, samedi 18 septembre, à 16h : The Night Beyond the Tricornered Window, qui s’inscrit dans la vague des films trouvant leur inspiration dans les mangas.
À 18h, Melancholic, film décalé et teinté d’humour noir.
À 20h, Special Actors, de Shinichiro Ueda. Notez que le film précédent du réalisateur – One Cut of the Dead – avait obtenu le Pégase ou Prix du Public voici deux ans au BIFFF. Un film pour le moins low budget – 25 000 dollars – mais qui en a rapporté quelque… 31 millions !
À 22h30, c’est le film de fantômes Stigmatized Properties, de Hideo Nakata, qui viendra clôturer la journée. Le réalisateur de Ringu, de la suite du remake US du film, de Dark Water et, plus récemment, de Ghost Theater, en fera frissonner plus d’un.

Ce dimanche 19 septembre, le Festival prendra ses quartiers à Tour & Taxis avec deux séances « Special Kids », à 14h et à 16h. Les jeunes spectateurs pourront découvrir le film Yuki : le secret de la montagne magique, des studios Mushi Productions. Ceux-là même à qui l’on doit l’adaptation d’Astro Boy.
À partir de 19h aura lieu la clôture du Festival à l’Espace Lumen, Festival qui continuera donc à Tour & Taxis par la suite. Le film Hokusai, projeté en avant-première européenne proposera au spectateur un retour sur le parcours de Katsushika Hokusai, auteur de La Grande Vague de Kanagawa notamment. C’est à cet artiste japonais, qui a influencé de nombreux autres parmi lesquels Gauguin, van Gogh ou encore Monet, que l’on doit le mouvement artistique majeur qu’est le japonisme.
À 21h30 : Talking the Picture, qui témoigne de l’importance du rôle joué par les benshi, appelés aussi katsuben, ces hommes qui commentaient les films muets lors de leur projection.

Lundi 20 septembre, à 19h, projection d’un des trois films de Hitoshi Matsumoto programmés par les organisateurs : Big Man Japan, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors de l’édition 2007 du Festival de Cannes.
À 21h : La Légende de Musashi Miyamoto. Ce film de samouraïs, qui a durablement marqué le cinéma japonais, est le premier d’une trilogie. Avec Toshiro Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa.

Mardi 21 septembre, à 19h : Symbol, deuxième film de Hitoshi Matsumoto proposé par le Festival. Décalé et ayant pour sujet la folie, il a remporté le Corbeau d’Argent en 2010 au BIFFF, deuxième Prix le plus important décerné au terme de la grand messe belge du cinéma de genre, après le Corbeau d’Or.
À 21h, Silence, adaptation du roman éponyme – culte au Japon – sera présenté en première belge. Il inspira à Martin Scorsese le film du même nom.

Mercredi 22 septembre, à 19h, projection du troisième et dernier film de Hitoshi Matsumoto présenté cette année : Saya Zamuraï.
À 21h, sera donné à voir le grand film d’aventures sur la Seconde Guerre Mondiale L’héritage des 500.000, unique long-métrage en tant qu’acteur et réalisateur de la star du cinéma japonais Toshiro Mifune.

Jeudi 23 septembre, à 19h : Les funérailles des roses, qui emprunte dans une certaine mesure au théâtre de Bertol Brecht et aurait inspiré à Kubrick son Orange mécanique.
À 21h, Chanson pour l’enfer d’une femme, célèbre pinku eiga (ou pink film), qui s’inscrit dans le cinéma érotique nippon et ne manqua pas d’inspirer bon nombre de films à la Nikkatsu, cette même Nikkatsu qui a lancé parmi les plus grands réalisateurs japonais.

Vendredi 24 septembre, à 19h et à 21h, clôture du Festival du Film Japonais de Bruxelles avec les projections de Tokyo Dragon Chef, qui signe le grand retour du maître des effets spéciaux japonais Yoshihiro Nishimura, réalisateur notamment de Tokyo Gore Police et de Meatball Machine Kodoku.

Infos pratiques

Quand et où
Du 17 au 19 septembre à l’Espace Lumen : Chaussée de Boondael, 32-36 à Ixelles
Puis du 19 au 24 septembre à la Gare Maritime / Maison de la Poste, à Tour & Taxis : Rue Picard, 7 à Bruxelles

Tarifs
La billetterie en ligne – japanfilmfestival.tickoweb.be – est à privilégier bien que l’achat de tickets sur place est possible
Séance normale : 9 euros
Séance spéciale Kids : 3 euros
Ouverture et clôture : 11 euros, dégustation de sushis comprise

Plus d’infos : jffb.org

Bon Festival !

Jean-Philippe Thiriart

UNE VIE DÉMENTE : Interviews de l’équipe du film et critique

UNE VIE DÉMENTE : Interviews de l’équipe du film et critique 1366 905 Jean-Philippe Thiriart

Interviews de l’équipe

C’est lors de la dernière édition du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) que nous avons rencontré l’équipe du film Une vie démente, la sortie belge francophone de cette semaine cinéma. Le film avait ouvert le Festival la veille de nos interviews. Trois entretiens figuraient à notre programme : avec les réalisateurs Ann Sirot et Raphaël Balboni d’abord, avec le couple à l’écran Lucie Debay – Jean Le Peltier ensuite, pour terminer avec le duo composé de Jo Deseure et Gilles Remiche.

Dans l’interview ci-dessous, Ann Sirot et Raphaël Balboni nous parlent de la première rencontre du film avec le public à Namur, de leurs comédiens et de la collaboration avec les membres de leur équipe technique, entre autres. Ils insistent aussi sur l’importance des répétions dans leur cinéma, sans oublier de parler de musique métal et de… Carglass !


Lucie Debay et Jean Le Peltier reviennent ensuite sur la façon dont leurs réalisateurs leur ont présenté l’histoire et leurs rôles, ainsi que sur la manière dont ils ont abordé ces derniers. Ils font également part de leur enthousiasme pour le dernier court-métrage de Ann Sirot et Raphaël Balboni : Des choses en commun.


Enfin, Jo Deseure et Gilles Remiche racontent d’abord comment l’aventure de Une vie démente a démarré pour eux. Jo Deseure aborde ensuite le thème de la démence sémantique, maladie dont souffre le personnage qu’elle interprète à l’écran. Finalement, les deux acteurs se livrent sur la manière dont ils ont préparé les différentes scènes du film.


Crédits interview
Journaliste : Jean-Philippe Thiriart
Image : Mazin Mhamad

Crédit photo
Lola De Tournay

Critique du film

Une vie démente   ★★★

Réalisé par Ann Sirot et Raphaël Balboni
Avec Jo Deseure, Jean Le Peltier, Lucie Debay, Gilles Remiche

Comédie dramatique
1h27

Couple de trentenaires, Alex et Noémie (les convaincants Jean Le Peltier et Lucie Debay) souhaitent avoir un enfant. Mais leur programme va être chamboulé lorsque la mère d’Alex tombe progressivement dans une démence qui va l’amener à de grosses pertes de mémoire, à des pertes d’argent et à des cafouillages dans sa vie privée. S’en suivent tout un tas d’incertitudes, de questionnements par rapport au traitement de la maladie. Cette mère, c’est Suzanne. Elle est interprétée par Jo Deseure, qui offre une performance absolument… démente, justement ! Que va faire Alex ? Sa mère n’a plus que lui. La placer ? Non, mais bien lui trouver une sorte d’assistant personnel, un aide à domicile. Ce sera le sympathique Kevin (le touchant Gilles Remiche).

Une vie démente raconte une fort belle histoire, un drame où l’humour n’est pas en reste. On passe par toutes les émotions. Et par des moments tantôt durs, tantôt drôles, tantôt absurdes. Une belle performance donc pour un premier long après pas moins de sept courts, dont Avec Thelma, Magritte 2018 du Meilleur court-métrage de fiction, et Des choses en commun, film issu du premier volume de La Belge Collection.
Quand le film démarre, un certain malaise est susceptible d’envahir le spectateur, qui ne sait pas s’il peut rire ou pas. Mais l’humour, qualifiable de belge car bien décalé, mais noir aussi parfois, est présent tout au long du film.
Nous sommes en présence d’un film nécessaire car la maladie qu’est la démence sémantique se doit d’être abordée. Un thème rarement traité au cinéma, que les réalisateurs mettent en avant de manière tendre et touchante.

L’image revêt une place importante dans le film, de même que le travail sur le son. Leur film ayant été réalisé dans le cadre de l’aide aux productions légères du Centre du cinéma, Ann Sirot et Raphaël Balboni ont dû compter avec un budget très limité, par rapport à un long métrage belge classique, s’entend. En seulement 20 jours de tournage, ils ont réussi la gageure d’offrir quelque chose de beau, de très beau même. Cette contrainte budgétaire leur a notamment imposé des limites en matière de décors et c’est pour éviter la création d’une série d’endroits additionnels qu’ils ont préféré se focaliser sur quelque chose d’assez simple mais qui place directement le spectateur dans les lieux des rendez-vous auxquels prennent part les personnages de Alex, Noémie et Suzanne.

L’actrice Jo Deseure donne pour le moins de sa personne dans Une vie démente. Si le cinéma l’a découverte chez Jaco Van Dormael en 1990 dans Toto le héros, film dans lequel elle avait un petit rôle, c’est sur les planches qu’on a pu principalement la voir. Les relations qu’elle a tissées entre son personnage et ceux de son fils et de sa belle-fille à l’écran, mais aussi de l’aide-soignant qui vient à sa rescousse, sont très intéressantes. Plus généralement, c’est le quatuor d’acteurs principaux qui s’avère efficace, lui qui contribuer à imprimer au film un vrai sens du rythme.

Guillaume Triplet, Raphaël Pieters et Jean-Philippe Thiriart, sur la base notamment d’un passage dans l’émission Les quatre sans coups, animée par Charles De Clercq sur RCF Radio

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif