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Le 43e BIFFF en près de 20 nouvelles critiques de films !

Le 43e BIFFF en près de 20 nouvelles critiques de films ! 2048 1152 Jean-Philippe Thiriart

« Y en a en a un peu plus… j’vous l’mets ? »

Non non, vous n’êtes pas à la boucherie, mais bien sur En Cinémascope !

C’est que nous vous proposons, aujourd’hui, de jeter un autre coup d’œil sur le 43e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), qui s’est clôturé dimanche au Palais 10 du Heysel. Cette fois à travers vingt nouvelles critiques de films découverts cette année à la grand-messe belge du cinéma de genre, une des plus importantes au monde.

Après notre article revenant sur le palmarès 2025 et proposant dix critiques de films primés, voici, donc, notre regard sur d’autres œuvres qui nous ont marqués, positivement… ou pas !

Ah oui, nous avons failli oublier : à vos agendas : la prochaine édition du BIFFF aura lieu du 14 au 26 avril 2026. Qu’on se le dise !

Control Room   ★
Luiso Berdejo (Espagne)

Ce film de science-fiction suit Olivia (Alexandra Masangkay, vue notamment dans La Plateforme et sa suite) et son collègue Arlo, en charge de la salle de contrôle d’une colonie humaine basée sur une planète lointaine. Lorsque l’endroit est assiégé par des extraterrestres sans pitié, ils vont devoir faire des choix cornéliens pour sauver ce qui peut l’être.
Ne tournons pas autour du pot : Control Room est une franche déception. N’ayant clairement pas les moyens de mettre en scène le monde dans lequel se déroule l’histoire, Berdejo se contente de filmer une pièce unique (à l’exception de quelques plans), la salle de contrôle du titre, et ce qui apparaît sur ses écrans. Les personnages secondaires sont constamment figurés par des petits points évoluant sur ces écrans. Ce qui peut s’avérer astucieux l’espace d’une ou deux scène(s) peut être perçu comme une arnaque quand cela se fait sur toute la durée d’un long métrage. Même les créatures belliqueuses, qui auraient pu constituer le point fort du film, sont décevantes, apparaissant comme des silhouettes transparentes. De surcroît, les influences (Aliens en tête) sont trop patentes. À notre humble avis, il eût été plus pertinent de développer ce concept scénaristique sous la forme d’un jeu vidéo.

Sandy Foulon

The Creeps   ★★
Marko Mäkilaakso (Finlande)

À défaut d’être un chef-d’œuvre, cette comédie horrifique décomplexée et sans prétention nous a apporté son bon lot de fun. Les personnages sont drôles et brisent régulièrement le quatrième mur.
Une allusion directe au festival est présente dans le film, ce qui n’a bien sûr pas manqué de faire réagir le public. Le réalisateur a incorporé celle-ci car il était conscient que c’est au BIFFF que The Creeps allait être présenté en avant-première mondiale.
Marko Mäkilaakso s’est fait plaisir et semble avoir placé dans son film ses références préférées. Voir Christophe Lambert apparaître et déclamer sa réplique, devenue culte, de Highlander – « Il ne peut en rester qu’un » – fut, avouons-le, assez jubilatoire.
Le film ne vole pas très haut, l’humour est souvent graveleux et il faut fréquemment mettre son cerveau sur OFF mais impossible de ne pas éprouver un certain attachement pour lui, tant le réalisateur est sincère dans ses intentions. La présence de Christophe Lambert lors de la projection du film a réellement enflammé le public. Un des plus beaux moments de ce 43e BIFFF !

Jules de Foestraets

Daniela Forever   ★★
Nacho Vigalondo (Espagne/États-Unis/Belgique/France/Finlande)

Nacho Vigalondo : un nom bien connu des Bifffeurs, qui avaient pu découvrir en leur temps son Timecrimes (BIFFF 2008) et Extraterrestre (BIFFF 2012). Cette fois, il s’aventure sur les terres du drame romantique avec un argument légèrement science-fictionnel. Dévasté par la mort soudaine de sa copine Daniela, Nick va accepter de suivre une thérapie à base de drogue expérimentale, qui permet de très facilement contrôler ses propres rêves. Le but est de l’aider à faire son deuil en se détachant progressivement de l’image de Daniela, mais lui va l’utiliser pour continuer à vivre avec elle dans ses rêves.
Cette combinaison de thématiques – deuil et rêves lucides – est très intéressante. Le script explore bien les différentes phases de contrôle des rêves, avec les limites de ceux-ci et les moyens de les repousser. Sur le plan formel, le réalisateur aide le spectateur à s’y retrouver en filmant la réalité en format vidéo carré, avec une photo assez moche (choix symbolique), tandis que les rêves de Nick sont filmés en format très large, avec une image plus travaillée où les couleurs ressortent très bien. Un film qui fait un peu penser à Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, mais il lui manque l’intensité émotionnelle de ce dernier.

S.F.

Dead by Dawn   ★★
Dawid Torrone (Pologne)

Une petite troupe, qui répète une pièce du légendaire Heissenhoff, se retrouve coincée dans un théâtre à la merci d’un tueur masqué. Ce pitch fait immanquablement penser à Bloody Bird de Michele Soavi. Et, de fait, Dead by Dawn apparaît comme une agréable variation de celui-ci. Bonne surprise nous venant de Pologne, pays peu familier de l’horreur, ce slasher soigné et respectueux des codes du genre fournit son lot de meurtres gores, avec un psychopathe au look marquant (le masque composé d’innombrables yeux) et des éclairages créant une ambiance cauchemardesque colorée.
Torrone y multiplie les hommages aux classiques de l’horreur dont il est fan, notamment à L’Exorciste, mais aussi, et surtout, au giallo comme, par exemple, le dispositif des aiguilles scotchées sous les paupières d’une actrice, qui renvoie directement à Terreur à l’opéra de Dario Argento. Outre ces notes giallesques, Dead by Dawn se singularise des autres slashers par une dimension d’occultisme amenant une fin monstrueuse, dans la veine de ce qu’avait fait le japonais Evil Dead Trap. Voilà donc une pure série B horrifique généreuse, faite à l’ancienne, telle qu’on aimerait en voir plus dans ce genre de manifestations.

S.F.

Dead Talents Society   ★★★
John Hsu (Taïwan)

Dans ce film au concept bien pensé, nous partons à la rencontre d’une société de fantômes qui ont pour objectif d’effrayer les vivants autant que faire se peut.
L’idée de départ est très bien exploitée, et le film est inventif et regorge de séquences assez drôles. Allant à du cent à l’heure, Dead Talents Society nous embarque dans un univers loufoque et déjanté.
Les personnages sont amusants et décalés, ce qui permet au spectateur de pénétrer facilement dans leur monde, avec un plaisir certain.
La durée du film, sans doute légèrement excessive, ne nuit pas à son rythme.
Les Américains ayant la parfois mauvaise habitude de faire des remakes de films étrangers, cela ne nous étonnerait pas qu’une version US de Dead Talents Society voit le jour, tant sa thématique est intéressante.

J.d.F.

Don’t Leave the Kids Alone (No dejes a los niños solos)   ★★
Emilio Portes (Mexique)

Venu présenter son Belzebuth au BIFFF en 2018, Emilio Portes signe aujourd’hui un thriller dans la mouvance de Maman, j’ai raté l’avion, en plus sombre, qui vire au film d’horreur dans son dernier acte. Sa baby-sitter s’étant décommandée à la dernière minute, Catalina est acculée à laisser ses deux fils seuls dans leur nouvelle demeure le temps d’une soirée. Les turbulents frères ne vont pas arrêter de se chamailler, leur dispute prenant au fil des heures des proportions alarmantes. Un chien agressif et affamé, abandonné aux abords de la villa, va mettre son grain de sel et, last but not least, quelqu’un ou quelque chose qui est lié au passé de la maison semble exercer son influence maléfique. Ça fait beaucoup pour deux garnements ! Le film prend trop de temps avant de se lancer vraiment et les incessantes querelles des enfants peuvent crisper par moments, mais la radicalité de la fin compense ce qui précède.

S.F.

Fury (La Furia)   ★★★
Gemma Blasco (Espagne)

Vu le point de départ du script (une jeune femme qui se fait violer lors d’une fête), le choix du titre et le fait qu’il ait été sélectionné au BIFFF, on aurait pu s’attendre à un rape and revenge, mais Gemma Blasco évite la case « film d’exploitation » pour privilégier le pur drame réaliste. On comprend sa démarche quand on sait qu’il s’agit d’un projet qu’elle porte depuis longtemps, inspiré de son vécu.
Tout sonne juste dans Fury, notamment le jeu de l’actrice principale, Ángela Cervantes, qui connaît la réalisatrice de longue date et s’est beaucoup investie dans son rôle. Les réactions du personnage principal, Alexandra, sont difficilement compréhensibles pour quelqu’un d’extérieur : elle ne prévient pas la police et n’en parle même pas à son entourage. Seul son frère sera, plus tard, partiellement mis dans la confidence. Cette négation de l’événement traumatisant et ce mutisme sont bien développés. La différence entre la réaction de la victime et celle de son frère quand il apprend la vérité permet à la réalisatrice d’opposer deux sensibilités différentes. L’investissement d’Alexandra dans le rôle de Médée, pour la pièce de théâtre du même nom, apporte une nouvelle phase psychologique au personnage et une dimension symbolique forte au film. Il y aurait encore beaucoup à dire sur Fury mais nous conclurons en précisant que, s’il s’agit d’un bon film, nous l’aurions davantage vu figurer à la programmation d’un festival généraliste qu’au BIFFF.

S.F.

Get Away   ★★
Steffen Haars (Royaume-Uni)

L’année passée, le Néerlandais Steffen Haars était venu présenter le film Krazy House (voir notre critique), qu’il avait coréalisé avec Flip Van der Kuil et qui mettait en scène Nick Frost. Cette année, le duo réalisateur/acteur est de retour, avec cette fois Haars seul aux commandes et Frost qui, non seulement, joue dedans, mais a aussi écrit le scénario. Un nouveau rôle de père de famille, forcément taillé sur mesure pour ce dernier, qui emmène les siens en vacances sur une petite île suédoise, alors que les quelques habitants de celle-ci s’apprêtent à célébrer la Karantän, tradition locale vieille de 200 ans où il est question de colons, de meurtres et de cannibalisme.
Cette comédie horrifique inverse avec jubilation une donnée essentielle du sous-genre folk horror. Hostilité vis-à-vis des étrangers, esprit revanchard, perversions : les personnages possèdent tous leurs gros défauts. Une vraie galerie de détraqués ! Avec son humour qui désamorce quelque peu le côté inquiétant des personnages, son scénario simple et efficace et ses généreux jets de sang, Get Away s’avère fun, mais sans jamais se hisser au niveau des films qui ont fait connaître Nick Frost (Shaun of the Dead, Hot Fuzz…), ce qui pourra décevoir ses fans.

S.F.

Handsome Guys (Haen-seom-ga-i-jeu)   ★★
Dong-hyup Nam (Corée du Sud)

Deux péquenots, gentils mais au physique peu avenant, se rendent dans une maison délabrée, située au milieu des bois, dans le but de l’acheter. Quelques étudiants en vacances juste à côté vont les prendre pour de dangereux criminels, tout comme les deux agents de police qui patrouillent dans les environs. Accidentellement, le sang va commencer à couler, ce qui va réveiller une force maléfique tapie dans la cave de la vieille maison.
Si ce pitch vous semble familier, c’est normal : Handsome Guys est le remake coréen de Tucker & Dale fightent le mal de l’Américain Eli Craig. Modèle de comédie horrifique, il repose sur une série de quiproquos et de détournements de situations clichés du genre. La mécanique est bien huilée et l’on rit de bon cœur. De plus, cette version a la bonne idée d’insister sur le message selon lequel « il ne faut pas se fier aux apparences ». Mix de survival redneck à la mode coréenne et d’Evil Dead, ce film pèche juste par quelques effets spéciaux perfectibles.
Handsome Guys est un film parfait pour le BIFFF et son ambiance unique.

S.F.

Hidden Face   ★★
Dae-woo Kim (Corée du Sud)

Alors que le chef d’orchestre Seong-jin est sur le point de se marier avec sa violoncelliste Soo-yeon, cette dernière disparaît en laissant derrière elle une vidéo d’adieu. Sans aucune nouvelle de la jeune femme, l’orchestre la remplace par Mi-joo, dans les bras de laquelle Seong-jin va trouver du réconfort…
Officiellement, Hidden Face est l’un des nombreux remakes d’Inside (Andrés Bais, 2011), mais son dispositif rappelle des films encore plus anciens : le grec The Wild Pussycat (1969) et son remake italien Emmanuelle et Françoise (1975). Plus généralement, il nous ramène à la vague des thrillers érotiques des années 80 et 90 (Liaison fatale, Body of Influence, Sliver, Harcèlement, etc.). Au fonds, pourquoi pas, c’est vrai que ça manquait un peu !
Personnages duplices, plan machiavélique, passion torride… : les constantes du sous-genre sont bien représentées. Les scènes érotiques, joliment filmées, font leur petit effet et ne sont pas gratuites, ce dont on s’apercevra plus tard. Les potentialités de la maison dans laquelle le couple emménage, lieu-clé de l’histoire, sont correctement exploitées. Pour un thriller coréen, ça manque d’un soupçon de viscéralité, mais Hidden Face ne nous en fait pas moins passer un moment agréable.

S.F.

It Feeds   ★★★
Chad Archibald (Canada)

It Feeds, du réalisateur, producteur et scénariste canadien Chad Archibald (Vicious Fun, qui faisait partie de la sélection du BIFFF 2021 et y avait remporté le Prix du Public, compte parmi les films qu’il a produits), coche toutes les cases du bon film d’horreur mainstream contemporain : des jumpscares, des scènes cauchemardesques, une atmosphère effrayante, une créature flippante…
Thérapeute d’un genre bien particulier, Cynthia, assistée par sa fille Jordan, a le don de se projeter dans les recoins sombres de l’esprit de ses patients afin de les aider à guérir de leurs traumatismes. Un jour, une fille à laquelle est accrochée une entité démoniaque débarque chez elle à l’improviste, réclamant son aide.
Rythmé de sorte qu’il ne perd jamais l’attention du spectateur, It Feeds est efficace, mais sans pour autant se montrer novateur. Ainsi, les endroits psychiques torturés que visite Cynthia (qui donnent lieu aux meilleures scènes du film) peuvent être vus comme des variantes du « Lointain » de la franchise Insidious. De quoi, en définitive, satisfaire les fans du genre.

S.F.

Locked   ★★
David Yarovesky (États-Unis)

Film qui se laisse regarder mais qui ne casse pas trois pattes à un canard et qui manque clairement de nouveauté, Locked raconte l’histoire d’un voleur qui se retrouve piégé dans la voiture d’un psychopathe, lequel va le forcer à participer à un jeu vicieux. Ultra classique et donnant une forte impression de déjà vu, ce film n’est jamais ennuyeux. Nous aurions cependant préféré être davantage surpris.
Tout est cousu de fil blanc et donne l’impression que le film a été écrit avec une intelligence artificielle, tant cela manque de personnalité.
Anthony Hopkins s’amuse, en revanche, comme un fou dans le rôle du bad guy. Quel plaisir de voir cet acteur, à l’âge de 87 ans, prendre toujours autant son pied à interpréter ce type de personnages ! Quant au jeune Bill Skarsgård, il mérite d’apparaître dans des œuvres plus ambitieuses que celle-ci. Si la découverte de Locked ne nous a pas fait passer un mauvais moment en soi, nous aurons néanmoins tôt fait d’oublier le film.

J.d.F.

The Old Woman with the Knife (Pa-gwa)   ★★★
Kyu-dong Min (Corée du Sud)

Ce thriller est une adaptation d’un roman à succès sud-coréen. Il est mis en scène par Kyu-dong Min, qui avait fait ses débuts à la fin des années 90 avec Memento Mori, le deuxième opus de la série de films Whispering Corridors, coréalisé avec Tae-yong Kim.
The Old Woman with the Knife raconte l’histoire d’une dame âgée, assassin depuis des décennies pour une société secrète dont le but est d’éliminer les pires raclures de la société. Un jour, son employeur recrute un jeune homme surdoué qui veut absolument travailler avec elle. Que lui veut-il exactement ?
Il faut tout d’abord souligner la belle prestation de Hye-yeong Lee, actrice active depuis les années 80 et donc pour ainsi dire aussi expérimentée dans le cinéma que son personnage l’est dans l’art de tuer. Et puis c’est sympa d’avoir un film qui propose un tel rôle à une femme d’âge mûr. Ensuite, le mélange d’action et d’émotion fonctionne bien. Enfin, sur le plan technique, la réalisation est d’un bon niveau. Encore un bon cru made in Korea !

S.F.

Parvulos   ★★
Isaac Ezban (Mexique)

Isaac Ezban est un des chouchous du BIFFF : c’est bien simple, tous ses films y sont passés, que l’on se souvienne par exemple de The Incident, projeté en 2015 ou encore de L’œil du mal (Mal de Ojo) (voir notre critique), programmé voici deux ans. Cette année, il nous a concocté un film d’horreur postapocalyptique dans lequel trois jeunes frères tentent de survivre dans leur maison sise au milieu des bois suite à une pandémie qui a détruit la civilisation et à un vaccin expérimental qui a rendu les infectés dangereux. Les garçons gardent enfermé dans leur cave ce qui semble être un monstre affamé, le nourrissant de viande de chiens et de rats. Outre les dangers déjà cités, des groupes de fanatiques religieux parcourant le pays constituent également une sérieuse menace.
Parvulos se focalise surtout sur la débrouillardise des jeunes pour survivre, sur les dilemmes moraux inévitables dans ce genre de situations et sur le sens de la famille. Il contient des scènes intenses, parfois dégoûtantes, qui ne conviendront pas à tout le monde. Les fans d’horreur à la The Walking Dead s’y retrouveront parfaitement. On regrettera juste, pour notre part, un choix d’image désaturée, terne, qui ne fait pas parfaitement honneur à la beauté des paysages naturels où se déroule l’action.

S.F.

Sew Torn   ★★
Freddy Macdonald (Suisse/États-Unis)

Version longue d’un court métrage homonyme de 2019, Sew Torn montre les différents scénarios possibles découlant des choix de Barbara, jeune couturière prodige qui se retrouve face à deux criminels blessés sur le bord de la route se disputant une mallette remplie de gros billets.
Mélange de thriller et de comédie noire sous patronage des frères Coen, ce film se montre particulièrement inventif quand il s’agit de mettre en scène tout ce dont est capable l’héroïne avec une simple aiguille et du fil à coudre. Une véritable petite MacGyver de la couture ! Dans ce rôle, Eve Connolly, vue notamment dans Muse de Jaume Balagueró et dans la série Vikings, apporte une combinaison de fraîcheur, de charme, de fragilité apparente et de force insoupçonnée. Le personnage du patriarche mafieux qui va donner du fil à retordre à Barbara est tenu, lui, par John Lynch, acteur britannique à la belle carrière : il a, par exemple joué dans Hardware, dans Les Guetteurs et apparaît régulièrement dans les films de Christopher Smith, tels Black Death et Detour.
Les superbes lieux de tournage suisses offrent, quant à eux, une plus-value visuelle certaine. Espérons que dans la suite de sa carrière, le jeune Freddy Macdonald conserve l’ingéniosité dont il fait preuve avec ce premier long métrage.

S.F.

Touch Me   ★
Addison Heimann (États-Unis)

Joey et son ami gay Craig acceptent avec enthousiasme l’invitation de Brian à venir vivre dans sa très luxueuse villa. La particularité de ce Brian ? Il affirme être un extraterrestre souhaitant sauver notre monde avec leur aide. Son toucher permet d’évacuer tout stress, tandis qu’avoir des relations sexuelles avec lui, et ses multiples tentacules, procure un plaisir totalement inédit. Ce qui peut bien vite s’avérer très addictif…
Touch Me contient quelques éléments intéressants, comme la volonté de rendre hommage au genre japonais du Hentai, et l’exécution des scènes où Brian se manifeste sous sa vraie apparence, à base d’effets spéciaux pratiques réjouissants (assurément l’attrait principal de cette production). À travers cette histoire farfelue, Heimann entend parler du phénomène problématique de l’addiction, de la manipulation et du rapport à la vérité mais son propos est désamorcé par un ton humoristique malvenu, avec trop de scènes tout simplement ridicules. On aurait préféré une approche plus sérieuse et onirique (un potentiel entrevu dans quelques plans érotiques).

S.F.

Tummy Monster   ★★★
Ciaran Lyons (Royaume-Uni)

Très étrange petit film, Tummy Monster est un huis clos maîtrisé qui ne manque pas d’originalité. Le réalisateur nous donne à voir la descente aux enfers d’un homme. Ce film qui se déroule dans une même unité de lieu a été réalisé avec deux bouts de ficelle et tourné en cinq jours, de quoi forcer le respect.
Très travaillée, la photo du film est de grande qualité. Quant aux acteurs, ils font du bon boulot. Quelques longueurs sont, certes, à déplorer et Tummy Monster est parfois lourd, agaçant même, mais il s’agit là, selon nous, d’une des volontés du réalisateur, qui souhaite nous faire ressentir ce que le personnage principal traverse. Rien d’étonnant, dès lors, que le spectateur finisse, par moments, par décrocher. Au bout du compte, la découverte de cet exercice de style s’est avérée pour le moins intéressante.

J.d.F.

Vampire Zombies… From Space!   ★★★★
Michael Stasko (États-Unis)

Magnifique surprise dont le titre pouvait laisser présager un navet, ce film était, au contraire, une des pépites de ce 43e BIFFF.
À la fois parodie des films d’horreur et de science-fiction des années 50 et hommage à ceux-ci, Vampire Zombies… From Space nous plonge avec brio dans l’ambiance de l’époque.
L’humour distillé dans ce film complètement absurde fonctionne à merveille. Délire total, ce métrage rend hommage à Plan 9 From Outer Space, de Ed Wood, considéré comme l’un des plus grands nanars du cinéma. Le film reproduit très bien les effets spéciaux catastrophiques, avec des soucoupes volantes tenues par des fils.
Les références, plus drôles les unes que les autres, s’enchaînent à toute vitesse. Ce que l’équipe du film est parvenue à faire avec un si petit budget relève du génie. Enfin, signalons que cette vraie œuvre de passionnés possède une photographie étonnamment soignée bénéficiant d’un très beau noir et blanc.

J.d.F.

Zero   ★★★
Jean-Luc Herbulot (Sénégal, USA)

Dakar, deux hommes se réveillent, une bombe accrochée au corps. Ils vont devoir suivre les instructions d’un maître-chanteur, qui menace de les faire exploser s’ils ne réalisent pas les missions qu’il leur donne.
Le thème est classique, certes, mais il est aussi très bien traité. Ne souffrant de quasiment aucun temps mort, Zero nous met en présence de personnages très bien écrits.
C’est alors parti pour une heure et demie de course contre la montre, qui visse le spectateur à son siège du début à la fin. Nul besoin d’en faire plus pour captiver pleinement le spectateur.
Ajoutons que Zero renferme un vrai message politique.
Willem Dafoe prête magistralement sa voix à l’antagoniste. Il en impose, avec son timbre et sa façon de s’exprimer reconnaissables entre mille. Un vrai plaisir que de le retrouver dans ce type de projets !

J.d.F.

Jean-Philippe Thiriart, Sandy Foulon et Jules de Foestraets

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Photo de couverture : Dead Talents Society

L’équipe BIFFF 2025 de En Cinémascope au grand complet !
Crédit photo : En Cinémascope – Sandy Foulon

Le 43e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films primés

Le 43e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films primés 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Le 43e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) s’est clôturé ce dimanche 20 avril au Palais 10 du Heysel, accueillant plus de 45 000 spectateurs.

Le palmarès de cette édition est pour le moins robuste, en témoignent, notamment, nos critiques de films primés. Il vient souligner combien le cinéma de genre fait preuve d’inventivité et n’a de cesse de se renouveler.

Pour reprendre les mots de Christophe Gans, président, cette année, du Jury International, « le cinéma, c’est la vie » Jean-Luc Godard disait, lui, que « c’est la vérité 24 fois par seconde » Nous sommes bien d’accord avec eux !

Le palmarès

Longs métrages

Compétition internationale

Golden Raven (Corbeau d’Or) : Twilight of the Warriors: Walled In de Soi Cheang

Silver Ravens (Corbeaux d’Argent) : The Ugly Stepsister d’Emilie Blichfeldt, et Honey Bunch de Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli

Mention spéciale : The Surfer de Lorcan Finnegan

Compétition européenne

Méliès : The Home de Mattias J. Skoglund
Mention spéciale : Un Monde merveilleux de Giulio Callegari

Compétition Black Raven (Corbeau Noir – Compétition Thrillers)

Black Raven : The Rule of Jenny Pen de James Ashcroft
Mention spéciale : Tabula Rasa de Juanfer Andrés et Esteban Roel

Compétition Emerging Raven (Corbeau Émergeant – Compétition Premiers et deuxièmes films)

Emerging Raven : A Girl with Closed Eyes de Sunyoung Chun
Mention spéciale : The Wailing de Pedro Martín-Calero

Compétition White Raven (Corbeau Blanc – Compétition présentant des films qualifiables de « singuliers »)

White Raven : Dead Lover de Grace Glowicki
Mention spéciale : Sister Midnight de Karan Kandhari

Prix de la Critique

Hallow Road de Babak Anvari

Prix du Public

The Ugly Stepsister d’Emilie Blichfeldt

Courts métrages européens

Méliès d’Argent : The Musical Spider

Courts métrages belges

Grand Prix et Prix BeTV : Corps étranger de Cécile Delberghe et Mathieu Mortelmans
Prix La Trois : La Mue de Elodie Lebrun
Prix du Jury jeunesse et Prix Cinergie : De Leider Komt de Michiel Geluykens et Manuel Janssens
Mention spéciale du Jury jeunesse : Autokar de Sylwia Szkiladz

Le Prix Cinergie a été décerné à De Leider Komt de Michiel Geluykens (à droite sur la photo) et Manuel Janssens (au centre), film qui a également été récompensé du Prix du Jury jeunesse
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Nos critiques de films primés

A Girl with Closed Eyes (Nun-eul gam-eun ai)   ★★★
Sun-young Chun (Corée du Sud)

Écrit, réalisé et produit par la Coréenne Sun-young Chun, dont c’est le premier long métrage, A Girl with Closed Eyes est un thriller policier qui explore finement tout le potentiel dramatique de son script. C’est là une de ses grandes forces.
Arrêtée, arme aux poings, sur les lieux mêmes du meurtre d’un auteur à succès, Min-joo affirme à la police qu’elle ne parlera qu’à une certaine inspectrice de Séoul, qui la connaîtrait. Avouant l’homicide, elle déclare que le romancier, qui a retracé dans son dernier livre l’histoire de l’enlèvement dont elle a été victime dans sa jeunesse, était son kidnappeur de l’époque. Allant d’impasses en rebondissements, l’enquête réservera quelques surprises…
Le niveau des actrices et acteurs est excellent et la réalisation est solide également. Seuls certains éléments du script peuvent être discutés quant à leur crédibilité. Vu la qualité globale, on peut affirmer que la sortie de ce film signe l’émergence d’un nouveau talent coréen.

Sandy Foulon

City of Darkness (Twilight of the Warriors: Walled In)   ★★★★
Soi Cheang (Hong Kong)

Soi Cheang, qui avait signé l’un des principaux coups de cœur de En Cinémascope lors de la 40e édition du BIFFF avec Limbo, film ayant reçu une Mention spéciale du Jury Black Raven (voir notre critique), était de retour dans la sélection du BIFFF de cette année avec Twilight of the Warriors: Walled In, retitré City of Darkness en France.
Avec ce film d’action suivant le jeune Chan Lok-kwun, immigré clandestin cherchant à amasser de l’argent afin d’acheter les papiers nécessaires pour se mettre en règle auprès des autorités de Hong Kong, et se réfugiant dans la citadelle de Kowloon alors qu’il est pris en chasse par des triades, le réalisateur hongkongais confirme une nouvelle fois sa maestria. Ce qui le distingue du tout-venant du genre ? Une dimension humaine forte, un soin fou apporté à ses décors absolument extraordinaires (son amour pour l’histoire de cette « citadelle » est palpable, voir pour s’en convaincre les scènes de la vie quotidienne ajoutées lors du générique de fin) et, bien sûr, une grande maîtrise des scènes de combats. Un film d’action à la fois ébouriffant et touchant.

S.F.

Hallow Road   ★★
Babak Anvari (Royaume-Uni / Irlande / République tchèque)

Le réalisateur de Under the Shadow est de retour avec ce thriller intelligent porté par Rosamund Pike (Meurs un autre jour, Le Dernier Pub avant la fin du monde, Gone Girl) et Matthew Rhys (La Tranchée, Crazy Bear). Ces derniers y forment un couple qui reçoit, en pleine nuit, un appel téléphonique de leur fille désespérée. Celle-ci vient de renverser une personne ayant surgi juste devant elle sur une route déserte qui traverse un bois. Catastrophés, les parents prennent la voiture pour se rendre sur les lieux de l’accident afin d’aider leur enfant. Commence alors une course contre la montre.
Tout le film joue sur l’urgence de la situation et sur le hors-champ : à l’exception de quelques scènes, la caméra ne quittera pas la voiture dans laquelle se trouve le couple. On ne prendra connaissance de tout ce que vit la fille que par conversations téléphoniques, astuce de mise en scène diabolique, l’imagination du spectateur étant rudement mise à contribution. Surtout quand quelques répliques étranges amènent le film aux frontières du fantastique. Quelques indices sont jetés en pâture mais l’ambiguïté persistera jusqu’à la fin. Plusieurs interprétations des faits sont possibles. Un thriller efficace et stimulant.

S.F.

Hallow Road   ★★★★
Babak Anvari (Royaume-Uni / Irlande / République tchèque)

Thriller incroyablement nerveux et d’une efficacité redoutable, qui se déroule presqu’exclusivement dans une voiture, Hallow Road constitue l’un de nos gros coups de cœur du Festival.
On y suit l’échange téléphonique entre deux parents et leur fille après un évènement tragique. Sans rien dévoiler, signalons que l’ambiance de l’œuvre est oppressante et, la tension, extrêmement forte, et gérée à la perfection, scotchant le spectateur à son siège.
Nous restons dans le même environnement pendant tout le film et, avec un procédé fort simple et très peu de moyens, le réalisateur parvient, avec brio, à nous tenir en haleine en nous prenant aux tripes.
Rosamund Pike est sensationnelle, livrant une performance d’une intensité inouïe. Une très belle réussite et l’un des plus grands films de cette édition que ce Hallow Road !

Jules de Foestraets

The Home (Hemmet)   ★★
Mattias Johansson Skoglund (Suède/Islande/Estonie)

Joel est de retour dans sa petite ville natale pour placer sa vieille maman dans une maison de retraite suite à l’AVC qu’elle a subi et dont elle n’est pas sortie tout à fait indemne. Au fur et à mesure, il semble de plus en plus évident que la dame âgée est possédée par une force maléfique.
Skoglund déroule son film d’épouvante sur un rythme posé, avec une tonalité de drame dépressif. Tant le personnage de la mère que celui du fils ont leurs traumatismes et leurs démons intérieurs (mari/père abusif décédé, inclination pour la boisson…).
The Home joue sur la peur du vieillissement et son lot de détériorations physiques et mentales. Essentiellement psychologique, il se laisse tout de même aller à un ou deux jumpscares bien sentis. Face à une durée de films qui a fort tendance à s’allonger ces dernières années, celui-ci a le mérite de ne pas en faire trop avec son heure et demie qui convient bien au genre. Une production nordique intéressante et inquiétante, par les thématiques qu’elle brasse notamment.

S.F.

Honey Bunch   ★★
Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli (Canada)

Le duo qui avait réalisé Violation, sélectionné à l’édition du BIFFF online (2021), est de retour avec ce Honey Bunch concourant dans la compétition internationale. L’actrice principale, Grace Glowicki, est également réalisatrice et actrice de Dead Lover, film projeté lui aussi cette année au BIFFF.
Après un accident de voiture qui l’a laissée amnésique, Diana est emmenée par son mari dans une clinique privée qui propose des thérapies révolutionnaires. Au fur et à mesure, leur couple va être mis à rude épreuve.
Mélange de romance et de thriller sur fonds d’expérimentations médicales, ce film brille par son esthétique, notamment la superbe photo d’Adam Crosby, qui sublime les décors naturels qui entourent la clinique, et par l’interprétation impressionnante de Grace Glowicki. La nature exacte de la thérapie suivie, qu’on ne révélera pas car elle fait partie des surprises que réserve le scénario, ouvre des perspectives passionnantes et l’on gage qu’elle pourrait intéresser David Cronenberg. À la fois beau, touchant et perturbant, Honey Bunch est une œuvre atmosphérique et psychologique qui mérite d’être découverte. Signalons, néanmoins, qu’elle ne s’adresse pas aux inconditionnels de l’action débridée.

S.F.

Les Maudites (El Llanto)   ★★★
Pedro Martín-Calero (Espagne/Argentine/France)

Présenté sous son titre international The Wailing, Les Maudites témoigne une fois encore du savoir-faire de l’Espagne en matière de cinéma fantastique. Coscénarisé par Isabel Peña (scénariste qui travaille régulièrement avec Rodrigo Sorogoyen – voir El Reino, The Beasts…), il s’agit du premier film de Pedro Martín-Calero, un réalisateur à tenir à l’œil.
Dans les années 2020, à Madrid, Andrea se rend compte qu’une silhouette masculine, qu’elle ne voit pas en vrai, apparaît systématiquement en arrière-plan des vidéos qu’elle fait d’elle-même. Fin des années 90, en Argentine, l’étudiante en cinéma Camila, qui filme à son insu Marie, une jeune femme d’origine française qui l’obsède, observe qu’une silhouette masculine est visible sur tous les plans où figure Marie… Trois portraits de jeunes femmes (Andrea, Camila et Marie), trois actrices (Ester Expósito, Malena Villa et Mathilde Ollivier) bien choisies, tant pour leur jeu que pour leur physique.
Le réalisateur insiste sur les aspects dramatiques et humains de cette histoire surnaturelle, avec quelques touches d’épouvante. De bonne facture, Les Maudites laisse une agréable impression générale, avec juste un petit goût de « pas assez », dû notamment à une fin un peu abrupte.

S.F.

Sister Midnight   ★★
Karan Kandhari (Inde)

Découverte intéressante que ce film indien, bien qu’il s’agisse d’une œuvre qui ne se voit qu’une seule fois, son visionnage étant assez éprouvant. Nous immergeant dans le quotidien froid et déprimant d’une jeune mariée, le film dénonce la condition de la femme en Inde, nous mettant en présence d’un personnage féminin malheureux, obligée de vivre avec un mari qu’elle n’aime pas.
Sister Midnight comporte, volontairement selon nous, de vraies longueurs, afin que le spectateur ressente au mieux l’ennui que vit cette femme au quotidien. Cela rend parfois le film difficile à suivre. Signalons aussi que la touche fantastique met un certain temps à arriver.
L’actrice principale est excellente et porte véritablement le film sur ses épaules.
Lent dans l’ensemble, le film possède, paradoxalement, une série de passages très dynamiques parfois délirants, qui contrastent avec l’atmosphère globalement morne de l’œuvre.

J.d.F.

The Surfer   ★★
Lorcan Finnegan (Australie/Irlande/États-Unis)

Ce nouveau film du réalisateur de Vivarium et de The Nocebo Effect est un thriller dramatique mettant en vedette Nicolas Cage. Ce dernier y campe un père se rendant sur la plage australienne qui a marqué sa jeunesse afin de la faire découvrir à son fils adolescent et de surfer avec lui. Il veut également en profiter pour lui annoncer une bonne nouvelle : il est en tractations avec sa banque et un agent immobilier pour acheter la maison qu’il a connue à l’époque et qui donne sur la mer. Mais rien ne va se passer comme prévu : un groupe de locaux va leur interdire l’accès à la plage, menaçant et humiliant ce père qui ne va pas vouloir lâcher l’affaire…
Avec ce film, la volonté de Finnegan est de proposer un équivalent moderne des films dits d’Ozploitation des années 70 et 80, en particulier dans le sillage de Réveil dans la terreur (Ted Kotcheff, 1971). Il y parvient plutôt bien, avec un Nicolas Cage en forme et une réalisation insistant sur les effets du cagnard australien (allant jusqu’à des effets psychédéliques) et sur la déchéance totale du personnage principal. Du petit-lait pour les fans de Cage !

S.F.

The Ugly Stepsister (Den stygge stesøsteren)   ★★
Emilie Blichfeldt (Danemark/Norvège/Pologne/Roumanie/Suède)

Pour ses débuts dans la cour des longs métrages, Emilie Blichfeldt a choisi une revisite trash du conte de Cendrillon vu par l’une des deux demi-sœurs de la belle. Voulant absolument attirer l’attention du Prince du Royaume lors du bal qu’il donnera, Elvira va utiliser des moyens extrêmes pour devenir plus belle. Un mariage avec l’homme le plus en vue du pays permettrait en effet de résoudre tous les gros problèmes financiers de la famille, et la jeune fille est d’autant plus motivée qu’elle est amoureuse des poèmes écrits par le Prince. Mais la concurrence est rude, surtout que la sublime Agnès, rebaptisée Cendrillon une fois tombée en disgrâce, est aussi sur le coup.
Le point de vue adopté pour raconter cette histoire est intéressant. Il permet d’avoir un autre regard sur le personnage de Cendrillon et, surtout, offre l’opportunité de tenir un discours sur le culte de la beauté physique envers et contre tout, thématique très actuelle (pensons par exemple à la banalisation de la chirurgie esthétique). Visuellement soigné, le film étonne, en outre, par ses quelques plans crus concernant les actes sexuels, tandis que les scènes gores font « mal » (pieds coupés au hachoir, par exemple). On est donc loin de la vision disneyenne du conte !

S.F.

Jean-Philippe Thiriart, Sandy Foulon et Jules de Foestraets

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Photo de couverture : Twilight of the Warriors: Walled In

Adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau lors de ce 43e BIFFF, le réalisateur britannique Danny Boyle y a donné une masterclass passionnante
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Excellente année 2025, avec En Cinémascope !

Excellente année 2025, avec En Cinémascope ! 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite une excellente année 2025 !

Quatre acteurs du cinéma belge et international se joignent à nous, en images, pour vous faire part de nos vœux pour cette nouvelle année.

Une année 2025 qui sera pour vous, nous l’espérons, parsemée de grands et de petits bonheurs. Notamment cinématographiques, ça va sans dire ! Mais, plus largement, que cette année vous comble de bonheur, vous, ainsi que celles et ceux qui vous sont chers !

Et c’est avec joie que nous partagerons, avec vous, tout au long de l’année 2025, le cinéma en plans larges.

Notre vidéo « Vœux 2025 » est à découvrir ici !

Enfin, merci beaucoup à nos complices !
– Michiel Blanchart,
– Claude Barras,
Xavier Seron et
Etienne Cadet !

Crédits vidéo
Captation : Valéria Lopes dos Santos, Geoffrey Baras et Lionel Callewaert
Montage : Zalou Wacquiez

Et merci à Vinnie Ky-Maka !

Jean-Philippe Thiriart

Les 13e MAGRITTE DU CINÉMA dans la Minute Cinéma, et le cinéma belge à la fête en télé et sur Auvio !

Les 13e MAGRITTE DU CINÉMA dans la Minute Cinéma, et le cinéma belge à la fête en télé et sur Auvio ! 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

La 13e Cérémonie des Magritte du Cinéma se tiendra ce samedi 9 mars 2024 au Théâtre National Wallonie-Bruxelles. Elle sera diffusée à partir de 20h35, en direct sur La Trois et sur Auvio. Ainsi que lors d’un direct commenté spécial du Mug, sur la Première.

Envie d’en savoir davantage ? On vous dit tout ci-dessous, dans la 3e Minute Cinéma de En Cinémascope !

En amont de cette édition 2024 des Magritte du Cinéma, une série de films belges et de programmes aux couleurs de ce cinéma seront diffusés sur les différents médias linéaires et digitaux de la RTBF.

Parmi ceux-ci, soulignons les passages en télé, mais aussi sur Auvio, de :

Des hommes de Lucas Belvaux, ce mardi 5 mars à 20h30 sur La Trois (30 jours sur Auvio)

Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, ce mercredi 6 mars à 20h05 sur Tipik (disponible ensuite 30 jours sur Auvio)

Un monde de Laura Wandel, ce jeudi 7 mars à 20h30 Sur La Trois (puis disponible pendant six mois sur Auvio)

Les Intranquilles de Joachim Lafosse, ce vendredi 8 mars à 20h45 sur La Une (et ensuite 30 jours sur Auvio)

Jusque mi-février 2025, Auvio étoffe son catalogue existant en proposant en exclusivité pas moins de 30 films belges, mettant en scène des comédiennes et comédiens belges ou coproduits par des maisons de production belges.

Parmi ceux-ci, épinglons :

Adieu les cons de Albert Dupontel

Alléluia de Fabrice du Welz

La Dernière Tentation des Belges de Jan Bucquoy, avec Alice Dutoit et Wim Willaert (disponible sur Auvio jusque fin mars uniquement), film dont la très belle affiche est signée Laurent Durieux

Duelles de Olivier Masset-Depasse

La Fille inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Grave de Julia Ducourneau

Henri de Yolande Moreau

Incendies de Denis Villeneuve

Losers Revolution de Thomas Ancora et Grégory Beghin

Mon Ket de François Damiens

Les premiers, les derniers de Bouli Lanners

Signalons, enfin, que les plus petits ne sont pas oubliés puisque du côté jeunesse, sur AUVIO Kids, sont à découvrir, notamment, La Foire agricole de Stéphane Aubier et Vincent Patar, et la Collection Ernest et Célestine.

Crédits vidéo
Captation et montage : Geoffrey Baras
Graphisme : Emmanuel De Haes
Production : Sofía Marroquín Simar et Elisa Tuzkan

Jean-Philippe Thiriart

Merveilleuse année 2024… cinémagique, avec En Cinémascope !

Merveilleuse année 2024… cinémagique, avec En Cinémascope ! 1564 1041 Jean-Philippe Thiriart

Toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite une merveilleuse année 2024… cinémagique !

Douze acteurs et actrices du cinéma belge et international se joignent à nous, en images, pour vous transmettre, ensemble, nos meilleurs vœux pour cette année nouvelle.

Une année 2024 que nous désirons pour vous remplie de grands et de petits bonheurs, cinématographiques mais pas que !


Enfin, merci beaucoup à nos douze complices :
François Damiens,
– Philippe Duquesne,
Yolande Moreau,
Eric Godon et Elsa Houben,
– Déborah François,
Salomé Dewaels,
– Emmanuelle Devos,
Joachim Lafosse,
– Mike Wilson et Vicky Krieps, et
– Benoît Mariage !

Crédits vidéo
Montage et graphisme : Emmanuel De Haes
Captation : Olivier Craeymeersch, Geoffrey Baras, Vinnie Ky-Maka, Lionel Callewaert, Kilian Desmet et Cyril Desmet

Jean-Philippe Thiriart

Le BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 41e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 41e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 1800 1200 Jean-Philippe Thiriart

C’est hier qu’a pris fin à Brussels Expo la 41e édition du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Une cuvée 2023 qui s’est clôturée avec la projection du film britannique Unwelcome, réalisé par Jon Wright, précédée de l’annonce du palmarès.
Après trois éditions particulièrement difficiles, le BIFFF a repris sa vitesse de croisière. Malgré six mois de préparation en moins et une programmation réduite d’un tiers, plus de 40 000 spectateurs se sont pressés dans les deux salles du Festival, sans compter celles et ceux qui sont passé(e)s par le village du BIFFF au cours des 13 jours qui viennent de s’écouler !

Le palmarès

Au sein de la Compétition internationale, le Corbeau d’Or, Grand Prix du Festival, a récompensé Talk to Me, des jumeaux australiens Danny et Michael Philippou. (voir critique ci-dessous)

Crédit photo : Vincent Melebeck

Les Corbeaux d’Argent sont allés au film d’ouverture, Suzume, du Japonais Makoto Shinkai et à Infinity Pool, du Canadien Brandon Cronenberg (voir critique ci-dessous).
Une Mention spéciale a été accordée à Sisu, du Finlandais Jalmari Helander.

C’est Halfway Home, du Hongrois Isti Madarasz, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent.
The Grandson, du Hongrois Kristóf Deák, a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award.
Le White Raven Award est allé à The Coffee Table, de l’Espagnol Caye Casas, avec une Mention spéciale à Lily Sullivan, l’actrice principale de Monolith, réalisé par l’Australien Matt Vesely (voir critique ci-dessous).

La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages, a vu l’emporter l’américain Soft & Quiet, de Beth de Araújo, avec une Mention Spéciale décernée au canado-belge Farador, de Edouard Albernhe Tremblay.
Le Prix de la Critique a, lui aussi, été décerné à Soft & Quiet.
Le toujours très touchant Prix du Public est venu récompenser le film Sisu, dès lors doublement primé cette année.

Envie de connaître le palmarès de la compétition courts métrages belges ? Direction le site du Festival !

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 41e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !
Et félicitations aux gagnants de celui-ci : Lau Lari, Patrick Laseur, Vincent Mercenier, Thomas Opsomer et Marc Vanholsbeeck ! Ils ont chacun remporté deux tickets pour la projection, en avant-première mondiale, du film coréen Drive.

Rendez-vous du 9 au 21 avril 2024 pour le 42e BIFFF et avant, bien sûr, sur notre site encinemascope.be !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et YouTube !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Vincent Melebeck

Les critiques de différents films primés

Talk to Me, Corbeau d’Or   ★★★
Danny et Michael Philippou (Australie)

Monolith, Blaze, Talk to Me : l’Australie était décidément bien représentée cette année au BIFFF. Ici, on est dans l’horreur pure et dure, avec des fantômes ensanglantés, de brèves visions infernales et des scènes de meurtres et d’automutilations assez impressionnantes.
Un groupe d’amis décide, pour pimenter ses soirées, de s’adonner à un petit rituel aux règles simples : il s’agit de tenir une main embaumée recouverte de céramique et de prononcer la phrase « Talk to me » pour voir apparaître un esprit devant soi, puis d’inviter celui-ci à prendre possession de son propre corps, en ne dépassant pas les 90 secondes avant d’éteindre une bougie préalablement allumée afin de renvoyer le mort d’où il vient. Évidemment, quand on joue avec le feu, on finit par se brûler…
Premier long métrage des frères jumeaux Philippou, ce Talk to Me est fort prometteur. La boîte A24 a d’ailleurs signé pour la distribution ciné aux États-Unis, c’est pour dire. Simple et efficace, se basant sur un concept aux belles potentialités, il a de quoi faire frissonner. On aurait juste bien voulu en voir plus de cet au-delà dans lequel les démons torturent l’âme d’un des personnages…

Infinity Pool, Corbeau d’Argent   ★★★
Brandon Cronenberg (Canada/Hongrie/Croatie)

Brandon n’est pas seulement le fils de David Cronenberg, c’est aussi un cinéaste talentueux. Il le prouve une nouvelle fois avec cet Infinity Pool qui a quelque chose d’obsédant.
Ce thriller horrifique, dans lequel un riche couple, James et Em, en vacances dans une station balnéaire de rêve, rencontre un autre couple, Gabi et Alban, qui va les emmener hors du périmètre sécurisé pour les touristes, et sera confronté aux lois dictatoriales du lieu suite à un accident, repose sur un concept de science-fiction : les autorités locales acceptent, contre paiement, de créer un double d’une personne condamnée à mort, afin que ce soit ce clone qui soit exécuté à la place de la personne d’origine. Ce double recevant toute la mémoire de l’autre, et le processus passant par une phase où ce dernier est inconscient, un doute surgit dès le réveil : est-on bien sûr que ce soit vraiment le double qui est exécuté ? Situation qui donne déjà le vertige, et le reste du film creusera toujours plus loin cette confusion mentale, avec la consommation de drogues hallucinatoires, des images psychédéliques, des délires sensuels et une plongée malsaine dans le crime. Avec, à l’arrivée, le risque de se perdre soi-même.
Doté d’une distribution trois étoiles (Alexander Skarsgård en James, la sublime Mia Goth en Gabi, Cleopatra Coleman en Em…), avançant de bonnes idées originales, offrant des plans passant du beau au malsain, non sans provocation (l’éjaculation, par exemple), satire d’une certaine classe sociale dite supérieure, Infinity Pool est lui-même un film assez riche, qu’on a déjà hâte de revoir.

Monolith, Mention spéciale de la White Raven Competition pour l’actrice Lily Sullivan   ★★
Matt Vesely (Australie)

Cette production australienne joue la carte du minimalisme : un seul personnage à l’écran, une jeune journaliste qui s’occupe de son émission en podcast sur des affaires mystérieuses, dans un seul lieu, la grande villa parentale où elle télétravaille, et un parti pris anti-spectaculaire, car tout repose sur l’oralité – les interviews qu’elle réalise à distance, qui font avancer l’histoire. Un film anti-cinématographique, pour ainsi dire. Fans d’action, passez votre chemin ! Cependant, il faut reconnaître qu’à partir de quelques éléments qui n’ont l’air de rien au départ (d’étranges briques noires en possession de plusieurs personnes à travers le monde), la scénariste Lucy Campbell et le réalisateur Matt Vesely parviennent à créer quelque chose d’intriguant et à maintenir le mystère sur la durée. Ce qui est une petite gageure en soi. Et, pour renforcer l’aspect dramatique, cette affaire va prendre une tournure très personnelle pour l’héroïne. Dans le rôle principal, on retrouve la jolie actrice montante Lilly Sullivan, qui joue également dans Evil Dead Rise, aussi présent dans la sélection du BIFFF 2023 (voire critique ci-dessous). Convaincante, elle porte tout le film sur ces épaules. Monolith n’est pas mémorable, mais a le mérite de tenter une certaine originalité, dans une forme certes quelque peu austère, en résonnance avec les préoccupations contemporaines et dont le fonds peut titiller les amateurs d’histoires mystérieuses.

Sandy Foulon

Les autres critiques

Vous retrouverez, ci-dessous, par ordre alphabétique, nos critiques d’autres films découverts au BIFFF cette année.

Anthropophagus II   ★
Dario Germani (Italie)

Des étudiantes se laissent convaincre par leur professeure de se faire enfermer dans un bunker antiatomique afin de vivre une expérience utile à leur thèse universitaire. Dans ces sombres couloirs totalisant une longueur de 17 km, elles vont être traquées par un tueur cannibale.
Cette pseudo-suite d’Anthropophagus de Joe D’Amato ne prend même pas la peine de tisser des liens avec son aîné, le titre ayant sûrement été choisi uniquement dans le but de capitaliser sur l’aura « culte » du film où le personnage de George Eastman mange ses propres viscères. À noter qu’à l’époque, Horrible (Rosso sangue) de la même équipe avait déjà parfois été présenté comme un Anthropophagus 2. Désespérément basique, le film de Dario Germani n’a rien à apporter. Il fait penser à de nombreux autres films du genre, comme Sawney: Flesh of Man (présenté au BIFFF il y a 10 ans). L’intrigue est simpliste au possible et le jeu des actrices est faiblard, on ne croit pas en leur personnage. Mais comme les victimes se font zigouiller à un rythme métronomique et que la durée du film est courte, on n’a pas le temps de s’ennuyer. En outre, les éclairages, dans des teintes glauques, donnent un petit cachet visuel à l’ensemble. Enfin, le vrai gros atout, c’est le gore franc et généreux qui le parsème. On réservera donc cette petite production purement « bis » aux inconditionnels du cinéma gore.

The Elderly (Viejos)   ★★★
Raúl Cerezo et Fernando González Gómez (Espagne)

Le duo de réalisateurs venu présenter au BIFFF l’année passée le bien fun The Passenger (La Pasajera) est de retour avec, cette fois-ci, un film d’horreur plus sérieux et inquiétant.
L’intro montre une vieille femme qui se suicide en se jetant du balcon, pendant que son mari dort dans le lit conjugal. Ensuite, on fait la connaissance de sa famille, son fils, sa petite-fille adolescente et la belle-mère. Il est décidé que le désormais veuf viendra habiter avec eux, au moins le temps qu’il se remette de ce drame. Mais le comportement du grand-père devient de plus en plus étrange (il dit entendre des voix) pour finir par se faire carrément menaçant (« Je vous tuerai tous demain soir »). Ambiance ! Pendant ce temps-là, une insupportable canicule sévit et les autres personnes âgées semblent aussi bizarres…
The Elderly bénéficie d’un jeu d’acteur d’excellent niveau, notamment celui de Zorion Eguilor (La Plateforme), qui a d’ailleurs été récompensé pour cette prestation au festival Fantasia. Les réalisateurs prennent le temps de bien faire monter la sauce avant le déferlement de violence attendu. Les personnages ont ainsi le temps de vraiment exister. Le tabou de la nudité et de la vie sexuelle de seniors y est abordé frontalement, ce qui peut déstabiliser. Ce bon film d’horreur pèche juste par son explication finale, qui laisse dubitatif.

Evil Dead Rise   ★★★
Lee Cronin (Nouvelle-Zélande/États-Unis/Irlande)

Lee Cronin, le réalisateur de The Hole in the Ground, qui avait été projeté au BIFFF en 2019, s’attaque à la franchise Evil Dead. Il s’agit d’une histoire indépendante de la trilogie initiale et même du remake de 2013 ; autrement dit, on peut le regarder sans forcément avoir vu les autres. Comme pour le film de Fede Alvarez, exit Ash et les autres têtes connues de la saga. Sam Raimi et Bruce Campbell n’interviennent qu’au niveau de la production (ils sont producteurs exécutifs). Passée l’intro, le cadre de l’action est cette fois-ci urbain (un appartement dans une grande ville américaine), ce qui fait l’originalité et contribue à créer l’identité propre de cet opus. Au centre de l’intrigue, c’est une famille (une mère et ses trois enfants, rejoints par leur tante rock’n’roll) qui se retrouve cette fois-ci confrontée aux forces démoniaques involontairement libérées par l’un d’entre eux. Sans surprise, cet Evil Dead Rise ne possède pas du tout le charme des anciens films et reprend plutôt l’esthétique des films de possessions contemporains. Mais il tient largement ses promesses en termes de gore (mention spéciale à la créature composite à la The Thing et la façon dont elle est neutralisée). Cronin s’en tire bien en montrant qu’il sait réaliser un bon film d’horreur moderne. Reste donc le problème pour les fans de la première heure de ne pas retrouver ce qui faisait la « saveur » toute particulière des premiers Evil Dead.

Evil Eye (Mal de Ojo)   ★★★
Isaac Ezban (Mexique)

Grand habitué du BIFFF (tous ses longs métrages y ont été projetés), le réalisateur Isaac Ezban est de retour avec Evil Eye, film d’horreur ayant pour thème la sorcellerie dans le Mexique rural.
Ne sachant plus à quel saint se vouer pour essayer de sauver leur jeune fille Luna, dont l’état de santé laisse les médecins perplexes, Rebecca et Guillermo emmènent la petite, ainsi que sa grande sœur Nala, chez la grand-mère maternelle, avec qui le contact avait été rompu, dans l’espoir de trouver une solution beaucoup moins conventionnelle. Les parents annoncent alors qu’ils doivent s’absenter quelques jours et laissent leurs deux filles chez la vieille dame. Ça, ce n’était peut-être pas l’idée du siècle…
Actualisation des contes traditionnels de sorcières, ce film décline bien la palette de la peur, allant de la sourde angoisse à la pure terreur. Les maquillages et effets spéciaux font plaisir à voir et les décors de la vieille demeure ajoutent leur grain de sel à l’ambiance creepy. Après le doublé The Elderly et Evil Eye, vous ne verrez plus jamais vos grands-parents de la même manière !

L’Exorciste du Vatican (The Pope’s Exorcist)   ★★
Julius Avery (États-Unis)

Basant son argument commercial sur le fait qu’il s’inspire de fait réels (comme Conjuring : Les Dossiers Warren et bien d’autres avant lui), L’Exorciste du Vatican raconte la lutte entre le père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican, et un puissant démon ayant pris possession du corps d’un petit garçon dont la famille vient d’emménager dans un ancien édifice sacré espagnol dans le but de le restaurer.
L’attraction principale du film est l’acteur-star Russell Crowe dans le rôle du père Gabriele. Avec son physique qui évoque plus un vieux métalleux qu’un prêtre et ses quelques petites faiblesses (il trimballe toujours sur lui une flasque de whisky et est tourmenté par un épisode traumatique de sa jeunesse), il s’attire davantage la sympathie du public que la petite clique de prélats qui tentent de l’évincer de sa fonction. D’autres noms au générique attirent l’attention : Franco Nero (Django) dans le rôle du souverain pontife, Alex Essaoe (Doctor Sleep) ou encore Daniel Zovatto (Don’t Breathe). On peut compter sur Hollywood pour rendre plus divertissante une réalité qui doit être autrement plus austère, à grand renfort d’effets spéciaux et de petites touches d’humour. Le film est joliment éclairé, relativement bien rythmé et propose quelques pistes intéressantes (cf. ce qui est dit de l’Inquisition espagnole), mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas dans la subtilité, ce qui l’empêche de faire peur. Et ça, c’est fort dommage pour un film de possession démoniaque !

In My Mother’s Skin   
Kenneth Dagatan (Philippines/Singapour/Taïwan)

Ce film asiatique, se déroulant aux Philippines sous l’occupation japonaise vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, met en scène une famille vivant dans une grande demeure sise au milieu de la jungle. Le père aurait volé de l’or des envahisseurs et ces derniers mettent la pression pour récupérer le trésor. Laissant sa femme, sa fille, son garçon et sa domestique, l’homme va tenter de trouver de l’aide du côté des Américains. Voyant la santé de sa maman péricliter, la fille, Tala, veut prendre les choses en main. Quand elle croise le chemin d’une fée prétendant pouvoir exaucer ses vœux, elle va tenter le tout pour le tout.
In My Mother’s Skin possède les ingrédients pour faire un bon film dans la veine de ce que fait Guillermo Del Toro (notamment dans Le Labyrinthe de Pan), mais Dagatan n’a malheureusement pas le savoir-faire du réalisateur mexicain. Le rythme est trop lent et ça tourne en rond au bout d’un moment. Un conte horrifique au potentiel pas suffisamment bien exploité.

Irati   ★★★★
Paul Urkijo Alijo (Espagne/France)

Adapté de la BD Le Cycle d’Irati de Juan Luis Landa (dont seul le premier tome est sorti, malheureusement, le projet ayant été abandonné en cours de route par l’éditeur), agrémenté de divers ajouts personnels, ce film de fantasy prend place dans le Pays basque du 8e siècle, où les deux grandes religions monothéistes, le christianisme et le mahométisme, mettent en péril les anciennes croyances païennes. Après la bataille de Roncevaux, pour laquelle le père du héros avait signé un pacte avec Mari, la déesse de la Nature, qui stipulait qu’il donnait sa vie contre la victoire des siens, Eneko Jr. est envoyé loin de chez lui pour être élevé dans la foi de Rome. Adulte, il revient dans son pays pour découvrir que certains revendiquent sa place de seigneur local. Il va également découvrir le monde de la déesse-mère et se liera avec Irati, jeune sauvageonne qui représente les croyances ancestrales menacées de disparition.
On sent l’amour du réalisateur basque pour sa région et son folklore et son désir de le partager avec ses spectateurs. Il allie avec bonheur l’intime et le grand spectacle, son film étant à la fois très touchant et impressionnant. Visuellement travaillé, il offre de superbes plans de la Nature : forêt, rivière, montagnes… Et puis, fantasy oblige, certaines créatures de la mythologie locale prennent vie devant la caméra. Une réussite d’autant plus méritoire quand on sait que le budget dont il disposait était modeste par rapport à ce qui se fait dans le genre, notamment à Hollywood. Un vrai coup de cœur de votre serviteur.

Kids vs. Aliens   ★★
Jason Eisener (États-Unis)

Tout comme Hobo with a Shotgun (2011) du même réalisateur était l’adaptation en long métrage du court du même nom, Kids vs. Aliens est la version longue de Slumber Party Alien Abduction, présent dans l’anthologie horrifique V/H/S/2. Hommage aux productions fantastiques pour la jeunesse des années 80, et donc forcément comparé à la série Stranger Things, devenue la référence sur ce terrain, cette nouvelle réalisation du Canadien Jason Eisener titille allègrement notre fibre nostalgique tout en proposant quelques fulgurances gores. Dans ce mélange de science-fiction et d’horreur, une petite bande d’enfants, accompagnée de Samantha, la grande sœur de l’un d’eux, est confrontée à deux groupes d’antagonistes : d’une part, l’ado Billy et sa clique, un salaud de première qui essaie de sortir avec Sam pour profiter d’elle et, d’autre part, de vilains extraterrestres ne pensant qu’à zigouiller de l’humain. Eisener fait très bien passer son amour pour le cinéma en mode DIY et son affection pour les geeks en herbe qui vivent dans leur monde et sont pleins de créativité. Esthétiquement, le film se distingue par ses couleurs très saturées, un certain kitsch pleinement assumé, avec des costumes, des maquillages et des effets spéciaux bricolés grâce à des moyens très limités mais avec passion. La durée est fort courte (1h15) et la fin est un peu frustrante : on aimerait en savoir plus (à voir si le réalisateur a déjà l’idée d’une suite possible…). Un petit divertissement sympathique.

The Loneliest Boy in the World   ★★
Martin Owen (Royaume-Uni)

Un ado asocial, involontairement responsable de la mort accidentelle de sa mère, se retrouvant sans famille et sans ami, est libéré pour quelque temps de l’institut spécialisé dans lequel il était placé. Il doit s’accommoder des visites impromptues que lui rendent les deux psys qui le suivent, un homme bien décidé à prouver que ce jeune est barje et qu’il se passe des choses étranges chez lui et une femme plus compréhensive. Ils lui font clairement comprendre que s’il ne se fait pas rapidement un ami, histoire de prouver qu’il sait se sociabiliser un minimum, il sera réinterné vite fait. Ni d’une, ni deux, le jeune homme va déterrer un gars populaire de son âge qui vient d’être inhumé afin de s’en faire un ami. Puis, tant qu’à faire, il décide aussi de s’entourer d’une nouvelle famille par les mêmes moyens, un récent crash d’avion lui fournissant tout ce qu’il lui faut en cadavres frais. Le pire, c’est que ça va fonctionner au-delà de tous ses espoirs !
Bénéficiant d’une belle photo, de beaux éclairages et d’une interprétation adéquate, ce film fait mouche avec son ton oscillant entre humour et tendresse. Hommage aux années 80, comme il s’en fait régulièrement depuis quelques années, pourvu de nombreux clins d’œil (utilisation de la musique de Ghostbusters, oreille coupée retrouvée à la façon de Blue Velvet, feuilleton Alf regardé à la télé par le personnage principal…) et d’une esthétique camp, The Loneliest Boy in the Wood ne surprend pas, mais fait passer un agréable moment.

The Nature Man   ★
Young-seok Noh (Corée du Sud)

The Nature Man se pose dans la catégorie « on s’est fait avoir » ! Un youtubeur spécialisé dans les histoires paranormales, accompagné de son acolyte, se rend en pleine forêt pour rencontrer un homme qui vit là-bas et qui prétend être harcelé, voire parfois possédé, par des fantômes hantant les lieux. Ce qu’ils découvriront sur place ne correspondra pas forcément à leurs attentes… Vu le pitch et la bande-annonce, on pouvait s’attendre à un survival fantastique, mais il n’en est rien. Il s’agit plutôt d’une espèce de comédie pleine de faux-semblants, par laquelle seuls les jeunes créateurs de contenus sur les réseaux sociaux pourraient éventuellement se sentir vaguement concernés. Un film-arnaque dont le message semble être, au final, que derrière les arnaques, il y a tout de même des leçons à tirer. En tout cas, on peut s’interroger sur la pertinence de le faire figurer dans la sélection du BIFFF. Bref, vous pouvez circuler sans regret, il n’y a (pratiquement) rien à voir.

Nightmare (Marerittet)   ★★
Kjersti Helen Rasmussen (Norvège)

Un jeune couple emménage dans le spacieux mais vétuste appartement qu’il vient d’acquérir. Le jeune homme étant constamment accaparé par son travail, c’est la fille, Mona, qui reste à domicile pour entreprendre les travaux de rafraîchissement de leur intérieur. Entre le comportement bizarre de leurs voisins et les cris incessants du bébé de ceux-ci, un gros problème va surgir : les nuits de Mona vont être fortement perturbées par des cauchemars lucides récurrents au cours desquels un démon du sommeil (un Mare) revêtant l’apparence de son compagnon va devenir de plus en plus menaçant à son encontre et va tenter de prendre possession du fœtus qu’elle porte en elle.
Baignant presque constamment dans la pénombre, Nightmare cultive la confusion entre rêve et réalité. À la croisée des concepts des Griffes de la nuit et de Rosemary’s Baby, il ne possède pas l’impact de ces deux références. Le thème des cauchemars et des divers troubles du sommeil (paralysie du sommeil, somnambulisme…), est passionnant et, de ce fait, le pitch de ce film ne manquera pas d’interpeler les fantasticophiles, mais cette production norvégienne n’est donc pas LE film définitif sur le sujet. Il met un peu trop de temps avant d’en arriver à la partie la plus intéressante, est trop cafardeux visuellement (même si c’est volontaire) et les scènes oniriques ne vont pas assez loin et manquent de variété. Un bon point cependant pour la prestation de l’actrice principale, Eili Harboe, qui s’était notamment déjà illustrée dans Thelma.

Project Wolf Hunting   ★★★
Hongsun Kim (Corée du Sud)

Sur un cargo en pleine mer, une troupe de policiers est confrontée à une mutinerie des dangereux criminels qu’ils escortaient. Mais bientôt, un danger encore plus terrible surgit des entrailles du bateau…
Project Wolf Hunting est l’une des sensations gores de ces derniers mois avec The Sadness et Terrifier 2. Petite salve de films qui donne une lueur d’espoir aux fans de splatters quant à l’avenir de leur genre de prédilection dans les salles de cinéma (les trois films ayant bénéficié d’une sortie salles dans plusieurs pays, dont la France, ce qui est devenu en soi exceptionnel) dans un contexte de cinéma horrifique un peu trop souvent aseptisé.
Si le scénario est basique, c’est pour mieux jouer la carte de l’efficacité et de la surenchère dans la violence qui fait mal et dans la quantité de sang versée. On ne va pas se mentir, on est là pour ça, et le film remplit parfaitement son contrat. Malgré sa durée de deux bonnes heures, on ne s’embête pas et l’effet cathartique est assuré.

Satanic Hispanics   ★★
Alejandro Brugués, Mike Mendez, Demián Rugna, Gigi Saul Guerrero et Eduardo Sánchez (États-Unis/Mexique/Argentine)

Satanic Hispanics est une anthologie horrifique réunissant une belle brochette de réalisateurs latino-américains : respectivement, les réalisateurs de Juan of the Dead, du Couvent, de Terrified (un film de trouille diablement efficace), de Bingo Hell et du Projet Blair Witch. Cela génère forcément pas mal d’attentes.
Le premier segment, qui sert de fil rouge pour introduire les autres histoires, montre un raid de la police déboucher sur la découverte de vingt-sept cadavres dans un appartement, massacre dont le seul survivant tente de s’échapper. Amené au poste de police pour être interrogé, celui-ci va raconter diverses histoires, à première vue abracadabrantes, à propos de revenants, de vampires, etc., qui constitueront les autres sketches.
Cet ensemble contient de bons éléments (quelques créatures joliment horribles, des gags avec le vampire qui fonctionnent bien…) mais, globalement, il déçoit un peu, la faute, autre autres, à un ton trop souvent humoristique. Dans le genre, on lui préférera México Bárbaro, plus viscéral.

Wintertide   ★★
John Barnard (Canada)

Alors qu’il règne désormais une nuit hivernale sans fin, le soleil n’atteignant plus la Terre, Beth patrouille bénévolement dans sa petite ville isolée, signalant la présence de chaque « zombie » qu’elle croise sur sa route. Quand elle ne sillonne pas dans son secteur, elle occupe ses nuits en faisant l’amour avec le ou la partenaire du jour. Le problème, c’est que lorsqu’elle dort, elle fait un cauchemar récurrent où elle voit son double aspirer l’énergie vitale de la personne couchée à côté d’elle. Et au réveil, à chaque fois, cette personne n’est pas du tout dans son assiette…
Le thème des zombies/infectés est ici traité de sorte qu’on n’ait pas l’impression d’avoir déjà vu mille fois ce spectacle, ce qui est très louable. John Barnard soigne son atmosphère nocturne, glaciale et cotonneuse. Par ailleurs, il nous offre quelques scènes sensuelles joliment filmées. De plus, son actrice principale, Niamh Carolan, assure. Vu ses atouts, il est d’autant plus dommage que Wintertide ne convainque pas à cent pour cent, son rythme lent finissant par devenir handicapant, le manque de scènes « énervées » se faisant ressentir. Verdict : intéressant, mais peut mieux faire.

Sandy Foulon

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : Vincent Melebeck

concours

Le BIFFF ? Retour à la normale… enfin presque ! Et 10 séances à gagner !

Le BIFFF ? Retour à la normale… enfin presque ! Et 10 séances à gagner ! 1592 519 Jean-Philippe Thiriart

Retrouvez, au bas de cet article, le concours exclusif que nous organisons cette année, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles.
À gagner : 5 x 2 places pour le film Drive, projeté le mercredi 12 avril en avant-première… mondiale !

Après une édition 2020 avortée pour les raisons qu’on ne va pas vous réexpliquer ici et un chapitre 2021 entièrement en ligne, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) était de retour en période de rentrée 2022 pour une 40e édition, qui marquait un changement de lieu majeur, à savoir le Palais 10 du Heysel. Une manière de tâter gentiment le terrain pour les prochaines années.

Du 11 au 23 avril prochains, c’est donc dans ce même endroit plus excentré de Bruxelles que les fans de fantastique auront rendez-vous pour un retour à la normale de leur rassemblement fétiche. Enfin, quasiment, puisqu’à la différence des éditions qui se sont déroulées avant 2020, le BIFFF n’aura pas entièrement lieu en période de vacances pascales, les calendriers scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles étant chamboulés depuis cette année. Qu’à cela ne tienne, ce n’est certainement pas ce menu détail qui diminuera la frénésie des amateurs de genre !

Quid de la programmation cette année ? Du lourd, évidemment, que ce soit parmi les films isolés ou dans ceux qui s’inscrivent dans les différentes thématiques qui seront mises à l’honneur et qui reflètent toujours, d’une manière ou d’une autre, les problématiques sociales contemporaines.
Et dans une époque où l’une des préoccupations est à juste titre la protection de la jeunesse et de l’enfance, la thématique « Sales Gosses » fait figure de bon client. En effet, s’ils sont souvent l’innocence incarnée, les moutards se présentent parfois comme de fins tortionnaires auprès desquels certains pseudo-sadiques du 7e art auraient bien fait de prendre quelques leçons, histoire de gagner en crédibilité (Aaaaah The Children de Tom Shankland, en 2008 !). Une vingtaine de films s’inscriront dans cette case, dont la production belge Wolfkin ou encore la cuvée 2016 A Monster Calls de Juan Antonio Bayona, invité prestigieux de cette 41e édition du Festival.

Wolfkin

Mais ce n’est pas parce que le BIFFF axe une partie de sa programmation sur les petites têtes blondes qu’il en oublie pour autant les ados et jeunes adultes puisque la journée « Born After Armageddon » leur sera plus que profitable. Jugez vous-mêmes : les films gratuits pour les 16-25 ans durant la journée du 12 avril. En voilà une initiative plus qu’honorable !

Le Focus Espagnol de cette année permettra de se mettre sous la dent quelques-unes des dernières productions de ce pays, comme le dernier Álex de la Iglesia, Four’s a Crowd, ou encore le remake de l’excellente bande israélienne de 2013 Big Bad Wolves, à savoir Ferocious Wolf. Plusieurs courts métrages « Spainkillers » viendront également grossir les rangs de ce chapitre ibérique.

Four’s a Crowd

Le BIFFF a encore une fois décidé de gâter son public avec une pelletée de bandes pour le moins excitantes, que ce soit dans le registre trouille, hémoglobine ou rire (on vous laissera en juger par vous-mêmes).
Parmi elles, L’Exorciste du Vatican pourrait facilement attiser notre curiosité, tant l’idée de voir un Russel Crowe en mercenaire de la lutte contre le Malin paraît séduisante !

The Pope’s Exorcist

Acteur culte et probablement l’un des plus prolifiques de ces 20 dernières années (il faut bien éponger les dettes et croûter), Nicolas Cage revient quant à lui sous la cape de Dracula dans Renfield. Il ne reste plus qu’à voir si la consistance sera au rendez-vous.
Dans la case « films de zombies », à côté de laquelle il est difficile de passer pour tout festival de cinéma de genre qui se respecte, pointons le thriller canadien Wintertide ou encore ce qui s’annonce comme l’une des comédies gores coréennes de cette année, All Your Fault, PD, qui verra une horde de morts-vivants décimer une équipe de tournage.

Toujours dans un registre similaire, l’un des points d’orgue de la programmation sera également et sans nul doute la projection du Evil Dead Rise qui débarque sur les écrans 10 ans après le remake du premier volet de la saga et 30 ans après le cultissime 3e chapitre : Army of Darkness.

Evil Dead Rise

Trois documentaires seront également à cocher dans votre liste. Tout d’abord Jurassic Punk, qui mettra à l’honneur l’un des papes du CGI, Steve « Spaz » Williams, qui a poussé la technique dans ses retranchements. Pour les amateurs de séries B et de lecture, King On Screen devrait faire l’affaire. 60 romans, 200 recueils de nouvelles et 80 adaptations ciné et télé valent bien un docu sur le maître de l’épouvante Stephen King, vous ne pensez pas ? Enfin, et pour faire le lien avec le focus espagnol, Rec : Terror Without A Pause décortiquera les secrets de tournage de le franchise lancée en 2007 par Jaume Balaguero et Paco Plaza.

N’oublions bien sûr pas la Nuit Fantastique, qui aura lieu le samedi 15 avril. Une citerne de sang sur fond de vengeance avec The Wrath of Becky, du 666e degré avec Kill Her Goats, de la frousse avec V/H/S 99 ou encore de la romance qui déchire avec Love Will Tear Us Apart. Voilà ce qui vous attendra avant le petit déjeuner du dimanche.

The Wrath of Becky

Mais vous le savez, à côté des films, le BIFFF n’est jamais en reste en termes d’animations en tout genre. Cette année verra donc aussi son lot d’activités parallèles comme le traditionnel Bal des Vampires, le Make Up Contest et différentes expositions artistiques (Freaky Factory, Art Contest…). Côté création, le Pix’Hell Game Contest s’adresse aux développeurs de jeux vidéo qui auront préalablement répondu à l’appel à projets du mois de mars et pourront faire montre de leur savoir-faire du 11 au 14 avril.

En un mot comme en sang, tout le monde y trouvera son compte !

Notre concours Facebook « Cinéma coréen »

Le cinéma coréen sera à nouveau présent en force cette année au BIFFF ! Avec pas moins de dix films, dont la moitié en compétition.
Compétition Internationale pour Project Wolf Hunting, Black Raven pour Decibel et Emergency Declaration, White Raven pour The Nature Man, et Emerging Raven (compétition lancée pour soutenir, un peu plus encore, les premiers et deuxièmes longs métrages) pour le film Drive.
Hors compétition, vous pourrez découvrir Alienoid, Gentleman, Hunt, New Normal, et The Roundup.


C’est le mercredi 12 avril, à 21h, que nous vous invitons à découvrir le film Drive en avant-première mondiale, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles !

Avec ce premier long métrage, Park Dong-hee souhaitait réaliser, pour reprendre ses mots : « un thriller à 200 à l’heure qui ne s’arrête jamais ». Et à en croire les organisateurs du BIFFF, c’est à la fois « simple, très malin, diablement efficace et constellé de twists délicieusement féroces » !

Pour participer et tenter de remporter un des cinq tickets duo pour Drive, rien de plus simple :

1) Aimez la page Facebook de « En Cinémascope »,
2) Taguez, en commentaire du post présent sur cette page, l’ami(e) que vous invitez à découvrir le film avec vous au BIFFF, et
3) Aimez et partagez ce post Facebook en mode public.

Début du concours : aujourd’hui, vendredi 7 avril, à 12h.
Fin du concours : le lundi 10 avril à 12h.
Tirage au sort, puis annonce des résultats : le lundi 10 avril à 16h.

Bonne chance à toutes et à tous !

Plus d’infos sur le Festival : www.bifff.net

Excellent BIFFF à vous !

Guillaume Triplet et Jean-Philippe Thiriart

Nos meilleurs vœux pour cette année 2023 !

Nos meilleurs vœux pour cette année 2023 ! 2560 1689 Jean-Philippe Thiriart

Cinquante ans après le dernier grand western spaghetti – My Name Is Nobody (produit par un certain Sergio Leone, qui d’autre ?!) -, toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite, donc, une année 2023… très parlante !

Une année remplie de petits et de grands bonheurs, devant les écrans de cinéma, mais aussi devant ceux de télévision, notamment.


D’ores et déjà, nous vous invitons à vous saisir de vos agendas !

En effet, outre les films que nous aborderons, en 2023, nous vous emmènerons, entre autres :

– aux 12e Magritte du Cinéma, le samedi 4 mars

– au 41e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), dont la magnifique affiche signée Philippe Foerster a été dévoilée hier, du 11 au 23 avril

– au 38e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), du 29 septembre au 6 octobre

– au 7e The Extraordinary Film Festival (TEFF), du 8 au 12 novembre


Parallèlement à notre site web, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous invitons à nous rejoindre sur les différents canaux où nous sommes présents !

N’hésitez ainsi pas à :

– liker notre page Facebook

– nous suivre sur Instagram

– vous abonner à notre chaîne YouTube

– vous abonner à notre compte Twitter

En 2023, En Cinémascope, ce sera aussi une série de concours vous permettant par exemple de gagner des places de cinéma. Stay tuned!

À nouveau, excellente année 2023, très parlante, à toutes et à tous !

Jean-Philippe Thiriart et l’équipe de En Cinémascope

Merci à l’inspirant Dominique Deprêtre et à l’efficace Pierre Pirson, qui nous ont prêté main forte dans ce détournement !

SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur

SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur 1124 749 Jean-Philippe Thiriart

Si Jérôme Vandewattyne est réalisateur, c’est aussi le leader de VHS From Space, groupe de rock grunge psychédélique dont le nouvel album, Cigarette Burns, est sorti le 31 octobre dernier.

Cette année, Jérôme a bouclé le tournage de son nouveau bébé : The Belgian Wave. Le montage image est désormais terminé, pour une sortie du film prévue en 2023. À présent, ce sont au sound design, aux effets spéciaux et à l’étalonnage que s’attellent Jérôme et ses camarades.

Petit scoop : c’est Daniel Bruylandt, qui bosse entre autres régulièrement avec le duo Hélène Cattet – Bruno Forzani, qui travaillera sur le son de The Belgian Wave en postproduction.

Nous vous proposons aujourd’hui un retour sur Spit’n’Split, qui fête ses cinq ans. Au menu : critique du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), où le film avait fait salle comble.

Le film

Spit’n’Split   ★★★

Réalisé par Jérôme Vandewattyne
Avec Jérémy Alonzi, Alan Steffler, Jean-Jacques Thomsin, David D’inverno, Bouli Lanners, Rémy S. Legrand

Documenteur musical
1h26

Lauréat notamment du Prix du Meilleur Docu musical au Festival slovène de Grossmann, à mi-chemin entre documentaire et fiction, Spit’n’Split, qui sent bon la sueur et le rock’n’roll, a été pour nous un véritable coup de cœur ! Il s’agit du premier long métrage de Jérôme Vandewattyne, qu’on avait découvert au BIFFF en 2011 avec son faux trailer She’s a Slut!, et retrouvé un an plus tard dans le cadre des courts-métrages du Collectifff avec Slutterball.

Spit’n’Split se veut être une expérience. Jérôme est parti sur les bases d’un documentaire sur le groupe rock The Experimental Tropic Blues Band. On suit celui-ci en tournée, en répétition, bref, dans les différentes aventures que les membres sont amenés à vivre aux quatre coins de l’Europe avant de sombrer dans une folle fiction. Une aventure humaine qui dérive. Des gars qui jouent ensemble, s’aiment, s’énervent mutuellement, déconnent, s’amusent, affrontent la fatigue et les aléas de la vie de musiciens sur la route jusqu’à s’insupporter… Un ensemble d’éléments et d’expériences qui participent à l’authenticité d’un groupe de rock qui voue sa vie à sa passion. Une authenticité d’ailleurs parfaitement rendue dans le film puisque celui-ci est réalisé de prime abord comme un documentaire brut, spontané, naturel.

Le grain roots sale du film (à l’image de la musique du groupe d’ailleurs) choisi par le réalisateur permet un rendu pour le moins fidèle aux malaises vécus par les personnages à de nombreux moments du métrage. Émouvant et attachant, Spit’n’Split est une ode à la vie de groupe et à l’amitié, mais montre aussi le revers de la médaille et les galères que tout groupe de musique un tantinet sérieux a déjà sans doute vécu dans sa carrière. Ce docu-fiction va loin, dérange, pue parfois et emmène le spectateur dans une expérience dont il ne ressortira pas totalement indemne. Un film qui regorge d’idées et représente une bien belle claque à destination de tous les amoureux de musique et de cinéma.

Guillaume Triplet

Le combo Blu-ray – DVD

★★★

Le combo Blu-ray – DVD est disponible chez Zeno Pictures. Le Blu-ray reprend le film avec, à disposition, sous-titres français, anglais, espagnol et néerlandais.
Y figure aussi le métrage dans sa version commentée par le réalisateur et les quatre membres du groupe The Experimental Tropic Blues Band.

Parmi les bonus du Blu-ray (pas moins de 1h40 quand même !), quatre volets : Teasers, Clips vidéos, Scènes coupées et Vidéos additionnelles.
Les teasers reprennent une série de visuels conçus pour les médias sociaux, des gift’n’gifts – mise en avant déjantée du LP du groupe sorti dans le cadre de la réalisation du film – et le détournement de la préface de l’édition 2018 des Magritte du Cinéma faite par ce cher Hugues Dayez au journal télévisé de la RTBF.
Les clips vidéo en comptent trois : l’immanquable Baby Bamboo, Roots & Roses et Weird, en version karaoké.
Les scènes coupées sont nombreuses et permettront aux fans du film et de son ambiance atypique de s’en mettre encore plus devant la rétine : 24 en tout.
Les deux vidéos additionnelles, elles, comprennent un enregistrement en studio et le court Alein. Ce dernier met principalement en scène un des membres du groupe – Alan Steffler, qui d’autre ? – et est présentée comme « une série télévisée présentée par des groins de porcs ». Tout un programme !
La vidéo Studio nous invite, quant à elle, à passer une bonne dizaine de minutes avec le groupe au cœur du film, pendant lesquelles on les voit effectuer différents essais avec la décontraction qu’on leur connaît.

Le DVD comprend lui-aussi le film, à nouveau sous-titrable dans les quatre langues mentionnées ci-dessus et les commentaires audios posés sur le film.
Rayon bonus : Alein et Studio.

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

L’interview

En Cinémascope : Comment présenterais-tu Spit’n’Split et comment le vendrais-tu ?

Jérôme Vandewattyne : Comme une expérience, avant tout. Comme un film viscéral qui démarre de manière tout à fait classique et qui, petit à petit, bascule littéralement dans la psyché des personnages. Le seul mot d’ordre est le lâcher-prise. Il faut se laisser emmener par le film, qui regorge de faux-semblants. Ce voyage rock’n’roll embarque le spectateur dans des recoins sombres, underground, mais pour aborder des thèmes beaucoup plus universels.

Ton film met en scène le groupe liégeois The Experimental Tropic Blues Band. Pourquoi avoir porté ton choix sur ce groupe-là ?

À la base, je suis fan du groupe. Je les avais découverts à Dour et je trouvais incroyable l’énergie qu’ils transmettaient sur scène. J’avais l’impression de me reconnaître dans ce que je voyais. Je crois d’ailleurs que c’est la force du groupe : fédérer les gens. À la fin du concert, je m’étais promis que je travaillerais un jour avec eux, que je réaliserais un clip pour eux. Mais ça a été plus loin que ça. Grâce à Julien Henry de La Film Fabrique (NdA : D’habitude, Julien réalise leurs clips), j’ai pu travailler sur le show de leur quatrième album, The Belgians, où il avait besoin de monteurs. On a fait beaucoup de Vjing, ce qui consiste à diffuser des vidéos en live pendant que le groupe joue. On a vraiment eu une belle complicité. Ça m’a permis de travailler avec La Film Fabrique et de rencontrer Mathieu Giraud – le monteur du film avec Ayrton Heymans -, qui est arrivé un peu plus tard et dont je reparlerai.

À la suite de ça, j’avais juste envie de prolonger l’expérience, même si celle des Belgians avait déjà duré un an. Il y avait vraiment un esprit de famille qui s’était créé entre la production et les artistes. Du coup, Jérémy Alonzi / Dirty Coq, le guitariste des Tropics, m’a proposé de monter dans le van avec eux. Il m’a dit de prendre ma caméra, de les filmer, de m’amuser, de faire ce que je voulais car il avait vraiment foi en notre vision commune de la liberté artistique. J’avais carte blanche. À l’époque de The Belgians, je leur avais demandé si je pouvais utiliser certains de leurs morceaux pour un prochain film. Mais ils m’ont dit que ce serait compliqué car j’allais devoir payer cher la SABAM au niveau des droits d’auteur. Par contre, ils pourraient composer la musique de mon prochain film. On a donc vraiment eu de grosses discussions musicales et cinématographiques et je me suis dit que si Tropic composait la musique d’un de mes films, je n’avais pas envie que ce soit pour un projet court.

Trois membres du quatuor liégeois The Experimental Tropic Blues Band.

Je rêvais d’un film d’une plus grande ampleur. J’ai donc proposé de faire un long métrage, ce qui les a plutôt fait marrer au début car je n’avais qu’une petite caméra et aucun budget. C’est vrai que je n’avais qu’un petit Canon mais je me suis dit qu’entre ce qu’ils avaient à raconter, le feeling qu’on avait et la synergie qui s’était créée, on avait la possibilité de faire quelque chose de plus fort que simplement se concentrer sur la technique. C’est d’ailleurs aussi comme ça que le groupe compose sa musique. Les membres n’ont pas forcément la toute dernière gratte qui vaut une fortune, mais ils ont cette énergie qui, en live, provoque une sensation de transe. Je voulais vraiment qu’on essaie de capter ça et c’est dans cette même énergie qu’on est parti en tournée et qu’on a commencé à filmer. On a fait une jam.

J’ai pris beaucoup de notes, j’avais une grosse bible avec plein d’idées qu’on essayait et qui fonctionnaient plus ou moins en fonction de ce que nous vivions. Et, naturellement, le film s’est redirigé de lui-même. On avait toujours voulu procéder à ce basculement du documentaire vers la fiction et surprendre les gens, les chambouler. À la base, on voulait partir dans un délire d’horreur à la japonaise mais finalement, on s’est rendu compte que ce qui nous touchait vraiment, c’était justement l’horreur humaine, l’horreur sociale. On a donc laissé tomber toutes les idées gores et on s’est focalisé sur le malaise, sur les mécanismes de l’amitié et ses dérapages. C’est de là qu’est parti Spit’n’Split. Le groupe voulait composer la musique et moi je voulais réaliser un film sur eux, en extrapolant ce qu’ils étaient. On est dans un récit mythomane : il se nourrit du réel pour construire son mensonge.

C’est vrai que Spit’n’Split démarre comme le documentaire d’un réalisateur qui prendrait simplement sa caméra pour filmer un groupe en tournée sur toutes leurs dates et, ensuite, le film part complètement en vrille avec des éléments beaucoup plus fictionnels. Il y a aussi un genre de mélange avec les bandes de notre jeunesse que sont des documentaires comme Strip-Tease ou même des films comme C’est arrivé près de chez vous. Tu avais une volonté d’un mélange des styles entre le documentaire et le film social ?

J’ai l’impression que ça fait partie de nous. Je ne voulais pas faire un film belge pour dire d’en faire un. Dans beaucoup de productions actuelles, on pousse à l’extrême cette « belgitude », ce qui ne me parle pas du tout. Ça me fout même le frisson de la honte, tellement c’est maladroit et à côté de la plaque. Pourtant, en effet, la Belgique suinte dans les œuvres pionnières que tu as citées et pour lesquelles j’ai énormément de respect. Tout comme Calvaire ou Ex Drummer, qui tapent dans le mille et te fracassent le crâne. Je pense que c’est propre à notre culture. Ça ne sert à rien de forcer le trait pour jouer les rigolards : ça se sent à des kilomètres. Il y a cette espèce d’autodérision, une sorte de cocktail entre sarcasme, légèreté, drame et déprime. Et vu qu’on a peu de moyens, ça donne cette esthétique un peu cradasse.

En même temps, je suis certain que si on avait plus de pognon, on mettrait tout dans la reconstitution d’un bar miteux et de verres de Jupiler. En fait, c’est un cercle vicieux dans lequel on se complaît et que je trouve attachant. Pour revenir au film, j’ai essayé de digérer au maximum les références que j’avais, les films et émissions qui m’ont bercé quand j’étais gosse. Je regardais les Strip-Tease avec mes parents mais ça me foutait les boules. Rien que la musique… ça te fout le cafard. Je ne comprenais pas ce que je voyais mais c’était proche de moi. Il y avait ce côté doux-amer qui me plaisait et qui était fascinant, repoussant et magnétique. C’est nous. Tout ce qui est sorti de Spit’n’Split l’a été de lui-même parce que les personnages existent vraiment et s’amusent à brouiller les pistes.

Poupée de cire, poupée de (gros) son

Tu parlais de l’esthétique un peu crade de ton film avec une certaine authenticité. C’est quelque chose qu’on pouvait déjà retrouver dans ton faux trailer She’s A Slut en 2011 ou encore dans Slutterball, ton court-métrage de 2012. Est-ce qu’en termes d’esthétique, de photo ou de réalisation, il y a des réalisateurs qui t’influencent particulièrement ?

Oui. Bien avant She’s A Slut et Slutterball, je vouais un culte aux réalisateurs des « Midnight Movies », ces films inclassables des années 70. Ils ont cette esthétique poisseuse parce qu’ils n’ont pas été faits avec beaucoup d’argent, et dans une totale liberté. C’est une époque que je n’ai pas connue puisque c’était l’âge de la pellicule. Que je le veuille ou non, je suis un enfant du numérique mais l’image numérique ne me parle pas en tant que telle, même si j’y trouve beaucoup d’avantages lors d’un tournage et que c’est de cette manière que j’ai réalisé mes premiers petits films et que je me suis formé. Je suis beaucoup plus sensible à l’esthétique « sale ». Des films comme Massacre à la Tronçonneuse, Tetsuo ou Mad Max m’ont impressionné par leur grain, qui contribue à te remuer les tripes et influencer ton ressenti.

C’est ça que j’essaie de retrouver parce que pour moi, un film est avant tout un plaisir pour les sens et une sorte d’agression. J’ai besoin de ressentir la même émotion qu’en regardant une vieille photo, un peu de nostalgie d’une époque que je n’ai pas vécue mais qui pourtant m’embrase complètement. Je cherche à donner une odeur à l’image. Ça ne m’intéresse pas de faire un film aseptisé. Quand tu vois toutes ces « comédies », principalement françaises, où tu as une affiche avec la tronche de Clavier sur un fond blanc et le titre en rouge, ça ne me fait pas vibrer du tout. J’ai envie d’un truc avec une personnalité. J’ai besoin d’être emmené dans un cadre, dans une lumière, dans des couleurs, dans un univers où la personnalité du réalisateur transpire à chaque plan, à chaque coupe comme si sa vie en dépendait. C’est ce qui me plait dans le cinéma de Takashi Miike, par exemple.

Ouvrez l’œil, et le bon !

Tu veux un cinéma qui dépasse l’image et le son ? Un cinéma plus sensoriel ?

Voilà, tu as mis le mot. Même si « sensoriel », ça veut tout et rien dire en même temps. Un cinéma plus viscéral, organique. Si tu changes un élément de la matière, ça chamboule tout. Je ne cherche pas la complaisance. Je ne cherche pas l’originalité à tout prix parce qu’il y a beaucoup de choses qui ont déjà été faites, au même titre que beaucoup de choses doivent encore être explorées. En fait, c’est ça : je me vois plus comme un explorateur qui cherche à se surpasser plutôt qu’à se comparer. Chacun son chemin, comme on dit.

Pour reprendre sur l’esthétique un peu poisseuse, quelque chose m’a marqué bien avant d’avoir vu le film, c’est son affiche. Peux-tu nous parler de sa conception ?

J’avais cette image de gens nus dans la forêt en tête depuis un moment. Des sortes de clones avec des masques en latex qui rappelleraient les visages des Tropics. Et comme on parlait des influences auparavant, quelqu’un comme Jodorowsky m’a énormément influencé avec La Montagne Sacrée ou encore Santa Sangre. Ces images surréalistes m’ont marqué la rétine. Je voulais une affiche intrigante, avec une personnalité propre. L’image de l’affiche de Spit’n’Split est prise d’une séquence du film : j’ai fait une fixation sur le plan en question. J’ai ensuite travaillé avec Valérie Enderlé avec qui on a fait énormément de patchworks, ce qui me plaisait beaucoup. Et par la suite, j’ai discuté avec le graphiste des Tropics, Pascal Braconnier (Sauvage Sauvage). Il parlait d’aller vers quelque chose de plus épuré car il trouvait la photo déjà très forte comme ça. Il a commencé alors à travailler sur un format plus seventies, inspiré par des affiches comme celle de Taxi Driver. Et mélanger le moderne et l’ancien pour tomber dans quelque chose d’intemporel me fascine. Je me disais que si je voyais ce genre d’affiche dans la rue, avec des gens à poil dans la forêt munis de masques, j’aurais sans doute envie de le voir.
(NDLR : L’ambiance finale de Spit’n’Split est donnée par un plan qui semble avoir plus que fortement inspiré une séquence du film flamand De Patrick, sorti en 2019, soit deux ans après le film de Jérôme. Jugez, par vous-même, avec les visuels ci-dessous…)


Ça attise plus de curiosité encore…

Oui. Peut-être une curiosité morbide, voyeuriste ou juste intrigante. C’était facile mais ça nous a bien servis.

À la vue du film, une des choses qui marque aussi, c’est son montage. C’est parfois à la limite hallucinogène, ça part dans tous les sens et, surtout, il y a une quantité impressionnante de plans. Combien de temps as-tu mis pour faire ce film ?

Ça a pris trois ans entre le moment où le projet est né et la projection du film au BIFFF. En ce qui concerne le montage, je voulais en quelque sorte « droguer » le spectateur. Je voulais qu’il soit emmené dans un monde, le bousculer dans sa tête et le faire passer par des émotions très différentes. Le montage a donc énormément joué là-dessus, et je dois beaucoup aux monteurs, Mathieu Giraud et Ayrton Heymans. Au début du projet, j’ai commencé à monter le film tout seul mais j’étais toujours interrompu car je devais repartir en tournée avec les Tropics. À un moment, je n’avais même plus le temps de dérusher ce que je tournais. Julien Henry m’a alors suggéré de m’entourer d’un deuxième monteur. Sinon, le film aurait pris dix ans à se faire. On avait une très grande quantité de rushes. Je tourne énormément, surtout quand je suis au cœur d’un sujet qui me passionne autant. Conseil plus qu’avisé donc ; merci Juliano !

J’ai alors pris Mathieu, qui montait déjà des clips et des documentaires pour le groupe. Ce qui permettait d’aller droit à l’essentiel car il connaissait très bien la personnalité des musiciens. C’était là pour moi tout l’intérêt : qu’est-ce que Mathieu n’avait pas encore vu de Tropic ? J’avais envie de montrer un autre point de vue sur le groupe que ce qu’on avait déjà pu voir auparavant. Garbage Man et La Bite Électrique, c’est super mais on connaît. Tropic peut raconter d’autres choses : ce sont des artistes entiers aux talents d’acteurs cachés et plus encore. Après ça, un troisième monteur est venu se greffer à l’équipe, Ayrton, qui lui a plus travaillé sur tout ce qui était « fictionnel/surréaliste » (la scène de Rémy l’Homme aux Seins, celle avec les ados, l’opération du nez…). Il portait aussi un regard avisé sur ce que nous expérimentions avec Mathieu. Afin d’être structuré, Mathieu m’a proposé de synthétiser mes journées de tournage, ce qui était un boulot fastidieux mais nécessaire. On visionnait ensemble, je le bombardais d’infos puis il remontait de son côté et me proposait quelque chose. Il a vraiment un regard et un esprit de synthèse ; je lui fais une confiance aveugle. Au bout du compte, on s’est retrouvé avec un film de quatre heures, qu’on a recassé, reconstruit pour pénétrer la matière au plus loin. Le montage a vraiment été un jeu de ping-pong entre nous trois. C’est ce qui apporte la richesse du montage.

On parlait du côté vraiment à cheval entre documentaire et fiction de ton film. N’as-tu pas peur de certaines réactions de spectateurs par rapport à des scènes qui pourraient être interprétées comme étant choquantes et où, justement, le spectateur aurait du mal à se positionner entre réalité et fiction ?

(Temps de réflexion) Si, parce que c’est du rejet, mais c’est un risque que je veux prendre parce que j’ai vraiment foi en ce que nous racontons. En même temps, tu sais, je ne cherche pas le choc pour le choc. Je veux bousculer mais pas dégoûter pour dire de faire le film le plus dégueulasse. Je voulais que les scènes servent le propos. Et je pense que les scènes qui paraissent choquantes, comme l’opération chirurgicale, ont crédibilisé mon propos et brouillé les pistes. Ça permet aux gens de se questionner sur la distance par rapport aux images, avec une pointe d’impertinence. Est-ce qu’on me raconte vraiment la vérité ? Quelle est ma vérité ? Est-ce que ça a vraiment été aussi loin ? Comment le groupe peut-il se laisser filmer dans de telles situations ?

Et quand tu commences à te poser la question de la distance, ça permet de te demander si tu dois prendre pour argent comptant ce qui se passe devant toi. C’est pour ça aussi que je voulais aller de plus en plus loin dans le grotesque jusqu’à arriver sur Bouli Lanners, qui pointe une arme, pour se dire que là ok, on est complètement dans la fiction. Et à partir de là, que les gens se demandent « depuis quand se fout-il de notre gueule ? ». Puis, comme un tour de foire, les emmener encore plus loin et les balancer dans un film expérimental, au-delà de la fiction. C’est un trip. Si tu résistes, ça risque d’être pénible. Ce qui m’intéressait, c’était justement de jouer avec cette frontière floue, de bousculer le spectateur et titiller ses limites, que lui seul connaît.

Tu veux faire réfléchir le spectateur avec Spit’n’Split ?

Oui, d’une certaine manière, s’il peut réfléchir, ça me plaît. Le public qui accède à ce film, dans ce circuit je veux dire, n’est pas idiot et aime se poser des questions sur ce qu’il voit. Maintenant ce n’est pas un film intellectuel non plus. Je veux avant tout que ça reste un divertissement mais s’il peut y avoir une réflexion derrière, qui mène à un débat sur la distanciation de l’image dans les médias, ou même à une réflexion plus mystique, pourquoi pas. Ce qui m’intéresse, c’est de discuter avec les gens sur leur ressenti par rapport au film. Je n’ai juste pas envie qu’ils soient neutres en sortant de la salle. Là, ce serait l’échec. Le but, c’est de passer par toutes sortes d’émotions afin de se remettre en question et de sortir de la fameuse « zone de confort » dont on parle tout le temps.

Et pour enchaîner sur cette partie du débat, quelles ont été les réactions après la projection de ton film ? Les échos sont-ils positifs ou négatifs ? Y a-t-il eu des débats justement ?

Je trouve ça très positif dans l’ensemble car il y a eu beaucoup de réactions fortes. Mais je pense que Spit’n’Split est aussi un film qui doit se digérer. J’ai parlé avec pas mal de monde dans la demi-heure ou l’heure qui ont suivi la projection mais j’ai l’impression que c’est un film qui peut travailler encore quelques jours après. Des réflexions peuvent encore émerger par la suite. Après ça, oui, j’ai eu pas mal de réactions mais je ne m’attendais pas à bénéficier d’un accueil aussi positif en fait. Il semblerait que les gens aient aimé s’être fait avoir, ce qui est génial. Même après le film, les gens se demandaient ce qui était vrai ou faux. Ils avaient l’air assez perturbés par ça alors qu’à la base, avec le groupe et les monteurs, on s’était dit que les gens n’y croiraient jamais. La blague est tellement poussée à l’extrême qu’il était impossible pour nous que les spectateurs croient que c’était vrai. Mais comme ils ne connaissent pas forcément le groupe, certains l’ont pris très au sérieux. Trop peut-être.

Et les discussions après coup sont très passionnées, les gens sont très curieux. Finalement, j’ai l’impression que c’est comme un tour de magie. Il y a quelque chose de magique dans ce film et c’est comme si les gens demandaient au magicien de leur expliquer un tour. Et, au final, après avoir insisté pendant un temps, c’est comme s’ils étaient déçus que je leur explique les coulisses du tournage. Mais vu certaines réactions, il vaut mieux remettre l’église au milieu du village. C’est un film, les membres du groupe ne sont pas des tarés, ce ne sont pas des toxicomanes ou des gens violents et je ne suis pas sadique. Pour tout dire, ce sont de bons pères de famille et la relation entre les membres est tout à fait saine. C’est juste comme si tu filmais des frères qui ont l’habitude de se chamailler et de se rentrer dedans, mais qui s’entendent à merveille.

Tu parles vraiment de ton film avec passion. Est-ce qu’après avoir passé autant de temps sur le projet, tu arrives encore à être objectif par rapport à lui ? Est-ce que lorsque tu regardes ton film maintenant, tu te dis qu’au final, c’était vraiment le film que tu voulais enfanter ?

Objectif, clairement non parce que j’ai trop le nez dedans. Par contre, oui, c’est vraiment le film que je voulais faire, et plus encore, parce que j’alimentais ma « bible » d’idées en tournée, en gardant ce fil rouge qui était de faire un documentaire qui basculerait vers une fiction. Je voulais démarrer sur un genre et conditionner le spectateur pour qu’il se dise que la suite serait identique, pour au final le surprendre et aller vraiment à l’opposé. Et quand je dis que le film était encore plus que ce que je voulais, c’est parce qu’il s’est passé tellement de choses, que ce soit en tournée avec le groupe ou sur le tournage que je me régale en revoyant le film. Car les trois années de sa création ont été très riches en rencontres, en questionnements humains et spirituels. Je suis content d’avoir pu garder le cap mais c’est assez incroyable, ce qui nous est arrivé. C’était un vrai voyage. Je l’ai déjà dit mais je crois que ce film est magique parce qu’il y a eu un truc qui nous a dépassé. Le projet Spit’n’Split (le film et l’album) vit de lui-même et nous a emmenés d’un endroit à l’autre, à travers la Belgique et l’Europe. Il nous a permis de rencontrer énormément de gens. Je ne crois pas que je pourrais refaire ce film parce qu’il est tombé au bon moment, dans une période où le groupe recherchait quelque chose de différent et je me suis nourri des gens que j’ai rencontrés. On a vécu un grand nombre de choses, qui sont bien sûr moins horribles que ce qu’elles paraissent dans l’histoire, mais qui sont véritables, mémorables et qui ont vraiment marqué ma vie.

« C’est pas une tournée, c’est des vacances. C’est les vacances du rock » (Jerms)

Que répondrais-tu aux personnes qui seraient amenées à dire que ton film n’a rien à faire dans un festival comme le BIFFF ?

Je crois que le film était avant tout bien dans sa catégorie, une catégorie que le festival assume complètement et qui est La 7e Parallèle. Cette catégorie est celle des films « étranges ». Et je pense que Spit’n’Split a réellement une dimension étrange. Il y a une partie complètement onirique, distillée un peu partout dans le film. Il y a même un grand méchant qu’on adore détester. C’est très BIFFF tout ça. Et pour ce qui est des mauvaises langues, tu sais…

Crois-tu que les membres de The Experimental Tropic Blues Band montreraient le film à leurs parents ?

Sans doute. Je serais curieux d’avoir leur retour. Moi, en tout cas, je l’ai montré aux miens. Ils étaient là au BIFFF et ils étaient fiers. Ils ont vraiment compris la démarche artistique derrière ce film. On a utilisé des choses que les musiciens avaient en eux pour exorciser des frustrations qu’ils ressentaient mais ça reste une fiction. Et donc ils jouent un rôle, tous.

Tes parents sont donc fiers de leur gamin ?

Très fiers, apparemment, et même émus car ils ne s’attendaient pas à voir une salle aussi remplie et un tel engouement pour le film. Sous des dehors de cancres, on a beaucoup travaillé. Le spectacle d’école est donc bien approuvé, vivement le prochain !

Propos recueillis par Guillaume Triplet

Un dossier préparé par Jean-Philippe Thiriart

Le palmarès du 37e FIFF est connu !

Le palmarès du 37e FIFF est connu ! 1920 1280 Jean-Philippe Thiriart

Le 37e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) a pris fin ce vendredi 7 octobre avec l’annonce au Delta, haut lieu culturel de la cité mosane, du palmarès de cette édition 2022, suivie de la projection du film de Clôture : Pour la France, de Rachid Hami, en présence de l’équipe du film.

Après un retour en images sur cette édition du Festival, le président et la déléguée générale du FIFF, Jean-Louis Close et Nicole Gillet, en ont dressé le bilan, cette dernière ne manquant pas de rappeler l’objectif premier du Festival de Namur : « Partager le cinéma. En vrai. En grand. » Et de rajouter que c’est avec les plus jeunes, spectateurs d’aujourd’hui et de demain, que le FIFF souhaite notamment partager ce cinéma.

Pendant huit jours, le 37e FIFF a fait de Namur la Capitale du cinéma francophone
© Vincent Melebeck

Les Prix OFF Longs Métrages

Les premiers prix décernés ont été les Prix OFF Longs Métrages. Ceux du public d’abord, le Prix du Public Documentaire belge récompensant le lumineux Sœurs de combat, de Henri de Gerlache, tandis que le Prix du Public Long Métrage de fiction est allé à la comédie Les Grands seigneurs de Sylvestre Sbille, deux films produits par Eklektik Productions. Sylvestre Sbille n’a pas manqué de remercier Renaud Rutten, son coscénariste et acteur principal, ainsi que le public, lui « pour qui on fait des films ».

Ce sont ensuite deux films distribués par Cinéart qui ont été primés, le Prix BeTV récompensant Le Sixième enfant, du Français Léopold Legrand, en salles depuis mercredi dernier, et le Prix RTBF allant au nouveau film de Valeria Bruni Tedeschi : Les Amandiers, qui sortira chez nous le 16 novembre.

Dernier Prix OFF à être décerné, le Prix de la Critique, remis par nos consœurs et confrère de l’UPCB et de l’UCC Dimitra Bouras, Elli Mastorou et Julien Branle, est allé à un film qui les a « agréablement surpris » : Les Femmes préfèrent en rire, de Marie Mandy. Une réalisatrice belge pour qui ce fut « un bonheur de pouvoir montrer son film sur grand écran », elle qui espère que celui-ci « pourra porter les messages profonds et forts des femmes humoristes » qu’elle nous présente dans son film.

Les Prix des Jurys Junior et Émile Cantillon

Place ensuite au Prix du Jury Junior, attribué par un jury de sept jeunes Belges âgés de 12 ou 13 ans. Et c’est Dalva, de la Belge Emmanuelle Nicot, qui a été récompensé, une photographie de l’artiste Mara De Sario étant remise à la productrice du film : Julie Esparbes, de la société de production belge Hélicotronc. Cela pour « le jeu d’acteur et l’histoire touchante et atypique » que raconte le film, notamment. Julie Esparbes, qui a trouvé « trop beau de recevoir ce prix de leur part, eux qui ont l’âge de Dalva », le personnage au centre du film.

Le Jury Émile Cantillon, composé de cinq jeunes étudiants en cinéma a ensuite décerné ses quatre prix.
Le Prix « Le Pari d’Agnès », Prix de l’imaginaire égalitaire décerné à l’autrice ou à l’auteur dont le premier long métrage témoigne d’un regard original et novateur, a récompensé Le Sixième enfant, de Léopold Legrand.
Le Prix de la Meilleure interprétation a ensuite été remis à un film « porté par son casting » à la jeune Française Fanta Guirassy, qui interprète le personnage de Samia dans Dalva. Signalons qu’il s’agissait là de sa première apparition à l’écran.

Fanta Guirassy, Prix de la Meilleure interprétation de la Compétition 1ère Œuvre pour Dalva, de Emmanuelle Nicot, et la productrice du film, Julie Esparbes
© Nicolas Simoens

Le Jury Emile Cantillon a alors décerné une Mention Spéciale à Ashkal, de Youssef Chebbi.
Dalva a par la suite de nouveau été récompensé, du Prix Découverte cette fois. Un prix remis à la productrice du film Julie Esparbes, pour qui « revenir à Namur est une belle histoire » et « travailler avec Emmanuelle (Nicot) est déjà un super cadeau ».
Enfin, le Bayard de la Meilleure 1ère Œuvre a récompensé les qualités du film Le Marchand de sable, du Français Steve Achiepo, qui s’est dit « très touché par ce Prix ».

Steve Achiepo, réalisateur du film Le Marchand de sable, Bayard de la Meilleure 1ère Œuvre
© Nicolas Simoens

Les Prix de la Compétition Officielle Longs Métrages

Place enfin, pour clôturer cette soirée, à l’annonce du palmarès de la Compétition Officielle Longs Métrages.

Le jury présidé par la productrice belge Annabella Nezri a d’abord remis le Prix Agnès, Prix de l’imaginaire égalitaire décerné à l’autrice dont l’œuvre témoigne d’un regard original et novateur, à Annie Colère, de la Française Blandine Lenoir, « une personne magnifique », d’après le représentant du distributeur belge du film : Cinéart.
Le Bayard de la Meilleure photographie est venu récompenser le travail de Julien Poupard sur le film Les Amandiers, de Valeria Bruni Tedeschi.
Quant au Bayard de la Meilleure Interprétation, c’est Iulian Postelnicu qui l’a obtenu, pour son « interprétation sensible et haute en couleurs en anti-héros attachant » dans Des Gens bien (Oameni De Treabă) du Roumain Paul Negoescu.
Le Bayard du Meilleur scénario a lui été décerné à Louis Garrel, Tanguy Viel et Naïla Guiguet pour l’écriture du film du premier nommé : L’Innocent, distribué en Belgique par Cinéart dès ce mercredi 12 octobre. Notamment pour « ses rebondissements qui mènent du rire aux larmes ».

Le Jury de la Compétition Officielle Longs Métrages a ensuite remis une Mention Spéciale au film Des Gens bien.
Le Bayard Spécial du Jury a été remis à Cédric Ido pour La Gravité, un film qui, d’après lui, « parle des talents inexploités ».

Dernier Prix à remis vendredi dernier : le très attendu Bayard d’Or du Meilleur Film. Et c’est Sous les figues, d’Erige Sehiri, qui a reçu la récompense suprême du FIFF, elle qui, lors de son discours de remerciement, a précisé être venue présenter à Namur ce qu’elle a voulu être « une ode à la vie ».

Erige Sehiri, réalisatrice du Bayard d’Or du Meilleur Film : Sous les figues
© Nicolas Simoens

Le palmarès des Courts Métrages

Quant au palmarès de la Compétition Officielle Courts Métrages, c’est le dimanche 2 octobre qu’il avait été dévoilé.

Le jury présidé par le réalisateur belge Xavier Seron avait décerné le Bayard du Meilleur Court Métrage à Arbres, du Belge Jean-Benoît Ugeux.

En tout, sept autres Prix et Mentions ont été remis.
– Prix du Jury – Coup de cœur international
To Vancouver, d’Artemis Anastasiadou
– Prix du Jury – Coup de cœur belge
Jeune Premier, de Constance Piketty
– Mention – Coup de cœur belge
Les Silencieux, de Basile Vuillemin
– Prix de la Mise en scène
L’Attente, de Alice Douard
– Prix de la Meilleure photographie
Dino Franco Berguglia pour son travail sur Fairplay de Zoel Aeshbacher
– Prix de la Meilleure interprétation
Eliane Umuhire, dans Bazigaga de Jo ingabire Moys
– Mention Spéciale pour l’interprétation
Julien Gaspard Olivieri dans L’Attente d’Alice Douard

C’est ce jour-là aussi qu’avaient été décernés les Prix OFF Courts Métrages du 37e FIFF, soit cinq Prix :
– Prix RTBF-La Trois
Bazigaga, de Jo Ingabire Moys
– Prix BeTv
Les Silencieux, de Basile Vuillemin
– Prix de l’Université de Namur
Notes sur la mémoire et l’oubli, d’Amélie Hardy
– Prix Marion Hänsel
Les Silencieux, de Basile Vuillemin
– Prix du Short Film
Jean-Benoît Ugeux pour Arbres
Constance Pikkety pour Jeune Premier
Quentin Moll Van Roy pour Yser
Amélie Hardy pour Notes sur la mémoire et l’oubli

Rendez-vous l’an prochain à Namur, du 29 septembre au 6 octobre 2023, pour la 38e édition du FIFF !
© Nicolas Simoens

Jean-Philippe Thiriart