fantastique

Merveilleuse année 2024… cinémagique, avec En Cinémascope !

Merveilleuse année 2024… cinémagique, avec En Cinémascope ! 1564 1041 Jean-Philippe Thiriart

Toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite une merveilleuse année 2024… cinémagique !

Douze acteurs et actrices du cinéma belge et international se joignent à nous, en images, pour vous transmettre, ensemble, nos meilleurs vœux pour cette année nouvelle.

Une année 2024 que nous désirons pour vous remplie de grands et de petits bonheurs, cinématographiques mais pas que !


Enfin, merci beaucoup à nos douze complices :
François Damiens,
– Philippe Duquesne,
Yolande Moreau,
Eric Godon et Elsa Houben,
– Déborah François,
Salomé Dewaels,
– Emmanuelle Devos,
Joachim Lafosse,
– Mike Wilson et Vicky Krieps, et
– Benoît Mariage !

Crédits vidéo
Montage et graphisme : Emmanuel De Haes
Captation : Olivier Craeymeersch, Geoffrey Baras, Vinnie Ky-Maka, Lionel Callewaert, Kilian Desmet et Cyril Desmet

Jean-Philippe Thiriart

THE BELGIAN WAVE : Présentation du film et de son réalisateur Jérôme Vandewattyne dans La Minute Cinéma

THE BELGIAN WAVE : Présentation du film et de son réalisateur Jérôme Vandewattyne dans La Minute Cinéma 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Aujourd’hui, nous vous présentons le deuxième numéro de « La Minute Cinéma de En Cinémascope », issu du deuxième numéro de l’ISFSC MAG !


L’ISFSC MAG est une initiative du Conseil des Étudiants (CDE) de l’Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication (ISFSC) impliquant professeur(e)s et étudiant(e)s.

Au programme de cette deuxième Minute Cinéma de En Cinémascope, donc : un portrait, double. Celui du jeune cinéaste Jérôme Vandewattyne et celui de son nouveau long métrage : The Belgian Wave.

Coscénarisé par Kamal Messaoudi, Jérôme Di Egidio et Jérôme Vandewattyne, The Belgian Wave est à découvrir au Cinéma Aventure, à Bruxelles.

N’hésitez pas à découvrir la critique du film de En Cinémascope, signée Guillaume Triplet !
Ainsi que les deux autres articles que nous avons consacré au travail de Jérôme Vandewattyne :
SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne, et
SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur

Crédits vidéo
Captation et montage : Geoffrey Baras
Graphisme : Emmanuel De Haes
Production : Sofía Marroquin, Elisa Tuzkan et Marie Evrard

Le deuxième numéro de l’ISFSC MAG

Jean-Philippe Thiriart

Le BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 41e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 41e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 1800 1200 Jean-Philippe Thiriart

C’est hier qu’a pris fin à Brussels Expo la 41e édition du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Une cuvée 2023 qui s’est clôturée avec la projection du film britannique Unwelcome, réalisé par Jon Wright, précédée de l’annonce du palmarès.
Après trois éditions particulièrement difficiles, le BIFFF a repris sa vitesse de croisière. Malgré six mois de préparation en moins et une programmation réduite d’un tiers, plus de 40 000 spectateurs se sont pressés dans les deux salles du Festival, sans compter celles et ceux qui sont passé(e)s par le village du BIFFF au cours des 13 jours qui viennent de s’écouler !

Le palmarès

Au sein de la Compétition internationale, le Corbeau d’Or, Grand Prix du Festival, a récompensé Talk to Me, des jumeaux australiens Danny et Michael Philippou. (voir critique ci-dessous)

Crédit photo : Vincent Melebeck

Les Corbeaux d’Argent sont allés au film d’ouverture, Suzume, du Japonais Makoto Shinkai et à Infinity Pool, du Canadien Brandon Cronenberg (voir critique ci-dessous).
Une Mention spéciale a été accordée à Sisu, du Finlandais Jalmari Helander.

C’est Halfway Home, du Hongrois Isti Madarasz, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent.
The Grandson, du Hongrois Kristóf Deák, a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award.
Le White Raven Award est allé à The Coffee Table, de l’Espagnol Caye Casas, avec une Mention spéciale à Lily Sullivan, l’actrice principale de Monolith, réalisé par l’Australien Matt Vesely (voir critique ci-dessous).

La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages, a vu l’emporter l’américain Soft & Quiet, de Beth de Araújo, avec une Mention Spéciale décernée au canado-belge Farador, de Edouard Albernhe Tremblay.
Le Prix de la Critique a, lui aussi, été décerné à Soft & Quiet.
Le toujours très touchant Prix du Public est venu récompenser le film Sisu, dès lors doublement primé cette année.

Envie de connaître le palmarès de la compétition courts métrages belges ? Direction le site du Festival !

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 41e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !
Et félicitations aux gagnants de celui-ci : Lau Lari, Patrick Laseur, Vincent Mercenier, Thomas Opsomer et Marc Vanholsbeeck ! Ils ont chacun remporté deux tickets pour la projection, en avant-première mondiale, du film coréen Drive.

Rendez-vous du 9 au 21 avril 2024 pour le 42e BIFFF et avant, bien sûr, sur notre site encinemascope.be !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et YouTube !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Vincent Melebeck

Les critiques de différents films primés

Talk to Me, Corbeau d’Or   ★★★
Danny et Michael Philippou (Australie)

Monolith, Blaze, Talk to Me : l’Australie était décidément bien représentée cette année au BIFFF. Ici, on est dans l’horreur pure et dure, avec des fantômes ensanglantés, de brèves visions infernales et des scènes de meurtres et d’automutilations assez impressionnantes.
Un groupe d’amis décide, pour pimenter ses soirées, de s’adonner à un petit rituel aux règles simples : il s’agit de tenir une main embaumée recouverte de céramique et de prononcer la phrase « Talk to me » pour voir apparaître un esprit devant soi, puis d’inviter celui-ci à prendre possession de son propre corps, en ne dépassant pas les 90 secondes avant d’éteindre une bougie préalablement allumée afin de renvoyer le mort d’où il vient. Évidemment, quand on joue avec le feu, on finit par se brûler…
Premier long métrage des frères jumeaux Philippou, ce Talk to Me est fort prometteur. La boîte A24 a d’ailleurs signé pour la distribution ciné aux États-Unis, c’est pour dire. Simple et efficace, se basant sur un concept aux belles potentialités, il a de quoi faire frissonner. On aurait juste bien voulu en voir plus de cet au-delà dans lequel les démons torturent l’âme d’un des personnages…

Infinity Pool, Corbeau d’Argent   ★★★
Brandon Cronenberg (Canada/Hongrie/Croatie)

Brandon n’est pas seulement le fils de David Cronenberg, c’est aussi un cinéaste talentueux. Il le prouve une nouvelle fois avec cet Infinity Pool qui a quelque chose d’obsédant.
Ce thriller horrifique, dans lequel un riche couple, James et Em, en vacances dans une station balnéaire de rêve, rencontre un autre couple, Gabi et Alban, qui va les emmener hors du périmètre sécurisé pour les touristes, et sera confronté aux lois dictatoriales du lieu suite à un accident, repose sur un concept de science-fiction : les autorités locales acceptent, contre paiement, de créer un double d’une personne condamnée à mort, afin que ce soit ce clone qui soit exécuté à la place de la personne d’origine. Ce double recevant toute la mémoire de l’autre, et le processus passant par une phase où ce dernier est inconscient, un doute surgit dès le réveil : est-on bien sûr que ce soit vraiment le double qui est exécuté ? Situation qui donne déjà le vertige, et le reste du film creusera toujours plus loin cette confusion mentale, avec la consommation de drogues hallucinatoires, des images psychédéliques, des délires sensuels et une plongée malsaine dans le crime. Avec, à l’arrivée, le risque de se perdre soi-même.
Doté d’une distribution trois étoiles (Alexander Skarsgård en James, la sublime Mia Goth en Gabi, Cleopatra Coleman en Em…), avançant de bonnes idées originales, offrant des plans passant du beau au malsain, non sans provocation (l’éjaculation, par exemple), satire d’une certaine classe sociale dite supérieure, Infinity Pool est lui-même un film assez riche, qu’on a déjà hâte de revoir.

Monolith, Mention spéciale de la White Raven Competition pour l’actrice Lily Sullivan   ★★
Matt Vesely (Australie)

Cette production australienne joue la carte du minimalisme : un seul personnage à l’écran, une jeune journaliste qui s’occupe de son émission en podcast sur des affaires mystérieuses, dans un seul lieu, la grande villa parentale où elle télétravaille, et un parti pris anti-spectaculaire, car tout repose sur l’oralité – les interviews qu’elle réalise à distance, qui font avancer l’histoire. Un film anti-cinématographique, pour ainsi dire. Fans d’action, passez votre chemin ! Cependant, il faut reconnaître qu’à partir de quelques éléments qui n’ont l’air de rien au départ (d’étranges briques noires en possession de plusieurs personnes à travers le monde), la scénariste Lucy Campbell et le réalisateur Matt Vesely parviennent à créer quelque chose d’intriguant et à maintenir le mystère sur la durée. Ce qui est une petite gageure en soi. Et, pour renforcer l’aspect dramatique, cette affaire va prendre une tournure très personnelle pour l’héroïne. Dans le rôle principal, on retrouve la jolie actrice montante Lilly Sullivan, qui joue également dans Evil Dead Rise, aussi présent dans la sélection du BIFFF 2023 (voire critique ci-dessous). Convaincante, elle porte tout le film sur ces épaules. Monolith n’est pas mémorable, mais a le mérite de tenter une certaine originalité, dans une forme certes quelque peu austère, en résonnance avec les préoccupations contemporaines et dont le fonds peut titiller les amateurs d’histoires mystérieuses.

Sandy Foulon

Les autres critiques

Vous retrouverez, ci-dessous, par ordre alphabétique, nos critiques d’autres films découverts au BIFFF cette année.

Anthropophagus II   ★
Dario Germani (Italie)

Des étudiantes se laissent convaincre par leur professeure de se faire enfermer dans un bunker antiatomique afin de vivre une expérience utile à leur thèse universitaire. Dans ces sombres couloirs totalisant une longueur de 17 km, elles vont être traquées par un tueur cannibale.
Cette pseudo-suite d’Anthropophagus de Joe D’Amato ne prend même pas la peine de tisser des liens avec son aîné, le titre ayant sûrement été choisi uniquement dans le but de capitaliser sur l’aura « culte » du film où le personnage de George Eastman mange ses propres viscères. À noter qu’à l’époque, Horrible (Rosso sangue) de la même équipe avait déjà parfois été présenté comme un Anthropophagus 2. Désespérément basique, le film de Dario Germani n’a rien à apporter. Il fait penser à de nombreux autres films du genre, comme Sawney: Flesh of Man (présenté au BIFFF il y a 10 ans). L’intrigue est simpliste au possible et le jeu des actrices est faiblard, on ne croit pas en leur personnage. Mais comme les victimes se font zigouiller à un rythme métronomique et que la durée du film est courte, on n’a pas le temps de s’ennuyer. En outre, les éclairages, dans des teintes glauques, donnent un petit cachet visuel à l’ensemble. Enfin, le vrai gros atout, c’est le gore franc et généreux qui le parsème. On réservera donc cette petite production purement « bis » aux inconditionnels du cinéma gore.

The Elderly (Viejos)   ★★★
Raúl Cerezo et Fernando González Gómez (Espagne)

Le duo de réalisateurs venu présenter au BIFFF l’année passée le bien fun The Passenger (La Pasajera) est de retour avec, cette fois-ci, un film d’horreur plus sérieux et inquiétant.
L’intro montre une vieille femme qui se suicide en se jetant du balcon, pendant que son mari dort dans le lit conjugal. Ensuite, on fait la connaissance de sa famille, son fils, sa petite-fille adolescente et la belle-mère. Il est décidé que le désormais veuf viendra habiter avec eux, au moins le temps qu’il se remette de ce drame. Mais le comportement du grand-père devient de plus en plus étrange (il dit entendre des voix) pour finir par se faire carrément menaçant (« Je vous tuerai tous demain soir »). Ambiance ! Pendant ce temps-là, une insupportable canicule sévit et les autres personnes âgées semblent aussi bizarres…
The Elderly bénéficie d’un jeu d’acteur d’excellent niveau, notamment celui de Zorion Eguilor (La Plateforme), qui a d’ailleurs été récompensé pour cette prestation au festival Fantasia. Les réalisateurs prennent le temps de bien faire monter la sauce avant le déferlement de violence attendu. Les personnages ont ainsi le temps de vraiment exister. Le tabou de la nudité et de la vie sexuelle de seniors y est abordé frontalement, ce qui peut déstabiliser. Ce bon film d’horreur pèche juste par son explication finale, qui laisse dubitatif.

Evil Dead Rise   ★★★
Lee Cronin (Nouvelle-Zélande/États-Unis/Irlande)

Lee Cronin, le réalisateur de The Hole in the Ground, qui avait été projeté au BIFFF en 2019, s’attaque à la franchise Evil Dead. Il s’agit d’une histoire indépendante de la trilogie initiale et même du remake de 2013 ; autrement dit, on peut le regarder sans forcément avoir vu les autres. Comme pour le film de Fede Alvarez, exit Ash et les autres têtes connues de la saga. Sam Raimi et Bruce Campbell n’interviennent qu’au niveau de la production (ils sont producteurs exécutifs). Passée l’intro, le cadre de l’action est cette fois-ci urbain (un appartement dans une grande ville américaine), ce qui fait l’originalité et contribue à créer l’identité propre de cet opus. Au centre de l’intrigue, c’est une famille (une mère et ses trois enfants, rejoints par leur tante rock’n’roll) qui se retrouve cette fois-ci confrontée aux forces démoniaques involontairement libérées par l’un d’entre eux. Sans surprise, cet Evil Dead Rise ne possède pas du tout le charme des anciens films et reprend plutôt l’esthétique des films de possessions contemporains. Mais il tient largement ses promesses en termes de gore (mention spéciale à la créature composite à la The Thing et la façon dont elle est neutralisée). Cronin s’en tire bien en montrant qu’il sait réaliser un bon film d’horreur moderne. Reste donc le problème pour les fans de la première heure de ne pas retrouver ce qui faisait la « saveur » toute particulière des premiers Evil Dead.

Evil Eye (Mal de Ojo)   ★★★
Isaac Ezban (Mexique)

Grand habitué du BIFFF (tous ses longs métrages y ont été projetés), le réalisateur Isaac Ezban est de retour avec Evil Eye, film d’horreur ayant pour thème la sorcellerie dans le Mexique rural.
Ne sachant plus à quel saint se vouer pour essayer de sauver leur jeune fille Luna, dont l’état de santé laisse les médecins perplexes, Rebecca et Guillermo emmènent la petite, ainsi que sa grande sœur Nala, chez la grand-mère maternelle, avec qui le contact avait été rompu, dans l’espoir de trouver une solution beaucoup moins conventionnelle. Les parents annoncent alors qu’ils doivent s’absenter quelques jours et laissent leurs deux filles chez la vieille dame. Ça, ce n’était peut-être pas l’idée du siècle…
Actualisation des contes traditionnels de sorcières, ce film décline bien la palette de la peur, allant de la sourde angoisse à la pure terreur. Les maquillages et effets spéciaux font plaisir à voir et les décors de la vieille demeure ajoutent leur grain de sel à l’ambiance creepy. Après le doublé The Elderly et Evil Eye, vous ne verrez plus jamais vos grands-parents de la même manière !

L’Exorciste du Vatican (The Pope’s Exorcist)   ★★
Julius Avery (États-Unis)

Basant son argument commercial sur le fait qu’il s’inspire de fait réels (comme Conjuring : Les Dossiers Warren et bien d’autres avant lui), L’Exorciste du Vatican raconte la lutte entre le père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican, et un puissant démon ayant pris possession du corps d’un petit garçon dont la famille vient d’emménager dans un ancien édifice sacré espagnol dans le but de le restaurer.
L’attraction principale du film est l’acteur-star Russell Crowe dans le rôle du père Gabriele. Avec son physique qui évoque plus un vieux métalleux qu’un prêtre et ses quelques petites faiblesses (il trimballe toujours sur lui une flasque de whisky et est tourmenté par un épisode traumatique de sa jeunesse), il s’attire davantage la sympathie du public que la petite clique de prélats qui tentent de l’évincer de sa fonction. D’autres noms au générique attirent l’attention : Franco Nero (Django) dans le rôle du souverain pontife, Alex Essaoe (Doctor Sleep) ou encore Daniel Zovatto (Don’t Breathe). On peut compter sur Hollywood pour rendre plus divertissante une réalité qui doit être autrement plus austère, à grand renfort d’effets spéciaux et de petites touches d’humour. Le film est joliment éclairé, relativement bien rythmé et propose quelques pistes intéressantes (cf. ce qui est dit de l’Inquisition espagnole), mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas dans la subtilité, ce qui l’empêche de faire peur. Et ça, c’est fort dommage pour un film de possession démoniaque !

In My Mother’s Skin   
Kenneth Dagatan (Philippines/Singapour/Taïwan)

Ce film asiatique, se déroulant aux Philippines sous l’occupation japonaise vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, met en scène une famille vivant dans une grande demeure sise au milieu de la jungle. Le père aurait volé de l’or des envahisseurs et ces derniers mettent la pression pour récupérer le trésor. Laissant sa femme, sa fille, son garçon et sa domestique, l’homme va tenter de trouver de l’aide du côté des Américains. Voyant la santé de sa maman péricliter, la fille, Tala, veut prendre les choses en main. Quand elle croise le chemin d’une fée prétendant pouvoir exaucer ses vœux, elle va tenter le tout pour le tout.
In My Mother’s Skin possède les ingrédients pour faire un bon film dans la veine de ce que fait Guillermo Del Toro (notamment dans Le Labyrinthe de Pan), mais Dagatan n’a malheureusement pas le savoir-faire du réalisateur mexicain. Le rythme est trop lent et ça tourne en rond au bout d’un moment. Un conte horrifique au potentiel pas suffisamment bien exploité.

Irati   ★★★★
Paul Urkijo Alijo (Espagne/France)

Adapté de la BD Le Cycle d’Irati de Juan Luis Landa (dont seul le premier tome est sorti, malheureusement, le projet ayant été abandonné en cours de route par l’éditeur), agrémenté de divers ajouts personnels, ce film de fantasy prend place dans le Pays basque du 8e siècle, où les deux grandes religions monothéistes, le christianisme et le mahométisme, mettent en péril les anciennes croyances païennes. Après la bataille de Roncevaux, pour laquelle le père du héros avait signé un pacte avec Mari, la déesse de la Nature, qui stipulait qu’il donnait sa vie contre la victoire des siens, Eneko Jr. est envoyé loin de chez lui pour être élevé dans la foi de Rome. Adulte, il revient dans son pays pour découvrir que certains revendiquent sa place de seigneur local. Il va également découvrir le monde de la déesse-mère et se liera avec Irati, jeune sauvageonne qui représente les croyances ancestrales menacées de disparition.
On sent l’amour du réalisateur basque pour sa région et son folklore et son désir de le partager avec ses spectateurs. Il allie avec bonheur l’intime et le grand spectacle, son film étant à la fois très touchant et impressionnant. Visuellement travaillé, il offre de superbes plans de la Nature : forêt, rivière, montagnes… Et puis, fantasy oblige, certaines créatures de la mythologie locale prennent vie devant la caméra. Une réussite d’autant plus méritoire quand on sait que le budget dont il disposait était modeste par rapport à ce qui se fait dans le genre, notamment à Hollywood. Un vrai coup de cœur de votre serviteur.

Kids vs. Aliens   ★★
Jason Eisener (États-Unis)

Tout comme Hobo with a Shotgun (2011) du même réalisateur était l’adaptation en long métrage du court du même nom, Kids vs. Aliens est la version longue de Slumber Party Alien Abduction, présent dans l’anthologie horrifique V/H/S/2. Hommage aux productions fantastiques pour la jeunesse des années 80, et donc forcément comparé à la série Stranger Things, devenue la référence sur ce terrain, cette nouvelle réalisation du Canadien Jason Eisener titille allègrement notre fibre nostalgique tout en proposant quelques fulgurances gores. Dans ce mélange de science-fiction et d’horreur, une petite bande d’enfants, accompagnée de Samantha, la grande sœur de l’un d’eux, est confrontée à deux groupes d’antagonistes : d’une part, l’ado Billy et sa clique, un salaud de première qui essaie de sortir avec Sam pour profiter d’elle et, d’autre part, de vilains extraterrestres ne pensant qu’à zigouiller de l’humain. Eisener fait très bien passer son amour pour le cinéma en mode DIY et son affection pour les geeks en herbe qui vivent dans leur monde et sont pleins de créativité. Esthétiquement, le film se distingue par ses couleurs très saturées, un certain kitsch pleinement assumé, avec des costumes, des maquillages et des effets spéciaux bricolés grâce à des moyens très limités mais avec passion. La durée est fort courte (1h15) et la fin est un peu frustrante : on aimerait en savoir plus (à voir si le réalisateur a déjà l’idée d’une suite possible…). Un petit divertissement sympathique.

The Loneliest Boy in the World   ★★
Martin Owen (Royaume-Uni)

Un ado asocial, involontairement responsable de la mort accidentelle de sa mère, se retrouvant sans famille et sans ami, est libéré pour quelque temps de l’institut spécialisé dans lequel il était placé. Il doit s’accommoder des visites impromptues que lui rendent les deux psys qui le suivent, un homme bien décidé à prouver que ce jeune est barje et qu’il se passe des choses étranges chez lui et une femme plus compréhensive. Ils lui font clairement comprendre que s’il ne se fait pas rapidement un ami, histoire de prouver qu’il sait se sociabiliser un minimum, il sera réinterné vite fait. Ni d’une, ni deux, le jeune homme va déterrer un gars populaire de son âge qui vient d’être inhumé afin de s’en faire un ami. Puis, tant qu’à faire, il décide aussi de s’entourer d’une nouvelle famille par les mêmes moyens, un récent crash d’avion lui fournissant tout ce qu’il lui faut en cadavres frais. Le pire, c’est que ça va fonctionner au-delà de tous ses espoirs !
Bénéficiant d’une belle photo, de beaux éclairages et d’une interprétation adéquate, ce film fait mouche avec son ton oscillant entre humour et tendresse. Hommage aux années 80, comme il s’en fait régulièrement depuis quelques années, pourvu de nombreux clins d’œil (utilisation de la musique de Ghostbusters, oreille coupée retrouvée à la façon de Blue Velvet, feuilleton Alf regardé à la télé par le personnage principal…) et d’une esthétique camp, The Loneliest Boy in the Wood ne surprend pas, mais fait passer un agréable moment.

The Nature Man   ★
Young-seok Noh (Corée du Sud)

The Nature Man se pose dans la catégorie « on s’est fait avoir » ! Un youtubeur spécialisé dans les histoires paranormales, accompagné de son acolyte, se rend en pleine forêt pour rencontrer un homme qui vit là-bas et qui prétend être harcelé, voire parfois possédé, par des fantômes hantant les lieux. Ce qu’ils découvriront sur place ne correspondra pas forcément à leurs attentes… Vu le pitch et la bande-annonce, on pouvait s’attendre à un survival fantastique, mais il n’en est rien. Il s’agit plutôt d’une espèce de comédie pleine de faux-semblants, par laquelle seuls les jeunes créateurs de contenus sur les réseaux sociaux pourraient éventuellement se sentir vaguement concernés. Un film-arnaque dont le message semble être, au final, que derrière les arnaques, il y a tout de même des leçons à tirer. En tout cas, on peut s’interroger sur la pertinence de le faire figurer dans la sélection du BIFFF. Bref, vous pouvez circuler sans regret, il n’y a (pratiquement) rien à voir.

Nightmare (Marerittet)   ★★
Kjersti Helen Rasmussen (Norvège)

Un jeune couple emménage dans le spacieux mais vétuste appartement qu’il vient d’acquérir. Le jeune homme étant constamment accaparé par son travail, c’est la fille, Mona, qui reste à domicile pour entreprendre les travaux de rafraîchissement de leur intérieur. Entre le comportement bizarre de leurs voisins et les cris incessants du bébé de ceux-ci, un gros problème va surgir : les nuits de Mona vont être fortement perturbées par des cauchemars lucides récurrents au cours desquels un démon du sommeil (un Mare) revêtant l’apparence de son compagnon va devenir de plus en plus menaçant à son encontre et va tenter de prendre possession du fœtus qu’elle porte en elle.
Baignant presque constamment dans la pénombre, Nightmare cultive la confusion entre rêve et réalité. À la croisée des concepts des Griffes de la nuit et de Rosemary’s Baby, il ne possède pas l’impact de ces deux références. Le thème des cauchemars et des divers troubles du sommeil (paralysie du sommeil, somnambulisme…), est passionnant et, de ce fait, le pitch de ce film ne manquera pas d’interpeler les fantasticophiles, mais cette production norvégienne n’est donc pas LE film définitif sur le sujet. Il met un peu trop de temps avant d’en arriver à la partie la plus intéressante, est trop cafardeux visuellement (même si c’est volontaire) et les scènes oniriques ne vont pas assez loin et manquent de variété. Un bon point cependant pour la prestation de l’actrice principale, Eili Harboe, qui s’était notamment déjà illustrée dans Thelma.

Project Wolf Hunting   ★★★
Hongsun Kim (Corée du Sud)

Sur un cargo en pleine mer, une troupe de policiers est confrontée à une mutinerie des dangereux criminels qu’ils escortaient. Mais bientôt, un danger encore plus terrible surgit des entrailles du bateau…
Project Wolf Hunting est l’une des sensations gores de ces derniers mois avec The Sadness et Terrifier 2. Petite salve de films qui donne une lueur d’espoir aux fans de splatters quant à l’avenir de leur genre de prédilection dans les salles de cinéma (les trois films ayant bénéficié d’une sortie salles dans plusieurs pays, dont la France, ce qui est devenu en soi exceptionnel) dans un contexte de cinéma horrifique un peu trop souvent aseptisé.
Si le scénario est basique, c’est pour mieux jouer la carte de l’efficacité et de la surenchère dans la violence qui fait mal et dans la quantité de sang versée. On ne va pas se mentir, on est là pour ça, et le film remplit parfaitement son contrat. Malgré sa durée de deux bonnes heures, on ne s’embête pas et l’effet cathartique est assuré.

Satanic Hispanics   ★★
Alejandro Brugués, Mike Mendez, Demián Rugna, Gigi Saul Guerrero et Eduardo Sánchez (États-Unis/Mexique/Argentine)

Satanic Hispanics est une anthologie horrifique réunissant une belle brochette de réalisateurs latino-américains : respectivement, les réalisateurs de Juan of the Dead, du Couvent, de Terrified (un film de trouille diablement efficace), de Bingo Hell et du Projet Blair Witch. Cela génère forcément pas mal d’attentes.
Le premier segment, qui sert de fil rouge pour introduire les autres histoires, montre un raid de la police déboucher sur la découverte de vingt-sept cadavres dans un appartement, massacre dont le seul survivant tente de s’échapper. Amené au poste de police pour être interrogé, celui-ci va raconter diverses histoires, à première vue abracadabrantes, à propos de revenants, de vampires, etc., qui constitueront les autres sketches.
Cet ensemble contient de bons éléments (quelques créatures joliment horribles, des gags avec le vampire qui fonctionnent bien…) mais, globalement, il déçoit un peu, la faute, autre autres, à un ton trop souvent humoristique. Dans le genre, on lui préférera México Bárbaro, plus viscéral.

Wintertide   ★★
John Barnard (Canada)

Alors qu’il règne désormais une nuit hivernale sans fin, le soleil n’atteignant plus la Terre, Beth patrouille bénévolement dans sa petite ville isolée, signalant la présence de chaque « zombie » qu’elle croise sur sa route. Quand elle ne sillonne pas dans son secteur, elle occupe ses nuits en faisant l’amour avec le ou la partenaire du jour. Le problème, c’est que lorsqu’elle dort, elle fait un cauchemar récurrent où elle voit son double aspirer l’énergie vitale de la personne couchée à côté d’elle. Et au réveil, à chaque fois, cette personne n’est pas du tout dans son assiette…
Le thème des zombies/infectés est ici traité de sorte qu’on n’ait pas l’impression d’avoir déjà vu mille fois ce spectacle, ce qui est très louable. John Barnard soigne son atmosphère nocturne, glaciale et cotonneuse. Par ailleurs, il nous offre quelques scènes sensuelles joliment filmées. De plus, son actrice principale, Niamh Carolan, assure. Vu ses atouts, il est d’autant plus dommage que Wintertide ne convainque pas à cent pour cent, son rythme lent finissant par devenir handicapant, le manque de scènes « énervées » se faisant ressentir. Verdict : intéressant, mais peut mieux faire.

Sandy Foulon

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : Vincent Melebeck

concours

Le BIFFF ? Retour à la normale… enfin presque ! Et 10 séances à gagner !

Le BIFFF ? Retour à la normale… enfin presque ! Et 10 séances à gagner ! 1592 519 Jean-Philippe Thiriart

Retrouvez, au bas de cet article, le concours exclusif que nous organisons cette année, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles.
À gagner : 5 x 2 places pour le film Drive, projeté le mercredi 12 avril en avant-première… mondiale !

Après une édition 2020 avortée pour les raisons qu’on ne va pas vous réexpliquer ici et un chapitre 2021 entièrement en ligne, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) était de retour en période de rentrée 2022 pour une 40e édition, qui marquait un changement de lieu majeur, à savoir le Palais 10 du Heysel. Une manière de tâter gentiment le terrain pour les prochaines années.

Du 11 au 23 avril prochains, c’est donc dans ce même endroit plus excentré de Bruxelles que les fans de fantastique auront rendez-vous pour un retour à la normale de leur rassemblement fétiche. Enfin, quasiment, puisqu’à la différence des éditions qui se sont déroulées avant 2020, le BIFFF n’aura pas entièrement lieu en période de vacances pascales, les calendriers scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles étant chamboulés depuis cette année. Qu’à cela ne tienne, ce n’est certainement pas ce menu détail qui diminuera la frénésie des amateurs de genre !

Quid de la programmation cette année ? Du lourd, évidemment, que ce soit parmi les films isolés ou dans ceux qui s’inscrivent dans les différentes thématiques qui seront mises à l’honneur et qui reflètent toujours, d’une manière ou d’une autre, les problématiques sociales contemporaines.
Et dans une époque où l’une des préoccupations est à juste titre la protection de la jeunesse et de l’enfance, la thématique « Sales Gosses » fait figure de bon client. En effet, s’ils sont souvent l’innocence incarnée, les moutards se présentent parfois comme de fins tortionnaires auprès desquels certains pseudo-sadiques du 7e art auraient bien fait de prendre quelques leçons, histoire de gagner en crédibilité (Aaaaah The Children de Tom Shankland, en 2008 !). Une vingtaine de films s’inscriront dans cette case, dont la production belge Wolfkin ou encore la cuvée 2016 A Monster Calls de Juan Antonio Bayona, invité prestigieux de cette 41e édition du Festival.

Wolfkin

Mais ce n’est pas parce que le BIFFF axe une partie de sa programmation sur les petites têtes blondes qu’il en oublie pour autant les ados et jeunes adultes puisque la journée « Born After Armageddon » leur sera plus que profitable. Jugez vous-mêmes : les films gratuits pour les 16-25 ans durant la journée du 12 avril. En voilà une initiative plus qu’honorable !

Le Focus Espagnol de cette année permettra de se mettre sous la dent quelques-unes des dernières productions de ce pays, comme le dernier Álex de la Iglesia, Four’s a Crowd, ou encore le remake de l’excellente bande israélienne de 2013 Big Bad Wolves, à savoir Ferocious Wolf. Plusieurs courts métrages « Spainkillers » viendront également grossir les rangs de ce chapitre ibérique.

Four’s a Crowd

Le BIFFF a encore une fois décidé de gâter son public avec une pelletée de bandes pour le moins excitantes, que ce soit dans le registre trouille, hémoglobine ou rire (on vous laissera en juger par vous-mêmes).
Parmi elles, L’Exorciste du Vatican pourrait facilement attiser notre curiosité, tant l’idée de voir un Russel Crowe en mercenaire de la lutte contre le Malin paraît séduisante !

The Pope’s Exorcist

Acteur culte et probablement l’un des plus prolifiques de ces 20 dernières années (il faut bien éponger les dettes et croûter), Nicolas Cage revient quant à lui sous la cape de Dracula dans Renfield. Il ne reste plus qu’à voir si la consistance sera au rendez-vous.
Dans la case « films de zombies », à côté de laquelle il est difficile de passer pour tout festival de cinéma de genre qui se respecte, pointons le thriller canadien Wintertide ou encore ce qui s’annonce comme l’une des comédies gores coréennes de cette année, All Your Fault, PD, qui verra une horde de morts-vivants décimer une équipe de tournage.

Toujours dans un registre similaire, l’un des points d’orgue de la programmation sera également et sans nul doute la projection du Evil Dead Rise qui débarque sur les écrans 10 ans après le remake du premier volet de la saga et 30 ans après le cultissime 3e chapitre : Army of Darkness.

Evil Dead Rise

Trois documentaires seront également à cocher dans votre liste. Tout d’abord Jurassic Punk, qui mettra à l’honneur l’un des papes du CGI, Steve « Spaz » Williams, qui a poussé la technique dans ses retranchements. Pour les amateurs de séries B et de lecture, King On Screen devrait faire l’affaire. 60 romans, 200 recueils de nouvelles et 80 adaptations ciné et télé valent bien un docu sur le maître de l’épouvante Stephen King, vous ne pensez pas ? Enfin, et pour faire le lien avec le focus espagnol, Rec : Terror Without A Pause décortiquera les secrets de tournage de le franchise lancée en 2007 par Jaume Balaguero et Paco Plaza.

N’oublions bien sûr pas la Nuit Fantastique, qui aura lieu le samedi 15 avril. Une citerne de sang sur fond de vengeance avec The Wrath of Becky, du 666e degré avec Kill Her Goats, de la frousse avec V/H/S 99 ou encore de la romance qui déchire avec Love Will Tear Us Apart. Voilà ce qui vous attendra avant le petit déjeuner du dimanche.

The Wrath of Becky

Mais vous le savez, à côté des films, le BIFFF n’est jamais en reste en termes d’animations en tout genre. Cette année verra donc aussi son lot d’activités parallèles comme le traditionnel Bal des Vampires, le Make Up Contest et différentes expositions artistiques (Freaky Factory, Art Contest…). Côté création, le Pix’Hell Game Contest s’adresse aux développeurs de jeux vidéo qui auront préalablement répondu à l’appel à projets du mois de mars et pourront faire montre de leur savoir-faire du 11 au 14 avril.

En un mot comme en sang, tout le monde y trouvera son compte !

Notre concours Facebook « Cinéma coréen »

Le cinéma coréen sera à nouveau présent en force cette année au BIFFF ! Avec pas moins de dix films, dont la moitié en compétition.
Compétition Internationale pour Project Wolf Hunting, Black Raven pour Decibel et Emergency Declaration, White Raven pour The Nature Man, et Emerging Raven (compétition lancée pour soutenir, un peu plus encore, les premiers et deuxièmes longs métrages) pour le film Drive.
Hors compétition, vous pourrez découvrir Alienoid, Gentleman, Hunt, New Normal, et The Roundup.


C’est le mercredi 12 avril, à 21h, que nous vous invitons à découvrir le film Drive en avant-première mondiale, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles !

Avec ce premier long métrage, Park Dong-hee souhaitait réaliser, pour reprendre ses mots : « un thriller à 200 à l’heure qui ne s’arrête jamais ». Et à en croire les organisateurs du BIFFF, c’est à la fois « simple, très malin, diablement efficace et constellé de twists délicieusement féroces » !

Pour participer et tenter de remporter un des cinq tickets duo pour Drive, rien de plus simple :

1) Aimez la page Facebook de « En Cinémascope »,
2) Taguez, en commentaire du post présent sur cette page, l’ami(e) que vous invitez à découvrir le film avec vous au BIFFF, et
3) Aimez et partagez ce post Facebook en mode public.

Début du concours : aujourd’hui, vendredi 7 avril, à 12h.
Fin du concours : le lundi 10 avril à 12h.
Tirage au sort, puis annonce des résultats : le lundi 10 avril à 16h.

Bonne chance à toutes et à tous !

Plus d’infos sur le Festival : www.bifff.net

Excellent BIFFF à vous !

Guillaume Triplet et Jean-Philippe Thiriart

Nos meilleurs vœux pour cette année 2023 !

Nos meilleurs vœux pour cette année 2023 ! 2560 1689 Jean-Philippe Thiriart

Cinquante ans après le dernier grand western spaghetti – My Name Is Nobody (produit par un certain Sergio Leone, qui d’autre ?!) -, toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite, donc, une année 2023… très parlante !

Une année remplie de petits et de grands bonheurs, devant les écrans de cinéma, mais aussi devant ceux de télévision, notamment.


D’ores et déjà, nous vous invitons à vous saisir de vos agendas !

En effet, outre les films que nous aborderons, en 2023, nous vous emmènerons, entre autres :

– aux 12e Magritte du Cinéma, le samedi 4 mars

– au 41e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), dont la magnifique affiche signée Philippe Foerster a été dévoilée hier, du 11 au 23 avril

– au 38e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), du 29 septembre au 6 octobre

– au 7e The Extraordinary Film Festival (TEFF), du 8 au 12 novembre


Parallèlement à notre site web, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous invitons à nous rejoindre sur les différents canaux où nous sommes présents !

N’hésitez ainsi pas à :

– liker notre page Facebook

– nous suivre sur Instagram

– vous abonner à notre chaîne YouTube

– vous abonner à notre compte Twitter

En 2023, En Cinémascope, ce sera aussi une série de concours vous permettant par exemple de gagner des places de cinéma. Stay tuned!

À nouveau, excellente année 2023, très parlante, à toutes et à tous !

Jean-Philippe Thiriart et l’équipe de En Cinémascope

Merci à l’inspirant Dominique Deprêtre et à l’efficace Pierre Pirson, qui nous ont prêté main forte dans ce détournement !

SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur

SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur 1124 749 Jean-Philippe Thiriart

Si Jérôme Vandewattyne est réalisateur, c’est aussi le leader de VHS From Space, groupe de rock grunge psychédélique dont le nouvel album, Cigarette Burns, est sorti le 31 octobre dernier.

Cette année, Jérôme a bouclé le tournage de son nouveau bébé : The Belgian Wave. Le montage image est désormais terminé, pour une sortie du film prévue en 2023. À présent, ce sont au sound design, aux effets spéciaux et à l’étalonnage que s’attellent Jérôme et ses camarades.

Petit scoop : c’est Daniel Bruylandt, qui bosse entre autres régulièrement avec le duo Hélène Cattet – Bruno Forzani, qui travaillera sur le son de The Belgian Wave en postproduction.

Nous vous proposons aujourd’hui un retour sur Spit’n’Split, qui fête ses cinq ans. Au menu : critique du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), où le film avait fait salle comble.

Le film

Spit’n’Split   ★★★

Réalisé par Jérôme Vandewattyne
Avec Jérémy Alonzi, Alan Steffler, Jean-Jacques Thomsin, David D’inverno, Bouli Lanners, Rémy S. Legrand

Documenteur musical
1h26

Lauréat notamment du Prix du Meilleur Docu musical au Festival slovène de Grossmann, à mi-chemin entre documentaire et fiction, Spit’n’Split, qui sent bon la sueur et le rock’n’roll, a été pour nous un véritable coup de cœur ! Il s’agit du premier long métrage de Jérôme Vandewattyne, qu’on avait découvert au BIFFF en 2011 avec son faux trailer She’s a Slut!, et retrouvé un an plus tard dans le cadre des courts-métrages du Collectifff avec Slutterball.

Spit’n’Split se veut être une expérience. Jérôme est parti sur les bases d’un documentaire sur le groupe rock The Experimental Tropic Blues Band. On suit celui-ci en tournée, en répétition, bref, dans les différentes aventures que les membres sont amenés à vivre aux quatre coins de l’Europe avant de sombrer dans une folle fiction. Une aventure humaine qui dérive. Des gars qui jouent ensemble, s’aiment, s’énervent mutuellement, déconnent, s’amusent, affrontent la fatigue et les aléas de la vie de musiciens sur la route jusqu’à s’insupporter… Un ensemble d’éléments et d’expériences qui participent à l’authenticité d’un groupe de rock qui voue sa vie à sa passion. Une authenticité d’ailleurs parfaitement rendue dans le film puisque celui-ci est réalisé de prime abord comme un documentaire brut, spontané, naturel.

Le grain roots sale du film (à l’image de la musique du groupe d’ailleurs) choisi par le réalisateur permet un rendu pour le moins fidèle aux malaises vécus par les personnages à de nombreux moments du métrage. Émouvant et attachant, Spit’n’Split est une ode à la vie de groupe et à l’amitié, mais montre aussi le revers de la médaille et les galères que tout groupe de musique un tantinet sérieux a déjà sans doute vécu dans sa carrière. Ce docu-fiction va loin, dérange, pue parfois et emmène le spectateur dans une expérience dont il ne ressortira pas totalement indemne. Un film qui regorge d’idées et représente une bien belle claque à destination de tous les amoureux de musique et de cinéma.

Guillaume Triplet

Le combo Blu-ray – DVD

★★★

Le combo Blu-ray – DVD est disponible chez Zeno Pictures. Le Blu-ray reprend le film avec, à disposition, sous-titres français, anglais, espagnol et néerlandais.
Y figure aussi le métrage dans sa version commentée par le réalisateur et les quatre membres du groupe The Experimental Tropic Blues Band.

Parmi les bonus du Blu-ray (pas moins de 1h40 quand même !), quatre volets : Teasers, Clips vidéos, Scènes coupées et Vidéos additionnelles.
Les teasers reprennent une série de visuels conçus pour les médias sociaux, des gift’n’gifts – mise en avant déjantée du LP du groupe sorti dans le cadre de la réalisation du film – et le détournement de la préface de l’édition 2018 des Magritte du Cinéma faite par ce cher Hugues Dayez au journal télévisé de la RTBF.
Les clips vidéo en comptent trois : l’immanquable Baby Bamboo, Roots & Roses et Weird, en version karaoké.
Les scènes coupées sont nombreuses et permettront aux fans du film et de son ambiance atypique de s’en mettre encore plus devant la rétine : 24 en tout.
Les deux vidéos additionnelles, elles, comprennent un enregistrement en studio et le court Alein. Ce dernier met principalement en scène un des membres du groupe – Alan Steffler, qui d’autre ? – et est présentée comme « une série télévisée présentée par des groins de porcs ». Tout un programme !
La vidéo Studio nous invite, quant à elle, à passer une bonne dizaine de minutes avec le groupe au cœur du film, pendant lesquelles on les voit effectuer différents essais avec la décontraction qu’on leur connaît.

Le DVD comprend lui-aussi le film, à nouveau sous-titrable dans les quatre langues mentionnées ci-dessus et les commentaires audios posés sur le film.
Rayon bonus : Alein et Studio.

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

L’interview

En Cinémascope : Comment présenterais-tu Spit’n’Split et comment le vendrais-tu ?

Jérôme Vandewattyne : Comme une expérience, avant tout. Comme un film viscéral qui démarre de manière tout à fait classique et qui, petit à petit, bascule littéralement dans la psyché des personnages. Le seul mot d’ordre est le lâcher-prise. Il faut se laisser emmener par le film, qui regorge de faux-semblants. Ce voyage rock’n’roll embarque le spectateur dans des recoins sombres, underground, mais pour aborder des thèmes beaucoup plus universels.

Ton film met en scène le groupe liégeois The Experimental Tropic Blues Band. Pourquoi avoir porté ton choix sur ce groupe-là ?

À la base, je suis fan du groupe. Je les avais découverts à Dour et je trouvais incroyable l’énergie qu’ils transmettaient sur scène. J’avais l’impression de me reconnaître dans ce que je voyais. Je crois d’ailleurs que c’est la force du groupe : fédérer les gens. À la fin du concert, je m’étais promis que je travaillerais un jour avec eux, que je réaliserais un clip pour eux. Mais ça a été plus loin que ça. Grâce à Julien Henry de La Film Fabrique (NdA : D’habitude, Julien réalise leurs clips), j’ai pu travailler sur le show de leur quatrième album, The Belgians, où il avait besoin de monteurs. On a fait beaucoup de Vjing, ce qui consiste à diffuser des vidéos en live pendant que le groupe joue. On a vraiment eu une belle complicité. Ça m’a permis de travailler avec La Film Fabrique et de rencontrer Mathieu Giraud – le monteur du film avec Ayrton Heymans -, qui est arrivé un peu plus tard et dont je reparlerai.

À la suite de ça, j’avais juste envie de prolonger l’expérience, même si celle des Belgians avait déjà duré un an. Il y avait vraiment un esprit de famille qui s’était créé entre la production et les artistes. Du coup, Jérémy Alonzi / Dirty Coq, le guitariste des Tropics, m’a proposé de monter dans le van avec eux. Il m’a dit de prendre ma caméra, de les filmer, de m’amuser, de faire ce que je voulais car il avait vraiment foi en notre vision commune de la liberté artistique. J’avais carte blanche. À l’époque de The Belgians, je leur avais demandé si je pouvais utiliser certains de leurs morceaux pour un prochain film. Mais ils m’ont dit que ce serait compliqué car j’allais devoir payer cher la SABAM au niveau des droits d’auteur. Par contre, ils pourraient composer la musique de mon prochain film. On a donc vraiment eu de grosses discussions musicales et cinématographiques et je me suis dit que si Tropic composait la musique d’un de mes films, je n’avais pas envie que ce soit pour un projet court.

Trois membres du quatuor liégeois The Experimental Tropic Blues Band.

Je rêvais d’un film d’une plus grande ampleur. J’ai donc proposé de faire un long métrage, ce qui les a plutôt fait marrer au début car je n’avais qu’une petite caméra et aucun budget. C’est vrai que je n’avais qu’un petit Canon mais je me suis dit qu’entre ce qu’ils avaient à raconter, le feeling qu’on avait et la synergie qui s’était créée, on avait la possibilité de faire quelque chose de plus fort que simplement se concentrer sur la technique. C’est d’ailleurs aussi comme ça que le groupe compose sa musique. Les membres n’ont pas forcément la toute dernière gratte qui vaut une fortune, mais ils ont cette énergie qui, en live, provoque une sensation de transe. Je voulais vraiment qu’on essaie de capter ça et c’est dans cette même énergie qu’on est parti en tournée et qu’on a commencé à filmer. On a fait une jam.

J’ai pris beaucoup de notes, j’avais une grosse bible avec plein d’idées qu’on essayait et qui fonctionnaient plus ou moins en fonction de ce que nous vivions. Et, naturellement, le film s’est redirigé de lui-même. On avait toujours voulu procéder à ce basculement du documentaire vers la fiction et surprendre les gens, les chambouler. À la base, on voulait partir dans un délire d’horreur à la japonaise mais finalement, on s’est rendu compte que ce qui nous touchait vraiment, c’était justement l’horreur humaine, l’horreur sociale. On a donc laissé tomber toutes les idées gores et on s’est focalisé sur le malaise, sur les mécanismes de l’amitié et ses dérapages. C’est de là qu’est parti Spit’n’Split. Le groupe voulait composer la musique et moi je voulais réaliser un film sur eux, en extrapolant ce qu’ils étaient. On est dans un récit mythomane : il se nourrit du réel pour construire son mensonge.

C’est vrai que Spit’n’Split démarre comme le documentaire d’un réalisateur qui prendrait simplement sa caméra pour filmer un groupe en tournée sur toutes leurs dates et, ensuite, le film part complètement en vrille avec des éléments beaucoup plus fictionnels. Il y a aussi un genre de mélange avec les bandes de notre jeunesse que sont des documentaires comme Strip-Tease ou même des films comme C’est arrivé près de chez vous. Tu avais une volonté d’un mélange des styles entre le documentaire et le film social ?

J’ai l’impression que ça fait partie de nous. Je ne voulais pas faire un film belge pour dire d’en faire un. Dans beaucoup de productions actuelles, on pousse à l’extrême cette « belgitude », ce qui ne me parle pas du tout. Ça me fout même le frisson de la honte, tellement c’est maladroit et à côté de la plaque. Pourtant, en effet, la Belgique suinte dans les œuvres pionnières que tu as citées et pour lesquelles j’ai énormément de respect. Tout comme Calvaire ou Ex Drummer, qui tapent dans le mille et te fracassent le crâne. Je pense que c’est propre à notre culture. Ça ne sert à rien de forcer le trait pour jouer les rigolards : ça se sent à des kilomètres. Il y a cette espèce d’autodérision, une sorte de cocktail entre sarcasme, légèreté, drame et déprime. Et vu qu’on a peu de moyens, ça donne cette esthétique un peu cradasse.

En même temps, je suis certain que si on avait plus de pognon, on mettrait tout dans la reconstitution d’un bar miteux et de verres de Jupiler. En fait, c’est un cercle vicieux dans lequel on se complaît et que je trouve attachant. Pour revenir au film, j’ai essayé de digérer au maximum les références que j’avais, les films et émissions qui m’ont bercé quand j’étais gosse. Je regardais les Strip-Tease avec mes parents mais ça me foutait les boules. Rien que la musique… ça te fout le cafard. Je ne comprenais pas ce que je voyais mais c’était proche de moi. Il y avait ce côté doux-amer qui me plaisait et qui était fascinant, repoussant et magnétique. C’est nous. Tout ce qui est sorti de Spit’n’Split l’a été de lui-même parce que les personnages existent vraiment et s’amusent à brouiller les pistes.

Poupée de cire, poupée de (gros) son

Tu parlais de l’esthétique un peu crade de ton film avec une certaine authenticité. C’est quelque chose qu’on pouvait déjà retrouver dans ton faux trailer She’s A Slut en 2011 ou encore dans Slutterball, ton court-métrage de 2012. Est-ce qu’en termes d’esthétique, de photo ou de réalisation, il y a des réalisateurs qui t’influencent particulièrement ?

Oui. Bien avant She’s A Slut et Slutterball, je vouais un culte aux réalisateurs des « Midnight Movies », ces films inclassables des années 70. Ils ont cette esthétique poisseuse parce qu’ils n’ont pas été faits avec beaucoup d’argent, et dans une totale liberté. C’est une époque que je n’ai pas connue puisque c’était l’âge de la pellicule. Que je le veuille ou non, je suis un enfant du numérique mais l’image numérique ne me parle pas en tant que telle, même si j’y trouve beaucoup d’avantages lors d’un tournage et que c’est de cette manière que j’ai réalisé mes premiers petits films et que je me suis formé. Je suis beaucoup plus sensible à l’esthétique « sale ». Des films comme Massacre à la Tronçonneuse, Tetsuo ou Mad Max m’ont impressionné par leur grain, qui contribue à te remuer les tripes et influencer ton ressenti.

C’est ça que j’essaie de retrouver parce que pour moi, un film est avant tout un plaisir pour les sens et une sorte d’agression. J’ai besoin de ressentir la même émotion qu’en regardant une vieille photo, un peu de nostalgie d’une époque que je n’ai pas vécue mais qui pourtant m’embrase complètement. Je cherche à donner une odeur à l’image. Ça ne m’intéresse pas de faire un film aseptisé. Quand tu vois toutes ces « comédies », principalement françaises, où tu as une affiche avec la tronche de Clavier sur un fond blanc et le titre en rouge, ça ne me fait pas vibrer du tout. J’ai envie d’un truc avec une personnalité. J’ai besoin d’être emmené dans un cadre, dans une lumière, dans des couleurs, dans un univers où la personnalité du réalisateur transpire à chaque plan, à chaque coupe comme si sa vie en dépendait. C’est ce qui me plait dans le cinéma de Takashi Miike, par exemple.

Ouvrez l’œil, et le bon !

Tu veux un cinéma qui dépasse l’image et le son ? Un cinéma plus sensoriel ?

Voilà, tu as mis le mot. Même si « sensoriel », ça veut tout et rien dire en même temps. Un cinéma plus viscéral, organique. Si tu changes un élément de la matière, ça chamboule tout. Je ne cherche pas la complaisance. Je ne cherche pas l’originalité à tout prix parce qu’il y a beaucoup de choses qui ont déjà été faites, au même titre que beaucoup de choses doivent encore être explorées. En fait, c’est ça : je me vois plus comme un explorateur qui cherche à se surpasser plutôt qu’à se comparer. Chacun son chemin, comme on dit.

Pour reprendre sur l’esthétique un peu poisseuse, quelque chose m’a marqué bien avant d’avoir vu le film, c’est son affiche. Peux-tu nous parler de sa conception ?

J’avais cette image de gens nus dans la forêt en tête depuis un moment. Des sortes de clones avec des masques en latex qui rappelleraient les visages des Tropics. Et comme on parlait des influences auparavant, quelqu’un comme Jodorowsky m’a énormément influencé avec La Montagne Sacrée ou encore Santa Sangre. Ces images surréalistes m’ont marqué la rétine. Je voulais une affiche intrigante, avec une personnalité propre. L’image de l’affiche de Spit’n’Split est prise d’une séquence du film : j’ai fait une fixation sur le plan en question. J’ai ensuite travaillé avec Valérie Enderlé avec qui on a fait énormément de patchworks, ce qui me plaisait beaucoup. Et par la suite, j’ai discuté avec le graphiste des Tropics, Pascal Braconnier (Sauvage Sauvage). Il parlait d’aller vers quelque chose de plus épuré car il trouvait la photo déjà très forte comme ça. Il a commencé alors à travailler sur un format plus seventies, inspiré par des affiches comme celle de Taxi Driver. Et mélanger le moderne et l’ancien pour tomber dans quelque chose d’intemporel me fascine. Je me disais que si je voyais ce genre d’affiche dans la rue, avec des gens à poil dans la forêt munis de masques, j’aurais sans doute envie de le voir.
(NDLR : L’ambiance finale de Spit’n’Split est donnée par un plan qui semble avoir plus que fortement inspiré une séquence du film flamand De Patrick, sorti en 2019, soit deux ans après le film de Jérôme. Jugez, par vous-même, avec les visuels ci-dessous…)


Ça attise plus de curiosité encore…

Oui. Peut-être une curiosité morbide, voyeuriste ou juste intrigante. C’était facile mais ça nous a bien servis.

À la vue du film, une des choses qui marque aussi, c’est son montage. C’est parfois à la limite hallucinogène, ça part dans tous les sens et, surtout, il y a une quantité impressionnante de plans. Combien de temps as-tu mis pour faire ce film ?

Ça a pris trois ans entre le moment où le projet est né et la projection du film au BIFFF. En ce qui concerne le montage, je voulais en quelque sorte « droguer » le spectateur. Je voulais qu’il soit emmené dans un monde, le bousculer dans sa tête et le faire passer par des émotions très différentes. Le montage a donc énormément joué là-dessus, et je dois beaucoup aux monteurs, Mathieu Giraud et Ayrton Heymans. Au début du projet, j’ai commencé à monter le film tout seul mais j’étais toujours interrompu car je devais repartir en tournée avec les Tropics. À un moment, je n’avais même plus le temps de dérusher ce que je tournais. Julien Henry m’a alors suggéré de m’entourer d’un deuxième monteur. Sinon, le film aurait pris dix ans à se faire. On avait une très grande quantité de rushes. Je tourne énormément, surtout quand je suis au cœur d’un sujet qui me passionne autant. Conseil plus qu’avisé donc ; merci Juliano !

J’ai alors pris Mathieu, qui montait déjà des clips et des documentaires pour le groupe. Ce qui permettait d’aller droit à l’essentiel car il connaissait très bien la personnalité des musiciens. C’était là pour moi tout l’intérêt : qu’est-ce que Mathieu n’avait pas encore vu de Tropic ? J’avais envie de montrer un autre point de vue sur le groupe que ce qu’on avait déjà pu voir auparavant. Garbage Man et La Bite Électrique, c’est super mais on connaît. Tropic peut raconter d’autres choses : ce sont des artistes entiers aux talents d’acteurs cachés et plus encore. Après ça, un troisième monteur est venu se greffer à l’équipe, Ayrton, qui lui a plus travaillé sur tout ce qui était « fictionnel/surréaliste » (la scène de Rémy l’Homme aux Seins, celle avec les ados, l’opération du nez…). Il portait aussi un regard avisé sur ce que nous expérimentions avec Mathieu. Afin d’être structuré, Mathieu m’a proposé de synthétiser mes journées de tournage, ce qui était un boulot fastidieux mais nécessaire. On visionnait ensemble, je le bombardais d’infos puis il remontait de son côté et me proposait quelque chose. Il a vraiment un regard et un esprit de synthèse ; je lui fais une confiance aveugle. Au bout du compte, on s’est retrouvé avec un film de quatre heures, qu’on a recassé, reconstruit pour pénétrer la matière au plus loin. Le montage a vraiment été un jeu de ping-pong entre nous trois. C’est ce qui apporte la richesse du montage.

On parlait du côté vraiment à cheval entre documentaire et fiction de ton film. N’as-tu pas peur de certaines réactions de spectateurs par rapport à des scènes qui pourraient être interprétées comme étant choquantes et où, justement, le spectateur aurait du mal à se positionner entre réalité et fiction ?

(Temps de réflexion) Si, parce que c’est du rejet, mais c’est un risque que je veux prendre parce que j’ai vraiment foi en ce que nous racontons. En même temps, tu sais, je ne cherche pas le choc pour le choc. Je veux bousculer mais pas dégoûter pour dire de faire le film le plus dégueulasse. Je voulais que les scènes servent le propos. Et je pense que les scènes qui paraissent choquantes, comme l’opération chirurgicale, ont crédibilisé mon propos et brouillé les pistes. Ça permet aux gens de se questionner sur la distance par rapport aux images, avec une pointe d’impertinence. Est-ce qu’on me raconte vraiment la vérité ? Quelle est ma vérité ? Est-ce que ça a vraiment été aussi loin ? Comment le groupe peut-il se laisser filmer dans de telles situations ?

Et quand tu commences à te poser la question de la distance, ça permet de te demander si tu dois prendre pour argent comptant ce qui se passe devant toi. C’est pour ça aussi que je voulais aller de plus en plus loin dans le grotesque jusqu’à arriver sur Bouli Lanners, qui pointe une arme, pour se dire que là ok, on est complètement dans la fiction. Et à partir de là, que les gens se demandent « depuis quand se fout-il de notre gueule ? ». Puis, comme un tour de foire, les emmener encore plus loin et les balancer dans un film expérimental, au-delà de la fiction. C’est un trip. Si tu résistes, ça risque d’être pénible. Ce qui m’intéressait, c’était justement de jouer avec cette frontière floue, de bousculer le spectateur et titiller ses limites, que lui seul connaît.

Tu veux faire réfléchir le spectateur avec Spit’n’Split ?

Oui, d’une certaine manière, s’il peut réfléchir, ça me plaît. Le public qui accède à ce film, dans ce circuit je veux dire, n’est pas idiot et aime se poser des questions sur ce qu’il voit. Maintenant ce n’est pas un film intellectuel non plus. Je veux avant tout que ça reste un divertissement mais s’il peut y avoir une réflexion derrière, qui mène à un débat sur la distanciation de l’image dans les médias, ou même à une réflexion plus mystique, pourquoi pas. Ce qui m’intéresse, c’est de discuter avec les gens sur leur ressenti par rapport au film. Je n’ai juste pas envie qu’ils soient neutres en sortant de la salle. Là, ce serait l’échec. Le but, c’est de passer par toutes sortes d’émotions afin de se remettre en question et de sortir de la fameuse « zone de confort » dont on parle tout le temps.

Et pour enchaîner sur cette partie du débat, quelles ont été les réactions après la projection de ton film ? Les échos sont-ils positifs ou négatifs ? Y a-t-il eu des débats justement ?

Je trouve ça très positif dans l’ensemble car il y a eu beaucoup de réactions fortes. Mais je pense que Spit’n’Split est aussi un film qui doit se digérer. J’ai parlé avec pas mal de monde dans la demi-heure ou l’heure qui ont suivi la projection mais j’ai l’impression que c’est un film qui peut travailler encore quelques jours après. Des réflexions peuvent encore émerger par la suite. Après ça, oui, j’ai eu pas mal de réactions mais je ne m’attendais pas à bénéficier d’un accueil aussi positif en fait. Il semblerait que les gens aient aimé s’être fait avoir, ce qui est génial. Même après le film, les gens se demandaient ce qui était vrai ou faux. Ils avaient l’air assez perturbés par ça alors qu’à la base, avec le groupe et les monteurs, on s’était dit que les gens n’y croiraient jamais. La blague est tellement poussée à l’extrême qu’il était impossible pour nous que les spectateurs croient que c’était vrai. Mais comme ils ne connaissent pas forcément le groupe, certains l’ont pris très au sérieux. Trop peut-être.

Et les discussions après coup sont très passionnées, les gens sont très curieux. Finalement, j’ai l’impression que c’est comme un tour de magie. Il y a quelque chose de magique dans ce film et c’est comme si les gens demandaient au magicien de leur expliquer un tour. Et, au final, après avoir insisté pendant un temps, c’est comme s’ils étaient déçus que je leur explique les coulisses du tournage. Mais vu certaines réactions, il vaut mieux remettre l’église au milieu du village. C’est un film, les membres du groupe ne sont pas des tarés, ce ne sont pas des toxicomanes ou des gens violents et je ne suis pas sadique. Pour tout dire, ce sont de bons pères de famille et la relation entre les membres est tout à fait saine. C’est juste comme si tu filmais des frères qui ont l’habitude de se chamailler et de se rentrer dedans, mais qui s’entendent à merveille.

Tu parles vraiment de ton film avec passion. Est-ce qu’après avoir passé autant de temps sur le projet, tu arrives encore à être objectif par rapport à lui ? Est-ce que lorsque tu regardes ton film maintenant, tu te dis qu’au final, c’était vraiment le film que tu voulais enfanter ?

Objectif, clairement non parce que j’ai trop le nez dedans. Par contre, oui, c’est vraiment le film que je voulais faire, et plus encore, parce que j’alimentais ma « bible » d’idées en tournée, en gardant ce fil rouge qui était de faire un documentaire qui basculerait vers une fiction. Je voulais démarrer sur un genre et conditionner le spectateur pour qu’il se dise que la suite serait identique, pour au final le surprendre et aller vraiment à l’opposé. Et quand je dis que le film était encore plus que ce que je voulais, c’est parce qu’il s’est passé tellement de choses, que ce soit en tournée avec le groupe ou sur le tournage que je me régale en revoyant le film. Car les trois années de sa création ont été très riches en rencontres, en questionnements humains et spirituels. Je suis content d’avoir pu garder le cap mais c’est assez incroyable, ce qui nous est arrivé. C’était un vrai voyage. Je l’ai déjà dit mais je crois que ce film est magique parce qu’il y a eu un truc qui nous a dépassé. Le projet Spit’n’Split (le film et l’album) vit de lui-même et nous a emmenés d’un endroit à l’autre, à travers la Belgique et l’Europe. Il nous a permis de rencontrer énormément de gens. Je ne crois pas que je pourrais refaire ce film parce qu’il est tombé au bon moment, dans une période où le groupe recherchait quelque chose de différent et je me suis nourri des gens que j’ai rencontrés. On a vécu un grand nombre de choses, qui sont bien sûr moins horribles que ce qu’elles paraissent dans l’histoire, mais qui sont véritables, mémorables et qui ont vraiment marqué ma vie.

« C’est pas une tournée, c’est des vacances. C’est les vacances du rock » (Jerms)

Que répondrais-tu aux personnes qui seraient amenées à dire que ton film n’a rien à faire dans un festival comme le BIFFF ?

Je crois que le film était avant tout bien dans sa catégorie, une catégorie que le festival assume complètement et qui est La 7e Parallèle. Cette catégorie est celle des films « étranges ». Et je pense que Spit’n’Split a réellement une dimension étrange. Il y a une partie complètement onirique, distillée un peu partout dans le film. Il y a même un grand méchant qu’on adore détester. C’est très BIFFF tout ça. Et pour ce qui est des mauvaises langues, tu sais…

Crois-tu que les membres de The Experimental Tropic Blues Band montreraient le film à leurs parents ?

Sans doute. Je serais curieux d’avoir leur retour. Moi, en tout cas, je l’ai montré aux miens. Ils étaient là au BIFFF et ils étaient fiers. Ils ont vraiment compris la démarche artistique derrière ce film. On a utilisé des choses que les musiciens avaient en eux pour exorciser des frustrations qu’ils ressentaient mais ça reste une fiction. Et donc ils jouent un rôle, tous.

Tes parents sont donc fiers de leur gamin ?

Très fiers, apparemment, et même émus car ils ne s’attendaient pas à voir une salle aussi remplie et un tel engouement pour le film. Sous des dehors de cancres, on a beaucoup travaillé. Le spectacle d’école est donc bien approuvé, vivement le prochain !

Propos recueillis par Guillaume Triplet

Un dossier préparé par Jean-Philippe Thiriart

Le 40e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films

Le 40e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films 1535 826 Jean-Philippe Thiriart

Samedi dernier prenait fin à Brussels Expo l’édition anniversaire du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Le Festival a en effet fêté ses 40 ans, et cela de belle manière. Une fête qui a pris fin avec la projection du film de clôture – Fall (signé Scott Mann) –, précédée de l’annonce du palmarès. Un palmarès qui est venu couronner une coproduction belge, l’année-même où le festival lançait, non sans fierté, un focus belge sur le cinéma de genre. C’est la première fois depuis la naissance du BIFFF, en 1983, qu’une coprod belge remporte la récompense suprême, le Corbeau d’Or. Ce film, c’est Vesper, réalisé par Kristina Buozyte et Bruno Samper. (critique ci-dessous)

Kristina Buozyte et Bruno Samper, réalisatrice et réalisateur de Vesper
Crédit photo : Vincent Melebeck

Au sein de la Compétition internationale toujours, les Corbeaux d’Argent sont allés à Summer Scars, de Simon Rieth, et à Virus 32, de Gustavo Hernández, une Mention spéciale étant accordée à Studio 666, de BJ McDonnell (critique ci-dessous).

C’est Moloch, de Nico van den Brink, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent.
Nightride, de Stephen Fingleton a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award, une Mention spéciale étant accordée à Limbo, de Soi Cheang (critique ci-dessous)
Le White Raven Award est allé à Life of Mariko in Kabukicho, de Eiji Uchida et Shinzo Katayama, avec une Mention spéciale pour Redemption of a Rogue, de Philip Doherty (critique ci-dessous).
La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages a vu l’emporter Kappei, de Takashi Hirano. Mention spéciale à Zalava, de Arsalan Amiri.
Le Prix de la Critique a été décerné à Piggy, de Carlota Pereda (critique ci-dessous), avec une Mention spéciale pour Huesera, de Michelle Garza.
Le toujours très touchant Prix du Public a été décerné au détonnant Mad Heidi, de Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (critique ci-dessous).

Envie de connaître le palmarès des courts métrages ? Direction le site du Festival !

Résultats de notre concours

Avant toute chose, un tout grand MERCI à celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope @ 40e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !
Et félicitations aux gagnant(e)s de celui-ci : Muriel Adamski, Christine Demaerschalck, Cédric Gabriel, Patrick Laseur et Vincent Meulemans !
Elles et ils ont chacun(e) remporté un pass de 6 séances, trois persos et trois pour la personne de leur choix pour autant de films coréens au BIFFF.

Jean-Philippe Thiriart

Critiques de différents films primés

Vesper Chronicles (Vesper), Corbeau d’Or   ★★★
Kristina Buozyte et Bruno Samper (France, Lituanie, Belgique)

De la bio science-fiction, voilà un sous-genre qui est très peu représenté au cinéma. Le film offre dès lors un vent de fraîcheur malgré le ton sombre du récit.
L’humain a saccagé la planète, la nature a repris ses droits et l’homme, pour survivre, n’a pu que s’acclimater et vivre avec elle en créant une biotechnologie organique à base de bactéries, de champignons et d’autres organismes végétaux pour alimenter machines et éclairages, mais aussi à des fins médicales, technologie dont la jeune Vesper se révèle être une génie.
Si le film dépeint un futur original et peut compter sur des acteurs et actrices convaincants, il bénéficie aussi d’une excellente direction artistique, tantôt belle et envoûtante, tantôt sale et aussi organique qu’un film de David Cronenberg, en lien direct avec les enjeux du récit, centrés autour de la recherche biologique et des expérimentations génétiques.
On pourra s’étonner de la violence de certains passages, parfois crus, et d’un ton ambiant nihiliste, le film étant vendu comme une fiction grand public. Il reste cependant facile d’accès.
Malgré quelques petites baisses de rythme et certaines longueurs, cette coproduction européenne offre un film de science-fiction original, avec un univers crédible et des effets qui tiennent la route.
Une belle surprise !
Ruben Valcke

Studio 666, Mention spéciale de la Compétition internationale    ★★
BJ McDonnell (États-Unis)

Généreux, c’est l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit pour qualifier le film !
Musique rock, métal et occultisme peuvent se marier parfaitement dans un film d’horreur et plus encore dans une comédie horrifique.
Les six musiciens du groupe Foo Fighters, ici dans leurs propres rôles, s’amusent et s’en donnent à cœur joie !
N’étant pas des acteurs professionnels, leurs prestations ne sont pas souvent à la hauteur. Mais qu’importe : le film est fun, avec beaucoup de second degré, de scènes très graphiques et une abondance de gore.
Porté par le chanteur Dave Grohl, le film transpire d’un amour sincère pour le genre. Grâce à sa réalisation maîtrisée, le film évite un aspect nanar et nous offre une grosse série B délirante de qualité.
Pas certain qu’il fonctionne aussi bien s’il est regardé seul, mais en festival ou en soirée pizza-bière entre amis, c’est le film horrifiquement fun parfait !
R.V.

Limbo, Mention spéciale de la Black Raven Competition   ★★★★
Soi Cheang (Hong Kong, Chine)

Une photographie à tomber, des images sublimes et des décors incroyables pour représenter un Hong Kong insalubre et malsain comme nous ne l’avions jamais vu auparavant !
Le titre du film reflète bien l’ambiance sombre et âpre du métrage tant nous avons l’impression, dans toute cette crasse et ces monticules de déchets, d’évoluer dans les limbes aux abords de l’enfer. Le noir et blanc très contrasté du film renforce le sentiment de mal-être et d’oppression de la ville, une noirceur devenue plutôt rare dans le cinéma contemporain. Le réalisateur choisit de renouer avec l’époque du cinéma HK dans ce qu’il offrait de plus sombre et violent mais avec, ici, une plastique absolument magnifique.
L’histoire d’un duo de policiers à la recherche d’un tueur en série peut paraître classique mais avec sa réalisation impeccable, un visuel d’exception et ses sous-intrigues fortes, le film se démarque radicalement des autres productions.
Plus qu’un film noir, c’est une perle noire, un chef-d’œuvre de ce genre de cinéma.
R.V.

Redemption of a Rogue, Mention spéciale de la White Raven Competition   ★★
Philip Doherty (Irlande)

Après sept ans, Jimmy Cullen revient dans son village natal pour faire la paix avec son entourage avant de se suicider. Mais la tâche sera ardue puisque tout le monde lui en veut. Son frère ne lui pardonne pas de l’avoir laissé seul s’occuper de leur père mourant. Ce dernier, qui a toujours eu la main lourde avec ses enfants, a toujours une dent contre Jimmy pour une histoire d’harmonica volé. Et son ex ne le supporte plus depuis un accident qui l’a laissée en chaise roulante. Ajoutez à cela la rancune de tout le patelin, qui a toujours en travers de la gorge un match de foot perdu à cause de lui et vous avez le tableau peu réjouissant de la situation. Et pour couronner le tout, le fameux paternel passe l’arme à gauche et devra être enterré selon ses dernières volontés.
Sur fond de pluie irlandaise, de dépression profonde et de symbolique christique, Redemption of a Rogue vaut le détour par son traitement cynique et un humour noir dont fait preuve son anti-héros, sorte de figure messianique contemporaine totalement perdue. Le tout sur fond de BO folk blues délicieuse évoquant parfois certaines fins d’épisodes de la dernière saison de Twin Peaks. On lui pardonnera donc son côté un peu trop inoffensif pour profiter du bon moment qu’il offre.
Guillaume Triplet

Piggy, Prix de la Critique    ★★★
Carlota Pereda (Espagne)

Sara est une jeune fille tout en rondeur qui est la cible de harcèlement et de moqueries de la part des jeunes de son village. Après l’insulte de trop, elle ne va pas se venger mais bien être vengée à son insu.
Sorte de rape-and-revenge détourné, Piggy aura été un coup de cœur de cette 40e édition du BIFFF, qui réunit aussi bien des éléments de films cultes comme I Spit on Your Grave que de Massacre à la Tronçonneuse mais sans jamais en être une simple resucée. Ces influences sont digérées pour servir une œuvre qui ne connait pas l’ennui. Basé sur un court métrage de 2017, présenté d’ailleurs au BIFFF en son temps, Piggy regroupe les ingrédients essentiels et nécessaires et parvient même, par moments, à prendre le spectateur à contre-pied en créant la surprise. Une ode à la tolérance et à l’acceptation sur fond de boucherie totalement maîtrisée et hautement recommandable. Une belle leçon à plusieurs niveaux.
G.T.

Piggy, de Carlota Pereda

Mad Heidi, Prix du Public
Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein (Suisse)

★★★
Dans une époque inconnue, les Helvètes sont sous le joug d’une dictature extrémiste du fromage menée par un président dont la tenue favorite est le bon vieux training et les claquettes-chaussettes, qui a décidé de purger la nation de tous les intolérants au lactose. Si Heidi semble assez protégée dans ses alpages, sa capture et l’exécution de son amour de chevrier (arrêté pour trafic illégal de tome) auront vite fait de transformer la jeune fille en vengeresse sanguinaire prête à tout pour redonner à la « matrie » sa grandeur perdue.
Avant-première mondiale et résultat d’un incroyable crowdfunding, Mad Heidi se présente comme le premier film de la « swissploitation ». Pur hommage Grindhouse au cinéma des années 70, Mad Heidi est une belle folie portée à l’écran par une mise en scène et un montage jamais à court d’idées. Un film contemporain qui ne renie pas le passé. Humour parfois lourd mais bien amené, gore outrancier, personnages ultra caricaturaux, scènes de torture à la fondue et au Toblerone, split screens, références subtiles… le film salue le cinéma d’exploitation d’antan tout en surfant sur des thématiques modernes. De l’action et du fun au doux parfum d’emmental. Assez brillant dans le genre.
G.T.

★★
Un nouveau genre de film d’exploitation est né : la swissploitation !
Né d’un crowdfunding réunissant plus de 40 000 investisseurs fans de cinéma de genre, cette proposition déjantée fait irrémédiablement penser au film Iron Sky, le côté grosse série B encore plus assumé.
L’action se déroule dans une Suisse totalitaire inspirée du nazisme. Mais ici, le dictateur, campé par un Casper Van Dien qui s’amuse apparemment beaucoup dans ce rôle, est obnubilé par les produits laitiers qui font la fierté de son pays.
Les intolérants au lactose n’ont qu’à bien se tenir, tout comme ceux qui s’opposent à la conquête mondiale du fromage suisse.
Le métrage est un vrai film d’exploitation dans ce qu’il a de plus outrancier, dans la pure veine des productions post-Grindhouse de Tarantino et Rodriguez. Il réussit là où beaucoup d’autres ont échoué : c’est un bon film fun, certes, mais qui tient diablement la route.
La première mondiale de Mad Heidi au BIFFF, film drôle, gore et délirant, a fait grandement réagir une salle bien remplie, avec dégustation de fromages et animations tout en costumes à la clé.
R.V.

Nos autres critiques

Vous retrouverez, ci-dessous, par ordre alphabétique, nos critiques d’autres films découverts au BIFFF cette année.

Don’t Come Back Alive   ★
Néstor Sánchez Sotelo (Argentine)

Lors d’une opération spéciale de police dans des quartiers mal famés, la jeune Camilla se voit prise au piège de ce qui s’apparente à une secte dont les membres ont décidé de s’immoler autour d’elle. Sauvée de justesse des flammes, la policière est sévèrement brûlée et séjourne plusieurs mois à l’hôpital avant d’être prise en charge par Fatima, son amie procureure qui, elle, doit faire face à une série de meurtres particulièrement sordides. Pourrait-il y avoir un lien entre ceux-ci et ce qui est arrivé à Camilla ?
À la croisée des chemins entre le film de possession et le thriller fantastique, Don’t Come Back Alive est le genre de film dont le pitch est intéressant sur papier mais qui se voit sabordé par une mise en forme manquant de méthode au point d’en faire parfois un objet risible. Dommage d’ailleurs puisque l’entrée en matière laissait augurer du bon et ce, malgré des moyens modestes. Mais un mauvais jeu d’acteurs, des répliques parfois à la limite du ridicule, des zones d’ombre dans le scénario et un amoncellement de clichés ont vite fait de plomber un métrage qui aurait peut-être pu tirer son épingle du jeu.
G.T.

Hinterland   ★★★
Stefan Ruzowirzky (Autriche, Luxembourg)

Impossible de manquer ce film attendu qui avait déjà fait parler de lui au Festival de Locarno ! Sur le site du Heysel, la salle Ciné 1 du BIFFF est grande. Ça tombe bien car, en cette fin d’après-midi du premier vendredi du Festival, les amateurs de frissons sont venus en nombre, prêts à vibrer durant près de deux heures.
L’intrigue du thriller policier Hinterland se déroule à Vienne en 1920 après la chute de l’Empire austro-hongrois. La Première Guerre mondiale a pris fin. Prisonnier de guerre pendant plusieurs années, l’ancien détective Peter Perg (Murathan Muslu) est rentré chez lui. Il est amené à travailler avec la médecin légiste Theresa Körner (Liv Lisa Fries) afin de résoudre une série de meurtres.
L’ambiance de ce film se situe à mi-chemin entre le noir et blanc des premiers films d’épouvante du siècle passé et les grands films historiques de notre époque. Le film étant bien entendu projeté en VO, il aura parfois fallu s’accrocher à son fauteuil pour ne pas perdre le fil de l’intrigue mais le rythme de l’enquête nous aide à ne pas décrocher. Préparez-vous à faire un bond dans le temps et pas mal d’autres dans votre siège ! Un bon policier, ça ne se refuse pas.
Raphaël Pieters

The Killer: A Girl Who Deserves To Die   ★
Jae-hoon Choi (Corée du Sud)

Que ça soit en termes d’écriture ou de découpage, le film fait beaucoup penser à la formule du téléfilm, ce qui surprend au vu du sujet traité. En revanche, dans sa deuxième moitié, il devient bien plus cinématographique et la mise en scène, bien plus ambitieuse.
Le scénario est très classique et repose sur la badass attitude de son personnage central. La figure du protagoniste quasi invincible est fort exploitée dans le cinéma sud-coréen et ce film s’inscrit dans cette tendance. L’influence de John Wick est très présente, surtout dans les scènes de combats et dans la représentation des gunfights : le héros est trop intouchable que pour être réellement crédible.
Toutefois, si le spectateur recherche juste de l’action avec un protagoniste impressionnant par ses talents au combat, il trouvera dans The Killer une chouette récréation.
R.V.

Logger   ★
Steffen Geypens (Belgique)

On ne se perd pas trop dans ce film puisque l’intrigue commence directement au beau milieu d’une forêt de feuillus comparable à toutes celles de notre plat pays. Cependant, très rapidement, l’ambiance change lorsque notre ami bûcheron (Pieter Piron) y découvre un corps mutilé. Très vite, cette macabre découverte le plonge dans un état second dans lequel rêves et réalités se confondent.
Le film cherche-t-il à nous perdre dans les bois ? Difficile à dire mais on a tendance à se perdre dans cette intrigue où cauchemars et réalité s’entrechoquent jusqu’à nous en donner la nausée. Mais n’est-ce finalement pas cela, la meilleure arme des films d’horreur à petits budgets : nous perdre dans un bois et nous y abandonner pour nous donner ensuite envie de foncer aux toilettes du BIFFF dans le but d’y laisser un peu prématurément le sandwich à l’américain ingurgité à midi ? Si oui, alors ce film aura réussi à nous faire voyager !
R.P.

Next Door   ☆
Ji-ho Yeom (Corée du Sud)

Après une soirée un peu trop arrosée, un pseudo étudiant trentenaire qui en est à sa cinquième tentative pour intégrer la police se réveille chez sa voisine avec un cadavre au pied du lit. Bon courage pour recoller les morceaux !
Tourné en huis clos, Next Door est laborieux dès le départ et n’ira pas en s’améliorant au cours de l’heure et demie de film, qui paraît une éternité. La faute à un personnage peu attachant, à des situations pseudo-drôles qui ne le sont en fait pas et à une histoire qui accumule les incohérences voire les aberrations. Des passages beaucoup trop tirés en longueur, un manque de rythme certain et des situations dont l’explication se cherche encore auront aussi eu raison de nous.
G.T.

Night at the Eagle Inn   ★
Erik Bloomquist (États-Unis)

Deux jumeaux, Sarah, dépressive et prise de visions, et Spencer, branché sur le paranormal, décident de repartir sur les lieux où, en 1994, leur mère mourut en les mettant au monde et leur père disparu mystérieusement, afin de percer le secret de ce qui a bien pu se passer. L’endroit en question : un hôtel reculé, coupé de tout, tenu par un gérant pour le moins intrigant et entretenu par un jeune éphèbe mystérieux. Point n’est besoin de vous dire que tout ne va pas se passer comme prévu et que ces jeunes gens seront vite pris dans un engrenage infernal.
Dès le départ, l’une des influences principales du film saute aux yeux. En effet, il ne serait pas étonnant qu’Erik Bloomquist compte Shining parmi ses films de chevet tant les clins d’œil fusent autant dans la recherche d’ambiance que dans certains éléments du décor. Mais ne dépasse pas le maître Kubrick qui veut et Night at the Eagle Inn pèche par un traitement un peu trop plat et par un manque d’idées. Ainsi, les effets de peur tombent à l’eau et l’absence de consistance des personnages manque de servir le propos. Flop néanmoins divertissant… mais flop tout de même dont les 70 minutes sont amplement suffisantes.
G.T.

La Pietà   ☆
Eduardo Casanova (Espagne, Argentine)

On nous avait vendu du rêve, on n’a même pas fait de cauchemar après ce film hispano-argentin aussitôt vu, aussitôt oublié.
Mateo aime le rose et sa mère Libertad. Mais un jour, dans ce monde à deux voix, on annonce à Mateo qu’il souffre d’un cancer. Voilà pour le point de départ du film.
L’actrice Ángela Molina et ses 46 ans de carrière sont sans doute la seule attraction de ce film qui se perd entre l’épouvante et la tragi-comédie. La salle ne s’y trompe pas et les réactions ne se font pas trop attendre : « hou ! », lance un groupe d’amis habitués à reconnaitre les navets interminables parfois diffusés aux BIFFF. Mais tout au long du film, on essaie d’oublier de regarder sa montre en rigolant de l’absurdité des situations rencontrées par le personnage interprété par Manel Llunell. On ne sait d’ailleurs pas trop de quels maux il souffre. Plutôt qu’un film d’épouvante, La Pietà est une tragi-comédie. Vous l’aurez compris, on ne vous recommande pas ce film.
R.P.

Scare Package   ★
Emily Hagins, Chris McInroy, Noah Segan, Courtney & Hillary Andujar, Anthony Cousins, Baron Vaughn et Aaron B. Koontz (États-Unis)

Film à sketches présentant différentes comédies horrifiques regroupant un maximum de codes et de clichés des films d’horreur des années 80, Scare Package joue avec lesdits codes pour donner lieu à une série de situations humoristiques. Mais il ne s’agit pas pour autant d’une parodie, les réalisatrices et réalisateurs faisant preuve d’un réel respect du genre horrifique sous toutes ses formes, n’hésitant pas à faire couler le sang et à présenter des blessures plus terribles les unes que les autres. En témoigne, notamment, un sketch proposant un gore qui, s’il est outrancier, n’en n’est pas moins totalement ridicule, cela afin de faire rire les spectateurs.
Le très gros second degré du film rend les nombreuses touches d’humour plutôt efficaces. Si toutes les blagues ne feront pas mouche, étant sans doute un peu trop forcées, le gore potache reste un artifice comique qui a fait ses preuves et Scare Package en use sans vergogne.
Comme dans la plupart des films à sketches, surtout ceux qui proposent beaucoup d’épisodes, il y a dans Scare Package un souci d’équilibrage et de rythme, le film paraissant un peu trop long et certains sketches étant de moindre qualité. Les transitions entre les sketches et la trame principale sont elles aussi problématiques. Si le film justifie, au début, l’intégration des différentes histoires, bien vite, les transitions deviennent abruptes et sans réel sens. Dommage !
R.V.

Scare Package 2: Rad Chad’s Revenge   ★★
Aaron B. Koontz, Alexandra Baretto, Anthony Cousins, Jed Shepherd et Rachele Wiggins (États-Unis)

Suite directe du premier du nom, Scare Package 2 voit cette fois-ci ses sketchs emprunter les codes et les clichés des films d’horreur des années 90 et début 2000. L’histoire principale qui y est narrée fait revenir plusieurs personnages du film précédent et constitue un fabuleux pastiche de la saga Saw, ne manquant pas de jouer avec le ridicule et les incohérences de la saga.
Mieux rythmé, constitué d’un peu moins de sketches et proposant une histoire centrale qui n’est plus juste un morceau de comédie mais un segment de comédie horrifique bien plus passionnant à suivre, le film est meilleur que son prédécesseur, plus malin aussi, donnant à voir bon nombre de situations méta très sympas.
Avec, une fois encore, une myriade de références à la culture cinématographique horrifique et à bon nombre de codes non encore exploités par le film précédent, ce diptyque en devient un très gros best of de tout ce qui a pu se faire et se répéter pendant près de trois décennies.
R.V.

Sinkhole
Ji-hoon Kim (Corée du Sud)

★★★
Après plusieurs années à économiser, une famille modeste devient enfin propriétaire d’un appartement dans un quartier de Séoul. Le bonheur ne sera que de courte durée puisque des failles apparaissent dans le bâtiment, et amèneront celui-ci à être aspiré dans un trou gigantesque laissant les habitants croupir à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Mêlant à la fois comédie, satire sociale, drame et film catastrophe, Sinkhole est une réussite du genre et met à nouveau en lumière le talent de la Corée du Sud. Doté d’une excellente maîtrise de la réalisation mais aussi et surtout d’une collection d’idées scénaristiques parfois bluffantes amenant un véritable rythme, le cinquième long-métrage de Ji-hoon Kim coche pas mal de bonnes cases. Neuf ans après The Tower (dont le principe était, à peu de choses près, celui de La Tour infernale), le réalisateur revient avec un film dans lequel le traitement des personnages mais aussi des décors est bougrement intelligent. On rit, on pleure, on en prend plein la vue : un régal !
G.T.

★★
Peut-être bien le tout premier film qui mélange les genres catastrophe et comédie (hors films parodiques), deux genres qui semblent aux antipodes tant le film catastrophe repose sur le dramatique. Sinkhole fonctionne pourtant plutôt bien, le réalisateur laissant par moments l’humour de côté pour se concentrer sur les émotions et pour insuffler de la tension au film.
Le cinéma sud-coréen n’hésite souvent pas à en faire un peu trop dans la mise en scène. C’est le cas ici et quand il s’agit de représenter un immeuble entier s’enfonçant dans un gouffre de plusieurs centaines de mètres, c’est visuellement aussi impressionnant qu’irréel. Mais c’est, ici, traité si sérieusement que nous ne pouvons qu’être convaincus.
L’histoire suit les canons d’écriture du film catastrophe et de survie mais, par son mélange radical de styles, le film en devient fort original, le ton « comédie » du début de Sinkhole permettant un bel attachement du spectateur aux personnages du film.
À découvrir assurément !
R.V.

Wyrmwood: Apocalypse   ★
Kiah Roache-Turner (Australie)

Beaucoup plus de budget, sans doute de bien meilleures caméras et des plans plus léchés : tout dans cette suite sent la qualité supérieure, mais, malheureusement, au détriment de l’inventivité et de l’énergie qui constituaient la patte du premier film : Wyrmwood: Road of the Dead.
Un scénario qui montre comment, plusieurs mois après l’infection, les habitants des campagnes australiennes se sont organisés, en particulier les équipes militaires et scientifiques qu’on avait déjà pu voir à l’œuvre dans le film précédent.
Malgré l’upgrade visuel, le film paraît moins fou, moins original, même s’il se permet quelques bons délires comme un cyber-zombie au look très réussi.
Wyrmwood: Apocalypse reste un film à budget très modeste et le réalisateur a l’intelligence de ne se concentrer que sur l’essentiel.
Un bon film de zombies, qui n’hésite pas sur le sanguinolent, mais déçoit un peu quand on a donc, en mémoire, Wyrmwood: Road of the Dead.
R.V.

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : Vincent Melebeck

Bon annif le BIFFF : 40 ans… et 30 séances à gagner !

Bon annif le BIFFF : 40 ans… et 30 séances à gagner ! 1497 1058 Jean-Philippe Thiriart

It’s back ! En vrai. En chairs. Et puis en os, aussi. Forcément !
Après une édition 2020 annulée suite à un foutu virus et une édition 2021 online only, COVID oblige, toujours, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) est de retour avec une édition comme avant. Une édition anniversaire, même : la 40e !

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, En Cinémascope vous propose cette année un concours Facebook exclusif permettant de remporter pas moins de 30 séances de cinéma au BIFFF !
Soit cinq pass de six séances – trois séances pour chaque gagnant(e) et une séance pour les trois personnes de son choix.
Rendez-vous en fin d’article pour tout savoir sur ce concours !

Une édition du BIFFF comme avant… ou presque puisque, pour la première fois, le Festival quitte le centre de Bruxelles, après de nombreuses années au Passage 44, puis à Tour & Taxis et, enfin, à Bozar, où le Festival avait pris ses quartiers voici bientôt dix ans. Cette année, direction le Palais 10 de Brussels Expo avec, le lundi 29 août, la projection, en ouverture du Festival, de Vesper Chronicles, de la Lituanienne Kristina Buožytė et du Français Bruno Samper. Le Festival durera une nouvelle fois 13 jours, se clôturant ainsi le samedi 10 septembre, avec la proclamation du palmarès de cette 40e cuvée et la diffusion de ce qu’on nous promet être un huis-clos en plein air : Fall, du Britannique Scott Mann.

Le BIFFF 2022, ce sera, outre une centaine de longs métrages, pas moins de 82 courts, répartis en cinq sections : les compétitions belge, européenne, « Eat My shorts », « They’re the future » (sept films d’étudiants) et « Re-animated », diversité – de genres et de sensibilités – étant le maître-mot de cette programmation.

Les organisateurs du BIFFF voulant faire de cette édition anniversaire une vraie fête où chacune et chacun trouveront leur bonheur, leur sélection sera fun à coup sûr.

Place cette année, à « The Belgian Wave », un focus belge qui donnera à voir 15 films issus de la cinématographie du plat pays qui est le nôtre, parmi lesquels Megalomaniac de Karim Ouelhaj (Grand Prix à Fantasia), Ritual de Hans Herbots ou encore Freaks Out de Gabriele Mainetti.
Rayon séances spéciales : le Bloody date – double bill parfait pour les amoureux composé de You Lie You Die de Hector Claramunt et Have.Hold.Take de DJ Hamilton.

Nos chères têtes blondes ne seront pas en reste puisque lors du Family Day du dimanche 4 septembre, elles pourront découvrir pas mal d’activités, ainsi que les films Petit Vampire, Dragon Princess, The Ghastly Brothers, et Nelly Rapp: Monster Agent.

Les 18-25 ans étant fortement impactés par la crise sanitaire actuelle, le BIFFF a pensé à elles et à eux. Sous réserve de places disponibles, l’ensemble des séances programmées le lundi 5 septembre leur seront en effet offertes !
Ce soir-là, les festivalières et les festivaliers pourront notamment découvrir, dans des conditions idéales, les deux premiers épisodes de House of the Dragon, LA prequel de Game of Thrones !

Retour, cette année, après son succès l’an dernier, de la section documentaire « Fantastic but true », qui donnera à voir cinq films parmi lesquels The Found Footage Phenomenon et American Badass (portrait de l’acteur de légende Michael Madsen).

Les deux premiers épisodes de House of the Dragon, LA prequel de Game of Thrones, seront projetés au BIFFF dans des conditions idéales

Six compétitions

Toute nouvelle, toute belle, est la « Emerging Raven competition », via laquelle le BIFFF a souhaité soutenir, un peu plus encore, les premiers et deuxièmes longs métrages. Huit films au total, dont le coréen Midnight, le français Le Visiteur du futur ou encore le suisse Mad Heidi.

La « White Raven competition », anciennement « Compétition 7e Parallèle » verra elle aussi concourir huit longs métrages, qui s’annoncent d’ores et déjà très singuliers, parmi lesquels l’américain Swallowed, le belge River ou encore l’allemand The Black Square.

Au sein de la « Black Raven competition », nouveau nom de la compétition Thriller, ce sont neuf films que le jury devra départager, notamment l’hispano-belge The Replacement, le danois The Last Client, et les coréens Tomb of the River et Special Delivery.

À l’issue de la compétition européenne, un Méliès d’Argent sera décerné au meilleur film présent dans cette sélection de films réalisés au sein de l’UE. Huit films au menu, dont Megalomaniac, du Belge Karim Ouelhaj, Piggy, de l’Espagnole Carlota Perda, ou encore Cop Secret de l’Islandais Hannes Þór Halldórsson.

La compétition internationale comprendra huit films elle aussi, parmi lesquels figureront le français Summer Scars, le forcément américain American Carnage ou encore le coréen The Witch Part 2: The Other One.

Enfin, notons qu’un Prix de la Critique sera une nouvelle fois décerné cette année.

The Witch Part 2: The Other One sera projeté en avant-première européenne au sein de la compétition internationale

Cinq master class

La première master class sera consacrée aux sorcières. Sera notamment posée la question de savoir quel est le lien entre les différentes représentations de ce personnage et la véritable figure historique.

La deuxième – « Apocalypse mon chou 2 : don’t look up » – verra posée une autre question, celle de savoir si l’écologie est ou non soluble dans notre système économique.

La troisième master class aura pour sujet la censure. Parole sera donnée à Jake West – réalisateur de Doghouse et spécialiste des Video Nasties –, Srdjan Spasojevic – réalisateur du film-choc A Serbian Film –, Xavier Gens – réalisateur de Frontière(s) – et Kamal Messaoudi, spécialiste des médias et du cinéma populaire.

Les quatrième et cinquième master class permettront quant à elles aux festivalières et aux festivaliers de rencontrer les réalisateurs cultes John McTiernan (Predator, Die Hard, etc.), le jeudi 1er septembre à 20h30 (master class suivie le lendemain de la projection de Predator), et Barry Sonnenfeld (La Famille Addams, Men in Black, etc.), le jeudi 8 septembre à 20h30. Cette cinquième et dernière master class sera suivie, le 10 septembre, de la projection de La Famille Addams.

John McTiernan, réalisateur de Predator ou encore Die Hard, donnera une des cinq master class du Festival

Et bien plus encore !

Si le BIFFF est un festival de cinéma, c’est aussi une fête du fantastique au sens large, et sous ses nombreuses formes.

Figureront, ainsi, au programme :
– une multitude d’animations – une chaque soir – et de « happenings »,
– l’expo « La Recyclerie Fantastique », consacrée au superbe travail de Jacques Lélut,
– le traditionnel Make-up Contest,
– l’expo « Once Upon a Time at The BIFFF », best of des différentes expositions que le BIFFF a présentées en 40 ans de vie, qui verra exposés près d’une vingtaine d’artistes, mais donnera aussi à découvrir photos et vidéos d’archives du Festival,
– le VR Exhibition Day, qui, le jeudi 1er septembre, permettra aux festivalières et aux festivaliers de plonger dans trois films en réalité virtuelle,
– la Night 2022, ou l’enchaînement, la nuit du samedi 3 au dimanche 4 septembre, d’un court métrage et de quatre longs avec, à l’arrivée, un petit déjeuner bien mérité, et, bien sûr,
– le Bal des Vampires !

La 37e édition du Bal des Vampires démarrera le vendredi 9 septembre

Le cinéma coréen en force et notre concours exclusif

Cette année encore, la Corée sera présente au BIFFF en force avec pas moins de dix films, soit autant de témoins de sa diversité cinématographique.

En Cinémascope, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, que nous remercions chaleureusement, vous propose de remporter trois soirées coréennes au BIFFF avec un accès, pour vous et, à chaque fois, la personne de votre choix, à la projection, en avant-première belge, des films Midnight, Tomb of the River et Sinkhole !

Pour participer et tenter de remporter un de ces cinq packs de six séances, rien de plus simple :
1) Aimez la page Facebook de « En Cinémascope »,
2) Identifiez vos trois ami(e)s en commentaire, et
3) Aimez et partagez cette publication Facebook en mode public.

Début du concours : aujourd’hui, vendredi 26 août, à 10h.
Fin du concours : le mercredi 31 août à 10h.
Tirage au sort, puis annonce des résultats : le mercredi 31 août à 14h.

Midnight, de Oh-seung Kwon, présent dans la « Emerging Raven competition », sera projeté le vendredi 2 septembre à 19h.
Tomb of the River, de Young-bin Yoon, sera, quant à lui, diffusé le lendemain, samedi 3 septembre, à 19h, et fait partie de la « Black Raven competition ».
Enfin, Sinkhole, de Ji-hoon Kim, sera projeté le dimanche 4 septembre, à 18h30. Cerise sur le gâteau, cette troisième séance sera suivie d’un Q&A en présence du réalisateur du film. De quoi clôturer de belle manière ce voyage en Corée !

Bonne chance, déjà, à toutes et à tous !

Le thriller Tomb of the River, en lice cette année dans la « Black Raven competition »

Par ailleurs, le cinéma coréen sera, nous vous le disions, une nouvelle fois présent en force au BIFFF avec, outre les trois films pour lesquels vous pouvez remporter des places, sept films venus le représenter, programmés du mardi 30 août au mercredi 7 septembre avec, successivement, en avant-premières belges et, parfois même, européennes :
The Cursed: Dead Man’s Prey,
The Killer,
Confession,
Hansan: Rising Dragon,
The Witch Part 2: The Other One,
Special Delivery (dont la projection sera suivie d’un Q&A avec le réalisateur), et
Next Door.

Plus d’infos : bifff.net

Excellent Festival à toutes et à tous !

Jean-Philippe Thiriart

Avant-premières de DECISION TO LEAVE et rétrospective Park Chan-wook : interview du réalisateur et retour sur OLD BOY

Avant-premières de DECISION TO LEAVE et rétrospective Park Chan-wook : interview du réalisateur et retour sur OLD BOY 800 1200 Jean-Philippe Thiriart

Ce jeudi 4 août, à 19h, le cinéma Palace, à Bruxelles, présentera en avant-première le nouveau film du réalisateur coréen culte Park Chan-wook, un des maîtres du cinéma de genre. Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes cette année, Decision to Leave arrive 18 ans après Old Boy (2004) (voir critique ci-dessous), lui aussi récompensé à Cannes, où il remportait le Grand Prix et 13 ans après Thirst, ceci est mon sang, Prix du Jury en 2009. Notons également l’incursion dans le cinéma américain du metteur en scène coréen en 2013 avec Stoker, son premier film tourné en anglais, avec Nicole Kidman notamment.

Le samedi 6 août, c’est un autre cinéma bruxellois, le cinéma Aventure, qui célèbrera Park Chan-wook. Avec, là-aussi, la présentation, à 19h, de Decision to Leave en avant-première. Et une rétrospective consacrée à son cinéma avec la projection de trois autres de ses films ce mois-ci : Old Boy (le 9 août), Stoker (le 16) et Mademoiselle (The Handmaiden) (le 23).
Un « pass Park Chan-wook » comptant quatre places, donnant accès à chacune des séances à tarif réduit, Decision to Leave inclus, est disponible sur le site de l’Aventure.

Park Chan-wook nous avait accordé un agréable entretien lors de la 35e édition du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (le BIFFF, dont la 40e aura lieu au Palais 10 de Brussels Expo du 29 août au 10 septembre). C’était en 2017, peu après que le réalisateur coréen fut adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau à la grand-messe du cinéma fantastique bruxelloise.

Notez que nous organiserons bientôt, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, un concours vous permettant de remporter pas moins de 30 places pour trois des films coréens présents cette année au BIFFF.

Crédits vidéo : Simon Van Cauteren
Merci à Haetal Chung, du Centre Culturel Coréen de Bruxelles, qui a joué le rôle d’interprète de Park Chan-wook lors de l’interview !

Si Decision to Leave sera présenté en version originale sous-titrée bilingue, les films de la rétrospective seront, quant à eux, à (re)découvrir en version originale sous-titrée français.

Signalons enfin que la projection en avant-première de Decision to Leave au Palace est organisée en collaboration avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles et Cinéart, tandis que celle qui se tiendra à l’Aventure a lieu en collaboration avec la nouvelle revue belge de cinéma Surimpressions.


Old Boy

Réalisé par Park Chan-wook (2004)
Avec Choi Min-sik, Yoo Ji-tae, Gang Hye-jung

Drame, thriller
1h59

★★★★

Old Boy fait partie de la trilogie que Park Chan-wook a consacré à son thème le plus cher : la vengeance. Initiée en 2003, cette saga comprend, outre Old Boy, Sympathy for Mr. Vengeance, réalisé en 2003, et Lady Vengeance, commis en 2005.

Précisons d’emblée que si chacun des épisodes de la trilogie est rudement efficace, Old Boy est le meilleur des trois films. Le film avait d’ailleurs remporté le Grand Prix du Festival de Cannes 2004, dont le jury était présidé cette année-là par un certain Quentin Tarantino.

Choi Min-sik, percutant dans le magnifique Old Boy

Si Old Boy s’inscrit un rien dans la même lignée que Kill Bill 1, le film du réalisateur sud-coréen n’a rien à envier au travail de Tarantino, loin de là. Il méritait d’ailleurs à Cannes, cette année-là, tellement plus la Palme d’Or que le très bon Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. On ne réécrit pas l’histoire.

Old Boy fait partie de ces œuvres qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie. Jouissif au possible et d’une grande violence – nécessaire au scénario -, ce métrage n’est pas à mettre sous tous les yeux. Servi par un scénario en béton, clos par un final dantesque et porté par un acteur au sommet de son art en la personne de Choi Min-sik, qui avait déjà brillé dans le film Ivre de femmes et de peinture, le film mérite absolument les quatre étoiles que nous lui accordons.

Bienvenue en enfer !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Jérôme Vandewattyne, réalisateur de " Slutterball "

SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne

SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne 2560 1442 Jean-Philippe Thiriart

Slutterball, le deuxième court métrage pro de Jérôme Vandewattyne (également leader de VHS From Space, groupe de rock grunge psychédélique dont le nouvel album sortira bientôt), fête cette année ses dix ans. Réalisé un an après She’s a Slut (trailer-off, en 2011, du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, le BIFFF), il sera suivi, cinq ans plus tard, du premier long de Jérôme, le documenteur Spit’n’Split. Cinq autres années se sont écoulées depuis lors et Jérôme et son équipe viennent de boucler, voici trois jours, le tournage de leur nouveau bébé : le long métrage The Belgian Wave.

The Belgian Wave a bénéficié de l’aide à la production légère de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La phase de montage démarre ce 15 juillet, pour une finalisation du film en mars 2023. L’image a été mise en lumière par Jean-François Awad, avec lequel Jérôme a réalisé chacune de ses dernières publicités. Quant au scénario, il a été écrit par Jérôme Vandewattyne, Kamal Messaoudi et un autre Jérôme : Jérôme Di Egidio.

Une partie de la fine équipe de The Belgian Wave

Comme on n’a pas tous les jours dix ans, nous vous proposons aujourd’hui un retour sur Slutterball, avec une interview du réalisateur réalisée alors. Le film avait été tourné dans le cadre du premier CollectIFFF, collection de douze courts métrages réalisés par 19 jeunes cinéastes en hommage au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Notez que ce dernier fêtera lui aussi son anniversaire cette année. Et quel anniversaire : 40 ans ! Il se déroulera du 29 août au 10 septembre prochains au Palais 10 de Brussels Expo.

Nous reviendrons bientôt sur Spit’n’Split avec, au menu, l’interview du réalisateur effectuée peu avant la sortie du film, et les critiques du film et du DVD.

Jérôme, quelles sont tes influences, en général, et pour Slutterball en particulier ?

Slutterball et She’s a Slut sont un petit peu deux courts à prendre en un dans le sens où l’un est un peu la suite de l’autre. Au BIFFF, le public hurlait la phrase « she’s a slut » en voyant le premier court métrage, qui était une fausse bande annonce et qui n’avait pas vraiment de titre, et j’ai eu envie d’aller plus loin avec le deuxième en partant du principe qu’on était tous des « sluts » : les acteurs d’un jeu stupide mais aussi le public qui le regarde. Mes influences, ce sont les films Grindhouse des années 70 et les Midnight Movies (Pink Flamingos de John Waters, Eraserhead de David Lynch, etc.). L’influence première, évidemment, était surtout le film Rollerball. Le but était de reprendre l’idée des jeux remis dans un esprit futuriste avec des guerrières sur des patins, cette fois. Avec des personnages totalement loufoques et en gardant la totale liberté des films Grindhouse, avec une partie de freaks aussi. Je pense aussi à Faster, Pussycat! Kill! Kill! de Russ Meyer et aux films Troma de Lloyd Kaufman.

Est-ce que tu peux nous parler des conditions de tournage, assez rock’n’roll je crois…

C’était compliqué parce que ça a été réparti sur plusieurs mois. On a commencé à tourner en septembre et on a eu fini fin mars. La deadline approchait à grands pas et ça a généré un peu de stress. Dès le départ, j’ai su que je devais monter le film pendant que je le tournais.

Une bonne partie de l’équipe du haut en couleur Slutterball

Comme Gus Van Sant avec Last Days

Oui, tout à fait ! Ou même Lynch dans Inland Empire, bien que lui réécrivait l’histoire, ce qui est un peu différent. Si ça s’est réparti autant, c’est parce que je voulais que le niveau soit supérieur à She’s a Slut. Donc du coup, je voulais y mettre plus de moyens et de préparation mais le problème, c’est que, comme toute mon équipe est entièrement bénévole, je ne pouvais pas avoir les gens à ma disposition comme je le voulais, tout le temps : il fallait à chaque fois trouver un jour qui arrangeait tout le monde et comme on était minimum 15 personnes, ce n’était pas évident. Parfois, on était un peu plus – une trentaine -, surtout pour les scènes de roller.

Peux-tu nous parler des couleurs à présent ? L’étalonnage a été particulier dans le sens où tu as vraiment des couleurs flashy…

Dès l’écriture, je savais que je voulais que la scène où Rémy Legrand meurt, je voulais des peintures dans tous les sens. C’est pour ça que les couleurs jurent autant dans les maquillages et les costumes, par exemple. Au final, ça crée un univers un peu surréaliste en fait. Le but est qu’on ne sache pas trop bien où on est. Le ciel a été beaucoup retouché : il est souvent très bleu, très lumineux, un peu dans l’ambiance des Simpson. On a beaucoup joué avec les perruques : rouges, vertes, bleues. On a aussi joué avec des lentilles de couleur au niveau du maquillage. Finalement, ce qui est marrant, c’est qu’on se rend compte que le personnage qu’est Carlos, un pédophile, est peut-être bien le personnage le moins loufoque de cet univers-là. J’aimais donc bien cette contradiction pour qu’on se demande, au final, ce qu’on est en train de voir. J’aime aussi me dire que tout n’est qu’une mascarade et que ce pauvre gars n’est peut-être même pas pédophile mais qu’il se retrouve flagellé sur la place publique et que personne ne se pose de question.

Au moment de l’étalonnage, j’ai vraiment souhaité qu’on pousse les couleurs au maximum et j’ai eu à un moment une hésitation quant à savoir si j’allais remettre les griffures de pellicule, comme c’était le cas dans She’s a Slut, pour donner un effet Grindhouse, parce que je trouvais très beau de voir cette succession de couleurs flashy qui piquaient les yeux.

C’est notamment ton groupe, VHS From Space, qui est présent à la musique…

Tout à fait. L’idée était de créer des morceaux différents de ce qu’on joue sur scène, pour servir l’univers du film.

Les génériques du film sont très léchés. Quelle importance revêtissent-ils à tes yeux ?

J’accorde vraiment énormément d’importance aux génériques parce que c’est, à mes yeux, un art à part entière. Je trouve ça dommage de regarder un film où le générique n’est pas du tout travaillé. Un générique est comme une hypnose qui te donne directement le ton.

Le BIFFF, ça représente quoi à tes yeux, toi qui as grandi avec le Festival ?

C’est le lieu de tous les possibles. Un lieu de rencontre avec tous les professionnels aussi. Avec des fans du genre. C’est un peu la cour de récré des sales gosses. C’est un défouloir total et c’est pour ça que j’ai voulu rendre hommage à ce public complètement dingue avec Slutterball. Surtout les séances de minuit, qui sont des séances qui m’ont marqué. Je voulais faire du cinéma popcorn pour un peu titiller ce public averti.

Faire partie du CollectIFFF, c’était une évidence ?

J’avais déjà l’idée de Slutterball un peu après She’s a Slut. Je me suis dit que ce serait chouette de faire jouer des patineuses comme dans Rollerball. J’avais émis l’idée aux gars du CollectIFFF qui m’ont dit que Slutterball rentrerait complètement dans ce cadre-là. Ce qui est surtout intéressant dans le CollectIFFF, c’est que chaque réalisateur a une personnalité bien à lui. Tu m’as fait la réflexion que mon film était assez hard et c’était voulu. Je l’ai réalisé pour un public qui attendait des choses qui prennent aux tripes et qui veulent se prendre des images ou des idées fortes. Et au final, ça reste un film bon enfant avec un côté punk et libre.

She’s a Slut comptabilise plus de 4 000 vues…

C’est vrai ? C’est super, d’autant que ça démarrait d’un travail de fin d’études dans une école de communication, l’ISFSC. Et c’était un premier essai pour le grand écran. Les gens semblent avoir apprécié la petite blague. J’espère qu’ils aimeront Slutterball, qui est vraiment un cran au-dessus dans l’humour poisseux et la violence. On a fait ça avec tout notre cœur en tout cas.

Jean-Philippe Thiriart