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Le FIFF place à nouveau Namur au cœur du cinéma francophone, avec 12 places à gagner !

Le FIFF place à nouveau Namur au cœur du cinéma francophone, avec 12 places à gagner ! 1080 1080 Jean-Philippe Thiriart

Plus que quelques fois dormir avant que ne démarre la 39e édition du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).
Quant à notre concours FIFF, il démarre aujourd’hui ! (voir infos ci-dessous)

Du vendredi 27 septembre au vendredi 4 octobre prochains, le cœur de la capitale wallonne battra une nouvelle fois la chamade pour un cinéma issu des quatre coins de la Francophonie : de France et de Belgique, bien sûr, mais aussi du Québec, de Suisse, de Madagascar, de Tunisie ou encore du Rwanda, pour ne citer que quelques-uns des pays représentés cette année à Namur.

Que ce soit en salles, naturellement, pendant et après les projections de longs métrages ainsi que de films courts, mais aussi, notamment, dans les rues de Namur ou encore sous le chapiteau du FIFF, qui signe son grand retour cette année, Place d’Armes. Centre névralgique du Festival, nombreux seront les Festivaliers qui prendront plaisir à s’y retrouver avant ou après une séance, pour boire un verre, faire un pas de danse ou encore participer aux ateliers et aux rencontres qui y seront organisés huit jours durant.

Le FIFF s’ouvrira ainsi ce vendredi 27 septembre avec la projection du long métrage français En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol, précédée de celle du court métrage belge Musclé masqué dans: ferraille pagaille, réalisé, quant à lui, par le Belge Nicolas Gemoets.
Il se clôturera le vendredi 4 octobre avec la Cérémonie de remise des Bayard et autres Prix du Festival de Namur, suivie de la présentation du dernier film du cinéaste français François Ozon : Quand vient l’automne.

Pour tout savoir ou presque sur cette cuvée 2024 du Festival, n’hésitez pas à écouter, ci-dessous, un extrait du dernier numéro de l’émission « Les Cinéfilmes » de la radio Équinoxe !
Nicole Bourdon nous y a accueilli pour préfacer cette édition du Festival de Namur. L’occasion pour nous de tendre notre micro à Nicole Gillet, déléguée générale et directrice de la programmation du FIFF.

Notre préface de la 39e édition du FIFF chez Les Cinéfilmes
Crédit photo : FIFF Namur – Fabrice Mertens

C’était un plaisir de retrouver Nicole Bourdon après un premier passage dans son émission en mars dernier, en présence de sa coanimatrice Joséphine Nefontaine, cette fois-là, pour présenter le dernier long métrage réalisé par le Belge Xavier Seron, Chiennes de vies, et son cinéma.
Merci à Nicole pour son invitation et à Christophe Marchal, l’ingénieur du son d’Équinoxe !

CONCOURS EN CINÉMASCOPE AU 39e FIFF

Cette année, en partenariat avec le Festival de Namur, nous vous offrons 6 x 2 places pour la séance de votre choix !

Pour ce faire, rien de plus simple :
il vous suffit de nous envoyer, avant ce mercredi 25 septembre à 22h, un mail dans lequel vous mentionnez votre prénom et votre nom et ceux de votre invité(e), à l’adresse jean-philippe[arobase]encinemascope.be . Les gagnant(e)s seront tirés au sort et contacté(e)s le jour-même par retour de mail, leurs places leur étant envoyées via ce même canal.

Nous vous souhaitons un excellent voyage au cœur du cinéma francophone ! L’occasion de rencontrer, sur les écrans namurois du Caméo ou du Delta ou dans les rues de Namur, des invités tels que Michel Hazanavicius, Hélène Vincent, François Ozon, Guillaume Senez, Romain Duris, Laurent Lafitte, Benjamin Lavernhe, Vincent Cassel ou encore Diane Kruger.

Plus d’infos : fiff.be

Jean-Philippe Thiriart

ÀMA GLORIA : interview de la réalisatrice Marie Amachoukeli

ÀMA GLORIA : interview de la réalisatrice Marie Amachoukeli 2560 1350 Jean-Philippe Thiriart

Vrai film de cinéma bénéficiant d’une magnifique photo et d’un travail sur la lumière pour le moins abouti, àma GLORIA nous fait passer du rire aux larmes avec beaucoup de pudeur.
Marie Amachoukeli signe un film à hauteur d’enfant, avec des comédiens et des comédiens au jeu empreint de justesse, la jeune Louise Mauroy-Panzani en tête, qui livre une véritable performance d’actrice.

Crédits vidéo : Lionel Callewaert (captation) et Jean-Philippe Thiriart (journaliste et montage)

Nous avons rencontré la réalisatrice de ce film toujours présent dans nos salles lors de la dernière édition du Brussels International Film Festival (BRIFF). Un film qui a ouvert, cette année, la 62e Semaine de la Critique du Festival de Cannes.

Elle nous a parlé de son travail avec Inès Tabarin, sa directrice de la photographie. Ensuite, Marie Amachoukeli nous a expliqué comme elle était parvenue à tourner ce film à hauteur d’enfant, mettant notamment en avant sa collaboration avec Laure Roussel, la coach enfant du film. Nous lui avons, par après, demandé de définir sa direction d’acteurs et d’actrices. Elle a, alors, accepté de donner un grand conseil à l’attention de celles et ceux qui ont, elles et eux aussi, le souhait de raconter des histoires via le medium qu’elle a choisi : le cinéma. Enfin, nous sommes revenus ensemble sur la présence cette année à Cannes de àma GLORIA.

Louise Mauroy-Panzani livre une véritable performance d’actrice

Et pour connaître les horaires des séances en salles, c’est par ici !

Jean-Philippe Thiriart

Crédits vidéos :
Captation : Lionel Callewaert
Journaliste et montage : Jean-Philippe Thiriart

LE SYNDROME DES AMOURS PASSÉES, en salles, et UNE VIE DÉMENTE, en DVD ? DES CHOSES EN COMMUN !

LE SYNDROME DES AMOURS PASSÉES, en salles, et UNE VIE DÉMENTE, en DVD ? DES CHOSES EN COMMUN ! 1200 675 Jean-Philippe Thiriart

Le Syndrome des amours passées, le nouveau film du duo Ann Sirot-Raphaël Balboni – leur dixième, déjà, courts et longs métrages confondus -, entame aujourd’hui sa troisième semaine dans les salles belges. Avant une sortie française programmée le mercredi 25 octobre.

L’occasion pour nous de vous présenter leur dernier bébé, mais aussi de faire un focus sur leurs deux films précédents. Avec différentes interviews, aux Magritte du Cinéma et au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), autour de leur premier long métrage – Une vie démente – et du DVD du film. Et une rencontre dans le cadre de la diffusion au Festival International du Film de Bruxelles (BRIFF) de leur dernier court : Des Choses en commun.

Une vie démente

Le DVD

Crédit vidéo : Harald Duplouis (image et montage)

Distribué par Imagine, le DVD de Une vie démente comprend deux fort sympathiques bonus, à savoir les deux derniers courts métrages signés par Ann Sirot et Raphaël Balboni : Avec Thelma (Magritte 2018 du Meilleur court métrage de fiction) et Des Choses en commun (un des quatre courts métrages issus du premier volume de La Belge Collection)

Des interviews aux Magritte du Cinéma et…

Pas moins de sept statuettes pour Une vie démente lors des 11e Magritte du Cinéma !
Crédit vidéo : Gerardo Marra (image et montage)

… au FIFF !

C’est lors du 35e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) que nous avons rencontré l’équipe d’Une vie démente pour la première fois. Présenté en sélection officielle, le film avait ouvert le Festival.

Nous avions tendu notre micro à Ann Sirot et Raphaël Balboni, ainsi qu’à leur quatuor de comédiennes et de comédiens : Lucie Debay et Jean Le Peltier, et Jo Deseure et le regretté Gilles Remiche.

Et n’hésitez pas à découvrir notre critique d’Une vie démente !

Des Choses en commun

Crédit photo : BRIFF 2020 – Claire Zombas

Aux côtés du film Des Choses en commun, dans La Belge Collection – Volume 1, figurent trois autres courts métrages : Mieux que les rois et la gloire, de Guillaume Senez, Rien lâcher, de Laura Petrone et Guillaume Kerbusch, et Sprötch, de Xavier Seron.

Le Syndrome des amours passées

Le film est encore à l’affiche d’une dizaine de salles belges.

Pour vous donner envie de découvrir celui-ci au cinéma, nous vous proposons de partir à la rencontre du duo Ann Sirot-Raphaël Balboni, et à celle du couple que forment, à l’écran, la comédienne Lucie Debay et le comédien Lazare Gousseau.

Nous avons réalisé ces interviews avec Harald Duplouis pour Cinergie.

Crédit vidéo : Cinergie – Harald Duplouis (image et montage)

Jean-Philippe Thiriart

Rencontre avec Pierre Jolivet, réalisateur du film engagé LES ALGUES VERTES

Rencontre avec Pierre Jolivet, réalisateur du film engagé LES ALGUES VERTES 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

LE film engagé de cette semaine cinéma, réalisé par un cinéaste qui ne l’est pas moins ? Les Algues vertes, de Pierre Jolivet !
Ce dernier signe ici son – déjà – dix-huitième long métrage.
Un film coscénarisé avec Inès Léraud, l’autrice de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, qui a inspiré ce film de fiction. Publiée par la Revue dessinée – Delcourt, la BD est illustrée par Pierre Van Hove.

Cette réalisation a de nombreux atouts, notamment une belle mise en images signée par le Belge Olivier Boonjing et une interprétation très juste de Céline Sallette, Nina Meurisse ou encore Jonathan Lambert.

Nous avons récemment rencontré le metteur en scène lors de la sixième édition du Brussels International Film Festival (BRIFF), où le film était présenté dans le cadre de la sélection « Green Planet ».

Nous avons d’abord demandé à Pierre Jolivet pourquoi il avait choisi de réaliser un long métrage de fiction à partir de la BD originelle. Il nous a ensuite parlé du travail de coscénarisation du film avec Inès Léraud. Par après, il nous a dit quel directeur d’acteurs il est. Rayon acteurs toujours, il s’est arrêté sur son choix de Céline Sallette pour interpréter son Inès Léraud à l’écran. Enfin, il a évoqué la belle relation qui l’unit à son fils Adrien, acteur dans Les Algues vertes et auteur de la musique originale du film.


Bon visionnage !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Lionel Callewaert

Prix French Touch du Jury de la Semaine de la Critique à Cannes pour IL PLEUT DANS LA MAISON : retour en interviews sur le premier film de Paloma Sermon-Daï, PETIT SAMEDI

Prix French Touch du Jury de la Semaine de la Critique à Cannes pour IL PLEUT DANS LA MAISON : retour en interviews sur le premier film de Paloma Sermon-Daï, PETIT SAMEDI 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

La 76e édition du Festival de Cannes s’est clôturée avant-hier. Section indépendante importante de la grand-messe du cinéma consacrée à la découverte de jeunes talents de la création cinématographique, la Semaine de la Critique a notamment sacré cette année Il pleut dans la maison, premier long métrage de fiction de la Belge Paloma Sermon-Daï. Le jury de la Semaine lui a en effet décerné son Prix French Touch.

Nous n’avons pas encore pu découvrir Il pleut dans la maison mais c’est l’occasion pour nous de revenir sur le premier long métrage de la réalisatrice namuroise. Il s’agit cette fois d’un documentaire : Petit Samedi.
Nous avions interviewé Paloma à l’issue du 35e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF), où elle avait reçu le Bayard d’Or, récompense suprême du Festival de la capitale wallonne, mais aussi le Prix Agnès de l’imaginaire égalitaire, venu récompenser le regard original et novateur dont son œuvre témoigne. Le FIFF, où aura d’ailleurs sans doute lieu la première belge de Il pleut dans la maison.
Nous avions à nouveau tendu notre micro à la jeune réalisatrice l’année dernière, lors des 11e Magritte du Cinéma, où son Petit Samedi avait remporté le Magritte du Meilleur documentaire.

Paloma Sermon-Daï et Petit Samedi aux 11e Magritte du Cinéma…

Crédit vidéo : Gerardo Marra

… et au 35e FIFF !

Le FIFF consacre Petit Samedi !

À Namur, Petit Samedi avait donc d’abord remporté le Prix Agnès de l’imaginaire égalitaire. Membre du Jury Longs métrages, l’actrice française Daphné Patakia déclarait que ce dernier avait « trouvé un des deux personnages principaux du film très inspirants ». Avant d’ajouter que « nous manquons de ce genre de personnages au cinéma ».

Très contente, Paloma Sermon-Daï déclara : « Je remercie mes producteurs, qui m’ont fait confiance pour ce premier long métrage. Je pense évidemment à ma famille et à mes proches. Je pense très fort à ma maman et à mon frère, sans qui ce film n’existerait pas. Je les remercie énormément d’avoir partagé leur histoire. Je voudrais aussi remercier, symboliquement, l’équipe technique. Je pense notamment à Frédéric Noirhomme, Thomas Grimm-Landsberg, Fabrice Osinski, Lenka Fillnerova et Aline Gavroy. Je remercie le FIFF et je vous remercie tous ; merci beaucoup ! »

Le moment venu de décerner le Bayard d’Or, ce fut au tour du réalisateur français Samuel Benchetrit, président du Jury Longs métrages, de prendre la parole. Son jury a vu dans Petit Samedi « un film d’une pudeur incroyable, bouleversant, qui est à la fois très drôle et merveilleusement filmé ». Il précisa ensuite ceci : « C’est un prix que l’on remet à l’unanimité du jury. Et je pense que c’est une réalisatrice dont on va entendre parler très longtemps. »

Ravie, la réalisatrice andennaise répondit ceci : « Je ne m’y attendais vraiment pas. Je ne pensais pas devoir me relever. Merci beaucoup ! Je remercie encore une fois mes producteurs – Alice (Lemaire) et Sébastien (Andres) –, les coproducteurs, le WIP, Take Five, Dérives et tous nos partenaires. Je remercie encore une fois l’équipe technique. Je remercie tous les membres de ma famille, et, évidemment, Adriana, qui m’accompagne au quotidien, qui me soutient. Je pense énormément à ma mère et à mon frère. Et je pense évidemment à toutes les familles et à toutes les personnes qui vivent la même chose et qui n’ont pas de voix. J’espère très sincèrement que ce film leur permettra de se sentir écoutés. Et que notre parcours associatif permettra à ma famille, mais aussi à d’autres, de trouver une parole. Je vous remercie tous ! Je suis très touchée ! »

La réalisatrice de Petit Samedi, Bayard d’Or du 35e FIFF, entourée du jury qui l’a récompensée
Crédit photo : Nicolas Simoens


Notre interview de Paloma Sermon-Daï au Festival de Namur


En Cinémascope : Paloma, félicitations pour ces deux prix ! Le Bayard d’Or mais, aussi, le Prix Agnès. Le Bayard d’Or, c’est évidemment la récompense suprême, mais ce Prix Agnès, c’est quoi pour vous ?

Paloma Sermon-Daï : Je suis très contente, qu’on ait mis à l’honneur le rôle de ma mère. Je suis très contente d’avoir montré un cinéma un peu différent et d’avoir donné une parole, je l’espère, nouvelle, à une mère en difficulté, à une mère et à une famille en difficulté. Et, enfin, je suis très contente d’avoir ce prix dans notre région car je suis andennaise.

Comment présenteriez-vous votre film ?

C’est un film qui suit le quotidien de mon frère, qui se bat contre ses addictions, avec le parti pris de traiter de l’addiction avec le regard de la famille. Avec, au cœur, la relation mère-fils. J’ai essayé de parler d’amour.

Le jury a été unanime. Un long silence s’est installé après leur découverte de votre film. Leur discussion n’a pas été très longue quand ils ont dû choisir quel film sortait vraiment du lot : ce fût le vôtre !

Ça me fait évidemment très plaisir. Je suis très touchée. C’est un film qui fait qu’on est d’accord ou pas avec ce qui s’y dit. Mais quand on est d’accord, on est vraiment d’accord. C’est le retour qu’on a jusqu’à présent. Les gens nous disent être vraiment très touchés. Et ça nous fait plaisir !

Jean-Philippe Thiriart

Crédit vidéo : Gerardo Marra
Crédit photo : Nicolas Simoens

DUELLES et GIRL, ce soir en TV : interviews des équipes de film aux Magritte du Cinéma

DUELLES et GIRL, ce soir en TV : interviews des équipes de film aux Magritte du Cinéma 2560 1704 Jean-Philippe Thiriart

À cinq jours de la 12e Cérémonie des Magritte du Cinéma, la RTBF se met aux couleurs du cinéma belge. Pendant toute la semaine, La Une, Tipik et La Trois hisseront haut les couleurs de notre septième art !

Les Magritte du Cinéma seront cette année diffusés sur AUVIO et en direct sur La Trois le 4 mars prochain.

En fiction, le cinéma belge sera à mis l’honneur dès aujourd’hui, sur La Une, avec une Séance VIP double de qualité. Celle-ci démarrera avec le film Duelles d’Olivier Masset-Depasse. À l’affiche de ce film qui a remporté 9 Magritte en 2020, faisant de lui le plus primé depuis la création des Magritte du Cinéma : Anne Coesens et Veerle Baetens.

Programmé à 20h30, Duelles est un thriller au suspense angoissant, adapté du roman de Barbara Abel Derrière la haine.

Duelles sera suivi de Girl de Lukas Dhont, dont le dernier film, Close a été couronné du Grand Prix au dernier Festival de Cannes, ex-aequo avec Stars at Noon de Claire Denis. Close fait partie cette année des favoris des Magritte, avec dix nominations, et est en lice aux Oscars.
Victor Polster et Arieh Worthalter sont les deux comédiens principaux de Girl.

Film touchant et fort sur la quête d’identité d’une jeune fille enfermée dans un corps de garçon, Girl sera diffusé à 22h10.

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Rick Mc Pie
Crédit vidéos : Gerardo Marra

CHIEN, ce soir en TV et sur Auvio : interview de Vanessa Paradis et Samuel Benchetrit au FIFF

CHIEN, ce soir en TV et sur Auvio : interview de Vanessa Paradis et Samuel Benchetrit au FIFF 2560 1709 Jean-Philippe Thiriart

Au casting de Chien, l’avant-dernier film réalisé par le Français Samuel Benchetrit : le génial Vincent Macaigne, notre Bouli Lanners national et une certaine… Vanessa Paradis !

Cette comédie dramatique pour le moins décalée est diffusée ce jeudi 19 janvier à 20h35 sur La Trois, et sera disponible sur Auvio dès demain et jusqu’au 27 janvier.

Cette année-là – c’était en 2017 -, le Bayard du Meilleur comédien avait été attribué à Vincent Macaigne. En l’absence de l’acteur, son réalisateur avait déclaré : « Vincent a à la fois neuf ans et cent ans. Il est insaisissable. »
Un autre Bayard, celui du Meilleur scénario allait, lui-aussi, récompenser Chien puisqu’il alla à Samuel Benchetrit.
Enfin, le Bayard d’Or du Meilleur film était décerné – jamais deux sans trois – à Chien, vous l’aurez compris !

Au terme de la proclamation du palmarès du 32e Festival de Namur, nous avions eu le plaisir de nous entretenir avec l’actrice et chanteuse française Vanessa Paradis et avec Samuel Benchetrit, qui est aussi son compagnon à la ville. N’hésitez pas à découvrir cette interview ci-dessous !

Samuel Benchetrit devant l’œil rieur de Vanessa Paradis

Jean-Philippe Thiriart

Crédit photo : Sylvie Cujas pour En Cinémascope

SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur

SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur 1124 749 Jean-Philippe Thiriart

Si Jérôme Vandewattyne est réalisateur, c’est aussi le leader de VHS From Space, groupe de rock grunge psychédélique dont le nouvel album, Cigarette Burns, est sorti le 31 octobre dernier.

Cette année, Jérôme a bouclé le tournage de son nouveau bébé : The Belgian Wave. Le montage image est désormais terminé, pour une sortie du film prévue en 2023. À présent, ce sont au sound design, aux effets spéciaux et à l’étalonnage que s’attellent Jérôme et ses camarades.

Petit scoop : c’est Daniel Bruylandt, qui bosse entre autres régulièrement avec le duo Hélène Cattet – Bruno Forzani, qui travaillera sur le son de The Belgian Wave en postproduction.

Nous vous proposons aujourd’hui un retour sur Spit’n’Split, qui fête ses cinq ans. Au menu : critique du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), où le film avait fait salle comble.

Le film

Spit’n’Split   ★★★

Réalisé par Jérôme Vandewattyne
Avec Jérémy Alonzi, Alan Steffler, Jean-Jacques Thomsin, David D’inverno, Bouli Lanners, Rémy S. Legrand

Documenteur musical
1h26

Lauréat notamment du Prix du Meilleur Docu musical au Festival slovène de Grossmann, à mi-chemin entre documentaire et fiction, Spit’n’Split, qui sent bon la sueur et le rock’n’roll, a été pour nous un véritable coup de cœur ! Il s’agit du premier long métrage de Jérôme Vandewattyne, qu’on avait découvert au BIFFF en 2011 avec son faux trailer She’s a Slut!, et retrouvé un an plus tard dans le cadre des courts-métrages du Collectifff avec Slutterball.

Spit’n’Split se veut être une expérience. Jérôme est parti sur les bases d’un documentaire sur le groupe rock The Experimental Tropic Blues Band. On suit celui-ci en tournée, en répétition, bref, dans les différentes aventures que les membres sont amenés à vivre aux quatre coins de l’Europe avant de sombrer dans une folle fiction. Une aventure humaine qui dérive. Des gars qui jouent ensemble, s’aiment, s’énervent mutuellement, déconnent, s’amusent, affrontent la fatigue et les aléas de la vie de musiciens sur la route jusqu’à s’insupporter… Un ensemble d’éléments et d’expériences qui participent à l’authenticité d’un groupe de rock qui voue sa vie à sa passion. Une authenticité d’ailleurs parfaitement rendue dans le film puisque celui-ci est réalisé de prime abord comme un documentaire brut, spontané, naturel.

Le grain roots sale du film (à l’image de la musique du groupe d’ailleurs) choisi par le réalisateur permet un rendu pour le moins fidèle aux malaises vécus par les personnages à de nombreux moments du métrage. Émouvant et attachant, Spit’n’Split est une ode à la vie de groupe et à l’amitié, mais montre aussi le revers de la médaille et les galères que tout groupe de musique un tantinet sérieux a déjà sans doute vécu dans sa carrière. Ce docu-fiction va loin, dérange, pue parfois et emmène le spectateur dans une expérience dont il ne ressortira pas totalement indemne. Un film qui regorge d’idées et représente une bien belle claque à destination de tous les amoureux de musique et de cinéma.

Guillaume Triplet

Le combo Blu-ray – DVD

★★★

Le combo Blu-ray – DVD est disponible chez Zeno Pictures. Le Blu-ray reprend le film avec, à disposition, sous-titres français, anglais, espagnol et néerlandais.
Y figure aussi le métrage dans sa version commentée par le réalisateur et les quatre membres du groupe The Experimental Tropic Blues Band.

Parmi les bonus du Blu-ray (pas moins de 1h40 quand même !), quatre volets : Teasers, Clips vidéos, Scènes coupées et Vidéos additionnelles.
Les teasers reprennent une série de visuels conçus pour les médias sociaux, des gift’n’gifts – mise en avant déjantée du LP du groupe sorti dans le cadre de la réalisation du film – et le détournement de la préface de l’édition 2018 des Magritte du Cinéma faite par ce cher Hugues Dayez au journal télévisé de la RTBF.
Les clips vidéo en comptent trois : l’immanquable Baby Bamboo, Roots & Roses et Weird, en version karaoké.
Les scènes coupées sont nombreuses et permettront aux fans du film et de son ambiance atypique de s’en mettre encore plus devant la rétine : 24 en tout.
Les deux vidéos additionnelles, elles, comprennent un enregistrement en studio et le court Alein. Ce dernier met principalement en scène un des membres du groupe – Alan Steffler, qui d’autre ? – et est présentée comme « une série télévisée présentée par des groins de porcs ». Tout un programme !
La vidéo Studio nous invite, quant à elle, à passer une bonne dizaine de minutes avec le groupe au cœur du film, pendant lesquelles on les voit effectuer différents essais avec la décontraction qu’on leur connaît.

Le DVD comprend lui-aussi le film, à nouveau sous-titrable dans les quatre langues mentionnées ci-dessus et les commentaires audios posés sur le film.
Rayon bonus : Alein et Studio.

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

L’interview

En Cinémascope : Comment présenterais-tu Spit’n’Split et comment le vendrais-tu ?

Jérôme Vandewattyne : Comme une expérience, avant tout. Comme un film viscéral qui démarre de manière tout à fait classique et qui, petit à petit, bascule littéralement dans la psyché des personnages. Le seul mot d’ordre est le lâcher-prise. Il faut se laisser emmener par le film, qui regorge de faux-semblants. Ce voyage rock’n’roll embarque le spectateur dans des recoins sombres, underground, mais pour aborder des thèmes beaucoup plus universels.

Ton film met en scène le groupe liégeois The Experimental Tropic Blues Band. Pourquoi avoir porté ton choix sur ce groupe-là ?

À la base, je suis fan du groupe. Je les avais découverts à Dour et je trouvais incroyable l’énergie qu’ils transmettaient sur scène. J’avais l’impression de me reconnaître dans ce que je voyais. Je crois d’ailleurs que c’est la force du groupe : fédérer les gens. À la fin du concert, je m’étais promis que je travaillerais un jour avec eux, que je réaliserais un clip pour eux. Mais ça a été plus loin que ça. Grâce à Julien Henry de La Film Fabrique (NdA : D’habitude, Julien réalise leurs clips), j’ai pu travailler sur le show de leur quatrième album, The Belgians, où il avait besoin de monteurs. On a fait beaucoup de Vjing, ce qui consiste à diffuser des vidéos en live pendant que le groupe joue. On a vraiment eu une belle complicité. Ça m’a permis de travailler avec La Film Fabrique et de rencontrer Mathieu Giraud – le monteur du film avec Ayrton Heymans -, qui est arrivé un peu plus tard et dont je reparlerai.

À la suite de ça, j’avais juste envie de prolonger l’expérience, même si celle des Belgians avait déjà duré un an. Il y avait vraiment un esprit de famille qui s’était créé entre la production et les artistes. Du coup, Jérémy Alonzi / Dirty Coq, le guitariste des Tropics, m’a proposé de monter dans le van avec eux. Il m’a dit de prendre ma caméra, de les filmer, de m’amuser, de faire ce que je voulais car il avait vraiment foi en notre vision commune de la liberté artistique. J’avais carte blanche. À l’époque de The Belgians, je leur avais demandé si je pouvais utiliser certains de leurs morceaux pour un prochain film. Mais ils m’ont dit que ce serait compliqué car j’allais devoir payer cher la SABAM au niveau des droits d’auteur. Par contre, ils pourraient composer la musique de mon prochain film. On a donc vraiment eu de grosses discussions musicales et cinématographiques et je me suis dit que si Tropic composait la musique d’un de mes films, je n’avais pas envie que ce soit pour un projet court.

Trois membres du quatuor liégeois The Experimental Tropic Blues Band.

Je rêvais d’un film d’une plus grande ampleur. J’ai donc proposé de faire un long métrage, ce qui les a plutôt fait marrer au début car je n’avais qu’une petite caméra et aucun budget. C’est vrai que je n’avais qu’un petit Canon mais je me suis dit qu’entre ce qu’ils avaient à raconter, le feeling qu’on avait et la synergie qui s’était créée, on avait la possibilité de faire quelque chose de plus fort que simplement se concentrer sur la technique. C’est d’ailleurs aussi comme ça que le groupe compose sa musique. Les membres n’ont pas forcément la toute dernière gratte qui vaut une fortune, mais ils ont cette énergie qui, en live, provoque une sensation de transe. Je voulais vraiment qu’on essaie de capter ça et c’est dans cette même énergie qu’on est parti en tournée et qu’on a commencé à filmer. On a fait une jam.

J’ai pris beaucoup de notes, j’avais une grosse bible avec plein d’idées qu’on essayait et qui fonctionnaient plus ou moins en fonction de ce que nous vivions. Et, naturellement, le film s’est redirigé de lui-même. On avait toujours voulu procéder à ce basculement du documentaire vers la fiction et surprendre les gens, les chambouler. À la base, on voulait partir dans un délire d’horreur à la japonaise mais finalement, on s’est rendu compte que ce qui nous touchait vraiment, c’était justement l’horreur humaine, l’horreur sociale. On a donc laissé tomber toutes les idées gores et on s’est focalisé sur le malaise, sur les mécanismes de l’amitié et ses dérapages. C’est de là qu’est parti Spit’n’Split. Le groupe voulait composer la musique et moi je voulais réaliser un film sur eux, en extrapolant ce qu’ils étaient. On est dans un récit mythomane : il se nourrit du réel pour construire son mensonge.

C’est vrai que Spit’n’Split démarre comme le documentaire d’un réalisateur qui prendrait simplement sa caméra pour filmer un groupe en tournée sur toutes leurs dates et, ensuite, le film part complètement en vrille avec des éléments beaucoup plus fictionnels. Il y a aussi un genre de mélange avec les bandes de notre jeunesse que sont des documentaires comme Strip-Tease ou même des films comme C’est arrivé près de chez vous. Tu avais une volonté d’un mélange des styles entre le documentaire et le film social ?

J’ai l’impression que ça fait partie de nous. Je ne voulais pas faire un film belge pour dire d’en faire un. Dans beaucoup de productions actuelles, on pousse à l’extrême cette « belgitude », ce qui ne me parle pas du tout. Ça me fout même le frisson de la honte, tellement c’est maladroit et à côté de la plaque. Pourtant, en effet, la Belgique suinte dans les œuvres pionnières que tu as citées et pour lesquelles j’ai énormément de respect. Tout comme Calvaire ou Ex Drummer, qui tapent dans le mille et te fracassent le crâne. Je pense que c’est propre à notre culture. Ça ne sert à rien de forcer le trait pour jouer les rigolards : ça se sent à des kilomètres. Il y a cette espèce d’autodérision, une sorte de cocktail entre sarcasme, légèreté, drame et déprime. Et vu qu’on a peu de moyens, ça donne cette esthétique un peu cradasse.

En même temps, je suis certain que si on avait plus de pognon, on mettrait tout dans la reconstitution d’un bar miteux et de verres de Jupiler. En fait, c’est un cercle vicieux dans lequel on se complaît et que je trouve attachant. Pour revenir au film, j’ai essayé de digérer au maximum les références que j’avais, les films et émissions qui m’ont bercé quand j’étais gosse. Je regardais les Strip-Tease avec mes parents mais ça me foutait les boules. Rien que la musique… ça te fout le cafard. Je ne comprenais pas ce que je voyais mais c’était proche de moi. Il y avait ce côté doux-amer qui me plaisait et qui était fascinant, repoussant et magnétique. C’est nous. Tout ce qui est sorti de Spit’n’Split l’a été de lui-même parce que les personnages existent vraiment et s’amusent à brouiller les pistes.

Poupée de cire, poupée de (gros) son

Tu parlais de l’esthétique un peu crade de ton film avec une certaine authenticité. C’est quelque chose qu’on pouvait déjà retrouver dans ton faux trailer She’s A Slut en 2011 ou encore dans Slutterball, ton court-métrage de 2012. Est-ce qu’en termes d’esthétique, de photo ou de réalisation, il y a des réalisateurs qui t’influencent particulièrement ?

Oui. Bien avant She’s A Slut et Slutterball, je vouais un culte aux réalisateurs des « Midnight Movies », ces films inclassables des années 70. Ils ont cette esthétique poisseuse parce qu’ils n’ont pas été faits avec beaucoup d’argent, et dans une totale liberté. C’est une époque que je n’ai pas connue puisque c’était l’âge de la pellicule. Que je le veuille ou non, je suis un enfant du numérique mais l’image numérique ne me parle pas en tant que telle, même si j’y trouve beaucoup d’avantages lors d’un tournage et que c’est de cette manière que j’ai réalisé mes premiers petits films et que je me suis formé. Je suis beaucoup plus sensible à l’esthétique « sale ». Des films comme Massacre à la Tronçonneuse, Tetsuo ou Mad Max m’ont impressionné par leur grain, qui contribue à te remuer les tripes et influencer ton ressenti.

C’est ça que j’essaie de retrouver parce que pour moi, un film est avant tout un plaisir pour les sens et une sorte d’agression. J’ai besoin de ressentir la même émotion qu’en regardant une vieille photo, un peu de nostalgie d’une époque que je n’ai pas vécue mais qui pourtant m’embrase complètement. Je cherche à donner une odeur à l’image. Ça ne m’intéresse pas de faire un film aseptisé. Quand tu vois toutes ces « comédies », principalement françaises, où tu as une affiche avec la tronche de Clavier sur un fond blanc et le titre en rouge, ça ne me fait pas vibrer du tout. J’ai envie d’un truc avec une personnalité. J’ai besoin d’être emmené dans un cadre, dans une lumière, dans des couleurs, dans un univers où la personnalité du réalisateur transpire à chaque plan, à chaque coupe comme si sa vie en dépendait. C’est ce qui me plait dans le cinéma de Takashi Miike, par exemple.

Ouvrez l’œil, et le bon !

Tu veux un cinéma qui dépasse l’image et le son ? Un cinéma plus sensoriel ?

Voilà, tu as mis le mot. Même si « sensoriel », ça veut tout et rien dire en même temps. Un cinéma plus viscéral, organique. Si tu changes un élément de la matière, ça chamboule tout. Je ne cherche pas la complaisance. Je ne cherche pas l’originalité à tout prix parce qu’il y a beaucoup de choses qui ont déjà été faites, au même titre que beaucoup de choses doivent encore être explorées. En fait, c’est ça : je me vois plus comme un explorateur qui cherche à se surpasser plutôt qu’à se comparer. Chacun son chemin, comme on dit.

Pour reprendre sur l’esthétique un peu poisseuse, quelque chose m’a marqué bien avant d’avoir vu le film, c’est son affiche. Peux-tu nous parler de sa conception ?

J’avais cette image de gens nus dans la forêt en tête depuis un moment. Des sortes de clones avec des masques en latex qui rappelleraient les visages des Tropics. Et comme on parlait des influences auparavant, quelqu’un comme Jodorowsky m’a énormément influencé avec La Montagne Sacrée ou encore Santa Sangre. Ces images surréalistes m’ont marqué la rétine. Je voulais une affiche intrigante, avec une personnalité propre. L’image de l’affiche de Spit’n’Split est prise d’une séquence du film : j’ai fait une fixation sur le plan en question. J’ai ensuite travaillé avec Valérie Enderlé avec qui on a fait énormément de patchworks, ce qui me plaisait beaucoup. Et par la suite, j’ai discuté avec le graphiste des Tropics, Pascal Braconnier (Sauvage Sauvage). Il parlait d’aller vers quelque chose de plus épuré car il trouvait la photo déjà très forte comme ça. Il a commencé alors à travailler sur un format plus seventies, inspiré par des affiches comme celle de Taxi Driver. Et mélanger le moderne et l’ancien pour tomber dans quelque chose d’intemporel me fascine. Je me disais que si je voyais ce genre d’affiche dans la rue, avec des gens à poil dans la forêt munis de masques, j’aurais sans doute envie de le voir.
(NDLR : L’ambiance finale de Spit’n’Split est donnée par un plan qui semble avoir plus que fortement inspiré une séquence du film flamand De Patrick, sorti en 2019, soit deux ans après le film de Jérôme. Jugez, par vous-même, avec les visuels ci-dessous…)


Ça attise plus de curiosité encore…

Oui. Peut-être une curiosité morbide, voyeuriste ou juste intrigante. C’était facile mais ça nous a bien servis.

À la vue du film, une des choses qui marque aussi, c’est son montage. C’est parfois à la limite hallucinogène, ça part dans tous les sens et, surtout, il y a une quantité impressionnante de plans. Combien de temps as-tu mis pour faire ce film ?

Ça a pris trois ans entre le moment où le projet est né et la projection du film au BIFFF. En ce qui concerne le montage, je voulais en quelque sorte « droguer » le spectateur. Je voulais qu’il soit emmené dans un monde, le bousculer dans sa tête et le faire passer par des émotions très différentes. Le montage a donc énormément joué là-dessus, et je dois beaucoup aux monteurs, Mathieu Giraud et Ayrton Heymans. Au début du projet, j’ai commencé à monter le film tout seul mais j’étais toujours interrompu car je devais repartir en tournée avec les Tropics. À un moment, je n’avais même plus le temps de dérusher ce que je tournais. Julien Henry m’a alors suggéré de m’entourer d’un deuxième monteur. Sinon, le film aurait pris dix ans à se faire. On avait une très grande quantité de rushes. Je tourne énormément, surtout quand je suis au cœur d’un sujet qui me passionne autant. Conseil plus qu’avisé donc ; merci Juliano !

J’ai alors pris Mathieu, qui montait déjà des clips et des documentaires pour le groupe. Ce qui permettait d’aller droit à l’essentiel car il connaissait très bien la personnalité des musiciens. C’était là pour moi tout l’intérêt : qu’est-ce que Mathieu n’avait pas encore vu de Tropic ? J’avais envie de montrer un autre point de vue sur le groupe que ce qu’on avait déjà pu voir auparavant. Garbage Man et La Bite Électrique, c’est super mais on connaît. Tropic peut raconter d’autres choses : ce sont des artistes entiers aux talents d’acteurs cachés et plus encore. Après ça, un troisième monteur est venu se greffer à l’équipe, Ayrton, qui lui a plus travaillé sur tout ce qui était « fictionnel/surréaliste » (la scène de Rémy l’Homme aux Seins, celle avec les ados, l’opération du nez…). Il portait aussi un regard avisé sur ce que nous expérimentions avec Mathieu. Afin d’être structuré, Mathieu m’a proposé de synthétiser mes journées de tournage, ce qui était un boulot fastidieux mais nécessaire. On visionnait ensemble, je le bombardais d’infos puis il remontait de son côté et me proposait quelque chose. Il a vraiment un regard et un esprit de synthèse ; je lui fais une confiance aveugle. Au bout du compte, on s’est retrouvé avec un film de quatre heures, qu’on a recassé, reconstruit pour pénétrer la matière au plus loin. Le montage a vraiment été un jeu de ping-pong entre nous trois. C’est ce qui apporte la richesse du montage.

On parlait du côté vraiment à cheval entre documentaire et fiction de ton film. N’as-tu pas peur de certaines réactions de spectateurs par rapport à des scènes qui pourraient être interprétées comme étant choquantes et où, justement, le spectateur aurait du mal à se positionner entre réalité et fiction ?

(Temps de réflexion) Si, parce que c’est du rejet, mais c’est un risque que je veux prendre parce que j’ai vraiment foi en ce que nous racontons. En même temps, tu sais, je ne cherche pas le choc pour le choc. Je veux bousculer mais pas dégoûter pour dire de faire le film le plus dégueulasse. Je voulais que les scènes servent le propos. Et je pense que les scènes qui paraissent choquantes, comme l’opération chirurgicale, ont crédibilisé mon propos et brouillé les pistes. Ça permet aux gens de se questionner sur la distance par rapport aux images, avec une pointe d’impertinence. Est-ce qu’on me raconte vraiment la vérité ? Quelle est ma vérité ? Est-ce que ça a vraiment été aussi loin ? Comment le groupe peut-il se laisser filmer dans de telles situations ?

Et quand tu commences à te poser la question de la distance, ça permet de te demander si tu dois prendre pour argent comptant ce qui se passe devant toi. C’est pour ça aussi que je voulais aller de plus en plus loin dans le grotesque jusqu’à arriver sur Bouli Lanners, qui pointe une arme, pour se dire que là ok, on est complètement dans la fiction. Et à partir de là, que les gens se demandent « depuis quand se fout-il de notre gueule ? ». Puis, comme un tour de foire, les emmener encore plus loin et les balancer dans un film expérimental, au-delà de la fiction. C’est un trip. Si tu résistes, ça risque d’être pénible. Ce qui m’intéressait, c’était justement de jouer avec cette frontière floue, de bousculer le spectateur et titiller ses limites, que lui seul connaît.

Tu veux faire réfléchir le spectateur avec Spit’n’Split ?

Oui, d’une certaine manière, s’il peut réfléchir, ça me plaît. Le public qui accède à ce film, dans ce circuit je veux dire, n’est pas idiot et aime se poser des questions sur ce qu’il voit. Maintenant ce n’est pas un film intellectuel non plus. Je veux avant tout que ça reste un divertissement mais s’il peut y avoir une réflexion derrière, qui mène à un débat sur la distanciation de l’image dans les médias, ou même à une réflexion plus mystique, pourquoi pas. Ce qui m’intéresse, c’est de discuter avec les gens sur leur ressenti par rapport au film. Je n’ai juste pas envie qu’ils soient neutres en sortant de la salle. Là, ce serait l’échec. Le but, c’est de passer par toutes sortes d’émotions afin de se remettre en question et de sortir de la fameuse « zone de confort » dont on parle tout le temps.

Et pour enchaîner sur cette partie du débat, quelles ont été les réactions après la projection de ton film ? Les échos sont-ils positifs ou négatifs ? Y a-t-il eu des débats justement ?

Je trouve ça très positif dans l’ensemble car il y a eu beaucoup de réactions fortes. Mais je pense que Spit’n’Split est aussi un film qui doit se digérer. J’ai parlé avec pas mal de monde dans la demi-heure ou l’heure qui ont suivi la projection mais j’ai l’impression que c’est un film qui peut travailler encore quelques jours après. Des réflexions peuvent encore émerger par la suite. Après ça, oui, j’ai eu pas mal de réactions mais je ne m’attendais pas à bénéficier d’un accueil aussi positif en fait. Il semblerait que les gens aient aimé s’être fait avoir, ce qui est génial. Même après le film, les gens se demandaient ce qui était vrai ou faux. Ils avaient l’air assez perturbés par ça alors qu’à la base, avec le groupe et les monteurs, on s’était dit que les gens n’y croiraient jamais. La blague est tellement poussée à l’extrême qu’il était impossible pour nous que les spectateurs croient que c’était vrai. Mais comme ils ne connaissent pas forcément le groupe, certains l’ont pris très au sérieux. Trop peut-être.

Et les discussions après coup sont très passionnées, les gens sont très curieux. Finalement, j’ai l’impression que c’est comme un tour de magie. Il y a quelque chose de magique dans ce film et c’est comme si les gens demandaient au magicien de leur expliquer un tour. Et, au final, après avoir insisté pendant un temps, c’est comme s’ils étaient déçus que je leur explique les coulisses du tournage. Mais vu certaines réactions, il vaut mieux remettre l’église au milieu du village. C’est un film, les membres du groupe ne sont pas des tarés, ce ne sont pas des toxicomanes ou des gens violents et je ne suis pas sadique. Pour tout dire, ce sont de bons pères de famille et la relation entre les membres est tout à fait saine. C’est juste comme si tu filmais des frères qui ont l’habitude de se chamailler et de se rentrer dedans, mais qui s’entendent à merveille.

Tu parles vraiment de ton film avec passion. Est-ce qu’après avoir passé autant de temps sur le projet, tu arrives encore à être objectif par rapport à lui ? Est-ce que lorsque tu regardes ton film maintenant, tu te dis qu’au final, c’était vraiment le film que tu voulais enfanter ?

Objectif, clairement non parce que j’ai trop le nez dedans. Par contre, oui, c’est vraiment le film que je voulais faire, et plus encore, parce que j’alimentais ma « bible » d’idées en tournée, en gardant ce fil rouge qui était de faire un documentaire qui basculerait vers une fiction. Je voulais démarrer sur un genre et conditionner le spectateur pour qu’il se dise que la suite serait identique, pour au final le surprendre et aller vraiment à l’opposé. Et quand je dis que le film était encore plus que ce que je voulais, c’est parce qu’il s’est passé tellement de choses, que ce soit en tournée avec le groupe ou sur le tournage que je me régale en revoyant le film. Car les trois années de sa création ont été très riches en rencontres, en questionnements humains et spirituels. Je suis content d’avoir pu garder le cap mais c’est assez incroyable, ce qui nous est arrivé. C’était un vrai voyage. Je l’ai déjà dit mais je crois que ce film est magique parce qu’il y a eu un truc qui nous a dépassé. Le projet Spit’n’Split (le film et l’album) vit de lui-même et nous a emmenés d’un endroit à l’autre, à travers la Belgique et l’Europe. Il nous a permis de rencontrer énormément de gens. Je ne crois pas que je pourrais refaire ce film parce qu’il est tombé au bon moment, dans une période où le groupe recherchait quelque chose de différent et je me suis nourri des gens que j’ai rencontrés. On a vécu un grand nombre de choses, qui sont bien sûr moins horribles que ce qu’elles paraissent dans l’histoire, mais qui sont véritables, mémorables et qui ont vraiment marqué ma vie.

« C’est pas une tournée, c’est des vacances. C’est les vacances du rock » (Jerms)

Que répondrais-tu aux personnes qui seraient amenées à dire que ton film n’a rien à faire dans un festival comme le BIFFF ?

Je crois que le film était avant tout bien dans sa catégorie, une catégorie que le festival assume complètement et qui est La 7e Parallèle. Cette catégorie est celle des films « étranges ». Et je pense que Spit’n’Split a réellement une dimension étrange. Il y a une partie complètement onirique, distillée un peu partout dans le film. Il y a même un grand méchant qu’on adore détester. C’est très BIFFF tout ça. Et pour ce qui est des mauvaises langues, tu sais…

Crois-tu que les membres de The Experimental Tropic Blues Band montreraient le film à leurs parents ?

Sans doute. Je serais curieux d’avoir leur retour. Moi, en tout cas, je l’ai montré aux miens. Ils étaient là au BIFFF et ils étaient fiers. Ils ont vraiment compris la démarche artistique derrière ce film. On a utilisé des choses que les musiciens avaient en eux pour exorciser des frustrations qu’ils ressentaient mais ça reste une fiction. Et donc ils jouent un rôle, tous.

Tes parents sont donc fiers de leur gamin ?

Très fiers, apparemment, et même émus car ils ne s’attendaient pas à voir une salle aussi remplie et un tel engouement pour le film. Sous des dehors de cancres, on a beaucoup travaillé. Le spectacle d’école est donc bien approuvé, vivement le prochain !

Propos recueillis par Guillaume Triplet

Un dossier préparé par Jean-Philippe Thiriart

Avant-premières de DECISION TO LEAVE et rétrospective Park Chan-wook : interview du réalisateur et retour sur OLD BOY

Avant-premières de DECISION TO LEAVE et rétrospective Park Chan-wook : interview du réalisateur et retour sur OLD BOY 800 1200 Jean-Philippe Thiriart

Ce jeudi 4 août, à 19h, le cinéma Palace, à Bruxelles, présentera en avant-première le nouveau film du réalisateur coréen culte Park Chan-wook, un des maîtres du cinéma de genre. Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes cette année, Decision to Leave arrive 18 ans après Old Boy (2004) (voir critique ci-dessous), lui aussi récompensé à Cannes, où il remportait le Grand Prix et 13 ans après Thirst, ceci est mon sang, Prix du Jury en 2009. Notons également l’incursion dans le cinéma américain du metteur en scène coréen en 2013 avec Stoker, son premier film tourné en anglais, avec Nicole Kidman notamment.

Le samedi 6 août, c’est un autre cinéma bruxellois, le cinéma Aventure, qui célèbrera Park Chan-wook. Avec, là-aussi, la présentation, à 19h, de Decision to Leave en avant-première. Et une rétrospective consacrée à son cinéma avec la projection de trois autres de ses films ce mois-ci : Old Boy (le 9 août), Stoker (le 16) et Mademoiselle (The Handmaiden) (le 23).
Un « pass Park Chan-wook » comptant quatre places, donnant accès à chacune des séances à tarif réduit, Decision to Leave inclus, est disponible sur le site de l’Aventure.

Park Chan-wook nous avait accordé un agréable entretien lors de la 35e édition du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (le BIFFF, dont la 40e aura lieu au Palais 10 de Brussels Expo du 29 août au 10 septembre). C’était en 2017, peu après que le réalisateur coréen fut adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau à la grand-messe du cinéma fantastique bruxelloise.

Notez que nous organiserons bientôt, en partenariat avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, un concours vous permettant de remporter pas moins de 30 places pour trois des films coréens présents cette année au BIFFF.

Crédits vidéo : Simon Van Cauteren
Merci à Haetal Chung, du Centre Culturel Coréen de Bruxelles, qui a joué le rôle d’interprète de Park Chan-wook lors de l’interview !

Si Decision to Leave sera présenté en version originale sous-titrée bilingue, les films de la rétrospective seront, quant à eux, à (re)découvrir en version originale sous-titrée français.

Signalons enfin que la projection en avant-première de Decision to Leave au Palace est organisée en collaboration avec le Centre Culturel Coréen de Bruxelles et Cinéart, tandis que celle qui se tiendra à l’Aventure a lieu en collaboration avec la nouvelle revue belge de cinéma Surimpressions.


Old Boy

Réalisé par Park Chan-wook (2004)
Avec Choi Min-sik, Yoo Ji-tae, Gang Hye-jung

Drame, thriller
1h59

★★★★

Old Boy fait partie de la trilogie que Park Chan-wook a consacré à son thème le plus cher : la vengeance. Initiée en 2003, cette saga comprend, outre Old Boy, Sympathy for Mr. Vengeance, réalisé en 2003, et Lady Vengeance, commis en 2005.

Précisons d’emblée que si chacun des épisodes de la trilogie est rudement efficace, Old Boy est le meilleur des trois films. Le film avait d’ailleurs remporté le Grand Prix du Festival de Cannes 2004, dont le jury était présidé cette année-là par un certain Quentin Tarantino.

Choi Min-sik, percutant dans le magnifique Old Boy

Si Old Boy s’inscrit un rien dans la même lignée que Kill Bill 1, le film du réalisateur sud-coréen n’a rien à envier au travail de Tarantino, loin de là. Il méritait d’ailleurs à Cannes, cette année-là, tellement plus la Palme d’Or que le très bon Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. On ne réécrit pas l’histoire.

Old Boy fait partie de ces œuvres qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie. Jouissif au possible et d’une grande violence – nécessaire au scénario -, ce métrage n’est pas à mettre sous tous les yeux. Servi par un scénario en béton, clos par un final dantesque et porté par un acteur au sommet de son art en la personne de Choi Min-sik, qui avait déjà brillé dans le film Ivre de femmes et de peinture, le film mérite absolument les quatre étoiles que nous lui accordons.

Bienvenue en enfer !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Jérôme Vandewattyne, réalisateur de " Slutterball "

SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne

SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne 2560 1442 Jean-Philippe Thiriart

Slutterball, le deuxième court métrage pro de Jérôme Vandewattyne (également leader de VHS From Space, groupe de rock grunge psychédélique dont le nouvel album sortira bientôt), fête cette année ses dix ans. Réalisé un an après She’s a Slut (trailer-off, en 2011, du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, le BIFFF), il sera suivi, cinq ans plus tard, du premier long de Jérôme, le documenteur Spit’n’Split. Cinq autres années se sont écoulées depuis lors et Jérôme et son équipe viennent de boucler, voici trois jours, le tournage de leur nouveau bébé : le long métrage The Belgian Wave.

The Belgian Wave a bénéficié de l’aide à la production légère de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La phase de montage démarre ce 15 juillet, pour une finalisation du film en mars 2023. L’image a été mise en lumière par Jean-François Awad, avec lequel Jérôme a réalisé chacune de ses dernières publicités. Quant au scénario, il a été écrit par Jérôme Vandewattyne, Kamal Messaoudi et un autre Jérôme : Jérôme Di Egidio.

Une partie de la fine équipe de The Belgian Wave

Comme on n’a pas tous les jours dix ans, nous vous proposons aujourd’hui un retour sur Slutterball, avec une interview du réalisateur réalisée alors. Le film avait été tourné dans le cadre du premier CollectIFFF, collection de douze courts métrages réalisés par 19 jeunes cinéastes en hommage au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Notez que ce dernier fêtera lui aussi son anniversaire cette année. Et quel anniversaire : 40 ans ! Il se déroulera du 29 août au 10 septembre prochains au Palais 10 de Brussels Expo.

Nous reviendrons bientôt sur Spit’n’Split avec, au menu, l’interview du réalisateur effectuée peu avant la sortie du film, et les critiques du film et du DVD.

Jérôme, quelles sont tes influences, en général, et pour Slutterball en particulier ?

Slutterball et She’s a Slut sont un petit peu deux courts à prendre en un dans le sens où l’un est un peu la suite de l’autre. Au BIFFF, le public hurlait la phrase « she’s a slut » en voyant le premier court métrage, qui était une fausse bande annonce et qui n’avait pas vraiment de titre, et j’ai eu envie d’aller plus loin avec le deuxième en partant du principe qu’on était tous des « sluts » : les acteurs d’un jeu stupide mais aussi le public qui le regarde. Mes influences, ce sont les films Grindhouse des années 70 et les Midnight Movies (Pink Flamingos de John Waters, Eraserhead de David Lynch, etc.). L’influence première, évidemment, était surtout le film Rollerball. Le but était de reprendre l’idée des jeux remis dans un esprit futuriste avec des guerrières sur des patins, cette fois. Avec des personnages totalement loufoques et en gardant la totale liberté des films Grindhouse, avec une partie de freaks aussi. Je pense aussi à Faster, Pussycat! Kill! Kill! de Russ Meyer et aux films Troma de Lloyd Kaufman.

Est-ce que tu peux nous parler des conditions de tournage, assez rock’n’roll je crois…

C’était compliqué parce que ça a été réparti sur plusieurs mois. On a commencé à tourner en septembre et on a eu fini fin mars. La deadline approchait à grands pas et ça a généré un peu de stress. Dès le départ, j’ai su que je devais monter le film pendant que je le tournais.

Une bonne partie de l’équipe du haut en couleur Slutterball

Comme Gus Van Sant avec Last Days

Oui, tout à fait ! Ou même Lynch dans Inland Empire, bien que lui réécrivait l’histoire, ce qui est un peu différent. Si ça s’est réparti autant, c’est parce que je voulais que le niveau soit supérieur à She’s a Slut. Donc du coup, je voulais y mettre plus de moyens et de préparation mais le problème, c’est que, comme toute mon équipe est entièrement bénévole, je ne pouvais pas avoir les gens à ma disposition comme je le voulais, tout le temps : il fallait à chaque fois trouver un jour qui arrangeait tout le monde et comme on était minimum 15 personnes, ce n’était pas évident. Parfois, on était un peu plus – une trentaine -, surtout pour les scènes de roller.

Peux-tu nous parler des couleurs à présent ? L’étalonnage a été particulier dans le sens où tu as vraiment des couleurs flashy…

Dès l’écriture, je savais que je voulais que la scène où Rémy Legrand meurt, je voulais des peintures dans tous les sens. C’est pour ça que les couleurs jurent autant dans les maquillages et les costumes, par exemple. Au final, ça crée un univers un peu surréaliste en fait. Le but est qu’on ne sache pas trop bien où on est. Le ciel a été beaucoup retouché : il est souvent très bleu, très lumineux, un peu dans l’ambiance des Simpson. On a beaucoup joué avec les perruques : rouges, vertes, bleues. On a aussi joué avec des lentilles de couleur au niveau du maquillage. Finalement, ce qui est marrant, c’est qu’on se rend compte que le personnage qu’est Carlos, un pédophile, est peut-être bien le personnage le moins loufoque de cet univers-là. J’aimais donc bien cette contradiction pour qu’on se demande, au final, ce qu’on est en train de voir. J’aime aussi me dire que tout n’est qu’une mascarade et que ce pauvre gars n’est peut-être même pas pédophile mais qu’il se retrouve flagellé sur la place publique et que personne ne se pose de question.

Au moment de l’étalonnage, j’ai vraiment souhaité qu’on pousse les couleurs au maximum et j’ai eu à un moment une hésitation quant à savoir si j’allais remettre les griffures de pellicule, comme c’était le cas dans She’s a Slut, pour donner un effet Grindhouse, parce que je trouvais très beau de voir cette succession de couleurs flashy qui piquaient les yeux.

C’est notamment ton groupe, VHS From Space, qui est présent à la musique…

Tout à fait. L’idée était de créer des morceaux différents de ce qu’on joue sur scène, pour servir l’univers du film.

Les génériques du film sont très léchés. Quelle importance revêtissent-ils à tes yeux ?

J’accorde vraiment énormément d’importance aux génériques parce que c’est, à mes yeux, un art à part entière. Je trouve ça dommage de regarder un film où le générique n’est pas du tout travaillé. Un générique est comme une hypnose qui te donne directement le ton.

Le BIFFF, ça représente quoi à tes yeux, toi qui as grandi avec le Festival ?

C’est le lieu de tous les possibles. Un lieu de rencontre avec tous les professionnels aussi. Avec des fans du genre. C’est un peu la cour de récré des sales gosses. C’est un défouloir total et c’est pour ça que j’ai voulu rendre hommage à ce public complètement dingue avec Slutterball. Surtout les séances de minuit, qui sont des séances qui m’ont marqué. Je voulais faire du cinéma popcorn pour un peu titiller ce public averti.

Faire partie du CollectIFFF, c’était une évidence ?

J’avais déjà l’idée de Slutterball un peu après She’s a Slut. Je me suis dit que ce serait chouette de faire jouer des patineuses comme dans Rollerball. J’avais émis l’idée aux gars du CollectIFFF qui m’ont dit que Slutterball rentrerait complètement dans ce cadre-là. Ce qui est surtout intéressant dans le CollectIFFF, c’est que chaque réalisateur a une personnalité bien à lui. Tu m’as fait la réflexion que mon film était assez hard et c’était voulu. Je l’ai réalisé pour un public qui attendait des choses qui prennent aux tripes et qui veulent se prendre des images ou des idées fortes. Et au final, ça reste un film bon enfant avec un côté punk et libre.

She’s a Slut comptabilise plus de 4 000 vues…

C’est vrai ? C’est super, d’autant que ça démarrait d’un travail de fin d’études dans une école de communication, l’ISFSC. Et c’était un premier essai pour le grand écran. Les gens semblent avoir apprécié la petite blague. J’espère qu’ils aimeront Slutterball, qui est vraiment un cran au-dessus dans l’humour poisseux et la violence. On a fait ça avec tout notre cœur en tout cas.

Jean-Philippe Thiriart