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Le 43e BIFFF en près de 20 nouvelles critiques de films !

Le 43e BIFFF en près de 20 nouvelles critiques de films ! 2048 1152 Jean-Philippe Thiriart

« Y en a en a un peu plus… j’vous l’mets ? »

Non non, vous n’êtes pas à la boucherie, mais bien sur En Cinémascope !

C’est que nous vous proposons, aujourd’hui, de jeter un autre coup d’œil sur le 43e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), qui s’est clôturé dimanche au Palais 10 du Heysel. Cette fois à travers vingt nouvelles critiques de films découverts cette année à la grand-messe belge du cinéma de genre, une des plus importantes au monde.

Après notre article revenant sur le palmarès 2025 et proposant dix critiques de films primés, voici, donc, notre regard sur d’autres œuvres qui nous ont marqués, positivement… ou pas !

Ah oui, nous avons failli oublier : à vos agendas : la prochaine édition du BIFFF aura lieu du 14 au 26 avril 2026. Qu’on se le dise !

Control Room   ★
Luiso Berdejo (Espagne)

Ce film de science-fiction suit Olivia (Alexandra Masangkay, vue notamment dans La Plateforme et sa suite) et son collègue Arlo, en charge de la salle de contrôle d’une colonie humaine basée sur une planète lointaine. Lorsque l’endroit est assiégé par des extraterrestres sans pitié, ils vont devoir faire des choix cornéliens pour sauver ce qui peut l’être.
Ne tournons pas autour du pot : Control Room est une franche déception. N’ayant clairement pas les moyens de mettre en scène le monde dans lequel se déroule l’histoire, Berdejo se contente de filmer une pièce unique (à l’exception de quelques plans), la salle de contrôle du titre, et ce qui apparaît sur ses écrans. Les personnages secondaires sont constamment figurés par des petits points évoluant sur ces écrans. Ce qui peut s’avérer astucieux l’espace d’une ou deux scène(s) peut être perçu comme une arnaque quand cela se fait sur toute la durée d’un long métrage. Même les créatures belliqueuses, qui auraient pu constituer le point fort du film, sont décevantes, apparaissant comme des silhouettes transparentes. De surcroît, les influences (Aliens en tête) sont trop patentes. À notre humble avis, il eût été plus pertinent de développer ce concept scénaristique sous la forme d’un jeu vidéo.

Sandy Foulon

The Creeps   ★★
Marko Mäkilaakso (Finlande)

À défaut d’être un chef-d’œuvre, cette comédie horrifique décomplexée et sans prétention nous a apporté son bon lot de fun. Les personnages sont drôles et brisent régulièrement le quatrième mur.
Une allusion directe au festival est présente dans le film, ce qui n’a bien sûr pas manqué de faire réagir le public. Le réalisateur a incorporé celle-ci car il était conscient que c’est au BIFFF que The Creeps allait être présenté en avant-première mondiale.
Marko Mäkilaakso s’est fait plaisir et semble avoir placé dans son film ses références préférées. Voir Christophe Lambert apparaître et déclamer sa réplique, devenue culte, de Highlander – « Il ne peut en rester qu’un » – fut, avouons-le, assez jubilatoire.
Le film ne vole pas très haut, l’humour est souvent graveleux et il faut fréquemment mettre son cerveau sur OFF mais impossible de ne pas éprouver un certain attachement pour lui, tant le réalisateur est sincère dans ses intentions. La présence de Christophe Lambert lors de la projection du film a réellement enflammé le public. Un des plus beaux moments de ce 43e BIFFF !

Jules de Foestraets

Daniela Forever   ★★
Nacho Vigalondo (Espagne/États-Unis/Belgique/France/Finlande)

Nacho Vigalondo : un nom bien connu des Bifffeurs, qui avaient pu découvrir en leur temps son Timecrimes (BIFFF 2008) et Extraterrestre (BIFFF 2012). Cette fois, il s’aventure sur les terres du drame romantique avec un argument légèrement science-fictionnel. Dévasté par la mort soudaine de sa copine Daniela, Nick va accepter de suivre une thérapie à base de drogue expérimentale, qui permet de très facilement contrôler ses propres rêves. Le but est de l’aider à faire son deuil en se détachant progressivement de l’image de Daniela, mais lui va l’utiliser pour continuer à vivre avec elle dans ses rêves.
Cette combinaison de thématiques – deuil et rêves lucides – est très intéressante. Le script explore bien les différentes phases de contrôle des rêves, avec les limites de ceux-ci et les moyens de les repousser. Sur le plan formel, le réalisateur aide le spectateur à s’y retrouver en filmant la réalité en format vidéo carré, avec une photo assez moche (choix symbolique), tandis que les rêves de Nick sont filmés en format très large, avec une image plus travaillée où les couleurs ressortent très bien. Un film qui fait un peu penser à Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, mais il lui manque l’intensité émotionnelle de ce dernier.

S.F.

Dead by Dawn   ★★
Dawid Torrone (Pologne)

Une petite troupe, qui répète une pièce du légendaire Heissenhoff, se retrouve coincée dans un théâtre à la merci d’un tueur masqué. Ce pitch fait immanquablement penser à Bloody Bird de Michele Soavi. Et, de fait, Dead by Dawn apparaît comme une agréable variation de celui-ci. Bonne surprise nous venant de Pologne, pays peu familier de l’horreur, ce slasher soigné et respectueux des codes du genre fournit son lot de meurtres gores, avec un psychopathe au look marquant (le masque composé d’innombrables yeux) et des éclairages créant une ambiance cauchemardesque colorée.
Torrone y multiplie les hommages aux classiques de l’horreur dont il est fan, notamment à L’Exorciste, mais aussi, et surtout, au giallo comme, par exemple, le dispositif des aiguilles scotchées sous les paupières d’une actrice, qui renvoie directement à Terreur à l’opéra de Dario Argento. Outre ces notes giallesques, Dead by Dawn se singularise des autres slashers par une dimension d’occultisme amenant une fin monstrueuse, dans la veine de ce qu’avait fait le japonais Evil Dead Trap. Voilà donc une pure série B horrifique généreuse, faite à l’ancienne, telle qu’on aimerait en voir plus dans ce genre de manifestations.

S.F.

Dead Talents Society   ★★★
John Hsu (Taïwan)

Dans ce film au concept bien pensé, nous partons à la rencontre d’une société de fantômes qui ont pour objectif d’effrayer les vivants autant que faire se peut.
L’idée de départ est très bien exploitée, et le film est inventif et regorge de séquences assez drôles. Allant à du cent à l’heure, Dead Talents Society nous embarque dans un univers loufoque et déjanté.
Les personnages sont amusants et décalés, ce qui permet au spectateur de pénétrer facilement dans leur monde, avec un plaisir certain.
La durée du film, sans doute légèrement excessive, ne nuit pas à son rythme.
Les Américains ayant la parfois mauvaise habitude de faire des remakes de films étrangers, cela ne nous étonnerait pas qu’une version US de Dead Talents Society voit le jour, tant sa thématique est intéressante.

J.d.F.

Don’t Leave the Kids Alone (No dejes a los niños solos)   ★★
Emilio Portes (Mexique)

Venu présenter son Belzebuth au BIFFF en 2018, Emilio Portes signe aujourd’hui un thriller dans la mouvance de Maman, j’ai raté l’avion, en plus sombre, qui vire au film d’horreur dans son dernier acte. Sa baby-sitter s’étant décommandée à la dernière minute, Catalina est acculée à laisser ses deux fils seuls dans leur nouvelle demeure le temps d’une soirée. Les turbulents frères ne vont pas arrêter de se chamailler, leur dispute prenant au fil des heures des proportions alarmantes. Un chien agressif et affamé, abandonné aux abords de la villa, va mettre son grain de sel et, last but not least, quelqu’un ou quelque chose qui est lié au passé de la maison semble exercer son influence maléfique. Ça fait beaucoup pour deux garnements ! Le film prend trop de temps avant de se lancer vraiment et les incessantes querelles des enfants peuvent crisper par moments, mais la radicalité de la fin compense ce qui précède.

S.F.

Fury (La Furia)   ★★★
Gemma Blasco (Espagne)

Vu le point de départ du script (une jeune femme qui se fait violer lors d’une fête), le choix du titre et le fait qu’il ait été sélectionné au BIFFF, on aurait pu s’attendre à un rape and revenge, mais Gemma Blasco évite la case « film d’exploitation » pour privilégier le pur drame réaliste. On comprend sa démarche quand on sait qu’il s’agit d’un projet qu’elle porte depuis longtemps, inspiré de son vécu.
Tout sonne juste dans Fury, notamment le jeu de l’actrice principale, Ángela Cervantes, qui connaît la réalisatrice de longue date et s’est beaucoup investie dans son rôle. Les réactions du personnage principal, Alexandra, sont difficilement compréhensibles pour quelqu’un d’extérieur : elle ne prévient pas la police et n’en parle même pas à son entourage. Seul son frère sera, plus tard, partiellement mis dans la confidence. Cette négation de l’événement traumatisant et ce mutisme sont bien développés. La différence entre la réaction de la victime et celle de son frère quand il apprend la vérité permet à la réalisatrice d’opposer deux sensibilités différentes. L’investissement d’Alexandra dans le rôle de Médée, pour la pièce de théâtre du même nom, apporte une nouvelle phase psychologique au personnage et une dimension symbolique forte au film. Il y aurait encore beaucoup à dire sur Fury mais nous conclurons en précisant que, s’il s’agit d’un bon film, nous l’aurions davantage vu figurer à la programmation d’un festival généraliste qu’au BIFFF.

S.F.

Get Away   ★★
Steffen Haars (Royaume-Uni)

L’année passée, le Néerlandais Steffen Haars était venu présenter le film Krazy House (voir notre critique), qu’il avait coréalisé avec Flip Van der Kuil et qui mettait en scène Nick Frost. Cette année, le duo réalisateur/acteur est de retour, avec cette fois Haars seul aux commandes et Frost qui, non seulement, joue dedans, mais a aussi écrit le scénario. Un nouveau rôle de père de famille, forcément taillé sur mesure pour ce dernier, qui emmène les siens en vacances sur une petite île suédoise, alors que les quelques habitants de celle-ci s’apprêtent à célébrer la Karantän, tradition locale vieille de 200 ans où il est question de colons, de meurtres et de cannibalisme.
Cette comédie horrifique inverse avec jubilation une donnée essentielle du sous-genre folk horror. Hostilité vis-à-vis des étrangers, esprit revanchard, perversions : les personnages possèdent tous leurs gros défauts. Une vraie galerie de détraqués ! Avec son humour qui désamorce quelque peu le côté inquiétant des personnages, son scénario simple et efficace et ses généreux jets de sang, Get Away s’avère fun, mais sans jamais se hisser au niveau des films qui ont fait connaître Nick Frost (Shaun of the Dead, Hot Fuzz…), ce qui pourra décevoir ses fans.

S.F.

Handsome Guys (Haen-seom-ga-i-jeu)   ★★
Dong-hyup Nam (Corée du Sud)

Deux péquenots, gentils mais au physique peu avenant, se rendent dans une maison délabrée, située au milieu des bois, dans le but de l’acheter. Quelques étudiants en vacances juste à côté vont les prendre pour de dangereux criminels, tout comme les deux agents de police qui patrouillent dans les environs. Accidentellement, le sang va commencer à couler, ce qui va réveiller une force maléfique tapie dans la cave de la vieille maison.
Si ce pitch vous semble familier, c’est normal : Handsome Guys est le remake coréen de Tucker & Dale fightent le mal de l’Américain Eli Craig. Modèle de comédie horrifique, il repose sur une série de quiproquos et de détournements de situations clichés du genre. La mécanique est bien huilée et l’on rit de bon cœur. De plus, cette version a la bonne idée d’insister sur le message selon lequel « il ne faut pas se fier aux apparences ». Mix de survival redneck à la mode coréenne et d’Evil Dead, ce film pèche juste par quelques effets spéciaux perfectibles.
Handsome Guys est un film parfait pour le BIFFF et son ambiance unique.

S.F.

Hidden Face   ★★
Dae-woo Kim (Corée du Sud)

Alors que le chef d’orchestre Seong-jin est sur le point de se marier avec sa violoncelliste Soo-yeon, cette dernière disparaît en laissant derrière elle une vidéo d’adieu. Sans aucune nouvelle de la jeune femme, l’orchestre la remplace par Mi-joo, dans les bras de laquelle Seong-jin va trouver du réconfort…
Officiellement, Hidden Face est l’un des nombreux remakes d’Inside (Andrés Bais, 2011), mais son dispositif rappelle des films encore plus anciens : le grec The Wild Pussycat (1969) et son remake italien Emmanuelle et Françoise (1975). Plus généralement, il nous ramène à la vague des thrillers érotiques des années 80 et 90 (Liaison fatale, Body of Influence, Sliver, Harcèlement, etc.). Au fonds, pourquoi pas, c’est vrai que ça manquait un peu !
Personnages duplices, plan machiavélique, passion torride… : les constantes du sous-genre sont bien représentées. Les scènes érotiques, joliment filmées, font leur petit effet et ne sont pas gratuites, ce dont on s’apercevra plus tard. Les potentialités de la maison dans laquelle le couple emménage, lieu-clé de l’histoire, sont correctement exploitées. Pour un thriller coréen, ça manque d’un soupçon de viscéralité, mais Hidden Face ne nous en fait pas moins passer un moment agréable.

S.F.

It Feeds   ★★★
Chad Archibald (Canada)

It Feeds, du réalisateur, producteur et scénariste canadien Chad Archibald (Vicious Fun, qui faisait partie de la sélection du BIFFF 2021 et y avait remporté le Prix du Public, compte parmi les films qu’il a produits), coche toutes les cases du bon film d’horreur mainstream contemporain : des jumpscares, des scènes cauchemardesques, une atmosphère effrayante, une créature flippante…
Thérapeute d’un genre bien particulier, Cynthia, assistée par sa fille Jordan, a le don de se projeter dans les recoins sombres de l’esprit de ses patients afin de les aider à guérir de leurs traumatismes. Un jour, une fille à laquelle est accrochée une entité démoniaque débarque chez elle à l’improviste, réclamant son aide.
Rythmé de sorte qu’il ne perd jamais l’attention du spectateur, It Feeds est efficace, mais sans pour autant se montrer novateur. Ainsi, les endroits psychiques torturés que visite Cynthia (qui donnent lieu aux meilleures scènes du film) peuvent être vus comme des variantes du « Lointain » de la franchise Insidious. De quoi, en définitive, satisfaire les fans du genre.

S.F.

Locked   ★★
David Yarovesky (États-Unis)

Film qui se laisse regarder mais qui ne casse pas trois pattes à un canard et qui manque clairement de nouveauté, Locked raconte l’histoire d’un voleur qui se retrouve piégé dans la voiture d’un psychopathe, lequel va le forcer à participer à un jeu vicieux. Ultra classique et donnant une forte impression de déjà vu, ce film n’est jamais ennuyeux. Nous aurions cependant préféré être davantage surpris.
Tout est cousu de fil blanc et donne l’impression que le film a été écrit avec une intelligence artificielle, tant cela manque de personnalité.
Anthony Hopkins s’amuse, en revanche, comme un fou dans le rôle du bad guy. Quel plaisir de voir cet acteur, à l’âge de 87 ans, prendre toujours autant son pied à interpréter ce type de personnages ! Quant au jeune Bill Skarsgård, il mérite d’apparaître dans des œuvres plus ambitieuses que celle-ci. Si la découverte de Locked ne nous a pas fait passer un mauvais moment en soi, nous aurons néanmoins tôt fait d’oublier le film.

J.d.F.

The Old Woman with the Knife (Pa-gwa)   ★★★
Kyu-dong Min (Corée du Sud)

Ce thriller est une adaptation d’un roman à succès sud-coréen. Il est mis en scène par Kyu-dong Min, qui avait fait ses débuts à la fin des années 90 avec Memento Mori, le deuxième opus de la série de films Whispering Corridors, coréalisé avec Tae-yong Kim.
The Old Woman with the Knife raconte l’histoire d’une dame âgée, assassin depuis des décennies pour une société secrète dont le but est d’éliminer les pires raclures de la société. Un jour, son employeur recrute un jeune homme surdoué qui veut absolument travailler avec elle. Que lui veut-il exactement ?
Il faut tout d’abord souligner la belle prestation de Hye-yeong Lee, actrice active depuis les années 80 et donc pour ainsi dire aussi expérimentée dans le cinéma que son personnage l’est dans l’art de tuer. Et puis c’est sympa d’avoir un film qui propose un tel rôle à une femme d’âge mûr. Ensuite, le mélange d’action et d’émotion fonctionne bien. Enfin, sur le plan technique, la réalisation est d’un bon niveau. Encore un bon cru made in Korea !

S.F.

Parvulos   ★★
Isaac Ezban (Mexique)

Isaac Ezban est un des chouchous du BIFFF : c’est bien simple, tous ses films y sont passés, que l’on se souvienne par exemple de The Incident, projeté en 2015 ou encore de L’œil du mal (Mal de Ojo) (voir notre critique), programmé voici deux ans. Cette année, il nous a concocté un film d’horreur postapocalyptique dans lequel trois jeunes frères tentent de survivre dans leur maison sise au milieu des bois suite à une pandémie qui a détruit la civilisation et à un vaccin expérimental qui a rendu les infectés dangereux. Les garçons gardent enfermé dans leur cave ce qui semble être un monstre affamé, le nourrissant de viande de chiens et de rats. Outre les dangers déjà cités, des groupes de fanatiques religieux parcourant le pays constituent également une sérieuse menace.
Parvulos se focalise surtout sur la débrouillardise des jeunes pour survivre, sur les dilemmes moraux inévitables dans ce genre de situations et sur le sens de la famille. Il contient des scènes intenses, parfois dégoûtantes, qui ne conviendront pas à tout le monde. Les fans d’horreur à la The Walking Dead s’y retrouveront parfaitement. On regrettera juste, pour notre part, un choix d’image désaturée, terne, qui ne fait pas parfaitement honneur à la beauté des paysages naturels où se déroule l’action.

S.F.

Sew Torn   ★★
Freddy Macdonald (Suisse/États-Unis)

Version longue d’un court métrage homonyme de 2019, Sew Torn montre les différents scénarios possibles découlant des choix de Barbara, jeune couturière prodige qui se retrouve face à deux criminels blessés sur le bord de la route se disputant une mallette remplie de gros billets.
Mélange de thriller et de comédie noire sous patronage des frères Coen, ce film se montre particulièrement inventif quand il s’agit de mettre en scène tout ce dont est capable l’héroïne avec une simple aiguille et du fil à coudre. Une véritable petite MacGyver de la couture ! Dans ce rôle, Eve Connolly, vue notamment dans Muse de Jaume Balagueró et dans la série Vikings, apporte une combinaison de fraîcheur, de charme, de fragilité apparente et de force insoupçonnée. Le personnage du patriarche mafieux qui va donner du fil à retordre à Barbara est tenu, lui, par John Lynch, acteur britannique à la belle carrière : il a, par exemple joué dans Hardware, dans Les Guetteurs et apparaît régulièrement dans les films de Christopher Smith, tels Black Death et Detour.
Les superbes lieux de tournage suisses offrent, quant à eux, une plus-value visuelle certaine. Espérons que dans la suite de sa carrière, le jeune Freddy Macdonald conserve l’ingéniosité dont il fait preuve avec ce premier long métrage.

S.F.

Touch Me   ★
Addison Heimann (États-Unis)

Joey et son ami gay Craig acceptent avec enthousiasme l’invitation de Brian à venir vivre dans sa très luxueuse villa. La particularité de ce Brian ? Il affirme être un extraterrestre souhaitant sauver notre monde avec leur aide. Son toucher permet d’évacuer tout stress, tandis qu’avoir des relations sexuelles avec lui, et ses multiples tentacules, procure un plaisir totalement inédit. Ce qui peut bien vite s’avérer très addictif…
Touch Me contient quelques éléments intéressants, comme la volonté de rendre hommage au genre japonais du Hentai, et l’exécution des scènes où Brian se manifeste sous sa vraie apparence, à base d’effets spéciaux pratiques réjouissants (assurément l’attrait principal de cette production). À travers cette histoire farfelue, Heimann entend parler du phénomène problématique de l’addiction, de la manipulation et du rapport à la vérité mais son propos est désamorcé par un ton humoristique malvenu, avec trop de scènes tout simplement ridicules. On aurait préféré une approche plus sérieuse et onirique (un potentiel entrevu dans quelques plans érotiques).

S.F.

Tummy Monster   ★★★
Ciaran Lyons (Royaume-Uni)

Très étrange petit film, Tummy Monster est un huis clos maîtrisé qui ne manque pas d’originalité. Le réalisateur nous donne à voir la descente aux enfers d’un homme. Ce film qui se déroule dans une même unité de lieu a été réalisé avec deux bouts de ficelle et tourné en cinq jours, de quoi forcer le respect.
Très travaillée, la photo du film est de grande qualité. Quant aux acteurs, ils font du bon boulot. Quelques longueurs sont, certes, à déplorer et Tummy Monster est parfois lourd, agaçant même, mais il s’agit là, selon nous, d’une des volontés du réalisateur, qui souhaite nous faire ressentir ce que le personnage principal traverse. Rien d’étonnant, dès lors, que le spectateur finisse, par moments, par décrocher. Au bout du compte, la découverte de cet exercice de style s’est avérée pour le moins intéressante.

J.d.F.

Vampire Zombies… From Space!   ★★★★
Michael Stasko (États-Unis)

Magnifique surprise dont le titre pouvait laisser présager un navet, ce film était, au contraire, une des pépites de ce 43e BIFFF.
À la fois parodie des films d’horreur et de science-fiction des années 50 et hommage à ceux-ci, Vampire Zombies… From Space nous plonge avec brio dans l’ambiance de l’époque.
L’humour distillé dans ce film complètement absurde fonctionne à merveille. Délire total, ce métrage rend hommage à Plan 9 From Outer Space, de Ed Wood, considéré comme l’un des plus grands nanars du cinéma. Le film reproduit très bien les effets spéciaux catastrophiques, avec des soucoupes volantes tenues par des fils.
Les références, plus drôles les unes que les autres, s’enchaînent à toute vitesse. Ce que l’équipe du film est parvenue à faire avec un si petit budget relève du génie. Enfin, signalons que cette vraie œuvre de passionnés possède une photographie étonnamment soignée bénéficiant d’un très beau noir et blanc.

J.d.F.

Zero   ★★★
Jean-Luc Herbulot (Sénégal, USA)

Dakar, deux hommes se réveillent, une bombe accrochée au corps. Ils vont devoir suivre les instructions d’un maître-chanteur, qui menace de les faire exploser s’ils ne réalisent pas les missions qu’il leur donne.
Le thème est classique, certes, mais il est aussi très bien traité. Ne souffrant de quasiment aucun temps mort, Zero nous met en présence de personnages très bien écrits.
C’est alors parti pour une heure et demie de course contre la montre, qui visse le spectateur à son siège du début à la fin. Nul besoin d’en faire plus pour captiver pleinement le spectateur.
Ajoutons que Zero renferme un vrai message politique.
Willem Dafoe prête magistralement sa voix à l’antagoniste. Il en impose, avec son timbre et sa façon de s’exprimer reconnaissables entre mille. Un vrai plaisir que de le retrouver dans ce type de projets !

J.d.F.

Jean-Philippe Thiriart, Sandy Foulon et Jules de Foestraets

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Photo de couverture : Dead Talents Society

L’équipe BIFFF 2025 de En Cinémascope au grand complet !
Crédit photo : En Cinémascope – Sandy Foulon

Le 43e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films primés

Le 43e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et critiques de films primés 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Le 43e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) s’est clôturé ce dimanche 20 avril au Palais 10 du Heysel, accueillant plus de 45 000 spectateurs.

Le palmarès de cette édition est pour le moins robuste, en témoignent, notamment, nos critiques de films primés. Il vient souligner combien le cinéma de genre fait preuve d’inventivité et n’a de cesse de se renouveler.

Pour reprendre les mots de Christophe Gans, président, cette année, du Jury International, « le cinéma, c’est la vie » Jean-Luc Godard disait, lui, que « c’est la vérité 24 fois par seconde » Nous sommes bien d’accord avec eux !

Le palmarès

Longs métrages

Compétition internationale

Golden Raven (Corbeau d’Or) : Twilight of the Warriors: Walled In de Soi Cheang

Silver Ravens (Corbeaux d’Argent) : The Ugly Stepsister d’Emilie Blichfeldt, et Honey Bunch de Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli

Mention spéciale : The Surfer de Lorcan Finnegan

Compétition européenne

Méliès : The Home de Mattias J. Skoglund
Mention spéciale : Un Monde merveilleux de Giulio Callegari

Compétition Black Raven (Corbeau Noir – Compétition Thrillers)

Black Raven : The Rule of Jenny Pen de James Ashcroft
Mention spéciale : Tabula Rasa de Juanfer Andrés et Esteban Roel

Compétition Emerging Raven (Corbeau Émergeant – Compétition Premiers et deuxièmes films)

Emerging Raven : A Girl with Closed Eyes de Sunyoung Chun
Mention spéciale : The Wailing de Pedro Martín-Calero

Compétition White Raven (Corbeau Blanc – Compétition présentant des films qualifiables de « singuliers »)

White Raven : Dead Lover de Grace Glowicki
Mention spéciale : Sister Midnight de Karan Kandhari

Prix de la Critique

Hallow Road de Babak Anvari

Prix du Public

The Ugly Stepsister d’Emilie Blichfeldt

Courts métrages européens

Méliès d’Argent : The Musical Spider

Courts métrages belges

Grand Prix et Prix BeTV : Corps étranger de Cécile Delberghe et Mathieu Mortelmans
Prix La Trois : La Mue de Elodie Lebrun
Prix du Jury jeunesse et Prix Cinergie : De Leider Komt de Michiel Geluykens et Manuel Janssens
Mention spéciale du Jury jeunesse : Autokar de Sylwia Szkiladz

Le Prix Cinergie a été décerné à De Leider Komt de Michiel Geluykens (à droite sur la photo) et Manuel Janssens (au centre), film qui a également été récompensé du Prix du Jury jeunesse
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Nos critiques de films primés

A Girl with Closed Eyes (Nun-eul gam-eun ai)   ★★★
Sun-young Chun (Corée du Sud)

Écrit, réalisé et produit par la Coréenne Sun-young Chun, dont c’est le premier long métrage, A Girl with Closed Eyes est un thriller policier qui explore finement tout le potentiel dramatique de son script. C’est là une de ses grandes forces.
Arrêtée, arme aux poings, sur les lieux mêmes du meurtre d’un auteur à succès, Min-joo affirme à la police qu’elle ne parlera qu’à une certaine inspectrice de Séoul, qui la connaîtrait. Avouant l’homicide, elle déclare que le romancier, qui a retracé dans son dernier livre l’histoire de l’enlèvement dont elle a été victime dans sa jeunesse, était son kidnappeur de l’époque. Allant d’impasses en rebondissements, l’enquête réservera quelques surprises…
Le niveau des actrices et acteurs est excellent et la réalisation est solide également. Seuls certains éléments du script peuvent être discutés quant à leur crédibilité. Vu la qualité globale, on peut affirmer que la sortie de ce film signe l’émergence d’un nouveau talent coréen.

Sandy Foulon

City of Darkness (Twilight of the Warriors: Walled In)   ★★★★
Soi Cheang (Hong Kong)

Soi Cheang, qui avait signé l’un des principaux coups de cœur de En Cinémascope lors de la 40e édition du BIFFF avec Limbo, film ayant reçu une Mention spéciale du Jury Black Raven (voir notre critique), était de retour dans la sélection du BIFFF de cette année avec Twilight of the Warriors: Walled In, retitré City of Darkness en France.
Avec ce film d’action suivant le jeune Chan Lok-kwun, immigré clandestin cherchant à amasser de l’argent afin d’acheter les papiers nécessaires pour se mettre en règle auprès des autorités de Hong Kong, et se réfugiant dans la citadelle de Kowloon alors qu’il est pris en chasse par des triades, le réalisateur hongkongais confirme une nouvelle fois sa maestria. Ce qui le distingue du tout-venant du genre ? Une dimension humaine forte, un soin fou apporté à ses décors absolument extraordinaires (son amour pour l’histoire de cette « citadelle » est palpable, voir pour s’en convaincre les scènes de la vie quotidienne ajoutées lors du générique de fin) et, bien sûr, une grande maîtrise des scènes de combats. Un film d’action à la fois ébouriffant et touchant.

S.F.

Hallow Road   ★★
Babak Anvari (Royaume-Uni / Irlande / République tchèque)

Le réalisateur de Under the Shadow est de retour avec ce thriller intelligent porté par Rosamund Pike (Meurs un autre jour, Le Dernier Pub avant la fin du monde, Gone Girl) et Matthew Rhys (La Tranchée, Crazy Bear). Ces derniers y forment un couple qui reçoit, en pleine nuit, un appel téléphonique de leur fille désespérée. Celle-ci vient de renverser une personne ayant surgi juste devant elle sur une route déserte qui traverse un bois. Catastrophés, les parents prennent la voiture pour se rendre sur les lieux de l’accident afin d’aider leur enfant. Commence alors une course contre la montre.
Tout le film joue sur l’urgence de la situation et sur le hors-champ : à l’exception de quelques scènes, la caméra ne quittera pas la voiture dans laquelle se trouve le couple. On ne prendra connaissance de tout ce que vit la fille que par conversations téléphoniques, astuce de mise en scène diabolique, l’imagination du spectateur étant rudement mise à contribution. Surtout quand quelques répliques étranges amènent le film aux frontières du fantastique. Quelques indices sont jetés en pâture mais l’ambiguïté persistera jusqu’à la fin. Plusieurs interprétations des faits sont possibles. Un thriller efficace et stimulant.

S.F.

Hallow Road   ★★★★
Babak Anvari (Royaume-Uni / Irlande / République tchèque)

Thriller incroyablement nerveux et d’une efficacité redoutable, qui se déroule presqu’exclusivement dans une voiture, Hallow Road constitue l’un de nos gros coups de cœur du Festival.
On y suit l’échange téléphonique entre deux parents et leur fille après un évènement tragique. Sans rien dévoiler, signalons que l’ambiance de l’œuvre est oppressante et, la tension, extrêmement forte, et gérée à la perfection, scotchant le spectateur à son siège.
Nous restons dans le même environnement pendant tout le film et, avec un procédé fort simple et très peu de moyens, le réalisateur parvient, avec brio, à nous tenir en haleine en nous prenant aux tripes.
Rosamund Pike est sensationnelle, livrant une performance d’une intensité inouïe. Une très belle réussite et l’un des plus grands films de cette édition que ce Hallow Road !

Jules de Foestraets

The Home (Hemmet)   ★★
Mattias Johansson Skoglund (Suède/Islande/Estonie)

Joel est de retour dans sa petite ville natale pour placer sa vieille maman dans une maison de retraite suite à l’AVC qu’elle a subi et dont elle n’est pas sortie tout à fait indemne. Au fur et à mesure, il semble de plus en plus évident que la dame âgée est possédée par une force maléfique.
Skoglund déroule son film d’épouvante sur un rythme posé, avec une tonalité de drame dépressif. Tant le personnage de la mère que celui du fils ont leurs traumatismes et leurs démons intérieurs (mari/père abusif décédé, inclination pour la boisson…).
The Home joue sur la peur du vieillissement et son lot de détériorations physiques et mentales. Essentiellement psychologique, il se laisse tout de même aller à un ou deux jumpscares bien sentis. Face à une durée de films qui a fort tendance à s’allonger ces dernières années, celui-ci a le mérite de ne pas en faire trop avec son heure et demie qui convient bien au genre. Une production nordique intéressante et inquiétante, par les thématiques qu’elle brasse notamment.

S.F.

Honey Bunch   ★★
Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli (Canada)

Le duo qui avait réalisé Violation, sélectionné à l’édition du BIFFF online (2021), est de retour avec ce Honey Bunch concourant dans la compétition internationale. L’actrice principale, Grace Glowicki, est également réalisatrice et actrice de Dead Lover, film projeté lui aussi cette année au BIFFF.
Après un accident de voiture qui l’a laissée amnésique, Diana est emmenée par son mari dans une clinique privée qui propose des thérapies révolutionnaires. Au fur et à mesure, leur couple va être mis à rude épreuve.
Mélange de romance et de thriller sur fonds d’expérimentations médicales, ce film brille par son esthétique, notamment la superbe photo d’Adam Crosby, qui sublime les décors naturels qui entourent la clinique, et par l’interprétation impressionnante de Grace Glowicki. La nature exacte de la thérapie suivie, qu’on ne révélera pas car elle fait partie des surprises que réserve le scénario, ouvre des perspectives passionnantes et l’on gage qu’elle pourrait intéresser David Cronenberg. À la fois beau, touchant et perturbant, Honey Bunch est une œuvre atmosphérique et psychologique qui mérite d’être découverte. Signalons, néanmoins, qu’elle ne s’adresse pas aux inconditionnels de l’action débridée.

S.F.

Les Maudites (El Llanto)   ★★★
Pedro Martín-Calero (Espagne/Argentine/France)

Présenté sous son titre international The Wailing, Les Maudites témoigne une fois encore du savoir-faire de l’Espagne en matière de cinéma fantastique. Coscénarisé par Isabel Peña (scénariste qui travaille régulièrement avec Rodrigo Sorogoyen – voir El Reino, The Beasts…), il s’agit du premier film de Pedro Martín-Calero, un réalisateur à tenir à l’œil.
Dans les années 2020, à Madrid, Andrea se rend compte qu’une silhouette masculine, qu’elle ne voit pas en vrai, apparaît systématiquement en arrière-plan des vidéos qu’elle fait d’elle-même. Fin des années 90, en Argentine, l’étudiante en cinéma Camila, qui filme à son insu Marie, une jeune femme d’origine française qui l’obsède, observe qu’une silhouette masculine est visible sur tous les plans où figure Marie… Trois portraits de jeunes femmes (Andrea, Camila et Marie), trois actrices (Ester Expósito, Malena Villa et Mathilde Ollivier) bien choisies, tant pour leur jeu que pour leur physique.
Le réalisateur insiste sur les aspects dramatiques et humains de cette histoire surnaturelle, avec quelques touches d’épouvante. De bonne facture, Les Maudites laisse une agréable impression générale, avec juste un petit goût de « pas assez », dû notamment à une fin un peu abrupte.

S.F.

Sister Midnight   ★★
Karan Kandhari (Inde)

Découverte intéressante que ce film indien, bien qu’il s’agisse d’une œuvre qui ne se voit qu’une seule fois, son visionnage étant assez éprouvant. Nous immergeant dans le quotidien froid et déprimant d’une jeune mariée, le film dénonce la condition de la femme en Inde, nous mettant en présence d’un personnage féminin malheureux, obligée de vivre avec un mari qu’elle n’aime pas.
Sister Midnight comporte, volontairement selon nous, de vraies longueurs, afin que le spectateur ressente au mieux l’ennui que vit cette femme au quotidien. Cela rend parfois le film difficile à suivre. Signalons aussi que la touche fantastique met un certain temps à arriver.
L’actrice principale est excellente et porte véritablement le film sur ses épaules.
Lent dans l’ensemble, le film possède, paradoxalement, une série de passages très dynamiques parfois délirants, qui contrastent avec l’atmosphère globalement morne de l’œuvre.

J.d.F.

The Surfer   ★★
Lorcan Finnegan (Australie/Irlande/États-Unis)

Ce nouveau film du réalisateur de Vivarium et de The Nocebo Effect est un thriller dramatique mettant en vedette Nicolas Cage. Ce dernier y campe un père se rendant sur la plage australienne qui a marqué sa jeunesse afin de la faire découvrir à son fils adolescent et de surfer avec lui. Il veut également en profiter pour lui annoncer une bonne nouvelle : il est en tractations avec sa banque et un agent immobilier pour acheter la maison qu’il a connue à l’époque et qui donne sur la mer. Mais rien ne va se passer comme prévu : un groupe de locaux va leur interdire l’accès à la plage, menaçant et humiliant ce père qui ne va pas vouloir lâcher l’affaire…
Avec ce film, la volonté de Finnegan est de proposer un équivalent moderne des films dits d’Ozploitation des années 70 et 80, en particulier dans le sillage de Réveil dans la terreur (Ted Kotcheff, 1971). Il y parvient plutôt bien, avec un Nicolas Cage en forme et une réalisation insistant sur les effets du cagnard australien (allant jusqu’à des effets psychédéliques) et sur la déchéance totale du personnage principal. Du petit-lait pour les fans de Cage !

S.F.

The Ugly Stepsister (Den stygge stesøsteren)   ★★
Emilie Blichfeldt (Danemark/Norvège/Pologne/Roumanie/Suède)

Pour ses débuts dans la cour des longs métrages, Emilie Blichfeldt a choisi une revisite trash du conte de Cendrillon vu par l’une des deux demi-sœurs de la belle. Voulant absolument attirer l’attention du Prince du Royaume lors du bal qu’il donnera, Elvira va utiliser des moyens extrêmes pour devenir plus belle. Un mariage avec l’homme le plus en vue du pays permettrait en effet de résoudre tous les gros problèmes financiers de la famille, et la jeune fille est d’autant plus motivée qu’elle est amoureuse des poèmes écrits par le Prince. Mais la concurrence est rude, surtout que la sublime Agnès, rebaptisée Cendrillon une fois tombée en disgrâce, est aussi sur le coup.
Le point de vue adopté pour raconter cette histoire est intéressant. Il permet d’avoir un autre regard sur le personnage de Cendrillon et, surtout, offre l’opportunité de tenir un discours sur le culte de la beauté physique envers et contre tout, thématique très actuelle (pensons par exemple à la banalisation de la chirurgie esthétique). Visuellement soigné, le film étonne, en outre, par ses quelques plans crus concernant les actes sexuels, tandis que les scènes gores font « mal » (pieds coupés au hachoir, par exemple). On est donc loin de la vision disneyenne du conte !

S.F.

Jean-Philippe Thiriart, Sandy Foulon et Jules de Foestraets

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Photo de couverture : Twilight of the Warriors: Walled In

Adoubé Chevalier de l’Ordre du Corbeau lors de ce 43e BIFFF, le réalisateur britannique Danny Boyle y a donné une masterclass passionnante
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Fantastique : le BIFFF, c’est reparti !

Fantastique : le BIFFF, c’est reparti ! 1810 2560 Jean-Philippe Thiriart

À partir de ce mardi 8 avril et jusqu’au dimanche 20 de ce mois, arrêtez tout ce que vous faites car le « Brussels International Fantastic Film Festival » (BIFFF), événement incroyable, est de retour au Palais 10 du Heysel. Cet événement iconique de la ville de Bruxelles, qui ravit les amateurs de cinéma fantastique depuis maintenant 42 ans revient avec un nouveau programme d’anthologie ! Malheureusement, ce festival est en danger : s’il manque de financements, il pourrait ne pas revenir l’année prochaine…

L’ambiance qui règne au BIFFF est chaleureuse et complètement unique ! Découvrir un film là-bas est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Le public réagit lors des séances, les gens rigolent, crient parfois. On y vit des moments merveilleusement humains. Des films de genres très différents et des quatre coins du monde y sont mis à l’honneur. De l’horreur à la comédie noire, en passant par des films d’action survitaminés, il y en a pour tous les goûts !

Le BIFFF, c’est aussi un lieu de rencontres extraordinaires. Des passionnés de cinéma fantastique s’y retrouvent chaque année et on y croise aussi de nombreux acteurs du métier. Le Festival accueille ainsi chaque année plusieurs invités de marque. Cette fois, le réalisateur Danny Boyle, à qui l’on doit des œuvres cultes comme Trainspotting, 28 jours plus tard ou encore Slumdog Millionnaire, sera présent au Festival. Il sera fait Chevalier de l’Ordre du Corbeau, au même titre que le réalisateur français Christophe Gans et un autre Français : le comédien Christophe Lambert.

Les événements

Au BIFFF, on ne voit pas seulement des films : c’est aussi la chance de pouvoir assister à de magnifiques événements ! Arrêtons-nous sur trois d’entre eux…

Le 9e Art Contest

Du 10 au 13 avril, se déroulera le 9e Art Contest. Il s’agit d’une compétition qui invite les candidats à exploiter pleinement leur potentiel créatif. L’objectif est de réaliser, en cinq heures, une toile sur le thème de l’art fantastique. Les œuvres sont ensuite exposées pendant le reste du Festival.

Le Bal des Vampires

Le 19 avril, à partir de 22h, jusqu’au lendemain matin, six heures, le mythique Bal des Vampires redébarque au BIFFF ! Cela fera 40 ans que cette grande soirée costumée du Festival endiable Bifffeurs et Bifffeuses. Si on y retrouve des costumes plus dingues et somptueux les uns que les autres, c’est aussi l’occasion de danser toute la nuit aux côtés de créatures tout droit sorties droit de films d’horreur !


La Nuit Fantastique

Rayon films, le 12 avril, se déroulera l’emblématique Nuit Fantastique. Au programme : une nuit complète de folie, en compagnie d’un public enflammé prêt à découvrir quatre courts métrages et autant de longs, choisis spécialement par les organisateurs pour rendre ce moment inoubliable. Au bout de ce marathon filmique, un petit-déjeuner salutaire compris dans le prix de cette Nuit Fantastique.

Mais ce n’est pas tout : nombreuses sont les autres activités qui auront lieu lors du Festival !

Le BIFFF en danger !

Ce merveilleux événement, tellement important pour le cinéma et notre patrimoine pourrait malheureusement ne pas revenir l’année prochaine. Sans garantie de financements, notamment au niveau des subsides régionaux, il est possible qu’il n’y ait pas de 44e édition en 2026 ou, pire, que le Festival disparaisse purement et simplement. Il est donc impératif d’apporter tout notre soutien au BIFFF et à ses organisateurs tant ce serait une perte énorme si cet événement venait à s’arrêter. En rejoignant la Guilde de l’Ordre du Corbeau, par exemple, ce qui consiste en un soutien financier au Festival en l’échange de chouettes contreparties. Et ce à partir de 20 euros. À vous de voir, alors, si vous vous situez du côté lumineux de la force ou de son côté… obscur !

La programmation 2025

Quelques lignes, à présent, sur différents films qui seront diffusés au Festival cette année et qui méritent, selon nous, une mise en avant.

Planète B

Ce film de science-fiction français, mettant en scène les comédiennes de renom Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub, raconte l’histoire d’une France dominée par un gouvernement autoritaire qui enferme les insoumis dans des prisons virtuelles.
10 avril – 21h30


The Surfer

Le nouveau film de ce bon vieux Nicolas Cage, réalisé par l’Irlandais Lorcan Finnegan. Ici, notre Nico préféré joue un surfer qui casse la figure à des gangsters sur une plage australienne. Tout un programme !
11 avril – 19h


Screamboat

Devenu libre de droit, Winnie l’ourson est apparu dans plusieurs films d’horreur. À présent, c’est au tour de la toute première version dark de Mickey Mouse de se retrouver en tête d’affiche d’un film d’épouvante fauché. On y retrouvera David Howard Thornton, qui jouera la souris tueuse, lui qui avait déjà interprété le clown Art dans la saga Terrifier. C’est évident, ce sera tout sauf du Shakespeare. Mais découvrir une farce pareille avec le public en délire du BIFFF promet d’être une expérience incroyable !
12 avril – Nuit Fantastique


Hallow Road

Un thriller nerveux et intense, mettant en vedette l’actrice Rosamund Pike. On y suivra des parents qui vont devoir gérer une situation dramatique et tragique après que leur fille a provoqué un grave accident de voiture.
16 avril – 19h

Atoman

Le premier film de super-héros marocain ! Un projet original qui voit la création d’un super-héros marocain ancré dans la mythologie locale. L’acteur Samy Naceri, révélé au grand public via la franchise culte Taxi, fait partie du casting.
19 avril – 15h


Get Away

On retrouve Nick Frost, l’acteur fétiche du réalisateur Edgard Wright et éternel comparse du comédien Simon Pegg, dans cette comédie horrifique britannique. Il y joue un père de famille devant affronter un tueur en série qui rôde sur l’île où lui et ses proches ont élu domicile pour les vacances. Cela promet d’être un spectacle fun et jouissif, idéal à découvrir en compagnie des Bifffeurs et des Bifffeuses !
19 avril – 19h

Plus d’infos sur le site du Festival.

Excellent BIFFF à toutes et à tous !

Jules de Foestraets et Jean-Philippe Thiriart

Le 18e Offscreen Film Festival démarre ce soir au Nova !

Le 18e Offscreen Film Festival démarre ce soir au Nova ! 350 494 Jean-Philippe Thiriart

Outre le Cinéma Nova, où cette 18e édition d’Offscreen s’ouvrira aujourd’hui sur le coup de 19h, le Festival investira, jusqu’au 30 mars, trois autres lieux bruxellois : le Cinémas RITCS, le Cinéma Aventure et CINEMATEK.

Des décentralisations auront également lieu à Namur, à Mons et en Flandre. Plus tard, Liège prendra le relais, du 1er au 11 avril, avec la 11e édition d’Offscreen Liège.

Au programme cette année, notamment :
– un focus majeur sur la Folk Horror britannique et irlandaise,
– « Weird Greece », mise à l’honneur du cinéma d’exploitation grec avec la projection de films introduits par le spécialiste Jacques Spohr, créateur de L’Insatiable,
– un hommage au dessinateur, scénariste et réalisateur de films d’animation belge Picha, avec la programmation notamment de Tarzoon, la honte de la jungle, Le chaînon manquant et Le big bang,
– la projection du légendaire huitième épisode de la troisième saison de Twin Peaks, en hommage au regretté David Lynch, épisode coréalisé avec Mark Frost, et
– une bourse aux films d’occasion d’Offscreen.

Le huitième épisode de la troisième saison de Twin Peaks sera projeté

Cette 18e édition de l’Offscreen Film Festival sera à nouveau l’occasion pour les festivaliers de découvrir bon nombre de films en rétrospectives ou en avant-premières, des avant-premières qui seront au nombre de… 18. Forcément !

Alors… join the cult !

Plus d’infos sur le site du Festival.

Jean-Philippe Thiriart, avec la participation de Sandy Foulon

Festival Cinéma Interdit : retour sur la première édition bruxelloise

Festival Cinéma Interdit : retour sur la première édition bruxelloise 2560 1449 Jean-Philippe Thiriart

Pour fêter dignement Halloween, En Cinémascope revêt ses oripeaux automnaux et sort de sa malle aux trésors non pas ses fausses toiles d’araignées et ses citrouilles évidées, mais carrément son compte-rendu du Festival Cinéma Interdit, gardé bien au chaud pour l’occasion. Cet événement culturel apparu récemment se révèle être le nouveau rendez-vous des amateurs de frissons d’horreur, de jaillissements inopinés d’hémoglobine et de sensations fortes. Or, quoi de mieux que de se (re)plonger dans l’Horreur la veille de Toussaint ?

Tout jeune festival organisé par le youtubeur et vidéaste Azz L’épouvantail, Cinéma Interdit a connu deux éditions à Paris, du 12 au 14 mai 2023 puis du 31 mai au 2 juin 2024, avant d’atterrir en Belgique – patrie de son créateur -, plus précisément à Bruxelles, au cinéma Aventure. Cette première édition bruxelloise s’est déroulée du 6 au 8 septembre dernier, attirant un public de passionnés avides de nouvelles découvertes.

Le but avoué de ce festival est d’y faire rayonner le cinéma d’horreur indépendant à tendance plus ou moins extrême qui a du mal à avoir de la visibilité. Le Japon était mis à l’honneur, avec pas moins de sept films qui en étaient originaires, sur les dix longs métrages que comptait la sélection, et trois invités venant tout droit de ce pays : le réalisateur Katsumi Sasaki, l’actrice Aya Takami et l’éditeur, distributeur, journaliste spécialisé et organisateur du Festival Gore Fest Hiroshi Egi.

Retour, par ordre alphabétique, sur chacun des dix films qui y étaient programmés.

Bakemono   ★
Doug Roos (Japon)

Bakemono est une production japonaise réalisée par un Américain vivant depuis des années au Pays du Soleil Levant. Le sujet du film étant l’influence négative de la ville de Tokyo sur ses habitants, traitée de manière horrifique, le regard que porte Roos sur cette cité est intéressant, car il s’agit du regard d’un étranger, mais connaissant bien ce dont il parle. Le film adopte une structure complètement éclatée. Il montre une multitude de personnes séjournant à des moments différents dans un petit appartement ne payant pas de mine loué via Airbnb. Le montage nous faisant passer sans cesse de l’un à l’autre. Malgré cela, quelques scènes sont trop tirées en longueur (notamment celle dans la minuscule salle de bain). Par ailleurs, vu le montage et le grand nombre de personnages, on a du mal à s’attacher à ceux-ci. Les effets gores, très nombreux et le monstre qui apparaît à tous les personnages comptent parmi les éléments positifs de ce petit budget. Intéressant dans son idée, mais perfectible dans son exécution.

Beaten to Death   ★★★
Sam Curtain (Australie)

Un petit couple prenant une mauvaise décision dans l’espoir de changer de vie, la campagne profonde australienne et des gens du terroir peu amènes : on connaît la chanson. Mais ici, le personnage principal s’en prend plein la gueule dès le tout début, pas d’introduction amenant le sujet en douceur, et ça n’arrêtera pour ainsi dire jamais. Le pourquoi du comment sera expliqué par flash-back. On souffre pour le héros, même si on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’avait qu’à ne pas suivre un plan aussi foireux. Violent, le film nous fait aussi profiter des beaux paysages naturels de la région (il a été tourné en Tasmanie, pour être précis). L’acteur principal a dû fort s’investir dans son rôle (par exemple, sans même parler des maquillages sanguinolents qu’il porte tout du long, il a de nombreuses scènes où il ne voyait rien, ayant les yeux bandés). Un film hargneux, sans pitié, qui fait mal par où ça passe, et on aime ça ! Un des meilleurs films de la sélection.

Dick Dynamite: 1944   ★
Robbie Davidson (Royaume-Uni)

En 1944, les nazis décident d’envoyer sur New-York une grosse bombe contenant une substance transformant les gens en zombies. Dick Dynamite, grand dur à cuire tueur de nazis, est envoyé en mission afin de contrecarrer ce plan des Allemands, avec à ses côtés un petit commando composé de personnages hauts en couleur. Dick Dynamite: 1944 peut être décrit comme une sorte d’Inglorious Basterds version série Z. Robbie Davidson s’autorise tous les délires : on y croise des ninjas nazis, des cyborgs, un tireur d’élite zombie, etc. Le personnage principal renvoie aux héros musculeux des années 80, façon Arnold Schwarzenegger et le film adopte l’esprit bourrin qui en découle. N’ayons pas peur des mots : c’est con, mais relativement fun pour peu qu’on adhère au délire. Comme il est bourré d’action et bien rythmé, on n’a pas l’occasion de s’ennuyer. Par contre, la vulgarité systématique des dialogues devient vite lourde. On pourrait croire que ce micro-budget est une production américaine, mais non, étonnamment, c’est britannique. Un film dans l’esprit « grindhouse » à rapprocher des Iron Sky (mais en plus fauché) et autres Mad Heidi.

Eight Eyes   ★★
Austin Jennings (États-Unis / Serbie)

Ouvrant le Festival Cinéma Interdit le vendredi 6 septembre à 19 heures, Eight Eyes a fait fort bonne impression auprès du public. Cette coproduction américano-serbe (produite par l’éditeur Vinegar Syndrome et tournée en Serbie) est le premier film d’Austin Jennings. Il part d’un postulat proche de Hostel : un jeune couple passe sa lune de miel en ex-Yougoslavie quand il croise le chemin d’un gars du coin, qui leur propose un petit plan alternatif pour leur voyage… Dans cette partie, le suspense tient dans la question de savoir quand précisément l’homme s’en prendra au couple. On s’attend à tout moment à les voir se réveiller dans une cave glauque, enchaînés, prêts à se faire salement torturer. Ce ne sera pas très éloigné de ça, mais Jennings et son coscénariste ajoutent une dimension supplémentaire au scénario, qui lui fait aller dans une direction moins convenue. Un aspect mystique et psychédélique qui donne à Eight Eyes son originalité et qui expliquera ce titre un peu mystérieux.

Holy Mother   ★
Yoshihiro Nishimura (Japon)

Avant-dernier film en date de Yoshihiro Nishimura, grand nom du splatter délirant made in Japan, Holy Mother raconte comment une transsexuelle venue du futur et dotée de super pouvoirs vient au secours d’un gang de « gentils » yakuzas sino-japonais victimes d’un gang de vilains racistes. Quand Nishimura fait du cinéma « progressiste », cela donne un gros délire gore typique de son auteur. La formule ne change pas d’un iota. Femme aux quatre membres coupés servant de moyen de locomotion pour s’élever dans les airs grâce à la force des geysers de sang pulsant de ses moignons orientés vers le bas, créatures dont le haut est une femme et dont le bas est une grosse mâchoire à la dentition impressionnante (rappelant une mutation similaire vue dans Tokyo Gore Police), femme-nuage… L’excès de gore, de délire et d’humour pas fin est bien là. Malheureusement, ce film se situe en dessous de ce qu’a réalisé précédemment Nishimura. La formule commence à être usée, il recycle trop ce qu’il a déjà fait avant et cela apparaît plus bâclé, plus cheap. Donc moins impactant, mais totalement dans l’esprit de feu le label Sushi Typhoon.

Mukuro Trilogy   ★★★
Katsumi Sasaki (Japon)

Voici l’un des poids lourds de la programmation. Le réalisateur Katsumi Sasaki a réuni trois de ses courts-métrages (Apartment Inferno, Sweet Home Inferno et Just Like A Mother) en une anthologie gore qui a de quoi ravir les amateurs de cinéma japonais extrême. Femme séquestrée, violée, démembrée, découpée en petits morceaux, on a tout ça et même plus dans ces petites histoires. Le tout servi par des effets gores réalistes de grande qualité et des gros plans qui nous donnent le temps de savourer le travail effectué. Côté interprétation, chapeau à l’actrice Aya Takami, pourtant pas habituée à ce genre de productions, convaincante et fort investie dans son rôle. De plus, malgré le petit budget, on voit l’effort pour soigner la forme (notamment la photo). Il faut en outre souligner que ce n’est pas qu’un étalage de barbaque : non seulement il y a des histoires, mais il y a aussi une touche personnelle de l’auteur, un ton particulier. Même si tout ça est éprouvant, on en redemande ! Le genre de découvertes qu’on espérait faire à ce festival, donc mission accomplie !

Vermilion   ★★★
Daisuke Yamanouchi (Japon)

Il n’y avait pas que des films d’horreur projetés à Cinéma Interdit. Pour preuve, ce film érotique japonais (pinku eiga) fort efficace. C’est l’occasion de se rendre compte que Daisuke Yamanouchi, connu des amateurs de cinéma extrême pour ses deux Red Room (1999 et 2000) et Muzan-e (1999), est toujours actif, et même carrément très prolifique. Vermilion nous fait voir les relations extraconjugales d’un riche couple marié par pur intérêt, n’ayant pas de relations sexuelles entre eux. Elle s’amourache d’une jeune artiste peintre, lui entretient une relation avec leur domestique… De fil en aiguille, une vraie intrigue se tisse. Le film est très soigné, notamment sur le plan visuel. Entre les éclairages rouges (d’où le titre) et bleutés, on en prend plein les mirettes, sans compter que les corps nus et les ébats sont bien mis en valeur. Les scènes érotiques lesbiennes prennent une bonne place dans l’économie du récit. Yamanouchi est en mode soft, pas d’extrémités à la Muzan-e ici. Cependant, on peut lui faire confiance pour mettre en scène des paraphilies originales (voir par exemple le vieil homme qui récolte dans un verre la transpiration d’une jeune femme en nage afin de la boire voluptueusement). Une belle découverte dans le genre. C’est une bonne idée d’avoir programmé ce film : il a permis de varier agréablement les plaisirs.

Violator   ★★
Jun’Ichi Yamamoto (Japon)

Tout d’abord, il convient de préciser qu’il ne faut pas se fier au titre. En effet, le viol n’est pas l’élément central de ce film, celui-ci parle du phénomène du suicide collectif au Japon. Le réalisateur de Meatball Machine nous revenait en 2018 avec cette histoire qui lui avait été soumise à l’origine par un studio, mais qu’il a entièrement remaniée. Une jeune fille mène son enquête pour savoir ce qu’est devenue sa petite sœur portée disparue. Elle apprend que cette dernière est partie dans un minuscule village perdu au beau milieu de nulle part rejoindre d’autres jeunes dans le but de se suicider ensemble. Elle va se rendre sur place et découvrir les différentes personnes qui se trouvent là-bas. Violator donne l’impression bizarre qu’il y avait au départ un script sérieux, sur le sujet plombant évoqué, auquel Yamamoto a greffé de force des scènes délirantes très graphiques. En résulte un film qui semble avoir le cul entre deux chaises. Dans ce cas précis, on aurait préféré une approche sérieuse de bout en bout, même si, dans l’absolu, on n’est pas du tout contre les scènes déviantes aux effets gores « sushityphoonesques » proposées par Yamamoto.

Walking Woman   ★
Sôichi Umezawa (Japon)

Sôchi Umezawa est un maquilleur et spécialiste en effets spéciaux (il a travaillé sur des films tels que Alien vs. Ninja de Seiji Chiba, Tag et Prisoners of the Ghostland de Sion Sono) passé à la réalisation depuis 2014 et son segment pour l’anthologie horrifique The ABCs of Death 2. Walking Woman (également titré Walking Girl) est son tout dernier forfait en date, qui ne fait que débuter son parcours en festivals. Une femme bossant dans une agence immobilière souffre de problèmes de mémoire. Mais son sombre secret, impliquant des morts, va refaire surface suite aux visites récurrentes d’un homme sur son lieu de travail… Cette production japonaise se situe entre le drame et le thriller horrifique. Elle se caractérise par un rythme lent. Un petit potentiel scénaristique gâché par ses excès de lenteur, malheureusement. Restent quelques idées visuelles intéressantes et une interprétation tout en retenue d’Asuka Kurosawa (A Snake of June, Cold Fish, Psycho Goreman).

When You Wish Upon A Star   ★
Katsumi Sasaki (Japon)

Le film de clôture du festival était aussi la seconde séance consacrée au cinéaste Katsumi Sasaki, qui était toujours présent en compagnie de son actrice Aya Takami pour répondre aux questions du public. Une fille prénommée Eve, qui se prostitue, rencontre un jour la naïve Kimi, qui tombe elle-même dans les griffes de vils proxénètes. Cédant à ses noires pulsions, Eve se rend compte qu’après avoir découpé son « amie » en morceaux, cette dernière revient vivante et entière, comme si de rien n’était. Phantasmes morbides ou réalité ? When You Wish Upon A Star contient quelques scènes très gores dans le style de ce qu’on trouvait dans Mukuro Trilogy, mais celles-ci sont plus éparses, diluées dans un récit que Sasaki tire en longueur. Après le choc Mukuro, When You Wish Upon A Star déçoit, ne retrouvant pas l’intensité de l’anthologie gore. Qu’à cela ne tienne, le plaisir était aussi, et surtout, dans le fait même de pouvoir découvrir ce genre de films fous, rares, parfois déviants, dans un cadre particulièrement convivial.

Sandy Foulon

Nos cotes
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo de la couverture de cet article : En Cinémascope – Sandy Foulon

Le FIFF place à nouveau Namur au cœur du cinéma francophone, avec 12 places à gagner !

Le FIFF place à nouveau Namur au cœur du cinéma francophone, avec 12 places à gagner ! 1080 1080 Jean-Philippe Thiriart

Plus que quelques fois dormir avant que ne démarre la 39e édition du Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).
Quant à notre concours FIFF, il démarre aujourd’hui ! (voir infos ci-dessous)

Du vendredi 27 septembre au vendredi 4 octobre prochains, le cœur de la capitale wallonne battra une nouvelle fois la chamade pour un cinéma issu des quatre coins de la Francophonie : de France et de Belgique, bien sûr, mais aussi du Québec, de Suisse, de Madagascar, de Tunisie ou encore du Rwanda, pour ne citer que quelques-uns des pays représentés cette année à Namur.

Que ce soit en salles, naturellement, pendant et après les projections de longs métrages ainsi que de films courts, mais aussi, notamment, dans les rues de Namur ou encore sous le chapiteau du FIFF, qui signe son grand retour cette année, Place d’Armes. Centre névralgique du Festival, nombreux seront les Festivaliers qui prendront plaisir à s’y retrouver avant ou après une séance, pour boire un verre, faire un pas de danse ou encore participer aux ateliers et aux rencontres qui y seront organisés huit jours durant.

Le FIFF s’ouvrira ainsi ce vendredi 27 septembre avec la projection du long métrage français En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol, précédée de celle du court métrage belge Musclé masqué dans: ferraille pagaille, réalisé, quant à lui, par le Belge Nicolas Gemoets.
Il se clôturera le vendredi 4 octobre avec la Cérémonie de remise des Bayard et autres Prix du Festival de Namur, suivie de la présentation du dernier film du cinéaste français François Ozon : Quand vient l’automne.

Pour tout savoir ou presque sur cette cuvée 2024 du Festival, n’hésitez pas à écouter, ci-dessous, un extrait du dernier numéro de l’émission « Les Cinéfilmes » de la radio Équinoxe !
Nicole Bourdon nous y a accueilli pour préfacer cette édition du Festival de Namur. L’occasion pour nous de tendre notre micro à Nicole Gillet, déléguée générale et directrice de la programmation du FIFF.

Notre préface de la 39e édition du FIFF chez Les Cinéfilmes
Crédit photo : FIFF Namur – Fabrice Mertens

C’était un plaisir de retrouver Nicole Bourdon après un premier passage dans son émission en mars dernier, en présence de sa coanimatrice Joséphine Nefontaine, cette fois-là, pour présenter le dernier long métrage réalisé par le Belge Xavier Seron, Chiennes de vies, et son cinéma.
Merci à Nicole pour son invitation et à Christophe Marchal, l’ingénieur du son d’Équinoxe !

CONCOURS EN CINÉMASCOPE AU 39e FIFF

Cette année, en partenariat avec le Festival de Namur, nous vous offrons 6 x 2 places pour la séance de votre choix !

Pour ce faire, rien de plus simple :
il vous suffit de nous envoyer, avant ce mercredi 25 septembre à 22h, un mail dans lequel vous mentionnez votre prénom et votre nom et ceux de votre invité(e), à l’adresse jean-philippe[arobase]encinemascope.be . Les gagnant(e)s seront tirés au sort et contacté(e)s le jour-même par retour de mail, leurs places leur étant envoyées via ce même canal.

Nous vous souhaitons un excellent voyage au cœur du cinéma francophone ! L’occasion de rencontrer, sur les écrans namurois du Caméo ou du Delta ou dans les rues de Namur, des invités tels que Michel Hazanavicius, Hélène Vincent, François Ozon, Guillaume Senez, Romain Duris, Laurent Lafitte, Benjamin Lavernhe, Vincent Cassel ou encore Diane Kruger.

Plus d’infos : fiff.be

Jean-Philippe Thiriart

Le 42e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et le concert des VHS… et nos critiques de films !

Le 42e BIFFF a vécu : retour sur le palmarès et le concert des VHS… et nos critiques de films ! 1300 911 Jean-Philippe Thiriart

Dimanche soir, prenait fin au Palais 10 de Brussels Expo le 42e Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Une édition 2024 clôturée avec la projection du film américano-danois The American Society of Magical Negroes. Ce premier long métrage de Kobi Libii a été présenté aux festivaliers après l’annonce des deux derniers prix qui devaient encore être révélés, l’essentiel du palmarès ayant été annoncé vendredi soir.

Avec une hausse de fréquentation de ses salles de dix pourcents par rapport à l’année dernière, le BIFFF donne d’ores et déjà rendez-vous en 2025 à ses habitués, ainsi qu’à ses futurs adeptes bien sûr ! Du 8 au 20 avril, pour être précis.

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Le palmarès

Au sein de la Compétition internationale, le Corbeau d’Or, Grand Prix du Festival, a récompensé Steppenwolf, du Kazakh Adilkhan Yerzhanov.
Les Corbeaux d’Argent sont allés à Your Monster, de l’Américaine Caroline Lindy et à Cuckoo, de l’Allemand Tilman Singer (voir critique ci-dessous).

C’est Franky Five Star, de l’Allemande Birgit Möller, qui est sorti gagnant de la Compétition européenne, remportant le Méliès d’Argent, tandis qu’une Mention Spéciale a été accordée à Flies de l’Espagnol Aritz Moreno.
Ellipsis, de l’Espagnol David Marqués, a été élu Meilleur thriller, quittant Bruxelles avec le Black Raven Award, une Mention Spéciale étant décernée à Unspoken du Chinois Daming Chen.

Le White Raven Award est allé à River, du Japonais Junta Yamaguchi, avec une Mention Spéciale pour In a Violent Nature, du Canadien Chris Nash (voir critique ci-dessous).
La Emerging Raven Competition, mettant en lice des premiers et deuxièmes longs métrages, a vu l’emporter Sleep, du Sud-Coréen Jason Yu. (voir critique ci-dessous)

Le Prix de la Critique a été décerné à River, qui remportait là son deuxième Prix au BIFFF cette année.
Enfin, rayon longs métrages toujours, et de trois pour River puisque le film a également remporté le toujours très touchant Prix du Public !

Envie de connaître le palmarès de la compétition courts métrages belges ? Direction le site du Festival !

Les résultats de notre concours

Avant toute chose, un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à notre concours En Cinémascope au 42e BIFFF, organisé avec le soutien précieux du Centre Culturel Coréen de Bruxelles !

Et félicitations aux gagnant(e)s de celui-ci : Terry Mittig, Marc Vanholsbeeck, Malko Douglas Tolley, Corey Fleshman et Christelle Demaerschalck, qui ont chacun(e) remporté deux places pour The Sin, ainsi que Elisa Tuzkan, Kat Hayes, Sandra Van Craenenbroeck, Angélica Da Silva Carvalho et Stéphane André, qui ont remporté chacun(e) deux places pour 4PM !

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

VHS From Space en live au BIFFF

Dans le cadre d’une soirée « double bill » à l’ancienne, le BIFFF proposait le jeudi 11 avril un programme pour le moins alléchant pour les cinéphiles amateurs de bis mais également pour les mélomanes.

En première partie de soirée, les spectateurs ont pu découvrir The Belgian Wave, réalisé par un des enfants terribles du Festival : Jérôme Vandewattyne. Nous vous invitons à découvrir, sur notre site, notre avis et davantage d’infos sur le film, mais aussi, plus généralement, sur les autres métrages de Jérôme !

À la suite de cette projection, rendez-vous était donné dans le hall du Palais 10 pour le concert de VHS From Space, groupe dont le réalisateur assure le chant et la guitare. Le public s’est donc amassé devant la petite scène pour cette déferlante electro space grunge du plus bel effet. Durant près d’une heure, c’est devant un public qui avait sorti son plus beau déhanché que les cinq membres du groupe, bardés de couleurs fluorescentes, ont délivré leurs riffs SF punk et leurs tempi industriels issus de leur dernier EP Cigarette Burns ou de leur précédent opus : Xenon Equinox.

Une bien belle pause avant de réattaquer pour la séance de minuit, qui mettait à l’honneur, à l’occasion de son 40e anniversaire, l’un des fleurons de l’industrie Trauma : The Toxic Avenger.
Avouez qu’il y avait pire comme afterwork…

Guillaume Triplet

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Nos critiques de films

Abigail   ★★★
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Irlande/États-Unis)

Dernier né du collectif Radio Silence (V/H/S, 666 Road, Wedding Nightmare alias Ready or Not, les cinquième et sixième Scream), Abigail était l’un des gros morceaux de cette édition. Le public a répondu présent (la grande salle était bondée) et il a pu assister, juste avant la projection, à un petit spectacle « live » de danse façon ballet sur la musique utilisée dans le film (Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski). Le film en lui-même a largement répondu aux attentes. Racontant comment une bande de ravisseurs se retrouve coincée dans un manoir isolé avec la fille d’un riche magnat dont ils espèrent tirer une grosse rançon, fille qui est très loin d’être aussi innocente que prévu, cet Abigail constitue une bonne variation sur le thème du vampire. Bien rythmée, tendue tout en présentant des touches d’humour, joliment shootée (la photo est signée Aaron Morton, qui a travaillé au même poste sur le Evil Dead de Fede Alvarez et sur le tout récent La Malédiction : L’origine), offrant de beaux décors et généreuse quant au gore, cette production horrifique fait passer un très bon moment.

Baghead   ★★★
Alberto Corredor (Allemagne/Royaume-Uni)

Une jeune femme hérite d’un grand bâtiment désaffecté abritant un ancien pub qui appartenait à son père tout juste décédé de manière horrible, père avec lequel elle n’avait plus aucun contact depuis longtemps. Alors qu’elle y réside quelques jours le temps de réfléchir à ce qu’elle en fera, un parfait inconnu toque à la porte et lui demande, contre une somme rondelette, de pouvoir avoir un tête-à-tête avec la créature qui hanterait le sous-sol et qui permettrait de pouvoir parler aux personnes défuntes pendant un bref moment. Dans un premier temps, elle prend cet homme pour un fou, mais, rapidement, elle devra bien admettre que ce monstre est bel et bien réel.
Baghead est un pur film d’horreur, avec sa créature fantastique flippante à la mythologie intéressante, ses décors particulièrement glauques mis en valeur par une photographie adéquate, son atmosphère de terreur, mais aussi, il faut bien le dire, ses personnages qui ne font jamais ce qu’il faudrait. Du fait qu’il y ait des séances avec des règles bien précises à respecter (comme ne pas dépasser une certaine durée) pour pouvoir communiquer avec le monde des esprits, on pense un peu à La Main (Talk to Me), même si chacun des deux films possède sa propre « touche ». Il est à noter qu’il s’agit de la version longue d’un court métrage du même nom datant de 2017.

Canceled   ★★
Oskar Mellander (Suède)

Ce film d’épouvante suédois est malheureusement trop classique, dans son déroulement et dans ce qu’il montre, pour pouvoir prétendre marquer les amateurs éclairés du genre. Ce seront davantage les plus jeunes pas encore très familiers des codes qui pourront y être sensibles. On retrouve, comme souvent ces dernières années, un jeune youtubeur entouré de son équipe, qui espère faire péter les scores de son audience grâce à un nouvel épisode de son émission dédiée aux fantômes. Cette fois, Alex va tourner dans un vieux manoir inconnu du grand public dans lequel ce serait déroulé un massacre et où auraient eu lieu divers phénomènes paranormaux. L’introduction est tournée en mode found footage, mais heureusement, le reste du film bénéficie globalement d’une réalisation traditionnelle. Les réactions souvent trop molles des personnages face aux manifestations inquiétantes n’aident pas à créer un climat de tension paroxystique et l’apparence de la créature qui apparaîtra à partir d’un moment est certes pas mal, mais un poil trop convenue (silhouette très maigre, tout en longueur). Tout ça n’est pas honteux, mais est oubliable.

Concrete Utopia   ★★★
Tae-hwa Eom (Corée du Sud)

Ce nouveau film du Sud-Coréen Tae-hwa Eom (aussi orthographié Tae-hwa Um), dont le Vanishing Time: A Boy Who Returned avait déjà été présenté au BIFFF il y a une poignée d’années, a été remarqué internationalement, au point qu’il a représenté la Corée du Sud cette année aux Oscars. Plus qu’un film catastrophe dans lequel Séoul est entièrement détruite par un gigantesque tremblement de terre, à l’exception du bloc d’immeubles à appartements dans lequel vit le couple principal, Concrete Utopia est une intelligente métaphore politique où le réalisateur étudie les comportements humains individuels et collectifs dans un contexte de crise majeure impliquant la notion de survie. C’est fait de manière non-manichéenne, avec un large spectre de réactions possibles envisagé : lâcheté, égoïsme, sens du sacrifice, solidarité, négation de ses propres valeurs au nom de l’intérêt du groupe, culte de la personnalité qui émerge, etc. Les échos avec les grandes questions d’actualité sont frappants (on pense par exemple à la crise des migrants). C’est tout cet aspect qui, s’ajoutant aux qualités cinématographiques intrinsèques (qualité des effets spéciaux, de la mise en scène…), en fait un film tout à fait digne d’intérêt. C’est ambitieux et ça vise juste.

Cuckoo   ★★★
Tilman Singer (Allemagne/États-Unis)

Une jeune fille de 17 ans est obligée de quitter les États-Unis et d’emménager avec son père, sa belle-mère et sa demi-sœur muette dans une station balnéaire sise dans les montagnes allemandes. Sur place, elle découvre que certaines personnes ont un comportement étrange, elle entend des bruits bizarres et se fait poursuivre le soir par une mystérieuse femme très agressive.
Servi par une belle distribution internationale, dont Marton Csokas (Celeborn dans Le Seigneur des Anneaux), Dan Stevens (Abigail, voir plus haut), Hunter Schafer (Tigris dans le tout dernier Hunger Games) et Jessica Henwick (Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés), Cuckoo présente un scénario dont l’originalité est à souligner et qui apporte une fraîcheur bienvenue. Tilman Singer (Luz), dont c’est seulement le second film, y distille savamment quelques petits moments touchants, quelques scènes d’action, et, surtout, des moments de malaise et de peur. Il faudra continuer à surveiller la carrière de ce réalisateur allemand !

Destroy All Neighbors  
Josh Forbes (États-Unis)

Le réalisateur Josh Forbes, qui vient de l’univers des clips musicaux, accouche d’une petite comédie gore calibrée pour les séances de minuit survoltées. William est un artiste frustré, bossant en journée dans un studio d’enregistrement et habitant avec sa copine dans un appartement miteux où il s’est installé son petit studio perso, rêvant depuis trois ans de sortir son propre album de rock progressif. Mais il y a toujours quelque chose qui l’empêche de finaliser ce projet. Cette fois, c’est son nouveau voisin qui écoute jour et nuit de la dance music le volume sonore coincé au maximum, ce qui lui pourrit la vie. Il se décide à s’expliquer avec cet infernal voisin quand soudain…
On voit directement qu’on est face à un budget très limité. Les effets spéciaux sont volontiers kitsch, mais généreux. À noter que le spécialiste Gabe Bartalos (notamment fidèle collaborateur de Frank Henenlotter) a travaillé dessus. Pas bien finaud, Destroy All Neighbors se révèle attachant par l’amour pour le rock progressif qu’il parvient à faire partager.

Deus Irae  
Pedro Cristiani (Argentine)

Après son court métrage Deus Irae en 2010, Pedro Cristiani est de retour 13 ans plus tard avec cette fois la version longue. On y suit les tourments du Père Javier, qui consacre sa vie à rendre visite aux familles en prise avec des démons et à nettoyer les maisons de celles-ci de la présence du Malin. Il souffre de plus en plus de crises d’absence lors de ces séances et ce qu’il découvre au sortir de celles-ci n’est guère joyeux. Un jour, il reçoit la visite de mystérieux prêtres aux méthodes radicales. Le réalisateur argentin développe un univers sombre et cauchemardesque ayant ses potentialités. Largement porté sur le gore, il privilégie les effets spéciaux pratiques, ce qui est tout à son honneur et donne son charme à son film. Jets d’hémoglobine et créatures monstrueuses constituent les attractions principales de celui-ci. Las, le manque de consistance du scénario empêche de davantage s’enthousiasmer pour ce petit shocker. Pour tout dire, on aurait tellement voulu pouvoir le porter aux nues ! On surveillera cependant la suite des événements, car une seconde partie pourrait débouler un jour, si tout se passe bien…

Devils   ★★★
Jae-hoon Kim (Corée du Sud)

Pour son premier film, le Coréen Jae-hoon Kim fait fort ! Il investit le genre du polar hardcore, l’une des spécialités nationales, pour un résultat absolument grisant. Il y est question d’un inspecteur enquêtant sans relâche sur une bande de tueurs en série diffusant sur le dark web des vidéos snuff de leurs méfaits. L’affaire a pris une tournure personnelle pour lui depuis que son beau-frère compte parmi les victimes de ces ignobles individus. Lors d’une course-poursuite, il attrape un membre-clé de cette organisation, mais dans le feu de l’action, les deux hommes tombent dans une ravine. Black-out. Lorsque, un mois plus tard, l’inspecteur se réveille menotté dans un lit et se voit dans un miroir, il n’en croit pas ses yeux : il est dans le corps du tueur qu’il a failli arrêter, alors que ce dernier, l’honorant de visites pour le narguer, a l’apparence du policier. Que s’est-il passé ? On pense forcément à Volte/Face (Face/Off) de John Woo, mais Jae-hoon, qui est également scénariste, en a bien conscience et en joue. S’appuyant sur une solide interprétation des acteurs, Devils déroule un scénario absolument diabolique et fait montre d’une violence tant psychologique que graphique digne d’un film d’horreur. On recommande très fortement !

Exhuma   ★★★
Jae-hyun Jang (Corée du Sud)

Jae-hyun Jang poursuit son exploration des rituels liés aux différentes croyances religieuses après The Priests (2015) où deux prêtres catholiques arrivaient à la rescousse pour tenter d’exorciser une fille possédée et Svaha: The Sixth Finger (2019) avec son intrigue complexe dont l’un des arcs narratifs présentait un pasteur protestant qui enquêtait sur une secte bouddhiste. Exhuma, quant à lui, développe les rites chamaniques au travers de ses personnages et de son intrigue. Deux jeunes chamans s’allient à un vieux géomancien et à un croque-mort pour essayer de briser une malédiction qui touche une richissime famille américano-coréenne. Pour cela, ils vont devoir déterrer et déplacer le cercueil d’un ancêtre de leur client. Allant de mauvaise surprise en mauvaise surprise, ils vont s’apercevoir que leur mission est beaucoup plus dangereuse que prévu. Le réalisateur (qui a aussi écrit le scénario) prend son sujet au sérieux. C’est manifeste, tant dans la manière dont le film a été préparé (les acteurs ont dû apprendre de vrais rituels chamaniques et des spécialistes étaient présents en tant que consultants) qu’à l’image. La présence du charismatique Min-sik Choi (Old Boy) dans le rôle du géomancien expérimenté est un atout indéniable, tandis que les décors, entre tradition et modernité, nature et ville, sont bien utilisés, tout comme l’Histoire de la région. On pourrait presque prendre Exhuma comme un mix entre un documentaire sur l’aspect folklorique coréen évoqué et un bon divertissement fantastico-horrifique (effets spéciaux et scènes de trouille sont de la partie). À découvrir.

The Funeral   ★★★
Orçun Behram (Turquie)

Nous autres francophones aurons beau rigoler en entendant le titre original de The Funeral (Cenaze) et le nom de son personnage principal (Cemal), il faut bien reconnaître après visionnage que tout ça est tout sauf naze. Loin de son cinéma bis des années 70 et 80 (Turkish I Spit On Your Grave, Turkish Star Wars, etc.), la Turquie a produit quelques bons films d’horreur ces dernières années (on pense par exemple à Baskin de Can Evrenol, présenté au BIFFF en 2016). C’est encore le cas ici, Behram adoptant une approche intimiste intéressante du thème du mort-vivant.
Un chauffeur de corbillard déprimé accepte un boulot officieux : cacher pendant un mois le corps d’une jeune femme, à la demande de la famille. Mais il va se rendre compte que ce cadavre fait du bruit, bouge et a un appétit aiguisé pour la viande humaine.
La relation qui s’instaure entre les deux personnages donne tout son sel à ce film plus sensible qu’il n’en a l’air (un rythme peu trépident couplé à une certaine froideur apparente pourraient induire en erreur sur ce point). Quelques scènes de cauchemars et le final présentent une belle force de frappe visuelle, proprement horrifique. On dénombre aussi une certaine quantité de plans gores, mais là ne réside pas le réel intérêt de cette production sombre, presque désespérée. Pourvu que son réalisateur continue dans le genre !

Gueules noires   ★★
Mathieu Turi (France)

Tout comme Le Mangeur d’âmes également évoqué dans ce dossier, Gueules noires (ou Deep Dark pour le marché international) faisait partie du focus French Connection(s) de ce 42e BIFFF, qui visait à mettre en avant le cinéma de genre francophone lors de cette édition du Festival. Initiative louable qui permet de constater une assez bonne santé du secteur (même si ses acteurs déplorent toujours qu’il est plus difficile de monter des projets relevant de l’horreur comparativement à d’autres cinématographies). Le réalisateur Mathieu Turi n’est pas un inconnu du festival, puisque son Méandre avait été sélectionné pour l’édition en ligne de 2021. L’idée avec son nouveau film, c’est de croiser l’univers de Germinal (les mineurs du Nord de la France) et l’univers de Lovecraft (le mythe des Grands Anciens). Facile à pitcher, Gueules noires tient ses promesses jusqu’à un certain point. Le petit bémol réside dans l’aspect de la divinité païenne, moins impressionnant qu’espéré. À part ça, on suit avec plaisir ces travailleurs du charbon menés par un Samuel Le Bihan charismatique, d’abord dans les mines à mille mètres sous terre, puis dans une crypte d’une civilisation très ancienne. Les claustrophobes et nyctophobes risquent d’avoir quelques sueurs froides.

In a Violent Nature   ☆
Chris Nash (Canada)

Le scénariste et réalisateur Chris Nash a dû se demander ce que donnerait un Vendredi 13 filmé à la manière d’Elephant de Gus Van Sant. Certes, apporter une petite trouvaille donnant une légère touche de fraîcheur au genre du slasher est en théorie bienvenu, mais quand le parti pris de mise en scène transforme un film qui aurait pu être fun en machin embêtant à suivre, n’est-ce pas dommage ? D’autant que le script est basique au possible : en pleine forêt, un homme massif et attardé mental se relève d’entre les morts pour aller massacrer un à un les quelques jeunes gens qui ont pris le médaillon de sa chère maman qui traînait à l’endroit où il était enterré. Aucun rebondissement, aucun développement psychologique, juste un squelette de scénario sans chair ni gras. La caméra se contente de coller aux basques du tueur, au lieu de suivre le groupe de futures victimes comme cela se fait généralement dans le genre. Statique, linéaire et répétitif, In a Violent Nature reprend à son compte les codes et grandes « figures imposées » du slasher forestier : l’inévitable bande de jeunes, le masque (qui, pour le coup, a l’air d’avoir été inspiré par Les Mignons !), la légende racontée autour d’un feu de camp, etc. À notre sens, le seul élément qui sauve le film du néant, ce sont les scènes gores, bien faites, généreuses et inventives. C’est peu.

Krazy House   ★★
Steffen Haars et Flip Van der Kuil (Pays-Bas)

Krazy House se présente comme une sitcom américaine typique des années 90, suivant les Christian, une petite famille bien sous tous rapports : Bernie, le papa très religieux, mais maladroit, arborant fièrement son pull « Jesus » qu’il a tricoté lui-même, Eva, la maman, femme stressée qui doit régenter sa petite smala, et leurs deux ados, Adam, qui se passionne pour la chimie, et Sarah, vierge qui attend le prince charmant. L’arrivée d’un vieux père de famille russe et de ses deux garçons, qui s’incrustent chez cette famille en se proposant de régler leur problème d’évier, va sérieusement perturber tout ce petit monde.
Le duo de réalisateurs Haars et Van der Kuil (cf. les New Kids) aime à mettre en avant la culture populaire néerlandaise. Ici, les compères passent un cap dans leur carrière : tournage en anglais et cast international réunissant notamment Nick Frost (la « trilogie Cornetto ») et Alicia Silverstone (Clueless) pour un violent dynamitage du politiquement correct à l’américaine véhiculé par les sitcoms U.S. que Krazy House parodie. Bon, il faut se farcir le trop long début, mais une fois que tout part en vrille, le vilain garnement qui sommeille en vous devrait jubiler face à ce déferlement de langage ordurier, de violence gore et de blasphème appuyé. Amis de la poésie, bye bye !

Kryptic   ★★
Kourtney Roy (Canada/Royaume-Uni)

Suite à une terrifiante expérience au cours d’une randonnée dans la forêt la laissant amnésique, Kay Hall se met en quête de Barb Valentine, cryptozoologue connue pour avoir disparu dans la région alors qu’elle était sur les traces du Sooka, créature du folklore local que Kay aurait croisée de très près…
Premier long métrage de la réalisatrice et photographe canadienne Kourtney Roy, Kryptic part d’un synopsis de films de monstres pour très rapidement emmener son spectateur vers autre chose, à la fois plus psychologique et plus organique que prévu. Brouillant l’identité de son personnage central, le film prend une dimension lynchienne, ne laissant pas son sens global se dévoiler de manière limpide, quitte à larguer certains spectateurs en cours de route, d’autant que le jeu de l’actrice principale, Chloe Pirrie, est déstabilisant. En voilà un qui porte donc bien son titre ! On épinglera, parmi ses qualités, la beauté des paysages naturels que traverse l’héroïne, l’immersion dans le Canada profond, avec sa galerie de locaux pas piquée des hannetons et, surtout, le caractère très organique (question fluides corporels, on est servis) des flashes qui ponctuent le métrage, ce qui devrait ravir les fans de Brian Yuzna (Society, Progeny) et de body horror en général.

Last Straw   ★★
Alan Scott Neal (États-Unis)

Last Straw décrit la pire journée et surtout la pire nuit de Nancy, jeune fille récemment promue responsable de la petite équipe travaillant pour le diner appartenant à son père. Elle apprend qu’elle est enceinte sans être certaine de l’identité du père, sa voiture tombe en panne, elle arrive en retard au travail, se fait semoncer par son paternel, est bonne pour assurer le service de nuit, voit son autorité remise en question par ses collègues et, surtout, doit chasser de l’établissement une bande d’ados masqués vraiment pas nets, qui promettent de revenir plus tard pour se venger de l’affront. Une fois la nuit tombée, alors qu’elle est seule dans le resto routier isolé, ça ne loupe pas : des individus masqués débarquent et elle va devoir lutter pour sa survie…
Le scénario de ce thriller horrifique ne casse pas la baraque – il possède ses faiblesses d’écriture – mais l’ensemble est suffisamment rythmé et tendu pour qu’il puisse remplir son office de divertissement sans grandes prétentions. Petite originalité, tout de même : les faits, jusqu’à un certain point, seront montrés selon deux points de vue différents, afin que le spectateur se rende mieux compte de quoi il retourne… Quelques scènes sanglantes et une bonne musique synthétique contribuent à faire passer la pilule pour le spectateur pas trop regardant.

Love Lies Bleeding   ★★
Rose Glass (États-Unis/Royaume-Uni)

Romance entre deux jeunes femmes, dont l’une, Lou (Kristen Stewart), n’a jamais quitté sa région, travaille dans un club de musculation et a un père shérif très louche (Ed Harris), et l’autre, Jackie (Katy O’Brian), est sur les routes dans le but de tenter de gagner un concours de culturisme à Las Vegas, Love Lies Bleeding se distingue par des scènes violentes et trash, un léger érotisme et des personnages à fleur de peau. Sa distribution fait également plaisir, entre ce bon vieux Ed Harris (Abyss, Apollo 13, The Truman Show) dans un rôle bien malsain, Kristen Stewart qui, depuis un bon bout de temps déjà, a largement réussi à casser son image trop commerciale liée au succès de la saga Twilight et Dave Franco (frère de James Franco, vu dans Warm Bodies : Renaissance, les deux Insaisissables et Nerve) qui compose un personnage de salaud fini. On regrettera juste la fin qui part dans un délire surréaliste, ce qui a tendance à nuire au sérieux de l’entreprise. Après son Saint Maud bien accueilli par la presse, la réalisatrice Rose Glass est en train de se construire une filmographie intéressante.

Le Mangeur d’âmes   ★★
Julien Maury et Alexandre Bustillo (France)

Nouveau film du duo de choc Julien Maury et Alexandre Bustillo (À l’intérieur, Aux yeux des vivants, tous deux également projetés au BIFFF, respectivement en 2008 et 2014), Le Mangeur d’âmes (The Soul Eater pour l’international) est un polar adapté d’un roman d’Alexis Laipsker. Un gendarme, Franck, qui enquête sur la disparition d’enfants, et une policière, Elisabeth, envoyée dans un village des Vosges à cause d’une double mort violente, vont devoir apprendre à collaborer car leurs deux affaires semblent étroitement liées. Ils se rendent progressivement compte que chaque élément renvoie à une légende locale, celle d’une créature vivant dans la forêt et qui dévore l’âme de ses victimes. C’est la première fois que les deux réalisateurs quittent le genre de l’horreur pure et dure (on restera dans le polar, malgré le parfum de fantastique qui règne sur le film), mais ils ont néanmoins tenu à apporter leur touche personnelle à cette histoire préexistante. Ainsi, les scènes de meurtres sont particulièrement gores, ce qui constitue l’une de leurs signatures visuelles évidentes. Ils ont réuni pour l’occasion un joli cast, comprenant Virginie Ledoyen, Sandrine Bonnaire et Paul Hamy. Entièrement tourné en décors naturels, Le Mangeur d’âmes s’élève au-dessus du policier pépère, sans constituer l’une des entrées marquantes de la filmographie du sympathique duo.

Sleep   ★★★
Jason Yu (Corée du Sud)

Hyun-su et Soo-jin forment un couple qui a tout pour être heureux : un bel appartement, un brave chien-chien, un bébé sur le point de naître et un mantra comme quoi ensemble, on peut tout affronter. Lui est un brillant acteur récompensé (petit parallèle biographique avec son interprète, feu Sun-kyun Lee, notamment acclamé internationalement pour son rôle dans Parasite), elle est une cadre dans une grosse boîte. Cependant, la nuit, Hyun-su se met à avoir des crises de somnambulisme au cours desquelles il va avoir un comportement de plus en plus dangereux pour lui-même et pour les siens.
Avec ce premier film, Jason Yu se fait remarquer un peu partout (notamment à Cannes) pour la subtilité avec laquelle il traite son sujet et pour sa direction d’acteur impeccable. On est face à un cas exemplaire du Fantastique selon l’acception du théoricien Tzvetan Todorov, dans la mesure où, tout au long de l’histoire, on hésite entre une explication surnaturelle des faits (le mari serait-il possédé par un fantôme qui profiterait de son sommeil pour s’exprimer ?) et une explication rationnelle (ce serait juste un cas extrême de somnambulisme, point barre). Différents indices sont fournis en cours de route… Belle simplicité très travaillée, belle efficacité. Jason Yu : un nouveau grand espoir du cinéma coréen.

Stockholm Bloodbath   ★★★
Mikael Håfström (Suède/Danemark)

Le réalisateur suédois Mikael Håfström, habitué aux productions américaines (Chambre 1408 et Le Rite, c’est lui), a tourné en Hongrie cette production suédo-danoise. Une dimension internationale qu’on retrouve dans le scénario même de Stockholm Bloodbath, basé sur des faits historiques impliquant les différents pays formant le noyau dur de la Scandinavie. Les faits se déroulent au 16e siècle. Le roi du Danemark et de la Norvège, Christian II, ambitionne se soumettre la Suède à son autorité. La guerre fait rage. Dans ce contexte, Freja et Anne, appartenant à un village de résistants, voient tous leurs proches se faire massacrer par un petit groupe de puissants mercenaires à la solde de Christian II. Les deux femmes partent dans une quête vengeresse. À la croisée entre le cinéma de Tarantino (on pense à la Mariée des Kill Bill), celui de Guy Ritchie et des intrigues de cour à la façon de Game of Thrones (mais sans la dimension fantasy), Stockholm Bloodbath impressionne par son ampleur narrative. Cela s’en ressent à sa durée : il est long. Le jeu d’acteur est bon et Håfström parvient à nous captiver suffisamment au cours de cette grande fresque. Le principal reproche qu’on lui adressera, ce sont certains tics de réalisation (comme les split-screens) trop connotés modernes, qui ne s’accordent pas bien avec la dimension historique de l’histoire. Dans cet ordre d’idées, plusieurs autres anachronismes risquent de faire sourciller les historiens. Il faut passer outre pour profiter pleinement du spectacle.

Things Will Be Different   ★★
Michael Felker (États-Unis)

Un frère et une sœur, fuyant avec le magot de leur casse, se réfugient dans une maison de campagne vide. La particularité de cette habitation, c’est qu’elle contient en son sein un système qui permet de voyager dans le temps. Pratique quand on veut disparaître quelque temps pour échapper aux recherches de la police. Sauf que ça ne va pas du tout se passer comme prévu…
Il s’agit du premier long métrage écrit et réalisé par Michael Felker, qui a reçu l’appui d’Aaron Moorhead et Justin Benson (Spring, The Endless), cinéastes avec lesquels il avait déjà travaillé en tant que monteur et producteur. Assez minimaliste dans son approche du thème du voyage dans le temps, tout en condensant un certain nombre d’idées, il ne s’avère pas aussi jouissif que prévu, la faute à une trop grande rétention d’informations vis-à-vis des spectateurs qui pourront ressentir une impression d’opacité et de frustration. Le genre de films pour lesquels on se dit : « à revoir afin de vérifier si certains éléments nous ont échappé lors du premier visionnage ».

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant   ★★
Ariane Louis-Seize (Canada)

Comme l’indique ce long titre, c’est l’histoire d’une vampire ado qui, depuis qu’elle est toute petite, se montre trop sensible pour tuer des gens afin de se nourrir. Jusqu’à présent, sa famille l’aidait en lui fournissant des poches de sang qu’elle sirotait à la paille. Mais désormais, ses proches décident qu’elle doit passer à l’âge adulte et donc apprendre à chasser pour survivre par elle-même. La voilà mise au pied du mur. Le problème, c’est que, vraiment, elle coince. Heureusement, elle tombe un soir sur un garçon aux tendances suicidaires, qui va comprendre de quoi il retourne et proposer de lui donner sa vie pour l’aider. Touchée, la vampire lui propose de d’abord réaliser sa dernière volonté. Ils vont ainsi passer la nuit à tenter d’accomplir cet objectif. On a là un film fort sympa, bien foutu. Son approche du mythe du vampire apporte un brin de fraîcheur, il possède une belle texture visuelle, l’humour fait mouche et son actrice principale (Sara Montpetit) est étonnante. C’est mignon et touchant.

When Evil Lurks (Cuando acecha la maldad)   ★★★
Demián Rugna (Argentine)

Très attendu des amateurs d’horreur, When Evil Lurks ne démérite pas. Son réalisateur avait déjà régalé les spectateurs du BIFFF en 2018 avec Terrified (Aterrados), pur condensé de terreur. Il persiste et signe cette année dans cette veine avec une histoire gagnant en ampleur. Le film était présenté hors compétition, mais il faut dire qu’il s’est déjà taillé une belle réputation dans de nombreux autres festivals (il a par exemple été élu meilleur film à Sitges).
En pleine campagne argentine, deux frères découvrent un homme horriblement infecté par un démon sur le point de donner naissance au mal absolu. Ils décident de se débarrasser de ce corps purulent en le larguant des centaines de kilomètres plus loin. Ce faisant, ils enfreignent une des règles fondamentales liées à la possession démoniaque. Le chaos va alors se répandre autour d’eux.
Rêche, implacable, impitoyable, ce nouveau bébé de Demián Rugna est assez éloigné des standards hollywoodiens modernes et c’est tant mieux. Ainsi, certaines catégories de personnages souvent épargnées dans les productions plus consensuelles prennent cher ici. En clair, personne n’est à l’abri. Le film génère dès lors un redoutable sentiment d’insécurité. L’interprétation des acteurs est à l’avenant. Les scènes gores, particulièrement dégoûtantes, sont marquantes. L’insertion de l’histoire dans le terroir est par ailleurs bien rendue. En bref, c’est du solide. Tout juste peut-on reprocher au personnage principal d’avoir des comportements trop souvent contraires à ce qu’il devrait faire. Voilà donc un nouvel incontournable du genre.

Sandy Foulon

Merci à toute l’équipe de En Cinémascope présente à nos côtés pour couvrir cette cuvée 2024 du BIFFF : Guillaume Triplet, Sandy Foulon, Sofía Marroquin Simar et Vincent Melebeck !

Et rendez-vous, donc, du 8 au 20 avril 2025 pour le 43e BIFFF et avant, bien sûr, sur notre site !

Enfin, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, YouTube et Twitter !

Jean-Philippe Thiriart

Nos cotes :
☆              Stérile
★              Optionnel
★★          Convaincant
★★★       Remarquable
★★★★    Impératif

Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner !

Le BIFFF, c’est reparti avec 20 places à gagner ! 1458 540 Jean-Philippe Thiriart

Ah, le mois d’avril ! Ses poissons, ses œufs en chocolat et… le BIFFF et notre concours ! BIFFF pour Brussels International Fantastic Film Festival, bien sûr. L’événement est aussi incontournable pour les fantasticophiles que le sont les friandises en forme d’œufs pour les bambins (et pas que pour eux, d’ailleurs, mais chut !) en cette période printanière. Depuis 1983, cette grand-messe du cinéma de genre, reconnue mondialement, abreuve les passionnés et les curieux de tonnes de pellicules carburant à la frousse, au sang, au mystère et à l’anticipation. Des invités aussi révérés que Wes Craven, Tobe Hooper, Donald Pleasance, Anthony Perkins, Terry Gilliam, Dario Argento, Barbara Steele, Park Chan-wook, Guillermo Del Toro ou J.A. Bayona sont venus fouler son sol. Vous aussi, vous avez envie de côtoyer du beau monde et, surtout, vous avez soif de découvertes cinématographiques ? Alors nous avons une bonne nouvelle pour vous : En Cinémascope vous offre la possibilité de gagner 20 places pour le Festival ! Cela via le concours organisé sur notre page Facebook (voir ci-dessous).

Civil War, d’Alex Garland, ouvrira ce 42e BIFFF !

Pour sa 42e année d’existence, le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles se tiendra du 9 au 21 avril au Palais 10 sur le site du Heysel, son nouveau fief depuis 2022. Il s’ouvrira avec Civil War d’Alex Garland et se clôturera avec le film au titre joyeusement provocateur The American Society of Magical Negroes de Kobi Libii. Entre les deux, plein de longs métrages et de courts métrages, des événements et animations à ne plus savoir qu’en faire, des stands où il fait bon fureter, des expositions à admirer et des guests à rencontrer. Diverses sélections de films concourront pour la Compétition internationale, la Compétition européenne, l’Emerging Raven (récompensant les nouveaux talents), le White Raven (l’ancien 7e Parallèle), le Black Raven (pour les thrillers), le Critics Award, l’Audience Award, sans oublier les compétitions ciblant les courts. Parmi les événements off, épinglons les nouveautés comme le concours d’écriture Being Stephen King et l’intrigant No Name Bar, lieu « caché » au sein du festival, qui promet de receler quantité de trésors, mais aussi les grands classiques comme le Bal des vampires, qui aura lieu la nuit du 20 au 21 avril, le concours de maquillage et le body painting. Signalons également la tenue de plusieurs masterclass, dont une avec le célèbre compositeur italien Fabio Frizzi, notamment connu pour ses collaborations avec Lucio Fulci (L’Enfer des zombies, Frayeurs, L’Au-delà…).

Le Bal des vampires, de retour la nuit du 20 au 21 avril !
Crédit photo : En Cinémascope – Vincent Melebeck

Côté films, on repère dans le lot The Toxic Avenger (Lloyd Kaufman & Michael Herz, 1983), le film emblématique de la Troma, projeté dans une version restaurée en 4K à l’occasion des 50 ans de la célèbre firme indépendante, le coréen Sleep (Jason Yu), qui s’est taillé une belle réputation dans les festivals par lesquels il est déjà passé, When Evil Lurks (Demián Rugna), souvent cité parmi les meilleures productions horrifiques de 2023, l’américain Things Will Be Different (Michael Felker) qui titille notre curiosité avec ses promesses de voyages temporels déroutants, l’italo-polonais Black Bits d’Alessio Liguori, décrit comme une sorte de Thelma et Louise coincées dans un épisode de Black Mirror, la mise en avant du cinéma francophone via le focus French Connection(s), avec notamment Le Mangeur d’âmes du duo français Julien Maury et Alexandre Bustillo (À l’intérieur) et Gueules noires de Mathieu Turi (Méandre), enfin, The Belgian Wave du Belge Jérôme Vandewattyne qui avait précédemment signé Spit’n’Split.

Pour l’ambiance déjantée, la Nuit (du 13 au 14 avril) est à ne pas manquer. Et les organisateurs n’oublient pas le jeune public en leur réservant un Family Day le samedi 20 après-midi au cours duquel sera projeté entre autres le film d’animation Robot Dreams de Pablo Berger, qui était carrément nominé aux Oscars cette année. En tout, 80 longs métrages à se mettre dans les pupilles. Une chose est sûre : on n’aura pas le temps de s’embêter ce mois d’avril !

Notre concours Facebook : 20 places à gagner !

Avec la complicité du Centre Culturel Coréen de Bruxelles, nous vous proposons, cette année, de remporter 10 x 2 places pour le BIFFF !

Soit dix places pour un film de la compétition internationale puis dix autres pour un film de la compétition White Raven.
->
5 x 2 places pour The Sin de Dong-seok Han, ce mercredi 10 avril à 21h, et
5 x 2 places pour 4PM de Jay Song, le vendredi 19 avril à 16h.

Pour remporter vos places, rien de plus simple : rendez-vous sur notre page Facebook !
Fin du concours : mardi 9 avril à 12h.

Pas moins de dix autres films coréens seront projetés lors de cette 42e édition du Festival ! Parmi ceux-ci : Exhuma de Jae-hyun Jang en compétition internationale, Don’t Buy the Seller de Hee-kon Park en compétition Black Raven ou encore Sleep de Jason Yu en compétition Emerging Raven.

En Cinémascope couvrira le BIFFF et vous proposera, à l’issue du Festival, un dossier qui lui sera consacré.
D’ici là, bon concours… et excellent BIFFF !

Plus d’infos, direction le site du BIFFF !

Sandy Foulon et Jean-Philippe Thiriart (merci à Pierre Pirson !)

Merveilleuse année 2024… cinémagique, avec En Cinémascope !

Merveilleuse année 2024… cinémagique, avec En Cinémascope ! 1564 1041 Jean-Philippe Thiriart

Toute l’équipe de En Cinémascope vous souhaite une merveilleuse année 2024… cinémagique !

Douze acteurs et actrices du cinéma belge et international se joignent à nous, en images, pour vous transmettre, ensemble, nos meilleurs vœux pour cette année nouvelle.

Une année 2024 que nous désirons pour vous remplie de grands et de petits bonheurs, cinématographiques mais pas que !


Enfin, merci beaucoup à nos douze complices :
François Damiens,
– Philippe Duquesne,
Yolande Moreau,
Eric Godon et Elsa Houben,
– Déborah François,
Salomé Dewaels,
– Emmanuelle Devos,
Joachim Lafosse,
– Mike Wilson et Vicky Krieps, et
– Benoît Mariage !

Crédits vidéo
Montage et graphisme : Emmanuel De Haes
Captation : Olivier Craeymeersch, Geoffrey Baras, Vinnie Ky-Maka, Lionel Callewaert, Kilian Desmet et Cyril Desmet

Jean-Philippe Thiriart

THE BELGIAN WAVE : Présentation du film et de son réalisateur Jérôme Vandewattyne dans La Minute Cinéma

THE BELGIAN WAVE : Présentation du film et de son réalisateur Jérôme Vandewattyne dans La Minute Cinéma 1920 1080 Jean-Philippe Thiriart

Aujourd’hui, nous vous présentons le deuxième numéro de « La Minute Cinéma de En Cinémascope », issu du deuxième numéro de l’ISFSC MAG !


L’ISFSC MAG est une initiative du Conseil des Étudiants (CDE) de l’Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication (ISFSC) impliquant professeur(e)s et étudiant(e)s.

Au programme de cette deuxième Minute Cinéma de En Cinémascope, donc : un portrait, double. Celui du jeune cinéaste Jérôme Vandewattyne et celui de son nouveau long métrage : The Belgian Wave.

Coscénarisé par Kamal Messaoudi, Jérôme Di Egidio et Jérôme Vandewattyne, The Belgian Wave est à découvrir au Cinéma Aventure, à Bruxelles.

N’hésitez pas à découvrir la critique du film de En Cinémascope, signée Guillaume Triplet !
Ainsi que les deux autres articles que nous avons consacré au travail de Jérôme Vandewattyne :
SLUTTERBALL a 10 ans : retour sur le court métrage de Jérôme Vandewattyne, et
SPIT’N’SPLIT a 5 ans : critiques du film et du combo Blu-ray – DVD, et interview du réalisateur

Crédits vidéo
Captation et montage : Geoffrey Baras
Graphisme : Emmanuel De Haes
Production : Sofía Marroquin, Elisa Tuzkan et Marie Evrard

Le deuxième numéro de l’ISFSC MAG

Jean-Philippe Thiriart